TLmag Special Edition Atomium x Intersections #3

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True Living of Art & Design

10.09 > 16.11

2014


BAKKER SCARPA VAN SEVEREN VERMEERSCH LE LABO DES HÉRITIERS EXHIBITION GRAND-HORNU IMAGES 21.09.14 04.01.15 WWW.GRAND-HORNU-IMAGES.BE


PL ASTIC IS FANTASTIC LE PL ASTIC, C’EST FANTASTIQUE

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ATOMIUM Square de l’Atomiumsquare - 1020 Bruxelles-Brussel

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Edito R ÉV É L AT I O N D E T RO I S S I G N ATU R ES D U D ES I G N ART I SANAL BE LGE

T HR EE DESIG N- L ED C R AF T ART ISTS R EVEAL ED

Du 10 septembre jusqu’au 16 novembre 2014, Intersections #3 est la troisième édition d’une exposition qui met le design belge à l’honneur. L’Atomium, icône des années 50 au reflet d’un design architectural très audacieux pour son époque, est cet écrin idéal qui défie les savoir-faire. Art, design, artisanat de création, c’est de ces talents actuels dont il s’agit. Grâce à son atelier de tapisserie, Vera Vermeersch tisse des liens avec les artistes d’art contemporain et les designers, maîtrisant les fils de couleur pour recréer une composition sur mesure. Quant à Hugo Meert, il use de la céramique comme médium de création ‘headmade’ pour faire passer des messages à la fois de fragilité et d’ironie. Ses créations fonctionnelles, éditées par Serax en Belgique, lui laissent la liberté d’osciller entre séries, éditions limitées et pièces uniques, effaçant ainsi les frontières entre l’atelier et le façonnage plus industriel. Et pour revenir aux sources d’une matière tout aussi naturelle que le textile et la céramique, Kaspar Hamacher sublime les essences de la forêt d’Eupen ou d’ailleurs au travers de très belles pièces monoxyles, prêtes à toucher. Repousser les limites de la matière, la rendre vivante, tactile et visuelle, est un trait partagé par ces trois créateurs belges qui s’inscrivent dans le XXIe siècle.

The Atomium mounts Intersections #3 from 10 September to 16 November 2014 – the third exhibition highlighting the best of Belgian design. Emulating the bold architect of the 1950’s, this iconic monument stands as a testament to skill – the same quality attributed to three artists, designers and craftsmen exhibiting this autumn. Within her tapestry atelier, Vera Vermeersch weaves connections between contemporary artists and designers – mastering threads of colour to recreate custom compositions. Expressing a sense of fragility and irony, Hugo Meert employs ceramics as a ‘headmade’ medium. His functional pieces are produced, among others, by Belgian manufacturer Serax, allowing the artist to develop series, limited editions and single works – transcending both bespoke and industrial production. Returning to the source of natural and milled material – raw wood as much as textiles and ceramics – Kaspar Hamacher revalues the essence of Eupen, Belgium’s forests through tangible and visual manifestations. Pushing the limits, these three 21st-century Belgian creatives breath new live into their respective practices.

True Living of Art & Design

10.09 > 16.11

2014

Lise Coirier Rédactrice en chef, TLmag Editor-in-Chief TLmag

En couverture / On the cover: © Intersections #3, SIGN*

Remerciements / Special thanks to: Henri Simons, directeur / Director, Atomium asbl Arnaud Bozzini, directeur des expositions / Exhibitions Director Johan Vandenperre, directeur technique et son équipe / technical director and his team Axel Addigthon / Inge Van Eycken, media & communications Joris Thomas, stagiaire / intern SIGN*, graphic design Vincent Pinckaers, videos Sébastien Cruyt, scénographie / scenography Avec le soutien de / With the support of :

Colophon Cette édition spéciale de TLmag pour l’Atomium est publiée par New TLmag, Paris-Bruxelles dans le cadre de l’exposition Intersections #3 / This TLmag Special Edition for the Atomium is published by New TLmag, Paris-Brussels in the framework of Intersections #3 Exhibition, 10.9 – 16.11.2014 www.atomium.be, www.tlmagazine.com Éditeur responsable / Publication director: Marc Sautereau, New TLmag Éditeurs associés / Associate publishers: Lise Coirier, Sébastien Wintenberger Rédactrice en chef / Editor-in-Chief: Lise Coirier, lise@tlmagazine.com Rédacteur / Copywriter: Nathalie Le Blanc, Adrian Madlener Traduction / Translation FR-EN: Chantal Champagne (FR), Augusta Dorr (EN) Photographe / Photographer: Vincent Pinckaers Graphisme / Graphic design: Alizée Semet Imprimé chez / Printed by: Dereume, Drogenbos, Belgique / Belgium © New TLmag, 9/2014

Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite ou publiée par impression, photocopie, microfilm ou de quelque manière que ce soit, sans accord préalable de l’éditeur. Le magazine est protégé par droits d’auteur. Le magazine décline toute responsabilité pour tous les manuscrits et les photos qui lui sont envoyés. Les articles et photos publiés dans l’édition spéciale TLmag Polska par Pro Materia n’engagent que leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés. No part of this publication may be reproduced, or transmitted in any form or by any means, including photocopy, recording or any information and storage and retrieval system, without prior written permission from the editor. The magazine disclaims all liability for any manuscripts and photos that it receives. All articles and accompanying materials published in this special edition TLmag Polska by Pro Materia, unless otherwise indicated, are licensed by the respective authors of such articles. All rights reserved.


KASPAR HAMACHER DESIGNER BOIS / WOOD DESIGNER

VERA VERMEERSCH DESIGNER TEXTILE / TEXTILE DESIGNER

HUGO MEERT DESIGNER CÉRAMIQUE / CERAMIC DESIGNER


© Photo Vincent Pinckaers

Ka s pa r Hamac he r - D e s i g ner b ois / Wo o d D e signer

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Kaspar Hamacher RE TO U R À L’ ES S EN C E

A R ET UR N TO THE ESSENC E

Fils d’un garde forestier, il a grandi dans les bois autour d’Eupen, mais ce n’est qu’à l’école secondaire, lorsqu’il a dû rendre son travail de fin d’études, que Kaspar Hamacher, né en 1981, s’est rendu compte qu’il voulait travailler le bois. « Je me suis toujours senti chez moi dans la forêt, et c’est là que j’ai découvert le plaisir de travailler un bloc de bois pour en faire quelque chose de beau. J’ai donc suivi une formation de menuisier, mais ce n’était pas ce que je recherchais, car on travaillait rarement avec du bois massif. » L’étape suivante fut une formation en design à l’Académie des Beaux-Arts de Maastricht.

The son of a forest warden, Kaspar Hamacher – born in 1981 – grew up in the woods surrounding Eupen, Belgium. However, it wasn’t until the last year of secondary school that the young designer decided to work with wood. “I always felt at home in the forest, where I first discovered the pleasures of forming blocks of wood to create beautiful objects. Though I trained as joiner, I was looking to shape solid wood.” Hamacher went on to study design at Maastricht Academy of Fine Arts. “Wood wasn’t a popular material at the time and was seen as outdated. I was forced to explore other materials, to test their limits, before coming back to the essence of wood.”

www.kasparhamacher.be

TL MAG X INTERSECTIONS #3

After school, the Eupen-native moved to Brussels. “I wanted to open a studio in the city centre with friends but it wasn’t easy. I ended up returning to Eupen every weekend. I had the design of a stool in mind but didn’t have the tools I need to hollow wood. I began experimenting with fire as a means of form material. With enough space and raw wood, I began testing the new method in my father’s house and created the first Ausgebrannt stools. Fire, air and water were key in transforming tree trunks into useful objects.” After two years in the Belgian capital, Hamacher official moved back to his hometown and continued to explore new limitations. “I like to work in a monoxyl way and prefer to make my objects from solid wood. I don’t add anything; I work with what’s there. That doesn’t mean it always turns out the way I want it to. For example, I made a Baumbank bench that was too fragile to sit on, and a Chaise Longue that wasn’t stable enough. I learned from


