SCREENPAPER N°1
LUNDI 29 DÉCEMBRE 2014
€ 2.00
EDITO
SOMMAIRE 1 SCREENPAPER
Si vous lisez ces lignes, c’est que à priori, vous n’habitez ni dans un igloo, ni dans une communauté amish. Il y a donc de fortes chances (on estime la probabilité à environ 100%) que vous ayez déjà entendu parler du 7ème art, le cinéma. Si le vampire apparaît au cinéma dès le début du XXème siècle (dans le film de Louis Feuillade, par exemple), ce n'est que le mot « vampire » qui est utilisé mais il ne s'agit pas encore de la créature fantastique. Le premier film exploitant Dracula à travers le célèbre roman de Bram Stoker est Nosferatu de Murnau, en 1922. Ce film est, encore de nos jours, considéré comme un chef d'œuvre de l'expressionnisme allemand. Mais le mythe du vampire est surtout popularisé dans les années 30 après qu'Universal ait acquis les droits d'exploitation au cinéma du roman Dracula. C'est ainsi qu'est tourné le premier film de Dracula parlant : Dracula, en 1931, avec Bela Lugosi qui interprétera le rôle à 3 autres reprises. Le vampire difforme devient à cette époque un être à l'apparence humaine mais toujours inquiétante. Les films se succèdent tel que La Marque du vampire ou encore la version féminine du suceur de sang : La fille de Dracula. Une nouvelle étape est marquée dans les années 50 avec des films anglais osant plus de violence, plus d'érotisme. C'est durant cette période que Christopher Lee interprétera plus d'une dizaine de fois le rôle du comte Dracula (Le Cauchemard de Dracula ou sa suite Dracula, Prince des ténèbres, par exemples) tandis que Peter Crushing le suivra souvent, interprétant Docteur Van Helsing. Les années 80 voient arriver des films qui parviennent à se détacher complétement de l'image du comte Dracula avec des films de vampires modernes comme Génération perdue ou Aux frontières de l'aube ou encore le film d'horreur Vampire, vous avez dit vampire ? Néanmoins, c'est vers le Dracula classique et fidèle au roman de B. Stoker que F. F. Coppola se tourne, au début des années 90, pour tourner son Dracula.
Édito
Le réalisateur de la semaine
2-3 PANORAMIQUE
Les vampires au cinéma
On stage
Le petit +
4-5 CHAMPS/CONTRE CHAMPS
Nosferatu de F.W. Murnau
Focus
Dracula Untold de G. Shore
Close Up
6-7 BACK LIGHT
Spoiler dans la bonne humeur : Dracula pas dit, Dracula pas prit
À propos de l'auteur
Critiques 8 NEWSFEED
Les Américains (et Barack Obama) pourront voir The Interview
Exodus interdit en Egypte et au Maroc
Almodóvar annonce son nouveau film, Silencio
Sorties de la semaine
Key-light The Legend of the 7 Golden Vampires de Roy Ward Baker, 1974
LES VAMPIRES AU CINÉMA Le vampire est une créature légendaire. Suivant différents folklores et selon la superstition la plus courante, ce mort-vivant se nourrit du sang des vivants afin d’en tirer sa force vitale. La légende du vampire puise ses origines dans des traditions mythologiques anciennes et diverses, elle se retrouve dans toutes sortes de cultures à travers le monde. Le personnage du vampire est popularisé en Europe au début du XVIIIe siècle. Vers 1725, le mot « vampire » apparaît dans les légendes d’Arnold Paole et de Peter Plogojowitz, deux soldats autrichiens qui, lors d’une guerre entre l’Empire d’Autriche et l’Empire ottoman, seraient revenus après leur
mort sous forme de vampires, pour hanter les villages de Medvegia et Kisiljevo. Selon ces légendes, les vampires sont dépeints comme des revenants en linceul qui, visitant leurs aimées ou leurs proches, causent mort et désolation. Michael Ranft écrit un ouvrage, le De masticatione mortuorum in tumulis (1728) dans lequel il examine la croyance dans les vampires. Le revenant y est complètement, et pour la première fois, assimilé à un vampire, puisque Ranft utilise le terme slave de vampyri. Par la suite, le bénédictin lorrain Augustin Calmet décrit, dans son Traité sur les apparitions (1751), le vampire comme un « revenant en corps », le distinguant ainsi des revenants immatériels tels que les stryges, fantômes et esprits.
Diverses explications sont avancées au fil du temps pour expliquer l’universalité du mythe du vampire, entre autres les phénomènes de décomposition des cadavres, les enfouissements vivants, des maladies telles que la tuberculose, la rage et la porphyrie, ou encore le vampirisme clinique affectant les tueurs en série qui consomment du sang humain. Des explications scientifiques, psychanalytiques ou encore sociologiques tentent de cerner la raison qui fait que le mythe du vampire perdure à travers les siècles et les civilisations. Le personnage charismatique et sophistiqué du vampire des fictions modernes apparaît avec la publication en 1819 du livre The Vampyre de John Polidori, dont le héros mort-vivant est inspiré par
Lord Byron, Polidori étant son médecin personnel. Le livre remporte un grand succès mais c’est surtout l’ouvrage de Bram Stoker paru en 1897, Dracula, qui reste la quintessence du genre, établissant une image du vampire toujours populaire de nos jours dans les ouvrages de fiction, même s’il est assez éloigné de ses ancêtres folkloriques avec lesquels il ne conserve que peu de points communs. Avec le cinéma, le vampire moderne est devenu une figure incontournable, aussi bien dans le domaine de la littérature que de celui des jeux vidéo, des jeux de rôle, de l’animation ou encore de la bande dessinée. La croyance en ces créatures perdure et se poursuit dans les sous-cultures.
LE RÉALISATEUR DE LA SEMAINE - FRANCIS FORD COPPOLA Francis Ford Coppola est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 7 avril 1939 à Détroit dans le Michigan (États-Unis). Il a été récompensé cinq fois aux Oscars et a remporté deux fois la Palme d'or au Festival de Cannes. Il est titulaire d'un diplôme de l'Université Hofstra où il a étudié le théâtre et a obtenu un MFA en réalisation cinématographique à l'UCLA Film School. Grande figure du Nouvel Hollywood, il est surtout connu pour la trilogie du Parrain et Apocalypse Now, qui dépeint la guerre du Viêt Nam avec un lyrisme abouti. Si les thèmes explorés sont vastes, on retrouve, chez Coppola, certains motifs répétés d'un film à l'autre : l'homme confronté à la perversion du pouvoir politique ou mafieux, la violence,
l'expiation, la rédemption, la catharsis, la désagrégation de la cellule familiale, la jeunesse désœuvrée, la mort et la folie. On remarque également une certaine obsession pour le temps, montré sous de multiples travestissements : retrouvailles avec une adolescence révolue afin d'évincer les erreurs futures (Peggy Sue s'est mariée), éternité douloureuse d'une âme en quête de l'amour perdu (Dracula), thème littéraire de la jeunesse éternelle (L'Homme sans âge) ou encore transcription scénarisée de la propre vie du metteur en scène, passée et présente (Tetro). Coppola est de plus très influencé par l'opéra dont s'inspirent largement ses scénarios et ses mises en scène. La scène finale du Parrain 3, qui se déroule à l'opéra de Palerme, en est un exemple notable.
Personnage fantasque, mégalomane et démesuré, on le surnomme parfois à juste titre « le Napoléon du cinéma ». D'ailleurs, Coppola revendique ce rapprochement : il n'a jamais caché sa fascination pour le Napoléon d'Abel Gance. Doté d'un orgueil monstrueux que n'ont pas atténué les échecs, Coppola ne laisse jamais indifférent, il se montre volubile, arrogant, extraverti, doté d'une remarquable capacité à enfoncer les portes qu'on ferme devant lui. Il est typique des « auteurs-tyrans » qui considèrent les autres comme des pions pour mener à bien leur propre ambition démiurgique. Apocalypse Now est certainement le film qui a transcendé cette nature pour devenir un chef-d'œuvre cinématographique sur la folie, la guerre, la nature sauvage et l'impérialisme.
Francis Ford Coppola by Eddy Briere, 2009
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PANORAMIQUE
LES VAMPIRES AU CINÉMA 1922 - 1952 La publication du Dracula de Bram Stoker, l’un des romans emblématiques du vampire de fiction, à défaut d’être le premier, a lieu en 1897. Soit au même moment que les premiers pas du cinéma. Ce qui explique sans nul doute pourquoi, à partir de là, les vampires du 9e et du 5e art sont liés par une relation bilatérale, voués à se définir l’un l’autre, au fil des courants cinématographiques et littéraires. Sachant qu’on ne peut pas parler de genre à part entière pour le vampire, étant donné qu’on trouve aussi bien des vampires dans la science-fiction, le fantastique, la comédie, le policier, etc. Le vampire, cet animal monstrueux Le vampire est né en même temps que le cinéma. C’est en effet une des rares (sinon la seule) créature fantastique à avoir droit aux honneurs du grand écran avant le parlant. Si on dénombre plusieurs courts-métrages qui flirtent avec le mythe, c’est bien le Nosferatu de Murnau qui acte en 1922 le premier long-métrage vampirique. Adaptation libre du roman de Stoker, le film a bien failli ne jamais arriver jusqu’à nous. Murnau et son scénariste avaient beau avoir modifié la toponymie et les noms des personnages. Florence Stoker leur intenta rapidement un procès, le film allemand étant une adaptation pirate du Dracula du roman de Bram Stoker. Elle gagna le procès mais quelques copies échappèrent à la destruction, ce qui permit au film dès 1937 de circuler sous le manteau.
