l'architecture des clubs techno - rapport d'étude ensal

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L’ARCHITECTURE DES CLUBS

RAPPORT D’ÉTUDE ENSAL 31.05.2018

SERFASS LOÏC

PROFESSEUR REFERENT : JEAN PHILIPPE AUBANEL



L’ARCHITECTURE DES CLUBS TECHNOS

ARCHITECTURE DE LA NUIT, ARCHITECTURE DE LA FÊTE RAPPORT D’ÉTUDE

SERFASS Loïc Professeur référent : Jean Philippe Aubanel 31 mai 2018 ENSAL 2018


« En me réveillant, je ne sais plus très bien de quoi cette nuit était faite. Aux souvenirs se mêlent peutêtre les rêves. Ai-je dansé aussi longtemps que les courbatures de mon corps le suggèrent ? Ont-ils seulement existé ces inconnus avec lesquels j’ai refait le monde ? Suis-je certain d’avoir bien vu dans l’obscur ? J’y étais pourtant. C’était une nuit dans un bar berlinois. Il faut dire que rien n’était fait pour que je me souvienne précisément. Ni les lumières minimalistes, ni le prix (modique) des bières, ni la fumée de cigarettes. La musique était entraînante, cela au moins est sûr. La nuit, les oreilles ont plus de mémoire que les yeux. Pour le reste, je ne reconnaîtrais sans doute aucun de ceux que j’ai croisés. Sauf mes amis, bien sûr, puisqu’ils font aussi partie de mes jours. Mais les inconnus rencontrés dans ces conditions précaires appartiennent seulement à cette nuit. C’est mieux ainsi. On va à la nuit pour être moins regardé et, de ce fait, moins regardant. L’expérience nocturne est un défi au désir social de reconnaissance. Il ne devait d’ailleurs pas être brillant ce bar. Il y a eu des nuits pour abolir les privilèges, d’autres pour ourdir des complots. La mienne n’a rien de si exceptionnel. Sinon que, dans la pénombre, je n’ai pas vu le temps passer. Je me souviens seulement du moment où j’ai regardé ma montre. A cet instant, les impératifs du jour se sont rappelés à moi : il a fallu rentrer. La nuit était finie. C’était une fête, mais j’aurais aussi bien pu errer des heures sous les étoiles. Toujours, la nuit altère le temps et suspend les comptes. » La Nuit, Michaël Foessel.



SOMMAIRE


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PRÉAMBULE PARTIE I : L’HISTOIRE DE LA TECHNO

p.8 p.10

1:1 La naissance de la musique Techno 1:2 La Techno arrive en Europe

1:3 Révolution et Répressions 1:4 On arrête pas un peuple qui danse : l’âge d’or du mouvement Techno

PARTIE II : LES CLUBS MYTHIQUES

p.18

2:1 L’avant garde du club

2:2 “Pot Pourri“ des clubs européens

PARTIE III : LE CLUB MODERNE

p.42

3:1 Le renouveau du mouvement techno 3:2 La leçon des clubs 3:3 La Kulture à Strasbourg

CONCLUSION ANNEXES

p.54 p.56


PRÉAM BULE L

’architecture des clubs Techno. A première vue il est difficile de faire un lien entre la musique (et plus largement le mouvement) Techno et l’architecture. Pourtant, dès le début de son histoire dans la ville usine de Détroit, la musique Techno est intimement liée à l’architecture. Ce lien, aujourd’hui oublié est pourtant bien présent dans une musique brutale, répétitive, presque mécanique. Cette musique sans paroles, est née du chaos : la crise économique à Détroit, le chute du mur à Berlin, le gouvernement Tatcher en Angleterre. C’est une musique de la jeunesse en quete de liberté et de renouveau.

Musicophile depuis mon enfance, bercé dans ma jeunesse par les musiques de Mozart ou de Brel, ce n’est que récemment que j’ai été attiré par cette musique. La musique Techno disposent d’une force qui est pour moi indescriptible. Les artistes créent des émotions sans les prononcer.L’absence de paroles, les rythmes décalés me permettent de m’imaginer mon propre message, de me créer mon propre sens à cette musique. Les fêtes Techno dispose aussi d’un aspect particulier, unique. Contrairement à un concert où l’on vient pour un chanteur, un groupe, un musicien, ici on vient que pour les sensations, pour le son. En quelque sorte peu importe qui est aux platines. Vous profitez du moment et ce sont les autres danseurs qui font le spectacle. Tout est inconscient. C’est une espèce de communion consentie orchestré par un meneur de foule qui vous fait tenir tout au loing de la nuit. La musique Techno est une également un signe de ralliement, un totem. C’est un musique qui agit sur les corps, les coeurs, les individus et les groupes, de façon puissante, magique. Lors de mon voyage à Berlin cet été, j’ai voulu voir de mes propres yeux la fête berlinoise dont on m’a tant parlé. Là-bas la nuit n’a pas de limites : capitale de la


MTechno, la fête commence le vendredi et se fini le lundi, sans interuption. Des milliers de jeunes se ruent vers les clubs de la capitale, font parfois la queue pendant des heures. C’est pendant ce voyage que j’ai décidé d’effectuer mon travail de recherche sur ce sujet. Alors que je passais une soirée dans un des clubs, c’est le lieu en lui même qui m’a le plus marqué (vision d’architecte peut être), et j’ai eu ainsi envie d’approfondir le sujet. C’est aussi dans un but professionnel que j’effectue ce travail de recherche. Concevoir des espaces de fêtes est devenu pour moi un objectif, un challenge. C’est quelque chose qui me tient à coeur, et que j’ai eu envie d’étudier afin d’approfondir le sujet, de me plonger dans un monde dont je ne connaissait que la partie immergée de l’iceberg. Dans ce travail de recherche je vais alors tenter de décrire les rapports entre la musique Techno et l’architecture. Dans un premier temps, on passera par un historique de la musique Techno, afin de bien comprendre comment s’est-elle développée. Depuis ses origines à Détroit et Chicago dans les années 80 la musique Techno est riche d’une histoire mouvementée, et il est important de comprendre son histoire pour la traiter. Dans la deuxième partie, on s’interessera aux clubs mythiques de la Techno. L’objectif sera ici de présenter un panel de différents clubs remarquables afin de mieux comprendre ce qui fait le club. Enfin, dans la dernière partie, j’aimerais m’interesser au présent du club Techno. A travers un exemple de club récent, je tenterais de décrire ce qui est pour moi le futur du club.


PARTI UNE L

a musique Techno est historiquement très récente. Elle connaît un certain succès depuis les dernières années, dans une histoire mouvementée. Elle symbolise pour certain la jeunesse en quête de sens et de communion festive. Les prémices de la musique électronique remontent cependant plus loin. Ainsi en 1958, le compositeur allemand Karlheinz Stockhausen expérimentait la musique avec des ondes sinusoïdales alors que le groupe allemand Kraftwerk expérimentait lui depuis les années 70 une musique robotique et répétitive en explorant les capacités infinies des synthétiseurs. En 1978 sort “Die Mensch-Machine“ (“The Man-Machine“), album concept précurseur de ce qu’on appelle aujourd’hui la musique Techno. C’est à cette période également que les synthés deviennent accessible au grand public, permettant de créer de nouveaux types de sons, une nouvelle musique. D’une musique initialement née à Chicago et Détroit, la Techno traversera l’atlantique pour arriver dans une Europe en quête de liberté. Initialement diffusée dans des grands rassemblements illégaux, elle fera face aux autorités, puis se réfugiera dans les clubs ou elle trouve aujourd’hui toute sa place.

