Ceci est une reconfiguration

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Ceci est une reconfiguration territoriale.





IN BANLIEUE WE TRUST Ensemble d’individus que la laideur fictionnelle de la banlieue n’effraie pas. Architecte descendu du piédestal sur lequel on veut le place volontiers, urbaniste enclin aux petites transgressions réglementaires, employé municipal suffisamment curieux pour aller hors des murs d’un austère bureau, n’importe qui peut être l’un d’eux. IBWT c’est une méthode active qui visent à initier une reconfiguration locale du territoire en engageant des actions d’échelles, de temporalités et d’acteurs divers. L’objectif étant de modifier la tonalité de l’urbain en redéfinissant le bien commun, en s’efforçant de trouver des alternatives efficaces aux traditionnels outils des institutions publiques. L’individu a la capacité de faire du collectif. Ceci n’est pas un acte d’une naïveté confondante, non, ceci est une réaction allergique au pessimisme ambiant dans lequel se traîne le tissu périurbain. Le Grand Paris est déjà là, et ce depuis des années déjà. Ne pas attendre l’opportunité, mais la créer.





RECONFIGURATION

C

omprendre une condition, et la surprendre. Une configuration c’est l’ensemble des paramètres définissant le mode opératoire d’une entité. Une reconfiguration, c’est le ré-agencement de ces paramètres en vue d’obtenir une modification où un ensemble de modifications de cette entité. Un collage de situations étanches, c’est le temps zéro de ce territoire. Condition primaire dont on vient perturber cet équilibre qui s’essouffle en introduisant un paramètre jusqu’alors non considéré, celui de la dimension locale. C’est une reconfiguration, la recherche d’un nouvel équilibre entre les différents objets dans l’optique de développer la capacité du tissu urbain à assumer plusieurs échelles d’interactions. Démarche de re-pondération des éléments constituants suivant trois temps d’action qui s’emboîtent selon des échelles et des temporalités spécifiques. De la couture urbaine par modifications des mœurs des usagers, par remaniement des réglementation et par mutations des typologies. trois coutures urbaines complémentaires.




T1 _S’intégrer au territoire par le biais subjectif de ses usagers. Se définir en tant qu’acteur du quotidien au même titre que n’importe quel individu ayant de près ou de loin un impact sur ce dernier. _Révéler les potentiels de chaque situation en dynamitant les consensus et autres a priori datés. _Engager une transformation morale par la remise en question des habitudes individuelles.

Engager une t

MISE EN TERRE _Révéler le potentiel de vie publique du cimetière et faire tomber un a priori SUBCULTURE _Valoriser les friches en les exploitant et permettre la création d’emplois ou un complément de revenu pour les agriculteurs


transformation morale par la remise en question des habitudes individuelles

MAIRIE EXPRESS _ Adapter le service administratifs au modèle périurbain en le décentralisant

DRIVE ME à PARIS _Introduire de la vie publique au sein de la cellule la plus individuelle et privée qu’est l’automobile

t1


VIE PUBLIQUE Fait de peupler un espace sans autre condition que celui d’être un individu. Notion que l’on envisage ingénument comme la conséquence directe d’un espace public avéré. C’est oublier l’ambivalence de sens de ce terme rendu ‘valise’ par des années d’emploi approximatif. On oppose par défaut la permanence de sa version juridique, l’espace public est une zone régulée par une institution qui représente l’Etat, et la variabilité de l’usage social, la caractère public d’un espace n’est jamais de l’ordre de la qualité intrasèque, ce sont les pratiques des acteurs qui l’instaurent comme tel.1 C’est cet ensemble de pratiques qui légitime ou non la valeur publique d’un espace. Il ne suffit pas décréter un espace public en termes juridiques pour en faire un espace vécu publiquement, a contrario, un espace juridiquement privé peut être vécu publiquement.