Murnau Friedrich Wilhelm, Nosferatu, Prana Films, Allemagne, 1922.
Nosferatu inaugure la première période du film de vampire, suivi par d’autres films comme le Vampyr de Dreyer (1932). Des films qui imposent le vampire comme une créature monstrueuse et ajoutent de nouvelles caractéristiques au mythe littéraire, à commencer par l’impossibilité du vampire de supporter la lumière du soleil. Deux films qui sont par ailleurs représentatifs de l’expressionnisme allemand, autant par la déformation de la réalité qu’ils proposent, et par les émotions auxquelles ils en appellent chez le spectateur. Deux films qui sont également hantés par le traumatisme de la deuxième guerre mondiale et par des épidémies à grande échelle, comme celle de la grippe espagnole. Sans même parler des caractéristiques physiques du vampire, qui rappellent fortement la représentation caricaturale des Juifs à cette époque. Deux films, enfin, qui présentent le monde sur le point de basculer sous la coupe du mal et de l’occulte.
Browning Tod, London After Midnight, MGM, États-Unis, 1927.
Le vampire, un séducteur inquiétant 1931 marque une nouvelle étape dans l’histoire du cinéma. Après le succès de l’adaptation théâtrale du roman de Bram Stoker, Universal en achète les droits d’adaptation à Florence Stoker et confie le projet d’adaptation à Tod Browning. Lequel s’était déjà penché sur le thème du vampire en 1927 au travers du désormais perdu London After Midnight (la dernière copie existante du film disparut en 1967 lors d’un incendie. La version sortie en 2002 en DVD a été reconstituée à partir de photos et de la bande-son). Si Browning comptait attribuer le rôle du comte à Lon Chaney Jr, son acteur fétiche (qui jouait un vrai – faux vampire à la dentition acérée dans London After Midnight), le décès de ce dernier va contrarier ses plans. Jusqu’à ce que se présente un acteur de théâtre d’origine hongroise, Bela Lugosi. Lequel va permettre au réalisateur de proposer une image inquiétante mais à visage humain du vampire. Le film n’est cependant pas fidèle au roman, mais à la pièce : certains personnages disparaissent, les lieux de l’action sont très peu nombreux (adaptation de pièce de théâtre oblige). Browning délaisse le grotesque des films de vampires précédents pour imposer l’image d’un vampire à la fois séduisant et avide d’imposer sa domination, tout en jouant sur un sous-entendu sexuel dont l’interprétation est laissée au spectateur (tout se passe sous la cape du vampire). Le film s’appuie également sur un message pour le moins misogyne, où la menace du vampire sera stoppée par la figure patriarcale d’un Van Helsing. Bela Lugosi, son accent est-européen marqué, son regard perçant et sa cape noire vont faire de lui le prototype du vampire dandy. À noter également qu’en parallèle du film
ON STAGE Pour les mordus, voici Le bal des vampires. Pour la première fois en France et en français, Stage Entertainment France, la société de production qui a permis au public français de découvrir les adaptations à succès des musicals de Broadway comme Cabaret, Le Roi Lion, Zorro, Mamma Mia !, Sister Act ou récemment La Belle et la Bête, présentera, en collaboration avec Vereinigte Bühnen Wien (VBW), le musical Le bal des vampires, en adaptation scénique du film culte éponyme de Roman Polanski. Entouré de l’auteur à succès Michael Kunze pour le livret et du géant du Rock Jim Steinman pour la musique, Roman Polanski signe un Bal des Vampires exubérant et décalé où humour et horreur se conjuguent pour l’éternité ! Ballades rock, humour renversant, chorégraphies, décors et costumes éblouissants traduisent sur scène l’atmosphère si particulière
et le caractère unique du film et invitent à mordre à pleine dents dans la légende qui fascine des générations. Pendant près de 2h30, les spectateurs accompagnent les péripéties du professeur Abronsius et son jeune assistant Alfred partis en voyage dans la mystérieuse contrée de Transylvanie, persuadés que les vampires existent. Après l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique, l’Estonie, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, le Japon, la Russie et la Finlande, où le musical a rencontré un immense succès, tous se tiennent d’ores et déjà prêts à accueillir les courageux français qui oseront répondre à l’invitation de ce bal très particulier. Chair de poule garantie ! Les séances qui précèdent le 16 octobre sont des avant-premières.
de Tod Browning, George Melford tourna dans les même décors (et en alternance jour / nuit avec son collègue américain) une version du film destinée au marché hispanophone. Sous certains aspects, elle est meilleure que le film de Browning. Mais c’est bien le Dracula de Browning qui connut un gros succès à l’époque, servit de modèle à la majorité des adaptations de Dracula qui suivirent, lança la mode des films de monstres de la Universal, et eut droit à deux suites : La Fille de Dracula (qui poursuit l’histoire après la mort du comte, en suivant cette fois-ci sa fille) en 1936 et Le Fils de Dracula en 1943 (premier film sur le sujet à déménager l’histoire aux États-Unis, qui plus est en Lousiane, des décennies avant Anne Rice). Quant à Lugosi, même s’il est aujourd’hui indissociable du rôle, il ne joua finalement un vampire que 5 fois dans sa carrière : dans Dracula (1931), Mark of the Vampire (remake, sorti en 1935, de London After Midnight), Return of the Vampire (1944), Abbott & Costello Meet Frankenstein (1948) et Old Mother Riley Meets the Vampire (1952). La Universal finira par épuiser le filon. Après avoir abordé séparément les différents monstres du panthéon horrifique, elle essaiera de les mixer dans deux films mash-up sympathique mais qui sentent déjà le déclin : House of Frankenstein (1944) et House of Dracula (1945). L’heure n’est plus au tragique, le public demande davantage de légèreté, et la firme américaine enlise son comte dans des comédies burlesques où il n’a plus grand chose d’effrayant, comme le suscité Abbott & Costello Meet Frankenstein (En français Deux nigauds contre Frankenstein). Le vampire y apparaît comme une créature dont le décalage avec la réalité est devenue source de moquerie. Incapable de se débarrasser du personnage, Bela Lugosi finira enterré dans la cape qui vit sa gloire.
Siodmak Robert. Son of Dracula. Universal, États-Unis, 1943.
LE SALON DU VAMPIRE Le Salon du Vampire est l’évènement phare du Lyon Beefsteak Club, celui pour lequel l’association a été originellement créée en 2010. Sur un rythme qui s’est imposé comme biennal dès la deuxième édition, l’association propose par le biais de ce festival comme nul autre de découvrir et rencontrer sur un week-end des auteurs, réalisateurs et chercheurs qui se sont penchés sur le thème du vampire, par l’entremise de conférences et tablesrondes. Ciné-concerts, projections (de documentaires et films) et pièces de théâtre sont venus enrichir la donne au fil du temps, conférant au Salon du Vampire une vraie originalité, sans parler du fait qu’il s’agit de la seule initiative sur ce thème en France (voire au monde). La troisième édition marque pour autant un tournant dans l’histoire de l’évènement, celle-ci s’ouvrant à la présence de stands (artisans, éditeurs, ...), permettant au Salon de passer d’un week-end de rencontres à un véritable festival où le vampire (sous un aspect différent à chaque fois) est mis à l’honneur. La troisième édition du Salon du Vampire, placée sous le thème des chasseurs et chasseuses de vampires, aura donc lieu les 20 et 21 septembre 2015, à la Maison des Italiens de Lyon, assise au 82 rue du Dauphiné. La liste des auteurs invités est désormais connue, de même que les animations et stands qui seront présents sur place ce week-end là. Il s’agit d’une édition un peu spéciale pour le salon, qui se dote pour la première fois d’un lieu fixe, et proposera, en sus des conférences habituelles avec les invités, de nombreuses animations annexes. Sachant que de nombreux stands (éditeurs, libraires, artisans, associations…) seront présents dans la salle où se déroule l’évènement. www.lyonbeefsteakclub.com/salon/salon-du-vampire-2015
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SCREENPAPER
LES VAMPIRES AU CINÉMA 1952 - 1978 Les vampires venus d’ailleurs La fin de la deuxième guerre mondiale va sonner le glas des productions gothiques d’Universal, qui ne sont plus en phase avec les inquiétudes et goûts du public. Le danger des conflits mondiaux et les armes de destruction massive voient les thèmes de prédilection des cinéastes se déplacer vers la technologie, voire l’espace. C’est ainsi que les créatures vampiriques qui vont être sur le devant de la scène de la fin des années 1940 à la fin des années 1950 sont davantage des créatures venues d’ailleurs. Jamais vraiment appelées vampires, elles n’en partagent pas moins le goût du sang. La Chose d’un autre monde (Hawks, 1951) et Not of This Earth (Corman, 1957) en sont de bons exemples. Des films qui présentent des créatures vampiriques venues de l’espace pour conquérir la Terre, traitant l’humanité comme du simple bétail. Et si ces créatures gardent un aspect humanoïde, elles n’ont ni l’attractivité de Bela Lugosi, ni l’animalité d’un Nosferatu. Les scénaristes ne puisent dès lors plus leur inspiration dans la littérature gothique de la fin du XIXe s. mais dans les pulps où des auteurs comme Catherine Moore, Robert Bloch ou encore H.P. Lovecraft se font connaître au public. Un nouvel imaginaire est en train de naître, dont l’influence se poursuivra jusque dans les années 1960, avec la première (et plus fidèle) adaptation du Je suis une légende de Matheson.