L’HI L


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1:1 LA NAISSANCE DE LA MUSIQUE TECHNO 1:2 LA TECHNO ARRIVE EN EUROPE 1:3 RÉVOLUTION ETRÉPRESSIONS 1:4 ON N’ARRÊTE PAS UN PEUPLE QUI DANSE : L’ÂGE D’OR DU MOUVEMENT TECHNO

ISTOIRE DE LA TECHNO


DĂŠtroit dans les annĂŠes 80


1:1 LA NAISSANCE DE LA MUSIQUE TECHNO La musique Techno est née dans les années 80 aux Etats Unis à Détroit et Chicago, dans un contexte de crise économique et sociale. Chicago était alors la capitale du Jazz, du Blues et du Disco. Détroit était celle du Funk et du Rap. Dans un premier temps, Chicago verra la naissance de la House, musique composée de samples tirés de la Disco, de la Soul et du Funk. Cette musique s’inscrit dès le début dans une certaine marginalité, s’adressant dans un premier temps principalement aux populations noires et homosexuelles, qui fréquentait les clubs où cette musique était diffusée. Le nom house provient du Warehouse, discothèque célèbre de Chicago, considéré comme le lieu de naissance de la House. La Techno apparaît elle en dès 1987 sous l’impulsion de Juan Atkins, Kevin Saunderson, Jeff Mills et Derrick May. Ils créent une musique plus expérimentale, avec des sons plus urbains, plus industriels, qui rappellent les bruit de la ville en effervescence. Les djs vont innover et commencer à mixer les musiques entre elles, parfois avec des boîtes à rythme, ce qui donnera le fameux « boum boum » caractéristique de la musique Techno. Pour ces artistes, la musique est plus qu’un simple son, c’est une sensation. La première utilisation du mot Techno remonte à l’album de Juan Atkins, « Techno City » de 1984. Ce terme était utilisé car la musique était créée grâce aux nouvelles Technologies. Dans l’usage courant on utilise le mot Techno pour désigner la musique House et la musique Techno. Les premiers djs de Détroit trouvent leur inspiration dans l’émission de radio du légendaire dj Charles Johnson (The Electrifying Mojo). Dans son émission il diffusait Prince, New Order, Kraftwerk, de la funk, du rock allemand entre autre : il était le premier à mélanger la musique noire et musique blanche, dans une époque où la ségrégation musicale était encore répandue. Cela a été un élément inspirant pour ces djs qui écoutait l’emission. C’était une émission novatrice en la matière, précurseur d’un mélange des genres et d’une libération de la pensée dont s’inspirera le mouvement Techno quelques années plus tard. En 1988, Jeff Mills et Mad Mike, fondent Underground Résistance, label qui s’est rapidement imposé comme porte parole du mouvement Techno américain et international. Les djs du label performaient masqués, à l’encontre de la scarification des star musicales. Cet anonymat visuel, initialement développé par Kraftwerk, inspirera bon nombre d’artistes après eux dont les Daft Punk.

1:2 LA TECHNO ARRIVE EN EUROPE Alors qu’elles commencent à se développer aux Etats-Unis, les musique House et Techno traversent l’Atlantique dès la fin des années 80, et débarque dans l’Angleterre libérale de Tatcher. Ici la musique Techno se transforme, se délivre, et donne naissance à l’Acid House, qui révolutionne la façon de penser la musique, et envahira l’Europe quelques années plus tard. Les Hooligans anglais viennent se déchainer sur cette nouvelle musique, et


quittent leur poing américain pour un cachet d’extasy. Cette baisse du mouvement hooligan a, dans un premier temps, plu aux autorités, ravis de voir leur nombre baisser. Mais elles ont peu à peu du faire face à des rassemblements de plus en plus grands, et ont réagis notamment par l’instauration de nouvelles lois de plus en plus dures. Devant un succès immédiat et collossal, et des clubs soumis à des lois draconiennes (ils doivent notamment fermer à deux heures du matin), la Techno sort rapidement des discothèques où elle était apparue. Il faut alors trouver un nouveau lieu pour faire la fête librement, sans limite horaire et sans restrictions. Des grands rassemblements, appelés « raves », se forment dans une prairie, une forêt, un vieil hangar, une usine désaffectée. Ces évènements, organisés illégalement réunissent parfois 6 000 à 10 000 personnes. Les ravers y accèdent au prix d’un véritable jeu de piste : le lieu n’est pas connu à l’avance et on s’informe par des flyers, la radio, le bouche à oreille, ou un numéro de téléphone à appeler, appelés infolines. Le mot « rave » tire initialement son origine du verbe anglais to rave qui signifie « battre la campagne », « s’extasier sur quelque chose ». Ces rassemblements réenchantent des lieux souvent abandonnés, leur donne une seconde vie. Ici pas de racisme, pas de barrière, ces rassemblements sont un mélange des genres. Ils rappellent les rassemblements hippies de la fin des années 60, toujours en quête d’une nouvelle liberté. Tout comme les rassemblements hippies, l’essor de l’Acid House est étroitement lié à l’apparition de nouvelles drogues, notamment l’ecstasy et le LSD pointé du doigts par les autorités et médias. La musique Techno traverse rapidement la Manche et se développe rapidement dans le reste de l’Europe. Même si le début de la Techno sera plus difficile dans les autres pays qu’en Angleterre, une partie de la jeunesse voit en la musique Techno un échappatoire, et dans les raves une nouvelle forme de communauté, alors que l’URSS vacille et qu’un vent de liberté souffle sur l’Europe. Faire la fête, danser, entrer en transe devient pour beaucoup le moyen de faire tomber les frontières. Les raves anglaises vont traverser l’Europe et diffuser ce nouveau mode de penser, avec notamment le collectif anglais des Travelers, collectif, notamment issu du mouvement punk de la fin des années 70, qui a fait face aux autorités en organisant la plus grande fête illégale d’Angleterre (entre 25 000 et 40 000 participants pendant l’été 1992 à Castelmorton), et qui sillonnera l’Europe de champs en champ, accompagné de leur énorme soundsystem. Les raves deviennent parfois Teknival, c’est-à-dire festival Techno clandestin de plusieurs jours. On organise parallèlement de grandes raves officielles, dont certaines font payer de plus en plus cher les droits d’accès, contrairement aux intentions des organisateurs des premières raves, gratuites.

1:3 RÉVOLUTION ET RÉPRESSIONS La nuit du 9 au 10 novembre 1989, le mur de Berlin, qui a séparé la ville pendant presque 30 ans, tombe. La jeunesse de l’Est et de l’Ouest se rencontre enfin. Quand


Rave dans l’Haçienda de Manchester dans les années 90

la Techno est apparu à Berlin à la fin des années 80 elle ne concernait au départ qu’une poignée de fêtards de l’Ouest. C’est par la radio que de plus en plus de jeunes découvriront cette musique du futur, l’Acid-House d’Angleterre, puis la Techno brute de Détroit, qui connaître ici un grand succès. De l’autre coté du mur, malgré l’interdiction, les jeunes Berlinois de l’Est écouteront ainsi les mêmes programmes, émis depuis l’Ouest à travers les ondes hertziennes. Les jeunes de l’Est et de l’Ouest convergent vers les quelques clubs underground de l’Ouest de la capitale allemande. Les allemands de l’Est, trop longtemps contenus pas le système restrictif de la RDA, se libèrent brutalement au rythme de la musique. La chute du mur donne lieu également à un terrain de jeu sans précédent : de nombreux lieux abandonnés sont pris d’assaut pour organiser des soirées. De nouveaux clubs naissent des cendres du mur, où les deux parties de la villes se rejoignent dans une cave humide et faiblement éclairée avec comme seul point commun la musique découverte à la radio, sans aucune revendication politique, nourrit du sentiment de liberté, basé sur des expérimentations sonores, sans structure classique avec des paroles et le traditionnel couplet-refrain-couplet, et des répétitions assumées. Mais c’est à l’Est que se fera réellement l’explosion de la Techno. La musique Techno a accompagné la transformation de la ville, sa renaissance. En France, la musique Techno est en plein essor quand les autorités décident de réagir et de limiter le mouvement des raves. En 1995 en France les raves sont


