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Sir Greggo

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Ça gave

Ça gave

poupées de son

Ce n’est pas parce que ces punks à flûte pratiquent un vent contraire qu’ils en perdent leur boussole... Car au jeu du «cap' ou pas cap'?» psyché et ne manquant jamais d’airs (inspirés), les Rennais ont sans nul doute le temps en poupe.

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Entreprise de déconstruction, le trio est à l’image de son époque : disruptif par avantages — plutôt que par défaut. De la capitale bretonne, retenez donc en héritage l’art du collage (visuel et musical) autant que les rapides ascensions. Du punk supposé ? Essentiellement un do it yourself, voire rejet latent des conventions... Et ce n’est pas la voix traînante en interview de son représentant qui distinguera davantage réalité et image : ici, attention mirages. Avant Sir Greggo, il y a donc eu Abram... puis Sir Edwards — duo de chant —, sortant un EP par jour « pour faire comme Bad Pelican »… En nait une conviction : celle d’un guitare/batterie/instrument à vent compris, même si le flûtiste (tradi) restait jusqu’alors réticent. Finalement formé en 2019 et confinés à Santec (Finistère), la pause dûment imposée est l’occasion d’un album au gré des boucles et marées.

SAMUEL DEGASNE TITOUAN MASSÉ

Flûte alors? Ce fut tout l’objectif de ce premier laboratoire qui n’oublie pas la guitare. «On a pris le temps de faire pousser chaque jour un meilleur fruit», revendique le chanteur et guitariste Charles. Regrettant malgré tout le champ lexical punk quand il s’applique à leur seule dimension musicale: «Pas plus que nous ne sommes garage! Il y a tout de même beaucoup d’effets sur la flûte... On aurait donc mieux accueilli toute étiquette avec le préfixe “post-“… Et puis, contrairement à ce que l’on peut croire: tout y est patiemment réfléchi.» Méthode : de longues jams enregistrées, laissant la place aux échappées, « afin de passer le bouillon au tamis ». Écrivant en 5 minutes et mettant ensuite « 6 mois à tailler dans la chair pour concrétiser. » Leur — déjà — 2e album prévu à l’automne sera d’ailleurs « réalisé en live, sans edit, donc plus bruitiste et organique », afin de mieux faire sonner « leur complicité. » La vie. Le tout ? En parallèle de la création d’un regroupement d’artistes (Sir collectif — avec notamment Manon Couët qui a réalisé la pochette), la sortie d’un nouvel EP de Sir Edwards et d’une surprise à l’Antipode (Rennes) en novembre… Conscients d’être « dans un instant communicatif ». Saluant les élans créatifs de ce qu’ils appellent encore « une niche » : Lysistrata, The Psychotic Monks, Novels… ou des locaux Freak It Out et Clavicule, élevés au rang de leurs rois et Rennes. Reconnaissant dans cette nouvelle génération « plus de mélange de genres… mais aussi de musiciens, dans une recherche constante de solutions pour tourner davantage... Moins “microcosme”, en tout cas. Je me pose d’ailleurs la question d’intégrer parfois un invité ou d’aller moi-même rendre l’appareil. J’ai beau — peut-être — être un tyran, la période m’incite à plus d’échanges et sociabilité. » Beau joueur. Et lui qui a longtemps hésité entre carrière communicante ou passion, pourquoi avoir choisi la musique, justement? «J’aimerais que ces vacances deviennent un travail. Et inversement… Donner du temps sans avoir l’impression d’en donner. Or, ma charge d’investissement est illimitée quand elle est au service de la musique. Alors, pourquoi s’y refuser?» i dfacebook.com/SirGreggo

Sir Greggo Swish Swash Records

Les oreilles électrifiées après deux titres et quelques cinq minutes d’écoute, le premier album au long cours des Bretons ne retient pas son énergie. Fuzz, saturation, cassures de rythmes, les riffs psychotoniques balancés en ces lieux ravivent la flamme d’un rock taillé pour la scène. Mouvements circonvolutifs, boucles sempiternelles, montées rythmiques atteignant les cimes, la musique développée par Sir Greggo est touchée d’une ivresse revigorante, propice à une échappée belle du corps, headbanging incontrôlé de mise. De quoi oublier le réel durant une demi-heure, temps nécessaire pour se libérer du samsara, destination le nirvana...

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