Sexe et sang, les couleurs du vampire Si le vampire gothique poursuit malgré tout sa carrière (notamment au Mexique avec le diptyque du comte Lavud de Fernando Mendez), c’est avec le studio Hammer qu’il va retrouver son attractivité d’antan. La libération des mœurs qui se profile, ainsi que le pouvoir de la couleur vont permettre au studio anglais de pousser d’un cran la tension sexuelle et subversive des films de vampires. Le vampire ne se cache plus sous sa cape pour mordre ses victimes, il le fait désormais à la vue de tous, n’hésitant pas à montrer le sang couler (ce qui est apparent dès les premières images du Cauchemar de Dracula en 1958, avant même que le vampire n’apparaisse). Si Christopher Lee ne reprit la cape qu’en 1966 avec Dracula Princes des ténèbres, le studio anglais consacrera pas moins de 9 films au comte, dont 7 avec Lee dans le rôle titre et 6 avec Peter Cushing dans le rôle de Van Helsing (et ses dérivés). Un antagonisme qui prend le devant de la scène, les deux personnages étant campés par des acteurs à armes égales. Les victimes féminines de Dracula et de ses avatars sont également des personnages importants, incarnés par des actrices à la plastique généreuse (Ingrid Pitt, Barbara Steele, Veronica Carlson, Caroline Munro) qui ne cesseront de dévoiler un peu plus leurs charmes au fil de l’histoire du studio. Dracula n’est plus le monstre de ses débuts. C’est une créature séduisante, tentatrice qui corrompt (ce qui est le cas autant sur le plan moral que sur le plan économique/politique dans Dracula 73 et Dracula vit toujours à Londres). Si le film de 1958 se veut une adaptation fidèle du roman,les scénaristes mettent en place les bases d’une véritable saga, où le vampire renaît sans cesse de ces cendres. Le studio essaya jusqu’au bout de maintenir la licence à flot, allant jusqu’à mélanger film de kung-fu et film de vampire dans l’improbable 7 vampires d’or. La Hammer ne se limite par ailleurs pas à Dracula. développant d’autres personnages et sagas.
Le vampire, à la conquête de l’Europe En pleine effervescence Hammer, le reste de l’Europe va également se réapproprier le vampire, toujours avec une touche d’érotisme qui n’était pas présente de manière ostensible chez Universal, même si elle restait sous-jacente. Les cinéastes profitent, comme chez la Hammer, de la connexion entre le fantastique et les thématiques sexuelles pour donner une coloration sulfureuse, parfois à la limite de l’érotisme à leurs films. L’italie dispose ainsi d’une production colossale de films de vampires. Des Vampires de Bava en 1957 à l’Orgie des vampires de Polselli en 1964, le cinéma fantastique italien se prend de passion pour le thème du vampire. Adaptant les classiques de la littérature sur le sujet (Le Masque du démon de Bava en 1960 reprend le Vij de Gogol, La Crypte du vampire de Mastrocinque en 1964 reprend Carmilla de Le Fanu) tout en se dotant de casting internationaux (Christopher Lee fut un grand habitué des plateaux italiens de l’époque, de même que Barbara Steele…). Ces films sont pour la majorité en noir et blanc, mais ne lésinent pas sur la plastique des actrices et sur des décors gothiques au possible. L’Espagne n’est bien évidemment pas en reste, et joue ouvertement sur l’aspect sexy des choses. Des films de Jesus Franco, ou d’ Osorio sont assez emblématiques.
Mario Bava, I Vampiri, Titanus, Italie, 1956.
En France, c’est davantage via le surréalisme d’un Jean Rollin (et ses juxtapositions constantes entre sexe et mort) que le vampire arrive sur les écrans de cinéma. Le cinéaste se passionne pour le vampire dès son premier long métrage, Le Viol du vampire, y consacrera une dizaine de films, et lui accordera une place de choix dans La Nuit des horloges, son film testament. Mais Rollin ne remporte pas l’adhésion du public français (qui le considère davantage comme son Ed Wood national), même s’il est considéré comme un réalisateur culte outre-atlantique. Son vampire appuie encore un peu l’essence érotique de la créature, qui est forcément d’essence féminine sous ses caméras.
LE PETIT + 5 tuyaux de vampires !
Et pendant ce temps-là, aux États-Unis Si le vampire quitte quelque peu l’esprit des scénaristes, producteurs et réalisateurs américains durant les années 60 – 70, plusieurs films sur le sujet verront malgré tout le jour à cette époque, soit dans la continuité des thématiques science fictionnesques des décennies précédentes, soit reformatées au goût des nouvelles modes qui voient le jour. Ainsi, le Last man on earth de Salkow et Ragona avec Price, le Omega Man de Sagall avec Heston sont davantage associés aux dangers liés à la sphère scientifique, tout en préfigurant le genre slasher, qui arrivera quelques années plus tard. Sachant que le film avec Heston tend à gommer tout l’aspect vampirique du Je suis une légende de Matheson, alors que le film de Salkow s’avérait plus fidèle à ce niveau.. Plusieurs films se détachent malgré tout du lot, à commencer par Le Bal des vampires de Polanski, qui s’avère être un détournement réussi des films de la Hammer et donne ses lettres de noblesse aux films humoristiques sur le sujet, ainsi que le Dracula de Dan Curtis, maître d’œuvre de la série TV Dark Shadows qui propose une relecture intéressante du roman d’origine, qu’il confronte avec sa série fleuve en y ajoutant notamment l’idée que l’un des personnages féminin soient la réincarnation du défunt amour de Dracula (joué par un Jack Palance pour le moins convaincant).
1. Enfin la recette du faux-sang! Les maquilleurs de films d’horreur et de vampires vous le confirmeront, le faux sang n’est qu’un mélange de… sirop de maïs et de colorant rouge ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette recette est un basique utilisé sur tous les tournages. Et vous pouvez même la faire à la maison, avec du miel par exemple, si vous n’avez de sirop de maïs. C’est un mélange de sirop d’érable, d’essence de menthe et de liquide vaisselle. Le sirop est utilisé pour avoir cette couleur rouge/sombre et cette texture épaisse. L’essence de menthe est utilisée pour éloigner les insectes qui sont normalement attirés par le sucre du sirop.
2. Le maquillage de films d’horreur agresse la peau des acteurs. Si la recette du faux sang est simple à reproduire, les cicatrices et blessures le sont beaucoup moins. Il arrive parfois que les acteurs fassent des réactions cutanées inattendues au contact du maquillage et des fausses cicatrices.Il faut alors les retirer avec de l’huile et de l’alcool, ce qui n’est vraiment pas le meilleur traitement pour la peau… Comme quoi, les stars ont dû mérite finalement d’apparaître avec un visage irréprochable sur le red carpet après un tel traitement!
3. Chaque splash de sang a sa place! Pour que les acteurs aient les mêmes tâches de sang aux mêmes endroits durant tous les tournages d’un film, on leur fait des tatouages temporaires sur lesquels on remet du sang à chaque prise. Pour les taches de sang causées par une balle, on propulse du faux-sang sur le mur mais de manière moins minutieuse.
4. La couleur du faux-sang peut varier. Il y a des centaines de teintes et de textures de faux-sang. Cela va du marron chocolat au rose foncé ! La plupart du temps, les maquilleurs choisissent la couleur en fonction de l’éclairage. Mais les réalisateurs sont parfois intraitables sur la texture, car elle doit exactement ressembler à l’image qu’ils ont en tête.
Roger Corman, Not of This Earth, Allied Artists, États-Unis, 1957.
5. Il faut environ 600 litres de faux-sang par film d’horreur. Vous ne nous contredirez probablement pas, un bon film d’horreur est un film bien sanglant. Cela explique pourquoi tous les metteurs en scène de cinéma utilisent des fûts entiers de faux-sang, qu’ils répartissent partout sur les décors.
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CHAMPS / CONTRE CHAMPS
NOSFERATU (1922), DE F.W. MURNAU Pour s’y retrouver. Synopsis À Wisborg en 1838, Thomas Hutter, un jeune clerc de notaire ayant fait un heureux mariage avec Ellen, doit partir pour la Transylvanie afin de vendre une propriété au comte Orlok qui désire avoir une résidence dans la ville. Après un périple sur une terre d’ombres, le jeune homme est accueilli au sein d’un sinistre château par le comte. Durant la transaction, Orlok aperçoit une miniature d’Ellen qui le fascine et décide d’acquérir le bâtiment – proche de la maison du couple – qui lui est proposé. Hutter, hôte du comte, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci. Alors Nosferatu cheminera vers sa nouvelle propriété, répandant dans son sillage une épidémie de peste. Ellen, bientôt en proie aux mains griffues de Nosferatu qui la convoite, laissera le comte faire d’elle sa victime et sacrifie son sang au vampire pour sauver la ville frappée par la peste.