L’intérieur du Mozinor

très vite taxées de « situation à haut risque » par le gouvernement, dans une circulaire du Ministère de l’Intérieur. La répression sera violente, et face aux annulations à répétitions de soirées et de festivals le mouvement se sentira obligé de réagir, de se légitimer. L’annulation en février 1996 d’une énième soirée Techno, la soirée Polaris, prévue à la Halle Tony Garnier à Lyon, poussera l’ensemble des acteurs de la scène Techno française à se mobiliser. 100 à 200 personnalités de la scène Techno française se réuniront au sein de l’école d’Architecture de Lyon et créeront une structure pour défendre la culture Techno : Technopol, qui donnera naissance quelques années plus tard à la Techno Parade, défilé à Paris invitant les plus grands djs à promouvoir leur musique lors d’un grand évènement festif, encore organisé aujourd’hui, qui contribuera à l’acceptation par la société de cette nouvelle musique.

1:4 ON N’ARRÊTE PAS UN PEUPLE QUI DANSE : L’ÂGE D’OR DU MOUVEMENT TECHNO Les évènements de 1995 ont marqué la transition entre rave culture et club culture. A partir de 1997, le paysage du phénomène Techno français se transforme de façon significative. Il est davantage question de négociation que de répression. Le développement ininterrompu du nombre de participants, d’évènements, et l’émergence d’un nouveau marché économique modifient la conjoncture. 1997 est également l’année de la sortie mondiale de l’album Techno « Homework » des Daft Punk, qui se vendra à un million d’exemplaires en une année. Une première pour ce type


de musique en France, de plus pour des artistes de Techno français. Laurent Garnier, pionnier de la Techno française, recevra une récompense aux Victoires de la musique la même année. D’énormes soirées sont organisés dans des lieux plus classiques comme l’Olympia, où tous les artistes sont français, pour valoriser la scène nationale et encourager la reconnaissance de cette musique. Ces évènement attireront les politiques de haut rang, comme le ministère de la culture de l’époque, un certain Jack Lang, qui initiera une rencontre avec des représentants du mouvement Techno, entamant ainsi une discussion et un reconnaissance de la musique Techno. La musique Techno s’officialise et des arrêtés anti-raves sont annulés dans toute la France. Le statut de dj est maintenant reconnu, et les association travaillent avec les autorités pour prévenir les risques des drogues. En France le mouvement dans les clubs ne se limitait qu’à quelques soirées dans des discothèques parisiennes notamment au Boy, au Rex Club avec les soirées Jungle, ou au Palace avec les soirées Pyramide. Paris érige quelques îlots où l’essentiel des artistes, Dj, clubbers et autres acteurs du mouvement Techno trouvent leur repères. Ces clubs ne sont pas organisateurs de soirées, mais ce sont des collectifs, généralement anglais, qui organisent des soirées tous les mois, et venait importer le mouvement Techno au sein des clubs de la capitale. Lors de ces soirées, les gens se déguisent, préparent leur costume parfois pendant des semaines. Des performances y sont organisées, des projections vidéos et effets lumières mettent en scène le lieu. Le Mozinor expérimentera une nouvelle façon de mettre en scène la musique Techno. On ne voyait pas le Dj, il n’y avait pas de danseur, de gogo-danseuse, il n’y avait que le son. Les danseurs affluaient face au totem des enceinte, vouant un véritable culte au son. Ded fêtes-raves isolées ont également lieu sur des péniches ou des endroits isolés.

CONCLUSION De 1989 aux années 2000, les fêtes et musiques Techno sont aujourd’hui passées du statut de phénomène localisé, anecdotique et touchant quelques centaines de personnes, à celui de mouvance culturelle et sociale d’ampleur massive touchant plusieurs millions d’individus, impliquant de nombreuses institutions économiques (médias nationaux, grandes maisons de disques, ...) et des domaines d’actions et de réflexion variés (politiques, culturel, scientifique, ...). Dans la lignée d’autres mouvances musicales, le phénomène Techno a évolué en passant par une série d’étapes caractéristiques : curiosité amusée, panique médiatique, diabolisation, mesures répressives puis, à mesure qu’il prend de l’ampleur, traitement politique.


PARTI DEUX Il serait difficile de faire une description précise et véridique du Club Techno. Chacun conserve son originalité, et ils se démarquent les uns les autres, en dehors du style musical diffusé, par leur histoire et le lieu. L’idée serait ici de découvrir ce qu’on entend par « Club Techno », en présentant tout d’abord trois clubs avant-gardistes, qui ont inspiré bon nombre de structures après eux : l’Haçienda à Manchester, le Tresor à Berlin, et le Rex Club à Paris. Cette partie se terminera par un « pot pourri » de clubs aujourd’hui reconnus, présentés plus brièvement, afin de donner une observation générale de quelques clubs européens, et de montrer les spécificité et diversité.

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2:1 L’AVANT GARDE DU CLUB 2:2 “POT POURRI“ DES CLUBS EUROPÉENS

LES CLUBS MYTHIQUES


Soirée à l’intérieur de l’Haçienda


2:1 L’AVANT GARDE DU CLUB .1 L’HAÇIENDA, MANCHESTER : EN AVANCE SUR SON TEMPS The Haçienda, nom de code Fac 51, est ouvert le 21 mai 1982 à Manchester. Il est aujourd’hui connu pour être l’un des premiers clubs à diffuser de la musique électronique, et a permis de diffuser le mouvement dans toute l’Europe. The Haçienda est fondé est financé par Factory Records, label anglais aujourd’hui reconnu dans le monde de la Techno, qui produit notamment le groupe new wave New Order. Le nom du club est choisi en référence à un texte situationniste sur l’urbanisme, écrit par Ivan Chtcheglov, “Formulaire pour un urbanisme nouveau“ : « Et toi oubliée, tes souvenirs ravagés par toutes les consternations de la mappemonde, échouée au Caves Rouges de Pali-Kao, sans musique et sans géographie, ne partant plus pour l’hacienda où les racines pensent à l’enfant et où le vin s’achève en fables de calendrier. Maintenant c’est joué. L’hacienda, tu ne la verras pas. Elle n’existe pas. Il faut construire l’hacienda » C’est de ce slogan situationniste que l’Haçienda (avec un ç parce que la syllabe « çi » ressemble à 51, la référence de Factory) tire son nom et très certainement aussi un peu de son utopie. A ses débuts l’Haçienda est essentiellement une salle de concert, qui verra se succéder groupes anonymes et mythiques : The Smiths, The Birthday Party, Cabaret Voltaire, The Cramps, The Fall, Cocteau Twins et bien d’autres. Certains de ces groupes sont aujourd’hui devenus mythiques. L’Haçienda programme aussi assez rapidement des soirées consacrées à l’électro émergeante et aux musique dites « noires ». Des noms aussi mythiques que Grandmaster Flash, Afrika Bambaataa ou The Wailers se succèdent. Mais ces soirées font malheureusement des bides. La salle est située dans un ancien entrepôt de bateaux gigantesque, avec une façade du style victorien en brique caractéristique de la ville, assez classique. Le décor intérieur du club fût designé par l’architecte Ben Kelly et le graphiste Peter Saville. C’est de leur propre aveux la décoration est un hommage fier et arrogant à l’héritage industriel de la ville de Manchester, d’où est partie la révolution industrielle. Pop Art et mobilier urbain se mélange dans cet entrepôt désaffecté.