1. Michel de la Predelle cité par Guénola Capron, L’espace public urbain : de l’objet au processus de construction, Editions du Mirail, 2007



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DRIVE ME à PARIS

_Apogée de la voiture face à la non flexibilité des transports publics afin de connecter la ville dortoir à son centre névralgique _ Hausse significative du coût de la mobilité Action(s) _Mise en place d’une application smartphone mettant quotidiennement en relation conducteurs et commuteurs afin de développer un réseau de covoiturage Objectif(s) _Créer de la vie publique au sein de la cellule la plus individuelle et privée qu’est l’automobile _Faire l’expérience des bords de route Moyen(s) _Individus (conduteurs et commuteurs) _ IBWT (initiateur) Situation



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SUBCULTURE

_Multitude de trous vaguement végétalisés qui sont la propriété de promoteurs privés attendant l’opportunité de les mettre à profit _Demande locale en chanvre (laine de bois) croissante en vue d’une réfaction de l’enveloppe énergétique de l’existant Action(s) _Développer une filière courte par l’installation d’une coopérative de défibrication du chanvre dans la région Essone Objectif(s) _Valoriser les friches en les exploitant et permettre la création d’emplois ou un complément de revenu pour les agriculteurs Moyen(s) _Occupation temporaire et réversible en mettant en place des accords entre propriétaires et exploitants (négociation d’un pourcentage sur la vente de l’isolant) _IBWT (initiateur) _Agriculteurs (exploitants) -BDM (propriétaire) Situation



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MISE EN TERRE

_Manque d’un espace extérieur appropriable dans les barres _Cimetière, espace public sans public Action(s) _Proposer à chaque foyer d’entretenir une ou plusieurs tombes sous forme de jardinet. Objectif(s) _Révéler le potentiel de vie publique du cimetière et faire tomber un a priori _Optimisation de l’utilisation des sols Moyen(s) _Accord de particulier à particulier mis en relation par le biais de l’association de quartier _Service communal (gérant des concessions) _Castorama (partenaire fournisseur de matériaux d’aménagement) _ IBWT (initiateur) Situation



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MAIRIE EXPRESS

_Services administratifs absents en dehors des soi-disants centres où personne ne vit Action(s) _Installation de succursales aux abords des points d’attractions (centre commercial, sorties de nationale) Objectif(s) _ Adapter le service administratifs au modèle périurbain en le décentralisant Moyen(s) _Mise à disposition des bords de route inexploitables par la Communauté d’Agglomération Sénart-Val de Seine et la DDE _CASVS (maitre d’oeuvre) _IBWT (consultat et maitre d’ouvrage) Situation



T2 _Intégrer les institutions public en s’installant, IBWT supporte le service d’urbanisme des deux mairies respectives en ouvrant de nouveaux potentiels d’actions. On s’inscrit dans une démarche participative en diminuant le nombre d’intermédiaires (le promoteur, l’architecte, l’ouvrier, le propriétaire) réglementairement nécessaire à la réalisation d’un projet quelconque. Ceci encourage la non passivité de l’individu, et en fait, un acteur de son propre quotidien en utilisant les ressources dont il dispose.

_Régulariser les petites digressions et en faire un mode Engager une transfor de construction, le bricolage urbain c’est un potentiel d’action. Sur le modèle BIMBY(build in my back yard), IBWT propose une révision du PLU afin de permettre d’une part une densification mais également une diversification du tissu pavillonnaire, largement prédominant.

PARKING de LONGUE DUREE _Regéner un tissu obsolescent collectif par promotion individuelle.


_Apprécier la capacité des objets périurbains à faire ville et déverrouiller les mécanismes de l’urbanisme qui rendent les mairies, les communautés d’agglomération et autres acteurs moyens incapables d’agir, et ce en court-circuitant le principe de l’appel d’offre. _Engager une transformation des tissus par la remise en question des réglementations en vigueur.

rmation des tissus par la remise en question des réglementations en vigueur.

Fabriqué In My Back Yard _Faire de la ville sur la ville en exploitant la compatibilité d’usages des deux objets par densification et diversification.

