Dallemen et le Bottom up bottom

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P9 *** MANIFESTE *** Baptiste Jamin-Ledebt & Louise Claeys


Je veux une d-aaa-

- Votre vision de la Défense est périmée. Mise à jour disponible...


-lle !


*** « Le Gendre disait à Colbert – Quand Colbert lui disait : Que puis-je faire pour vous ? Le Gendre avait donc répondu : Ce que vous pouvez-faire pour nous – laissez nous faire ». Oui laissez nous faire. Le temps du Top Down est révolu, les décisions ne viennent plus du haut, mais du bas. Jusqu’alors la Défense répondait aux caprices d’un capitalisme sous couvert de modernité. Ceci n’était qu’une étape, la mutation doit continuer et tendre vers l’ère promise de l’autorégulation, bienvenue dans l’Anarchie. Si à l’âge de la Souveraineté étatique, le décideur a le pouvoir de prendre la vie ou de la laisser comme bon lui semble, à celui de l’Anarchie, le pouvoir est un fait commun, fruit de la décision d’un groupe, machine idéale basée sur la libre association et la coopération volontaire. La ville n’est plus le résultat d’une condition politique mais devient un ensemble d’individus liés les uns aux autres par un système d’interactions occupant un même territoire. L’ère est froide. Les américains ont leur Apollo, les soviétiques leur Spoutnik. On se projette dans les étoiles. La planète ne se regarde plus selon un point fixe sur le globe mais comme une sphère parfaite emportée dans son mouvement perpetuel depuis le noir de l’Espace. Dans cette



vision politico-militaire, le monde se définit par des relevés extra-terrien, la compréhension des états et des villes se fait du dessus. En France, De Gaulle exige sa dalle pour y nicher ses ambitions capitalistes.



*** L’architecture est une arme d’intimidation, le monument, un symbole de pouvoir. La dalle suit ce raisonnement, elle s’exhibe sous les objectifs qui courent dans l’orbite, célébrant la stratégie économique de la France avec son corps de béton , mensurations mannequin. Mais l’écart est trop grand entre ce qu’elle porte et ce qu’elle montre, elle accouche ainsi d’un hydre prématuré, bête à deux têtes qui vit entre passé et présent sans que l’un des deux n’arrive à se développer. Le monstre est déjà « has been » dans son présent. Le système capitaliste s’est emballé, la doctrine libérale bafouée . La mutation est incomplète, ce n’est même pas Dr Jekyll & Mr Hyde mais l’hybride bancale « Dr Hyde ». La souveraineté étatique est un échec, un projet mort né.

La Défense non contente d’être schizophrène ratée, se trouve être également autiste.



*** C’est à Delouvrier que revint l’incommensurable honneur de poser la première dalle. Cependant, nous parlons là de Paris, avec un large P, comme patrie, comme pédantisme, comme patrimoine. On ne touche pas Paris, Hitler lui même y a renoncé. Le vaisseau économique s’écrasera donc plus loin, en banlieue. Là bas, quelque part entre Courbevoie et Puteaux. Un corps étranger, hors sol, qui ne communique qu’avec celle qui l’a expulsé de son centre. C’est le Strip et Las Vegas, le sacrifice individuel pour le bien du groupe, un éclat dans une matière plus homogène, une poche monofonctionnelle dans un tissu déjà constitué. Une grosse enclave, trop grosse pour interargir avec son contexte, et trop grande pour interargir avec elle même. L’île Défense demeure stérile dans le rôle de cluster économique qu’elle tient depuis ses débuts sur scène., et cela se traduit par la désintégration des structures organisationnelles (à l’échelle urbaine, métropolitaine, territoriale) et des relations humaines par la lourdeur de tous les pouvoirs qui sont autour de la table. Anarchie : refus de subordination . Si la tendance est à la surcommunication, la densification des réseaux et autres mots valises désignant de manière générale une frénésie du contact, alors l’insularité de la Défense deviendra sa qualité la plus précieuse.



Posez-vous ...

...de vraies questi


ions !


Je suis un Dallem

Cessons de regarder les territoires, et regardons les gens. Cessons de connecter et déconnectons. Cessons de subir la gouvernance étatique et des-étatifions. Une bonne fois pour toute : « laisseznous faire » !


man


*** Ceci, nous le concédons, ne se passera pas sans une secousse perturbatrice. Il faut afin d’engager notre procédure de mise à jour, ébranler les bases même du système, de cette architecture incomplète. On garde le contenant, on garde le contenu, et l’on travaille l’entre deux. L’interstice, c’est le dessous, ce dont tout le monde n’a cure. Les boyaux, les entrailles, appelez ça comme vous voulez. Incuber sous la dalle, engager le processus. Nous ne sommes plus ces diseuses de bonne aventure urbaine, nous sommes des compositeurs compréhensifs.



