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La réhabiliation écologique
lA réhAbiliAtion écologiquE
Il est nécessaire d’agir sur le bâti ancien avant de songer à investir des terrains vierges comme les espaces agricoles qui sont généralement les plus touchés par le domaine de la construction. Force est de constater que la construction neuve ne représente que 1 à 2% du patrimoine construit ; tandis que les bâtiments anciens atteignent une majorité de 65% de l’ensemble des logements (on parle ici des bâtiments datant des années 1975, non isolés). La construction neuve représente ce pourcentage en partie à cause de sa consommation très élevée en énergie grise, il s’agit du « contenu énergétique des matériaux constitutifs du bâtiment »16. Le problème de la construction neuve c’est l’utilisation de matériaux neufs, leur provenance, leur acheminement et leurs moyens de mise en œuvre qui ont un fort coût énergétique. Ceci explique le fait que lorsqu’il est question de choisir entre démolition/reconstruction d’un bâti ou sa réhabilitation, cette énergie grise est prise en compte pour la décision finale.
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Aujourd’hui les bâtiments que nous occupons représentent environ 45% de la consommation d’énergie finale, ce qui correspond à une production de 25% de l’effet de serre. Le but de la réhabilitation écologique est donc celui de rendre plus efficaces énergétiquement parlant les bâtiments existants, le tout dans l’optique de les rendre sobre énergétiquement parlant (l’objectif étant de répondre le plus rapidement possible aux objectifs fixés par le facteur 4), dans le respect des règles sanitaires et du patrimoine. 17-18
Fig 1.19 Réhabiliter ou reconvertir l’existant est donc un moyen d’économiser l’énergie nécessaire à la construction ou la destruction/reconstruction d’un bâtiment, mais aussi un moyen de relancer l’économie et la dynamique de quartiers. Ceci fonctionne à l’échelle du bâti seul tout comme à l’échelle territoriale avec notamment la reconversion de friches industrielles en espaces verts (parcs) ou encore en espaces culturels (musées, cité des arts ect.).
16 Aldo Rossi, L’architecture de la ville, Babelio, 129, consulté le 10 avril 2019, https://www.babelio.com/ livres/Rossi-Larchitecture-de-la-ville/375152.
17 Pierre Lévy, La rénovation écologique, Terre vivante (Mens, 2010), p.11.
18 UNESCO - Texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, op.cit., https:// ich.unesco.org/fr/convention.
Réhabiliter ou reconvertir l’existant est donc un moyen d’économiser l’énergie nécessaire à la construction ou la destruction/reconstruction d’un bâtiment, mais aussi un moyen de relancer l’économie et la dynamique de quartiers. Ceci fonctionne à l’échelle du bâti seul tout comme à l’échelle territoriale avec notamment la reconversion de friches industrielles en espaces verts (parcs) ou encore en espaces culturels (musées, cité des arts ect.).
PARIS - PARC DE LA VILLETTE
En effet, prenons l’exemple de Paris la Villette, en 1858, suite à la période Moderniste sous la direction de Haussmann, tous les abattoirs et marchés aux bestiaux sont regroupés à La Villette. Sous la direction de Louis Janvier, les travaux commencent en 1865 et le projet ouvre ces portes en 1867. Ce n’est que suelques années
© Photo issue du site : http://www.paris-unplugged.fr/1860-lesabattoirs-de-la-villette/
plus tard, en 1974 que les abattoirs vont fermer définitivement leurs portes. L’année suivante, la question du devenir de La Villette va être posée. Cette même années Jean Serignan proposera alors une reconversion du site en un parc urbain, tandis
que Valéry Giscard d’Estaing cherchera en © Photo issue du site : https://arsalive.blogspot.com/2013/01/ paysage-folies-tschumi.html?m=1 1977 à créer un musée des sciences et de l’industrie. La grande halle demeurera sur le site et deviendra monument historique en 1979 (avant d’être réhabilitée par Bernard Reichen et Philippe Robert en 1985). A cette même période le projet futur est défini, il s’agira d’y construire le musée des sciences et de l’industrie (réalisé par Adrian Fainsilber en 1980), de réaliser un parc urbain ouvert sur le quartier (dont le maître d’œuvre est Bernard Tschumi, en 1983), il s’agira également d’intégrer une cité de la musique avec son conservatoire de musique et de danse (réalisés par Christian de Portzamparc en 1985) et enfin, un zénith (construit par les architectes Philippe Chaix et Jean-Pierre Morel en 1984). En 1981, La Villette accueille finalement le Pavillon de Paris et quelques équipements publiques (comme un skatepark). Du mobilier urbain sera ajouter en 1985 par Philippe Starck. Tous les éléments du projet verront finalement le jour entre 1986 et 1995. L’ancienne friche industrielle est donc à présent méconnaissable malgré quelques vestiges de son passé. La Villette est à ce jour un lieu très prisé, culturel où l’art et la science prennent place dans un espace naturel.20
Ce type de reconversion (parc urbain) est souvent composé d’une biodiversité judicieusement choisie pour absorber la pollution et d’équipements publics qui servent à redynamiser des quartiers comme nous venons de le voir. J’ai également pu observer ce type de reconversion, que je trouve spectaculaire, appliqué à d’autres projets dans les cours de Claire Rosset, « Penser, représenter la ville. De la grande ville à la ville contemporaine. »
La réhabilitation écologique intervient notamment lorsqu’un bâtiment est totalement dépassé par les normes énergétiques. En effet, lorsque nous observons une consommation d’énergie anormalement importante, souvent liée à la surconsommation de chauffage (déperditions de chaleur) ou d’électricité (électroménager énergivore), il faut agir. Pour ce faire, il est donc nécessaire de comprendre d’où proviennent ces défaillances.
Afin d’en connaître l’origine, nous devons analyser le bâtiment dans son ensemble puisque l’énergie consommée varie : en fonction de l’usage du bâti, de sa date de construction, des matériaux utilisés et du climat dans lequel il s’insère.21
Cependant, la réhabilitation ou la reconversion écologique s’applique de manière générale sur les architectures utilisant des méthodes constructives traditionnelles (exemple de l’architecture vernaculaire), tout en intégrant de nouvelles technologies pour rendre les bâtiments indépendants en énergie. L’identification des méthodes constructives traditionnelles renseigne généralement des stratégies de positionnement ou de mise en œuvre pour les bâtiments. En effet, ces bâtis peuvent se montrer déjà très intéressant par leur contrôle de l’ensoleillement dans le but de créer des espaces chauds en hivers et frais en été, leur utilisation de la végétation dont ils tirent profit pour créer une barrière naturelle face aux vents, leurs moyens de développer les espaces pour conserver plus efficacement la chaleur à l’intérieur, la réflexion sur le moyen de récupérer l’énergie naturelle pour améliorer leur confort de vie. Nous noterons également l’utilisation de matériaux de site qui permettent la réduction de déplacements et de l’énergie que cela peut solliciter.22
Car, en effet, la démarche écologique ne s’arrête pas seulement à l’amélioration du bâti : il faut garder à l’esprit que c’est également un moyen de contrôler l’énergie et les déchets générés par les chantiers de construction, démolition, de réhabilitation ou de reconversion.
21 Charlot-Valdieu Catherine et Philippe Outrequin, La réhabilitation énergétique des logements, Le Moniteur, Paris, 2011.