Projet de Fin d'Études - Le commun à l'épreuve du PFE. 2021

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Le commun à l’épreuve du PFE Entre processus et protocoles, comment se construit la situation de projet ? Cas d'études : le chai Saint-Raphaël et les jardins ouvriers

Collectif Rue de la Révolution



Projet de fin d’études sous la direction d’Alexis Lautier

École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier Le commun à l’épreuve du PFE réalisé par Alice Charreyron Louis Fournié Léa Tréhout Zakaria Vial

Jury Marion Devillers Alexis Lautier Adrien Heinrich Yohan Hubert Célia Picard Pascale De Tourdonnet le 28 juin 2021 Master Situation.s



Remerciements Merci à Germana Civera pour son temps, son aide, sa bienveillance et les clés du chai, Merci à Yannick Hoffert pour ses conseils éclairés et sa bienveillance, Merci à Alexis Lautier pour son regard toujours aiguisé et sa bienveillance, Merci aux membres de l’association des Jardinots pour nous avoir ouvert le monde captivant des jardins ouvriers, Merci aux artistes du chai, pour nous avoir ouvert les portes de leurs ateliers et nous avoir laissé capter leurs mots, Merci à toutes les personnes ayant nourri cette aventure.


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Collectif Rue de la Révolution Notre collectif Rue de la Révolution est né dans la rue du même nom à Sète en janvier 2021. Il est à l’origine du désir de quatre personnes : Alice, Léa, Louis et Zakaria. Dès lors nous décidons que notre matière première est l’humain, que notre démarche est la dérive et notre recherche l’imprévu.

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Qui sommesnous ? Avant-propos

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Alice

Nous pensons que l'école est idéale pour forger notre esprit critique : pour faire autrement, il faut penser autrement. Cet autrement comprend un risque, car nous ne savons pas ce qu’est la finalité de ce que nous entreprenons. Cet exercice de PFE est le moment pour chacun de nous d’interroger les valeurs qu'il veut défendre en tant que futur jeune architecte. Nous prenons ici le risque de faire une erreur. Nous sommes en fait à la recherche de cette erreur et, à vrai dire nous sommes à l’école pour expérimenter plutôt que pour trouver une solution qui convienne à tous. Nous ne sommes pas à l’école pour simplement faire et penser de l’architecture mais bien pour expérimenter et ainsi défaire et repenser l’architecture. Autrement dit, aller vers cette « erreur » c’est tenter de déconstruire ce que nous avons « appris » jusqu’ici : construire et construire sans cesse. Notre objectif n’est pas de faire marche arrière, au contraire, il est de poser de meilleures bases pour l'à venir. Cette déconstruction est nécessaire pour faire exister notre point de vue et notre envie d’architecte. L’état actuel des choses ne nous convient pas, car nous sommes persuadés qu’il faut et que nous pouvons faire mieux.

« Comment expliquer et mettre en avant la part sensible, politique, indispensable de notre pratique ? Expliquer pourquoi nous avons besoin d’architecture. Expliquer et rendre tangibles les questions que l’on se pose, la manière dont nous réfléchissons. […] L’envie d’un PFE qui s’émancipe du papier, qui vient chatouiller la réalité. L’envie d’un PFE utile, poétique, politique, en immersion, […] l’envie d’un PFE commun, qui appartient à un groupe, l’envie de faire PFE, d’habiter, de vivre le projet. » 13 novembre 2020 Léa « Il était une fois, la détermination. Elle nous accompagne. Où va-t-elle nous amener ? Combien serons-nous ? Deux, trois, quatre, plus ? L'essentiel pour construire une situation de projet est de ne pas être seul. Nous irons dans un lieu, peu importe si ce lieu a l'air ennuyeux et morne, moche et mal fait. Il nous faut un lieu pour y déceler des trésors. La situation se construit avec nos corps, avec nos mots, avec nos interactions et les interférences que l'on provoque. Convocateurs de situations. Peut-être même qu'un lieu qui nous inspire le rejet est préférable, pour mettre en fonctionnement notre détermination. Inventeurs d'architectures qui détruisent l'ennui. […] Tout ça n'est qu'une excuse pour comprendre comment agir ensemble collectivement. » 15 novembre 2020

Il a commencé bien avant le début du semestre. Ci-dessous des extraits de textes écrits en séminaire, au cours du semestre 9 avec Yannick Hoffert entre septembre et décembre 2020.

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Louis

La question est simple : comment vivre ensemble dans la dignité et le respect ? La réponse est très compliquée. « L’ensemble » comprend les autres individus, mais aussi le vivant dans son ensemble. La « dignité et le respect » induisent premièrement une compréhension de l’autre, une considération comme le définit Marielle Macé « […] c’est-à-dire, d’observation, d’attention, de prévenance, d’égards, d’estime, et par conséquent de réouverture d’un rapport, d’une proximité, d’une possibilité. »1 en opposition avec le sentiment de sidération, « car sidérer, se laisser sidérer […] c’est rester médusé, pétrifié, enclos dans une émotion qu’il n’est pas facile de transformer en une motion, terré dans une hypnose, une stupéfaction, un envoûtement où s’épuise en quelque sorte la réserve de partage, de liens de gestes. »1 Et le « comment » se trouve en partie dans le dessin des espaces dans lequel nous évoluons, autrement dit l’architecture.

« Il était une fois un projet qui s’engage. Loin de valeurs esthétiques, rentables, c’est l’humain que l’on doit engager à toutes les échelles : dans une pensée collective, dans une architecture habitée. Avec le déjà-là comme base solide, le projet s’ancre dans des problématiques réelles où l’imaginaire, le jeu et la prise de recul vont venir faire émerger des dynamiques et des valeurs nouvelles. Le projet se fait par le collectif, un collectif qui met en action, qui questionne et qui permet d’envisager un futur guidé par un bien commun partagé. » 14 novembre 2020 Zakaria « Voici ma doctrine : Amour, Naïveté et Bienveillance. Selon moi, assumer ces trois conditions, permet d’être l’adulte que l’on rêvait d’être quand on était enfant. Être architecte suivant cette doctrine, c’est produire du plaisir et donner de quoi jouer des problèmes de la vie. C’est produire une architecture abordable, lisible et appropriable. C’est trouver des idées lumineuses dans les coins les plus marginaux, comme Michel Foucault le faisait pour ses livres. C’est s’intéresser, sans cesse, à ce(ux) qui n’intéressent pas ou plus. C’est se confronter aux goûts les plus absurdes mais rares du quotidien. C’est respecter une justesse du dessin face à l’environnement. C’est (re) considérer la nature comme pilier de notre métier. C’est écouter les feuilles tomber avec le nez comme le faisait Arthur Rimbaud et les surréalistes. » 4 octobre 2020

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Marielle Macé, Sidérer, considérer, Migrants en France, 2017, p.23


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Sommaire AVANT-PROPOS

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INTRODUCTION

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CHAPITRE 1, AMASSER POUR COMPRENDRE

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I / Partir de la dérive

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1/ Se mettre en action, à la recherche d'une situation de projet 2/ Immersion au chai Saint-Raphaël, invention de nos outils de projet

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Outil 1, la résidence dans un lieu

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Outil 2, l’entretien

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Outil 3, le carnet de bord commun

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Carnet de bord 1 : « Je me souviens au chai » 3/ Fin d'une dérive, choix des deux situations de projet

II / Au processus

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1/ Processus fonctionnel au travers de protocoles

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Carnet de bord 2 : « Je me souviens aux jardins » 2 / Naissance de nos valeurs de projet

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Des sensibilités singulières pour les pratiques humaines

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Transformation de ces sensibilités en valeurs de projet, la valeur d'usage et le commun

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3 / Autour du processus

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DESSINER POUR QUOI FAIRE ? 14

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CHAPITRE 2, REVELER

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I / Cas d'étude 1, le chai Saint-Raphaël

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1 / Réemploi de l'outil du carnet dans le but de transmettre des intentions

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Carnet d'intentions chai transmission 1 2 / Retour sur le terrain, travail pour bâtir un imaginaire festif

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Conséquence du changement de binôme

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Productions de cette période

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Carnet d’intentions chai transmission 2 3 / Représentation nécessaire à la progression du processus

II / Cas d'étude 2 : les jardins cheminots et leurs alentours 1 / Dessiner l'informel, représenter l'existant, faire naître des intentions

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Planche d’intentions transmission 1 2 / Précision des intentions au travers d'un carnet, découverte de la Z.A.E

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Carnet d'intentions jardins ouvriers transmission 2 3 / Entame d'une réflexion sur les règles urbaines : le PLU pour lotir en commun

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Le Méga Plan Local d'Urbanisme 4 / Entame d’une réflexion paysagère : les folies, sédiment d'un paysage commun Perméabilité de la notion de fête

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Constitution d'un paysage commun

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Faire mondes

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Le lien entre la Z.A.E et les installations paysagères

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CONCLUSION

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GLOSSAIRE

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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Introduction

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En janvier 2021, nous commençons l’aventure avec des désirs en commun : ne pas faire l'exercice du projet de fin d'études seuls car nous défendons une vision du projet qui se réajuste sans cesse et s’expérimente à travers le partage. Ce projet de fin d’études est une succession d’envies, que nous avons travaillées jusqu’à leur donner forme ici. Nous sommes imprégnés de notre expérience au sein du master Situation-s et voulons y donner suite en profitant de ce dernier semestre. Nous voulons expérimenter au travers du PFE et y chercher des manières de le transposer dans nos pratiques futures. Cet exercice de fin est pour nous un test pour se perfectionner. Nous croyons en l’importance du jeu dans la création et qu'il est favorisé par le collectif. Il est nécessaire pour entretenir le plaisir de faire ensemble face à la démarche individuelle que nous suggère l'école d'architecture pour le projet de fin d'études. Le collectif est une force qui nous pousse vers l’avant, dérange notre singularité et la provoque. Travailler en groupe signifie alors s’engager auprès de ses camarades et s'engager dans des situations réelles. Nous y trouvons la ressource pour faire projet. Les vraies solutions aux vrais problèmes de notre monde ne sont jamais venues d’un seul humain, d’une seule forme d’intelligence et d’une seule activité : c’est la pluralité qui nous sauvera. Nous aimerions éprouver cette pluralité et montrer que l'architecture en est le support. Le PFE qui est ici retracé se déroule à Sète. Après la certitude de vouloir faire collectivement, il fallait un terrain. Nous voulions un lieu neutre, que nous ne connaissions pas, accessible aisément afin de nous y rendre régulièrement. Sète représentait pour nous une réalité autre, dans laquelle nous allions nous plonger facilement et fréquemment, et construire notre histoire commune. 17


L'écologie plurielle impliquée par le processus

reconstruire l’ensemble des modalités de l’être-en-groupe. Et cela pas seulement par des interventions « communicationnelles » mais par des mutations existentielles portant sur l’essence de la subjectivité. […] De son côté, l’écosophie mentale sera amenée à ré-inventer le rapport du sujet au corps, au fantasme, au temps qui passe, […] ". Dans cette perspective, la conduite d’une action collective doit tenir compte de l’ensemble de ces dynamiques (de ces épreuves) car elles affectent inévitablement les rapports que les acteurs entretiennent entre eux et les rapports établis avec le contexte d’intervention, sans négliger non plus l’expérience des acteurs euxmêmes que le projet interpelle nécessairement dans leurs compétences, leur imaginaire ou leur désir. S’interroger donc sur la « qualité » écosophique d’un projet, c’est réfléchir conjointement à sa réactivité, à sa créativité et à sa disponibilité, l’ensemble constituant alors l’écologie propre de chaque action (collective). »2

La recherche induite dans notre PFE se base sur l'hypothèse que le processus fait projet. Où nous mènera ce processus, quel chemin allons-nous fabriquer collectivement ? Pourquoi sommes-nous friands de rencontres ? Cette démarche fait écho à l'écosophie d'un projet de Pascal Nicolas Le Strat. Le sociologue oppose une logique de projet embarquée à une logique de projet écosophique qui absorberait de nouveaux paramètres et des changements d'orientation continuellement : « Dans ce cas, le projet ne « tient » pas de luimême et par lui-même, par simple inertie, mais grâce aux nombreux rapports qu’il entretient avec son environnement. Le projet existe alors en fonction d’une écologie propre, c’est-àdire en fonction de tous les dehors auxquels il se confronte et qui le mettent à l’épreuve (un nouveau partenaire, un changement de contexte, une décision imprévue). »1

Réactivité D'après Pascal Nicolas Le Strat, la réactivité du projet réside dans la capacité des porteurs du projet à être attentifs aux « micro-événements » pour explorer chacune des potentialités qui se fait jour.

L'architecture est un domaine où nous sommes en mesure de nous positionner, au travers du projet nous avons une prise sur le monde : ce travail est une recherche afin de dessiner une écosophie de projet. Qu'est-ce qu'un projet de fin d'étude écosophique ? Il est nécessaire de dire que, malgré une posture « naïve », notre regard est orienté, nous tentons de déceler à chaque étape les caractéristiques d'un tel projet.

Créativité Toujours d'après le sociologue, la créativité réside dans la capacité des porteurs du projet à expérimenter et à prendre des risques, à ne pas se mettre dans des rôles pré-établis. Dans le cas d'un projet opérationnel, la créativité est plus risquée. Nous profitons pour notre part de notre statut d'étudiant pour pouvoir expérimenter pleinement, et potentiellement faire face à l'échec.

« Félix Guattari nomme écosophie la multiplicité des interactions et des relations qui sont (ou devraient être) constitutives de n’importe quelle réalité et qui relèvent autant d’un rapport aux autres (écologie sociale), d’un rapport à soi (écologie mentale) que d’un rapport à un environnement de vie (par exemple, une écologie urbaine). " L’écosophie sociale consistera donc à [...] 1

Pascal Nicolas Le Strat, Une manière écosophique de faire projet, PNLS, 2007, https://pnls.fr/

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Ibidem


Disponibilité Enfin, la disponibilité est expliquée tel l'allerretour entre la mise en place de procédés afin de faire fonctionner le projet et le maintien d'une ouverture sur les possibles qui apparaissent au fur et à mesure (c'est-à-dire conserver la réactivité une fois que le projet est entamé). Comment faire en sorte que notre processus comprenne ces trois paramètres ? Comment rester attentifs ? Pour ce faire, nous nous plaçons dans une sorte d'improvisation et de reconfiguration du projet selon les mouvements et les interventions d'acteurs et de l’évolution des sites : un bricolage du réel. De l'intuition forte qu'il fallait que nous nous confrontions à la réalité du terrain dans un mode d'allers-retours permanents, des questions se sont posées : Que nous apporte cette posture écosophique ? En quoi change-t-elle la proposition architecturale ? L'entrée dans le projet par le terrain uniquement change-t-elle la qualité de notre travail ? Dans une dynamique d'enrichissement permanent des façons de faire projet : comment mettre en résonance nos pratiques classiques étudiantes et des pratiques nous permettant d'avoir une approche plus situé, davantage juste à nos yeux ? Faut-il se détacher de nos « outils étudiants » ? Comment lier nos acquis universitaires tout en développant d'autres formes de communication, de travail et de représentation ? Simplement, montrer le processus révèle la richesse de l'architecture, en effet chaque détour se présente tel un projet en soi : quels outils vont se révéler utiles, quels choix spatiaux ou programmatiques vont émerger ? Quelles étapes vont se dessiner ?

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Chapitre I , amasser pour comprendre

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Lors de ce chapitre nous verrons quels ont été les éléments déclencheurs qui ont orienté puis alimenté le projet/processus. Il sera question d’exposer et de revenir sur les étapes par lesquelles nous sommes passées – période flottante de dérive, résidences à Sète, élaboration et appropriation d’outils qui nous sont propres (entretiens, carnets de bord, comptes-rendus réflexifs, podcasts) – pour se fixer sur deux cas d’études permettant de révéler en architecture notre approche. Cette rétrospective donnera lieu à la constitution de notre propre définition d’un processus, situé, caractérisant notre manière de travailler et emblématique de notre projet de fin d’études.

Zakaria s’entretenant sur la place de la République avec Igor

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IPartir de la dérive

autour du chai Saint-Raphaël pour enfin finir au-delà du chai par l’exploration des berges de l’étang de Thau. Lors de cette première période nous avons pris un risque du point de vue de l’efficacité, nous avions alors une certaine conception du temps : celle de la lenteur, du temps pour le temps. Il s’agissait de prendre nos marques, de nous encontrer, d’entamer une histoire, et de prendre contact avec le territoire. Cette première période d’immersion a été précieuse : un temps gratuit dénué de toute volonté de rentabilité et conduisant finalement à nos deux situations de projet.

Cette partie retranscrit une première étape (le mois de février 2021), caractérisée par la dérive, par laquelle nous sommes passés. Nous le verrons, la dérive a pris pour nous plusieurs formes telles que l’errance, qui nous a menés à effectuer un séjour prolongé à Sète

Sur les quais de la gare de Sète

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1) Se mettre en action, à la recherche d'une situation de projet

« C’est vrai, il ne nous est rien arrivé d’extraordinaire. J’ai l’impression qu’il nous manque quelque chose. On doit préciser notre envie. Avoir une cible. Avoir quelque chose à chercher, oui notre problème c’est qu’on ne sait pas ce qu’on cherche. On est des pirates sans quête de trésor. Définissons ce trésor. Faisons des choix. Informons-nous. Positions-nous. »3

Le mardi 19 Janvier 2021 a été notre premier contact avec la ville de Sète. Nous nous essayons à la « dérive »1 (outil d’arpentage basé sur l'errance, issu du mouvement situationniste qui consiste à éprouver les espaces urbains et leurs connexions). Nous ne savons pas ce que nous cherchons, n’y où nous allons, rien n'avait été programmé, si ce n'est une ligne directrice :

Finalement, partir ainsi en quête d’un projet, sans point d’ancrage nous a été difficile. Notre seule présence physique à Sète n’a pas été suffisante au déclenchement d’une situation de projet, une accroche était nécessaire. Nous avons sollicité Germana Civera (chorégraphe et résidente au chai Saint-Raphaël à Sète, que nous connaissions comme intervenante au sein du studio Situation-S) qui nous a donné accès à un lieu : le chai Saint-Raphaël.

« Nous avions convenu de passer au nord du Mont Saint-Clair, nous avions appelé ça le “Dark Side” , car nous pensions que c’était le côté moche de Sète. Là était justement notre volonté : passer par les endroits moches, sortir de la carte postale. Ainsi nous étions partis sur une route moche, en direction du Lido et de ses immeubles moches. »2 En ce début d’année nous envisagions cette première dérive telle une entrée en matière dans le projet, néanmoins cette première approche avec le territoire sétois n’a finalement pas était décisive dans le positionnement que nous avons pris par la suite. En revanche, cette journée nous a permis de mettre en route le projet et de concrétiser l’envie commune de faire du terrain. C’est plutôt la constitution du groupe que nous retiendrons, ces extraits de comptes-rendus individuels en témoignent.

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Guy Debord, « Théorie de la Dérive », Internationale Situationniste, Paris, n°2 décembre 1958 Extrait d’un compte-rendu commun, le 19 janvier 2021

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Extrait d’un réflexif de Zakaria le 19 janvier 2021


2) Immersion au chai Saint-Raphaël, invention de nos outils de projet

« Une ou plusieurs personnes se livrant à la dérive renoncent, pour une durée plus ou moins longue aux raisons de se déplacer et d’agir qu’elles se connaissent généralement, aux relations, aux travaux et aux loisirs qui leur sont propres, pour se laisser aller aux sollicitations du terrain et des rencontres qui y correspondent. »1

Afin de mettre en route notre dynamique de groupe nous avons organisé une première immersion : une semaine de résidence (du lundi 1 février au vendredi 5 février 2021) dans cet ancien chai viticole reconverti en ateliers d’artistes. Nous envisagions à ce moment-là le chai tel un point d’ancrage à Sète (et non comme un site de projet), donnant l’opportunité de divaguer aux alentours. L’intuition qui nous poussait vers ce lieu était forte, nous étions ravis d’en avoir la clef.

Comme décrit ci-dessus, nous avons vécu cette première semaine passée à Sète comme une dérive. L’extrait suivant témoigne de cette posture parfois incertaine, de la latence dans laquelle nous nous trouvions parfois quand nous nous rendions sur le terrain.

« Ne jamais exiger quoi que ce soit, attendre. Nous sommes dans une attente active. Attente ce n’est pas synonyme d’ennui. Je sens la ramification des possibles s’étendre. L’arborescence des choses à faire, des pistes potentielles, des contacts à établir s’agrandit. Ça devient dense. »2 En effet, cette immersion n’avait pas d’objectifs précis, mis à part celui de se laisser aller de rencontre en rencontre sans même penser à quoi nous servirait les heures de discussions accumulées.

Louis ouvrant la porte du chai

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Guy Debord, Internationale Situationniste, Paris, n°2 décembre 1958 Extrait d’un réflexif d’Alice, le 4 février 2021


Nous avons laissé de côté la rentabilité, nous nous sommes complètement laissés guidés par le terrain et surtout par les rencontres que nous y faisions. Notre processus a ainsi commencé par un temps flottant sur ce terrain (le chai et ses alentours), une dérive échelonnée sur plusieurs jours, avec à chaque fois cet immuable trajet en train, annonçant le début de l’aventure. Mais alors comment rendre compte de ce que nous vivions et découvrions à ce moment là ? Comment donner naissance à un projet à partir de ce que nous amassions sur le terrain qui est le plus souvent de l’ordre des rencontres, du subjectif et de l’informel ? Autant de questions que nous nous sommes posées dès le début de cette semaine d’immersion. C’est alors que nous avons fabriqué des outils nous permettant de comprendre les lieux, d’archiver nos sorties et nos découvertes, de travailler ensemble, de communiquer et de faire naître les projets. Ces outils nous sont propres, ils nous ont suivi tout au long du processus, nous avons su, au fil des semaines, les étayer. Zakaria en attente active

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Outil 1 : la résidence dans un lieu Résider plusieurs jours au chai, y consacrer du temps (dans des interactions à premières vue inutiles) a donné l’occasion à notre groupe d’éprouver le lieu dans son quotidien, de nous charger de son ambiance, de son intimité. La résidence conduit à sortir de la notion de visite. Notre présence journalière durant cette semaine a abouti à une compréhension très fine des lieux, des habitudes, des détails, des usages. Autant de paramètres qui, évidement, chargent les futures propositions architecturales (Cf. Chapitre II).

« Ça a été une journée dingue, comme hier, et tout le reste. J’ai du parcourir pas loin de 20km, parler à je sais pas combien de jeunes, vieux, adultes, chiens... J’apprends énormément. Vive l’école de la rue, j’aime apprendre de la vie et non sur la vie sur une chaise dans une salle aseptisée et terne. »2

Ici, un témoignage d’Alice nous donnant la mesure de l’importance de la résidence, car induisant un sentiment d’appartenance au lieu et donc un accès privilégié à cet espace habité. « “J’ai toujours été sensible aux voix déportées par le vent, aux voix qui ne s’adressent pas à vous et vous amènent, un instant, quelques paroles banales, les paroles éternelles de chaque jour.’’ Christian Bobin, L’épuisement J’adore être en permanence dehors. Passer toute la journée à l’extérieur c’est vraiment agréable. C’est là que je me sens le plus vivante. Voir le temps qui évolue d’une heure à l’autre donne l’impression qu’aucun jour ne se ressemble. Lorsque l’on est dehors la vie devient plus dense. Être en permanence surprise par ce qui se passe dans la rue. Savoir qui sont les habitués du quartier. S’inscrire dans les murs. Être au courant des rituels, de la vie quotidienne. (…) sourire / ‘’Bonjour’’. Nous sommes devenus des experts pour trouver de la substance dans ces conversations ordinaires. »1

Zakaria nous fait aussi part de son enthousiasme quant à cette posture active de découvertes, forte en apprentissages.

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Extrait d’un réflexif d’Alice, le 03 février 2021

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Extrait d’un réflexif de Zakaria le 03 février 2021


Outil 2 : l’entretien

Ce mail a donné suite à une série d’entretiens avec les artistes du chai : Bhâ, Suzy Lelièvre, Séverine Péron, Cécile Mella et Germana. Ces rencontres ayant elles-mêmes mené à d’autres : notamment celle d’un ancien ouvrier du chai, Christian, dont nous avait parlé Bhâ. Ces pérégrinations autour et au sein du chai Saint-Raphaël furent très riches, nous y avons pleinement employé l’outil de l’entretien et celui de l’enregistrement.

Aussi, lors de cette résidence, nous nous sommes intéressés aux artistes et à leurs pratiques. Nous avions pour objectif de nous entretenir avec chacun d’entre eux afin de les connaître. Cette démarche n’est pas née d’un intérêt singulier pour des questions artistiques, cela a été un bon prétexte pour s’adresser aux usagers des lieux, créer et entretenir un lien avec eux et le chai. Cela rejoint aussi notre volonté de faire partie du décor. « Dans le cadre de notre projet de fin d’études, nous aimerions questionner le processus de création et travailler à Sète. Pour cela, Germana Civera nous a fait visiter le chai le 15 janvier dernier […] L’objet de ce mail est de vous solliciter : nous aimerions discuter avec vous de votre relation avec ce lieu particulier mais aussi de votre processus créatif, méthode de travail, rapport au réel. »3 3

Extrait de mail envoyé à l’ensemble des artistes résidents, le 28 janvier, trois jours avant notre résidence au Chai

Le groupe s’entrenenant avec Bhâ dans son atelier

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Nous avons ainsi d’une part, amassé des données au travers de la parole des habitants du chai et d’autre part, nous avons archivé notre semaine par des réflexifs rédigés à chaud le soir en rentrant à Montpellier. Dans l’extrait d’un compte-rendu réflexif de Léa, on comprend comment nous employons ce nouvel outil et cherchons à faire parler les gens quelque soit le prétexte.

« Nous avons les mêmes réflexes d’enregistrement, le bruit de grésillement électrique dans les grands pylônes, le passage d’un train sur fond de piaillement d’oiseaux. »2 En effet, nous enregistrons un maximum d’échanges, de fragments sonores, d’ambiances urbaines, en vue de l’élaboration des podcasts. Cette double lecture du moment présent est énergivore.3

« On devient des sortes de capteurs à toute épreuve, on essaie de poser les bonnes questions aux bons moments, on laisse un peu traîner les blancs, on les éprouve. Une enquête vers un but non connu. Nous laissons nos mails et nos numéros à tout va, on embarque les gens, on les fait parler, on les presse comme des citrons. Et puis, deux heures passent, et on se rend compte que c’est nous qui nous faisons embarquer, comment on va faire le tri dans toutes ces informations ? Des portes s’ouvrent et des mots en jaillissent, plein, plein, plein. Aujourd’hui, j’ai été impressionnée par Zak. Microphone en main, doigts refermés soigneusement sur le manche pour pas faire grincer le plastique, bras tendu vers tout ce qui émet un son, écouteurs aux oreilles pour une réalité augmentée, regard fixe, droit dans les yeux, acquiescement, question. Nous avons trouvé un outil de projet très efficace :

« L’énergie de quatre personnes me paraît adaptée pour être comme cela sur le terrain, parce que en plus, après cette semaine, il va falloir faire un grand tri et un traitement de l’information important »4. Ces podcasts nous ont aidés au début de notre processus, servant à la fois à archiver notre vécu mais aussi à le filtrer, car permettant de retranscrire certaines informations ou données plus marquantes à nos yeux que d’autres. Par la suite, ce filtre a été un pré-requis pour verbaliser nos intentions de projet. « Il y a une verticalité que ce lieu-là permet et qu’on n’aurait pas autrement. (...) L’architecture, elle induit quand même quelque chose du repli, (...) elle est assez grandiose avec les treillis à la Eiffel ; on est très loin du white cube, c’est ça qui m’intéresse dans cet espace. Et ici on a aussi tout ce potentiel non utilisé du chai. (...) Il y a un vrai potentiel dans le lieu, d’ailleurs si vous êtes là c’est qu’il vous fait un peurêver le lieu. »5

la tchatche. »

1

La « tchatche », est un double travail : nécessitant sur le moment de la concentration et parfois un air faussement intéressé pour enregistrer la bonne intonation, ou l’anecdote qui ne prévient pas. Ensuite, un second travail de réécoute et de dérush est nécessaire.

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Extrait d’un réflexif de Léa, le 04 février 2021

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Extrait d’un réflexif d’Alice, le 25 février 2021 Lien vers l’intégralité des podcasts, Portraits, https://ruedelarevolution.bandcamp.com Extrait d’unréflexif de Léa, le 04 février 2021 Extrait du podcast Le chai Saint-Raphaël, 5 min 31


Outil 3 : le carnet de bord commun Un troisième outil est né à la suite de notre résidence : le carnet de bord commun. Lors de cette première semaine d’immersion il nous est apparu essentiel de consigner notre vécu. Photographies, résumés personnels de la journée, les « Je me souviens », ont été autant de moyens de nous rappeler et de constituer une base pour ensuite revenir sur ces moments clefs et permettre la prise de recul sur ce que nous avons vécu. Sans ce travail rigoureux effectué à chaud, la recherche que nous proposons aujourd’hui sur le processus n’aurait pas été possible. Ces carnets réflexifs sont notre matière première, grâce à eux nous savons comment nous avons cheminé jusqu’ici. De plus ces compilations de récits individuels anonymes sous forme de carnet donnent corps à notre groupe. Ils nous donnent la possibilité de rendre visible notre travail et notre regard porté sur le lieu, de faire exister notre groupe comme entité aux yeux des autres. Nous n’avons d’ailleurs pas manqué de transmettre et faire lire ces carnets aux artistes du chai notamment. D’ailleurs nous invitons vous aussi à feuilleter ce premier carnet, pour une immersion davantage complète dans ce lieu à travers nos mots.

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Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens au chai Le chai, premier pied à terre pour débuter notre PFE était avant tout un prétexte pour nous disperser dans la ville à la recherche de matières, d'humains, ces rencontres ont guidé nos journées, nous menant frénétiquement aux quatre coins de Sète seulement pour écouter les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller voir telle ou telle personne qui nous dirait autre chose. En trois jours, nous avions réussi à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole du chai ou bien jusqu'à un jeune architecte qui nous ferait visiter tout Sète en quête de sites de projet. Mais pour autant, alors que nous voulons le plus possible élargir nos horizons, tout continue à nous mener au chai, à son intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistes qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, rompant totalement avec le monde extérieur.

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CARNET DE BORD RESIDENCE DU 01 AU 05 FÉVRIER 2021 AU CHAI SAINT-RAPHAËL, SÈTE

COLLECTIF RUE DE LA RÉVOLUTION

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Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens au chai Le chai, premier pied à terre pour débuter notre PFE était avant tout un prétexte pour nous disperser dans la ville à la recherche de matières, d'humains, ces rencontres ont guidé nos journées, nous menant frénétiquement aux quatre coins de Sète seulement pour écouter les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller voir telle ou telle personne qui nous dirait autre Le chose. En Rue troisde jours, nous avions réussi Collectif la Révolution c’est Léa, Alice, Louis et Zakaria, étudiants à l’école d’architecture de Montpellier, à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole qui ensemble font leur projet de fin d’études. Ce projet est pour eux un début plutôt du chai ou bien jusqu'à un jeune: architecte quiaimeraient pratiquer qu’une fin. Iels se demandent comment ils nous ferait visiter? tout Sète en de sites l’architecture Comment iels quête arriveront à imposer leur engagement pour une conception plus juste des espaces de projet. Mais pour autant, alors que nous? Leur matière première : l’humain. Leur demarche : la dérive. Leur recherche : l’imprévu. voulons le plus possible élargir nos horizons, Leurs convictions : la révolte et l’amour. tout continue à nous mener au chai, à son intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistes qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, rompant totalement avec le monde extérieur.