Le bâtiment aura une grande influence esthétique sur l’architecture post-industrielle, totalement adoptée par notre culture aujourd’hui. L’Haçienda est un laboratoire, à la fois lieu de rencontres, de concerts, de croisements entre les quartiers, les âges... Dans une ville où les clubs pratiquent une sélection impitoyable à la porte, l’Haçienda reste ouverte à tous. De l’aveu même de l’architecte en charge du projet la décoration est sept ans en avance sur son temps. A la fin des années 80 c’est l’avènement de l’Acid House en Angleterre. Les jeunes de l’Europe entière viennent taper du pied à l’Haçienda, qui fait maintenant salle comble. L’Haçienda est en effet le lieu idéal pour accueillir le mouvement rave : son culte du Dj (précurseur), son esthétique musicale (décloisonnée), son idéal politique (libertaire), voire même son architecture (taillée pour les basses sismiques, et donc désormais en parfaite « résonance » avec la musique) en font le lieu le plus à même de cristalliser le mouvement. Mais devant l’ingérence des dirigeants, l’arrivée des gangs attiré par la vente de drogue, le club souffre et ferme en 1997 en raison du décès d’une jeune fille de 21 après l’ingestion de deux cachets d’extasy (et des nombreux problèmes de gestion du club qui ne peut plus assurer la sécurité du lieu d’après la municipalité). Le bâtiment sera démoli en 2002. Devenu mythique, il est vendu en pièce détaché aux enchères. Il est aujourd’hui parent d’un héritage considérable : il est le creuset originel de la culture rave. L’esprit du club s’est propagé dans des clubs aujourd’hui mondialement connu comme le Berghain, digne héritier de l’Haçienda. Ce club a révolutionné la façon de faire la fête, de venir en club. Il est la pierre fondatrice d’un mouvement, malheureusement en avance sur son temps et victime de sa gestion catastrophique. Vue intérieur de l’Haçienda


Façade de l’Haçienda


.2 LE TRESOR, BERLIN : DES COFFRES FORTS À LA CENTRALE ÉLECTRIQUE Adresse : Köpenicker Strasse 70, Berlin, Allemagne Date de l’ouverture : 13 mars 1991 Le Tresor est l’un des clubs les plus anciens et des plus mythiques de Berlin. Né de la chute du mur, le Tresor est fondé et dirigé par Dimitri Hegemann. Le club était initialement situé sur la Leipziger Strasse, dans la salle des coffres de l’un des plus grand magasins d’Europe, totalement laissé à l’abandon au milieu du quartier de Potsdamer Platz. Le Tresor tire ainsi son appellation de ce lieu. Le club est toujours vivant, 27 ans après sa création, mais ne vit plus dans son emplacement originel. A la suite de désaccord avec les autorités, le Tresor doit fermer ses porte en avril 2005, et aménage dans une ancienne centrale électrique construite dans les années 60, immense complexe de béton : le « Kraftwerk Berlin ». Aujourd’hui le lieu est ressuscité grâce à l’implantation du Tresor et accueille des expositions et évènements divers. Le Tresor a joué un rôle important pendant la réunification, rassemblant en ses lieux allemands de l’Est et allemands de l’Ouest sur une musique frénétique et nouvelle.

Vue de l’une des salles du nouveau Tresor. Au fond la cabine du dj.


Griessmühle Porte originelle Le du coffre fort dansgriessmuhle.de l’ancien Trésor « Certains disent que grâce aux stroboscopes et à la fumée à l’intérieur de la salle des coffres, le Tresor a été le premier lieu où une réelle réunification entre les deux parties de l’Allemagne a eu lieu, car à l’intérieur, il était impossible de savoir d’où vous veniez. » Cette citation de Dimitri Hegemann peut ainsi résumer ce qui a fait l’essence de la musique Techno à Berlin et en particulier au Tresor : une fête de communion entre un peuple réuni après des années de séparation. Les tensions entres allemands de l’Ouest et de l’Est sont ici oubliées, seul subsiste une musique brute, nouvelle, sans parole, qui transgresse et bouscule les règles en place. Le club devient rapidement « the place to be » à Berlin et accueille les plus grands producteurs de Détroit : Juan Atkins et Jeff Mills avec leur label Underground Resistance, Robert Hood, Kevin Saunderson et bien d’autres. Les fêtards du monde entier viennent faire la queue pour rentrer dans ce temple d’un genre nouveau, danser des heures durant sans voir la lumière du jour, aidé pour cela par une excessive consommation d’ecstasy. L’aménagement intérieur de la première maison du Tresor, se veut très brut et garde l’aspect originel de l’ancienne salle des coffres : le cadre industriel est conservé et la décoration est épurée au maximum. Les plafonds sont bas et comme guise


de scénographie une obscurité quasi totale, traversée de stroboscopes multicolores. Les murs sont couverts de graffitis et les grilles, portes blindées et casiers sont conservés du lieu d’origine. La légende raconte que ce lieu aurait grandement inspiré la façon dont les producteurs pensaient leur musique. Le caractère brut et dur du lieu, les voûtes souterraines, les planchers et murs en béton, a durci les musiques de certains producteurs étant passés par là. Le nouveau Tresor, situé dans une ancienne centrale électrique reconvertie, reprend également les codes de l’ancien : situé dans un énorme complexe, on y entre par une petite porte et on accède aux salles par un long tunnel de béton. Il dispose de plusieurs salles : Au rez-de-chaussée se trouve l’Aurora Bar et le Globe. L’Aurora Bar se présente comme une petite salle disposant de son propre bar. Le Globe quand à lui diffuse essentiellement de la House, avec une grande piste toute en longueur. Les jeux de lumière du Globe créent une atmosphère chaleureuse, une grande lampe à Plasma est diposée à l’entrée de la salle et des installations vidéos sont présentes. Au sous-sol, une cave voûtée basse de plafond, dans laquelle se trouve une salle étroite, toute en longueur, dotée d’un grand comptoir. On peut encore voir les vieux coffres de l’ancien Tresor encastrés dans le mur. A droite des escaliers, la voûte de la cave s’arrête dans la vraie salle des coffres, séparée du bar par une grille en acier. Des soirées gabber y sont souvent organisées. Les jeux de lumière y sont minimalistes et éclairent peu : il y a seulement des stroboscopes et une lumière bleue, auxquels s’ajoute une fumée épaisse. De l’autre côté de la salle des coffres, le bar s’arrête près d’un autre escalier menant vers un large espace extérieur, accessible l’été pour se reposer et prendre un peu l’air.