*** Nous sommes les Dallemen, venus des catacombes, nous assumons la Dalle comme monument insulaire où s’affrontent des enjeux hors de portée, où il n’est question que de singulier dans ses rapports au produit, ou à autrui. Lutte vaine parce qu’empreinte du fardeau de la l’individualité. Ce que nous proposons en tant qu’agitateurs de la dalle, c’est une exploration temporelle et spatiale qui met en avant la nécessité d’une collaboration entre êtres pour réaliser un objectif commun dépassant la capacité individuelle, répondant ainsi au principe fondateur de l’Anarchie dans sa forme la plus noble.

Nous sommes les

L’infiltration a déjà commencé, les Dallemen toujours plus nombreux occupent l’obscurité. Mesdames, messieurs, le « Dalle-DAY » est arrivé.


Dallemen !


*** JOUR 1 Le premier jour, une manifestation se monte sur la dalle. Mais très vite l’autorisation leur est refusé, et un cordon de sécurité les pousse à quitter les lieux, l’espace des grands patrons du CAC40, sur lequel ces rejetons de la société à pénétrer. Les manifestants s’engouffrent ainsi dans les sous-sols loin de la puissance de l’état et celle de l’économie, dans l’épaisseur du béton. Cette effondrement de l’expression public à la Défense provoque un sentiment général de révolte et d’instabilité au près des personnes présentes. Réunis sur les rues et les voies qui agraffent Puteaux et Courbevoie, ils revendiquent leurs colères. Très vite, ils ferment l’espace du dessous, et contraignent tous les transports à s’arrêter au pied de la dalle, de sa fortification de béton. Un chaos apparaît avec la dépose de poubelles, de barricades à l’entrée des tunnels. Immédiatement, l’armée est appelée pour encercler cette révolte. Mais très vite, le phénomène s’accroit usant de tous les réseaux sociaux pour lancer, en référence au révoltent qui se développent partout en Europe, la société « prend la rue ».



*** DALLE DAY +1 La ville, cette immense structure de béton et de verre, ses parcs et ses jardins (quand elle en a), ses ecoles et ses terrains de sport (qui lui manquent souvent), ses cinémas, ses théatres et ses grandes surfaces ne créent plus de communauté mais isole les individus. Et parce que le territoire s’articule selon ces aires métropolitaines, l’avenir de la ville semble bien sombre pour les masses solitaires. Mais rien n’est perdu, la ville peut être redessinée dans l’optique d’encourager l’individu à communiquer avec les autres, se joindre à des groupes pour enfin, éléver sa voix et agir dans la ville, pour la ville et avec la ville. Faire de cette ville non plus une place assourdie par la solitude mais une place de contact sociaux ouverts, faciles et spontannés entre les individus et les groupes dans l’espoir de consolider ses nouvelles relations sur lesquelles se fondent la lutte pour la ville, celle pour la vie et celle pour la société collective. L’Architecture Design International lance un appel aux propositions qui visent à multiplier les opportunités d’échanges d’information au sein de la structure urbaine et sur tout les niveaux.



Quarante ans plus tard, l’appel résonne dans les cavités souterraines de la Dalle. Se répercutent en echo jusqu’aux oreilles alertes des Dallemen, qui tapient, attendent d’agir. La Dalle est une de ces entités urbaines muette où les individus se percutent plus que ne se rencontrent, se toisent plus que ne s’observent, se taisent plus que ne revendiquent. L’action des Dallemen se cristallisent autour de cinq figures : Point d’Injection, Urbs Fab, Point d’Expulsion, Underzoo et Upperzoo. Interventions spatiales dessus, dessous, et dans leur Dalle.

Underzoo

*


Point d’Injection

Upperzoo

Point d’Expulsion Urbs FAB


*** Injection : introduction sous pression d’un produit dans une matière, un objet. Les Jupes sont encore occupées, subordonnées au désir d’un diktat de gestion du parc automobile. Veni vidi Vinci ? Non, il en est hors de question. Faites places aux idées, faites place au changement, faites place aux Dallemen. Sous les jupes, on aménage les galleries, communication vitales, premier seuil à franchir entre le haut, le bas, le passif et l’actif. Carcasses metalliques dont l’usage chronique les fait passer pour des épaves sont poussées, tracter, forcer vers l’extérieur. Ouvrez les yeux Mr V, vers ces communes, Puteau, Nanterre et autre Courbevoie, ces terrains si longtemps ignorés et allez y investir vos capitaux, y construire vos tours vides. Libérés de l’emprise vincienne, les Dallemen reprennent le dessous. Nous tenons les Jupes.


Figure #1 :

INJECTION




*** Urbs Fab : ouvroir de pensée urbaine où il n’existe plus d’intermédiaire entre la ville et le citoyen. Chaque prolétaire en col blanc, chaque touriste égaré, chaque citoyen est un dalleman potentiel à qui revient le droit, ou peut être le devoir, d’agir et de s’affirmer. Les sans idées, les suiveurs fainéants, les aveugles volontaires restent en surface, là, au milieu des lobbies divers. Quant aux autres, ils s’infiltrent. Ils prennent la décision de devenir des Dallemen volontaires. Repenser l’Urbs par le dessous, s’extraire des logiques dépassées qui conduirent à l’île de béton. S’instruire, penser, échanger, collaborer et agir. L’Urbs Fab est un opportunité de se réaliser en tant que Dalleman, penseur libéré, individu affirmé au sein d’une communauté convaincue. On lit, on prend une pioche, on dessine, on prend une grue, on consulte, on casse. Un magasin dont les étagères regorgent d’outils pour agir.