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MERCI À GERMANA POUR SON SOUTIENT ET AUX ARTISTES DU CHAI POUR LEUR ACCUEIL 3

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Résumé Carnet de bord 1 LUNDI Je01/02 me souviens au chai

Ebhâhi.e.s

Lelachai, pied terre pour pas débuter Je me souviens de porte premier en acier du chaiàqui ne ferme complètement, le dormant et l’ouvrant ne sont pas notre PFE était avant tout un prétexte pour à fleur. Je me souviens du bac disperser de développement verre, posé à madedroite lors de l’entretient avec Bhâ. nous dans laphoto villeenà la recherche Je me souviens de la texture mate des photos des projets de Bhâ. matières, d'humains, ont guidé Je ne me souviens pas vraiment de tout ce ces dontrencontres nous avons parlé lors de l’entretient avec Bhâ. nosmoments journées, nousposait menant frénétiquement Je me souviens des où Léa des questions à Bhâ, des aux moments de flottement, où elle arrivait à rompre le silence en donnant l’impression d’être spontanée, alors que quatre coins de Sète seulement pour écouter j’avais l’impression que sa question avait tourné et retourné dans sa tête, patientant jusqu’au bon moment pour naître. lesvert, gens, d'aller du gymnase que nous avons visité. Je me souviens du verteux-mêmes couleur banc nous public,conseillant celui de la structure voir telle ou telle personne nous dirait Je me souviens des plaques perforées d’acier fixé qui sur les garde-corps. Je me souviens de la cafetière qu’on ne peut pas attraper. autre chose. En trois jours, nous avions réussi Je me souviens du tic tac du mirador. à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole Je me souviens du froid du matin. dunotre chairepas ou bien jusqu'à un jeunedesarchitecte Je me souviens de aux côtés du triptyque mamies duqui banc. Je me souviens de l’excroissance du cloché de l’église, posée sur le toit nous ferait visiter tout Sète en quête de sites de tuile. Je me souviens de l’ambiance calfeutrée de l’atelier de Bhâ. de projet. autant, alors que nous Je me souviens qu’il ne faut Mais pas direpour atelier mais studio. voulons le sur plus élargir nos horizons, Je me souviens des rallonges la possible table à manger de la cuisine. Je me souviens du petit carnet de Léa. tout continue à nous mener au chai, à son Je me souviens des converses vertes de Louis. intériorité et aux l'habitent. Tant Je me souviens du bleu du matin, durésidents gris du midiqui et de la fine pluie de l’après-midi. l'architecture que lorsque le gestenous commun des artistes Je me souviens de notre étonnement avons réalisé que la gare c’était à côté. Je ne me souviens pass'approprient de la caméra deleZakaria. qui lieu confère au chai une Je me souviens de la confiance de Germana. identité et un imaginaire qui lui est propre, Je me souviens de la tour en allumettes. rompant avec le monde extérieur. Je me souviens du poupon totalement qui s’est suicidé. Je me souviens de la pente dans le mauvais sens de la rue de la Révolution. Je me souviens de l’arrière-goût du café chaud. Je me souviens de l’enthousiasme joyeux de Léa. Je me souviens de l’optimisme de Zak. Je me souviens de l’oreille attentive de Louis. Je me souviens de mon scepticisme coupable et gratuit. Je me souviens des toilettes déguisées en cuves. Je me souviens de l’enthousiasme de Bhâ quant à l’idée que nous travaillons sur le chai. Je me souviens de notre petit point sur la poubelle du matin. Je me souviens des roues du caddie de Bhâ qui cognent les carreaux du sol. Je me souviens des vis et des écrous bien rangés dans des petites boîtes en plastique. Je me souviens du froid qui a gagné mes oreilles et mon dos. Je me souviens du chapeau en feutre de Bhâ dont les contours étaient illuminés par la lumière faible. Je me souviens du son métallique lors de l’ouverture de la grille de l’atelier. Je me souviens de la maille métallique teinte de rouille dans un bac en verre, mimant la mer pour un bateau miniature. Je me souviens du chai, avec à l’intérieur l’atelier de Bhâ, avec à l’intérieur des piles de valises en cuir, avec à l’intérieur des télécommandes. Je me souviens que dans l’entrée immense du chai, il y avait un petit buffet en bois sombre et brillant et à ses côtés un tuyau en plastique vert clair qui tenait debout, comme un serpent à sonnette. Je me souviens que dans la cuisine, aucune chaise n’est identique. Je me souviens avoir pensé qu’il y avait beaucoup de tasses à café, j’ai remarqué une seule paire. 4

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Je me souviens de la fausse fourrure avec un imprimé léopard de la vieille dame sur la place Aristide Briand.“ Elle est jolie votre veste. ” “ Et moi, je suis pas jolie ? ” Je me souviens qu’il y avait un seul déambulateur pour cinq madames. Je me souviens du mot “ amoureuse ” inscrit en noir au feutre indélébile sur un carreau blanc dans la cuisine. Zakaria l’a photographié. Je me souviens qu’Alice a mentionné que la luminosité du néon lui plaisait, austérité satisfaisante. Je me souviens des chaussures de marche Quechua de Bhâ. Je me souviens que Bhâ connaît surtout les gens par leur prénom. Je me souviens ne pas avoir compris le jeu de mot de l’onglerie “ Jen’7’nails ” place du kiosque. Je me souviens que sur les radios des poumons à la fenêtre de Bhâ était inscrit le nom Marie-Claude. Je me souviens que les derniers mots de Germana cet après-midi étaient “ fuerza y movimiento ”. Je me souviens m’être dit qu’on pourrait installer des miroirs sous la passerelle en face de ceux au sol pour créer une vue infinie. Je me souviens de l’affiche “ Samedi 18h. Bal masqué ” sur la porte d’entrée du chai. Je me souviens que les anciennes ampoules sont plus intéressantes pour les installations artistiques de Bhâ car transparentes. Je me souviens de la peine de Germana quant à la fermeture des frontières.

Ce premier jour à Sète était très intéressant, j’ai l’impression que nous menons une enquête sans but mais que les indices s’accumulent. Nous sommes bien à quatre, cela nous permet d’être en binôme et d’aborder ainsi le terrain. Le matin, l’entretien avec Bhâ était éprouvant mais calme et riche. J’ai compris pour ma part que le travail permanent et la recherche continue nourrissent sa pensée et que les temps de pause n’existent pas. Son atelier est une imbrication d’installations, comme nous l’avons dit, un “ book in vivo ”. Après l’entretien nous sommes allés manger avec Germana, qui nous a ensuite montré son espace de travail au chai, espace auquel nous avons accès ainsi que les espaces communs (le rez-de-chaussé, la cuisine). Nous avons vu le bâtiment accolé aux chais, qui faisait auparavant partie du même corps de bâtiment. C’est aujourd’hui un immense gymnase, bâtiment industriel rénové. L’espace est impressionnant, un mur et une épaisseur de cuve séparent ces deux entités. La fin de la journée s’est soldée par une discussion à quatre, nous avons évoqué le fait de continuer à travailler au chai. L’idée que ce lieu même nous pousse à travailler à quatre est important, y passer du temps va nous lier et j’ai hâte de voir comment le groupe va évoluer.

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Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens au chai Le chai, premier pied à terre pour débuter notre PFE était avant tout un prétexte pour nous disperser dans la ville à la recherche de matières, d'humains, ces rencontres ont guidé nos journées, nous menant frénétiquement aux quatre coins de Sète seulement pour écouter les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller voir telle ou telle personne qui nous dirait autre chose. En trois jours, nous avions réussi à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole du chai ou bien jusqu'à un jeune architecte qui nous ferait visiter tout Sète en quête de sites de projet. Mais pour autant, alors que nous voulons le plus possible élargir nos horizons, tout continue à nous mener au chai, à son intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistes qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, rompant totalement avec le monde extérieur.

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Résumé Carnet de bord 1 MARDI Je 02/02 me souviens au chai

L’école de la rue

Je me souviens du léopard de Germana. Lechapeau chai, premier pied à terre pour débuter Je me souviens que la femme décédée de Philippe, rencontrée rue de la Fraternité s’appelait Mireille. notre avant“gros” tout un prétexte pour Je me souviens que sonPFE fils leétait surnomme alors que sa fille le surnomme “pap’s”. nous villerouges. à la recherche de Je me souviens que les disperser lunettes de dans Chad la étaient Je me souviens que Germana a mangé ceces midirencontres une pommeont et une orange. matières, d'humains, guidé Je me souviens que le grand père de Zak disait “si seulement jeunesse savait, si seulement vieillesse pouvait”. noslajournées, nousse menant aux que le môle se jette dans la MéditerraJe me souviens que Pointe Courte jette dansfrénétiquement l’étang de Thau tandis quatre coins de Sète seulement pour écouter née. Je me souviens que froid eux-mêmes vient nous frapper que l’on ouvre la porte d’entrée. les legens, nousdèsconseillant d'aller Je me souviens avoir cru que la chasse d’eau de l’urinoir était cassée tant elle durait longtemps. voirquelqu’un telle ouatelle quicafé nous Je me souviens que fermépersonne le paquet de quedirait nous avions acheté avec un bout de scotch. autre chose. Encoupé troisqui jours, nous avions Je me souviens de l’odeur de bois régnait lorsque nousréussi sommes revenus au chai à 14h. Je me souviens du bruit des mouettes qui résonne dans un chai vide. à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole Je me souviens avoir dû franchir deux fois l’eau pour aller de la gare à la rue Révolution. du chai ou bien un jeune architecte quiqui donne sur la rue. Je me souviens m’être demandé ce jusqu'à que ça ferait si on perçait la façade nous ferait visiterreprises tout Sète quête aucun de sites Je me souviens m’être dit à plusieurs que en je n’avais repère ici, et m’être demandé si je qualifierais cet endroit dede fuyant. Non. projet. Mais pour autant, alors que nous Je me souviens des moments de flottement, où naissent les discussions. voulons le plus possible Je me souviens de la décision de sortir et de laélargir hâte quinos s’enhorizons, y suivit. tout à nous mener de aufer. chai, à son Je me souviens du saccontinue en tissu pendu au triangle Je me souviens d’une tirelire et avec unrésidents imprimé joueurs de catch sur fond bleu. intériorité aux qui l'habitent. Tant Je me souviens d’une installation en cours : un carton, un pot de fleurs, une fleur rouge dépotée. l'architecture que ledugeste commun des artistes Je me souviens des chaussures fleuries peintre du troisième. quil’effet s'approprient le lieu au nous chai son unemeuble de stockage portatif roulant, dévoiJe me souviens de incroyable quand il aconfère tourné vers lant de multiples étagères emplies de matériel. identité et un imaginaire qui lui est propre, Je me souviens avoir changé de tasse entre hier et aujourd’hui. rompant totalement le monde extérieur. Je me souviens que cela faisait rire Louis,avec le robinet qui goûte, seul, ploc ploc dans le bac en acier. Je me souviens d’une chaise en velours orange, usée. Je me souviens du plateau en plastique rose avec des fleurs orange posé à côté d’une machine à bois. Je me souviens du vert clair des poutres treillis qui se confronte au bleu ciel des cuves. Je me souviens de l’impression d’isolement. Je me souviens que tout était froid : l’air, le béton des marches, le carrelage blanc, les mains courantes en métal. Je me souviens qu’il y a des carreaux de vert au dessus de la porte, quelque-uns sont brisés. Je me souviens qu’il a du thé au gingembre et une bouture de plante grasse dans de l’eau : l’eau a fait une marque marron autour du verre. Je me souviens que dans l’espace de stockage en bas il y a une étoffe rouge et un fauteuil bleu à l’envers. Je me souviens de la crème pour les mains à la mangue à côté du lavabo. Je me souviens d’une miche de pain très dure : une fois près d’une fenêtre, une fois sur un meuble dans la coursive. Je me souviens dans l’atelier du haut, de deux murs qui se rejoignent et forment un angle très aigu, dans cet espace reculé, a été entreposé un haut carton.

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Aujourd’hui nous étions en mode zoomeur. Une journée fatigante, l’extérieur ça fatigue. On arrive au chai vers 10h. On prend le café. On a vraiment du mal à s’y mettre. Puis on se lance, 11h, rue de la Révolution. Nous avons passé notre journée à l’extérieur dans cette rue et nous ne savons toujours pas d’où sors son nom, Révolution. Pourtant, désormais c’est aussi le nôtre. Cette rue elle est bizarre. Elle est à la fois toute droite mais aussi biscornue. On n’en voit pas le bout. Lorsqu’on se trouve tout en haut, on a l’impression que la rue se jette dans la mer, qu’elle y plonge perpendiculairement. A première vue, comparée à celles qui la traversent, elle paraît plus ou moins plate, mais si l’on s’y penche un peu mieux ce n’est pas du tout le cas. Ça monte et redescend dans tous les sens. La pente qui reste la plus marrante, c’est le dévers. J’adore les dévers, les devers ce sont les pentes qu’on ne voit pas, celles qui sont négligées et non calculées. Rue de la Révolution ce n’est pas inondable. C’est comme s’il fallait avoir une jambe plus courte que l’autre pour ne pas marcher en italique. Il y a beaucoup d’autres rues qui viennent la couper en angle droit, des rues implantées en peigne, ses dents sont toutes à équidistance les unes des autres. J’ai le sentiment que la Rue de la Révolution n’est pratiquée que de manière transversale, les gens suivent la pente principale, ils la traverse. On ratisse la rue depuis chaque extrémité, micro à la main. Il se passe des tonnes de choses ! Je ne pensais pas pouvoir autant voyager dans une seule rue. C’est comme un poème de Baudelaire, on se laisse enivrer du moment, le soleil est avec nous, les gens sont bavards et sympas. On parle de tout et de rien. On a la sensation de faire un travail social fort intéressant. Ici les immeubles communiquent beaucoup avec la rue. A chaque fois que nous allons au chai, juste avant, il y a les interphones qui parlent tout seuls, je ne sais pas trop ce qu’il racontent. Peut-être que les gens là-haut s’ennuient ? D’ailleurs beaucoup de portes d’entrée sont entre-ouvertes nous incitant à la curiosité. Celle du chai est fermée mais nous en avons les clefs, Louis nous ouvre. J’ai l’impression que cela se précise, nous allons travailler sur le chai. Mais comment traiter un tel lieu ? Quel processus ? Le fur et à mesure lui sied bien, le bricolage, l’appropriation graduelle. Comment dessiner le fur et à mesure ? Ça résonne fort, c’est un espace d’échos. Même nos mouvements restent longtemps dans l’air. C’est aussi un lieu de fiction, un univers qui en contient beaucoup d’autres, quelles légendes le chai a-t-il à nous raconter ? Faire parler les résidents me semblent vraiment pertinent. Bhâ nous a parlé du passé viticole, des écoliers qui buvaient le vin qui coulait des énormes tuyaux à l’extérieur du chai. Cela donne vraiment envie d’enquêter et de rencontrer des personnes ayant travaillé dans les chais. En creusant un peu, chacun évoque le vin, telle la grande époque de Sète. Il apparaît que la problématique des chais viticoles, de leur abandon, et maintenant de leur reconversion est un enjeu commun à bien des endroits dans la ville. Nous sommes là face à un cas d’étude. Je me sens motivée par ce projet et j’ai l’impression que nous sommes sur de bonnes pistes. En une journée, j’ai pu sentir notre groupe s’unifier plus, un peu encore. Nous sommes quatre, peut-être un médium pour explorer en profondeur les problématiques qui s’offrent à nous et expérimenter des outils de projet qui nous tiennent à cœur : l’entretien, l’échange, la marche lente, le dessin, l’enquête. Je dirais pour le moment, que notre processus est un flottement agréable, entre le tumulte rue de la Révolution et le froid humide du chai. Je retiendrais une phrase, celle d’Igor : “La guerre, c’est quand les parents enterrent leurs enfants et non l’inverse, nous ne sommes pas en guerre.” 9

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rue de la Révolution. C’est décidé, c’est aussi le nom de notre collectif. rue depuis chaque extremité, micro à la main. Il se passe des tonnes de autant voyager dans une seule rue. C’est comme un poéme de Baudela le soleil est avec nous, les gens sont bavards et sympa. On parle de tout un travail social fort interressant. Je retiendrais une phrase; celle d’Igor enterre leur enfants et non l’inverse, nous ne sommes pas en guerre.” ente

Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens au chai

Le chai, premier pied à terre pour débuter notre PFE était avant tout un prétexte pour nous disperser dans la ville à la recherche de matières, d'humains, ces rencontres ont guidé nos journées, nous menant frénétiquement aux quatre coins de Sète seulement pour écouter les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller voir telle ou telle personne qui nous dirait autre chose. En trois jours, nous avions réussi à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole du chai ou bien jusqu'à un jeune architecte qui nous ferait visiter tout Sète en quête de sites de projet. Mais pour autant, alors que nous voulons le plus possible élargir nos horizons, tout continue à nous mener au chai, à son intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistes qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, rompant totalement avec le monde extérieur.

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On fait deux groupes et on ratisse la e choses! Je pensais pas pouvoir aire, on se laisse enivrer du moment, et de rien. On a la sensation de faire r “ La guerre, c’est quand les parents

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Résumé Carnet de bord 1 MERCREDI 03/02 Je me souviens au chai

Mimosa skateboard

Lelachai, premier pied à terre pour débuter Je me souviens de couleur des Mimosas. notre PFE avant tout unentre prétexte pour Je me souviens d’un trou sur était le palier de l’escalier le Rez-de-chaussée et le premier étage, sûrement pour une gouttière nous à l’origine. disperser dans la ville à la recherche de Je me souviens du miroir au premier étage devant lequel on se voit au moment de redescendre. matières, d'humains, ces» rencontres ont guidé Je me souviens du sticker écrit « phono graf sur le micro-onde de la cuisine du chai. nos journées, nous menant frénétiquement aux Je me souviens de la petite poubelle rose dans l’urinoir du chai. Je me souviens que la prise du fond dans la cuisine permet de brancher quatre coins de Sète seulement pour écouter la radio et le micro-onde. Je me souviens du vieux cadre blanc abîmé que Zak a découvert discrètement dans le bateau abandonné sur le les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller quai de la cabane de pêcheur au Barrou. voirlatelle ouentelle personne nous dirait en 1657. Je me souviens que maison pierre du Barrouqui a été construite Je me souviens que dans l’école de la pêche au Barrou il y a deux cursus, le «matelot» et «culture de la mer». autre chose. En trois jours, nous avions réussi Je me souviens qu’Adam disait voir l’océan depuis la fenêtre de son collège en parlant de la mer Méditerranée. à remonter jusqu'àalors un ancien ouvrier Je me souviens avoir fait du voisinage que nous n’avonsvinicole aucun voisin ici. Nous voisinons, discutons avec duSète. chaiRentrer ou bien un jeune quiun truc marrant. Nous sommes devenu toute la ville de en jusqu'à contact avec les gensarchitecte c’est vraiment des experts pour trouver de la substance dans ces conversations ordinaires. nous ferait visiter tout Sète en quête de sites Je me souviens d’une phrase de Christian Bobin “J’ai toujours été sensible aux voix déportées par le vent, aux de projet. autant, alors nous voix qui ne s’adressent pasMais à vouspour et vous amènent, unque instant, quelques paroles banales, les paroles éternelle voulons le plus possible élargir nos horizons, de chaque jour.” Je me souviens du temps qui évolue au filmener d’une heure à l’autre. Passer toute la journée à l’extérieur c’est vraitout continue à nous au chai, à son ment agréable. C’est là que je me sens le plus vivante. Lorsque l’on est dehors la vie devient plus dense. intériorité et bleue aux résidents l'habitent. Tant bleu marine. Je me souviens de la marinière et blanche qui d’Alice sous sa polaire l'architecture queleleskate geste commun des artistes Je me souviens du pochoir doré sur de Nans sans pouvoir dire avec des mots ce qu’il représentait. Je me souviens des deux guitares stockées dans un local caché au premier étage. qui s'approprient le lieu confère au chai une Je me souviens du quadrillage vert/jaune au sol du premier étage dès l’entrée dans le studio de gauche. identité et un verte imaginaire quidelui9h24 est àpropre, Je me souviens du tag de plante sur le TER direction de Narbonne. rompant avecs’appelle le monde extérieur. Je me souviens enfin que latotalement place au kiosque Aristide Briand. Je me souviens que la place à la sortie de la gare est la place André Cambon. Je me souviens que l’homme rencontré au Barrou voulait repeindre ses volets et fenêtres en rouge «couleur pays basque». Je me souviens qu’il ne faut pas oublier de fermer la poubelle de la cuisine à cause des rats. Je me souviens que pour faire du café il faut mettre de l’eau jusqu’au niveau de la vis. Je me souviens du goût de sucre et de beurre fondant de la fougasse d’Aigues-Mortes achetée à la boulangerie «La carioca». Je me souviens avoir eu envie de faire un projet Mimosa. Hier était une journée poudreuse, les mimosas étaient en fleur. Le jaune canari donnait du regain au ciel gris. J’ai fait des photos jaunes.

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Encore une matinée où on a posé notre cul dans la cuisine du chai sans savoir ce qu’on allait foutre de notre journée. Coup de fil. Odeur de café, j’aime bien cette cuisine et son odeur de café. 11h : “ allez on bouge! ”. Alors on a bougé. Direction quartier du Barrou, me demande pas pourquoi, Rue de la Révolution ne sait pas toujours où il va, mais il sait que ça va. On discute avec une, puis deux personnes puis c’est reparti. Comme hier. Des flots et des flots de substance humaine. Please I want more humans ! Moi je trouve pas qu’on soit trop sur cette foutue planète, c’est juste qu’on écoute beaucoup trop les cons. Trop ? Depuis quand y a-t-il une limite d’humains ? Ça va. On écoute parler Adam, 15 ans, de la Paillade, en CAP marin, dans 3h c’est son conseil de discipline, mais il garde le smile. Je l’aime bien ce gars, il est intelligent et insolent, c’est bien. Il emmerde les profs mais bon en même temps il les emmerde vraiment. Alors bon, au moins c’est pas encore un de ces connards de menteurs ou de ces antipathiques de coincés du cul : Adam est entier et fort comme la coque d’un bateau. Ça va. 14h : j’ai bien mangé et Nans débarque. C’est l’heure d’aller skater. On se dirige en hauteur, histoire de se faire des descentes. Bam ! Je me pète la gueule, ça fait du bien, mais j’ai encore mal en écrivant ces mots. Lol. Pas grave. Ça va, on continue. On descend, on remonte, j’adore. Les gens sont super sympas à Sète. Après on passe par le skatepark. Ça fume, ça graff, ça skate, ça prévoit des grillades, tranquille. Ça va. On revient sous couvre-fou, train, maison. Le couvre-feu ? Je pisse tellement fort dessus que je l’éteins ! MDR. Nan mais sérieux, on est des insoumis nous. On est Rue de la Révolution. Ça a été une journée dingue, comme hier, et tout le reste. J’ai du parcourir pas loin de 20km, parler à je sais pas combien de jeunes, vieux, adultes, chiens... J’apprends énormément. Vive l’école de la rue, j’aime apprendre de la vie et non sur la vie sur une chaise dans une salle aseptisée et terne. Bsartek Adam, mais bellek, le monde est cruel. Terriblement cruel. Mais ça va. Ça va.

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journée. Coup de fil. Odeur de café, j’aime bien cette cuisine et son odeur de café =p. 11h : “ aller ”. Alors on a bougé. Direction quartier du Barrou, me demande pas pourquoi, Rue de la Révolutio pas toujours où il va, mais il sait que ça va. On discute avec une puis deux personnes puis c’est rep Comme hier. Des flots et des flots de substance humaine. Please I want more humans! Moi je trouv soit trop sur cette foutu planète, c’est juste qu’on écoute beaucoup trop les cons. Trop? Depuis qua une limite d’humains? Ça va. On écoute parler Adam, 15 ans, de la Paillade, en CAP marin, dans conseil de discipline, mais il garde le smile. Je l’aime bien ce gars, il est intelligent et insolent, c’est b emmerde les profs mais bon en même temps ils les emmerde vraiment. Alors bon, au moins c’est p un de ces connards de menteurs ou de ces antipathique de coincés du cul : Adam est entier et fort coque d’un bateau. Ça va. 14h : j’ai bien mangé et Nans débarque. C’est l’heure d’aller skater. On Le chai, premier pied à terre pour débuter hauteur, histoire de se faire des descentes. Bam! Je me pète la gueule, ça fait du bien, mais j’ai enco avant tout un on prétexte pourOn descend, on remonte, j’adore. Les gens s écri écrivant cesnotre mots.PFE Lol.était Pas grave. Ça va, continue. nousAprès disperser danspar la ville à la recherche de ca graff, ca skate, ca prévoit des grillades sympas à Sète. on passe le skatepark. Ca fume, matières, d'humains, cestrain, rencontres ontLeguidé Ça va. On revient sous couvre-fou, maison. couvre-feu ? Je pisse tellement fort dessus que MDR. Nannos mais sérieux,nous on estmenant des insoumis nous. Onaux est Rue de la Révolution. Ça a été une jou journées, frénétiquement comme hier,quatre et tout le reste. J’ai du parcourir pas loin de coins de Sète seulement pour écouter 20km, parler à je sais pas combien de jeu adultes, chiens... J'apprends énormément. Vive l’école de la rue, j’aime apprendre de la vie et non les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller une chaise dans une salle aseptisée et terne. Bsartek Adam, mais bellek, le monde est cruel. Terribl voir telle ou telle personne qui nous dirait Mais ça va. Ça va. autre chose. En trois jours, nous avions réussi à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole du chai ou bien jusqu'à un jeune architecte qui nous ferait visiter tout Sète en quête de sites ETANG THAUMais pour autant, alors que nous de DE projet. voulons le plus possible élargir nos horizons, tout continue à nous mener au chai, à son intériorité et auxBARROU résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistesGARE LA ZUP qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, CHAI rompant totalement avec le monde extérieur.

Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens au chai

RUE DE LA N

TIO

OLU RÉV

CENTRE

MONT SAINT-CLAIR

SKATEPARK

MER MÉDITÉRRAN

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r on bouge! on ne sait parti. ve pas qu’on and y a t-il s 3h c’est son bien. Il pas encore comme la n se dirige en ore mal en sont super s, tranquille. e je l’éteint ! urnée dingue, unes, vieux, sur la vie sur lement cruel. MONTPELLIER

NNÉE

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Résumé Carnet de bord 1 JEUDIJe 04/02 me souviens au chai

La tchatche

Lepas chai, pied terre pour lors débuter Je me souviens ne avoirpremier beaucoup parléà aujourd’hui des entretiens. notre PFE tout un Je me souviens des lettres en était béton avant avec DAHU en prétexte majuscule pour dans l’espace d’exposition de l’agence. Je me souviens que dahu est composé de Seb, Clément, Clément, nous disperser dans la ville à la rechercheMarie de et … Je me souviens que l’association In Situ est localisée au 14 rue de la Peyrade. matières, cesambitions rencontres ontsont guidé Je me souviens de l’euphoried'humains, et des grandes qui me venues en tête après avoir discuté avec Hugo Tessonniere. nos journées, nous menant frénétiquement aux Je me souviens que Zak coins pensaitde qu’Antoine s’appelait pour Anthony. quatre Sète seulement écouter Je me souviens avoir eu peur de tomber du port en rejoignant Bastien lors de son petit déjeuner face à la mer. les gens, nous conseillant Je me souviens avoir voulu eux-mêmes parler de l’association Aurore et desd'aller Grands Voisins avec Hugo sans réussir à le faire. voir telledeou telle personne qui de nous dirait Je me souviens de l’envie faire collectif en sortant l’école, de prendre part à des associations. Je me souviens avoir rêvé mon futur métier, sur le terrain, en atelier, à 4, à 15, à 100 ; avoir 1000 métiers, traautre chose. En trois jours, nous avions réussi vailler le social, le politique, le bricolage, l’artistique. à remonter jusqu'à Je me souviens que la rue Pierre Semarun m’aancien évoquéouvrier quelque vinicole chose sans que je sache quoi. du chai ou bienmanifestation jusqu'à un ne jeune architecte Je me souviens que ma première ressemblait pas à qui ce que j’aurai imaginé. Je me souviens du poids de la tasse dans laquelle j’ai bu le café chez nous ferait visiter tout Sète en quête de sitesDAHU. Je me souviens des sigles OPR, OPAH, ANAH, RU, SARL sans connaître leur signification. de projet. Maissur pour autant, Je me souviens d’Alice qui danse Zumba Café.alors que nous voulons le plusles possible élargir nos horizons, Je me souviens qu’il faut regarder carnets de l’anarchitecture. Je me souviens que le terme de contre-projet résonne pour ma place dans la ville de demain. tout continue à nous mener au chai, appréhender à son Je me souviens de la bouffée de soleil en sortant du chai. intériorité et aux quietl'habitent. Tant Je me souviens de l’espace fermé, desrésidents mètres carrés mètres cubes de cuve inaccessibles, secrets. L’espace se l'architecture queLelechai geste construit autour des ce gros vide. est commun Austère. des artistes qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, rompant totalement avec le monde extérieur.

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Bouff. J’arrive chez moi lessivé. Je prends une douche et je décide même d’annuler ma virée du week-end pour aller découper du bois dans la forêt ardechoise. Il me faudra du repos. On a encore parlé à tellement de gens ! Aujourd’hui ça été encore très fluide, on se laisse porter par nos rencontres, rdv, et par notre instinct. MORE HUMANS I WANT MORE. Ahahah j’ai même envie de dire ça juste pour faire chier ceux qui disent que le problème c’est qu’on est trop d’humains. J’adore parler avec tous ces êtres humains. C’est comme une transe, au bout d’un moment tu tiens le rythme, tu fait semblant d’écouter et t’es là quoi. J’ai l’impression d’enregistrer 1000 heures de discussion, et je sais pas ce qu’on va en faire, mais on verra bien. Mot du jour : Contre-projet (Hugo) : trouver un site intéressant et convoité par des groupes avides d’argent et y proposer un autre projet avec du SENS. Hugo préfère faire du SENS plutôt que de faire de l’ARGENT. C’est vrai que le sens n’a pas de prix et souvent je me dis que les prix n’ont pas de sens. Aujourd’hui c’était une journée portée sur l’émancipation : d’un système politique obsolète et malsain, d’un système économique absurde et déconnecté, d’une profession ennuyante et épuisante, d’une production effrénée et écocidaire, de modes de vie léthargiques et indignes. Soulève-toi et demande plus parce que tu vaux mieux. On vaut de l’or et on mérite de l’amour. Tout ça faut aller le chercher, faut pas rester les bras croisés le cul dans le canap. La vie est devant nous. Une balle rebondissante. Un choc de départ et voilà que l’on rebondit dans tous les angles. Nous sommes quatre, ça fait quatre balles rebondissantes qui se cognent dans tous les coins et parfois se rentrent dedans. Je me souviens être passée d’un univers à l’autre en un rien de temps, on devient des sortes de capteurs à toutes épreuves, on essaie de poser les bonnes questions aux bons moments, on laisse un peu traîner les blancs, on les éprouve. Une enquête vers un but non connu. Nous laissons nos mails et nos numéros à tout va, on multiplie les accroches, on embarque les gens, on les fait parler, on les presse comme des citrons. Et puis, deux heures passent, et on se rend compte que c’est nous qui nous faisons embarquer, comment on va faire le tri dans toutes ces informations ? Des portes s’ouvrent et des mots en jaillissent, plein, plein, plein. Aujourd’hui, j’ai été impressionnée par Zak. Microphone en main, doigts refermés soigneusement sur le manche pour pas faire grincer le plastique, bras tendu vers tout ce qui fait un son, écouteurs aux oreilles pour une réalité augmentée, regard fixe, droit dans les yeux, acquiescement, question. Nous avons trouvé un outil de projet très efficace: la tchatche. Bien des pistes s’offrent à nous : les artistes du chai qui nous disent qu’il y a plein de choses à faire ici, et puis plein d’autres choses, des endroits vides, à expérimenter. Ne jamais exiger quoi que ce soit, attendre. Nous sommes dans une attente active. Attente ce n’est pas synonyme d’ennui. Je sens la ramification des possibles s’étendre. L’arborescence des choses à faire, des pistes potentielles, des contacts à établir s’agrandit. Ça devient dense. Cela me rassure que l’on se soit donné jusqu’au 15 février pour définir une place, se fixer à un endroit. Le chai me paraissait évident jusque là, tel un projet sur un plateau d’argent et puis au fil des discussions et de l’élargissement du cercle géographique, l’évidence se dissout. Cette journée était bien éprouvante et très satisfaisante, on rit beaucoup. Le fait d’être quatre nous permet de maîtriser ce déferlement de rencontres tout en multipliant les opportunités. L’énergie de quatre personnes me paraît adaptée pour être comme cela sur le terrain, parce qu’en plus, après cette semaine, il va falloir faire un grand tri et un traitement de l’information important. Le groupe se met en mouvement tout seul, vraiment comme une balle rebondissante. 17h45, je rentre encore une fois tard, bientôt 18h, bientôt demain, je ne sais pas ce que je vais manger, les courses ça sera comme à chaque fois pour demain.