.3 LE REX CLUB Capacité : 800 Adresse : 5 boulevard Poissonnière, Paris, France Date de l’ouverture : 1973 Musique : Undergound/ Techno, Transe/ Dubstep Le Rex Club est situé dans les sous-sol du Grand Rex, célèbre salle de cinéma parisienne, qui a ouvert ses portes en 1932. Conçu par l’architecte Auguste Bluysen et l’ingénieur John Eberson, le Grand Rex un modèle réduit du Radio City Music Hall de New York. Avec sa façade du style Art Déco, classée au monuments historiques, le Grand Rex représente l’extravagance de l’entre-deux-guerres avec son cinéma de 3 000 places sous un plafond de 30 mètres de haut représentant une voûte étoilée lumineuse.


Tunnel d’accès au nouveau Tresor


Entrée du Rex Club


Avant de devenir un club de musiques électroniques comme on le connaît aujourd’hui, le Rex Club a eu plusieurs vies et diffusé plusieurs styles de musique. En effet avant le Rex Club, sous le cinéma existait Le Rêve : un dancing chic animé par un orchestre du Quartier des Grands Boulevards. Christian Paulet, fondateur du Rex Club, tomba sous le charme de la salle et reprendra le dancing en 1973 : Le Rêve devient Rex Club, et épouse la mode disco. En 1984 la programmation évolue et la boîte devient une place forte du rock alternatif et des musiques indépendantes (new wave, punk, funk). On y verra passer des noms comme Prince, les Red Hot Chili Peppers ou Minimal Compact. Mais il était devenu de plus en plus difficile de faire des concerts au Rex Club car le son des balances perturbait les séances du cinéma au-dessus. Christian Paulet proposer alors de transformer la salle de concerts exclusivement en discothèque. Le début de l’histoire Techno au Rex débute alors à partir de 1988 avec les soirées du collectif londonien Jungle. Rassemblant au début environ 400 personnes, la soirée va s’imposer comme un rendez-vous régulier, de plus en plus prisé de la nuit parisienne. Les anglais amèneront avec eux un certain Laurent Garnier, dj français, pionnier de l’acid house, qui aura fait ses armes à Manchester, et qui écrira en partie la suite de l’histoire du Rex Club avec ses mythiques soirée Wake Up de 1992 à 1994. Le Rex Club devient tout-Techno en 1995. Pour l’occasion le Rex se transforme, la scène où jouait les artistes est remplacée par un dj booth. Une attention toute particulière est, dès le début, portée sur la qualité sound system, qui fait encore la renommé du club, autant auprès des fêtards que des artistes. ARCHITECURE Le club est situé en sous-sol. Une fois entré, la place payée et sa veste déposée, on descend un mince escalier qui mènent au sous-sol, éclairé par de grand néons bleus. Arrivé en bas, la musique se fait plus forte, et on arrive dans une salle de taille moyenne (qui peut accueillir 800 personnes). On arrive au fond de la salle, au niveau du bar. Particulièrement soigné, le bar crée une vague qui nous emmène vers la piste de danse. Sur la gauches des banquettes, et des petites tables semblent rendre hommage au dancing présent autrefois. Ici pas de coin VIP, tout le monde est logé à la même enseigne. La salle est sombres, uniquement éclairé par les jeux de lumières disposés au plafond. Le plafond est très bas pour une salle de cette envergure : moins de trois mètres sous plafond, d’où sont suspendus les lumières et le système sonore. Au fond de la salle, le Dj booth, petite cabine où mixe le Dj, qui est à hauteur du public, en communion avec lui, uniquement séparé par ses platines. Le sol est fait de parquet, présent depuis 1948, qui est maintenant devenu mythique. Le son à l’intérieur du club est particulièrement soigné et régulièrement remis au goût du jour. Il dispose ainsi actuellement d’un « plafond sonore » : 60 points de diffusions permettent ainsi une même qualité d’écoute à n’importe quel endroit du club.


Piste de danse du Rex Club

La discothèque a été entièrement remise à neuf en 2016 par deux jeunes architectes. « Nous nous sommes penchées sur la philosophie du club : un lieu historique, petit frère turbulent d’un joyau art déco, le cinéma Le Grand Rex. Une discothèque sans artifices, où l’on ne vient pas pour se montrer, mais où la seule star est la musique. » explique Agnès Laycuras-Gandar, l’une des architectes en charge du projet. Entièrement rafraîchi, le club comprend deux nouveaux marquages de couleur bien distincts : le dancefloor, la cabine de dj et ses abords ont été repeints dans des tons gris « industriel ». Toutes les descentes (l’escalier d’arrivée, ceux menant aux vestiaires et aux toilettes), ainsi que l’espace du bar principal, seront eux dans une gamme rouge vif. A certains endroits, le nouveau revêtement de sol en caoutchouc, qui recouvrira l’essentiel du club, sera décoré de frises noires et blanches. « Un rappel des magnifiques frises art déco sculptées sur la tour du Grand Rex. Ici et là ont aussi été aménagées dans les murs des niches abritant le logo du club en lettres de néon rouge… » Le parquet en bois d’origine a lui aussi été remplacé en caoutchouc Un dénivelé de 20cm a été créé pour accueillir une hauteur de 3m sous plafond.

2:2 POT POURRI EUROPÉEN


Ambiance au bar du Rex Club


/ LE BERGHAIN Date d’ouverture : 2004 Lieu : Berlin, Allemagne Label : Ostgut Ton Capacité : 2400 personnes Le Berghain est le maître incontesté du club Techno, LA référence en la matière. Le club est né des cendres du club gay Ostgut, qui ferma ses portes en 2003. Situé à la frontière entre Kreuzberg et Friedrichshain, d’où il tire son nom, il est abrité par une ancienne usine électrique du style stalinien. Considéré comme l’un des meilleurs clubs au monde, le Berghain a gagné une réputation sulfureuse par le contenu de ses nuits à tendance hédoniste et décadente, le club comptant deux darkrooms et sa clientèle étant considérée comme assez libertine. Les « darkrooms », pièces sombres où l’on peu se faire aller à tout ses désirs alimentent la réputaion sulfureuse du lieu. Le Berghain est composé sur quatre étages : le RDC est principalement dédié à l’entrée et aux vestiaires. Une nouvelle salle (die Säule) a ouverte en mars 2017 en lieu et place des anciennes darkroom du RDC. Au premier étage se situe la salle principale : le «Berghain» d’où le club tire son nom, où est diffusé de la musique Techno industrielle de haute qualité avec un système son reglé au millimètre près par le Dj résident Marcel Dettmann. La salle mesure 18m sous plafond, soutenus par de grands poteaux en béton. Les lumières sont suspendus en l’air. Au deuxième étage se trouve le Panorama Bar, qui diffuse quand à lui de la musique House, plus calme. Le Berghain conserve son aspect industriel original mais met également des oeuvres et des artistes en valeur sur des grands tableaux affichés au mur. Le Berghain n’est pas qu’un lieu de consommation c’est aussi un lieu de création. Le dernier étage, innaccessibles aux visiteurs est ainsi transformé en maison d’artiste. Le physionomiste à l’entrée, Sven Marquardt est lui même photographe, et le club a accueilli en 2007 et 2014 le Berlin State Ballet qui a investit le Berghain en créant des ballets composés par les Djs résidents.