t2


UN L’individu se définit par opposition à la collectivité. Dans le premier cas, c’est une unité pensante incarnée en une personnalité unique, dans le second, une unité pensante incarnée par un ensemble limité d’individus. Le premier un se veut être la caractéristique essentiel de la banlieue. Ainsi, c’est par la volonté individuelle et profondément égoïste qu’il s’est extrait d’une villecentre dense et contraignante, et lancé à la conquête du périurbain animé par une volonté irrépressible de propriété. Le collectif périurbain, c’est une juxtaposition de plusieurs propriétés. Il n’y a que l’échelle de cette dernière qui distingue monsieur tout le monde, heureux propriétaire d’un propret pavillon, et monsieur promoteur, heureux propriétaire d’hectares et d’hectares de vides à fructifier. Chacun gérant son lopin de terre de la manière dont il l’entend, c’est à dire, sourde aux autres individualités alentours. Cependant cet individu si auto-référencé a bien la capacité d’agir sur un plan collectif, et ce, au sein même de sa propriété. Le BIMBY1 encourage cela, de bons sentiments qui se perdent dans des aléas d’ouvrage, l’individu philanthrope se retrouve grêlé par un budget dont il n’avait pas conscience. Les limites du BIMBY, c’est la gestion du chantier qui confié à différentes instances qui ralentissent la capacité d’action individuelle qu’elle entendait favoriser. 1. Build In My Backyard est un projet qui “vise à la définition, à court terme, d’une nouvelle filière de production de la ville, qui soit capable d’intervenir au sein des tissus pavillonnaires existants”, www.bimby.fr



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FIMBY (Fabriqué In My BackYard)

_Zones d’Activités Commerciales (constituée de PME) sont des creux du territoire, des espaces en marge de l’urbanité. _Pression foncière du pavillonnaire pousse à chercher des alternatives Action(s) _Densification et diversification du tissu pavillonnaire par diffusion de la ZAC Objectif(s) _Réfaction de l’enveloppe énergetiques des pavillons concernés _Faire de la ville sur la ville en exploitant la compatibilité d’usages des deux objetsl _Eclater le cluster inutile de ces ZAC et libérer le site du Bac d’Ablon Moyen(s) _Changement des règlementation (le COS passe de 0,4 à 1) _Droit de préemption du service d’urbanisme sur les coeurs de parcelles, obtention de subventions et réductions fiscales pour chaque réalisation FIMBY _IBWT (maitre d’oeuvre) _Individu (propriétaire-maitre d’ouvrage et chef de l’entreprise à installer) Situation



OBSOLESCENCE La Famine du désir1, répond à cet amoncellement sans profondeur. C’est le paradoxe que met en lumière Baudrillard. Dans le contexte de consommation, on ne produit plus selon la valeur d’usage d’un objet mais en fonction de sa désuétude dont la précipitation n’a d’égal que l’inflation de son prix, un suicide de l’objet calculé selon un sabotage technologique. Ceci, c’est l’obsolescence programmée. Die young, stay pretty2, réinterprétation du mythe de Sisyphe dans des proportions colossales. Les objets sont remplacés avant qu’ils ne se meurent, les rayons remplies avant qu’ils ne soient vides et l’étalement urbain s’étale. Une régénération sans témoin, support de manipulations politiques et économiques, Baudrillard parlera de Printemps perpétuel3. Parce que l’on produit, l’on consomme, parce que l’on consomme, l’on produit. En amont, il y a la demande, le désir, en aval, l’offre, le désirable. Or ce Printemps a bel et bien un épilogue engendré par l’apparition d’un objet plus désirable encore. C’est la concurrence qui y ajoute le point final.

1&3. Jean Baudrillard, La Société de Consommation, Gallimard, 1974 2. Blondie, Die young stay pretty, Eat to the Beat, 1979



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PARKING de LONGUE DUREE

_Pression foncière constante autour d’un supermarché à la situation économique déclinante. _Accéder à la propriété, le rêve français. Action(s) _Division du parking en parcelles de terrains constructibles à louer en vue d’une construction progressive de pavillons individuels. Objectif(s) _Supprimer les intermédiaires entre le futur propriétaire et sa future propriété _Regéner un tissu obsolescent par la mutation de ses usages et entraîner la transformation de ses alentours en créant de nouvelles urbanités. Moyen(s) _Mise en place d’un contrat entre l’individu (futur propriétaire), et le directeur E.Leclerc (actuel propriétaire) afin de permetttre une appropriation de l’espace par promotion individuelle _ IBWT (consultant), Situation



T3 _Assumer les contraintes économiques, financières et politiques requis par cette échelle d’intervention qui dépasse les capacités de l’individu. On opère un changement d’audience et d’acteurs, ici, c’est aux grands décideurs de la périurbanité que l’on s’adresse. Ces demi-dieux qui d’une parole, d’un doigt désigne la prochaine poule aux oeufs d’or.