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Bouff. J’arrive chez moi léssivé. Je prends une douche et je décide même d’annuler ma virée d’une Bou week-end pour aller decouper du bois dans la forêt ardechoise. Il me faudra du repos. On a encore parlé à tellement de gens ! Aujourd’hui ça encore été très fluide, on se laisse porter par nos rencontres, rdv et par notre instinct. MORE HUMANS I WANT MORE. ahahah j’ai même envie de dire ça juste pour faire chier ceux qui disent que le problème c’est qu’on est trop d’humains. J’adore parler avec tous ces êtres humains. C’est comme une transe, au bout d’un moment tu tiens le rythme, tu fait semblant d’écouter et t’es là quoi. J’ai l’impression d’enregistrer 1000 heures de discussion, et je sais pas ce qu’on va en faire, mais on verra bien. Mot du jour : Contre-projet (Hugo) : trouver un site interressant et convoitée par des groupes avides d’argent et y proposer un autre projet avec du SENS. Hugo préfère faire du SENS plutôt que de faire de l’ARGENT. C’est vrai que le sens n’a pas de prix et souventLe je me dit que les prixpied n’ontà pas de pour sens. Aujourd’hui chai, premier terre débuter c’était une journée portée sur l’emancipation : d’un système politique obselète et malsain, d’un système économique absurde et notre PFE était avant toutetunepuisante, prétexted’une pourproduction effrennée et écocidaire, de déconnecté, d’une profession ennuyante disperser dans la Soulève ville à la modes de nous vie létargiques et indignes. toi recherche et demande de plus parce que tu vaux mieux. On vaut de l’or et on mérite de l’amour. Tout ça faut aller le chercher, faut pas rester les bras croisés le cul dans matières, d'humains, ces rencontres ont guidé le canap. journées, nous menant frénétiquement aux devant nous. La vie est nos d

Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens au chai

quatre coins de Sète seulement pour écouter les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller voir telle ou telle personne qui nous dirait Germana autre chose.L’Architecte En trois jours, nous avions réussi Tabac à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole Chai du chai ou bien jusqu'à un jeune architecte qui nous ferait visiter tout Sète en quête de sites de projet. Mais pour autant, alors que nous voulons le plus possible élargir nos horizons, Contre-projet Rue de la Révolution tout continue à nous mener au chai, à son Manif intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistes Mairie qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, rompant totalement avec le monde extérieur. Hugo

Maison de l’habitat

Mathieu In situ

Cheminement de Germana jusqu’au Contre -projet

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Résumé Carnet de bord 1 VENDREDI 05/02 Je me souviens au chai

Mamé

Le nous chai,avons premier pied ri. à terre pour débuter Je me souviens que beaucoup notre PFE étaitimiter avantlestout pour leurs expressions coulent de nos oreilles Je me souviens que nous adorons gensun queprétexte nous rencontrons, jusque dans nos bouches, et là nous nous gargarisons, à coup d’accent nous disperser dans la ville à la recherche de du sud, d’expressions singulières, ou de grossièretés bien choisies. matières, d'humains, ces rencontres ont guidé Je me souviens du lapin de Christian. nosSète journées, nousoùmenant Je me souviens que est une ville il y a desfrénétiquement toilettes publiques aux gratuites partout. Je me suis dit que c’était rare, et je n’aiquatre pas su dire pourquoi. coins de Sète seulement pour écouter Je me souviens avoir été déçu d’apprendre que le pétrin de La Carioca était cassé et qu’avec Louis ne pourrions lesfougasse. gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller pas ramener de voir décroché telle ou lors telledepersonne dirait Je me souviens avoir l’entretien qui avec nous Séverine. Je me souviens avoir menti aux mamies de la pointe : leur dire je ne les enregistrais pas lorsqu’elles m’ont autre chose. En trois jours, nous avionsque réussi posé la question au bout de 20 minutes de piste. à remonter un ancien vinicole Je me souviens que la dame dejusqu'à l’association «Pattesouvrier de velours» nous à demandé de nous mettre un peu plus chai ou bien jeune architecte quitournait dans les jambes risquant de se loin car nous du étions proches de lajusqu'à route et un un des chats errants nous faire écraser. nous ferait visiter tout Sète en quête de sites Je me souviens de l’odeur qui transperce les couches de vêtement sur la pointe courte. de projet. pour autant, nous Je me souviens que le groupeMais n’a été séparé qu’unealors seuleque fois aujourd’hui : les micro-ondes et les Sansdwichs. voulons le plus possibledont élargir nos horizons, Je me souviens de la manière si particulière elle prononce “ Oui ”. Je me souviens que Peron est frileuse. toutSéverine continue à nous mener au chai, à son Je me souviens avoir pris du plaisir ce matin à faire du tri dans la boîte mail. intériorité aux résidents quilaissée l'habitent. Tant Je me souviens que l’ampouleettransparente que j’ai pour Bhâ sur la table devant la porte de son atelier que le geste commun des artistes n’a pas bougél'architecture depuis deux jours. Je me souviens de Molle, surnommée “ Mamé au ” à chai la pointe quiGinette s'approprient le lieu confère unecourte pour dire “ grand-mère ”. Je me souviens que son mari a participé de nombreuses années aux tournois de pétanque et qu’aujourd’hui le undes imaginaire nom Molle a identité été donnéet à un terrains. qui lui est propre, rompant totalement monde Je me souviens de ce pantalon en veloursavec blancleque j’auraisextérieur. bien acheté s’il n’était pas tché. Je me souviens que le plat d’Eva et Peter m’intriguait, un œuf au plat dans une soupe. Je me souviens que le quadrillage vert-jaune que j’avais repéré au sol au premier étage du chai se trouvait aussi dans la même pièce sur une bâche et une toile au mur. Je me souviens des deux majeurs de Ginette dont la dernière phalange était complètement tordue. Je me souviens de la façon de compter de Ginette, en posant ses doigts sur son menton. Je me souviens de la fatigue d’une telle semaine, dans la tête, dans les mollets. Je me souviens du chat noir rencontré au bout de la pointe courte, qui nous a suivi avec Zak, qui ressemblait à une panthère. Je me souviens d’une trace d’humidité sur mes chaussures, peut être que je transpirais des pieds à autant marcher. Je me souviens du bruit de disqueuse lorsque l’on a commencé à interviewer Séverine Péron. Je me souviens de l’entrée de son atelier, qui m’est apparue à première vue comme sanguinolente, torturée pour déboucher sur un espace clair et dégagé. Je me souviens du carton avec la poudre bleue accroché au mur de Séverine Péron, sûrement celui dont elle s’était servie pour créer son œuvre sur le même mur. Je me souviens que Zak ne prépare pas le café comme moi, il le tasse avec une cuillère.

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Résumé Carnet de bord 1 Quiouquand? Je me souviens au chai Le chai, premier pied à terre pour débuter notre PFE était avant tout un prétexte pour Lundi nous disperser dans la ville à la recherche de d'humains, cesdroite rencontres guidéRue de la Révolution [bhâ dit Hoô ditmatières, béné dit Melle Bureau] - atelier R+1, chai ont St Raphaël, Germana Civeranos - cuisine, chai St Raphaël, Rue de la Révolution journées, nous menant frénétiquement aux quatre coins de Sète seulement pour écouter Mardi les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller Facteur remplaçant - croisement Jeanpersonne Moulin & Rue la Révolution voir telle ouRue telle quidenous dirait Philippe - Rue de la Fraternité autre chose. En trois jours, nous avions réussi Enfant - Rue de la Révolution Jeunes - Rue deàlaremonter Révolution jusqu'à un ancien ouvrier vinicole François Phalippou - muret,ou Rue de lajusqu'à Liberté un jeune architecte qui du chai bien Chad Keveny - atelier droite R+2, chai St Raphaël, Rue de la Révolution nous ferait visiter tout Sète en quête de sites Agent immobilier - Rue de la Fraternité Mais pour autant, alors que nous Antiquaire - 31de Rueprojet. de la Révolution Igor - bar de la voulons plage, Rue de Révolution lelaplus possible élargir nos horizons, Vince - bar de la plage, Rue de la Révolution tout continue à nous mener au chai, à son Chineur inconnu - bar de la plage, Rue de la Révolution intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant Mercredi l'architecture que le geste commun des artistes qui s'approprient le lieu confère au chai une Inconnu du Barrou - 14 Place des Mouettes et un qui lui est propre, Adam - cabane identité de pêche, Place des imaginaire Mouettes Drippedtrunk - rompant skatepark totalement avec le monde extérieur. Jeudi Christian le brocanteur - Place Aristide Briant Trois retraités à la manif - mairie, Place Léon Blum Journaliste Midi Libre - mairie, Place Léon Blum Deux anarchistes - mairie, Place Léon Blum Militant ARM (Arme Révolutionnaire Marxiste) - mairie, Place Léon Blum Antoine Millet (In-Situ) - Maison de l’habitat, 17 rue Pierre Sémard Sébastien (DAHU) - Dahu, Avenue Victor Hugo Hugo Tessonnieres - Astrelier, 11 Rue Lakanal Vendredi Séverine Péron - atelier gauche R+2, chai St Raphaël, Rue de la Révolution Ginette Molle - Allée du Jeu de Boule, la Pointe Courte

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Organigramme des rencontres (pour que ce soit un peu plus clair)

DÉPART LUNDI

MARDI

MERCREDI

JEUDI

VENDREDI

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Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens Glossaire au chai Amour : Rapport à la bienveillance que nous portons aux choses et aux autres.

Le chai, premier pied à terre pour débuter

Bonjour : Mot gratuit car dénué de sens politique. Porteur de bienveillance, naïveté, et spontanéïté, ce notre PFE était avant tout un prétexte pour terme arrive toujours accompagné d’un sourire. Mot-outils qui instaure le dialogue, démontre un intêret à disperser dans la ville à la recherche de celui pour quinous il s’adresse.

matières, d'humains, ces rencontres ont guidé

Claaaaro : Cri de ralliement de goupe, terme prononcé pour d’étendre l’atmosphère, signifier qu’il n’y a pas nos journées, nous menant frénétiquement aux de problème et que tout est clair.

quatre coins de Sète seulement pour écouter

Consensus :les Forme de eux-mêmes danger dans lequel groupe peut tomber. gens, nousleconseillant d'aller Émerge souvent d’un désaccord. Conduit souvent à lisser, rendre les idées d’un projet plus molles.

voir telle ou telle personne qui nous dirait autre Contre-Projet : chose. En trois jours, nous avions réussi à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole Collectif : du chai ou bien jusqu'à un jeune architecte qui nousmédia feraitpour visiter toutoutils Sèteà en quête depar sites Corps : Capteur, l’action, s’approprier le faire, générateur de savoirs. de projet. Mais pour autant, alors que nous Écologie : Forme d’intelligence qui vise à composer en prenant toujours en compte l’environnement, le voulons le plus possible élargir nos horizons, contexte comme protagoniste d’un projet. tout continue à nous mener au chai, à son Être à l’écoute : intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistes Exploration à corps perdu : qui s'approprient le lieu confère au chai une Immersion identité : Ne pas savoir chercher, qui être lui convaincu qu’il y a forcément quelque chose à trouver. Se et unquoi imaginaire est propre, laisser surprendre par les signaux faibles. rompant totalement avec le monde extérieur. Intuition : Sensation de savoir sans savoir pourquoi Marcher : Mettre un pied devant l’autre et ainsi de suite Naïf : forme de sincérité. Ne pas chercher à paraître, simplement être soit même sans se préocuper des regards ou jugement extérieurs

Traces : On trouve leur traces un peu partout dans le monde, des traces semblable à la traînée lumineuse des escargots sur le sol : lenteur et vitesse c’est la même chose, c’est par infusion de lenteur que l’on accède à la vitesse pur. Christian Bobin, L’épuisement Politique : Le savoir vivre ensemble, différent, gros mot pour dire chose très simple Prendre plaisir : Par opposition au travail, produire sans avoir l’impression de fournir un effort

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Raconter : Rase bitume : Réel : Représenter : prendre parti, déjà faire du projet. Révolution : Rue : Sérendipité : Heureux hasard

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Résumé Carnet de bord 1 Je me souviens au chai Le chai, premier pied à terre pour débuter notre PFE était avant tout un prétexte pour nous disperser dans la ville à la recherche de matières, d'humains, ces rencontres ont guidé nos journées, nous menant frénétiquement aux quatre coins de Sète seulement pour écouter les gens, eux-mêmes nous conseillant d'aller voir telle ou telle personne qui nous dirait autre chose. En trois jours, nous avions réussi à remonter jusqu'à un ancien ouvrier vinicole du chai ou bien jusqu'à un jeune architecte qui nous ferait visiter tout Sète en quête de sites de projet. Mais pour autant, alors que nous voulons le plus possible élargir nos horizons, tout continue à nous mener au chai, à son intériorité et aux résidents qui l'habitent. Tant l'architecture que le geste commun des artistes qui s'approprient le lieu confère au chai une identité et un imaginaire qui lui est propre, rompant totalement avec le monde extérieur.

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3) Fin d'une dérive, choix des deux situations de projet

Ci-contre, le compte-rendu réflexif intégral de Zakaria accompagné d'un schéma, résume bien cette rencontre et l'effervescence dans laquelle nous nous trouvions.

Ce temps de dérive (empreint de naïveté et d'une ouverture à tous les possibles) nous a donné l'opportunité de rencontrer des acteurs locaux. Ayant dans un coin de la tête que nous choisirions finalement le chai comme site de projet, dans une logique de moindre effort, il valait mieux mettre à profit les informations accumulées à son propos et la connaissance que nous en avions.

Ce jeune architecte avait repéré dans les alentours de Sète des lieux qui d'après lui, feraient de très bons sites de projet de fin d'études. Il nous a fait voir divers endroits, le long de l'étang de Thau – tels que l’Île de Thau, l'ancienne cimenterie Lafarge, et les jardins cheminots notamment. Notre carte s'est alors agrandie, et avec elle notre réseau de connaissances.

Cependant, notre intuition nous disait qu'il fallait continuer à dériver un peu, pour en voir un peu plus, et être ainsi certains de nos choix. Léa aborde ce changement de vision par rapport au chai :

L’idée de contre-projet nous à tout de suite séduite, et résonnait en nous comme moteur de futur projet, nous l’avons ainsi définie dans notre glossaire comme « une proposition légitime de projet urbain et/ou architectural donnant une alternative à un projet en cours ou bien à venir qui n’est pas approprié de notre point de vue »3.

« le chai me paraissait évident jusque là, tel un projet sur un plateau d'argent et puis au fil des discussions et de l'élargissement du cercle géographique, l'évidence se dissout. »1

C’est donc à la suite de cette rencontre, que nous nous sommes positionnés clairement sur le fait d’entreprendre deux projets distincts à quatre : celui sur le chai Saint-Raphaël et celui des jardins ouvriers de la SNCF.

Nous nous sommes éloignés du chai, et avons emprunté un cheminement sinueux. Léa poursuit dans sa retranscription réflexive en abordant cette ouverture des possibles : « le fait d'être quatre nous permet de maîtriser ce déferlement de rencontres tout en multipliant les opportunités. »2 Les sorties, nous menant aux rencontres, les rencontres ouvrant les portes d'autres lieux, nous nous sommes retrouvés aux côtés d'Hugo Tessonières - ancien étudiant de l'ENSAM. Cette rencontre hasardeuse a été marquante.

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Extrait d’un réflexif de Léa, le 04 février 2021 Extrait d’un réflexif de Léa, le 04 février 2021

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c.f. glossaire, définition du contre-projet


04/02/21

S’émanciper

Bou Bouff. J’arrive chez moi léssivé. Je prends une douche et je décide même d’annuler ma virée d’une week-end pour aller decouper du bois dans la forêt ardechoise. Il me faudra du repos. On a encore parlé à tellement de gens ! Aujourd’hui ça encore été très fluide, on se laisse porter par nos rencontres, rdv et par notre instinct. MORE HUMANS I WANT MORE. ahahah j’ai même envie de dire ça juste pour faire chier ceux qui disent que le problème c’est qu’on est trop d’humains. J’adore parler avec tous ces êtres humains. C’est comme une transe, au bout d’un moment tu tiens le rythme, tu fait semblant d’écouter et t’es là quoi. J’ai l’impression d’enregistrer 1000 heures de discussion, et je sais pas ce qu’on va en faire, mais on verra bien. Mot du jour : Contre-projet (Hugo) : trouver un site interressant et convoitée par des groupes avides d’argent et y proposer un autre projet avec du SENS. Hugo préfère faire du SENS plutôt que de faire de l’ARGENT. C’est vrai que le sens n’a pas de prix et souvent je me dit que les prix n’ont pas de sens. Aujourd’hui c’était une journée portée sur l’emancipation : d’un système politique obselète et malsain, d’un système économique absurde et déconnecté, d’une profession ennuyante et epuisante, d’une production effrennée et écocidaire, de modes de vie létargiques et indignes. Soulève toi et demande plus parce que tu vaux mieux. On vaut de l’or et on mérite de l’amour. Tout ça faut aller le chercher, faut pas rester les bras croisés le cul dans le canap. devant nous. La vie est d

Tabac

Germana

L’Architecte Chai

Contre-projet

Rue de la Révolution

Manif Mairie

Hugo

Maison de l’habitat

Mathieu In situ

Cheminement de Germana jusqu’au Contre -projet Réflexif de Zakaria

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II Au processus Dans cette seconde partie, nous verrons comment le choix de nos deux sites permet de mettre en valeur le processus, de le matérialiser. Comment pouvions-nous travailler à quatre ?

Nous menons une démarche scientifique en ce sens que les deux terrains représentent à nos yeux deux cas d’études qui nous servent à affirmer ou infirmer notre hypothèse de départ. Les deux cas d’études sont les suivants.

1) Processus fonctionnel au travers de protocoles

La rue de la Révolution et le chai SaintRaphaël, où nous nous étions fait une place. Le chai Saint-Raphël se situe au 42 rue de la Révolution, proche des quais, à Sète. Il y a encore 50 ans, ce bâtiment faisait partie d’un ensemble de chais, on disait “les chais SaintRaphaël”. Une évolution du commerce du vin a entraîné l’obsolescence des ensembles bâtis vinicoles et leur abandon. Aujourd’hui, rien ne témoigne de ce faste passé, les chais dans le quartier Révolution ont tous disparus. À la place, se trouvent des immeubles de logements

« Faisant l’hypothèse de départ que le processus est le projet, le site choisi ne serait qu’un prétexte afin d’expérimenter des manières de travailler en groupe et de développer puis d’entretenir un lien avec le terrain tout au long du projet. »1

1

Extrait d’un réflexif de Léa

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Les jardins ouvriers situés au nord-est de Sète, que nous découvrions. Les quatre hectares répartis sur une bande d’un kilomètre longeant les voie ferrées appartiennent à la SNCF. Leur gestion s’insère dans un large réseau puisque c’est une assocition (Jardionts) nationale qui s’occupe de louer chaque jardin individuel à l’échelle locale. Historiquement, ces jardins ont été mis en place en période de guerre dans une logique de complément alimentaire à destination des cheminots. À cette époque, chacun s’accapare un lopin de terre pour établir sa culture vivrière. Le chemin central s’est dessiné à mesure des allers-retours des jardiniers entre la ville et leur jardin. Aucunes règles ne régissaient la répartition des surfaces, chacun utilisait le sol autant qu’il parvenait à le planter ou à le défricher. Aujourd’hui on compte 75 jardins. Désormais la commune de Sète projette son développement futur au nord (ZAE des Eaux Blanches) et au sud (ZAC entrée est) des jardins. Les jardins ouvriers ne représentent qu’une infime surface, et font partie d’un paysage tantôt industriel, ferroviaire, ou en friche.

collectifs des années 1970. Seul reste le chai Saint-Raphaël : il se compose actuellement de deux éléments bâtis imposants. Un premier, celui qui contenait les espaces administratifs a été reconverti en gymnase. Accolé à ce dernier, l’autre corps de bâtiment servait à la production : il contient les cuves, là où se concoctait les apéritifs - cette partie a été laissée à l’abandon durant trente ans et réinvestie aujourd’hui. La municipalité de Sète y met à disposition des espaces à la location pour des artistes.

À droite, les pignons d’anciens chais viticoles dans la rue Paul Busquet, juste derrière le chai Saint -Raphaël À gauche, le chemin d’accès piétons dérrière les quais de la gare de Sète

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riers

les

s ouv n i d r ja

olution v é R a l e la rue d Saint-Raphaël et le chai

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Ces deux cas d’études s’insèrent dans la logique suivante : d’une part, comprendre l’importance du processus de travail et la place de l’immersion sur site, d’autre part, comprendre comment le projet d’architecture évolue et se cristallise entre les mains d’un collectif. En choisissant ces deux terrains d’expérimentation, notre volonté était d’y déployer des méthodes d’approches similaires. Dans un souci d’équité, nous avons aussi choisi l’immersion comme entrée dans ces jardins. C’est ainsi que notre dérive dépourvue d’objectifs a pris fin, nous voulions désormais reproduire des protocoles. Nous projetions dans ce lieu la genèse d’un futur projet.Cela passait par la connaissance empirique de ces jardins afin de s’y faire une place et la réalisation de nouveaux entretiens et de nouveaux podcasts. Vous trouverez ci-contre le carnet de bord que nous avons constitué à l’issue de cette seconde immersion. Comme le premier, il compile nos comptes-rendus réflexifs et photographies et donc nos premières sensations. En filigrane nous pouvons y lire des accroches de projets.

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Vue intérieure d’un jardin, mois de mai

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Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie d’y faire projet. Nous voyions un fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera bientôt construite de l’autre côté des rails. Ce lieu se présentait presque comme un défi : les jardins apparaissaient hostiles, fermés, privés, interdits. Aussi, leur esthétique de bric et de broc, l’appropriation totale dont ils font l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

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Les Jardinots

Passages dans les jardins cheminots, 25 et

Collectif rue de la

26 février 2021, Sète

Révolution

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Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. ne nous Jardinot : Contraction de jardin etNous cheminot, un jardinot fait partie de l’association des jardins cheminots. étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà Contre-projet : proposition légitime de projet urbain et/ou architectural donnant l’envie d’y faireàprojet. Nous une alternative un projet en voyions cours qui un n’est pas acceptable (désobéissance architecturale). fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Effectivement, la ZAC entrée de Sète sera Immersion : exploration à corpsEst perdu d'un territoire élargi sur une durée de temps construite plus ou moins longue (au au cours bientôt de l’autre côtébesoin), des rails. Ce de laquelle nous ne savons pas ce que nous cherchons, ni quoi chercher tout en étant convaincus qu’il y a lieu se présentait presque comme un défi : nécessairement des éléments remarquables. Se laisser surprendre par les signaux lesfaibles jardins apparaissaient hostiles, fermés, et s’insérer dans toutes les brèches. privés, interdits. Aussi, leur esthétique de bric et de broc, l’appropriation totale dont ils font l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

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Jeudi 25 février 2021

l’incruste

Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie d’y faire projet. Nous voyions un fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Je me souviens que le cadavre de voiture devant le portail avait disparu par rapport à notre première visite. Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera Je me souviens que le jardin numéro 2 à l’entrée est occupé par monsieur Molinier, qu’il était là pour récupérer bientôt construite des salades pour le repas du midi. de l’autre côté des rails. Ce Je me souviens quese madame Molinier est caractérielle voire méchante, qu’elle n’a confiance en personne, que lieu présentait presque comme un défi : chaque rire était perçu comme de la moquerie, que ce premier contact m’a laissé l’impression de ne pas être les jardins apparaissaient hostiles, fermés, les bienvenus. privés, interdits. Aussi, etleur esthétique Je me souviens que leur fils est biologiste qu’il n’aurait pasde étébric d’accord en voyant son père nous parler sans son masque. et de broc, l’appropriation totale dont ils font Je me souviens que la troisième personne avec laquelle nous avons parlé était au jardin numéro 5, nous ne lui l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en avons pas demandé son nom. font plus intéressant : parlé de la population Roms qui s’était Je me souviens queun luicas aussid’étude comme d’autant les Molinier nous a directement installée derrière roseaux. uneles architecture complètement informelle Je me souviens de sa réponse à la question : concentrant un savoir-faire agricole important. - « Ils sont où les Roms ? » - « Dans les roseaux. » Comme s’ils étaient tapis dans l’ombre à l’affût de la moindre faiblesse ou de la moindre absence pour attaquer les jardins. Je me souviens que ce même monsieur du jardin numéro 5 nous a parlé de nouveaux portails qui resteraient fermés à l’entrée et à la fin de la rue. Je me souviens que selon ses dires, des propriétaires de jardins font des tours en voiture la nuit dans la rue pour s’assurer que tout va bien. Je me souviens que ce monsieur faisait du bricolage dans son jardin à gauche de l’entrée, qu’il avait des plantations à droite et un poulailler au fond avec trois poules il me semble. Je me souviens de la surprise face à des jardins si grands. 4

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Je me souviens avoir compris que nous étions dans une propriété privée où nous n’étions pas autorisés et qu’il fallait signaler notre présence aux gérants de l’association pour pouvoir avoir le droit de visiter ce jardin numéro 5. Je me souviens que cet homme nous a dit d’aller trouver Robert du bureau de l’asso, à son jardin qui était selon lui « le plus beau », « là où tout a été nettoyé avec des palettes ». Je me souviens que Robert n’était pas à son jardin, que sur sa porte était inscrit « Jardin d’Arthur » me mettant le doute sur le fait que nous étions au bon endroit. Je me souviens de l’homme qui partait en scooter au moment où nous arrivions à un jardin où il y avait de la fumée, nous indiquant que Robert était bien là, que nous pouvions entrer. On a appris juste après que cet homme s’appelait Michel. Je me souviens que devant ce jardin il y avait une camionnette de la SNCF. Je me souviens d’un jardin immense où une dizaine d’hommes buvaient un coup tout en travaillant à couper et brûler des ronces. Je me souviens que Robert était au bureau, que son ami était vice-président, tous les deux cheminots, il y avait aussi un ancien conducteur de TGV, un contrôleur et deux dockers. Je me souviens qu’ils étaient tous affairés à débroussailler derrière le jardin pour trouver le tuyau qui amenait l’eau de la ville jusqu’aux jardins. Je me souviens que l’adresse mail du président de l’association Jardinot est jeanmichelmagne@sfr.fr ; qu’il est un représentant de l’association au siège de Paris. Je me souviens de la balançoire rose vif dans le jardin abandonné que nous avons visité. Je me souviens des deux derniers jardins de la rue qui nous ont fait penser à un château-fort. Je me souviens que l’un des habitants possède un chien d’ange heureux. Je me souviens de l’extension de cuisine auto-construite sur la maison en dur des Roms sur la route du retour. Je me souviens de la difficulté à établir un contact avec eux, extrêmement méfiants, le micro sorti n’était certainement pas la meilleure idée.

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Je me souviens que le projet de ZAC dont nous avions entendu parler ne devrait pas impacter les jardins pour l’instant, que les constructions ne peuvent pas être à moins de 100 mètres de la ligne de chemin de fer. Je me souviens avoir du mal à expliquer pourquoi nous étions là, les habitants ne comprenant pas quel intérêt nous pouvions trouver à ces constructions de bric et de broc. Je me souviens du chat empaillé au-dessus de la porte du jardin numéro 5 qui ressemblait à un chat fait de ciment. Je me souviens d’un lieux inhospitalier. Je me souviens de ma peur inhabituelle, de nous faire voler nos vélos. Je me souviens de la superposition graphique de plusieurs mondes, les couleurs unies, pâles, rondes des grosses usines, sur les roseaux serrés, enchevêtrés denses, touffus. Je me souviens de rails étonnamment accessibles et des traits électriques sur le ciel. Je me souviens du chat en peluche tout mouillé dans les barbelés. Je me souviens du verrou alors que le jardin est occupé. Je me souviens que la dame du Monsieur du Jardin numéro 2 ne savait pas faire un créneau, qu’elle assumait complètement sa méfiance. Je me souviens que notre approche naïve et insouciante n’a pas été comprise, que nous devions redoubler de stratégie dans la manière dont nous nous présentions pour essayer d’acquérir la confiance. Je me souviens de la réputation des Roms, pourtant voler de l’eau ne m’apparaît pas si grave. Je me souviens de notre incapacité et surtout de la mienne à rentrer en contact avec eux, pourtant j’en avais très envie. L’échelle et la morphologie desjournée jardins Je me souviens de ma frustration après le « bonne » du jeune qui ne voyait pas trop pourquoi discuter avec nous. avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous Je me souviens que nous avons les mêmes réflexes d’enregistrement, le bruit de grésillement électrique dans étionslerendus seule foisdedans ce les grands pylônes, passagequ’une d’un train sur fond piaillement d’oiseaux.

Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins

lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie d’y faire projet. Nous voyions un fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera bientôt construite de l’autre côté des rails. Ce lieu se présentait presque comme un défi : les jardins apparaissaient hostiles, fermés, privés, interdits. Aussi, leur esthétique de bric et de broc, l’appropriation totale dont ils font l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

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Les jardins cheminots c’est un couloir imbriqué dans d’autres couloirs. Des lignes, un amoncellement de lignes et de couches successives. Des parallèles, mais aucune perpendiculaire. Aucune des strates ne se superpose, aucun pore, la circulation suit la direction, il n’y a que deux sens possibles. D’abord l’étang, puis les bâtiments industriels, un paysage de palettes bleues, ensuite la route, celle qui permet l’entrée dans Sète en voiture, la piste cyclable qui la longe, une première rangée de roseaux avec les Roms à l’intérieur, ensuite derrière, la “rue” bordée de jardins, une longue perspective de tôles, portes en tout genre, murs et roseaux. Et pour finir les lignes infranchissables du chemin de fer. C’est un enchevêtrement d’espaces très différents, autant d’univers auxquels nous nous sommes confrontés. Sète est une ville de ponts, même sans eaux ce sont des ponts qui relient des espaces linéaires. C’était court mais efficace, on a rencontré des gens plus ou moins réticents à nous parler. Ce terrain est un peu plus dur que le précédent. Déjà parce qu’il est privé, y’a que des mecs et puis c’est une ambiance pas mal communautaire. En plus de ça, ils sont sur le qui-vive avec les vols commis sur certains terrains dernièrement. Ils sont flippés des Roms. Ah c’est pas les premiers que je vois tu me diras. N'empêche qu' ils font peur à beaucoup de monde, ils sont un peu sauvages quoi. Ils sont libres comme le vent. On a essayé de parler avec eux, mais on s’y est mal pris. On réessayera. C’est tout un art. Je pensais au travail d’Agnès Varda. Et puis c’est compliqué parce qu’on ne sait pas trop ce qu’on cherche alors ils ne nous captent pas trop les jardinots. En tout cas j’aime le contraste qu’offre ce lieu avec le chai. C’est un autre monde. C’est une rue de campagne, avec des façades de bidonville qui cachent des jardins de toutes sortes. Plus ils se barricadent, plus on a envie de voir ce qui se cache derrière.

Patrimoine (n.m.) : totalité des biens hérités du passé, d’ordre culturel (tableau, livre, construction…) ou d’ordre naturel (ressource, paysage…). https://www.fncaue.com/glossaire/patrimoine Paysage (n. m.) : étendue de pays qu’on voit d’un seul regard, le paysage est défini par ce regard posé sur lui. Pour la convention européenne du paysage (Florence, 20 octobre 2000), le terme désigne “une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations.” https://www.fncaue.com/glossaire/paysage Rue (n.f.) : voie bordée, de façon continue ou non, de maisons ou de murailles dans une ville* ou un village. cf. carrefour, voirie. https://www.fncaue.com/glossaire/rue/ Pourquoi aime-t-on appeler cette longue allée LA rue ? 7

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Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie d’y faire projet. Nous voyions un fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera bientôt construite de l’autre côté des rails. Ce lieu se présentait presque comme un défi : les jardins apparaissaient hostiles, fermés, privés, interdits. Aussi, leur esthétique de bric et de broc, l’appropriation totale dont ils font l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

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Vendredi 26 février 2021

quatre jours en un

Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie faire projet. Nous Je me souviens que led’y cheminot à l’accueil de lavoyions gare avecunqui nous avons parlé ne connaissait même pas l’existence des jardins. fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Je me souviens que le tag sur le plafond du pont des trains est le mieux placé de Sète lorsque le pont se dresse Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera et que celui-ci se retrouve dans le ciel. côté des rails. Je me souviensbientôt d’Alice,construite reporter sur de tousl’autre les fronts, courant autant Ce pour une photo que pour enregistrer quelques secondes de son trouvions intéressant. lieuque senous présentait presque comme un défi : Je me souviens de la BMW d’un membre de la communauté Rroms qui tremblait, tellement le son de sa les jardins apparaissaient hostiles, fermés, musique était fort, tous les enfants sont venus s’attrouper autour. privés, Aussi, esthétique bric Je me souviens que le interdits. jardin numéro 2 de leur monsieur Molinierdeétait ouvert mais que ce n’était pas lui qui était à l’intérieur. et de broc, l’appropriation totale dont ils font Je me souviens que son ami venait d’Italie, qu’il trouve que les français sont des fainéants et qu’il se considère l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en « plus français que les français » puisque lui avait choisi ce pays au moment de faire son service militaire en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : Algérie. Je me souviens quearchitecture dans son jardincomplètement à gauche il y avait quatre rangs de fèves, un rang de salades et une tranchée une informelle où il était en train de planter des pommes de terre, et qu’ensuite il mettrait des tomates. concentrant un savoir-faire agricole important.