ExtĂŠrieur et piste de danse du Berghain


Espaces extĂŠrieurs du Griessmuhle


/ LE GRIESSMÜHLE Date d’ouverture : 2011 Lieu : Berlin, Allemagne Situé au fin fond d’un zone industrielle, ce club m’a été recommandé par des amis en stage à Berlin. Une petite bière avant de partir et me voilà arrivé dans le point d’orgue de ma visite à Berlin : un bâtiment industriel abandonné au fin fond d’une zone industrielle. Enfin je pouvais voir de mes propres yeux la fameuse nuit berlinoise dont on m’avait tant parlé. On passe par le contrôle d’usage, par la caisse, et nous voilà arrivé à l’intérieur. La musique me fait déjà frissoner. La salle est noire, seul un X blanc clignote dans le ciel en guise de stroboscope (le logo du club). Après quelques minutes on sort de la salle, gravi quelques marches qui mènent aux des toilettes. Là une porte dérobée se dessine dans un coin, et mène à un balcon au dessus de la foule, que l’on voit danser sous nos pieds. La scène est magique, et pendant quelques instants je me dis que je suis ici au bon endroit. Mais je ne suis pas au bout de mes surprises : après avoir passé quelque temps dans la salle on décide de prendre un peu l’air. A ce moment le lieu devient vraiment magique : l’espace extérieur est immense, infiniment plus grand que les fumoirs irrespirables traditionnels. Un feu de camps entouré de banc où se sont réunis quelques personnes, des silos réaménagés avec quelques palettes à l’intérieur, des fauteuils, des canapés, et au détour d’un petit bois : un canal ! L’espace extérieur est incroyable, et le différencie grandement des autres clubs. En plein été on apprécie grandement bronzer quelques minutes torse nu puis retourner danser au plus sombre du club. En retrant à l’intérieur, mon amie m’emmène au sous sol, dans un autre salle. On descent quelques escaliers métalliques, puis on arrive dans une toute petite salle, où à mon plus grand étonnement on ne diffuse pas de la Techno mais de l’UK Bass, un genre inconnue pour moi. Lendemain midi, il est l’heure de rentrer. Deux Djs de préparent pour l’after à l’extérieur du clubs, alors qu’il ne reste que les irréductibles. Pour esquisser un bilan, le Griessmühle est un club qui a su tirer les pleins atouts de son lieu : une ancienne usine abandonné avec plusieurs espaces disposés, et un grand espace extérieur aménagé. Le lieu est très ouvert et détendu, et ouvre facilement les portes à qui veut écouter de la bonne musique sans se prendre la tête. Il accueille ainsi autant des puristes berlinois que des touristes venus quelques jours à Berlin et est l’un des clubs les plus apprécié à Berlin


/ LA CONCRETE Date d’ouverture : 2011 Lieu : Paris, France Capacité : 950 personnes Label : Concrete Music Lieu aujourd’hui iconique du paysage technio parisien, Concrete Paris est un club fondé en 2011 par le collectif Parisien Concrete. Le club s’est fait une réputation grâce à ses afters, accueillant ceux qui veulent prolonger leur nuit dès 7h le dimanche. La Concrete est une péniche réaménagée située Port de la Rapée. La salle est situé au rez-de-chaussé du bâteau, dans la coque, alors qu’une terasse de 400m2 avec tonelle est proposée à l’étage.


/ FABRIC Date d’ouverture : 1999 Lieu : Londres, Angleterre Label : Fabric Fondé en 1999, le Fabric trouve sa place dans l’espace rénové du Metropolitan Cold Stores, ancienne cave de stockage de viande. Le club dispose de trois salles séparées qui ont chacune leur propre système de son indépendant. Une des caractéristique du club est le plancher vibrant qui a été mis en place dans l’une des salle à l’aide de 400 transducteurs basse fréquence. Fin 2016, suite aux décès de deux adolescentes par overdose, le club est contraint de fermer ses portes. Grâce au soutien de nombreuses figures du milieux il réouvrire quelques mois plus tard mais avec des conditions draconiennes


/ LE WATERGATE Date d’ouverture : 2002 Lieu : Berlin, Allemagne Capacité : 500 personnes Label : Watergate Le Watergate est situé sur une petite péniche sur la Spree. Il est sur deux étéges, avec au rez-de-chaussée la salle de danse avec un système son et lumière dernier cri et à l’étage une large terasse. Ce n’est pas un club qui se qualifie d’“Underground“, on y croise donc essentiellement des touristes, mais le club a su tirer son épingle du jeu dans une scène berlinoise ultra-saturée et élitiste. Le club a su également tirer profit de sa petite taille : le large écran LED au plafond permet à lui seul de scénographier la salle.


/ LE SUCRE Date d’ouverture : 2013 Lieu : Lyon, France Capacité : 800 personnes Nouvelle salle lyonnaise construit sur le toit de la sucrière, bâtiment industriel des années trentes devenu aujourd’hui lieu culturel (qui accueille notamment la Biennale de Lyon ou les Nuits Sonores qui ont lieux également en partie au Sucre). Il a été conçu par les architectes de LFA, Laurent Graber et Antoine Trollat. Le Sucre bénéficie d’une terasse rooftop de 400 m2 avec une vue imprenable et d’une salle adaptable à divers évènemen tcar le Sucre est un lieu transdisciplinaire, à la croisée des chemins, qui accueille aussi bien des soirées Techno ou House, que des concerts plus classiques ou des conférences. C’est un club moderne qui se démarque des clubs « classiques » mais qui fait des références discrètes aux modèles du genre.


PARTI TROIS Si l’on me demandais de construire un club aujourd’hui, comment serait-il ? A partir des analyses présentées précedemment, nous allons tenter de décrire de façon plus subjective le renouveau du club. Après avoir fait un bilan historique du mouvement Techno et fait un bilan des analyses précédentes, en tentant de dresser la « carte d’identité du club », nous allons nous intéresser à un club en particulier, assez récent, reprenant subtilement certains codes des clubs Technos, en l’adaptant aux enjeux locaux, en en créant sa propre définition du club Techno.


IE S

3:1 LE RENOUVEAU DU MOUVEMENT TECHNO 3:2 LA LEÇON DES CLUBS 3:3 LA KULTURE À STRASBOURG

LE CLUB MODERNE


Love Parade 1997


3:1 LE RENOUVEAU DU MOUVEMENT TECHNO Depuis ses origines dans les années 80, le mouvement Techno a bien évolué. D’une sous-culture marginale, le mouvement a créé tout un pan de la culture actuelle. Les petits génies de Détroit et Chicago ont ouvert tout un pan de la musique. La capacité infinie des synthétiseur et des ordinateurs permet une création infinie de la musique. Avec internet et les moyens actuels il est maintenant possible de créer depuis sa chambre, sans matériel, sans connaissances. En effet ce qu’on appelle aujourd’hui la musique électronique est bien plus que juste la Techno ou la house dont on parle dans ce travail. Originellement underground, la house a dérivée dans des genres plus commerciaux, plus vendeurs, tel que l’Electronic Dance Music (ou EDM), qui innonde les radios généralistes. Néanmoins même la musique Techno la plus « undergound » est devenue, bien malgré elle, commerciale. Elle génère de l’argent, beaucoup d’argent, a ses stars. Tout un business s’est créé autour de cela. Les festivals de musique électroniques se multiplient dans le monde entier. Le marché du vinyle a repris en grande partie grâce notamment aux Djs mixant sur vinyle. Berlin est devenu la capitale de la musique Techno dans le monde au point de passer en 25 ans de l’underground à une véritable industrie dopé par le tourisme de la fête. En 2005, la branche réalisait un chiffre d’affaire de 170 millions d’euros, selon une étude réalisée pour la ville. Chaque week-end, plusieurs milliers de personnes viennent dans ces clubs faire la fête et plus de la moitié d’entre eux sont des touristes. C’est le développement de l’Easyjet-set, des touristes venant quelques jours de toute l’europe par des avions low-cost, prennent un Airbnb pour la soirée, et font les tours des clubs. Déjà à l’occasion de la Love Parade 1997 à Berlin, qui généra 400 millions de francs (58 millions d’euros) de chiffre d’affaire pour la ville, le sénateur Jörg Schönbhom (parti conservateur, C.D.U.), se disait impressionné par la bonne humeur générale et non opposée aux prochaines parades, contrairement aux socialistes et aux verts. D’après une étude marketing du tourisme berlinois, la Love Parade de 1997 fût la meilleure publicité de l’année pour la ville. Mais Berlin croit en ses clubs, devenu un des piliers de son développement et qui fait maintenant parti de l’ADN de cette ville. La ville investit 1 millions d’euros pour réduire les nuisances sonores et sauver ses clubs. Entre 2011 et 2015, ce sont pas moins de 170 clubs qui ont du mettre la clef sous la porte, notamment suite à des problèmes de voisinages, les nouveaux propriétaires voyant d’un mauvais oeil les nuisances que ces clubs apportent. Contrairement à la France, les clubs Berlinois disposent d’une certaine souplesse législatif, qui leur permet de réellement faire vivre la nuit : il n’y a pas de couvre feu, peu de contrôle. La ville doit apprendre à vivre avec ses clubs, elle aurait bien du mal à s’en passer.