Ka s p a r Ha m ac he r - D e signer b ois / Wo o d D e signer

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« Là-bas, le bois n’était pas un matériau populaire, je pense qu’ils le trouvaient un peu d’arrière-garde. Mais cela m’a forcé à expérimenter d’autres matériaux, à en chercher les limites et à les dépasser pour revenir à l’essence, le bois ! Après avoir été diplômé, l’Eupenois déménage à Bruxelles. « Je voulais y ouvrir un atelier avec des amis, au cœur de la ville, mais c’était difficile. Je rentrais à Eupen presque tous les week-ends. J’avais un projet de tabouret en tête, mais comme je ne disposais pas des outils nécessaires pour creuser le bois, j’ai commencé à expérimenter le feu. Dans la maison de mon père, j’avais l’espace et le matériel et c’est donc là que j’ai travaillé aux premiers tabourets Ausgebrannt. Le feu, l’air et l’eau sont les éléments qui peuvent transformer un tronc d’arbre en un objet utile. » Après deux années passées à Bruxelles, il revient dans sa région natale. Cette trajectoire lui garantit de conserver cette quête des limites intacte, pour revenir ensuite à l’essence. « J’aime travailler de manière monoxyle, et je fabrique mes objets de préférence à partir d’un morceau de bois massif. Je n’ajoute rien, je travaille ce qui est là. Parfois, ça ne marche pas.

each process. Baumbank simply become a beautiful sculpture. When something really failed, it ended up in the wood-burner.” Wood is a natural material with visible striations and imperfections but for Hamacher, that’s where the beauty lies. The best wood comes from a tree that has received plenty of light, at the edge of the forest.” Hamacher designed a series of basic, unfussy pieces of furniture but also, more conceptual works. In 2012, Design Flanders awarded him the Henry van de Velde prize for Das Brett. He has exhibited throughout Europe – notably at Eindhoven’s Dutch Design Week and Milan’s Salone del Mobile, but has also shown his work in Bangkok and São Paulo. When former Belgian King Albert II visited Eupen in 2013, Hamacher created a gift for him, at the request of the Prime Minister. “Something small, as he had to be able to take it away with him. I crafted a single solid piece, which some might see as a flame, others, a drop. It seems perfectly balanced, but just one touch is enough to destabilize it. It’s a bit like our country, with the precarious relationship between Wallonia and Flanders!”

C’est ainsi que j’ai fait un Baumbank trop fragile pour qu’on s’asseye dessus, ou une Chaise Longue pas assez stable. Mais j’apprends de chaque objet. Le Baumbank trop frêle peut aussi simplement être une belle sculpture, et quand c’est vraiment raté, ça finit dans le poêle. » Le bois est un matériau naturel, on en voit les nervures et les imperfections, mais pour Hamacher, c’est ce qui le rend beau et unique. Le meilleur bois vient d’un arbre qui a reçu beaucoup de lumière, à l’orée de la forêt. Hamacher a conçu une série de meubles basiques épurés, mais est également l’auteur d’œuvres plus conceptuelles.

With chainsaws, chisels, planes and fire, working with wood takes a physical toll. “At the end of a day’s work, I expect to be tired. I like it when my body tells me that I’ve done something, I can then sleep peacefully. In fact, wood has a calming effect.” Hamacher’s stools, benches and objects are all viscerally inviting. “That’s entirely deliberate,” he admits. “It’s great when clients see a stool as a sculpture, but I feel it’s a pity if they can only look at them that way. I want to make objects that can be touched, that collectors want to touch. My studio is only there to showcase my know how. I prefer making bespoke products, as there is more of a chance that a client will get what they want.” Kaspar Hamacher’s works are not only beautiful but also carry messages. “With a wooden object at home, you never forget that you are living amidst nature, even in the city.”

Pour Das Brett, il a reçu en 2012 le label Henry Van de Velde de Design Vlaanderen. Depuis lors, il a non seulement exposé dans toute l’Europe, notamment à la Dutch Design Week et au Salone del Mobile à Milan, mais aussi à Bangkok et à São Paulo. Et lorsque le roi Albert II a visité Eupen en 2013, Hamacher lui a fabriqué un cadeau à la demande du Premier ministre. « Un petit format, parce qu’il devait pouvoir l’emporter. J’ai fait un objet monoxyle, que certains verront comme une flamme, d’autres comme une goutte. Il semble en parfait équilibre, mais il suffit de le toucher pour le déstabiliser. C’est un peu comme notre pays, avec sa relation précaire entre Wallons et Flamands ! » Des tronçonneuses, des ciseaux, des rabots et du feu : le travail du bois n’est physiquement pas une plaisanterie ! « À la fin d’une journée de travail, je veux être fatigué. J’aime quand mon corps me dit que j’ai fait quelque chose, je peux alors dormir tranquille. En fait, le bois m’apaise. » Les tabourets, les bancs et les objets de Hamacher invitent au toucher. « C’est tout à fait voulu », avoue-t-il. « Je trouve génial que les clients considèrent un tabouret comme une sculpture, mais je trouverais dommage qu’ils puissent juste le regarder. Je veux faire des objets que l’on puisse et que l’on veuille toucher. Ce que vous voyez dans mon atelier, c’est juste une carte de visite. Je préfère de loin créer des projets sur mesure, car il y a plus de chances que le client en profite vraiment. » Le travail de Kaspar Hamacher n’est pas seulement esthétique, il est aussi confrontant. « Avec un objet en bois chez soi, on sent relié à la nature, même si on vit en ville. »