La vision du vampire change en profondeur depuis quelques années. Il y a d’abord eu la salve Buffy, avant qu’avec des fortunes diverses, des œuvres telles True Blood, Twilight ou Morse redynamisent l’image de cette vieille créature mythologique. Mais avant, est-ce que c’était mieux? Non, c’était juste différent. Le grand Friedrich Wilhelm Murnau participa à la force du mythe dans le XXe siècle avec son Nosferatu. Une œuvre que plagiera intelligemment Coppola en 1991.
Nosferatu, de F.W. Murnau, avec Max Schreck, Alexander Granach, Gustav Von Wangenheim (1922)
Biographie F.W. Murnau
Un homme immense, chauve, livide, les yeux hagards bordés de noir s’avance avec une démarche raide... Son prénom ? Nosferatu, créature de Friedrich Wilhelm Murnau, cinéaste allemand entré dans l’histoire du cinéma. Poussé par ses parents, le jeune Friedrich étudie la littérature, mais rêve secrètement de théâtre au point de quitter l’université d’Heidelberg pour s’engager dans la troupe du célèbre Max Reinhart. A l’issue de la Grande Guerre, il débute sa carrière dans les studios du cinéma allemand et réalise son tout premier film, Satanos, en 1919. Après Le Crime du docteur Warren, Emeraude fatale et autres films, il devient célèbre grâce à son vampire Nosferatu, directement inspiré du Dracula de Bram Stoker. L’acteur Max Schreck fait de Nosferatu un personnage de légende du cinéma muet. Malgré l’échec de Faust, Friedrich Wilhelm Murnau renaît de ses cendres grâce au Dernier des hommes, qui lui attire l’admiration des réalisateurs américains et lui offre un aller simple pour Hollywood. Dans la Mecque du cinéma, il tourne L’Aurore avec Janet Gaynor, actrice de la première version de Une étoile est née, qui remporte d’ailleurs l’oscar de la Meilleure actrice. Cependant, Friedrich Wilhelm Murnau est lassé de sa vie à Los Angeles. Il quitte la ville pour vivre à Tahiti, réfléchir à son métier et, surtout, dans le but de réaliser des films à la mesure de ses ambitions, c’est à dire énormes. Associé à Robert Flaherty, Friedrich Wilhelm Murnau signe Tabou en 1931, son dernier chef-d’ oeuvre avant de mourir prématurément.
Murnau se nourrit des fêlures allemandes post-première guerre mondiale. En clair, le cinéma sert de réceptacle à l’humiliation allemande. En plein boom de la psychanalyse et de l’introspection teutonne, les compatriotes de Murnau cherchent un exutoire. Après le cabinet du docteur Caligari, manifeste de toute une vision du cinéma, après l’immense les trois Lumières de Lang, Murnau se consacre à cette adaptation sur grand écran du comte de Dracula. La ferveur glaciale du film illustre à quel point le cinéaste est un traumatisé de la guerre, à quel point l’esprit humain broie du noir. On ne cessera également de vanter la qualité intemporelle d’une tension aussi amoureuse que dangereuse. Mais toutes ces considérations, aussi évidentes soient-elles restent du
domaine de l’analyse banale, maintes fois ressassées. En revanche, Nosferatu : film d’aujourd’hui, cela a déjà plus de quoi étonner. Et pourtant. Rien que pour son caractère pionnier. On considère encore le film comme l’un des films d’horreurs les plus prenant, les plus en phase avec le concept tragique du choix cornélien (accepter les enjeux financiers en dépit du danger). Un théâtre en musique dont les symphonies rythment l’intrigue au fil des actes. Là encore un film pionnier. Murnau était un visionnaire, peut-être involontairement. Sinon, comment expliquer que le vampire depuis cette époque ne supporte pas la lumière du jour (chose jusque-là inédite). Des rayons tels des pénétrations de la conscience vers un monde irrationnel, guidé par la pulsion. Le comte est
aussi la personnification d’une certaine rente et sécurité financière, de part son statut et sa fortune promise. On a eu coutume, avec la crise financière, de traiter les banquiers de vampires, se nourrissant de l’argent des autres. Une métaphore assez logique en fin de compte. Nosferatu a pour coutume d’être rapproché du Cri de Munch (même air immatériel, même fantasme cauchemardesque d’un esprit à la dérive). Ce dernier étant toujours à la mode, souvent symbole de revendications plus ou moins politiques (notamment en graffitis) renvoi insidieusement à un monde pessimiste, agacé voire désavoué par les grands. L’expressionnisme allemand avait ceci de confronter l’architecture des lieux et des corps à un état d’esprit,
une pensée rongée par l’angoisse, le désir sexuel ou l’arrivisme. La crise d’aujourd’hui, le capitalisme galopant, la dictature de la bourse ne trouventils pas leur place dans le film de Murnau ? Nosfaratu serait la personnification des responsables boursiers, dont les ongles longs représenteraient le despotisme financier. Leur présence se matérialise un peu partout, jusque dans le subconscient. Le héros, voulant un avenir radieux pour sa future épouse, se lancerait dans la spéculation ou dans l’investissement, quitte à se confronter au réel. Cette ébauche de comparaison peut sembler excessive mais elle atteste pourtant que la pensée de l’expressionnisme de Murnau transcende l’intrigue linéaire. Elle semble cristalliser un rapport autodestructeur de l’Homme.
FOCUS Le personnage de Nosferatu Le Nosferatu de Murnau possède certaines similitudes mais aussi de nombreuses différences avec le Dracula de Stoker. Dracula est dans le roman, un vieillard qui rajeunit au fur et à mesure de l’histoire. Bram Stoker le décrit de la sorte : « Son nez aquilin lui donnait véritablement un profil d’aigle : le front haut, bombé, les cheveux rares aux tempes mais abondants sur le reste de la tête ; des sourcils broussailleux se rejoignant presque au-dessus du nez, et leurs poils, tant ils étaient long et touffus donnaient l’impression de boucler. La bouche du moins ce que j’en voyais sous l’énorme moustache, avait une expression cruelle, et les dents, éclatantes de blancheur, étaient particulièrement pointues ; elles avançaient au-dessus des lèvres dont le rouge vif annonçait une vitalité extraordinaire chez un homme de cet âge. Mais les oreilles étaient pâles, et vers le haut se terminaient en pointe ; le menton, large, annonçait, lui aussi, de la force, et les joues, quoique creuses, étaient fermes. L’âge de Nosferatu dans le film, est difficile à déterminer. Il possède comme Dracula, un nez aquilin, un front haut, des sourcils broussailleux, des dents pointues, des joues creuses et des oreilles pointues. Ses particularités
physiques sont d’ailleurs accentuées par le maquillage. Il n’a en revanche pas de cheveux ni de moustache. Le Nosferatu de Murnau est pâle, rigide, le crâne chauve et déformé, tel un cadavre aux mains décharnées et au regard obnubilé, cerclé par un contour de suie. Nosferatu craint la lumière du jour, susceptible de le terrasser. Cette particularité qui n’est pas présente dans le roman (puisque Dracula se promène en plein jour dans les rues de Londres) deviendra récurrente dans les films et les œuvres sur Dracula et sur les vampires, en général. Elle deviendra même une caractéristique du personnage fictif du vampire. Son antre est un château en ruine érigé sur une lande désolée. Le Nosferatu de Murnau est très différent du personnage de Dracula tel qu’il sera représenté dans les futures adaptations filmées, notamment le Dracula de 1931, incarné par Bela Lugosi. Dans cette adaptation (qui sera la première officielle), le comte Dracula est un gentilhomme élégant, un être au charme mystérieux et raffiné ; il porte une cape noire, un habit de soirée et ses cheveux sont plaqués sur la tête. C’est cette incarnation qui va faire référence pour le cinéma et l’imagerie populaire.