Jeff Mills reçoit nommé Chevalier des Arts et des Lettres par Jack Lang

Les clubs français ne disposent eux pas de la même souplesse qu’en Allemagne : alors que les clubs allemands ne sont pas soumis au couvre feu et peuvent ouvrir en continu, les clubsfrançais doivent fermer à 7h maximum, et ont plutôt intérêt à montrer patte blanche auprès des autorités pour survivre. Le club parisien Concrete a ainsi été le premier a recevoir une « licence 24 heures » en mars 2017 qui lui permet d’ouvrir tout le week-end, sans interruption. Jusqu’ici le club devait fermer à 6h40, cesser de servir des boissons une heure et demie avant, couper la musique durant trente minutes avant de rouvrir le dimanche pour être en règle. Une situation agaçante à laquelle la mairie de Paris a décidé de mettre fin après de longues négociations. En échange Surprize, la société aux manettes de Concrete, devra redoubler d’efforts afin de respecter le voisinage, mais aussi le public et le personnel. Ce n’est sans doute pas le seul club qui obtiendra cette licence à l’avenir, mais la mairie attend de voir comment cela va se passer. Une récente législation forcera aussi les clubs et salle de concerts à abaisser leur volume sonore de 105 à 102 décibels (soit une baisse ressentie de moitié). Une véritable déconvenue pour les clubs, auquel il va falloir d’habituer. Malgré la reconnaissance aujourd’hui du mouvement Techno par une frange plus large de la société, la Techno connait encore aujourd’hui des difficultés. Ainsi s’il est acquis pour les autorités de la légitimité des clubs ou festivals officiels, des rassemblement plus illégaux comme les free party ont toujours du mal à passer, même en tentant de discuter. En témoigne le traditionnel Teknival du 1er, organisé cette


année encore sans l’autorisation des autorités, alors que des discussions étaient en cours. La légitimité n’est donc pas entièrement acquise. Il faut encore faire un bout de chemin. Mais depuis ses débuts la Techno se place en front du système et des autorités.

3:2 LES LEÇONS DES CLUBS Après avoir analysé différents clubs européens, divers et variés, on va ici tenter de faire la « carte d’identité du club ». Recouper les informations, pour déterminer « qu’est ce qui fait le club ? ». / LE LIEU Le lieu du club est, on a pu le voir, très important. Personnification de la musique, image représentative du club, la carcasse du club, mystique, devient au fil des années mythique. Quand on a sorti le Tresor de sa maison natale, ou que l’on a changé le parquet du Rex Club, ces changements ont été vécu comme des tournants dans l’histoire des clubs et ont sucité une certaine émotion chez les habitués et connaisseurs. Les clubs redonnent vies à des lieux abandonnés, les révèlent comme peut d’autres installation peuvent se permettre de le faire. A Berlin ou en Angleterre les clubs vont habiter des anciennes usines, centrales électriques, des lieux chargés d’histoire, vivant fût un temps auquel on redonne vie. Les clubs redonnent vie à ses endroit autrefois oubliés. C’est une des clefs de la reconversion du patrimoine historique et industrielle. Les clubs berlinois sont devenus référence en la matière, et beaucoup cherchent à les imiter. A Paris le lieu du club a connu un développement différent. La Techno s’est installée dans d’anciennes discothèques, dans des caves. Il est en effet difficile de trouver des ruines ou des endroits abandonnés dans Paris intra-muros. Cette différence en fait néanmoins sa spécificité face à des clubs de plus en plus harmonisés. On ne conçoit pas la fête parisienne comme on conçoit la fête berlinoise. Néanmoins les clubs Techno parisiens se sont gardés d’être élitistes « à la parisienne » . Certains collectifs organisent néanmoins des évenements, à la périphérie parisienne, dans des usines abandonnées, donnant lieu à d’énormes fêtes. On peut remarquer la même chose à Lyon, où la majorité des clubs que j’ai visité sont en sous sol (hormis le Sucre). Ces lieux collent bien à l’image underground, littéralement sous-terraine, de la Techno. Les salles ne sont généralement pas très grandes. Pour les matériaux et la décoration, pas de chichi : industriel, sobre, parfois on « entretient le sale ». On ressent le béton, on touche le métal, on sent les murs vibrer. Ce n’est pas fait pour être vu, mais pour être entendu. Le danseurs vient vivre


une immersion, un voyage sensoriel, que lui procure la musique, la lumière, la foule. Sur ce point la les clubs parisiens sortent néanmoins du lot (capitale du luxe oblige), en témoigne le Rex Club entièrement rénové récemment. Peu de clubs ont la chance d’avoir un espace extérieur, mais on peu voir que c’est un véritable plus, surtout en été. En effet après avoir passé des heures dans une salle il est très agréable de sortir à l’air libre, prendre l’air, reposer les oreilles, avant de revenir devant le son. C’est un élément qui est plus présent dans les clubs berlinois que dans les clubs allemands : à Lyon par exemple seul le Sucre propose un espace extérieur (avec une vue incroyable). Le public ne s’y est pas trompé et afflue dès l’été venu. / LA SONORISATION Une attention toute particulière est portée sur la sonorisation des lieux. Au Rex Club et au Berghain sont mis en place les système son les plus performants du monde. Le Berghain a ainsi été l’un des premier club à s’équiper des Funktion One, système son devenu référence en la matière quelques années plus tard, équipant la majorité des clubs et festivals après lui. Le son transforme les corps et les esprits. Il est puissant, profond, brutal. Les basses son’ l’un des éléments cadre de la musique Techno, ils font vibrer la salle.

Caisson de basse Funktion One


Jeff Mills au Rex Club, 2011

/ LA LUMIÈRE Alors qu’en festival les concerts Techno ont repris les codes des concerts rocks, avec un déballage techniques de scénographies multimédias particulièrement poussées, les clubs eux sont restés plus sobres dans leur mise en oeuvre de l’espace. La scénographie reste néanmoins présente, même si elle se veut plus discrète. La scénographie est là pour faire vivre une expérience musicale différente, en privilégiant l’immersion du public. Les lumière transperces la salles, les stroboscopes rythment l’espace, les machines à fumée confinent et rendent le lieu plus intimistes : on ne voit pas, on n’est pas vu. Les lumières peuvent mettre en valeur un lieu, mais sont surtout là pour mettre en valeur la musique dans le lieu. Si la musique Techno est une expérience onirique qui amènent à voyager, les lumières sont le moyen de transport. Les lumières fixes sont là pour guider : ici le bar, ici la sortie, ici les toilettes. Les toilettes sont d’ailleurs en général le seul lieu entièrement éclairé, où l’on voit clairement. / LA MODULARITÉ

Une des caractéristiques nouvelle des clubs c’est la modularité qu’ils offrent.