Je me souviens que dans son jardin à droite derrière le cabanon il y avait trois rangées de cébettes, deux rangées de salades et une autre rangée avec une autre sorte de salade, mais j’en suis moins sûr que pour la rangée de gauche. Je me souviens qu’il y avait une brouette à gauche à l’entrée. Je me souviens que les propos déplacés de cet homme ont choqué tout le monde ; sur la façon dont il parle des français fainéants, je me suis seulement dit qu’il avait une expérience de la vie différente de la nôtre, qu’il avait forcément traversé des choses qui l’ont poussé à penser de cette façon, que cela faisait sens pour lui ; sur ses propos racistes en revanche il n’y avait rien à dire. Je me souviens qu’il était chef d’entreprise dans l’agro-alimentaire en Alsace avec 144 personnes sous ses ordres. Je me souviens que le son des Rroms perçait à travers les roseaux donnant une image assez amusante. Je me souviens que je connaissais la seconde musique qu’ils ont mis ; elle disait : « j’ai la meuf la plus bonne à ma table, ya ya ! ». 10

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ami de m. Molinier

salades autre espèce de salades

bientôt tomates

cebettes

pomme de terre en plantation salades fèves

Jardin n°2 Chez Molinier

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“Quatre jours en un”, nous dit Germana que nous croisons à la gare en rentrant de sa journée bien remplie. Et bien je ressens la même chose. C’est vrai qu’on a encore fait un voyage spatio-temporel et sans besoin de la moindre machine. Ou peut-être juste du zoom, comme prétexte à la discussion. On a fait des sauts de jardins en jardins. Tous sont des mondes cachés, reflétant la personnalité de son propriétaire, parfois l’histoire de sa famille et de la débrouillardise. C’est un bidonville d’hétérotopies. On se rend compte que l’on a une sorte de protocole sur le lieu : on rentre toujours par l’entrée côté gare et que l’on ressort de l’autre bout sans faire d’allers retours, mais des arrêts dans les jardins qui nous embrigadent. On a discuté avec un pépé un peu beaucoup raciste qui semait, puis filé un coup de main à une famille qui faisait le grand nettoyage de printemps, rencontré la famille Di-Rosa et bu des coups chez Robert, le bar clandestin des jardinots. Tantôt bucoliques tantôt brusques, les jardins sont des lieux pittoresques qui respirent la débrouillardise et la simplicité de faire. On y apprend des valeurs d’antan, un jargon bien sétois et le savoirfaire du jardinier. On y rencontre une communauté fermée sur elle-même mais qui comporte des brèches. Nous on s’y faufile comme l’eau avec une superbe fluidité et avec “amour du risque” comme dirait mon ami Jaa. Cette expérience à Sète me remplit de joie, je bois chaque étape, j’ai l’impression que chaque individu que je rencontre vient se rajouter à ma toile que je tisse de liens humains et aggrandit mon royaume intérieur. Nouveaux mots : bric et de broc - débrouillardise PS : j’entend pour la première fois quelqu’un me dire : “Agnes Varda c’est de la merde.”

Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins

L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie d’y faire projet. Nous voyions un fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera bientôt construite de l’autre côté des rails. Ce lieu se présentait presque comme un défi : les jardins apparaissaient hostiles, fermés, privés, interdits. Aussi, leur esthétique de bric et de broc, l’appropriation totale dont ils font l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

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Les voies de train, des bambous, des jardins, une allée, des jardins, des bambous, la route. Un paysage de bandes et de limites, tantôt logistiques, tantôt privées. Une entrée, une sortie. Nous voilà, on longe, c'est ça, on longe, on entre, on se laisse aller et on ressort. Sète à dire ? C'est-à-dire que nous avons parlé à une multitude de personnes et déjà vu une diversité de jardins, de manières de faire, d'usages, de moments, de degrés de repli ou d'ouverture. Parfois, la discussion est inutile, il suffit de faire. On nous prête une paire de gants et puis c'est fait, on discute comme ça, en aidant, et à la prochaine ! Parfois, on doit s'y atteler, multiplier les approches, les phrases d'accroches et les sourires. Bonjour ! Nous sommes étudiants en architecture ! Ah ça tombe bien, des étudiants en agriculture, entrez !

Comment expliquer la joie de cette journée ? Voilà où nous mène notre dérive, aux portes des jardins, chez les gens, dans leur intimité. Quelle satisfaction. Contact. Comme le dit si bien Zakaria : nous voulons des humains, plus d'humains, toujours plus d'humains ! Comment faire afin de muter ces paroles, ces conversations de comptoir en un projet ? S'attacher au lieu à ce point, n'est-ce pas un peu dangereux lorsque, par la suite, nous allons devoir nous emparer d'un calque et dessiner, avec le recul d'un architecte ? Pourquoi allons-nous ainsi chercher les gens chez eux ? Toujours curieuse de voir où nous mènera ce chemin. Le contre-projet prend sens, et l’envie de mettre en valeur ce lieu et les anecdotes qui le peuplent. Architectures d’anecdotes, de rien, de bricolage, de passage de la main à la main. Valeur ? Publique ? D’intérêt commun ?

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Je me souviens avoir essayé de compter plusieurs fois le nombre de personnes qu’il y avait dans le jardin où nous avons aidé la famille, tantôt 10, puis 11, puis 13… Je me souviens que ce jardin était le numéro 6. Je me souviens de mon étonnement face à l’accueil qu’ils nous ont réservé, en proposant un coup de main nous avons pu entrer dans leur intimité. Je me souviens de la joie de jardiner en famille, qui me rappelait celle de chez moi avec une certaine nostalgie. Je me souviens d’un débat entre nostalgie et mélancolie, j’ai l’impression que chacun a sa propre définition là-dessus. Je me souviens que nous ne connaissions le nom de personne là-bas, j’ai seulement pu capter quelque surnoms, « Manou » pour la grand-mère et « Jojo » pour l’un des garçons. Je me souviens de la Ford Mustang flamboyante de Richard Di-Rosa, de son accueil quelque peu hostile et comment ces deux éléments m’ont donné un à priori de lui tel un petit coq faisant le beau dans sa basse-cour. Je me souviens de la douceur et de la faiblesse dans la voie de son père quand il nous parlait de son passé de cheminot, Marius Di-Rosa. Je me souviens que le jardin de Robert était ouvert cette fois, nous avons été extrêmement bien accueillis. Je me souviens du premier verre de Ricard, du deuxième qu’Alice m’a donné, du troisième qu’on m’a resservi, du quatrième que j’ai partagé avec Léa et du cinquième qu’on m’a resservi comme si je n’allais jamais réussir à partir. Je me souviens que Robert vote Mélenchon mais qu’il veut que l’immigration soit bloquée. Je me souviens de sa photo et de son article très sérieux dans le magazine Planète Boules. L’échelle lalamorphologie Je me souviens que autouretde table il y avait des dansjardins l’ordre Jean-Louis dit Loulou, Renaud, Robert, David et Léon. avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous Je me souviens que pour Renaud avoir un Master 2 c’est l’assurance de trouver du travail, d’avoir un bon étions rendus qu’une seule fois dans ce salaire. lieu auparavant il nous donnait déjà Je me souviens de ce pique-niquemais au soleil, comme un air de printemps, un air de liberté et du bonheur que cela m’a procuré de faire un travail de fin d’étude de cette façon. l’envie d’y faire projet. Nous voyions un Je ne me souviens pas très bien du retour, peut être que j’avais pris un coup sur la tête mais aussi parce que la fort était enjeu lié de à ces : leur révélation. roue de mon vélo sortie son jardins axe et que j’avais pédalé de toutes mes forces je n’arrivais pas à rattraper Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera les trois autres. Je me souviens de la bienveillance de l’autre Germanacôté et dedes ses rails. mots sur bientôt construite de Cenotre travail qui ont fait du bien à tout le monde.

Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins

lieu se présentait presque comme un défi : les jardins apparaissaient hostiles, fermés, privés, interdits. Aussi, leur esthétique de Je bric me souviens de la succession d'univers s'enchaînent, de leur imperméabilité et de broc, l’appropriation totale dont ilsqui font et de l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en leur proximité physique. font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

Zakaria (enjoué, désignant la construction en parpaings) : “Tu habites là en fait ?” Robert (pince sans rire, montrant la direction opposée) : “Regarde par là-bas, regarde ailleurs va !” 14

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fausse garçonnière «en dur»

posters Dior, Channel Renaud seul à boire du whisky

terrain de pétanque

bassin

fèves

Jardin n°x Chez Robert

Terme à définir après cette immersion : habiter, limites, rue, jardin, récupération 15

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Je me souviens du pont de la SNCF à la verticale, de sa redescente lente et de la sensation de se faire écraser lorsque nous sommes en dessous à sa remise en place. Je me souviens avoir voulu enregistrer la famille que nous avons aidée, mais m’être forcée à ne pas le faire pour ne pas les mettre mal à l'aise et privilégier notre intégration au lieu. Je me souviens d'Hervé Di-Rosa, avec un tiret entre le Di et le Rosa. Je ne me souviens pas de son humilité. Je me souviens m'être dit que je ne taperai jamais son nom dans google, pourtant c'est ce que je fais en me remémorant ce moment. Je me souviens des discussions viriles chez Robert. Je me souviens de leur bonne humeur, de leur accueil, de leur intérêt pour notre travail, pourtant je ne peux m'empêcher de me souvenir de leur jugement envers les cagoles, les piches, les femmes en général. Ils ont bien ri en tout cas et nous aussi. Je me souviens de la succession d’univers qui s’enchaînent, de leur imperméabilité et de leur proximité physique.

Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins débroussaillage

des roseaux L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie d’y faire projet. Nous voyions un fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera bientôt construite de l’autre côté des rails. Ce lieu se présentait presque comme un défi : les jardins apparaissaient hostiles, fermés, privés, interdits. Aussi, leur esthétique de bric et de broc, l’appropriation totale dont ils font l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

cabanon cassé par l’arbre 16

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roseaux pour le toit du poulailler

g

bois pour le


Je me souviens des trous de serrures qui laissent passer les herbes folles. Je me souviens que certains ne viennent jamais sur le lopin. Je me souviens que Loulou avait très envie de dérusher notre long enregistrement à la table de Robert, alors que moi absolument pas, étrange. Je me souviens du double vitrage et des parpaings crépis de chez Robert, du carrelage impeccable. Je me souviens que nous avons pris pour la première fois à droite en sortant des jardins, pour essayer ce nouveau chemin, mais que ce n'était pas terrible. Je me souviens que la première famille utilise des roseaux encore verts pour “abriter les poules de la canicule”, alors que Rudi Riccioti mais des brise soleil en béton en façade, cela m'a rendu perplexe. Je me souviens que la roue arrière du vélo de Loulou frottait contre le cadre. L'a t-il rafistolé ? Je me souviens que Léa nous a rejoint le matin au moment où nous étions dans le jardin numéro 2 avec le monsieur avec qui nous expliquait qu'il fallait tuer les immigrés, les sauvages, ceux qui se nourrissent encore d'écorces d'arbres. J'avais l'impression qu'il prenait plaisir à être enregistré. C'est drôle parce que moi aussi je prenais plaisir à me taire pour laisser le micro écouter. J'avais oublié qu'on pouvait penser des choses comme ça, cela m'a fait drôle j'ai eu de la peine, et me suis dit que c'était trop tard pour lui.

graines périmées

barbecue

«Manou» grand-mère cheffe de la famille Jardin n°6 Chez la famille 17

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Résumé Carnet de bord 2 Je me souviens aux jardins L’échelle et la morphologie des jardins avaient piqué notre curiosité. Nous ne nous étions rendus qu’une seule fois dans ce lieu auparavant mais il nous donnait déjà l’envie d’y faire projet. Nous voyions un fort enjeu lié à ces jardins : leur révélation. Effectivement, la ZAC entrée Est de Sète sera bientôt construite de l’autre côté des rails. Ce lieu se présentait presque comme un défi : les jardins apparaissaient hostiles, fermés, privés, interdits. Aussi, leur esthétique de bric et de broc, l’appropriation totale dont ils font l’objet et l’aspect secret qu’ils renvoient, en font un cas d’étude d’autant plus intéressant : une architecture complètement informelle concentrant un savoir-faire agricole important.

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2) Naissance de nos valeurs de projet

de notre engouement à propos de la notion de découverte (entrer dans un univers méconnu). « C’est un autre monde. C’est une rue de campagne, avec des façades de bidonville qui cachent des jardins de toutes sortes. Plus ils se barricadent, plus on a envie de voir ce qui se cache derrière. »2

Des sensibilités singulières pour les pratiques humaines Un attention particulière portée sur nos propres pratiques et manières de travailler l'architecture

« On a fait des sauts de jardins en jardins. Tous sont des mondes cachés, reflétant la personnalité de son propriétaire, parfois l’histoire de sa famille et de la débrouillardise. (…) On y rencontre une communauté fermée sur elle-même mais qui comporte des brèches. Nous on s’y faufile comme l’eau avec une superbe fluidité. »3

A la suite de ces deux phases immersives, il est possible de d'affirmer que le projet avait commencé bien avant le choix des deux terrains. En effet, le processus étant le projet, nous avons dès le départ tenté de décrire nos pratiques de projet en prenant du recul sur ce que nous faisions (cela passait essentiellement par la rédaction de nos comptes-rendus réflexifs). Par exemple, nos pratiques en tant que groupe de travail : comment pratiquonsnous le projet d'architecture ? Cette question constitue la base de notre PFE. Question que formalise Léa ici.

Disons même qu'au delà d'élire arbitrairement un lieu puis d'y dénicher des petits indices pour faire projet, c'est bien la quête de ces petites choses en elles-mêmes qui a désigné les lieux que nous avons choisi d'investir, étudier, de comprendre, de révéler.

« Nous sommes quatre, peut-être un médium pour explorer en profondeur les problématiques qui s'offrent à nous et expérimenter des outils de projet qui nous tiennent à cœur : l'entretien, l'échange, la marche lente, le dessin,l'enquête. »1 Un intérêt pour les pratiques habitantes au sein de nos terrains Grâce à cette prise de recul sur nos travaux, nous voyons l'importance accordée aux pratiques des personnes habitant les lieux que nous choisissons d'investir. Il était question pour nous, tacitement, d'y dénicher le secret, le discret quant aux pratiques des usagers. Dans ces extraits de réflexifs nous pouvons relever l'importance du champs lexical de ce qui relève du caché et 1

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Extrait d’un réflexif de Léa, le 02 février 2021

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Extrait d’un réflexif de Zakaria, le 25 février 2021 Extrait d’un réflexif de Zakaria, le 26 février 2021


Lors d’un passage dans les jardins, Christian et Zakaria

« Voilà où nous mène notre dérive, aux portes des jardins, chez les gens, dans leur intimité. Quelle satisfaction. Contact. »4

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Ces attentions particulières spontanées envers les pratiques humaines nous ont conduites à deux grandes valeurs de projet : la valeur d'usage et la notion de commun. Suit alors la mise en mot de ces notions, que nous situons et rattachons à nos situations.

Extrait d’un réflexif de Léa, le 26 février 2021

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caravane

serre semis de tomates courgettes choux

cerisier, rosier et cactus

barbecue

atelier ancien potager

salades

petit pois, navets, oignons puit/poubelle de nappe phréatique

chats, poules grenouilles tortues, pigeons débarras

poulailler

Jardin n° 11, celui d’un agent de sécurité

nouvelle palissade palettes

dalle béton intérieur

cabane en construction plancher terrasse palettes tuteurs en bambou puit

tanks à eau serre artisanale pour semis salades

vignes groupe électrogène

Jardin n° 45, celui de Loulou le docker

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accès aux rails

terrain dénivelé laissé en friche

serre pour les semis

potager en préparation

tuyau d’arrosage

barbecue salades

scooter jaune acheté à un ancien employé de la Poste

Jardin n° X, celui de Christian

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Mise en mot et transformation de ces sensibilités en valeurs, moteur de projet

Le philosophe distingue deux niveaux de valeurs qui seraient accordées à un même espace. Le premier, d'usage, serait porté par les occupants du lieu, accordant de la valeur à l'espace par l'usage qu'ils en font.

La valeur d'usage Henri Lefebvre a repris les travaux de Marx sur les notions de valeurs d'usage et d'échange pour les appliquer à l'urbanisme. Ainsi, il nous renseigne sur différentes grilles de lecture pouvant caractériser un même espace selon les valeurs avec lesquelles nous le regardons. Il nous parle de la valeur d'usage en ces termes :

Il y oppose la seconde : la valeur d'échange. Ce second degré de valeur, caractérisant l'espace, fait référence à sa marchandisation, il s'agit de la valeur commerciale qui est rattachée à un espace ainsi qu'à son image. Pour notre part, nous avons fait le choix d'une entrée dans les projets par le terrain. Ce qui a, de fait, orienté nos regards, car en refusant de débuter par les cartes (outil des « gens qui y pensent, qu'ils soient administrateurs ou urbanistes ») ou bien par la recherche d'informations détachées de l'espace vécu des « gens [qui] transforment l'espace ».

« Les gens utilisent, ils font, ils transforment l’espace à leur usage. Ils refont de l’espace une valeur d’usage, (...) alors que les gens qui y pensent, qu’ils soient administrateurs ou urbanistes, en font une valeur d’échange. Et c’est là une des raisons profondes du blocage. »1

1

Nous nous sommes finalement abstraits de la notion de valeur d'échange ou marchande des terrains de projet. Notre sensibilité pour le terrain (celui du chai et celui des jardins) a axé notre intérêt vers les pratiques des usagers. Ces pratiques relèvent de la valeur d'usage : c'est ainsi notre attrait pour le terrain qui nous a conduit à la valeur d'usage. D'ailleurs les sites que nous avons choisis n’existent pas à l'échelle de la ville, ces deux lieux ne participent pas à un sentiment d’identification ou d'appartenance vis-à-vis de Sète. Ce sont des lieux cachés, absents des représentations collectives que nous avons de la ville. Ce sont des endroits discrets, inconnus, plutôt inaccessibles et fermés. De l'extérieur, rien n'informe de leur existence, si ce n'est l'affiche pour le bal masqué sur la porte en métal du chai et le panneau rouge indiquant la propriété privée au départ du chemin central des jardins. Ce sont des mondes parallèles dans la ville de Sète : ils n'existent que pour ceux qui en font l'usage. Ces deux lieux sont dénués de valeur d'image ou marchande.

Henri Lefebvre, entretien réalisé par l’office national du film du Canada, 1972, https://medium.com/@ tohu_bohu/28-urbanose-487432b88d0

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Par exemple la valeur d'image des jardinots est faible car ils ne participent pas à la mise en jeu d'un sentiment d'appartenance commun à l'échelle de Sète, et même à l'échelle de la zone industrielle dans laquelle ils s'inscrivent (si ce n'est pour les jardiniers eux-mêmes). C'est pour dire : la bande de jardins ouvriers est qualifiée de “ filtre végétal sans intérêt majeur ” dans l'étude d'impact de la future ZAC entrée Est de Sète2. C'est sur le site des jardins que nous avons pris la mesure de cette valeur d'usage, grâce à notre observation, et aux discussions avec les jardiniers. Très souvent, ils ont été surpris de l’intérêt que nous portions à leur jardin et à leur construction “ en récup’ ”. Ils avaient conscience que leurs jardins étaient dénués de valeurs d'image ou marchande et se demandaient alors ce que nous pouvions bien leur trouver. Ce décalage réside dans le fait qu'ils n'avaient pas conscience que ce sont euxmêmes qui généraient la valeur à laquelle nous nous intéressions. En effet ce qui y fait valeur à nos yeux est tous ce qui gravite autour de cet espace. Tous les gestes additionnés qui ont participé à sa formation, à sa morphologie tels que les allers et venues entre la ville et les jardins donnant peu à peu naissance aux chemins. Ou encore, chaque foyer ou individu délimitant son bout de terre, le travaillant et le rendant productif. Tous ces gestes génèrent obligatoirement du savoir sur : l'agriculture, la météo, la construction, la qualité de l'eau ou des sols. Autant de savoir-faire et de pratiques situés que nous pouvons regrouper sous le terme de patrimoine du geste et qui procurent qualités au lieu.

2

http://www.agglopole.fr/wp-content/uploads/ sites/2/2018/02/Rapport-de-pr%C3%A9sentation.pdf

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Divers entrées de jardins individuels, les gens transforment l’espace, le font à leur usage

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Le chai ne semble pas faire partie de la rue Révolution, il n’existe plus dans les consciences, ou bien de façon lointaine concernant sa fonction vinicole passée. Actuellement, un processus de valorisation y est en cours : sa réhabilitation va augmenter sa valeur d’image, le faire exister. Il est aussi possible d’en augmenter parallèlement la valeur d’usage en renforçant sa fonction actuelle : celle d’un lieu de travail. Séverine Péron, artiste plasticienne, avec qui nous nous sommes entretenus nous fait part de l’usage particulier qu’elle a de son atelier et de sa valeur :

Elle qualifie et estime cet espace non pas en fonction d’une image ou d’une conception monétaire, mais bien au travers d’un rapport pragmatique, intime qu’elle entretien avec lui, et de la pratique qu’elle y fait. De la même manière, Bhâ aborde aussi l’usage technique qu’elle fait de son atelier : « Je commence plein de trucs que je laisse jusqu’à trouver la solution technique. Je fais des micro installations, des petits tests, donc c’est assez mouvant finalement. C’est ma galerie, mon book in vivo. »2

« pour moi dans cet atelier, je dois réfléchir à des projets qui s’adaptent à cet atelier, parce que le manque de chauffage notamment, ne me permet pas de travailler dans la précision. Par contre, il est idéal pour travailler des choses grandes, qui prennent de l’espace. »1

Atelier de Suzy Lelièvre

1

Séverine Péron, plasticienne, extrait du podcast Le chai Saint-Raphaël, 1min 45

2

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Bhâ, artiste, extrait du podcast Le chai Saint-Raphaël, 3 min 14


Le commun

L'espace du chai Saint-Raphaël fait aussi écho à la notion de commun. La communauté d'artistes (ne sachant pas encore s'ils forment une association, un collectif etc) est en recherche de commun, les résidents se demandent comment gérer et partager la ressource matérielle qu'est le chai. Cette démarche est initiée par les artistes euxmêmes : ils tendent à dépasser ensemble l'usage du lieu qui leur est réservé au départ par la municipalité (baux d'occupation renouvelables tous les six mois). Du cadre strict de la location d'une surface délimitée, ils se sont donnés les moyens de s'approprier ensemble les parties communes afin d'améliorer leur outil de travail. En effet, ils inventent collectivement des règles et une gestion commune des espaces. Ils choisissent aussi eux-mêmes l'image qu'ils donnent de leur lieu de travail au travers de l'organisation collective des portes ouvertes par exemple.

L'usage fait de ces deux lieux nous fait dire qu'ils sont gérés par leurs habitants comme un commun. Ci-après, l'explication de “ commun ” d'après le sociologue Pascal Nicolas Le Strat. « En quoi une ressource fait-elle commun, et pour qui ? Pour quelle communauté de personnes ? […] Une première série de questions porte sur la volonté et la capacité d’une communauté à faire d’une réalité (un savoir, un voisinage, une création, une expérience, une œuvre, un logiciel, un lieu, une semence paysanne…) une ressource commune, à partager égalitairement. Une deuxième série de questions concerne alors la façon dont cette communauté (un groupe de voisins, un collectif militant, une communauté de savoir, une coopération de travail, un réseau d’activité) va s’organiser pour administrer cette réalité devenue commune sur une base réellement démocratique garantissant l’implication de tous et préservant l’accès de chacun à cette ressource. »3

La valeur des deux sites se trouve finalement dans leur utilisation et l'appropriation qui en a été faite : l'un est un lieu d'autonomie et d'agriculture, l'autre un lieu de travail et de création. S’intéresser à la valeur d’usage et à la notion de commun, c’est s’intéresser à ce que nous racontent les gens sur l’architecture et la fabrique de nos villes.

Les jardins sont gérés tel un commun. Pour quelle communauté de personnes : la communauté de jardiniers gère cette réalité (le sol et les savoir-faire agricoles) au travers de l'association des Jardinots (loi 1901) et de l'implication de chacun. Des règles structurent par exemple l'entretien et l'occupation de l'espace de circulation collectif. De plus chacun des jardiniers doit répondre à certaines exigences vis-à-vis de la communauté, comme par exemple : entretenir son jardin, le cultiver et ne pas employer d'intrants chimiques.

3

Ce qui nous questionne est l'absence de la valeur d'usage et de commun au sein des critères servant à qualifier et à façonner l'urbain et l'architecture.

Pascal Nicolas Le Strat, https://pnls.fr/

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3) Autour du processus Définition de notre processus situé

« Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d’avoir commencé à écrire, je n’aurais jamais le courage de l’entreprendre. Je ne l’écris que parce que je ne sais pas encore exactement quoi penser de cette chose que je voudrais tant penser. (...) Je suis un expérimentateur en ce sens que j’écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu’auparavant. »2

La première partie (Cf. I - Partir de la dérive) a révéler comment une présence fréquente et immersive sur le terrain a fait émerger des protocoles qui portent le processus et des outils qui permettent de capter, retranscrire et prendre du recul vis-à-vis des expériences sur le terrain. « La répétition de nos escapades à Sète sera déterminante pour chercher à mettre en place des méthodes adéquates dans notre recherche. »1 Ces premières expériences aident à comprendre comment se compose le processus. La citation qui suit exprime notre posture, celle d'« expérimentateurs » au sens où nous essayons de faire le projet autrement sans savoir quel projet nous souhaitons. Simplement notre intuition nous dit qu'il faut que nous le fassions et que cette dynamique sera vecteur d'apprentissage. Ainsi, nous le rappelons, ce projet de fin d’études à quatre émerge à la suite d’une envie commune d’expérimentation. Il prend la forme d’une recherche sur le processus. Cette recherche propose une vision rétrospective sur un processus de projet ; non pas une méthode généralisable, mais simplement une proposition située faite de multiples récits décrivant finalement une posture, une façon d’être au monde. Le processus est partiel, ouvert et situé.

1

2

Extrait d’un réflexif de Louis, le 19 janvier 2021

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Michel Foucault, Dits et Ecrits, 1954-1975


Le terrain, tout d'abord le processus inclut le terrain, le réel. Fréquenter le terrain régulièrement est compris dans ce processus, c'est en fait le point départ qui impulse un mouvement et donne naissance à la situation de projet. Le terrain a été abordé d'abord par la dérive. Se trouver sur le terrain signifie être des « éponges » et rester disponibles aux ouvertures potentielles, aux indices. Nous nous laissons guider par tout et par le peu, par le microscopique et par notre intuition. Sur le terrain, à Sète, nous sommes semblables à des capteurs, qui enregistrent, mémorisent, interrogent, marchent, observent.

Surtout, ce projet de fin d'études accorde plus d'importance aux moyens qu'à la fin, et aimerait mettre en valeur l'apprentissage et la connaissance engendrés lors du processus. S'attacher aux moyens plutôt qu'à la fin car le bâtiment fini (ou bien la planche finale) ne peut montrer les détours ayant lieu avant la fixation des idées. Ces contournements sont un travail, ils enrichissent le projet. Pour cela, nous pensons que s'intéresser au processus lors d'un travail étudiant est légitime : de fait nous ne construirons rien, mais nous pouvons exposer ce que nous apprîmes en faisant. Ce que nous avons construit c'est une réflexion, des liens sociaux, un univers, des dialogues.

Le recul, le contact avec le terrain est ainsi amorcé et entretenu durant tout le projet. En parallèle, une prise de recul par rapport au réel complète le processus. La prise de recul passe par des réflexifs individuels, une vision rétrospective portée par le groupe sur les expériences, par la représentation, l'interprétation et la communication (partage avec des personnes extérieures au projet).

La valeur accordée à la finalité diffère entre l'application d'une méthode pour aboutir à un résultat défini et un processus. Appliquer un processus n'est pas possible, contrairement à une méthode. Le terme processus sous-entend qu'il ne peut exister qu'en se nourrissant de la réalité, en s'y adaptant. Il est une accumulation de réel et d'idées en perpétuel mouvement. « Opposer procédure [méthode] et processus c'est respectivement, opposer un mode de conception à partir de règles connues et un mode conception déterminé par des actions qui n'augurent pas de tous les résultats, mais laisse ouvertes des possibilités inexplorées. »3

Le ré-ajustement, la prise de recul remodèle la réalité et nous la fait voir autrement. Vient alors le troisième paramètre du processus : le ré-ajustement. Lors de cette étape, une piste plutôt qu'une autre peut-être empruntée. Ensuite il est possible de retourner sur le terrain pour nourrir, vérifier, compléter les idées, avec cette nouvelle perception. Le processus est itératif.

Ce processus se définit de notre point de vue au travers de trois dynamiques interdépendantes qu'il n'est pas possible de hiérarchiser.

Le projet est donc incarné en chacun de ces moments : il s'y matérialise et s'y précise sans hiérarchie.

3

Jacques Lacant, On n’en veut à la composition 2, in matières, 2003, p.78

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La part du groupe au sein du processus

La force du groupe n'est pas anodine, c'est cette drôle de sensation d'être intouchable, même dans l'erreur, de se tromper ensemble et d'y arriver ensemble tout en s'accomplissant individuellement et en donnant aux autres. Nous mettons un point d'honneur à nous amuser, à travailler en prenant plaisir, à nous épanouir : en étant attentifs les uns aux autres, aux récits des habitants et en prenant le projet tel un jeu.

Le groupe est en action lors de l'appréhension du terrain et lors de la prise de recul vis-à-vis du terrain). Ce fonctionnement ‘‘en interne’’ est étayé par les outils que nous avons abordés précédemment. Nous l'avons énoncé, le processus est une fin en soi car il contient le projet en chacun de ses instants, et notamment à chaque interaction entre les membres du groupe. Jusqu'au bout nous ne savons pas vers quoi nous allons mais nous expérimentons, et nous lançons à corps perdu dans ce processus afin de « nous changer aussi nous-mêmes ». Le projet a la vertu de nous apprendre à réfléchir par nous-mêmes à propos de situations réelles.

C'est une posture forte car nous avons choisi de vivre notre projet pleinement et de nous laisser embarquer par les histoires.

Le groupe caractérise et génère le processus, tel un pré-requis donnant l'opportunité de jouer avec les paramètres du projet et de détourner des protocoles. Le processus est situé car propre aux individus le composant. Faire collectivement (le groupe pour s'émanciper du cadre scolaire et fabriquer notre propre paradigme de projet) pour saisir la réalité avec une multiplicité de regard (huit yeux, huit mains, quatre corps).

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Dessiner pour quoi faire ?

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« Je me souviens être à chaque fois étonnée de l'investissement des personnes pour nous aider dans notre quête inconnue, alors même qu'en échange, nous n'avons rien à leur montrer/ expliquer/proposer. À part notre compagnie et notre écoute. »1

Ayant exposé cette posture aux autres étudiants et enseignants, nous nous sommes entendus dire que le dessin était justement une façon de révéler et qu'une question se posait : comment matérialiser en problèmes d'architecture tous nos questionnements à propos de la valeur des lieux ? Par quels dispositifs spatiaux était-il possible de traduire notre posture tendant à la révélation et à la compréhension de ces espaces habités ? Ainsi, le dessin d’architecture luimême fait partie de l'interprétation des sites. Il ne fallait pas oublier nos outils étudiants (carte, coupe, plan) et les croiser avec nos « nouveaux outils » (entretiens, dérive, immersion, podcast, relevé).

La première phase d'immersion a aussi été synonyme de travail de groupe intense, gommant un travail plus individuel. Les données à traiter étaient trop importantes, tout le monde était sommé d'occuper la même mission : traiter l'information. De fait, la place pour la réflexion individuelle et la proposition n'était pas évidente. Le fonctionnement à quatre tout au long de cette première phase a permis de pouvoir couvrir la réalité des terrains plus amplement : avec huit yeux, huit jambes, quatre corps. L'immersion a produit chez nous un attachement fort aux lieux.

Dessiner est aussi une manière de révéler et de protéger ces lieux, d'autant plus que notre travail est un projet d'école, qui ne sera donc pas réalisé : nos propositions pourraient au mieux nourrir les représentations collectives liées aux deux terrains.

Projeter pour révéler

Des constats forts nous donnant un sentiment d'illégitimité face au dessin, nous sommes passés à une posture prospective afin de voir comment de tels lieux pourraient se transformer en ce sens, autrement dit comment affirmer, accentuer nos constats/accroches par le biais de l'architecture ?

Pourquoi n'avons-nous pas dessiné plus tôt ? Car nous nous sommes longtemps posés la question : comment serait-il possible de vouloir transformer ces deux réalités que nous avons pris soin de comprendre ? Nous nous sommes sincèrement demandés si nous dessinerions : au sens d'une proposition d'architecture incluant la modification (et ainsi l'altération) des lieux étudiés. Leur richesse en tant que choses qui existent nous paraissait évidente.Nous avons pensé à un moment que notre seule visée serait de révéler ces deux endroits au travers de relevés et des podcasts découlant des entretiens.

1

Extrait d’un réflexif de Léa, le 5 février 2021

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Chapitre II , révéler

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Nous prêterons dans ce chapitre une attention particulière à la façon dont les projets s’attachent à la valeur d’usage et à la notion de commun. Au chai par des dispositifs architecturaux, et aux jardins par une réflexion axée sur le paysage et les règles d’urbanisme.

La fin de la partie « amasser pour comprendre » signe la fin d’une phase où nous avons travaillé à quatre. Cette première phase a pris fin le 9 mars 2021 suite à une présentation intermédiaire de PFE devant d’autres étudiants et enseignants du domaine d’étude Situation-s. Cette présentation nous a mis devant le fait qu’il nous était impossible de ne pas dessiner, que là résidait notre force, dans le dessin justement.