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SCREENPAPER
DRACULA UNTOLD (2014), de G. SHORE La légende de Vlad l’empaleur est décidément aussi immortelle que le personnage lui même. Mais connaissons-nous vraiment sa véritable histoire et le destin tragique qui l’a amené à devenir le célèbre vampire ? Question purement rhéatorique puisque le fils de pub Gary Shore se propose avec Dracula Untold de nous conter sa propre version de l’histoire du saigneur de la nuit et de remettre ainsi les pendules du mytheà zéro. Reboot qu’on appelle ça, parait-il. Dracula Untold est la première pierre au grand édifice que comptent construire les studios Universal, celui du reboot de tout son catalogue de monstres mythiques : vampire, loup-garou, momie et tutti quanti. La volonté affichée étant de créer un univers global dans lequel interagiraient tous ces personnages, un peu à la manière des Avengers de Marvel. Une approche certes originale mais qu’on ne peut concevoir sans une certaine appréhension à cause de ses considérations commerciales à peine voilées et plus particulièrement - dans le cas du film qui nous intéresse - en raison du traitement pas franchement folichon infligé au genre vampirique durant les dernières années. La défection d’Alex Proyas et de Sam Worthington aux postes respectifs de réalisateur et d’acteur principal suite à une genèse difficile, en plus de la décision d’Universal de rétrécir le budget alloué au projet n’étaient pas
pour rassurer les fans. Pourtant, dès les premières scènes du film, ces réserves sont pour la plus part dissipées grâce à un ton assuré et une approche résolument moderne qui suscite un intérêt immédiat. La campagne de promotion et les différentes bandes annonces n’en ont pas fait mystère : ce Dracula Untold est en fait un Dracula Begins tellement les parallèles entre lui et le film de Nolan sont nombreux, et pas que pour les chauve-souris. Gary Shore, dont c’est ici le premier long, déroule une bobine aux influences super héros évidentes et choisit d’axer son histoire plus du côté de l’action / aventure que de l’horreur. Forcément, il utilise aussi tout le canevas des origin story avec ses codes et ses passages obligés. A ce titre, le premier accroc rencontré est justement cette histoire 2.0 que l’on essaye de nous imposer aux forceps pour justifier les choix de l’anti-héro : le Prince Vlad de Valachie, surnommé Vlad l’empaleur pour des raisons évidentes, a laissé derrière lui une vie de boucher pour devenir un fervent défenseur de la paix dans son royaume et un mari aimant comme protecteur. Et s’il décide de pactiser avec le diable, c’est uniquement en ultime recours afin de sauver ce royaume. Et voilà pour la touche dark du héros qui sera laissée à l’appréciation du spectateur. Libre à lui d’y adhérer ou de la rejeter. Une fois ce postulat intégré, le film peut alors se concentrer sur sa besogne : le grand spectacle. Libre à lui d’y adhérer.
Si ce Dracula Untold emprunte des sentiers battus pour conter son histoire, force est de constater que c’est fait avec une assurance et une certaine fraîcheur qui font plaisir à voir. Gary Shore s’acquitte de passages obligés - la découverte des super pouvoirs, l’entrainement, combat contre le némésis - avec habilité à défaut d’originalité. Le réalisateur expédie par ailleurs rapidement un suspense qui n’a pas lieu d’être, celui du devenir du prince Vlad, puisque tout le monde sait qu’il deviendra bel et bien Ze vampire. A ce titre, l’une des bonnes idées a été de ramener les enjeux de ce Dracula à quelque chose de plus modeste : une vendetta personnelle. Shore arrive ainsi à maintenir un intérêt continu et se permet même quelques très belles scènes ici et là, notamment dans les combats. Le principal atout reste sans doute l’interprétation de Luke Evans, qui prête son charisme indéniable au rôle du vampire. Un choix qui semble aller de soit tant l’acteur est à l’aise et convainquant dans les moments dramatiques aussi bien que ceux plus épiques. Pas du Gary Oldman, certes mais une présence et un magnétisme à toute épreuve. Face à lui, la petite surprise de retrouver Charles Dance grimé en bête de la nuit justifie à lui seul la vison de ce film. Et comme de bien entendu nous aurons droit à une fin ouverte qui ne fait aucun mystère sur la continuité de l’aventure. Dracula Untold est une excellente
surprise qui emprunte autant à l’univers des super héros qu’à celui de la fantsay. Sa mise en scène intelligente et sa narration résolument moderne en font l’une des meilleures adaptations autour du thème galvaudé du vampire. Un film aussi excitant pour ce qu’il est que pour ce qu’il promet. Dommage qu’il sacrifie autant la psychologie au profit du grand spectacle. Dracula Untold est la première pierre au grand édifice que comptent construire les studios Universal, celui du reboot de tout son catalogue de monstres mythiques : vampire, loup-garou, momie et tutti quanti. La volonté affichée étant de créer un univers global dans lequel interagiraient tous ces personnages, un peu à la manière des Avengers de Marvel. Une approche certes originale mais qu’on ne peut concevoir sans une certaine appréhension à cause de ses considérations commerciales à peine voilées et plus particulièrement - dans le cas du film qui nous intéresse - en raison du traitement pas franchement folichon infligé au genre vampirique durant les dernières années. La défection d’Alex Proyas et de Sam Worthington aux postes respectifs de réalisateur et d’acteur principal sui te à une genèse difficile, en plus de la décision d’Universal de rétrécir le budget alloué au projet n’étaient pas pour rassurer les fans. Pourtant, dès les premières scènes du film une approche suscite un intérêt.
CLOSE UP Inspiré du personnage né sous la plume de l’écrivain irlandais Bram Stoker, le nouveau Dracula réalisé par Gary Shore - Dracula Untold - n’est pas un énième reboot du plus sanguinaire des vampires. Pour son premier longmétrage, le réalisateur se penche sur les origines du comte Dracula.Le scénario est séduisant : face à l’envahisseur turc, Vlad, dit « l’Empaleur » (Luke Evans), vend son âme aux forces obscures afin d’obtenir les pouvoirs dont il a besoin pour protéger sa femme et son fils.
C’est ainsi qu’il devient vampire. Dracula Untold reprend la source même du mythe. Pour créer le comte Dracula - un vampire machiavélique et immortel qui se nourrissait du sang de ses victimes -, Bram Stoker se serait inspiré de l’histoire de Vlad Tepes, un prince de Transylvanie du XVe siècle connu pour sa cruauté. Gary Shore porte ainsi à l’écran une vision peu connue de Dracula, qui a connu pourtant moult avatars. En voici certains qui vous plairont sûrement.
Pour s’y retrouver ! Synopsis L’histoire débute en 1462. La Transylvanie vit une période de calme relatif sous le règne du prince Vlad III de Valachie et de son épouse bien-aimée Mirena. Ensemble, ils ont négocié la paix et la protection de leur peuple avec le puissant Empire ottoman dont la domination ne cesse de s’étendre en Europe de l’Est. Mais quand le sultan Mehmet II demande que 1000 jeunes hommes de Valachie, dont le propre fils de Vlad, Ingeras, soient arrachés à leur famille pour venir grossir les rangs de l’armée turque, le prince doit faire un choix : abandonner son fils au sultan, comme son père l’a fait avant lui, ou faire appel à une créature obscure pour combattre les Turcs et par là même assujettir son âme à la servitude éternelle. Vlad se rend au pic de la Dent Brisée où il rencontre un abject démon et conclut un accord faustien avec lui : il acquerra la force de 100 hommes, la rapidité d’une étoile filante et les pouvoirs nécessaires pour anéantir ses ennemis, en l’échange de quoi, il sera accablé d’une insatiable soif de sang humain. S’il parvient à y résister pendant trois jours, Vlad redeviendra lui-même, et sera à même de continuer à protéger et gouverner son peuple, mais s’il cède à la tentation, il entrera le monde des ténèbres pour le restant de ses jours, condamné à se nourrir de sang humain et à perdre et détruire tout ce et ceux qui lui sont chers.
Biographie G.Shore
Bela Lugosi dans le rôle de Dracula. Dracula de Tod Browning (1931)
Klaus Kinski dans le rôle de Nosferatu. Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog (1979)
Gary Oldman dans le rôle de Dracula. Dracula de F.F. Coppola (1992)
Dracula
Nosferatu, fantôme de la nuit
Dracula
Enfin une voix pour Dracula. Le réalisateur américain Tod Browning embarque Dracula au-delà de l'Atlantique. L'histoire se passe toujours dans le château des Carpates , dont le comte papagena s'avère être Dracula. Le vampire va débarquer en Angleterre et mordre des vivants pour qu'ils deviennent vampires à leur tour...
Cinquante-sept ans plus tard, un cinéaste allemand, Werner Herzog, décide de faire un remake du Nosferatu de 1922 réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau. Dans ce film, Dracula n'est pas seulement un vampire assoiffé de sang mais aussi un personnage désespéré et seul. On retrouve au casting Adjani, Bruno Ganz et Klaus Kinski dans le rôle du vampire.
Dernier épisode marquant de la saga Dracula sur grand écran, la version de Francis Ford Coppola, qui se détache du mythe premier. Là, Dracula n'est pas le monstre que l'on connaît, mais plutôt la victime d'une terrible malédiction. Quant au casting, on retrouve notamment Gary Oldman dans le rôle du comte Dracula.
par Tod Browning
par Werner Herzog
par Francis Ford Coppola
Né en 1980 et de nationalité irlandaise Gary Shore sera diplômé de la National Film School de Dublin en 2006, Gary Shore a travaillé dans le monde entier pour des chaînes de télévision musicales, des expositions et des festivals. En tant que directeur commercial, Gary Shore a eu pour clients Adidas, EMI, Warner Brothers, Vogue, Nokia, le Gouvernement irlandais et le Ministère du Tourisme du Monténégro, entre autres. En 2009, Gary Shore réalise un court métrage qui lui permet d’être remarqué par Hollywood et d’obtenir la direction du film à gros budget, Dracula Untold. Sorti en 2014, le premier film de Gary Shore reprend l’histoire de Vlad Basarab, l’homme qui a inspiré la légende de Dracula.