Ainsi même si des clubs comme le Berghain n’ouvrent que très rarement les portes, d’autres clubs, pour survivre, offrent la privatisation à des particuliers ou des entreprises. Le nouveau Trésor a ainsi trouvé refuge dans tout un complexe de salles et lieux artistiques pouvant être loués pour divers évènement. Le Rex Club est également privatisable pour des soirées privée ou des showroom professionnels. Le Griessmühle accueille en semaine divers évènement : marché au puces, cinéma de plain air, etc. Le club s’inscrit donc dans un plan plus vaste : il devient un élément culturel à part entière.

3:3 UN EXEMPLE DE CLUB MODERNE : LA KULTURE, A STRASBOURG Je vais vous parler ici d’un de mes coups de coeurs à Strasbourg. Découvert par hasard lors d’une soirée hivernale. Je suis rapidement tombé sous le charme de ce bar atypique, à double facette, créé en 2015 par un strasbourgeois féru de musique électronique. J’ai découvert ce bar sous son coté nuit, mais c’est pendant mes recherches que j’ai découvert qu’il avait aussi une vie le jour. Arrivé la nuit, le bar se compose d’un espace au rdc avec un bar, quelques tables et chaises et un fumoir. Au sous-sol une véritable salle diffusant du bon gros son. Les Djs invités diffusent majoritairement de la Techno mais parfois des groupes live sont présents. Salle club au sous-sol


Rez de chaussĂŠe de la Kulture de jour


La journée le bar se transforme : l’espace du rdc devient lumineux, ouvert. Il devient disquaire, vend des vinyles et propose de la nourriture et des boissons à prix abordables. L’effet est réussi et me rappelle les meilleurs clubs berlinois. Le lieux est petit (il peut accueillir une centaine de personnes maximum) mais également très bien dimensionné : on ne se marche pas dessus, mais on peut apprécier la proximité et l’ébullition de la soirée. Les prix restent également abordables autant à l’entrée qu’au bar, citère essentiel à un bar qui se veut s’inspirer de clubs berlinois. Le RDC est très ouvert sur l’extérieur, très lumineux. Des meubles en bois du style scandinave et quelques chaises permettent de se restaurer ou de boire une bière tranquillement. Le vestiaire et les escaliers permettant l’accès au sous-sol sont marqués par un container. A fond de la pièce, le fumoir pour les soirées. La journée, des bacs à vinyles sont disposés pour la vente. En descendant les quelques marches qui mènent au sous-sol, le lieu se transforme et devient ténébreux, les basses résonnent toute la nuit au son des Djs résidents ou invités. La décoration est minimale (sinon inexistante), mais elle est réussie. Les plafonds sont bas, les murs sombres. La pièce n’est pas trop grande mais l’ambiance y est folle. De gros ventilateurs assurent un peu de fraicheur, pour le plus grand bonheur des danseurs. Un petit bar est disposé au fond de la pièce. Il est brut, entouré de grillages. J’ai l’impression de retrouver un lieu comme j’aurais pu le retrouver au Trésor, 20 ans auparavant, la magie des coffre-fort en moins. L’effet est ici très réussi. L’ambivalence entre la partie haute est la partie nuit en crée un lieu modulaire et adaptable, vivant de jour comme de nuitn ce qui est essentiel à sa survie économique. Sa capacité en fait un lieu adapté à une ville comme Strasbourg, et permet un remplissage facile. Un point qui pourrait être à améliore néanmoins est la qualité de la sonorisation. Malgré un son qui est déjà d’une très bonne qualité, il pourrait être optimisé pour une meilleure écoute dans tous les coins de la salle.





CONCL SION


LUN

ous avons pu le voir dans ce travail de recherche, la Techno a connu une histoire mouvementé, est est passée en l’espace de 30 ans de sous culture marginale à celui de culture à part entière. La Techno est aujourd’hui reconnu, et les premiers ouvrages de recherches commencent à être publiés. Cela n’a pas été chose facile que de trouver de réels ouvrages sur le sujet, tant il est encore aujourd’hui sous-référencé. Néanmoins rien que cette année deux musées sur l’histoire de la Techno commencent à ouvrir. De plus en plus les fondateurs de la Techno de Détroit sont invités à raconter leurs débuts. L’interet pour l’histoire de cette musique grandit. L’idée même de la Techno a évolué, et les clubs que l’on apprécie aujourd’hui sont ceux qui sont nés dans les premières herues du mouvement Techno.

Ce travail de recherche a été pour moi l’occasion de me plonger dans un monde dont je ne connaissait que la partie immergée de l’iceberg. J’ai découvert que la musique Techno est bien plus qu’une musique. C’est un mouvement sociologique et artistique à part entière. J’ai découvert également des liens entre architecture et musique Techno que je ne soupçonnais pas. Il m’advient aujourd’hui de considerer pleinement ces liens dans mes travaux futurs. Plus largement, la musique et l’architecture ont tissés des liens forts, qui persistent encore aujourd’hui. On n’écoute pas la même musique dans l’Opéra Garnier ou dans un bunker désaffecté. Mais parfois les liens entre musique électronique et classique se brouillent. En témoignent les différentes réinterprétations de morceaux électroniques par un orchestre classique. Ou la collaboration de Jeff Mills, pionnier de la musique Techno, avec un chef d’orchestre pour concevoir des oeuvres uniques. La Techno repousse alors ses propres limites, sort de son contexte, vient investir d’autres lieux. La Techno sort également de plus en plus des clubs, vient investire la scène d’un festival. Ici c’est la scénographie fait le travail, le lieu ne suffit plus. Il advient aujourd’hui de se poser la question de comment va évoluer le club Techno. Les enjeux ne sont plus les mêmes, le public n’est plus le même, la musique diffusée change également. Comme on a pu le voir dans le dernier exemple, à la Kulture à Strasbourg, d’autres formes de club peuvent exister. Le modèle n’est pas figé et il évoluera, j’en suis persuadés, dans les prochaines années.


Intérieur du bar La Kulture à Strasbourg (crédit : H

ANNE

P P


EXES

POUR ALLER PLUS LOIN...


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OHIE

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À mes compagnons de fête, aussi brêve fût été leur rencontre.

Remerciements à Jean Philippe Aubanel pour ses dissusions interessées et à Frédéric Gillet pour la reliure Serfass Loïc / ENSAL 2018



Serfass Loïc

PROFESSEUR REFERENT : JEAN PHILIPPE AUBANEL

L’ARCHITECTURE DES CLUBS TECHNO

Comment faire la fête ? Comment une sous culture marginale est devenue en l’espace de 30 ans une culture à part entière ? Y-a-t-il un espace propre à l’appréciation et l’acoute de cette musique ? Après avoir apprécié les soirées Techno, ce sont ces questions que j’ai eu envie de me poser dans ce travail de recherche, à la recherche des ingrédients du club ultime. How to party? How has a marginal sub-culture become in the space of 30 years a culture in its own right? Is there a space for the appreciation and listening of this music? After enjoying the Techno nights, these are the questions I wanted to ask myself in this research, looking for the ingredients of the ultimate club.


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