Engager une transfor

_Nuancer ces décisions Top downesques en les pondérant de l’échelle locale qu’elles ne prennent pas en ligne de compte. _Engager une transformation des typologies par la remise en question de enjeux qui les génèrent.


rmation des typologies par la remise en question de enjeux qui les génèrent.

GLOCALmarché _Mise en place d’une proximité effective entre deux échelles a priori incompatibles par l’élaboration d’un prototype commercial multiscalaire

t3


PROTOTYPE Une typologie que l’on ne prend plus la peine de questionner, c’est un archétype. On se complaît dans la situation existante, ce paysage normé, réglementé et passablement limité. Une passivité emprunte de lassitude, un vice périurbain hérité d’une ville-centre embourbée son palimpseste de prestiges, une véritable décharge d’antiquités1. L’avenir est ailleurs, au-delà des murs d’une capitale qui suffoque sous le poids des symboles qu’elle s’applique à conserver. Une typologie que l’on requestionne, que l’on retourne, que l’on détourne, c’est un essai, une attitude curieuse, c’est un prototype. La mise en application d’un et si, dont l’enjeu principal est de bousculer les consensus et de générer, pourquoi pas, une alternative à cette typologie si codifiée.

1. Robert Smithson cité par S. Marot, l’Art de la Mémoire, Editions de la Villette, 2010



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GLOCALmarché

_Zone commerciale diffuse qui engendre un dédoublement préjudiciable des services proposés -Proximité physique mais non réalisée entre le mastodonte centre commercial et le tissu pavillonnaire Action(s) _Construction d’un prototype commercial capable d’intégrer tant l’échelle globale que locale. Objectif(s) _Mise en place d’une proximité effective entre deux échelles a priori incompatibles, ce centre commercial multiscalaire s’ouvre sur le terriMoyen(s) toire _Mise à profit de la surproduction de l’un (centre commercial) et la surconsommation de l’autre (pavillonaire) avec un marché de la veille et une banque de matériaux en libre service _Remise en cause des gabarits commerciaux et de leurs normes selon l’échelle envisagée et appréhension nouvelle de cet objet périurbain _IBWT (maitre d’ouvrage) _ Auchan-Valdoly (maitre d’oeuvre) Situation




ELOGE DU BANAL

L

e laid et l’ordinaire contre l’héroïque et l’original1, c’est reconnaître la valeur de l’architecture banale, ou plutôt, celle du rôle de l’architecte du Banal. Le quotidien n’en est ni la muse, ni le fond de commerce, non, le quotidien c’est sa finalité, son objectif absolu. Ce n’est plus ce héros, garant de l’esthétiquement correct, mais un acteur du politiquement correct et incorrect, appelons-le, appelons-nous, architectesactivistes et renonçons au contentement égocentrique de cette pulsion constructive irrépressible. La libido edificandi c’est la mort de l’architecte parce qu’elle l’enferme dans un état de complaisance envers lui même. Isolé dans sa tour bétonnée du haut de laquelle il élabore le prochain produit de son génie. Un objet élitiste siglé “progrès” social, destiné à une majorité silencieuse dont il se désinteresse allègrement. Une utopie périmée, un canard mort 2. Parce que le monde ne peut pas attendre que l’architecte se construise son utopie et, pour l’essentiel, le souci de l’architecte devrait se porter non pas vers ce qui devrait être mais vers ce qui est_et chercher comment y parvenir maintenant 3. Oui, c’est maintenant qu’il faut agir, et ici. Et ce en s’appliquant à repondérer ces objets-type, requalifier ces espaces-type, pour des usagers non-type. Devenir une de ses individualités, et agir. Le Banal, c’est ce qui est reproduit et reproductible. Qu’il en soit ainsi pour l’architecte du Banal.

1. Robert Venturi et Denise Scott Brown, Théorie du Laid et de l’Ordinaire et Théories Connexes et Contraires, Editions Mardaga, (1977) 2008 2&3. Robert Venturi et Denise Scott Brown op. cit.



IRONIE Figure de style permettant la subversion morale. C’est l’utilisation de la plaisanterie pour aboutir à ce qui est sérieux, aux artistes non autoritaires dans des situations sociales qui ne leurs conviennent pas. L’architecte devient bouffon1.

1. Robert Venturi et Denise Scott Brown op. cit.





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