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BACK LIGHT
DRACULA PAS DIT, DRACULA PAS PRIS. par l’Odieux Connard Vous l’ignoriez peut-être, mais il fut un temps où Dracula devint Dracula pour sauver son royaume : telle est la formidable épopée contée par Dracula Untold, un film qui aurait dû rester Untold et Unseen d’après les mauvaises langues. Alors, ragots des ténèbres ou vérité sur une grosse bouse dans laquelle, pour la première fois depuis longtemps, le vampire ne bécote pas de lycéenne attardée ? « Je sens ta peur, mortel ! » La voix désincarnée résonna dans la salle de l’antique donjon, bientôt suivie d’un rire qui parut rebondir sur tous les murs et filer entre les toiles des araignées qui nichaient là. Le visiteur trembla un peu et fit un tour sur lui-même, brandissant sa lampe de poche comme un revolver. L’espace d’un instant, une silhouette humaine apparutà la lisière du halo lorsque celui-ci balaya le vieil escalier aux marches brisées, mais lorsque l’homme tenta de braquer sa lampe vers elle, elle avait déjà disparu. « D’autres comme toi sont déjà venus… mais ils manquaient d’ambition et vois : leurs os parsèment désormais mon château ! »
- Igor, raccompagne Monsieur Hollande à son scooter. - Bien, Maîîître… dois-je faire entrer le candidat suivant ? Cette fois, le rire se fit plus fort, et dans tous les recoins, que le visiteur avait pourtant soigneusement inspecté auparavant, des ossements poussiéreux apparurent sous sa lampe. Il fit un pas en arrière, et sursauta lorsqu’il se cogna dans quelque chose. Face à lui, quelqu’un se mit à sourire, et deux canines étincelèrent. « Tu voulais me voir ? Me voilà ! - Ho ! Seigneur ! s’exclama le mortel. Vous existez ! - Tu n’y croyais pas mais tu es malgré tout venu jusqu’ici ? J’en déduis que tu n’es là que par curiosité. Je n’ai que faire des curieux. Adieu. » Les canines plongèrent vers l’homme, mais ce dernier agita les mains devant lui avec tant de vigueur que le vampire hésita. « Vous faites erreur ! Je suis venu vous voir car j’ai besoin de vos sombres pouvoirs ! - Voilà une requête intéressante. Je t’écoute, mais fais vite. - Mon royaume est en danger et tout est vain pour le sauver ; j’ai entendu parler de votre légende et j’ai pensé que si le Ciel ne répondait pas à mes prières, alors peut-être l’Enfer… »
Le vampire éclata une nouvelle fois de son rire inquiétant avant de disparaître dans l’ombre. Son visiteur ne réalisa que trop tard qu’il était réapparu à son oreille pour lui chuchoter : « J’ai moi-même été comme toi, autrefois. Bois mon sang, et tu auras tout ce que tu désires : la force de cent homme. La vitesse d’un guépard. Tu pourras te changer en chauve-souris pour survoler tes terres et…. - Hopopop, halte-là ! - Pardon ? - Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Des chauves-souris, des guépards, dites donc, c’est un royaume que je veux sauver, pas un zoo ! - Mais enfin ! Personne ne parle comme ça au grand Dracula ! - Oui enfin t’es gentil, mais moi je viens ici pour avoir de vrais pouvoirs utiles, hein, comme faire redémarrer l’économie, vaincre le chômage ou trouver des gens compétents pour mon gouvernement. - Bon, écoutez Monsieur… - Hollande. François. - Moi je suis un vampire, hein, je ne suis pas Gérard Majax non plus. Je ne fais pas de miracles, même les pouvoirs des Enfers ont des limites. On va arrêter cet entretien ici si vous le voulez bien. Igor ? Igor ? » Le serviteur bossu apparut dans l’encadrure d’une porte. « Maîîîître ? - Igor, raccompagne Monsieur Hollande à son scooter. - Bien, Maîîître… dois-je faire entrer le candidat suivant, Maîîître ? - Oui oui, donne moi juste une seconde que je retourne me mettre en position. » Dracula disparut dans l’ombre et sitôt que François Hollande et Igor furent sortis, une porte s’ouvrit et un homme entra une lampe de poche à la main. Dracula toussota discrètement dans sa main et se lança théâtralement pour la 17e fois aujourd’hui : « Je sens ta peur, mortel ! »
Ni une, ni deux : spoilons mes bons !
L’affiche. C’est pas mal, ça, le vampire qui fait le kakou dans une pause pensive. C’est juste dommage qu’il fasse jour. Un détail.
L’histoire commence par un pitch conté par la voix d’un enfant qui visiblement, n’a que ça à faire de débiter des âneries au lieu de faire ses devoirs. Mais que nous dit-il ce galopin ? Hé bien qu’au XVe siècle, les Turcs envahirent les terres de Transylvanie. Et qu’ils prirent 1 000 enfants pour en faire des soldats d’élite, procédé grandement aidé par l’absence complète à l’époque de réunions parents-professeurs. Parmi ces bambins se trouvait Vlad, le fils du roi de Transylvanie. Il se révéla être un guerrier si terrible qu’il faisait –reculer des armées à lui seul– , ce qui peut aussi être lié à une hygiène déplorable, que nous passerons sous silence. Bon, cela était peut-être aussi lié au fait qu’il adorait empaler ses ennemis, comme ça, pour déconner, mais tout de même. Car empaleur ou pas, figurez-vous qu’en fait, Vlad n’aspirait qu’à la paix (oui, hein, on ne dirait pas comme ça, je sais, ça sonne bizarre –paix– et –empaler– ensemble). Aussi retourna-t-il dès qu’il le put en Transylvanie pour monter sur le trône et gouverner aux côtés de sa femme bien-aimée, Mirena, et de son fils, Corky. Car la voix off nous avoue que c’est bien Corky qui se cache derrière en terminant ce bref résumé par –Pour beaucoup de gens, Vlad allait devenir Dracula. Mais moi, je l’appelais père–. Enfin c’est soit ça, soit la voix off qui a un gros manque
affectif, mais passons et allons donc voir ce qu’il se passe en ce moment même en Transylvanie (je vous laisse vous-même réécouter le morceau culte –En Trans… ylvanie– , qui nous rappelle combien ce pays est à la fois mystérieux et fourni en stations essences grâce à la magie des paroliers français modernes). En effet, Vlad est avec ses hommes au bord d’un cours d’eau au fond des bois, et il est fort préoccupé : on vient en effet de retrouver dans celui-ci un casque turc. Ce qui est pas banal, tant d’habitude dans les cours d’eau, on retrouve plutôt des goujons voire des brochets. Quelqu’un a dû forcer sur l’appât. Et pour être tout à fait exact, la prise du jour est un casque d’éclaireur turc. Ce qui est fort mauvais signe d’après Vlad qui connait bien ce peuple au sein duquel il a grandi en tant qu’otage royal : lorsque les Turcs envoient leurs éclaireurs, c’est rarement pour vendre des cookies, ce qui est bien dommage. L’armée du sultan est donc probablement non loin derrière, et il est hors de question que la Transylvanie soit envahie à nouveau. Vlad étudie donc le casque avec attention. « Alooors… s’il est arrivé jusqu’ici… c’est probablement qu’il a dérivé depuis le pic de la Dent Cassée, cette montagne que l’on voit d’ici et où le cours d’eau prend sa source. - Et qui est à 150 kilomètres au bas mot. - Ouiiii et alors, aide de camp Roudoudou ? - Ben je sais pas. Quand on trouve une Twingo dans la Seine, elle n’a
pas forcément dérivé depuis la source en Côte d’Or, non ? Donc votre casque turc, là, c’est pareil. Un Turc a pu le perdre n’importe où le long du cours d’eau. Pas forcément au pic de la Dent Cassée. C’est con, votre théorie.
Quand on trouve une Twingo dans la Seine, elle n’a pas forcément dérivé depuis la source en Côte d’Or, non ? Donc votre casque turc, là,c’est pareil. - Et moi je dis que chut. Et je suis le héros. Alors pouët-pouët ! Allez mes amis ! Allons inspecter le pic de la Dent Cassée pour voir ce qu’y faisaient les éclaireurs turcs ! Rouquemoute et Victime, vous m’accompagnez ! - Rho non… je le sens mal, je ne sais pas pourquoi. - Chut, j’insiste. Venez j’ai dit. Les autres, retournez au château ! » Vlad, Victime et Rouquemoute progressent donc jusqu’au pic de la Dent Cassée, et alors que le bousin est à des kilomètres, ils y arrivent promptement. Il y avait sûrement une autoroute gratuite jusque là, et sans portique écotaxe. Sur place, ils aperçoivent une grotte d’où des chauve-souris paniquées s’échappent : il ne fait pas encore nuit, c’est donc que quelque chose les a dérangées ! Allez les petits gars, entrons dans la grotte et regardons de quoi il retourne !