Au sgebra nnt c olle c tion , 20 14 AUTRES E XPO SITIO N S À DÉC O UV RIR / OTHE R E XHIBI TI O N S TO DISCOVE R : - MÖBE L DESIGN E D FO R R ESOURCE LAB, DESIGN F LAN DER S GALLE RY, 5.9 -3 1 .1 0. 2014, DESIGN SE PTE MBE R - KASPA R H AMAC HE R SO LO SHOW, MO N OXYL( E) S, DESIG N POOL GALLE RY, PARIS, 6-13.9. 2014, PARIS DESIGN W E E K & 23-26.1 0. 2 0 14, FIAC HO RS LES MURS


© Photo Vincent Pinckaers

Hugo M e e r t - D e s i g n e r c é ramique / C eramic D e signer

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Hugo Meert LA C É RA MI Q U E EN Q U ESTI O N

trente secondes. La créativité est partout. J’ai une boîte pleine de petits papiers couverts d’idées que j’ai griffonnées. J’en oublie certaines au bout de quelques jours, d’autres me restent en tête, et celles-là, il faut que j’en fasse quelque chose. » B.C. Hammer est une des idées qui lui sont venues de cette façon. « J’étais en train de réparer un marteau cassé, et avant de scier le manche, qui était trop long, je l’ai accroché au-dessus d’une porte et y ai vu une sorte de crucifix. » L’ironie, c’est qu’un petit coup de marteau suffit pour que la céramique tombe en morceaux. « Certaines personnes y voient un symbole religieux, d’autres pensent plutôt au communisme.

Cet incident n’a pas empêché Meert de choisir la céramique comme médium, après avoir suivi une formation en architecture d’intérieur. « C’est spécial, l’argile. C’est de la terre que l’on peut modeler avec ses mains, et à laquelle on peut donner presque toutes les formes. C’est aussi très sensuel à travailler. » Mais il l’avoue, il ne travaille pas seul : « Le four et la chaleur sont mes alliés.» L’idée est centrale dans le travail de Meert. « La céramique est un art tellement technique que, parfois, les gens s’y perdent. L’idée qui détermine si un objet s’apparente au design, à l’art, ou à quelque chose entre les deux. Et c’est elle qui donne son âme à un objet. » Meert n’est pas un designer classique qui élabore ses projets sur du papier. « Je ne dessine pas, je ne fais jamais de plan, je trouve des idées. Elles émergent tout simplement, parfois quand je conduis, parfois quand je me promène ou pendant la nuit. Ce processus peut prendre des mois, comme il peut s’achever en

C’est cela qui est passionnant avec ce genre de travail. Ce n’est pas univoque. » En 2006, Meert a reçu le label Henry Van de Velde de Design Vlaanderen pour Parfait Composé, une lampe de chevet un peu fatiguée et qui s’affaisse. Il a exposé dans le monde entier, de Séoul à Oslo en passant par Hong Kong et Vienne, et c’est Serax qui se charge de la production de son vase Triple Lait, de ses tasses Wash me ainsi que de son service Bless is More. Une théière qui d’un côté dresse un doigt et de l’autre vous tend la main, un vase sur lequel se jettent de petits terraristes, l’ironie n’est jamais très loin. Mais le travail de Meert a surtout un petit côté rebelle. « Je n’ai jamais été punk », avoue-t-il, « mais j’ai bel et bien grandi pendant la période punk, les années 1970-80. Des années agitées pour moi, d’autant plus que c’est à cette époque que j’ai perdu mon père.