Pour ce faire, nous reviendrons d’une part, sur le processus du projet du chai Saint-Raphaël et d’autre part sur celui des jardins. Ces deux parties se divisent en trois sous-parties qui correspondent aux trois phases de travail en binômes. Nous verrons que le processus du projet du chai Saint-Raphaël est plus linéaire que celui du projet des jardins cheminot, où les sorties sur le terrain ont à chaque fois réorienté la réflexion à l’inverse du chai, où les sorties ont conforté nos idées.

Lors d’une présentation

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2versus2

Nous avons structuré le projet au travers de protocoles stricts.

Ayant pris conscience de la nécessité du dessin, nous avons mis en place des binômes ayant pour but de nous lancer dans la représentation : durant deux à trois semaines, un binôme constitué au hasard travaillerait sur le chai Saint-Raphaël, et un autre binôme sur le projet des jardins avant d’inter-changer les projets et les binômes (un des deux étudiants reste sur le même projet et prend le rôle de transmetteur). Cet échange de projets donnerait lieu à une transmission, c’est-à-dire à un moment où les deux groupes se réunissent pour s’exposer leur travaux pour ensuite reconstituer des binômes différents.

mars

mars mars avril

avril avril mai

mai mai

Schéma de répartition des binômes prévus à l’origine, en mars

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Transmissions

La transmission fait partie de la création de notre propre cadre de travail – impliquant de nous placer dans une posture critique d’écoute permanente et d’autonomie vis-à-vis de l’école. La discussion qui a lieu lors de la transmission nourrit le projet : elle est intense car chacun est concerné au même degré par les deux projets. Présenter aux autres en ayant en tête qu’ils vont prendre le relais et écouter une présentation en pensant que c’est aussi notre projet change la nature de l’échange : acteur, nous nous projetons.

L’objectif de la transmission est de mettre en forme deux semaines de travail en binôme et de mettre au point des éléments graphiques appropriables par le groupe suivant. Nous avons effectué deux transmissions. Il y a eu au total trois phases de travail en binôme, la dernière n’ayant pas fait l’objet de transmission. « Le rendu a été très productif il me semble, mais c’était pas facile de jouer les critiques les uns envers les autres. J’étais un peu dégouté sur la fin. Notre propos n’était plus aussi clair. Mon texte est peut-être trop tortueux. Pourtant quand je l’ai lu à Alice ça avait l’air clair. »1

L’esprit de groupe que l’on a constitué sur le terrain se retrouve dans ces moments d’échanges, sur fond d’expériences vécues partagées.

Certaines réflexions sont abandonnées. Comme l’évoque Zakaria, être synthétique est difficile, cela provoque l’impossibilité de l’exhaustivité. Passer le projet d’un groupe à l’autre entraîne inévitablement une perte d’informations ainsi qu’un renoncement spontané à des pistes de projet, de la part du groupe qui transmet mais aussi de la part du groupe qui reprend la main.

Présence sur le terrain En parallèle, nous avons continué à organiser des journées à Sète une fois par semaine, même si nous imaginions que nous n’avions pas besoin d’aller sur site, nous nous y rendions. Cela pour garder un pied dans le réel et entretenir les rapports établis, et encore une fois, ritualiser le travail de groupe.

De plus, le moment de la transmission est une manière de ritualiser le partage du travail, de s’astreindre à la production et à la formulation des idées. Le protocole de la transmission aura mis en avant la force des carnets réalisés pour cette occasion, contenant du texte, des éléments de dessins, des photographies, etc. Ces carnets sont les projets.

Travailler sur deux cas d’études rend possible la comparaison du résultat de ces protocoles (2versus2, transmission, présence sur le terrain) sur les deux projets. De fait, en quel sens ontils fait évoluer l’un et l’autre projet ?

« J’ai trouvé que les deux binômes avaient eu une approche complètement distincte. Léa et Louis se sont davantage axés sur le fond du projet, d’ailleurs leur mise en forme (un carnet) reflétait aussi ce fond. Alors que Zak et moi étions davantage orientés sur la forme. »2

1 2

Cette deuxième partie « révéler » a ainsi pour but de retracer ces jeux de groupe et les modifications qu’ont subi les deux projets.

Extrait d’un réflexif de Zakaria, le 30 mars 2021 Extrait d’un réflexif d’Alice, le 30 mars 2021

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ICas d'étude 1, le chai Saint-Raphaël 1) Réemploi de l'outil du carnet dans le but de transmettre des intentions

« Être en recul du terrain pour le chai était très positif, [...] cela nous a permis de nous projeter [...]. Poser des mots, définir des intentions, des accroches, faire des schémas c'est rassurant. [...]. Trouver les bons mots est pour créer l'univers de travail nécessaire : les termes de « façade intérieure », « usure », « structure vivante » résonnent et font vivre le projet en le définissant »2

– premier 2v2, Léa et Louis Durant cette première phase de travail en binôme, les intentions de projet furent posées. À ce stade, l'entretien du contact avec le site baisse en intensité mais autre chose se produit, l'écosophie1 se matérialise dans le groupe et les protocoles mis en place. L'aboutissement de cette première phase de travail en binôme était une transmission. Pour cela, nous nous sommes détachés du terrain et avons réalisé un carnet d'intentions. Nous avons choisi de continuer à utiliser ce format afin de compléter les deux carnets déjà existants. Cela revenait à continuer la production commune. Ce carnet a rejoint la fabrique à idées collectives : chacun s'approprie les notions et esquisses qui y sont employées.

Le carnet est pratique pour travailler en groupe (outil de communication) : il contient les principes de projet (ajouts programmatiques et ajouts d'architecture), ainsi que des pistes à creuser à l'attention du groupe suivant (une « to-do list »). Il rend compte de l'essentiel du travail réalisé durant deux semaines par le binôme. Ci-après, il est possible de le lire dans son intégralité. Réalisé du 18 au 30 mars 2021 par Léa et Louis, il est emblématique de notre démarche, il a été la pièce unique transmise au binôme suivant. Il est intéressant d'en prendre connaissance car il consigne les premières réflexions : les intentions ont peu changées, la plupart d'entre elles ont été traitées. Il est pertinent de s'y référer afin de voir comment nous avons choisi de les mettre en architecture.

Le carnet d'intentions est un médium de communication pensé pour être transmis. Il oblige à rendre le discours intelligible, les éléments de dessin y sont simplifiés et hiérarchisés.

A droite, cartes réalisées lors des premières réflexions sur le chai Saint-Raphaël

1

c.f. glossaire, définiton de l’écosophie

2

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Extrait d’un réflexif de Léa, le 10 mars 2021


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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistes qui font un nouvel usage de l'espace : exclusivement dédié à la création artistique. Le privilège silencieux de pousser la porte en métal et d'arriver sans transition dans un autre monde nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles.

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Le chai Saint-Raphaël, un outil de travail et de création Comment provoquer l’étonnement et en révéler

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistes qui font un nouvel usage de l'espace : exclusivement dédié à la création artistique. Le privilège silencieux de pousser la porte en métal et d'arriver sans transition dans un autre monde nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 2

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Glossaire situé Usure : au chai, c’est une sensation de bâtiment déserté, de ruine investie. Cette usure nous fait sentir un certain privilège à nous trouver là, elle donne de la force à l’intériorité que le chai génère. Elle témoigne de la longue phase d’abandon dont le bâtiment a fait l’objet.

Collectif : au chai, le collectif d’artistes se forge au fil des actions collectives. Ainsi les lieux communs, en plus d’être le théâtre des réunions, des repas et du travail - résultent de la dynamique d’appropriation de l’espace par les résidents du chai (le chantier de la cuisine, l’atelier du rez-dechaussée). « On a entreprit la rénovation de la cuisine, et je pense que ça a été le moment qui nous a permis de se rencontrer. Parce là on s’est rencontré à travers des travaux communs, des questions uniquement logistiques, mais est-ce qu’on pourrait pas se rencontrer autour du travail ? » Suzy Lelièvre - Extrait du podcast sur le chai - 2min35

Atelier : au chai, l’atelier se décline pour l’instant sous deux typologies : l’atelier d’artiste et l’atelier commun. L’atelier d’artiste est au départ un espace vide, chaque individu y tisse son univers, peuple cet espace : en stockant, en travaillant, en dansant. Souvent, le travail d’atelier est un travail de recherche adapté aux dimensions de l’atelier : de fait l’espace de l’atelier sert aussi de démonstrateur. « Je dois réfléchir à des projets qui s’adaptent à cet atelier parce que le manque de chauffage notamment, ne me permet pas de travailler dans la précision. Par contre il est idéal pour travailler des choses grandes, qui prennent de l’espace. » Séverine Péron - Extrait du podcast sur le chai - 1min45

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire Contexte aujourd'hui par la présence des artistes qui font un nouvel de l'espace Lausage municipalité de Sète:yexclusivement a mis en place la location d'ateliers pour des artistes. Le niveau faible de confort, la manière dont les occupants se dédié à la création artistique. Le privilège sont appropriés les lieux en l'enrichissant (paretla mise en place d'un espace silencieux de pousser la porte en métal d’atelier commun et d'une cuisine commune) au travers de petits chantiers d'arriver sans transition dans un autre mondedes ateliers pour les collectifs, et enfin constatant le caractère nécessaire artistes (outil premier du de travail) constituent les premières accroches fortes nous saisit. L'usure bâti reflète sa longue du projet. Nos intentions aimeraient faciliter, encourager cette dynamique période d'abandon (trente ans) la structure en d'appropriation. Nous avons décelé une volonté de faire de ce lieu un véritatreillis oxydée par Cela le temps nouspas, parle d'une ble outil de travail. n'excluant occasionnellement, d'ouvrir le chai au public pour des expositions, des vide portesvertical ouvertes, des représentations etc. époque industrielle révolue. Le et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le « [L’architecte] favorise rapport à la conservation patrimoniale. biais de l'ouverture des l’usage cuves par et de la fermeture »1 des coursives, venant créer une façade « [… ] deux écueils à éviter : la préservation patrimoniale (trop coûteuse, intérieure). trop rigide) et la table rase (trop violente, trop amnésique). »2 - mettant en place une structure festive et 1 Catsaros, Christophe, et Edith Hallauer. Histoire de construire: Patrick Bouchain, Loïc Julienne, Alice reservée aux arts vivants, signal à étonnante Tajchman. Arles, France: Actes Sud, 2012. l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot 2 Idem pour des représentations ponctuelles. 4

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence Accroches des artistes qui font un nouvel usage de l'espace : exclusivement dédié à la création artistique. Le privilège L’USURE , preuve d’un espace précieux. silencieux de pousser la porte en métal et « Dans sa quête désespérée de laun forme originelle, d'arriver sans transition dans autre mondela restauration patrimoniale inflige un lissage souvent destructeur. Il consiste à effacer les traces nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue du temps pour révéler dans sa splendeur un instantané du bâtiment. Ce période (trente ans) la structure en purismed'abandon archéologique est une fiction. L’état parfaitement restauré n’est pas plus authentique que l’état délabré ou altéré. [...] L’histoire n’est pas treillis oxydée par le temps nous parle d'une une succession d’instants, mais un continuum fait d’accélérations, d’ajouts, époque industrielle révolue. Le vide vertical de périodes fastes, et d’autres plus austères. [...] Là réside probablement et la monumental et réhabilitation, les cuves énormes, richesse de cette qu’aucunevides restauration ne peut espérer atteindre. Celle du maintien de l’état de ruine laissent planer une ambiance mystérieuse,parallèlement à la reprise de l’activité. Cette rencontre de deux temps du bâtiment parvient à restituer une grandeur à explorer. Aussi, les espaces l’épaisseur temporelle de son évolution. Elle saisit sans se figer le glissecommuns forgés lesautre. résidents traduisent ment d’une époquepar à une »1 leur volonté de définir ensemble ce qu'est un L’INTERIORITE provoquée notamment lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se par la découverte soudaine depuis la rue de la Révolution de cet espace réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre vertical, monumental et centripète. Nous pensons qu’il faut conserver le privilège silencieux de notre projection dans cetet espace induit un dans un autre monde, pousser la porte en métal d'arriveret sans transition entendre lefort. caddie de Bhâ taper le carrelage avant de lever les yeux vers la imaginaire structure immense vert pâle. clairement, il Nos intentions se dessinent s'agit d'amplifierelle cetinduit outilquelque de travail et repli, d'en parce qu’il y a presque “L’architecture, chose de le panoptique, quelque chose qui est fort, fait qu’on est les uns en face façonner l'intériorité au service des qui habitants. des autres, tout est ouvert, y’a cette grande tour au centre. Moi je pense toujours à surveiller et punir, c’est un lieu de contrôle. Et puis il y a peu Cela en : qui ouvrent sur l’extérieur, le chai a été un peu entouré. Donc de fenêtres y’a quelque chosecommuns, à la fois un en peuajoutant difficile etdes en même temps l’architecture - créant d'autres elle est assez grandiose avec les treillis un peu à la Eiffel, on est très loin typlogies d'atelier et en augmentant le niveau du white cube, c’est ça qui m’intéresse dans cet espace. Et ici, on a aussi detout confort dans les (par le d’espaces résiduels : on ce potentiel non ateliers utilisé duexistants chai, y’a beaucoup pourrait imaginer dans ou deux d’ouvrir une cuve et de voir biais de l'ouverture desuncuves et endroits de la fermeture 2 comment on agrandit, cet espace quel usage des coursives, venant créer une façade il prend.” Suzy Lelièvre

intérieure). - mettant en place une structure festive et 1 Catsaros, Christophe, Edith Hallauer. Histoire de construire: Patrick Bouchain, Loïc Juliétonnante reservée auxet arts vivants, signal à enne, Alice Tajchman. Arles, France: Actes Sud, 2012. l'échelle du quartier, etles’ouvrant 2 Extrait du podcast sur chai - 2min35 vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 6

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire LA STRUCTURE, très présente, elle marque aujourd'hui par la présence des artistes qui font fortement l’espace, au point d’avoir envie d’y faire émerger la surprise, mais comment s'y unintégrer nouvel? usage de l'espace : exclusivement Comment en tirer parti ? Est-il possible d’y créer des circulations, dédié à la création artistique. Le ?privilège des vues, de l’habiter pour la révéler silencieux de pousser la porte en métal et d'arriver sans transition dans un autre monde nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 8

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LA PRESENCE DE GERMANA et de la danse, du corps. Présence du corps aussi dans la possibilité de réaliser de grandes installations.

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire LA VACANCE, le chai composequi de vides. aujourd'hui par la présence desseartistes font Du vide vertical autour du noyau central et du vide fermé dans les cuves. Ce vide procure unune nouvel usage de l'espace : exclusivement ambiance particulière, un mystère, une grandeur. Investir les cuves, les dédié à la ouvrir, lescréation faire vivre.artistique. ActuellementLe le privilège vide du rez-de-chaussée accueille des expositions informelles, des tests d’installations, silencieux de pousser la porte en métal et des installations plus sédentaires, un endroit où l’on trouve canapé et table, un espace de stockage : d'arriver sans transition dans un autre monde le vide enfermé des cuves représente autant d’espaces vacants potentiels nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue (quelle est la valeur patrimoniale de cuves ?) période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 10

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire LE GESTE COMMUN DESquiRESIDENTS, les aujourd'hui par la présence des artistes font espaces communs sont importants en ce qu’ils représentent. Les espaces uncommuns nouvel usage de l'espace : exclusivement amènent le collectif car ils ont été faits ensemble. Importance du dédié la processus création(au artistique. Le privilège geste,à du delà du patrimoine bâti en lui-même). silencieux de pousser la porte en métal et « Le choix de reléguer au second plan la valeur patrimoniale du bâti pour d'arriver sans transition dans un autre monde mettre en exergue les traces sur le bâti est caractéristique d’une inversion nous bâti reflète sapréférer longuele vivant à l’inanimé. »1 des saisit. valeursL'usure : celle de du systématiquement période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à 1 Catsaros, Christophe, et Edith Hallauer. Histoire de construire: Patrick Bouchain, Loïc Julil'échelle quartier, et s’ouvrant vers enne, Alicedu Tajchman. Arles, France: Actes Sud, 2012, p.43l’îlot pour des représentations ponctuelles. 12

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistesET qui font RENDRE PERENNES unCONFORTABLES nouvel usage de l'espace :LES exclusivement ATELIERS ACTUELS dédié à la création artistique. Le privilège Afin de répondre aux gênes acoustique et thermique relevées par les résisilencieux de pousser la porte en métal et dents notamment, nécessité d’isoler et de fermer les ateliers (système de d'arriver sans transition dans un autre monde fermetures modulables). En effet, les conditions de travail sont difficiles en nous saisit. L'usure du bâti sa longue hiver, les résidents tendent des reflète bâches afin de pouvoir chauffer leurs espaces respectifs. L’humidité, le manque de lumière, ainsi période d'abandon (trente ans) la structure enque la toiture dégradée qui fuit directement dans les ateliers rendent le travail presque impossible treillis oxydée par le temps nous parle d'une l’hiver. époque industrielle révolue. Le vide vertical De plus, chacun.e doit faire attention à son niveau sonore pour ne pas embarrasser les autres. Moduler la fermeture et l’ouverture des ateliers vers et monumental et les cuves énormes, vides l’intérieur, vers le noyau central - est une piste intéressante, par une structure laissent planer une ambiance mystérieuse, supplémentaire. une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants.

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Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 14

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2 AJOUTER DES ESPACES COMMUNS Un lieu de travail comporte des espaces communs : ici l’atelier et la cuisine. Nous pensons que d’autres lieux en communs sont nécessaires. Voici des pistes : un autre atelier (où se trouverait un extracteur et d’autres machines pour découper, percer, souder), une salle informatique pour le travail sur ordinateur par exemple (pièce chauffée, avec prises, tables, lumière naturelle etc), un espace supplémentaire de stockage, ainsi qu’un espace extérieur de détente et de réunion (dans l’îlot). Ces espaces communs sont programmés. On trouverait en plus des espaces cités ci-avant, des espaces laissés vacants à penser et à investir ensemble par les résidents (à l’image du rez-dechaussée utilisé comme lieu d’exposition informelle notamment, pour des grandes installations).

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistes qui font INTERDISCPLINARITE un nouvel usage de l'espace : exclusivement Certains artistes ontartistique. exprimé l’envie de travailler de manière interdédié à la création Le privilège disciplinaire (architecture, art vivant, design, artisanat etc). Ajouter une silencieux de pousser la porte en métal et individuel, typologie 2 : troisième typologie d’atelier (typologie 1 : atelier d'arriver sans transition dans l’interdisciplinarité un autre mondeconsisterait en l’ajout atelier commun) pour favoriser d’espaces de travail à disposition de personnes extérieures au chai. C’est une nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue manière d’augmenter le nombre de résidents et d’ouvrir le chai à d’autres période d'abandon (trente ans)? la structure en pratiques > quel fonctionnement treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants.

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Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 16

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4 AFFIRMER LA PRESENCE

DES ARTS VIVANTS

Créer un espace de travail du corps sécurisé donnant la possibilité de tester des dispositifs de scénographie. Cet élément rend possible l’ouverture occasionnelle du chai dans le cadre de représentations, sorties de résidence etc. L’insertion de cet espace profite de la hauteur du chai, il devra être traversable si besoin, pour ne pas briser la circularité du rez-de-chaussée. Actuellement, on trouve au chai des ateliers pour des artistes pratiquant les arts vivants mais le lieu n’est pas adapté (hauteur trop faible des garde-corps, éléments de structure saillants etc). La création d’un tel espace n’empêche pas la vacance d’autres espaces (à l’image de l’atelier de Germana), qui possèdent des qualités (sons, matières, lumières)servant à la création. Nous souhaitons dessiner les formes d’architecture qui mettent en mouvement, qui animent. Voir aussi interdisciplinarité et laisser du vide

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistes qui font LAISSER DU VIDE un nouvel usage de l'espace : exclusivement Laisser de artistique. vides afin de continuer à expérimenter avec le corps. dédié à labeaucoup création Le privilège Comme expliqué dans l’intention 4, il s’agit de laisser des espaces à disposisilencieux pousser la porte métal et pouvant prendre de multion afin dede laisser le champ libre àenl’appropriation tiples formes grandes installations, petites monde installations, expositions, stockd'arriver sans :transition dans un autre age, autre espace commun impensé, du vide, du vide, du vide. Augmenter la nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue programmation signifie donc laisser beaucoup de vide. Dans une conférence période (trente ans) structure en d’Anned'abandon Lacaton (dans le cadre du la séminaire “Construction durable”), l’architecte expliquait la moitié plus d’espace treillis oxydée parlaisser le temps nousenparle d'une non programmé par rapportindustrielle aux espaces programmés, question de confort selon elle. époque révolue. Leune vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants.

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Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 18

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6 REPOS Nous pensons qu’un espace dédié au travail exige un lieu de repos, un autre type d’espace commun. Nous imaginons cet espace dans les étages, en hauteur, près de la lumière et de la structure (imaginaire du jardin suspendu). Aussi, cet espace de repos pourrait prendre place dans l’îlot, cela provoquerait l’ouverture du chai à son environnement très proche, l’intérieur de l’îlot : une façon de signaler que l’ouverture sur la rue et l’espace publique n’est pas intéressante selon nous, nous aimerions renforcer l’intériorité du chai. Un espace de repos extérieur mais peut-être aussi un espace de travail extérieur ? Actuellement la relation avec l’îlot est inexistante, voire violente (cf. photographie ci-dessous) Voir aussi intériorité et laisser du vide

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire Intention globale aujourd'hui par la présence des artistes qui font un nouvel usage de l'espace : exclusivement FAÇONNER UNE INTERIORITE, en renforçant la dédié à la création artistique. Le privilège sensation d’un endroit aveugle à l’extérieur par : silencieux de pousser la porte en métal et d'arriver sans transition dans un autre monde I. Façade intérieure nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue Cette nouvelle façade résulteans) de l’ouverture des cuves période d'abandon (trente la structure en (voir intentions 2,3,5) et la modularité des coursives (voir intention 1). treillis oxydée par le temps nous parle d'uneOuverture des cuves tel un acte ponctuel, venant créer la surprise et ouvrir d’autres univers. époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides II. Structure et étonnante laissent planerfestive une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces Cette structure donne une place aux arts vivants (voir intention 4), elle s’oucommuns forgés lesunrésidents traduisent vre vers l’îlot pour par donner espace de travail et de représentation ponctuelle. Ajouterdeune structure permet decemontrer leur volonté définir ensemble qu'estles undifférentes temporalités d’un lieu (période de faste, et période d’abandon, lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de sepuis période de réactivation), donner autant une lecture de l’ancien, du neuf, des deux imbriqués réunir, de faire ensemble. déjà-là filtre ajouter du léger pour le l’un dans l’autre. Conserver Le le bâti patrimonial, transformer, le critiquer et leespace rendreet vivant à nouveau. notre projection dans cet induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il III. Une nouvelle toiture s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants.

Au vu des problèmes d’infiltration, nous pensons supprimer l’existante et la remplacer par quelque chose de plus léger afin de pouvoir la rehausser dans le but en d’apporter de la lumière, de la couleur, et de la rue jouer un rôle de signal Cela : urbain. Cela met aussi en avant la structure existante et amène une ambiance - créant d'autres communs, en ajoutant des lumineuse pouvant caractériser fortement l’espace intérieur.

typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de«confort dansdeles ateliers existants (parparce le que c’est un endroit qui On rêverait faire une vraie teuf tu vois, biais de l'ouverture desque cuves de lad’entre fermeture s’y prêterait et je pense pour et chacun nous, la limite entre vivre et créer est petite, c’est par des moments de vivre ensemble qu’on en arrive à des coursives, venant créer une façade créer ensemble. » Cécile Mella intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 20

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistes qui font un nouvel usage de l'espace : exclusivement La vacance existante dédiépratià la création artistique. Le privilège en rose l’espace quable vide, en blanc le de pousser la porte en métal et silencieux vide enfermé d'arriver des cuves. sans transition dans un autre monde nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un La vacance potentielle lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau Les communsde confort dans les ateliers existants (par le - une salle informatique biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture - deux ateliers - stockage des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 22

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Interdisciplinarité Mise à disposition ponctuelle d’espaces

Arts vivants Structure pirate Travail du corps Ouverture îlot Îlot-scène

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« Par ses choix, l’architecte se fait alors historien, prenant part à l’écriture de l’histoire du lieu. Paradoxalement, ce n’est pas la restauration qui permet toujours de garder ce récit vivant. Les usines parfaitement restaurées font peutêtre de très beaux musées mais perdent une partie de ce qu’elles tentent de restituer. La conservation du patrimoine n’assure en aucun cas la préservation de cette mémoire sociale. Sauvegarder les portiques monumentaux et les bas-reliefs à la gloire de la fabrique, c’est-à-dire tout ce qui a été initialement conçu pour durer, peut produire un effet contraire : celui de nier la dimension sociale d’un lieu de labeur pour en garder une vision tronquée, à la gloire de l’industriel qui en porte le nom. Quand Patrick Bouchain désigne une couche de poussière avec de l’herbe comme le support vivant qui va restituer l’histoire du lieu, c’est aussi pour défier le raisonnement qui stipule que l’histoire se résume au patrimoine bâti. C’est contre l’amnésie des restaurations lisses que s’érige le désordre de cette restauration sélective partielle et inhabituelle. Le non-respect de la raison patrimoniale s’inscrit dans une tentative de restituer plus que la simple matérialisation architecturale du discours officiel. L’usine reconvertie peut ainsi devenir le vecteur d’une lecture critique du passé. C’est dans les interstices, dans les failles que se cache l’histoire. Les traces impures du labeur, plus que les frises restaurées, se chargeront de cette tâche complexe de garder intact l’esprit des lieux. La tension entre le nouveau et l’ancien, dans plusieurs reconversions de l’agence, rejoue sur un pacifié de l’autre tension, celle qui a forgé la perception de ces lieux. L’usine n’est-elle pas tout à la fois l’instrument majeur de l’oppression des travailleurs et leur principal espoir d’émancipation ? » p. 44 Histoire de Construire 29

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 La suite L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistes qui font un nouvel usage de l'espace : exclusivement dédié à la création artistique. Le privilège silencieux de pousser la porte en métal et d'arriver sans transition dans un autre monde nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 30

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 La suite La place du chai dans le quartier, est-ce réellement important pour le projet que ce dernier soit le dernier L'histoire du? Actuellement chai se lit sur sesrôle murs, bâtiment industriel du coin quel socialcelle a-t-il à jouer ? Voir la carte ci-avant.

d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire par la présence des artistes qui font des questions d'architecture ? Quelle La techniqueaujourd'hui : comment ces constats, ces intentions deviennent-elles technique constructive, quel matériau pour les coursives, pour la structure des arts vivants ? Que nous disent un nouvel usage de l'espace : exclusivement ces questionnements sur le rapport au patrimoine ? Que doit-on conserver, pourquoi ? dédié à la création artistique. Le privilège silencieux de pousser la porte en métal et La place de la République la notion d’architecture oppositionnelle d'arriver sansettransition dans un autre monde « Quel est l’outil idéal pour sortir une petite ville de sa torpeur ? Comment déclencher des désirs, de nouvelles saisit.qui L'usure dupas bâti longue habitudes, desnous vocations, n’avaient lieureflète d’être «saavant » mais auront droit de cité « après » ? Ici plus qu’ailleurs sepériode dessine lad'abandon qualité qui permet qualifier un ouvrage (trentedeans) la structure end’oppositionnel : la perturbation de l’ordre établi des choses, par une construction éphémère. » p.42 treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et Centre Pompidou mobile étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles. 32

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La suite La graduation : comment peut s’échelonner dans le temps un tel projet ? D’abord les cuves ? D’abord la structure vivante ? D’abord les coursives ? A l’image de la Friche de la Belle de Mai par exemple. L’appropriation : jusqu’où va l’appropriation, qu’est-ce qu’habiter ? Est-il possible d’habiter plus intensément le lieu ?

Biennale de Venise, pavillon de la France, HABITER Caractéristiques existantes d’espace rationnel, purement fonctionnel : faut-il brouiller les pistes et rendre cet espace plus fuyant (et ainsi peut-être encore plus appropriable, fait de recoins et de sous espaces multiples, renforçant la force de son intérieur). Le rapport à la rue, traitement de la façade, du sol ? Laisser tel quel ou bien le signaler ?

33

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Résumé Carnet d’intention du chai, Transmission 1 L'histoire du chai se lit sur ses murs, celle d'un fastueux passé. Elle continue de s'écrire aujourd'hui par la présence des artistes qui font un nouvel usage de l'espace : exclusivement dédié à la création artistique. Le privilège silencieux de pousser la porte en métal et d'arriver sans transition dans un autre monde nous saisit. L'usure du bâti reflète sa longue période d'abandon (trente ans) la structure en treillis oxydée par le temps nous parle d'une époque industrielle révolue. Le vide vertical et monumental et les cuves énormes, vides laissent planer une ambiance mystérieuse, une grandeur à explorer. Aussi, les espaces communs forgés par les résidents traduisent leur volonté de définir ensemble ce qu'est un lieu de travail – ainsi qu'une nécessité de se réunir, de faire ensemble. Le déjà-là filtre notre projection dans cet espace et induit un imaginaire fort. Nos intentions se dessinent clairement, il s'agit d'amplifier cet outil de travail et d'en façonner l'intériorité au service des habitants. Cela en : - créant d'autres communs, en ajoutant des typlogies d'atelier et en augmentant le niveau de confort dans les ateliers existants (par le biais de l'ouverture des cuves et de la fermeture des coursives, venant créer une façade intérieure). - mettant en place une structure festive et étonnante reservée aux arts vivants, signal à l'échelle du quartier, et s’ouvrant vers l’îlot pour des représentations ponctuelles.

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2) Retour sur le terrain, travail pour bâtir un imaginaire festif

Conséquence du changement de binôme Pour ce second 2v2, Zakaria a rejoint Léa qui est restée sur le projet du chai. Elle a endossé le rôle de transmetteuse. Lors du changement de binôme, une altération des informations a lieu car le nouveau partenaire aura à cœur de traiter plus en profondeur certains enjeux du projet ou bien aura un langage différent pour en parler (éléments de représentation). « Comment se transmettre des éléments ? […] Chaque personne porte avec elle un style et des manières de représenter. De plus chaque projet a déjà une esthétique et des éléments de représentation commencent à apparaître »2.

– deuxième 2v2, Léa et Zakaria Suite à la première transmission, la deuxième phase de travail en binôme eu lieu du 5 au 16 avril 2021. Nous avons essayé de revenir sur les terrains d'étude. L'extrait de réflexif suivant éclaire notre posture quant à un retour hebdomadaire à Sète, même au chai, quand les intentions de projet étaient fixées. « Rituel : revenir à Sète une fois par semaine me paraît essentiel et nous permet d'alimenter notre histoire commune. Ces visites-là sont différentes de celles du début, d'une logique de dérives […], elles sont désormais de l'ordre de l'ancrage. Habitudes. Ça commence dans le TER, idéalement celui de 9h24. Le train vers un autre monde. […] On s'est fait notre place au chai, on s'y fond, on dit bonjour, on pose quelques questions, on fait le café. Entretenir le rapport avec Sète donne du sens aux projets, ça les rend palpables. C'est comme revenir avec un double regard : celui du réel et celui du projeté. […] C'est toujours une bouffée d'air d'arriver à Sète, je me sens privilégiée et à ma place. Je sens le groupe autour de moi à la fois rempart et pont. J'ai l'impression que chacun de nous se déploie, comme dit Zakaria, nous sommes quatre « je ». »1

« Je remarque que nous défendons des éléments de représentations seuls ou à plusieurs pour chaque projet. Ce sont des éléments propre à notre style perso et que nous sommes amenés à défendre jusqu’à la fin. Alors je me rends compte de l’importance de tourner sur les projets pour que chacun propose sa vision pour chaque cas. »3 Nous pouvons dire que – tout comme une sortie sur le terrain peut modifier l’orientation du projet par telle ou telle découverte – le changement de partenaire de binôme est aussi facteur d’un réajustement du projet, dans le sens de l’écosophie d’un projet de Pascal Nicolas Le Strat. Voici un extrait de réflexif rédigé suite à la première transmission :

On comprend que ces sorties sont indispensables au processus : elles participent à maintenir la dynamique de groupe, mais aussi à alimenter la réflexion sur le projet.