« Survivre à une chute de 300 mètres ? Ah nan mais attends même nous on ne l’a pas ce pouvoir ! Tu ne voudrais pas plutôt envoyer ta femme combattre les Turcs ? »
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SCREENPAPER Allumez les torches, sortez les épées, et en route ! Et le trio s’exécute en râlant parce que bon, pfou, ça sent mauvais cette affaire. Et en effet, à l’intérieur, c’est un peu n’importe quoi. Déjà, parce qu’on y trouve toutes sortes d’araignées qui n’ont rien à faire en Transylvanie, ce qui n’a pas l’air de choquer nos héros, et ensuite parce qu’ils tombent nez à nez avec les cadavres des éclaireurs turcs, qui ont visiblement été machouillés par une très grosse bête (on voyait aussi des traces d’énormes griffes sur le casque retrouvé par Vlad, mais ce dernier en l’étudiant n’avait pas remarqué ce petit détail). Mieux encore, ce qui a fait ça doit visiblement bien se faire chier car ça a pris le temps de recouvrir le sol de copeaux d’os broyés exactement de la même taille ! Quoique ce soit : ça a des TOCs. Et alors que personne ne s’y attendait (non, personne !) quelque chose sort de l’obscurité et découpe Rouquemoute, puis Victime, qui n’y étaient pas du tout prédestinés, sans que ceux-ci ne puissent réagir. Vlad lui-même ne parvient à s’en tirer qu’en courant vers la sortie de la grotte en agitant son épée comme un bâton de majorette. Et à la seconde où il atteint la sortie, il constate que la créature n’ose pas sortir au soleil. Et que le sang sur sa lame, car il l’a blessée en agitant son épée dans tous les sens, se dissout à la lumière du jour. Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Il aperçoit brièvement un être humanoïde pâle à la bouche ensanglantée, mais bien vite, la chose se tapit dans l’ombre et disparaît. Vlad, après avoir changé de pantalon, peut donc revenir vers ses terres, mais d’abord, il fait un détour vers le légendaire monastère de Saint Bullshit, où il va interroger un vieux moine sur ce qui s’est passé dans la montagne.
- Roooh, vous me faites marcher. Vous êtes tous blancs ! Et le grand blond aux yeux bleus, là-bas ? - Non mais si, on est les Turcs, vraiment. - Dites Krisprolls, pour voir ? Car comme toujours, non seulement les vieux moines savent tout, mais en plus, ils ont toujours un vieux livre enluminé avec des illustrations à faire pleurer d’envie De Vinci qui illustrent parfaitement le sujet. Ce qui signifie que 1) Un moine a trouvé le temps d’aller observer parfaitement clairement la bête du pic de la Dent Cassée pour en faire des jolis dessins, et 2) Que toutes mes années passées à étudier des vieux bouquins, on s’est foutu de moi : en fait, ils dessinaient comme des dieux à l’époque. Du coup, 3), il faudrait que je confirme cette théorie sur la sapience monastique en allant poser
la question à un vieux moine « Que savez-vous des femmes toutes nues ? ». Si le mec est une encyclopédie vivante et me sort en plus un illustré, je pense qu’il faudra que j’écrive un courrier au Pape pour lui dire qu’il y a du laisser aller. Mais là n’est pas le sujet. Voyons comment les choses se passent.
sa femme Mirena et saluer son fils Corky. Toute la petite famille est évidemment heureuse, pacifiste, cultivée et pour un peu, boirait de la tisane bio en militant pour Eva Joly. Mirena essaie bien de se mêler des affaires de son mari, mais brièvement.
Je te comprends, Mehmet. Moi aussi j’ai fait une tête un peu comme ça tout le long du film.
« Mon père, figurez-vous qu’une créature mystérieuse hante le pic de la Dent Cassée. Au début, elle ne mangeait que des Turcs, et bon, ça arrive à tout le monde de vouloir manger un Turc, mais là, elle a mangé deux de mes hommes. J’ai pourtant vérifié : aucun des deux ne s’appelait Pita. - Hmmm… vous voulez parler du vampire ? - Le ? - Le vampire. Regardez plutôt cet ouvrage complet sur le sujet : il y a très longtemps, un homme a passé un pacte avec le démon, comme vous pouvez le voir sur ce dessin. - Oui, je reconnais même l’acteur. Précis vos dessins, dites-donc, il a posé pour vous ?. - Hé, ho, c’est fini petite langue de pute ? N’empêche que cet homme a été trompé par le démon : certes, il a obtenu des pouvoirs surhumains, mais celui-ci l’a condamné a passer l’éternité dans cette grotte du pic. Il y est bloqué jusqu’à la fin des temps, à moins qu’un homme ne vienne prendre sa place. - Et donc, plutôt que de proposer des pouvoirs surhumains au premier Turc venu pour être libéré, il les bute touts comme un gros con ? - Je… heu… oui, c’est… c’est à peu près ça. - Ecoutez, n’en parlez pas. La population a déjà assez peur des Turcs, on ne va pas en plus lui lancer des histoires de vampires. Sur ce, il est déjà 18h15 et je devrais être à la maison. Allez, salut mec ! » Et Vlad, après avoir courtoisement salué le moine d’un « Wesh gros » , retourne donc à son château, le célèbre château Dracula. Sur place, sa cour accueille avec joie le retour du bon prince, et personne ne semble s’inquiéter de la disparition de Rouquemoute et Victime, dont tout le monde se foutait probablement. Vlad peut donc siffloter tranquillement tout en se rendant dans ses appartements pour aller faire des bisous à
Car demain, c’est Pâques, et en bon royaume chrétien, c’est jour de fête et il y a des choses à préparer. Comme les œufs, je suppose. Hélas, et alors que personne ne s’y attendait, c’est ce moment là que choisissent de vils personnages pour entrer sans prévenir, en Transylvanie, personne n’annonce les visiteurs. Tu passes le pont-levis, tu files droit jusqu’à la salle du trône et personne ne se pose de questions. 5 hommes en armes, donc, rentrent ainsi dans la salle, menés par un officier qui marche jusqu’au trône de Vlad. « Bonjour à vous, Prince Vlad. - Bonjour à vous visiteur, que puis-je pour vous ? - Nous sommes ici en ambassade. - Hé bien, tous les ambassadeurs sont les bienvenus, amis suédois, vous êtes ici chez vous. - Hem je… heu… en fait, on n’est pas suédois. - Ah non ? - Non, nous sommes les Turcs. - Roooh, vous me faites marcher. Vous êtes tous blancs ! Et le grand blond aux yeux bleus, là-bas ? Et l’autre, tout aussi blond, là, ils sont Turcs peut-être ? - Non mais si, on est les Turcs, vraiment. - Dites Krisprolls, pour voir ? » Mais si : ce sont bien les Turcs. Quelqu’un a juste dû oublier un léger détail au casting. Mais bon, hein, est-ce bien important ? Notre délégation plus blanche que celle d’une soirée du Ku Klux Klan fait donc dans la subtilité : les Turcs provoquent les membres de la cour, humilient les gens, et exigent le tribut annuel du sultan, ce que Vlad accepte volontiers pourvu que cela maintienne la paix. Sauf que voilà, toujours dans la provoc’ (c’est décidément très subtil, le prochaine fois, autant qu’ils envoient quelqu’un chier dans les bottes princières en chantant Tata Yoyo), au moment de partir,
l’ambassadeur Turc tente une imitation de Colombo en se retournant au moment de partir pour lancer : « Ahahaha, oui, au fait, j’allais oublier une dernière chose… maintenant que j’ai bien abusé de la situation, je me demandais : vous ne voudriez pas filer 1 000 de vos enfants au sultan ? C’est un petit peu un ordre, d’ailleurs. « La cour s’insurge, et Vlad fait de même : les Turcs n’étaient-ils pas supposés arrêter cette pratique ? Oui, mais non : l’ambassadeur l’informe que le sultan reforme les janissaires, les soldats d’élite turcs formés à partir d’esclaves chrétiens. Alors on me dira « Ça explique les blondinets chez les Turcs. » et je répondrai. Il vient de dire qu’il reformait à nouveau les janissaires, donc qu’il n’y en avait plus, du coup, non, les blondins chez les Turcs sortent de nulle part, mais c’est gentil d’avoir essayé. » Ah bah, tenez, je viens d’aller voir le casting : l’un des rôles porte le nom de –Turc aux yeux clairs – et est joué par un certain Thor Kristjansson. Et dire que je voulais caricaturer : Hollywood est décidément plus fort que moi. Je ne sais pas vous, mais moi, je suis consterné.
Ils le chargent donc. 1 000 contre un mec en slip avec ses petits poings, ça paraît jouable. Mais, passons. Car le soir venu, Vlad papote au lit avec sa femme en lisant Libération. « Je ne donnerai pas notre fils aux Turcs. Ça commence à bien faire les conneries. Et puis qu’ils retournent chez eux, et chez eux, c’est pas en Europe si tu vois c’que j’veux dire ! - Ho oui mon Choubidou ! Montre-leur ! Mais j’y pense, Mehmet, le nouveau sultan, vous n’avez pas grandi ensemble ? C’est pas un peu ton BFF ? - Mais si, si… maintenant que tu en parles, c’est vrai que c’est utile comme information. Rah, si seulement je l’avais eu plus tôt, j’aurais pu dire à l’ambassadeur turc d’arrêter de se comporter comme une buse et me faire respecter. - Ce n’est pas grave si tu es un peu con mon Vladou. C’est aussi pour ça que je t’aime. - Bon, tu sais quoi ? Demain, je vais voir Mehmet, et je lui dis qu’on n’a pas envie de lui filer nos enfants. En attendant, dormons, on dira moins d’âneries. Enfin, j’espère. » Et donc, dès le lendemain, notre héros se lève, se brosse les dents, mange ses tartines devant Télématin puis parcourt la distance qui le sépare du camp de Mehmet. http://unodieuxconnard.com
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Evidemment, le héros a quand même toujours le temps de faire un discours sur la liberté à ses hommes fatigués pour mener une dernière bataille!