www.hugomeert.be

TL MAG X INTERSECTIONS #3

« Lorsque des archéologues font des fouilles, ou que des bulldozers déblayent de la terre, les seuls vestiges trouvés sont souvent des éclats de pots, des débris de céramique, de la porcelaine. Ou encore de l’or, qui lui non plus ne périt pas. » Hugo Meert, né en 1964, parle avec une fierté non dissimulée du médium qu’il a choisi. « J’avais environ six ans quand j’ai vu pour la première fois un potier à la télévision, qui façonnait une motte d’argile en rotation. J’ai trouvé ça tellement beau que je suis allé chercher un vieux tourne-disque au grenier et de la boue dans le jardin. Je l’ai déposée sur le tourne-disque, j’ai branché la prise… et j’ai reçu un électrochoc! »


H u go M e e r t - D e s i g ner c éramique / C eramic D e signer

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Que dire quand une sculpture devient à peine utilisable comme tasse, comme cendrier ou comme théière une fois qu’elle est cassée, comme mes Throwing Sculptures? Et pourquoi les lampes doivent-elles être encore se tenir droites aujourd’hui, alors qu’elles ne doivent plus soutenir de bougies? » Meert a parachevé quelques éditions de B.C. Hammer avec une couche d’or. « Je travaille toujours en noir et blanc, mais l’or n’est pas une couleur, c’est un matériau. Un matériau très précieux de surcroît : je rêve de fabriquer un marteau en or massif ! Quand vous achetez une œuvre d’art, vous achetez une idée, un nom, pas un matériau. Mais qu’en est-il lorsque le matériau qui constitue l’œuvre d’art est déjà précieux en soi, comme l’or? Le fait que l’or ait été travaillé en un bel objet ne lui donnet-il pas encore plus de valeur? À travers la céramique, Hugo Meert pose des questions fondamentales sur des concepts tels que la fragilité, l’art et la valeur.

CE R A M I C S I N Q U ESTI O N

“When archaeologists excavate or bulldozers clear ground, the remains found are often nothing more than shards of ceramics, porcelain and on rare occasions, gold – all of which are imperishable.” Born in 1964, Hugo Meert describes his chosen medium with obvious pride. “I was six when I first saw a potter on television, throwing a lump of clay on a wheel. So enchanted by this process, I put some mud on an old record player, I found in the attic, turned it on and got electrocuted.” This accident didn’t hinder Meert from choosing ceramics as his main medium, even after training as an interior architect. “Clay is something special and sensual – earth that you can shape in your hands and form into almost anything.” But in all fairness, the ceramicist cum architect admits that he doesn’t work alone. “The oven and heat are close colleagues of mine with the former often surprising me.” Conceptual development is central to Meert’s practice. “Working with ceramics is such a technical art that people sometimes get lost in minor detail, an aspect I try to avoid as it can defeat the purpose of my work. For me, ideas count – give an object soul and determine weather it belongs to the world of design, art or between both.” Meert is not your run-of-the-mill designer, only conceiving on paper. “I don’t sketch a design or make technical plans but rather explore different concepts. They emerge quite simply, while I’m driving, walking or at night – a process that runs anywhere between a month and 30-seconds. Creativity is everywhere. I have a box full of concept scribbles. Some of them I forget over time while other stick in my mind – the ideas I end up pursuing.” B.C. Hammer was derived this way. “I was in the middle o f r e p a i r i n g a b r o ke n hammer. Before sawing of the handle – which was too

long – I appropriated it as a sort of hanging crucifix.” Ironically such a tool could easily shatter a ceramic vessel. “Some people perceived it as Gold Tr ip e s © Photo S erge G u twir th religious but other’s saw it as a communist symbol – anything but categorical.” In 2006, Design Flanders awarded Meert the Henry van de Velde prize, for Parfait Composé – a bedside lamp drooping due to fatigue. The designled ceramist has also exhibited throughout the world – everywhere from Seoul to Oslo via Hong Kong and Vienna. His Triple Lait vase, Wash Me cup and Bless is More tableware set are all produced by Serax. A teapot with raised fingers and outstretched hand is emblematic of Meert’s humour-infused work but also reveals his rebellious nature. “I was never a punk but grew up during that era – the 1970s and 80s. Instead, those years were marked by the loss of my father. What about my Throwing Sculptures – art objects used for practical means as a cup, ashtray or teapot? Why should lamps have to be upright in this day-and-age, when we no longer need straight candle holders.” Meert finished off a few versions of B.C. Hammer with a layer of gold. “I always work in black and white, but gold’s not a colour, it’s a material, and a very precious one at that. My dream is to make a hammer out of solid gold! When you buy a work of art, you’re buying an idea not a material. But what if the material used for the work is already precious in its own right, like gold? Doesn’t the fact that the gold has been fashioned into a beautiful object give it even more value?” Through the medium of ceramics, Hugo Meert asks fundamental questions about fragility, art and value.