1

2 3

Extrait d’un réflexif de Léa, le 8 avril 2021

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Extrait d’un réflexif de Zakaria, le 16 avril 2021 Extrait d’un réflexif de Zakaria, le 16 avril 2021


Productions de cette période

« […] maintenant, j’ai envie de me confronter de nouveau au terrain, [...] de faire rebondir quelques intentions dans le monde réel pour les voir se tordre, sortir de notre zone de confort. Changer de binôme est déjà une façon de sortir de cette zone de confort : l’arrivée d’un nouveau binôme amène une façon de communiquer différente, et force à ouvrir l’esprit à de nouvelles pistes de projet, […] et à accepter la déformation de celles énoncées durant cette première phase. Attachement au projet : après deux semaines, j’ai développé un attachement pour le chai. […] Cette idée que les projets ne nous appartiennent pas mais qu’ils sont au groupe me plaît, ils seront certainement d’autant plus riches, plus fins, et étonnants (avec l’activité sur le terrain en parallèle). Dans la pratique, comment lâcher prise, ne pas vouloir contrôler, et ainsi accepter encore une fois

La fin de cette période a aboutie à deux types de production : une maquette et un carnet. Dans le carnet, on comprend que la coupe est un élément de représentation adapté au chai, on y voit l’ambiance du lieu se profiler. La maquette de travail a été pensée afin d’être complètement démontable pour matérialiser des interventions ponctuelles. C’est un élément de représentation important, qui suivra le projet. Finalement, cette seconde phase de travail est revenue à donner la mesure de nos intentions et à les préciser. À ce moment, l’échelle urbaine de ce projet a été laissée de côté (rue de la Révolution), nous nous sommes concentrés sur le chai Saint-Raphaël (échelle architecturale).

torsion, évolution, croissance, perte, ajout ... »

Comme pour la partie précédente, nous proposons de prendre connaissance du carnet réalisé durant cette phase. Central, il a déployé l’univers festif, on y trouve des photographies de la maquette.

4

4

Extrait d’un réflexif de Léa, le 30 mars 2021

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Résumé Carnet d’intention chai, Transmission 2 Massif et vide, le chai Saint-Raphaël est un bâtiment mystérieux. Pour le comprendre nous épluchons sa structure couche par couche, étage par étage, comme un gâteau dont la recette reste inconnue. Suivant notre instinct, nous le déconstruisons, avec l’envie de réactiver cette architecture usée et de pérenniser sa fonction de lieu de travail pour l’art. Dès lors, sa meilleure compréhension nous permet d’aiguiser les intentions émises dans la transmission précédente et de leur donner forme à travers un imaginaire festif.

70


Croquis d’intention

71 1

Le Chai Saint-Raphaël, un outil de travail et de création II


Lumière, chaleur et architecture festive : architecture toile pour répondre à ces besoins. Travail maquette. recherche forme. Compréhension de la structure.

Intention 0

Résumé Carnet d’intention chai, Transmission 2 Massif et vide, le chai Saint-Raphaël est un bâtiment mystérieux. Pour le comprendre nous épluchons sa structure couche par couche, étage par étage, comme un gâteau dont la recette reste inconnue. Suivant notre instinct, nous le déconstruisons, avec l’envie de réactiver cette architecture usée et de pérenniser sa fonction de lieu de travail pour l’art. Dès lors, sa meilleure compréhension nous permet d’aiguiser les intentions émises dans la transmission précédente et de leur donner forme à travers un imaginaire festif.

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Croquis d’intention

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La faune: introduire la présence de gabians (oiseaux migrateurs) dans le projet. Création de nids sur le toit. problème avec Gabian = mange et laisse les os = bouche canalisations.

Intention 7

3


Massif et vide, le chai Saint-Raphaël est un bâtiment mystérieux. Pour le comprendre nous épluchons sa structure couche par couche, étage par étage, comme un gâteau dont la recette reste inconnue. Suivant notre instinct, nous le déconstruisons, avec l’envie de réactiver cette architecture usée et de pérenniser sa fonction de lieu de travail pour l’art. Dès lors, sa meilleure compréhension nous permet d’aiguiser les intentions émises dans la transmission précédente et de leur donner forme à travers un imaginaire festif.

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4

Résumé Carnet d’intention chai, Transmission 2


Croquis d’intention

71 5

champ libre à l’appropriation tel que grandes installations, expositions (encore une fois, opportunité d’ouvrir occasionnellement le chai à l’extérieur). Augmenter la programmation signifie aussi laisser beaucoup de vide. Des espaces impensés afin de laisser libre cours à l’appropriation et à la flexibilité d’usages. Dans la conférence de Anne Lacaton, cette dernière expliquait laisser la moitié en plus de l’espace programmé, d’espace non programmé afin de laisser de la place pour l’appropriation et le confort.

La vacance : continuer à expérimenter avec le corps dans ce lieu, continuer à entrer en résonance, et laisser des espaces à disposition afin de laisser le

Intention 5

créer un espace de travail du corps sécurisé et donnant la possibilité de tester des dispositifs de scénographie. Cet élément amène la possibilité d’ouvrir le chai occasionnellement dans le cadre de représentations, sorties de résidence etc. Insérer un espace de travail pour les arts vivants, profitant de la hauteur du chai, traversable si besoin, pour ne pas briser la circularité du rez-de-chaussé. Au sein du chai, on trouve des ateliers pour des artistes pratiquant les arts vivants mais inadaptation du lieu pour travailler le corps (hauteur, sol, balcons etc). Développer un espace autre pour le travail des arts vivants. La création d’un tel espace n’empêche pas la vacance d’autres comme actuellement l’espace dédié à Germana, qui possèdent des qualités (sons, matières, lumières) pouvant servir à la création. Formaliser les formes d’architecture qui nous mettent en mouvement, qui nous animent. Va avec l’interdisciplinarité et la vacance

Spatialisation de l’espace de travail

Affirmer la présence des arts vivants :

Creation de nouvelle typo ateliers ? D’autres cuves à ouvrir sur R+2? ou RDC ? Et définir cette 3eme typo. Quelle orga ?

Interdisciplinarité :

Intention 3 et 4

Espaces communs : Sauvegarde du bloc atelier/cuisine, création d’un atelier/stockage en plus, d’une salle

Intention 2


Massif et vide, le chai Saint-Raphaël est un bâtiment mystérieux. Pour le comprendre nous épluchons sa structure couche par couche, étage par étage, comme un gâteau dont la recette reste inconnue. Suivant notre instinct, nous le déconstruisons, avec l’envie de réactiver cette architecture usée et de pérenniser sa fonction de lieu de travail pour l’art. Dès lors, sa meilleure compréhension nous permet d’aiguiser les intentions émises dans la transmission précédente et de leur donner forme à travers un imaginaire festif.

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Résumé Carnet d’intention chai, Transmission 2


Croquis d’intention

71 7

Rendre pérennes et confortables les ateliers actuels : systèmes de fermeture modulable en taule transparente, (style Lacaton) au niveau de la coursive pour créer des sections par étages et puis parce que les cloisons des ateliers sont ephémères (pas s’en servir comme accroche du coup). Installation pré-chantier pour optimiser l’utilisation du chai pendant le chantier. Objectif suplémentaire : confort thermique, lumineux, sonore et intimité.

Intention 1


Massif et vide, le chai Saint-Raphaël est un bâtiment mystérieux. Pour le comprendre nous épluchons sa structure couche par couche, étage par étage, comme un gâteau dont la recette reste inconnue. Suivant notre instinct, nous le déconstruisons, avec l’envie de réactiver cette architecture usée et de pérenniser sa fonction de lieu de travail pour l’art. Dès lors, sa meilleure compréhension nous permet d’aiguiser les intentions émises dans la transmission précédente et de leur donner forme à travers un imaginaire festif.

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Résumé Carnet d’intention chai, Transmission 2


Croquis d’intention

71

a esp

c

ec es

ret

Dans ce R+2, ajout d’un nouvel espace salle info, ouvert sur la rue. Peut-être à cet étage ajout de la nouvelle typo d’atelier possible aussi?

9

Ce nouvel espace secret participe à réactiver les passerelles, de plus c’est aussi un nouveau genre d’espace commun car c’est un lieu vacant non programmé. Ref Rolex center par Sanaa où on ne parle pas d’espace «vide» mais d’espace «0» par exemple. On nomme le vide. Ouverture de la taille d’un corps dans une cuve création d’une salle secrète, espace de liberté et de resonnance.

Réactivation des distributions passerelles.

Espaces communs, interdisciplinarité et vacance : Sauvegarde du bloc atelier/cuisine, d’une salle informatique, un espace secret.

Intention 2, 3 et 5


Espaces communs : Jardin hiver sur cuisine. A dessiner, à definir. Donne à voir le travail de toile.

Intention 1, 2, 6

Massif et vide, le chai Saint-Raphaël est un bâtiment mystérieux. Pour le comprendre nous épluchons sa structure couche par couche, étage par étage, comme un gâteau dont la recette reste inconnue. Suivant notre instinct, nous le déconstruisons, avec l’envie de réactiver cette architecture usée et de pérenniser sa fonction de lieu de travail pour l’art. Dès lors, sa meilleure compréhension nous permet d’aiguiser les intentions émises dans la transmission précédente et de leur donner forme à travers un imaginaire festif.

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Résumé Carnet d’intention chai, Transmission 2


Croquis d’intention

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Agence Construire, la Sirène à La Rochelle

Gordon Mattaclarck, anarchitecture

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Résumé Carnet d’intention chai, Transmission 2 Massif et vide, le chai Saint-Raphaël est un bâtiment mystérieux. Pour le comprendre nous épluchons sa structure couche par couche, étage par étage, comme un gâteau dont la recette reste inconnue. Suivant notre instinct, nous le déconstruisons, avec l’envie de réactiver cette architecture usée et de pérenniser sa fonction de lieu de travail pour l’art. Dès lors, sa meilleure compréhension nous permet d’aiguiser les intentions émises dans la transmission précédente et de leur donner forme à travers un imaginaire festif.

70


Croquis d’intention

71


REALISE A L'AIDE D'UN PRODUI

Coupe habitée 26.0

22.7

19.5

15.0

10.9 10.3

8.1 7.2

5.0

3.3

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3) Représentation nécessaire à la progression du processus

IT AUTODESK VERSION ETUDIANT

- dernier 2v2, Alice et Zakaria Production de cette période, la coupe habitée 26.0

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

La dernière phase a simplement été la résolution technique des dispositifs architecturaux répondant aux intentions. Les 22.7 éléments graphiques d'intentions contenaient en filigrane les éléments finaux. Il est important de relever cela car ce lien n'est pas du tout évident pour le projet des jardins. En comparaison, le 19.5 processus du chai est linéaire, quant celui des jardins est sinueux. La représentation fine et à l'échelle du chai est passée par la coupe. Cette coupe habitée au 1/50e 15.0 est l’élément central concentrant ambiance et technique, résumant le projet.

10.9 10.3

8.1 7.2

5.0

3.3

0

73

1

2

5


Façade depuis l’îlot, la porte donnant sur l’espace de travail des arts vivants

RUE PERIDIER

RUE DE LA REVOLUTION

Façade depuis la rue de la Révolution

0

1

5

10

74

RUE PERIDIER

RUE DE LA REVOLUTION


RUE PERIDIER

58

60

Résidence Danton - Révolution

0

1

10 58

60

Résidence Danton - Révolution

75

5


Dessiner pour être en mesure de redessiner

nouvelle confrontation au réel pourrait passer par exemple par montrer les représentations que nous avons produites du chai aux artistes ou bien à la municipalité de Sète pour avoir des avis extérieurs et poursuivre ensuite le dessin, le ré-ajuster par rapport au réel.

Après cette seconde transmission, la production d'éléments de représentation architecturale était nécessaire au projet du chai. Nous étions arrivés au bout d'une réflexion : lui donner de la mesure (une épaisseur, de la matière, des choix constructifs) revenait à immobiliser à un instant T le processus pour le donner à voir. L'injonction à rendre le PFE à une date précise nous a évidemment incités à dessiner précisément le projet du chai Saint-Raphaël. Mettre sur le papier tout ce qui avait été pensé a engendré l’arrêt de la fréquentation du terrain pour se consacrer à la représentation, comme une pause nécessaire : « Nous faisons-nous avoir par la machine à produire ? En ce moment, nos idées vont plus vite que nos dessins. Pas le temps d'en coucher une sur le papier, qu'en voilà déjà trois autres qui se mettent à la suite dans la liste d'attente de nos têtes. »1 Le processus, dans ses trois paramètres (le terrain, le recul, le ré-ajustement), est fluctuant : des périodes sont plus intenses en terrain (telles que les phases d'immersion). D'autres sont plus intenses en terme de recul (telle que cette phase de dessin par exemple). Cette dernière phase, associée à la production d'éléments de représentation dans le cadre du PFE peut parfaitement précéder une nouvelle phase de terrain. La production d'éléments graphiques figés était indispensable afin de prolonger le processus. Évidemment, dessiner précisément ne signifie pas fixer le projet, ou bien l'achever. C'est une étape requise pour une itération nouvelle. Cette nouvelle itération, cette 1

Extrait de réflexif d’Alice, le 17 mai 2021

76


Echantillon de la coupe, échelle 1/50e

77


R+2 Cuves ouvertes Espace d'exposition secret

142.9 m²

Atelier 5 (Bhâ)

Atelier 1

88 m²

Atelier 2 (Kroust)

79.4 m²

61 m²

+ 8.2

Atelier 4 (Cécile)

81.8 m²

+ 7.1

R+1

Atelier 3 (Germana)

158.1 m²

+ 8.2

Jardin

Stockage commun

455.5 m²

79 m²

Coulisses côté Cour

18.3 m²

Extension atelier commun

75 m²

Atelier commun

63.7 m²

Scène

Scène extérieure

176.4 m²

104.0 m²

+5

+ 3.3 Sanitaires

17 m²

Coulisses côté Jardin

17.2 m²

+ 3.3

RDC

0

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

+11.8

Cuves ouvertes Espace d'exposition secret

142.9 m²

Atelier 10 (Chad)

Atelier 6

88 m²

Atelier 7

61 m²

79.4 m²

+15

Atelier 1

Atelier 2 (Kroust)

79.4 m²

61 m²

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

+ 8.2 Atelier 9 (Suzy)

81.8 m²

Espace commun libre

+13.6

180 m²

+15

+ 7.1

R+3

Atelier 8 (Cirque)

158.1 m²

Atelier 3 (Germana)

158.1 m²

+ 8.2

Salle informatique

79.2 m²

+10.3

Jardin

455.5 m²

Stockage technique

16.9m2

Passerelles et grill

Cuisine 28.8 m²

Coulisses côté Cour

18.3 m²

Atelier commun

63.7 m²

Scène

176.4 m²

Scène extérieure

Salle de travail ouverte au public

104.0 m²

+11.8

+5

75 m²

+ 3.3

R+2 Coulisses côté Jardin

17.2 m²

Cuves ouvertes Espace d'exposition secret

142.9 m²

5

10

Atelier 5 (Bhâ)

Atelier 1

88 m²

61 m²

Atelier 2 (Kroust)

79.4 m²

+ 8.2

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

1

0

1

5

10


II Cas d'étude 2 : les jardins cheminots et leurs alentours

Le chapitre I illustre que nous nous sommes attelés à comprendre cet endroit, à nous entretenir avec les personnes, l’habitant, à en retranscrire la forme au travers de relevés. Comme la partie précédente, ce sous-chapitre retrace le processus du projet des jardins au travers de trois sous-parties correspondant aux trois phases de travail en binômes. Le premier 2v2 a posé des intentions simples : l’appropriation totale et l’agriculture omniprésente devaient se répandre dans toute la zone industrielle. Cette intention s’est affinée lors du second 2v2, le site où nous aimerions transposer le système des jardins s’est précisé.

Le processus des jardins est très riche : cette dernière partie va essayer d'en retranscrire les multiples entrées, qui se sont profilées jusqu'au dernier moment. L'importance de la régularité des sorties à Sète est mise en valeur dans le projet des jardins. Chaque venue aux jardins et leurs alentours a ouvert une nouvelle possibilité de projet.

L’appropriation et l’agriculture témoignent pour nous d’un principe fort : la gestion commune de cet espace. Lors de la dernière phase de travail en binôme, nous nous sommes finalement appuyés sur cette notion afin de travailler avec l’existant autour des jardins, sans avoir la volonté d’en répliquer le système.

Si le processus propre au chai est plutôt allé d'un point A à un point B, celui des jardins est parti de A, A', A'' pour déboucher sur B, B', B''. Ces “sorties” de projet sont néanmoins liées entre elles par une valeur mobilisée au sein du PFE : le commun.

Coupe de l’existant transversale à la longueur des jardins, cf. axonométrie à droite.

80


81


1) Dessiner l'informel, représenter l'existant, faire naître des intentions - premier 2v2, Alice et Zakaria La première phase de travail en binôme s'est déroulée du 15 au 30 mars 2021. Les jardins représentent un bout de territoire captivant, entre les rails et la route départementale, de bric et de broc ; la valeur de leur architecture se situe dans le temps qu'elle mit à se sédimenter. Un lieu de travail où les usages sont multiples : se réunir, cultiver, se reposer. Ce qui fait commun dans les jardins, c'est notamment l'appropriation : l’appropriation individuelle d'une parcelle donnée (chaque jardinier a conscience qu'il participe, par l'entretien de son entité individuelle, à la constitution et à la préservation des jardins dans leur ensemble), et l'appropriation commune des espaces de circulation (la voie principale qui constitue le commun au sein du privé, entretenue par tous).

C'est un lieu certes fermé et privé mais empli de potentiel. Tout ce qui nous a plu au sein des jardins rendait impossible une intervention sur le lieu même. En effet, qu'irions-nous y faire ? Le lieu fonctionne depuis des dizaines d'années, y construire n'est pas nécessaire : c'est le vide laissé aux gens qui a constitué l'architecture. Ci-après un réflexif témoignant de la richesse du lieu.

L'appropriation est totale.

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« C’est vrai qu’on a encore fait un voyage spatio-temporel et sans le besoin de la moindre machine. On a fait des sauts de jardins en jardins. Tous sont des mondes cachés, reflétant la personnalité de son propriétaire, parfois l’histoire de sa famille et de la débrouillardise. C’est un bidonville d’hétérotopies. On a discuté avec un pépé un peu beaucoup raciste qui semait, puis filé un coup de main à une famille qui faisait le grand nettoyage de printemps, rencontré la famille Di rosa et bu des coups chez Robert le bar clandestin des jardinots. Tantôt bucoliques tantôt brusques, les jardins sont des lieux pittoresques qui respirent la débrouillardise et la simplicité de faire. On y apprend des valeurs d’antan, un jargon bien sétois et le savoir-faire du jardinier. On y rencontre une communauté fermée sur ellemême mais qui comporte des brèches. Nous on s’y faufile comme l’eau avec une superbe fluidité. Cette expérience à Sète me remplit de joie, je bois chaque étape, j’ai l’impression que chaque individu que je rencontre vient se rajouter à ma toile que je tisse de liens humains et aggrandit mon royaume intérieur. »1

1

Ainsi, au départ (à l'inverse du chai SaintRaphaël pour lequel nous possédions des représentations de l'existant), il s'agissait pour les jardins de transcrire sur le papier toute cette matière informelle. En plus de ce travail de représentation des anecdotes (cf. axonométrie), des premières intentions furent posées : elles consistent simplement à étendre les jardins dans les vides de la zone industrielle.

Ci-après, il est possible de prendre connaissance de la planche réalisée dans le cadre de la transmission 1, on y trouve des cartes/collages d'intentions et une axonométrie représentant l'existant et ses anecdotes. Il est à noter que, le format de la planche a rendu plus difficile la prise en main des éléments produits pour le binôme suivant. Néanmoins, au même titre que la coupe est l'élément emblématique du chai, l'axonométrie est un élément qui est resté jusqu'à la fin du PFE pour les jardins.

Extrait d’un réflexif de Zakaria, le 26 février 2021

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Planche Transmission 1 Il était une fois une contrée marécageuse et inhospitalière nommée Cette, habitée par des pirates et des pêcheurs immigrés italiens de Cetara, venus chercher une vie meilleure. Cette ville n’échappa pas à la révolution industrielle et à l’urbanisation du 20ème siècle. Cette devint Sète, ville ouvrière et portuaire importante. […] donnant à voir une diversité d’espaces, elle est hétéroclite en paysages. Nous pensons qu’il est primordial de conserver cette diversité urbaine. Nous pensons l’individu et sa ville comme des éléments d’un écosystème plus large. Il est important de conserver la place des usagers et de leurs activités notamment l’activité industrielle et ses travailleurs. […] Nous sommes conscients que la ZAC entrée est prend place de l’autre côté des rails, répondant au modèle d’une ville contemporaine de services. Nous sommes conscients que la zone choisie est parmi les zones à urbaniser de la ville. Nous nous opposons à la construction de logements de masses et proposons de donner une place aux paysages particuliers et aux espaces de culture. Nous sommes sensibles à l’architecture que produisent les cheminots, comme leurs palissades constituées grâce au réemploi de pièces issues du monde ferroviaire et des industries alentours. Nous pensons que l’architecture doit prendre soin de la valeur d’usage plutôt que de la valeur financière des espaces. Nous proposons alors que les jardins ouvriers s’emparent des vides et des espaces vacants. Inspirés par un long travail de terrain, d’arpentage, de dérive et d’écoute, nous déduisons que le site à besoin d’un lieu commun pour que la communauté des jardiniers puisse se concerter, se rencontrer et transmettre ses savoirs, ses savoir-faire et ses valeurs. […] L’élément paysager majeur qu’est la « rue » principale desservant tous les 84


jardins n’est pas mise en valeur. Des micros interventions le long de cette voie telles que des ruches, la culture de fleurs, des assises, des ombrières pour les voitures, des attrapes nuages pour l’eau, des ruches seraient pertinentes. L’existence prochaine de la ZAC induit une limite et une connexion entre ces deux endroits. Faciliter l’accès au lieu par les pistes cyclables et la voie pédestre est ainsi une de nos intentions de projet. La demande de jardins est croissante. De la part des particuliers pour améliorer leur quotidien et de la part des collectivités qui cherchent à générer des lieux conviviaux. Nous pensons que les jardins partagés et ouvriers ont autant à s’apporter l’un de l’autre et qu’ils ont pour même objectifs l’autonomie et le partage.

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2) Précision des intentions au travers d'un carnet, découverte de la Z.A.E - second 2v2, Alice et Louis Découverte de la Zone d'Activité Économique Premièrement, nous avons vu les jardins, plus qu’amusants : fascinants, secrets. Autour d’eux, une autre réalité : celle de la zone industrielle et des rails. Déambuler dans cet endroit de Sète nous a plu, nous avons pris goût au paysage étrange qui l’entoure. D’abord accrochés à cette longue bande bricolée, nous avons élargi le spectre du projet en étendant nos déambulations au sud des jardins (rive nord du canal de la Peyrade) et au nord des jardins (zone d’activités économiques – Z.A.E – des Eaux Blanches).

« Carnet en main, appareil photo au cou, nous voilà parti Louis et moi en quête de friche dans la zone industrielle derrière les jardins cheminots. On débarque avec nos vélos, où les poser ? Loulou a dit un paysage de grillage et de bitume. On commence notre relevé. Des parcelles délimitées par des murets de gabions, des grillages surplombent les cailloux en cage et des coffrets électriques interrompent ces grandes rangées. Je suis au milieu de la route pour dessiner une avenue neuve sans nom. Aucune voiture, de la peinture blanche intacte au sol. Les passages piétons s’enchaînent jusque dans le fond de cette avenue/impasse, la situation est vraiment absurde. […] Il est facile d’entrevoir comment les choses ont été fabriquées, l’ordre d e mise en œuvre. […] l’espace n’a pas encore pris de vieux. De l’espace, du vide c’est tout ce que je vois. […] La chute de cette journée : au moment de partir nous nous rendons compte que nous avions attaché nos vélos sur le panneau informant du projet de ZAE à venir sur cette zone dont nous venions de terminer le relevé. »1

Nous avons décelé dans cette dernière d’autres surprises : une brasserie sur un parking, une station d’épuration high-tech, un bâtiment circulaire, une odeur qui flotte, un concessionnaire Mercedes qui joue les écrins de luxe avec sa tôle noire, une route avec cinq passages piétons à égale distance, et puis tout ce qui relève de la logistique de la ville, qu’on ne voit pas : la gestion des routes, le recyclage, le traitement des déchets, la fabrication de produits, la congélation et le conditionnement des aliments. Du 5 au 16 avril, Alice et Louis sont allés au contact de cette zone, voici un extrait d’un réflexif d’Alice, décrivant l’espace et l’incompréhension face à son caractère lache :

A droite, détournement d’un panneau de promotion

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Extrait d’un réflexif d’Alice, le 08 avril 2021


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Divers photographies de la zone où prendra place l’extension de la Z.A.E

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Réemploi du carnet d’intentions

Ainsi, cette zone que l’on pensait vide, jouxtant les jardins au nord, était en passe d’être urbanisée. Un projet de zone économique allait prendre place sur cette friche, nous venions de le découvrir presque par hasard. Ce projet consiste en l’extension de la Z.A.E existante des Eaux Blanches sur une friche née après l’arrêt d’activité de l’usine Flexsys, démantelée. Sur ce terrain, 18 lots sont en train d’être commercialisés. Pour chacun d’eux, des candidatures sont déposées à la SPLBT (Société Publique Locale du Bassin de Thau) qui choisit en tant que maître d’ouvrage avec les élus les projets retenus pour s’implanter dans cette extension.

Le carnet d’intentions a été réutilisé (présentant le même déroulé que celui du chai – accroches, intentions) pour mettre en forme la réflexion de cette période. Comme pour celui parlant des intentions du chai, nous proposons d’en prendre connaissance ci-après afin de comprendre le déroulé de la réflexion et notre positionnement quant à la Z.A.E à cet instant du processus. Car nous avons d’abord vu en cet espace l’occasion d’élargir le modèle des jardins et de proposer l’existence d’un modèle de ville agricole avant de changer complètement de direction de projet.

Actuellement, un seul lot est bâti, les autres sont tous déjà commercialisés, ne manque plus que l’obtention du permis de construire. Actuellement cette future zone d’activité est constituée par une route d’accès principale, prennent place de chaque côté les lots enclos encore vides reliés aux réseaux d’eau et d’électricité. Une fois de plus c’est le retour sur le terrain qui nous a permi de réorienter le projet, une information majeur nous avait échapé jusqu’à présent : l’éxistance d’une future ZAE sur le site que nous convointions pour établir un projet. Cet exemple illustre parfaitement notre démarche écosophique (posture de réactivité, créativité, disponibilité) et le processus situé (Cf. Chap 1-3 : terrain, prise de recul, réajustement) que nous avons mis à l’oeuvre pour faire projet. Nos intentions était alors d’envahir cette Z.AE. Non pas de l’effacer mais de s’en servir tel un support pouvant acceuillir encore une fois un modèle agricole. Ci-contre un collage témoignent de nos intentions de ce moment.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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étendre les jardinots ou

ZAE

proposer un nouveau modèle de fabrique de ville

C

ZA

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2

Y’a quoi ici ?

À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, au sud. point Plussitué de place. LaNotre montée des eaux et la séduisante métropolisation des villes sont en conflit. de départ était cette bande de jardins, nous Sète est accroches déjà bien telles construite, en avons tiré plusieurs que il ne reste plus beaucoup de place disponible pour sevrer les envies politiques d’une croissance l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions démeusurée des villes. Le foncier est précieux lorsqu’il se retrouve entouré parau lespaysage eaux. À Sète c’est la zone Est qui tend à se faire grignoter, où l’on de totale, l'espace commun, le lien retrouve les derniers espaces vides. Zone aux allures anciennement industrielles alors qu’elle industriel, la transmission des savoir-faire. Nos est encore en activité dans sa majorité. C’est la dernière part du gâteau ; donnant sur l’étang de intentions de projets, essentiellement Thau au Nord et sur la tournées mer au Sud, centralisant la convergence des flux pour quitter le lido et vers des questions agricoles, étaient énoncées rejoindre la plaine continentale. de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet Auune Sudzone se déploient deux projets prenant place sur non aménagée au de ZAC, faire table rase de l’existant (jugé hâtivement comme pour loger le plus vite et le moins personnellement possible. Côté mer c’est la future nord des jardinsvide) et des voies ferrées, répondant façade que la ville cherche au projet de ZAC, situé au sud. Notre pointà vendre. On veut des éco-quartiers aux façades multicolores, de l’investissement, des parisiens en quête de Demain nous appartient, des architectes stars, on de départ était cette bande de jardins, nous veut son arbre blanc et une architecture qui prône le règne de la neutralité. La pointe courte en avons tiré plusieurs accroches que vive la ville internationale pour que Sète rayonne grace à ses et l’identité sétoisetelles sont loins, l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions nouveaux quartiers ! L’un des immeubles devrait culminer à 16 étages. Cela en fera le plus de totale, l'espace le de lien au paysage hautcommun, immeuble Sète. industriel, la transmission des savoir-faire. Nos Au Nord, accrochée aux berges de l’étang, réside depuis un temps qui semble infini une zone intentions de projets, essentiellement tournées industrielle. Elle ressemble à un témoin du passé, le passé d’une ville ouvrière oubliée et vers des questions agricoles, étaient énoncées laissée en jachère. Ici tout est destiné à la voiture, l’industrie lourde, l’hospitalité est absente, de la sorte. l’espace est franc, pragmatique, dur. Ces taules vieillissantes forment un camaïeu des activités Premièrement, intégrer la production invisibles mais qui pourtant nourrissent, construisent, nettoient la ville. agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leurune belle ville en perspective déclinaison.

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Quel choc de s’apercevoir qu’une extension de cette activité industrielle est prévue visant à utiliser les derniers espaces restants de Sète. Le vide n’est pas acceptable, il faut se dépêcher de le remplir. Un projet de ZAE (Zone d’Activité Economique) est lancé depuis plusieurs années. Le sol a fini d’être dépollué, remettons y une jolie couche de bitume. Une vingtaine de nouvelles entreprises vont avoir le droit de s’installer sur des terrains déjà découpés, déjà délimités par du grillage et une nouvelle avenue toute fraiche où 5 petits passages piétons rendent ridicule l’échelle humaine. La verdure vient à manquer pour contrer tout ce bitume, une mini forêt très localisée de 10 arbres s’érige au milieu de ce paysage gris et sec, elle est la seule trace d’un sol passé vert et fleuri. A l’entrée du quartier se retrouve également une communauté Rrom installée entre maisons en dur et caravanes. Elle s’appuie sur l’activité de la zone industrielle pour vivre de la récup’. À priori ou réels problèmes de vol, celle-ci menace aujourd’hui l’équilibre de ce lieu très fermé que sont les jardins, forçant les responsables à dresser un portail. Enfin, un petit bandeau de terre au sud de la future ZAE reste inconstructible pour cause d’inondation. Quelques 10 mètres de décaissé vient s’accrocher à la muraille de tôle qui protège un espace sans intéret paysager majeur. Les jardins ont encore un peu de souffle.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2

Et les jardins alors c’est quoi ?

À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, au cheminots, sud. Notre ou point Lessitué jardins l’association Jardinots c’est 70 jardins « privés » pour que chacun de départ était cette de jardins, ait unbande complément pournous se nourrir. Mais c’est aussi des humains, des apéros, de l’entraide, de la récupération, un telles réseau, une route principale, des roseaux, un morceau de ville ignoré. en avons tiré plusieurs accroches que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions Là-bas on y lea lien rencontré Robert, Christian, Loulou, Léon, Renaud, Marius et Richard de totale, l'espace commun, au paysage Di-Rosa, M. Molinier, M. Boxe, la famille Groseille et bientôt le président Jean-Louis Magne. industriel, la transmission des savoir-faire. Nos On y a surtout découvert un autre monde qui se cache des regards, derrière des roseaux et des intentions de projets, essentiellement tournées barricades. vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Là-bas les rues sont appropriées, les roseaux se déplacent pour laisser une place à la voiture qui s’installe, ils se poussent pour établir une place centrale, la « Place Vendôme », ils s’écartent Premièrement, intégrer la production pour installer des portes de agricole au sein de la ville, elle prenait toutes les couleurs qui nous amènent dans des mondes très intimes. plusieurs formes au travers de différentes Là-bas rien n’est neuf, tout est matière à être réutilisé, réinjecté dans la production d’espaces typologies de jardins et donc des degrés divers et la production alimentaire. d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins p.x à x du Là-bas lesnourriciers). permis de construire ne dictent plus le dessin d’espaces festifs, appropriés et vivants. carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ?

là-bas y’a tout un petit monde

S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Accroches

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au L’agriculture comme possibilité de se rendre autonome. nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, au sud. des Notre point ouvriers est de permettre un complément d’alimentation aux Le situé but premier jardins de départ était cette bande de jardins,afin nous populations ouvrières de les rendre autonomes. Raison d’être des jardins, chacun exprime aujourd’hui ses envies, connaissances pour continuer de produire des denrées personnelles en avons tiré plusieurs accroches tellesses que ou partagées en fonction des habitants. l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage L’autonomie alimentaire est un enjeu à grande échelle pour nos villes mais les expériences industriel, la transmission des savoir-faire. Nos recensées dans les jardins cheminots permettent d’apprécier pleinement les vertus de cette intentions de projets, essentiellement tournées agriculture du quotidien du sol à l’assiette. Sète est complètement construite et vit de son vers des questions agricoles, étaient énoncées activité portuaire. Pourquoi sacrifier les quelques zones de pleine terre à disposition sans les de la sorte. rendre productives ? Premièrement, intégrer la production la zone industrielle a permis de révéler la présence d’une zone où l’on agricole au seinNotre de la escapade ville, elledans prenait peut sesdifférentes végétaux et en échange récupérer librement du compost ; deux formes de plusieurs formes au déposer travers de production, industrielle et agricole qui pourraient être complémentaires. typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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L’appropriation totale comme permission d’exprimer son individualité. Chaque nouvelle porte franchie dans la rue des jardins nous absorbe dans un monde différent. On y retrouve le jardin pour faire la fête, pour cultiver la salade du midi, pour sortir avec sa famille, pour recueillir tous les animaux du coin, pour bricoler tranquille. Cette appropriation n’est possible que grâce à la maitrise de l’outil par l’habitant, que par l’échelle humaine qui émane de cet endroit. L’habitant a la totale maitrise des techniques de construction qu’il met en place, il est souverain total de l’espace qu’il crée en contradiction avec la fabrique actuelle de nos espaces. Rendons la ville aux humains.