CRITIQUES Une sorte de préquel aux aventures du prince des vampires, réalisé à coups d’effets spéciaux spectaculaires.
Une belle réussite visuelle, dont l’action prend parfois un peu trop le pas sur la narration.
Tout un arsenal d’effets spéciaux au service de la prestation de Luke Evans.
Batailles spectaculaires et effets spéciaux servent d'écrin à la performance de Luke Evans, nouvelle incarnation de Dracula.
Un divertissement envisageable pour une fin de semaine chargée!
Le Dauphiné Libéré Par La Rédaction
Voir-aLire.com Par Stéphane Plaza
Ouest France Par Pierre Fornerod
20 Minutes Par Caroline Vié
Le Monde Par Noémie Luciani
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Les Américains (et Barack Obama) pourront voir The Interview Aux Etats-Unis, tout finit par des drapeaux et des dollars. Après avoir annulé la sortie de The Interview, cette comédie qui imagine l’assassinat du leader nord-coréen Kim Jong-Un, par crainte des représailles promises par la Corée du Nord et ses cyberterroristes, Sony Pictures Entertainement a fait volte-face : le film sortira bien le 25 décembre dans plus de 300 salles et peut-être simultanément en vod. Ce sont les salles indépendantes - notamment le très actif Alamo Drafthouse, d’Austin, Texas - qui ont tanné le studio pour qu’il revienne sur sa décision. Les propos de Barack Obama, qualifiant cette décision «d’erreur», ont aussi pesé dans la balance - le PDG de SPE, Michael Lynton, connaît personnellement le président. Si la liste des cinéma prêts à accueillir le film a grossi peu à peu, c’est aussi à l’initiative de personnalités, mobilisés dans une sorte de chaîne de résistance patriotique, qui en appelle - à juste titre - au premier amendement. Ainsi, Michael Moore a-t-il fait savoir sur Twitter que son cinéma, à Traverse city, Michigan, passerait le film.
Idem pour l’auteur de Game of Thrones, George R. R. Martin, très remonté, qui a fait en sorte que The Interview soit programmé au Jean Cocteau de Santa Fé (eh oui, ça existe !). Beaucoup de joie et de congratulations dans la foulée du retournement de situation. La Maison Blanche a publié un communiqué, indiquant que « le président applaudissait la décision de Sony.... Nous sommes un pays qui croit à la liberté d’expression, y compris à la liberté d’expression artistique en particulier. La décision de Sony et des salles de cinéma permet aux gens de se faire leur propre opinion du film et nous saluons ce dénouement ». Joie partagée par les acteurs, Seth Rogen et James Franco - qui se moque gentiment dans son tweet de la façon dont Barack Obama avait prononcé son nom. Idem de la part de quelqu’un qu’on n’avait pas beaucoup entendu – on le comprend –, le comédien Randall Park, qui, dans le film, joue Kim Jong-Un. Là où Sony a fait malgré tout assez fait fort, c’est en profitant de l’affaire pour transformer la cible du film : accueilli avec de mauvaises critiques, probablement assez potache et inégal, The Interview aurait fait une demi-bide sur un circuit de 2000 écrans; transformé en film-culte et geste patriotique, le film va afficher des moyennes de spectateurs par séance tonitruantes, et emporter une partie du boxoffice des fêtes. Ce qui ne ravit pas les grands circuits de salles, vexés d’être accusés par Michael Lynton d’avoir empêché la première sortie et privés de recettes...
SORTIES DE LA SEMAINE lundi
05 janvier mardi
06 janvier
mercredi
07
Gotham - S01E11 FOX 2 Broke Girls - S04E08 CBS Pretty Little Liars - S05E15 ABC Family New Girl - S04E12 FOX About a Boy - S02E09 NBC
jeudi
08
Comme Noé, de Darren Aronofsky il y a quelques mois, Exodus : Gods and Kings, le film de Ridley Scott, a été interdit en Egypte et au Maroc. Les arguments avancés pour justifier cette censure ne sont en revanche pas les mêmes. Ce péplum en 3D retrace la jeunesse de Moïse (incarné par Christian Bale) aux côtés de son frère adoptif Ramsès II. Il est rejeté quand sa véritable identité - fils d’Hébreux, et donc esclaves des Pharaons - est révélée. Selon Gaber Asfour, le ministre égyptien de la Culture, ce film « falsifie » l’histoire, . « C’est un film sioniste par excellence », a-t-il affirmé à l’AFP. Selon lui, le réalisateur britannique – fait de Moïse et des Juifs les bâtisseurs des pyramides, ce qui est en contradiction avec les faits historiques avérés –.
Selon l’AFP, « le film a fait polémique dans le monde arabe car il remettrait en question un miracle reconnu par les trois monothéismes, celui de la traversée de la Mer rouge par Moïse, qui divise les eaux à l’aide de son bâton pour permettre le passage des Juifs. »
Sleepy Hollow - S02E12 FOX
janvier
Exodus interdit en Egypte et au Maroc
Le film, adaptation du Livre de l’Exode, deuxième livre de l’Ancien Testament, au budget monumental de 140 millions d’euros, a été également interdit au Maroc. Ce qui gêne le pays cette fois, c’est la représentation de Dieu par un enfant lors de l’épisode de la révélation faite au prophète Moïse. On lui reproche notamment la trop grande place faite aux acteurs blancs dans la distribution des rôles et un certain nombre d’anachronismes.
Revenge - S04E11 ABC
Mentalist - S07E06 CBS
janvier
vendredi
09
The Big Bang Theory - S08E12 CBS
janvier
samedi
10
Blue Bloods - S05E11 CBS
janvier
Almodóvar annonce son nouveau film, Silencio Après Les Amants passagers sorti en 2013, le nouveau long métrage - en langue espagnol du réalisateur Pedro Almodóvar s’appelle Silencio. Le réalisateur espagnol l’a décrit au Financial Times comme un « drame percutant excitant, un cinéma de femmes, avec de grands protagonistes féminins ». Le film est produit par El Deseo, la maison de production fondée par Pedro Almodóvar et son cousin Agustin, qui a expliqué à Variety que le film en était aux tous premiers stades de production et de casting. On en sait donc encore très peu sur le scénario, si ce n’est que le titre fait référence à quelque chose de terrible qui arrive au personnage féminin principal. Silencio entrera en production en avril 2015.
KEY - LIGHT Créée par John Logan et produite par Sam Mendes, Penny Dreadful a fait ses grands débuts à la télévision le 11 mai. Dans le Londres de l’époque Victorienne, Vanessa Ives, une jeune femme puissante aux pouvoirs hypnotiques, allie ses forces à celles d’Ethan, un garçon rebelle et violent aux allures de cowboy, et de Sir Malcolm, un vieil homme riche aux ressources inépuisables. Ensemble, ils combattent un ennemi inconnu, presque invisible, qui ne semble pas humain et qui massacre la population... Mise à l’antenne par Showtime, la principale concurrente de HBO, Penny Dreadful confirme une tendance en germe depuis Game of Thrones : les chaînes les plus “sérieuses” peuvent s’emparer des fictions de genre. Aux confins du fantastique, de l’horreur et du drame gothique, cette série se déroule à Londres, à la fin du XIXe siècle. L’esprit scientifique s’oppose alors à l’occultisme, mais certains mêlent le surnaturel et la raison. Là commencent les ennuis On connaît le goût d’Arthur Conan Doyle pour le spiritisme. Il aurait fait un excellent personnage de Penny Dreadful, qui a la particularité de se présenter comme un grand mix de ce qu’a produit l’époque victorienne, dans la lignée de La Ligue des gentlemen extraordinaires, le comic book d’Alan Moore publié en 1999 et adapté ensuite au cinéma. S’y débattent des figures fictionnelles (Frankenstein, Dracula, Dorian Gray, etc.) et quelques quidams en proie aux puissances de l’illusion. Son héroïne, Vanessa Ives (Eva Green), est une médium associée à un vieil homme endeuillé par la mort de sa fille (méconnaissable Timothy Dalton) et une fine gâchette venue de l’Ouest américain (Josh Hartnett, léger comme l’air). Ensemble, ils fricotent avec les monstres et les fantômes, dans un monde de meurtres et de stupes.
Le titre fait référence aux romans à deux sous publiés en Angleterre à l’époque, mettant en scène des aventures plus ou moins glauques dans un esprit sensationnel. Le dramaturge anglais John Logan (également scénariste de Skyfall et Hugo Cabret) est aux commandes de cette version XXIe siècle. Sans être irréprochable, loin de là (elle se révèle parfois trop solennelle et carrément indigeste), Penny Dreadful intéresse d’abord par l’atmosphère extrême qui s’en dégage, le danger qui rôde et les visages habités de ses acteurs.