AUTRES E XPO SITIO N S À D ÉC O UVRIR / OTHE R E XHIBI TI O NS TO DI SC OV ER : - BLESS IS MO RE , C O N TE MPO RARY J E WE LLE RY SO PHIE HEYMAN S – E LS VANSTEELANDT, 3-28.9. 2014 - DESIGN SE PTE MB ER F ESTI VA L - MAD A BO UT L IVIN G, IN TE RIE UR KO RTRIJ K O F F, 17-23.10. 2014 (BIE N N ALE IN TER I EU R) - F. STEYAE RT : C O LLECTIO N-PASSI O N, WC C -B F, M ON S 24.10. 2 0 14 Bl e s s i s M o re e n c o l l ab oration ave c le talent c u l i n a i re / i n c o l l a b o ration with culinar y talent S o f i e D u m o n t , e d . S e rax , 2 005


© Photo Vincent Pinckaers

Ve ra Ve r me e rs c h - D e s i g ner textile / Tex t i l e D e signer

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Vera Vermeersch P E I N D R E AV EC D E L A L A I N E

Traduire. Voilà comment Vera Vermeersch, née en 1959, définit son travail. « J’essaie de me glisser dans la tête de l’artiste et d’effiler l’idée ou l’œuvre originale que l’on me remet. Chaque objet est un nouveau défi. Le touffetage à la main et la laine ont leurs limites, que je tente chaque fois de repousser. » Jeune, elle avait déjà des fils entre les doigts. « Je tricotais, je crochetais, et à l’adolescence, j’ai aussi appris à filer, à tisser et à teindre les fils. Dans les années 1970, c’était vraiment à la mode.» D’autant plus qu’elle a grandi dans une famille d’artistes. « Mon père peignait, mon frère et mon cousin aussi. Quant à moi, j’ai étudié l’histoire de l’art, et tout en faisant ma dernière année, j’ai étudié le tissage à l’institut Henry Story de Gand. J’ai commencé ma carrière à Oudenaarde en tant que restauratrice d’une collection de tapisseries murales anciennes. Mais la restauration ne laisse pas de place au jeu. Vous devez vous en tenir aux règles sans jamais rien ajouter et je ne pouvais donc pas exprimer ma créativité. »

www.veravermeersch.be

Le passage d’une peinture, d’un dessin, d’une image digitale ou d’un concept à un tapis, s’effectue en plusieurs étapes. « Je fais un calque de l’original qui, une fois agrandi, est posé sur la toile. Je peux alors le tracer sur la face arrière de la toile, et je dispose ainsi d’une base sur laquelle travailler. Le plus passionnant pour moi, c’est le choix des couleurs. J’utilise sept fils fins, ce qui me permet de travailler avec des nuances très subtiles. » Dans un tapis, vous pouvez jouer non seulement avec la couleur, mais également avec la texture et le relief. « J’utilise parfois de la laine plus épaisse, mais aussi du cuir, du raphia, de la soie, et bien d’autres matières encore. Je peux ainsi jouer avec le contraste du mat et du luisant, ce qui donne un médium tridimensionnel, très différent de l’original. Par exemple, la lumière n’y joue pas le même rôle que dans une peinture à l’huile : la laine l’absorbe au lieu de la renvoyer, et c’est ce qui rend la couleur et la texture plus profondes. En plus, le tapis est mouvant, et presque toujours en grand format. »

TL MAG X INTERSECTIONS #3

Elle maîtrisait déjà le tissage et la restauration, mais le touffetage, c’était nouveau pour elle. « J’avais bien sûr la connaissance des couleurs, mais pour ce qui est de cette technique, je suis autodidacte. » En 1995, le musée du design de Gand (Design museum Gent) l’a invitée à traduire les œuvres de plusieurs artistes allemands pour l’exposition Gent meets Berlin. « L’exposition Neue Wilde était une prouesse gigantesque. Cette performance d’artiste

m’a ouverte beaucoup de portes et parallèlement, il est devenu clair aux yeux de chacun que les tapis vont bien au-delà de leur dimension décorative. Entretemps, j’ai transposé en tapisserie les créations artistiques de Fred Bervoets, Pjeroo Robjee, Nick Andrews, Johan Tahon, Koen Vanmechelen, Frieda van Dun, Jan Vanriet et Roger Raveel. Et lorsque Maarten Van Severen m’a demandé de lui confectionner une œuvre, c’est aussi le monde du design qui s’est ouvert à moi. »