Figure #2 :

URBS FAB




*** Expulsion : évacuation d’un contenu depuis son contenant Fabrique d’idées excitantes ou productions naturelles plus triviales, l’Urbs Fab génère des flux sortant de natures diverses oscillant gaiement entre l’immatérialité et la matérialité. Decomplexons, étrons et pamphlet, tous seront traités de la même manière, par le tuyau. On expulse en surface, depuis le dessous, on évacue de tout, et on assume. Prise de conscience du dessous par le dessus. Oui, quelquechose se prépare sous vos pieds, ne tremblez pas, ne vous indignez pas, non, questionnez vous.


Figure #3 :

EXPULSION




*** Underzoo : point offrant une vue limitée d’un environment en un univers visuellement appréciable par l’extérieur. La mode du Diorama passée, néanmoins, la curiosité reste une qualité intrasèque à l’humain, et ce même aux êtres subornés par la suprémacie de la surface. Jeter un œil, l’affaire d’un court instant, sans engagement, sans crainte, assouvir son élan honteux mais irrémédiable d’épier, de voir au dessous. Les Jupes se mettent en scène, ne détournez pas votre regard, fixer, là, dans votre exacte verticale, s’affairent des Dallemen autour de questions dont mollement vous vous délester. Ces individus là ne sont pas étrangers, ce sont une communauté, ce sont une collaboration, ce sont des consciences réveillées.


Figure #4 :

UNDERZOO




*** Upperzoo : point offrant une vue limitée d’un environnement en un univers visuellement appréciable par l’intérieur. Repérer, s’informer, synthétiser et analyser en temps réel la portée de l’action souterraine. Les Dallemen vous observent.

La Dalle est un système double. Le dessus et le dessous fonctionnent indépendamment l’un de l’autre, mais la frontière entre les deux entités se mue d’une surface dure en une matière malléable, poreuse aux échanges. Une membrane au travers de laquelle s’établissent des interactions de plus en plus nombreuses. L’attraction se déplace, ce n’est plus le dessus qui attire, ni même le dessous, mais bien la Dalle elle même.


Figure #5 :

UPPERZOO




*** Eclosion : manifestation de quelquechose qui naît. L’entreprise est à maturité. L’incubation complète. C’est l’éclosion d’un nouveau modèle où les logiques qui confrontent le public et le privé sont inversées. Le vide et le plein perdent leur sens. On parlera de temporalité, d’usage et de non usage. Dallemen et Non Dallemen se rencontrent ou plus exactement se côtoient dans un temps premier, avant d’échanger, et de collaborer. Il n’y a plus de dessous et de dessus, mais simplement un dedans et un dehors, l’ile de béton et l’océan urbain dans lequel elle flotte. C’est un système insulaire qui a acquit son indépendance en terme de pensée. Ce que les Dallemen ont apporté à la Dalle, c’est une capacité à s’assumer. Je suis moche, je suis seule, et je le vis bien.


Figure #6 :

ECLOSION




**** Trahison : atteinte aux intérêt fondamentaux d’une majorité commis par une minorité Tout va pour le mieux dans le meilleur des sub-mondes. L’harmonie règne, Dallemen et non Dallemen cohabitent, échangent, construisent et détruisent une pioche dans une main et l’autre repliée en poing, fièrement brandit vers le dessus. Nous existons. Optimisme de rigueur, et dangereuse naiveté. Aveuglés par la séduisante Obscurité, les Dallemen ne perçurent pas que le mythe n’était qu’un mythe. La Dalle n’est qu’une construction, une combinaison d’évènements, d’intérêts et d’opportunités qui sont d’ors et déjà saisies par le dessus. Defacto gangraine les jupes. D’abord isolé, les trahisons se multiplient, les sbires infectent les dessous. Les jupes sont soulevées, les dessous révélés, la communauté violée. L’Urbs Fab n’est qu’une racine sans axome, stérile et souterraine. Les Dallemen se confrontent à la violente réalité. La Dalle devient un Mur sur lequel ils s’écrasent. Blanc et noir, méchants et gentils, dallemen et non dallemen....et anti dallemen, c’est le troisième acteur ? l’erreur de la dualité. Rejetés, sans légitimité, les Dallemen se font les Martyrs d’une cause qui leur échappe. Ils s’en vont, ils abandonnent leur île de béton, et voguent vers l’horizon.


Figure #7 :

TRAHISON




P9 *** MANIFESTE *** Baptiste Jamin-Ledebt & Louise Claeys

“Le souterrain demeure bien le révélateur des préoccupations de notre société. Tout comme il porte l’espoir d’un retournement de situation” Jean Spiri, Vice-président de l’intercommunalité Seine Défense, La Pierre d’Angle #59, mai 2012


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