L’espace commun pour une autre façon d’être ensemble. Si les jardins apparaissent comme des poches imperméables, «privées», ils sont tous liés par ce large espace commun qu’est la rue principale. Les membres actifs de l’association tentent de la conserver, la nettoyer, l’élargir pour en faire un espace plus accueillant mais cette rue pourrait être la part de chacun dans la fabrique de ces lieux communs ? Comme les jardins catalysent la possibilité de faire ensemble à l’échelle de petits groupes, l’espace commun peut devenir un lieu d’expression et de rencontre de groupes à une échelle plus large. En plus de l’espace extérieur commun, l’association ne possède pas aujourd’hui de local sur place pour se rassembler, pour prendre des décisions, pour concerter tous les locataires. Le local excentré près de la gare alimente cette non possibilité pour tout le monde de s’impliquer ou au moins de se tenir au courant des actions menées et des actualités du lieu. 13

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet Leune lien avec paysage prenant place sur zone non le aménagée au à l’abandon. nord des jardins et des voies ferrées, répondant Les jardins sont nés de l’activité de la SNCF. Si aujourd’hui ils sont encore les témoins d’une au projet de ZAC, situédeaucheminots sud. Notrequi point activité a changé, les autres espaces résiduels de l’activité ferroviaire sont à de départ était cette bande de jardins, nous l’abandon. Vide et malheureusement transformée en décharge à ciel ouvert, la friche entre la en avons tiré plusieurs accroches telles que gare et les jardins propose pourtant de grandes qualités paysagères. l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions Ouverte tantôt sur aulepaysage paysage portuaire au sud et les ruines bucoliques de complexes de totale, l'espace commun, le lien industriels au la traversée industriel, la transmission desnord, savoir-faire. Nospermet d’apprécier différentes identités de la ville de Sète. Au sol les quelques rails rappellent également une pleine activité ferroviaire révolue et les ronces intentions de projets, essentiellement tournées entremêleés comme les hautes herbes, contribuent à rendre cette usure poétique et reposante, vers des questions énoncées faceagricoles, à l’activitéétaient de la ville, nous faisant presque oublier le grand axe routier situé vingt mètres de la sorte. plus loin. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Des savoir-faire à transmettre. Tout est transmissible dans ces jardins, que ce soit en famille ou entre amis. On y retrouve un savoir-faire agricole, un savoir-faire constructif, une culture de la récupération. La transmission n’est pas organisée ni planifiée mais elle est une condition pour qu’un tel espace puisse continuer de vivre ; les jardins étant aujourd’hui quasi essentiellement un domaine pour les hommes retraités.

L’inclusion de chaque part des acteurs. Si l’installation des Rroms est un réel problème aujourd’hui pour la vie des jardins, il doit être possible d’envisager un sytème bénéfique pour chacun. Nos systèmes de fabrique de ville par lots, avec des ZAC ne donnent pas la place à des espaces vacants pouvant accueillir plusieurs usages. La résilience d’une ville se trouve dans sa façon de pouvoir évoluer, s’adapter à la situation et ces résidents non désirés, naviguant entre une vie sédentaire et une vie nomade. Il faut chercher dans la complémentarité de chaque activité, de chaque mode de vie en espérant opérer des rencontres, une réduction des à priori dans chaque camp.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 accroches carte

À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Intentions

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point niveaux d’implication habitante sont à envisager, tant dans la Trois modèles avec différents de départ était cette bande de jardins, main-d’oeuvre que dansnous les choix à faire sur les aliments à planter, les méthodes à employer et le modèle économique en avons tiré plusieurs accroches tellesà adopter. que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées Le jardin privé tel qu’il est pensé aux Jardinots est un terrain loué par un habitant qui en possède ainsi étaient les clés,énoncées la production, une gérance et une appropriation qui lui est propre. vers des questions agricoles, Les jardins cheminots offrent aux occupants locataires la possibilité d’accéder à une de la sorte. certaineintégrer propriétéla d’usage. Ce changement dans le rapport propriétaire/locataire est notable, Premièrement, production puisqu’habituellement les locataires doivent être neutres vis à vis de l’espace qu’ils occupent agricole au sein de la ville, elle prenait et n’en tirer aucun benéfice financier ou matériel. L’habitant rend productif l’espace qu’on lui plusieurs formes au travers de différentes accorde, regagnant son autonomie. typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante Le jardin(jardins « privé individuels, » agit comme une pièce en plus dans l’habitat urbain, on voit aujourd’hui ce modèle à Sètep.x avec jardins partagés, jardinsplébiscité nourriciers). à xune du longue liste d’attente. Ce modèle s’accompagne donc d’une responsabilité pour celui qui l’habite de l’entretenir, d’y être présent et d’être rattaché à une carnet ? un noyau dur quides’occupe de prendre en charge la gestion des communs. Ensuite,association, rendre visible cette partie la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ?

Produire

Jardins privés

S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Jardins partagés Le jardin partagé est aujourd’hui devenu un fantasme pour l’urbaniste, l’architecte ou le paysagiste. Il porte en lui l’imaginaire d’une ville autonome alimentairement à l’échelle de l’habitant, ainsi que l’idée du participatif, du travail en commun. Il convient de définir la forme que celui-ci va prendre, etc... (cf. pédagogique)

VerPoPa, Malbosc, Montpellier

Paysages nourriciers, Nantes

Jardins publics nourriciers Sur l’exemple des paysages nourriciers de la ville de Nantes, ces jardins constituent la volonté d’une mairie de rendre ses espaces verts davantage productifs. Le projet initial de Nantes propose d’utiliser les parterres fleuris ainsi que les espaces laissés vides pour produire et redistribuer à la suite à ceux qui en ont le plus besoin. Le tout a été encadré par des maraîchers, et chaque étape (plantation, récolte, distribution) a permis à des bénévoles de s’investir avec une vertue pédagogique et pour renouer un lien direct avec la nature, la production alimentaire. Ce jardin d’intérêt commun pourrait devenir un service de la mairie pour créer un nouveau métier de maraîcher municipal. 23

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles Quelle galère d’aller dansque cette zone des Eaux Blanches quand on est piéton à Sète ! Longez l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions un joli échangeur routier agréable autant pour les oreilles, le nez que les yeux ; passez sous un de totale, l'espace lien au paysage pontcommun, des plusleaccueillants ; traversez une zone non définie entre la Pointe-Courte et un mur aveugle de des béton ; franchissez industriel, la transmission savoir-faire. Nosune quatre voies sur un petit passage piéton ; continuez dix minutes le long de ce grand axe si le bruit ne vous dérange pas ; vous arrivez sur une toute intentions de projets, essentiellement tournées nouvelle voie pensée vous où de petits trottoirs permettent de donner toute sa place à ce vers des questions agricoles, étaient pour énoncées bel outil qu’est la voiture. de la sorte. Premièrement, intégrer par la production En s’aventurant delà les voies de train, un tout nouveau passage s’offre cependant à nous, agricole au seinoùdeles la ambiances ville, elle prenait portuaires, les paysages industriels et la large friche prennent tout leur sens. plusieurs formes au travers différentes L’essence de de ce qui a fait la ville de Sète nous entoure tout en conservant à distance pour pouvoir l’apprécier. Ondes peutdegrés ainsi imaginer typologies de jardins et donc divers le développement de cet axe pour chercher à remettre une échelle humaine dans ces paysages où la nature et l’industrie lourde se cotoient sans profiter d'implication habitante (jardins individuels, l’une de l’autre. Franchir facilement ces barrières pour se déconnecter peu à peu de la jardins partagés, jardins nourriciers). p.x plus à x du ville dense en mettant en avant des paysages voués jusqu’alors à rester cachés. carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvusproductifs de L’installation de paysages va compléter un savoir-faire déjà présent dans les Jardinots. programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones Transmettre estdeimportant. Transmettre les connaissances agricoles à un plus large public pour d'accueil permettant l'arrivée populations en chercher à reconnecter une population avec sa condition naturelle, son assiette. Transmettre transit. p.x à x du carnet ? une culture de la récupération, des systèmes constructifs comme possibilité d’empowerment, de se rendre autonome face à la fabrique des espaces. (cf. L’éloge du carburateur, Matthew S'appuyer sur les ouvriers était central B. jardins Crawford) Transmettre une nouvelle vision de la ville qui se pense pour l’habitant, qui dans notre démarche, nous privilégie la envisagions réponse juste à des besoins plutôt que l’ambition démesurée d’une municipalité oublie sa population le projet commequi leur extension et leur et son histoire. déclinaison.

Rendre visible Voies douces

Dimension pédagogique

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accrochesdes telles que jardins et s’appuyant sur une nouvelle voie douce, de nombreux Complémentaires différents l'agriculture, l'appropriation nous qualifions espaces verts que pourraient être mis à disposition des habitants. Il apparait important de laisser de totale, l'espace commun, lien au du vide, de la le friche, de paysage l’appropriation et de larges étendues arborées qui font respirer tant les habitants que ville. industriel, la transmission deslasavoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées Nous envisageons de énoncées rendre pluriels et diversifier ces espaces verts pour qu’un large public vers des questions agricoles, étaient soit invité à en profiter. Tout le monde ne doit pas avoir la volonté de s’investir pour profiter de la sorte. du lieu. Les espaces verts résonnent différemment pour chacun et ainsi profiteraient à tous les Premièrement, intégrer la production habitants. Ces espaces verts vides prendraient différentes formes. Ils pourraient être présents agricole au seinponctuellement de la ville, ellesur prenait tout le site avec des espaces en friche mais aussi à plus grande échelle, à plusieurs formes au travers différentes l’image d’unde parc paysager entretenu. typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirRéfléchir le vide dans la fabrique de la ville permet de la rendre plus résiliente, plus à même faire dont les jardins regorgent. p.x à x du de répondre à des besoins concrets pouvant évoluer. Le vide est encore permis sur le site de carnet ? la future ZAE mais il est seulement là pour servir la commercialisation du foncier. Le vide Enfin, laisser vide. C'est-à-dire devientduune monnaie d’échange dans la ville qui n’a plus de place. Le vide tel quel comme penser dans le projet des espaces outil d’une pensée dépourvus transitoire de et généreuse de la ville reste impensé à Sète. Les populations Rrom présentes sur lepouvaient site sont partagées entre des constructions en dur et des installations programme. Ces zones non définies temporaires, tentes, caravanes. La ZAE pourrait devenir un support pour cette vie en transit. se cristalliser en espaces verts ou bien en zones Des projets comme celui de laenpaysagiste Emma Blanc (cf. refs) proposent des « kit pour d'accueil permettant l'arrivée de populations vivre », eau, sanitaires, electricté qui s’installent dans des endroits laissés vides pour permettre transit. p.x à x du carnet ? l’accueil tout en laissant un sol perméable qui pourra servir à de nouveau usages.

Laisser vide

Espaces verts vides

Zones d’accueil

S'appuyer sur les jardins était centraldevenir bénéficiaire à chacune des parts sans qu’elle n’impacte Une formeouvriers d’accueil peut-elle dans notre démarche, nous envisagions négativement l’espace de chacun ? La mésentente entre ces deux populations existe déja, il difficile et d’envisager de mettre fin à ce conflit sans prendre partie, notre rôle n’est pas le projet commenous leurest extension leur là. Il est question de proposer un support matériel pour ces différentes formes pour habiter déclinaison. l’espace. 26

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point (industriels et verts) de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs La zone accroches industrielletelles telle que qu’elle est aujourd’hui représente déjà un espace de production basé l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions sur l’activité commerciale, automobile (concessionnaires, casses) et sur le traitement des de totale, l'espace commun, le lien au paysage déchets (Veolia, déchetteries, broyage des végétaux). Elle est symptomatique de la mise « hors les murs » par ville de toute industriel, la transmission des la savoir-faire. Nosproduction dont dépend directement le territoire. Yves Perret parle de la ville dense comme intentions de projets, essentiellement tournéesd’une absurdité. Selon lui, cette ville dense comme réponse à l’étalement urbain, s’étale finalement toujours plus car elle devient dépendante de territoires vers des questions agricoles, étaient énoncées annexes qui gèrent « l’assiette hydraulique et l’assiette alimentaire » (cf. refs). de la sorte. Premièrement, intégrer la àproduction Plutôt que de faire nouveau disparaitre cette partie indispensable de la ville, nous imaginons agricole au seinrévéler de la ville, elle prenait les opportunités qu’elle présente : comment celle-ci peut servir d’appui à une production plusieurs formes au travers de différentes axée sur l’agriculture ainsi qu’une production de bâti issue de la récupération. Il est question de redonner une place juste à un morceau de ville que l’on cherche à cacher. typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, Lajardins remisenourriciers). en circualtion déchets peut alimenter un réseau de récupération déjà jardins partagés, p.xde à xcertains du existant dans les jardinots mais qui tendrait à se généraliser pour l’appropriation du futur quartier carnet ? par ceux qui vont y habiter. Une relation circulaire entre les anciennes et nouvelles activités Ensuite,serait rendre visible cette la bénéfique pour partie chaquedeacteur. Aussi, les déchets des villes habituellement invisibles, ville : physiquement en travaillant l'accès mais seraient mis en lumière pour interroger notre rapport habitant à la production massive de ces aussi dans les esprits en ajoutant une dimension déchets. pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des industrielle espaces dépourvus L’activité présentede sur le site entraine également de nombreux espaces résiduels, laissés friche au coeur du quartier car non utiles dans la production directe. Il est question programme. Ces zonesennon définies pouvaient pour notre nouveau quartier d’envisager son extension à venir, son parasitage des espaces se cristalliser en espaces verts ou bien en zones laissésl'arrivée vacants.de Pour cela il va en falloir atteindre ces espaces. d'accueil permettant populations transit. p.x à x du carnet ? Aujourd’hui les bandes d’activités s’organisent le long d’un axe principal linéaire sans laisser place à des hiérarchies différentes de voieries, de traversées. Pour se répandre, les espaces verts S'appuyer sur les jardins rendre ouvriers était centralces bandes actives en les dédensifiant et en créant de nouveaux devraient plus poreuses dans notre démarche, envisagions accès etnous de nouveaux espaces d’interfaces entre ces bandes bâties étanches qui divisent le le projet commequartier. leur extension et leur déclinaison.

S’appuyer sur l’existant

Mise en réseau circulaire des déchets

Permettre l’extension

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Côté Est de la route D2 Au nord de l'avenue des Eaux blanches - Tjm Nissan : Concessionnaire Auto - Loxam Sète : Location matériels particuliers et professionnels - CGED : fournisseur électrique pour professionnels - MB Auto : Casse automobile - Concept Bois : Constructeur de terrasses - Union Matériaux Sète : Fournisseur de matériaux de construction et grande quantités pour les professionnels et les particuliers - Sud Béton : fournisseur de Béton près à l'emploie - Unifert France Sa : usine de chargement de transport. - Kia - SODAK – Sète : Concessionnaire auto - T.j.m action dépannage : atelier de réparation automobile - OPEL SETE TRESSOL-CHABRIER : Concessionnaire auto - Sylvaco Sète - Groupe Malvaux : Industrie du bois - Ponit P-Sète : magasin de bricolage/matériaux de construction - CEDEO Sète : Sanitaire - Chauffage – Plomberie - Findis Sud : magasin d'électro ménager - France Pare-Brise : service de réparation de par brise - Port à sec des Eaux Blanches : port de plaisance - Kiloutou Sète : location de matériel - GARAGE GARROUSTE ET FILS : garage auto - Colas : Entreprise de travaux publics, filiale de Bouygues. infrastructure transports, aménagements urbains et loisirs.

Au sud de l'avenue des Eaux blanches - Casse Auto Cauquil : Atelier de réparation Automobile - L Fouillade Sarl : distributeur de boisson pour professionnels - C.I.R. Sète : Fournissseur d'équipement industriel. Spécialiste des composants industriels en transmission de puissance : roulement, mécanique, hydraulique, pneumatique, automatisme et étanchéité. - YESSS Électrique : Magasin électricité - L'Ancre de Levage : entreprise de manutention, levage, location de matériels - Espace Aubade Comtat & Allardet Sete : constructeur salle de bain - LAROSA Négoce : Magasin de matériaux de construction pour professionnels - Ets LAROSA : Magasin d'ameublement et décoration - Cryoéco34 : service de nettoyage - Promo Cash : Institution financière - REXEL – SETE : magasin matériel électrique, chauffage, plomberie, energie renouvelable. Pour professionnels - L.t.a Marine : Concessionnaire de bateaux - Déchetterie - Ambulances Reflex : service ambulancier - RENAULT DACIA SETE TRESSOL-CHABRIER S.E.A. : Concessionnaire auto + borne de recharge voiture électrique - Gce Enseigne : magasin d'enseigne - TECHNIC'OVER : constructeur piscine - FRANCE IN BOX : location de box, garde meuble, espace de stockage en libre service - DEDALE CONSTRUCTIONS : Entreprise de construction, conception, maîtrise d’œuvre, gestion administrative - NICOLLIN : déchetterie, service de collecte d'ordre ménagère - A.R.G.P : Entreprise de construction - LAROSA NEGOCE : dépôt - Larosa Industrie : entreprise fer à béton - Encas Service : service aux entreprises - Car à Bosses : Casse Auto - Autodistribution NEOPARTS FIA LITTORAL Sète : magasin de pièce de rechange automobile - Relais Adrexo SETE : distributeur de prospectus, colis, courriers - AABAM DESTOCKAGE : Magasin de vêtement -Travaux Publics Sétois : entreprise de terrassement - Brasserie des Eaux Blanches : Restaurant - Rectification Sétoise : atelier de carrosserie - Sodica : fournisseur d'équipement industriels, magasin de pièces détachées pour assesseurs - Step SETE : station d'épuration - Unité de valorisation énergétique de Sète - Veolia Recyclage et Valorisation : Usine d'incinération des déchets - Garage Routier - Renault Trucks : Garage pour camions - PROLIANS - Baurès – Sète : distributeur d'acier - Transports Charlon : Société de transports Routier

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 intentions carte

À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point de départ était cette bande de jardins, nous en avons tiré plusieurs accroches telles que l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la ville : physiquement en travaillant l'accès mais aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ? S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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NC ES

Références

à compléter avec lecture

LE SV AC A

La Ville Agricole de Rémi JANIN

Un urbanisme de l’inattendu de Patrick BOUCHAIN

PE ND AN T

à compléter avec lecture

L’éloge du carburateur de Matthew B. CRAWFORD

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2 À ce stade, nous avions proposé un projet Paysages nourriciers à Nantes prenant place sur une zone non aménagée au « Une cinquantaine de potagers nord des jardins et des voies ferrées, répondant solidaires dans tous les quartiers de Nantes, encadrés par la villesitué de Nantes, manière de faciliter l’accès à une alimentation saine et durable aux au projet de ZAC, au sud.c’est Notreune point personnes qui en ont le plus besoin. Ces paysages nourriciers ont aussi eu une vertu pédagogique de départ était cette bande de jardins, nous : suivre l’évolution des cultures, rappeler à quelle saison chaque légume se ramasse, le récolter en avons tiré plusieurs accroches telles que de manière participative, le redécouvrir et apprendre à le cuisiner pour une alimentation saine, l'agriculture, l'appropriation que nous qualifions de qualité et locale. » de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos intentions de projets, essentiellement tournées vers des questions agricoles, étaient énoncées de la sorte. Premièrement, intégrer la production agricole au sein de la ville, elle prenait plusieurs formes au travers de différentes typologies de jardins et donc des degrés divers d'implication habitante (jardins individuels, jardins partagés, jardins nourriciers). p.x à x du carnet ? Ensuite, rendre visible cette partie de la Les deux assiettes de la ville par Yves Perret ville : physiquement en travaillant l'accès mais « 1. La ville (depuis quelques temps déjà) considère son assiette hydraulique et son assiette aussi dans les esprits en ajoutant uneses dimension alimentaire hors de questionnements spatiaux. Les conditions et les conséquences de pédagogique pour mettre en lumièreen leseau savoirl’approvisionnement et en nourriture ne relèveraient pas du « penser la ville ». faire dont les jardins regorgent. p.x àlaxquestion du 2. Dans l’autre sens, des rejets (EU, EV et déchets solides) n’est pas considérée comme organiquement urbaine. Les flux sont collectés (dans le meilleur des cas) pour être carnet ? traités du dans desC'est-à-dire usines implantées « hors les murs » ou (dans le pire) pour être déversés dans Enfin, laisser vide. le fleuve ou la rivière. » penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient « La ville met souvent en avant la qualité des proximités humaines qu’elle permet de dynamiser. se cristalliser enCes espaces verts ou bien en liées zonesau « construit serré » amènent à penser que la densité est à proximités physiques d'accueil permettant l'arrivée de populations enécologique. Cependant, cette densité est fondée sur une erreur l’origine de sa principale qualité transit. p.x à x du carnet :?l’impasse faite sur la surface des assiettes hydrauliques et alimentaires, toutes deux de calcul indispensables à son existence même. » S'appuyer sur les jardins ouvriers était central « Pourquoi documents d’urbanisme avec lesquels nous travaillons ne disent jamais un seul dans notre démarche, nousles envisagions mot de « l’imaginaire urbain » dans lequel s’inscrire ou duquel partir ? » le projet comme leur extension et leur déclinaison. http://2014.universites-architecture.org/ville-croit/

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Aire d’accueil par Emma Blanc Paysage et Projectiles architectes

« La question des sols : une réversibilité naturelle spontanée. Le projet optimise la reconversion de ces sites et leur retour à une plus grande porosité. Au regard du programme et pour des raisons pratiques et techniques, les voiries et les emplacements du projet sont laissés en enrobé. Ce matériau est intéressant à analyser du point de vue de la réversibilité du site : Toujours mis en œuvre en fine couche superficielle de quelques centimètres d’épaisseur, ce matériau est facilement extractable si nécessaire. » https://www.emmablanc.com/projets/ bois-de-boulogne https://www.pavillon-arsenal.com/fr/ paris-dactualites/10694-aire-daccueildes-gens-du-voyage.html

Parc Malbosc à Montpellier

Présence d’un verger public, d’un potager partagé et de jardins familiaux. Association VerPoPa pour Verger Potager Partagé, faire ensemble, apprendre ensemble et profiter d’un espace en pleine ville pour expérimenter, se retrouver et cultiver. Des jardins privés où l’architecture est pensée comme support à l’appropriation des habitants, ceux-ci prennent place dans un parc plus large et dessinent des cheminements. 35

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Résumé Carnet d'intentions jardins Transmission 2

16/04/2021

À ce stade, nous avions proposé un projet prenant place sur une zone non aménagée au nord des jardins et des voies ferrées, répondant au projet de ZAC, situé au sud. Notre point à réflechir de départ était cette bande de fait jardins, nous installation est différente de celle d’une ZAC ou d’une ZAE ? - qu’est ce qui que cette en avons tiré plusieurs telles - penser accroches à un phasage, se que positionner sur une installation incrémentale ? (si c’est pertinent) - le rapport antre ZAC et notre quartier, comment franchir ? l'agriculture, l'appropriation quelanous qualifions de totale, l'espace commun, le lien au paysage industriel, la transmission des savoir-faire. Nos à faire intentions de projets, essentiellement tournées aller visiter terrains dont nous parlons + ceux inexplorés au nord de la zone industrielle vers des questions agricoles,les étaient énoncées - aller à Malbosc de la sorte. - réfléchir à une carte des porosités (bandes actives de la ZAE étanche, percer), des relations Premièrement, la production spatialesintégrer possibles entre les différentes entités de la zone industrielle agricole au sein- de la ville, elle prenait prendre en compte les zones non constructibles et le denivelé que nous avons omis sans plusieurs formes au exprès, travers de différentes faire oups... - carte et quidonc met des en parallèle et en lumière les deux ambiances des deux chemins possibles typologies de jardins degrés divers pour aller aux jardinots (par d'implication habitante (jardins individuels,la piste cyclable le long de la route vs. à pied dans la friche) - mieux la carte jardins partagés, jardinsreprésenter nourriciers). p.x à des x duintentions, la faire en mode collage comme on a commencé (ou carte fertile), qui traduit plus des ambiance projetées carnet ? - aller voir les Rroms pour comprendre ce qu’il veulent, leur position dans le quartier. S’ils Ensuite,sont rendre visible cette ou partie la là pour toujours, s’ilsdecomptent bouger ? Prendre photos. Savoir si on peut les mettre ville : physiquement en travaillant l'accès mais éparpillés ou s’ils sont full communauté aussi dans les esprits en ajoutant une dimension pédagogique pour mettre en lumière les savoirfaire dont les jardins regorgent. p.x à x du carnet ? Enfin, laisser du vide. C'est-à-dire penser dans le projet des espaces dépourvus de programme. Ces zones non définies pouvaient se cristalliser en espaces verts ou bien en zones d'accueil permettant l'arrivée de populations en transit. p.x à x du carnet ?

Pour la suite

S'appuyer sur les jardins ouvriers était central dans notre démarche, nous envisagions le projet comme leur extension et leur déclinaison.

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ZAC vs. ZAE vs. Jardinots

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3) Entame d'une réflexion sur les règles urbaines : le PLU, un instrument pour lotir en commun

À ce stade, le projet basé sur les jardins a pris deux chemins : l'un traite de l'espace de la future zone d'activité, l'autre traite de la mise en valeur du paysage et du lien entre cette Z.A.E et les jardins. L'existence prochaine de la Z.A.C entrée est de Sète, couvrant de logements et de commerces les rives nord et sud du canal de la Peyrade, ainsi que le projet monumental du conservatoire à rayonnement intercommunal Manitas de Plata, sont des conditions sous-jacentes à la réflexion menée à propos de ces deux portions de ville. Nous avons pensé ces lieux comme prochainement entourés d'habitations (5000 logements sont prévus dans la Z.A.C).

- dernier 2v2, Léa et Louis

Cette sous-partie aborde l'espace de la Z.A.E en particulier.

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Devant l’impossibilité d’accepter la ZAE telle qu’elle se présentait à nous et devant l’impossibilité d’y intégrer une zone elle aussi monofonctionnelle (zone agricole) – c’est-àdire dédiée à un seul type d’activité – nous avons pris la décision de la soigner, de nous y inscrire, de voir ce qui était possible de faire avec cet existant, ce moche, ce laid, ce non situé. Que peut-on faire dans cette zone où il est possible de voir se dresser trois bâtiments identiques côte à côte, que faire avec cet espace-parking, espace-commerce, espacemort-la-nuit, espace-qui-pue, espace-nonspatial ? La citation suivante nous renseigne quant à la prise en compte de cet existant difficile à envisager; la posture de l’écrivain qui y est décrite peut s’appliquer à un architecte :

Les objectifs du projet ont ainsi changés : au lieu de vouloir transposer les jardins sur une zone vide – ce qui revenait à nier l'existence de la Z.A.E – nous nous sommes résolus à y travailler. Des questions se sont alors posées.

« La matière pour un écrivain n’est pas uniquement constituée des réalités qu’il pense découvrir; elle l’est bien davantage de celles dont il dispose grâce à la langue de son propre temps et aux images de la littérature passée qui ont conservé leur vitalité.

> Est-ce possible de faire du lotissement commercial un lieu avec une identité, situé ?

> Comment induire la notion de commun et celle d'appropriation (remarquable aux jardins) dans la ZAE tout en prêtant attention à ce qu'il s'y déroule réellement ? > Quelle flexibilité des espaces est permise dans ces lots prêts-à-construire ? > Comment y déambuler ? > Comment inscrire ce lieu dans une échelle plus grande afin de ne pas nier l'autour ?

> Comment conférer à ce lieu des valeurs écologiques ?

Au niveau stylistique, un écrivain peut exprimer son sentiment concernant cette matière soit en l’imitant si elle lui convient, soit en la parodiant si elle ne lui convient pas. […] Étudier le

En ce sens, ajouter des fonctions au sein de cette zone d'activités économiques est apparu comme la question centrale du projet. L'outil que nous avons trouvé afin de rompre avec le mono-fonctionnalisme de la zone d'activité est la révision du Plan Local d'Urbanisme. Ces principes d'aménagement font écho à un autre aspect du projet des jardins que nous verrons dans la partie suivante. « Parodier » les règles d'urbanisme, au sens de Robert Venturi, revient pour nous à y insérer la notion de commun et à rendre plus absurdes encore les règles qui le sont déjà. Nous ne proposons pas de dessin de la Z.A.E mais simplement un cadre.

paysage existant est pour un architecte une manière d’être révolutionnaire. Pas à la manière trop évidente qui consisterait à détruire Paris et à le recommencer comme Le Corbusier le suggérait vers 1920, mais d’une manière plus tolérante : celle qui questionne notre façon de regarder ce qui nous entoure. »1 1

Robert Venturi, Learning from Las Vegas, 2007, p.47.

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Résumé Le Méga Plan Local d'Urbanisme La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 de Sète, plus précisément elle correspond au secteur UEa2 qui intègre la zone d'activités économiques des Eaux Blanches située entre la RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les jardins cheminots au sud et le canal du Rhône à Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions générales » et les « Dispositions particulières » propres à la zone UE. Nous avons repris le P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des modifications concernant les aspects suivants. L'implantation des constructions les unes par rapport aux autres (art. UE7, p.6). La gestion du foncier en instaurant la gestion commune des trois lots à la fois au travers d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6). La caractérisation des limites des méga-lots pour autoriser le franchissement piéton et l'appropriation des limites (art.UE11, p.8). La répartition des surfaces dédiées au stationnement des véhicules (art.12, p.10). La proportion d'espace de pleine terre et leur nature (art. UE13, p.12). Enfin l'ajout d'un article concernant les fonctions urbaines de la zone afin de diversifier les types d'activités dans la Z.A.E, et modifier le caractère propre aux espaces monofonctionnels : l'absence d'utilisation une partie de la journée ou bien de la nuit. Ici, les activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se développent (article UE17 – fonctions de la zone urbaine, p.13).

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MÉGA PLAN LOCAL D’URBANISME 4. LOCAL D’URBANISME PLAN Règlement

4. 4.

Règlement Règlement

Les clôtures de la Z.A.E

Ces dispositions amènent une gestion du sol autre, le raisonnement quant à l'aménagement n'est plus possible par lot.

