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Ça gave
ca gavE humeur et vitriol par Jean Luc Eluard L’avenir n’intéresse personne
Àl’heure qu’il est, il va falloir que je commence à penser à mes vieux jours. Donc, je vais me préparer tranquillou un bon petit matelas de chroniques entièrement recyclables que je pourrai repasser à intervalles réguliers sans rien changer et en estimant qu’elles sont toujours aussi pertinentes. Ni vu ni connu, on modifie juste les noms pour faire actuel, on remplace « Giscard d’Estaing » par « Macron » pour faire sérieux, « Georges Marchais » par « Mélenchon » pour faire flipper les classes très moyennes, « Le Pen » par... ah ben non, rien, c’est plus pratique. Et on a derechef une analyse politique clé en main qui ne tient aucunement compte de l’inversion des valeurs démocratiques qui n’atteignent plus l’extrême centre. Mais comme je suis plus malin qu’Olivier Duhamel ou PPDA, non seulement j’attends pour tripoter les filles qu’elles aient atteint un âge minimal mais en plus, je leur demande leur avis. Résultat, je tripote pas, fais chier. Donc, comme je tripote pas, je réfléchis. Et j’ai trouvé le début d’une chronique que je pourrai ressortir tous les cinq ans sans rien modifier : « La campagne ennuie les électeurs qui la trouvent de qualité médiocre. » Et tout le monde de reprendre à la suite et ad libitum pour justifier ainsi de son absence de courage à s’intéresser à ce qu’il se passe au-delà du coin de la rue et de l’écran plat : « Ah ben c’est bien sûr qu’c’est des nuls ». Mais mes chers enfants (j’aime bien opter pour le ton paternaliste du curé pédophile, on sent de suite que ça va finir douloureusement), il ne faut pas oublier que si nos élus sont médiocres, c’est aussi parce qu’ils sont nos représentants.
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Pour un peuple qui regarde trois fois plus Hanouna qu’Arte, il ne paraît pas indispensable que le niveau du débat politique soit celui d’une conversation entre Heidegger et Hanah Arendt qui, soit dit en passant, devaient aussi parfois discuter pour savoir s’il serait pertinent de prendre le parapluie vu qu’il risque de pleuvoir et qu’au pire, on aura pris le parapluie pour rien. Mais le tout en allemand, ça a une autre gueule.
Le débat récurrent sur la piètre qualité du débat politique est une tarte à la crème électorale que les analystes politiques ressortent paresseusement comme le parasol aux beaux jours, tout comme la volonté inébranlable des Français à exiger de leurs hommes politiques qu’ils soient irréprochables, judiciairement parlant. En vertu de quoi les Balkany ont fait leurs petites affaires peinards pendant trente ans sans perdre une voix. Et je ne cite qu’eux parce que ce sont les Beyoncé et Jay-Z de la politique : des stars incontestées de la magouille pré-et post électorale. Mais il y en a à la pelle, de ces véreux notoires tellement sympathiques qu’on continue quand même à voter pour eux tout en exigeant des autres qu’ils aient un casier judiciaire plus vierge qu’une collégienne mormone.
C’est sans doute pour exercer l’esprit civique des Français et les inciter à voter en masse que l’on répète désormais systématiquement que « la campagne est de mauvaise qualité » et ce, parfois même avant qu’elle n’ait commencé, histoire d’être vraiment certain que personne n’ira s’y intéresser.
Ainsi donc, on s’assure que les Français ne prendront même pas la peine de se tenir au courant, on savonne la planche d’entrée en l’huilant onctueusement de l’extrême-onction de la médiocrité supposée : passez votre chemin, il n’y a rien à écouter ni à entendre, rien qui pourrait vous inciter à regarder autre chose qu’Hanouna pour savoir ce qu’il se passe. Des fois qu’il y aurait des politiques qui diraient incidemment des choses de qualité, ça pourrait rendre l’élection intéressante... et éventuellement aboutir à autre chose que le duel final qui ne dérangera personne. Surtout ceux qui font profession de savoir avant tout le monde comment tout doit finir pour que rien ne bouge.
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Numéro 96
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