Ve ra Ve r me e rs c h - D e signer textile / Tex t i l e D e signer

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Vera Vermeersch crée également ses propres œuvres. « J’ai commencé avec des dessins de mes enfants et je trouve aussi l’inspiration dans mes voyages, Marrakech avec ses couleurs vives et récemment le Piémont. » Ces créations ne sont pas exposées à Intersections #3, mais en revanche, des tapis basés sur des œuvres de Fred Bervoets, Roger Raveel, Kristof van Gestel et Michel Buylen y sont mis en évidence. « Avec la peinture hyperréaliste de Buylen, j’ai par moment pensé que je n’y arriverais pas. Mais finalement, le résultat était beau. » Le travail de Vera Vermeersch s’inscrit dans la grande tradition des tapisseries murales qui fait la réputation de la Flandre à l’échelle mondiale.

E x h i b i ti o n / Ex p o s i ti on Kri s tof Van Ge stel, Perimeters carp ets, KASK , G he nt , 2 0 13

PA I N T I N G W IT H WO O L

Born in 1959, textile designer Vera Vermeersch defines her work as translation. “I try to slip into the head of an artist to unravel ideas or original works given to me,” she describes. “Each object represents a new challenge. Tufting by hand and using wool has its limitations, I try to reevaluate these methods each time I venture into a new project.” Growing up in a creative household, Vermeersch began experimenting with yarn at an early age. “I knitted, did crochet and as a teenager, learned how to spin, weave and dye fibers, what was in-fashion during the 1970‘s. My father, brother and cousin all painted, so I decided to pursue art history but also studied weaving in my final year at the Henri Story Institute in Ghent. I began my career by restoring historic wall-tapestries in Oudenaarde but quickly discovered that I couldn’t bend the rules or play with the material to express my creativity.” Having mastered weaving and restoration, Vermeersch began exploring tufting. “Of course, I already had an understanding of colour but had to teach myself this new technique.” In 1995, Design museum Gent invited the designer to interpret several German artist’s masterpieces – as part of the Ghent meets Berlin exhibition. “The Neue Wilde was an enormous task. The show opened many doors for my career and at the same time, revealed that carpets are not just decorative. Meanwhile, I also reinterpreted works by Fred Bervoets, Pjeroo Robjee, Nick Andrews, Johan Tahon, Koen Vanmechelen, Frieda van Dun, Jan Vanriet and Roger Raveel. When Maarten Van Severen asked me to create a piece for him, it seemed like the design world was opening up to me as well.” The transition from a painting, drawing, digital image or new concept to carpet follows a multi-stage approach. “I begin by making a copy of the original, enlarge it, place it on supports and trace lines onto a canvas – the perfect base to work from. My favourite step is choosing the right colours – fine fibers allow me to attain subtle nuances. My trainees often ask how I achieve this quality but I can’t explain as it’s an intuitive part of my process.’’ Developing carpets also allow you to explore the value of texture. “I sometimes use thicker wool, leather, raffia, silk and many other materials, with which I can choose matte and glossy finishes – an interplay producing three-dimensionality. Very different from

original art works, this medium isn’t influenced by the role of light, as it is in oil painting. Instead, wool absorbs luminosity and reflects it back – deepening the colour and texture. Carpets are almost always large in scale, allowing for dramatic movement.” Good dialogue with the artists is essential in her practice. “Sometimes, I just get the green-light and in other cases, they want to see samples and visit my studio.” Vermeersch also develops her own concepts. “I draw inspiration from my children’s sketches and my travels – in particular Marrakech, with its vivid colours and more recently, Piedmont.” Both corresponding works will be shown as par t of the Intersections 3 exhibition, joined by pieces, I developed with different artists.” The textile designer’s total oeuvre follows in the tradition of world-renowned Flemish wall-tapestries.


the home does not exist Joseph Grima

Curator of the cultural programme

London*

Kortrijk

Amsterdam

Paris* *via Lille

Lille

24th international

Brussels

a hybrid mix of commerce and culture

17—26 october kortrijk—belgium

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