Modification n°1 Modification simplifiée n°1

Nous imaginons générer des espaces de pleine terre plus vastes et réduire l'empreinte des parkings. L'espace de pleine terre ainsi dégagé Dossier approuvé par le Conseil Municipal est franchissable par en date du les piétons (autre réglementation sur le périmètre du mégaDATE lot et disparition de la cloture) et planté 03 novembre 2014 Visa : Un verger s'insère dans d'arbres fruitiers. 15 décembre 2014 Dossieràapprouvé par du cueilleur de la zone d'activité, l'image le Conseil Municipal 23 mai 2016 approuvé par en date du champignons Dossier dans la fôret domaniale, des le Conseil Municipal 28 novembre 2016 en date du cueilleurs de fruits pourraient venir se servir DATE 17 septembre 2018 presque entre les voitures : faisant du sol une DATE 03 novembre 2014 Visa : ressource commune. 03 novembre 2014

Modification Modification n°1 n°2

15 23 décembre mai 2016 2014

Modification Modification n°2 simplifiée n°2

23 2016 2016 28 mai novembre

Modification simplifiée n°2 n°3

28 17 novembre septembre2016 2018

Modification n°3 n°4

05 septembre juin 2021 2018 17

PLU approuvé par DCM le : 10 février 2014

La constitution de l’entité du méga-lot provoque une gestion commune du sol. Contact service urbanisme de la Ville de Sète : serviceurbanisme@ville-sete.fr

Hôtel de Ville 20 bis rue Paul VALERY 34 200 SETE SIG Intercommunal

Contact service urbanisme de la Ville de Sète : serviceurbanisme@ville-sete.fr Contact service urbanisme de la Ville de Sète : serviceurbanisme@ville-sete.fr Hôtel de Ville 20 bis rue Paul VALERY Hôtel Ville 34 200deSETE 20 bis rue Paul VALERY 34 200 SETE SIG Intercommunal SIG Intercommunal

PLOCAL LAN LDOCAL D’URBANISME P LANL OCAL D ’U ’URBANISME RBANISME MPLAN éga

PLAN LOCAL D’URBANISME

PROCEDURE

Modification simplifiée n°1

Modification n°1 PLU approuvé par DCM le : Modification n°2par DCM le : 10 2014 PLUfévrier approuvé

10 février 2014 Modification simplifiée n°2 PROCEDURE Modification n°3 PROCEDURE Modification simplifiée n°1

15 décembre 2014

Visa :

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

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Résumé Le Méga Plan Local d'Urbanisme

Ville de Sete Reglement du méga Plu

Quelques définitions et dispositions diverses à toutes les zones : La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 applicables de Sète, plus précisément elle correspond au 10% nocturne : en zone UEa, le 10%intègre nocturne la correspond à 10% de la surface bâtie d’un méga-lot qui est dédiée à une secteur UEa2 qui zone d'activités activité du secteur tertiaire appartenant aux domaines de la restauration, de l’hôtellerie, du tourisme, de la culture, ou des économiques des Eaux Blanches située entre la loisirs. RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les Alignement : limite existante ou projetée entre le domaine public et le domaine privé. jardins cheminots au sud et le canal du Rhône à Annexe : bâtiment ou nord. partie deS'y bâtiment dont l’usage être qu’accessoire à celui de la construction principale réSète au appliquent lesne «peut Dispositions gulièrement autorisée dans la zone (liste d’exemples non exhaustive : abris bois, abris de jardin, locaux piscines, locaux » etLeslesconstructions « Dispositions particulières techniques,générales préau, abris ….). à usage agricole ne sont pas » des annexes. propres à la zone UE. Nous avons repris le Clôture : une clôture est ce qui sert à enclore un espace, le plus souvent à séparer deux propriétés : propriété privée et P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des domaine public, ou deux propriété privées. Elle est alors élevée en limite séparative des deux propriétés. modifications concernant les aspects suivants. Ceci ne saurait toutefois constituer une règle absolue, la clôture pouvant parfois être édifiée en retrait de cette limite pour

diverses raisons, notamment le respect des règles d’alignement. Ne constitue en revanche pas une clôture au sens du code de l’urbanisme un ouvrage destiné à séparer différentes parties L'implantation desdeconstructions les unes d’une même unité foncière en fonction l’utilisation par le même propriétaire de chacune d’elles : espace habitation – espace activité – espace cultivé ; etc.… par rapport aux autres (art. UE7, p.6). Construction : le terme de construction englobe tous les travaux, ouvrages ou installations qui entrent dans le champ d’application du gestion droit des sols, soient soumis à permis de construire ou à déclaration préalable. La duqu’ils foncier en instaurant la

gestion commune des trois à lapublics fois au Construction et installations nécessaires aux lots services : il s’agit des destinations correspondant aux catégories travers suivantes : d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6). -

les locaux affectés aux services municipaux, départementaux, régionaux ou nationaux qui accueillent le public, lesLa crèches et haltes garderies, des limites des méga-lots caractérisation les établissements d’enseignement maternel, primaire et secondaire, autoriser le franchissement lespour établissements universitaires, y compris les locauxpiéton affectés àet la recherche et d’enseignement supérieur, lesl'appropriation établissements pénitentiaires, des limites (art.UE11, p.8). les établissements de santé : hôpitaux (y compris les locaux affectés à la recherche, et d’enseignement supérieur) ; cliniques, maisons de retraites (EHPAD)...., lesLa établissements d’action sociale, répartition des surfaces dédiées au les établissements culturels et les salles de spectacle spécialement aménagées de façon permanente pour y donner desdevéhicules (art.12, p.10).d’art dramatique, lyrique ou chorégraphique, desstationnement concerts, des spectacles variétés ou des représentations les établissements sportifs à caractère non commercial, les lieux de culte, La proportion d'espace de pleine terre et les parcs d’exposition, nature (art. UE13, p.12). lesleur constructions et installations techniques nécessaires au fonctionnement des réseaux (transport, postes, fluides, énergie, télécommunication,...) et aux services urbains (voirie, assainissement, traitement des déchets,...).

Enfin l'ajout d'un article les qui comportent, outre le caractère temporaire Construction à usage d’hébergement hôtelier concernant : il s’agit des constructions de l’hébergement, le minimum d’espacesde communs propres hôtels (restaurant, blanchisserie, accueil,..). fonctions urbaines la zone afinauxde diversifier les types d'activités dans la Z.A.E,

Emprise au sol : elle se définit par le rapport entre la superficie au sol qu’occupent la projection verticale des bâtiments et modifier caractère propre aux espaces et la superficie du terrain (Rle 420-1 du Code de l’Urbanisme).

monofonctionnels : l'absence d'utilisation une

Façade d’un terrain : limite du terrain longeant l’emprise de la voie. Lorsque le terrain est longé par plusieurs voies, il a partie de la journée ou bien de la nuit. Ici, les plusieurs façades.

activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se (article UE17Modification – fonctions la 2021 Règlementdéveloppent du Méga PLU de Sète - Version n°4 / de 05 juin zone urbaine, p.13).

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Ville de Sete Reglement du méga Plu Logement de fonction : lorsque la présence est indispensable et permanente pour assurer le bon fonctionnement des installations. Logement social : Les logements sociaux sont ceux qui sont définis à l’article L.320-5 du Code de la construction et de l’habitation. Lot : en urbanisme, un lot ou une unité foncière est définie par le Conseil d’État comme un « îlot d’un seul tenant composé d’une ou plusieurs parcelles appartenant à un même propriétaire ou à la même indivision ». La Z.A.E compte 18 lots. Lotissement : constitue un lotissement l’opération d’aménagement qui eu pour effet la division, qu’elle soit en propriété ou en jouissance, qu’elle résulte de mutations à titre gratuit ou onéreux, de partages ou de locations, d’une ou plusieurs propriétés foncières en vue de l’implantation de bâtiments. Méga-lot : un méga-lot est un groupement de lots (unités foncières) de trois lots. Cette nouvelle unité régit l’aménagement de la zone UEa, permettant une gestion commune des espaces de stationnement, des accès, des espaces de pleine terre, des eaux pluviales. La ZAE compte 6 méga-lots.

Les clôtures de la Z.A.E

Ces dispositions amènent une gestion du sol autre, le raisonnement quant à l'aménagement n'est plus possible par lot.

Nous imaginons générer des espaces de pleine terre plus vastes et réduire l'empreinte des parkings. L'espace de pleine terre ainsi dégagé est franchissable par les piétons (autre Illustration du fonctionnement d’un méga-lot réglementation sur le périmètre du mégalot et disparition de la cloture) et planté d'arbres fruitiers. Un verger s'insère dans Mur de soutènement : un mur de soutènement a pour objet de maintenir les terres lorsque les sols des deux fonds la zone d'activité, à l'image du cueilleur de riverains ne sont pas au même niveau. Même si le mur a été construit en limite de propriété, il constitue, en raison de sa champignons dans ne laluifôret domaniale, des fonction, un mur de soutènement et non un mur de clôture. Ainsi, les dispositions relatives aux clôtures sont pas applicables. En revanche, ne constitue pas un mur de soutènement mais un mur de clôture celui qui n’a pas pour objet de cueilleurs de fruits pourraient venir se servir corriger les inconvénients résultant de la configuration naturelle du terrain mais qui a pour but de permettre au propriétaire presque les voitures : faisant du sol une de niveler sa propriété après apport de remblais. Le mur de soutènement peut être surmontéentre d’une clôture qui est soumise au régime des clôtures. ressource commune.

La constitution de l’entité du méga-lot provoque une gestion commune du sol.

Parcelle : partie d’un terrain d’un seul tenant de même culture ou de même utilisation constituant une unité cadastrale.

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

Espace de pleine terre : il s’agit de la partie de l’unité foncière libre de toute utilisation ou occupation du sol (constructions au sol et hors sol, structures, abris, cuves, terrasses, piscines et bassins, voies et chemins, stationnement de véhicules et autres, stockage de produits et matériaux) qui doit être traitée en espaces verts.

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Il s’agit également dans les zones denses (zones UB) d’espaces de pleine terre aménagés sur plancher de terrasses ou Z.A.E estRDC comprise dans zone UE1 deminimale de terre permettant le développement de parcs deLa stationnement ou R+1 avec une la qualité et épaisseur complet desSète, plantations. en cas de contradiction avec laau règle d’emprise au sol des articles 9 de chaque zone, plusCependant, précisément elle correspond cette dernière prévaut.

secteur UEa2 qui intègre la zone d'activités économiques des Eaux Blanches située entre la de la terre, le programme de plantations Les espaces de pleine terre sont traités en espaces verts, par la qualité végétale d’arbres de hautes tiges imposé et le respect des recommandations édictées. RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les cheminots au sud et le canal du Rhône à Sol natureljardins : il s’agit du sol existant avant travaux. Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions Terrain ou unité foncière : ensemble de parcelles contiguës appartenant à un même propriétaire non séparé par une générales » et les « Dispositions particulières » voie. propres à la zone UE. Nous avons repris le P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des modifications concernant les aspects suivants. L'implantation des constructions les unes par rapport aux autres (art. UE7, p.6). La gestion du foncier en instaurant la gestion commune des trois lots à la fois au travers d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6). La caractérisation des limites des méga-lots pour autoriser le franchissement piéton et l'appropriation des limites (art.UE11, p.8). La répartition des surfaces dédiées au stationnement des véhicules (art.12, p.10). La proportion d'espace de pleine terre et leur nature (art. UE13, p.12). Enfin l'ajout d'un article concernant les fonctions urbaines de la zone afin de diversifier les types d'activités dans la Z.A.E, et modifier le caractère propre aux espaces monofonctionnels : l'absence d'utilisation une partie de la journée ou bien de la nuit. Ici, les activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se (article UE17Modification – fonctions la 2021 Règlementdéveloppent du Méga PLU de Sète - Version n°4 / de 05 juin zone urbaine, p.13).

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ZONE UE Caractère de la zone La zone UE correspond à des terrains spécialisés dans l’accueil de constructions et installations à usage d’activités économiques et culturelles. La zone UE comprend : Des secteurs UEa, partiellement couvert par le SPR, dédié à l’accueil d’activités artisanales, industrialoportuaires et tertiaires situées au nord des voies ferrées. Des secteurs UEb, couvert par le SPR, qui concerne les espaces dédiés à l’accueil d’activités artisanales et tertiaires situés au Nord du Canal de la Peyrade et concernés par des prescriptions architecturales spécifiques. Un secteur UEc, couvert par le SPR, qui concerne les espaces économiques situés au Sud du Canal de la Peyrade et spécifiquement dédiés à l’accueil d’activités en interaction avec celles du port mais dont l’aspect et le fonctionnement (accès, contraintes de circulation des véhicules) sont susceptibles de s’intégrer à un aménagement compatible avec le caractère d’entrée de ville de ce secteur (artisanat, tertiaire, logistique, petite industrie). Un secteur UEg, partiellement concerné par le SPR, correspondant aux espaces économiques autour du futur Pôle d’Echange Multimodal (gare ferroviaire actuelle) où pourront être accueillies des activités tertiaires, de l’hébergement touristique. Des secteurs UEz et UEz1, correspondant aux ZACom existantes et en projet inscrites au Document Les clôtures de la Z.A.E d’Aménagement Commercial : il s’agit des espaces situés au Nord de la voie ferrée et à l’Est du futur pôle d’échange multimodal dédié à l’accueil d’activités commerciales en mixité avec d’autres activités (tertiaires notamment) ainsi que des espaces commerciaux Camille Blanc. Ces dispositions amènent une gestion du situés sol sur l’avenue Nous imaginons générer des espaces de pleine

le (excepté raisonnement à l'aménagement terre vastes et réduire Lesautre, zones UE UEz1) sont quant concernées par l’Orientation d’Aménagement et deplus Programmation n°1. n'est plus possible par lot.

l'empreinte des

parkings.

La zone est soumise au risque inondation, le règlement de la zone s’appliquent donc sous réserve du respect des prescriptions du règlement du PPRi en vigueur annexé au présent règlement. L'espace de pleine terre ainsi dégagé

franchissable par les piétons (autre La constitution de l’entité est réglementation sur le périmètre du mégaARTICLE UE1 – OCCUPATIONS ET UTILISATION DU SOL INTERDITES du méga-lot provoque lot et disparition de la cloture) et planté -les constructions destinées à l’exploitation agricole et forestière fruitiers. Un verger s'insère dans une gestion commune du d'arbres -les constructions ou la transformation de bâtiments existants pour un usagelad'habitation non lié au fonctionnement, zone d'activité, à l'image du cueilleur de à lasol. surveillance ou au gardiennage des établissements champignons dans la fôret domaniale, des -l’ouverture et l’exploitation de carrières ou de gravières ainsi que toute exploitation du sous-sol

-les terrains aménagés de camping et de caravanage, permanents ou saisonniers cueilleurs de fruits pourraient venir se servir -les habitations légères de loisirs presque entre les voitures : faisant du sol une -les Parcs Résidentiels de Loisirs (PRL), les villages de vacances ressource commune. -le stationnement des caravanes isolées sauf disposition réglementaire prévue aux articles R.111-37 à R.111-40 du code de l’urbanisme. -les parcs d’attraction -les dépôts de toute nature (bateaux, terres, gravas, matériaux pondéreux, vracs…) -les occupations et utilisations du sol peuvent être interdites conformément à la réglementation en vigueur, aux fins de protéger les biens et les personnes contre les risques, dans les secteurs soumis à des risques naturels

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

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ou technologiques délimités au plan de zonage ou en annexe du PLU (notamment les installations relevant des La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 de directives européennes dites SEVESO). Sète, plus précisément correspond au supérieure à 1300 m² et d’une surface de -les constructions à usage de commerceselle d'une surface de plancher vente supérieure à 1000 m² en de lala zone UEz.d'activités secteur UEa2 quidehors intègre zone -les constructions à usage de commerces en secteur Uec.

économiques des Eaux Blanches située entre la RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les ARTICLE jardins UE2 - OCCUPATION ET au UTILISATIONS DU SOLdu SOUMISES cheminots sud et le canal Rhône Aà DES CONDITIONS PARTICULIERES Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions -Toutes les occupations et utilisations du sol non interdites à l’article 1 doivent respecter les dispositions de » etgénérales les « Dispositions particulières l’article 6 générales des dispositions du présent règlement dans les »secteurs concernés par divers risques ou nuisances (risques technologiques, bruit) et délimités aux documents graphiques ou en propres à naturels la zoneouUE. Nous avons repris le annexes du PLU. Les dispositions les plus restrictives s’appliquent sur les dits-terrains. P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des - Les constructions de toute nature, les dépôts ainsi que les constructions réalisés par l’exploitant sous condition modifications concernant les aspects suivants. d’être nécessaires du fonctionnement du service public ferroviaire. - Les constructions à usage de commerces d’une surface de plancher inférieure ou égal à 1300 m² et d’une surface de vente inférieure ou égale à 1000 m². L'implantation des constructions les unes - L’extension des activités existantes, implantées en dehors des localisations préférentielles (ZACOM) et dont la auxouautres UE7, p.6). atteindre ce seuil par le biais d’une extension), surface depar venterapport est supérieure égale à(art. 1000m² (ou devant à condition : que le cumul de ces extensions ne dépasse pas les 20% de la surface de vente autorisée à la date La gestiondudu foncier en instaurant la Commercial, d’approbation SCoT et son Document d’Aménagement gestion commune lots à la que la surface de plancherdes totaletrois ne représente pasfois plusau de 130% de la surface de vente.

travers d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6).

En secteur UEc : - Les constructions et la réfection de bâtiments à usage d’habitation à condition : Laleur caractérisation des limites des méga-lots que présence ne compromette pas l’activité des entreprises et le bon fonctionnement général de lapour zone portuaire. autoriser le franchissement piéton et que leur présence soit liée au gardiennage des établissements et installations portuaires l'appropriation limites (art.UE11, p.8). qu’elles soient limitéesdes à 70m² de surface de plancher et positionnées en dehors des périmètres SEVESO.

La répartition des surfaces dédiées au

En zone UEg : stationnement des véhicules (art.12, p.10). Les hébergements touristiques sont autorisés sous condition de présenter des critères de performance acoustique suffisants au regard de leur proximité avec les voies ferrées.

La proportion d'espace de pleine terre et

En zone UEz et UEz1 : leur nature (art. UE13, p.12). Les constructions à usage de commerces d’une surface de plancher supérieures à 1300 m² et d’une surface de vente supérieure à 1000 m² sont autorisées sous condition d’être réalisées en rez-de-chaussée des constructions et en mixité fonctionnelle des article activités tertiaires aux niveaux Enfin l'ajoutavec d'un concernant les supérieurs. L’aménagement de la zone UEz est conditionné à la réalisation d’une ou plusieurs opérations d’aménagement fonctions urbaines de la zone afin de d’ensemble. Cette/ces opération(s) devront prévoir des liaisons modes doux vers le centre ville de Sète et le les types d'activités dans la Z.A.E, quartier dudiversifier PEM. Elle(s) devront prendre enlecompte la desserte en transport en commun actuelle de la zone et son renforcement et modifier caractère propre aux espaces futur (projet de TCSP) et en prévoir les aménagements nécessaires. Elles prévoiront également des infrastructures monofonctionnels : l'absence d'utilisation une qualitatives pour le traitement des eaux pluviales.

partie de la journée ou bien de la nuit. Ici, les activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se (article UE17Modification – fonctions la 2021 Règlementdéveloppent du Méga PLU de Sète - Version n°4 / de 05 juin zone urbaine, p.13).

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Ville de Sete Reglement du méga Plu ARTICLE UE 3 - ACCES ET VOIRIE Rappel : Les « dispositions générales » et les « dispositions communes à toutes les zones » s’appliquent. En zone UEb et UEc : Des voies d’accès imposées sont identifiées aux documents graphiques. Ces accès devront être matérialisés par des voies de gabarit suffisant pour permettre l’accès des voitures et poids lourds aux aires de stationnement et de stockage situés à l’arrière des bâtiments. Aucun accès direct sur l’avenue Martelli n’est autorisé. ARTICLE UE 4 - DESSERTE PAR LES RESEAUX Rappel : Les « dispositions générales » et les « dispositions communes à toutes les zones » s’appliquent. ARTICLE UE 5 - CARACTERISTIQUES DES TERRAINS Article supprimé en application de la loi n°2014-366 du 24 mars 2014 pour l’Accès au Logement et à un Urbanisme Rénové (ALUR). ARTICLE UE 6 - IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS PAR RAPPORT AUX VOIES ET EMPRISES Les clôtures de la Z.A.E PUBLIQUES Dispositions générales

Ces dispositions amènent une gestion du sol Nous imaginons générer des espaces de pleine autre, le «raisonnement quant» età les l'aménagement plus et réduire l'empreinte des Rappel : Les dispositions générales « dispositions communesterre à toutes les vastes zones » s’appliquent. n'est plus possible par lot. parkings. Les constructions doivent être implantées avec un retrait minimum de : L'espace de pleine terre ainsi dégagé - 30m de l’alignement de la RD2 est franchissable par les piétons (autre - 15m de l’alignement du bord des quais - 5m de l’alignement des voies et emprises publiques, existantes ou projetées. réglementation sur le périmètre du mégalot et disparition de la cloture) et planté d'arbres fruitiers. Un verger s'insère dans Les reculs ne s’appliquent pas aux constructions et installations nécessaires aux services publics. la zone d'activité, à l'image du cueilleur de Dispositions particulières champignons dans la fôret domaniale, des cueilleurs de fruits pourraient venir se servir En secteur UEb et UEc : Les constructions doivent être implantées : presque entre les voitures : faisant du sol une - à 15 m du bord à Quai du Quai des Moulins, ressource commune. - à 7 m de l’alignement des voies de l’avenue Martelli.

La constitution de l’entité du méga-lot provoque une gestion commune du sol.

- à 5m de l’alignement des autres voies et emprises publiques, existantes ou projetées.

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

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ARTICLE UE 7 - IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS PAR RAPPORT AUX LIMITES SEPARATIVES

La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 de En zones Sète, UEa : plus précisément elle correspond au Les constructions peuventqui s’implanter une d'activités limite séparative seulement. secteurneUEa2 intègreque lasur zone Les constructions doivent respecter des marges d’isolement de 5m minimum par rapport aux autres limites économiques des Eaux Blanches située entre la séparatives. RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les Au sein d’un méga-lot (CF. lexique), la mitoyenneté de du deuxRhône éléments jardins cheminots au sud et le canal à bâtis (un mur mitoyen) au minimum entre deux lots est obligatoire. La mitoyenneté de trois éléments bâtis, entre les trois lots est fortement conseillée Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions (deux murs mitoyens). Pour que la mitoyenneté existe elle implique l’alignement d’au moins une façade sur les générales » et les « Dispositions particulières » deux. propres à la zone UE. Nous avons repris le L’emprise des bâtiments se situe en limites de parcelles du lot ou bien à 15 mètres de la route d’accès P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des principale. modifications concernant les aspects suivants. L'implantation des constructions les unes par rapport aux autres (art. UE7, p.6). La gestion du foncier en instaurant la gestion commune des trois lots à la fois au travers d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6). La caractérisation des limites des méga-lots pour autoriser le franchissement piéton et l'appropriation des limites (art.UE11, p.8). La répartition des surfaces dédiées au stationnement des véhicules (art.12, p.10).

Illustration de la mitoyenneté et de l’emprise des bâtiments en limite de parcelles ou à 15m

La proportion d'espace de pleine terre et leur nature (art. UE13, p.12).

Ces règles ne s’appliquent pas aux constructions et installations nécessaires aux services publics. En zone UEb et UEc : Enfin l'ajout d'un article concernant les Les constructions seront implantées : fonctions urbaines de la zone afin de - en limites séparatives sur une ou deux limites séparatives latérales et sur une profondeur de 30 m minimum les types la maximums Z.A.E, le long des voies publiques du Quai de façon àdiversifier produire des unités bâties d'activités continues de 1dans à 3 nefs des Moulins Avenue Martelli. et etmodifier le caractère propre aux espaces - en limites séparatives de fond de parcelle dès lors que celle-ci jouxte le domaine portuaire, ou selon un recul monofonctionnels : l'absence d'utilisation une de 6 m. dans le cas contraire. partie bien de dès la nuit. Ici, les est bordée d’une voie d’accès identifiée - et selon un recul de de 6lam.journée des limitesou séparatives lors que celle-ci aux documents graphiques. activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu

faire en sorte que des activités nocturnes se (article UE17Modification – fonctions la 2021 Règlementdéveloppent du Méga PLU de Sète - Version n°4 / de 05 juin zone urbaine, p.13).

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Ville de Sete Reglement du méga Plu ARTICLE UE 8 - IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS LES UNES PAR RAPPORT AUX AUTRES SUR UNE MÊME PROPRIETE Les constructions non contigües doivent être séparées par une distance d’au moins 4 m. ARTICLE UE 9 - EMPRISE AU SOL Pour le calcul de l’emprise au sol, se référer aux modalités d’application des règles p.116. Non réglementé. ARTICLE UE 10 - HAUTEUR DES CONSTRUCTIONS Rappel : les « dispositions générales », les « dispositions communes à toutes les zones » et les « modalités d’application des règles par article » s’appliquent. En dehors des secteurs identifiés au document graphique où s’applique une hauteur spécifique (35 mètres), il est imposé pour les bâtiments, les hauteurs maximales suivantes : La hauteur maximale HF autorisée est de 16,5 mètres. La hauteur maximale HT autorisée est de 19 mètres. Les clôtures de la Z.A.E

En secteur UEb, UEc et UEc1 : L’architecture des bâtiments réglementée le long du canal de la Peyrade de type Dock défini des volumes à façades pignons pour lesquels s’appliquent les hauteurs suivantes : dispositions amènent une gestion Nous imaginons générer des espaces de pleine La Ces hauteur maximale autorisée des constructions est du de :sol autre, terre plus vastes et réduire l'empreinte des Pour HF : le raisonnement quant à l'aménagement - n'est 12 m. HF en bas de pente, plus possible par lot. parkings. 16 m. HT au faitage.

L'espace de pleine terre ainsi dégagé est franchissable par les piétons (autre En secteur UEz1 : La hauteur maximale HF autorisée est de 10 mètres. réglementation sur le périmètre du mégalot et disparition de la cloture) et planté d'arbres fruitiers. Un verger s'insère dans ARTICLE UE 11 - ASPECT EXTERIEUR la zone d'activité, à l'image du cueilleur de Pour les zones UEa : champignons dans la fôret domaniale, des cueilleurs de des fruits Les différentes pentes de toiture et matériaux de couverture seront admis, à l’exclusion bacspourraient métalliques venir se servir non peints et présentant des brillances, les toitures terrasses seront autorisées lorsqu’elles sont masquées presque entre les voitures :par faisant du sol une des acrotères. ressource commune.

La constitution de l’entité du méga-lot provoque une gestion commune du sol.

Epidermes Le nombre total de matériaux mis en œuvre et apparent sera limité à 3 dans un souci de cohérence architecturale. Différents types de matériaux pourront être associés : bois lasuré, bardage métal ou, laqué ou traité contre l’oxydation (galva), le béton lorsqu’il est destiné à rester apparent : brut de décoffrage, désactivé, poli, ainsi que les matériaux manufacturés à base de verre.

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

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Les enseignes devront être intégrées au plan de composition des façades et s’harmoniser avec elles.

La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 de Clôtures Sète, plus précisément elle correspond au La réalisation de clôtures estqui subordonnée prescriptions suivantes : secteur UEa2 intègre aux la zone d'activités a) hauteur maximum 2 mètres, 0,5 mètres, économiques des Eaux Blanches située entre la b) constituée par un mur bahut de type longrine ou maçonnerie enduite de 0,60 m. de hauteur surmontée d’une à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les grille rigideRD2 à maille rectangulaire de couleur grise montée sur ossature, b) la clôture consistecheminots en un mur bas plein d’une largeur minimum de 0,5 mètres, jardins aud’un sudmatériaux et le canal du Rhône à c) l’ossature ne peut être constituée que de montants métalliques ayant reçu un traitement antioxydant, le Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions scellement se fera sur le mur bahut, générales » et lesde«plantations Dispositions particulières d) la clôture devra être doublée arbustives et d’arbres de»haute tige à raison d’un arbre tout les 7 mètres linéaires de clôtures, propres à la zone UE. Nous avons repris le d) Le muret constitue l’unique limite de la parcelle sur la moitié du périmètre du méga-lot au minimum. Sur cette P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des même moitié du périmètre du méga-lot, ce muret doit conserver son caractère initial, il est interdit de surmonter concernant lessusdit aspects ou doublermodifications par quelque élément que ce soit le mur. suivants.

e) les clôtures pleines ne sont autorisées que lorsqu’elles répondent à des nécessités ou à une utilité tenant à la nature de l’occupation ou du caractère des constructions édifiées sur l’unité foncière intéressée, L'implantation des constructions les unes e) afin de satisfaire à des besoins tels qu’ombre, stockage, repos, il est possible d’agrémenter ce mur bas rapport auxsurautres UE7, p.6). (appentis, par végétation, pergola) la moitié(art. restante. f) les clôtures ne devront faire obstacle ni à l’écoulement des eaux de ruissellement ni à la déambulation piétonne au sein des espaces extérieurs des méga-lots. Le muret devra alors présenter une césure d’au moins un mètre La gestion du foncier en instaurant la de long par lot, et ceux tant bien du côté de la rue que du côté de la promenade paysagée aménagée au sud de gestion commune des trois lots à la fois aupar cette césure des dispositifs tels que des la zone. Pour éviter que des véhicules motorisés ne puissent passer chicanes, travers ou des passage oscillants être mis en place. Pour donner l’acceè aux véhicules le d'unsélectifs « méga-lot » peuvent (art. UE7, p.6). muret peut être interrompu sur plusieurs mètres, et des portails ou autre éléments de fermetures peuvent alors être mis en place et gérés au sein de chaque lots.

La caractérisation des limites des méga-lots pour autoriser le franchissement piéton et l'appropriation des limites (art.UE11, p.8). La répartition des surfaces dédiées au stationnement des véhicules (art.12, p.10). La proportion d'espace de pleine terre et leur nature (art. UE13, p.12).

Enfin l'ajout d'un article concernant les fonctions urbaines de la zone afin de diversifier les types d'activités dans la Z.A.E, et modifier le caractère propre aux espaces monofonctionnels : l'absence d'utilisation une partie de lamitoyenneté journée ouetbien de la nuit. Ici, les en limite de parcelles ou à 15m Illustration de la de l’emprise des bâtiments activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se (article UE17Modification – fonctions la 2021 Règlementdéveloppent du Méga PLU de Sète - Version n°4 / de 05 juin RdlR / page 10 /16 zone urbaine, p.13).

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Ville de Sete Reglement du méga Plu Il est possible de clôturer uniquement le périmètre du méga-lot. Au sein du méga-lot il est cependant possible de suggérer des limites à l’aide de végétation notamment. Couleurs Le nombre de couleurs apparentes est limité à 2 par construction dans des tonalités complémentaires afin de préserver une harmonie. Il est conseillé d’exclure l’emploi des couleurs vives qui seraient réservées uniquement aux éléments architecturaux ou accessoires de petites surfaces tels que menuiseries par exemple. Pour un même type de matériaux, une seule couleur sera admise par bâtiment ; l’alternance des couleurs de bardage métallique est interdite. Pour les zones UEb et UEc : Respect de la trame parcellaire Les constructions édifiées devront respecter une trame parcellaire régulière de 13 à 16 m. de large maximum le long de l’avenue Martelli et sur le Quai des Moulins selon un rythme limité à 3 trames maximum. Afin de réaliser une voie ou un espace planté le long de l’Avenue G.Martelli, une rupture du front bâti d’un retrait du volume bâti de 15m de large minimum sur 13m de profondeur minimum est possible. Toitures Les toitures présenteront une pente de 35 à 45 % et seront couvertes en tuiles. Les constructions édifiées le long des avenues Martelli et Quai des Moulins devront présenter obligatoirement un faîtage perpendiculaire à l’alignement de la voie publique. Pour les constructions situées à l’arrière, elles Les clôtures de la Z.A.E présenteront un faîtage perpendiculaire à l’alignement ou une toiture 4 pentes. Façades dispositions amènent gestion duetsol LesCes constructions édifiées le long deune l’avenue Martelli du Quai des Nous Moulinsimaginons présenteront générer une façadedes enespaces de pleine autre, le raisonnement quant à l'aménagement terre plus vastes et réduire l'empreinte des pignons. Lesn'est façades devront présenter un aspect et une teinte similaires aux constructions traditionnelles édifiées sur la plus possible par lot. parkings. zone (chais). Les matériaux utilisés à cette fin présenteront un traitement et une teinte naturelle (pierres locales, L'espace deverre, pleine terre ainsi dégagé bois, brique, béton net de décoffrage, ainsi que des matériaux manufacturé à base de zinc). estet franchissable Les enseignes devront être intégrées au plan de composition des façades s’harmoniser avecpar elles.les piétons (autre Le long de l’Avenue Martelli, les espaces entre l’alignement et les façades devront être laissés libres et traités du mégaréglementation sur le périmètre en espaces verts sur une bande de 7 m minimum.

La constitution de l’entité du méga-lot provoque lot et disparition de la cloture) et planté Clôtures une gestion commune du d'arbres fruitiers. Un verger s'insère dans La réalisation de clôtures est subordonnée aux prescriptions suivantes : la zone d'activité, à l'image du cueilleur de - Lesol. long du quai des Moulins et du boulevard Martelli, l’absence de clôtures est privilégiée. Si le pétitionnaire la fôretalors domaniale, des souhaite réaliser une clôture pour des raisons de sécurité ou pour limiterchampignons le stationnement dans des véhicules,

cueilleurs de fruits pourraient celles-ci devront présenter une hauteur maximum de 0,80 m. et être édifiées en mur maçonné avec parements venir se servir en pierres locales ou appareillage traditionnel et surmonté d’une grille métallique classique à barreaudage et presque entre les voitures : faisant du sol une en fer plein. ressource commune. - Pour les autres clôtures : a) hauteur maximum 2 mètres, b) l’ossature ne peut être constituée que de montants métalliques ayant reçu un traitement antioxydant, le scellement se fera sans fondations dépassant du sol, c) entre l’ossature la clôture sera constituée d’un grillage rigide de couleur grise à maille rectangulaire, d) la clôture devra être doublée de plantations arbustives et d’arbres de haute tige à raison d’un arbre tout les 7

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

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mètres linéaires de clôtures. La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 de f) les clôtures pleines ne sont autorisées que lorsqu’elles répondent à des nécessités ou à une utilité tenant à la plusouprécisément elle correspond au sur l’unité foncière intéressée. nature de Sète, l’occupation du caractère des constructions édifiées

secteur UEa2 qui intègre la zone d'activités

Dans ces deux zones, situées dans le périmètre du Site Patrimonial Remarquable, une architecture différente économiques des Eaux Blanches située entre la pourra être proposée dans le cadre d’une opération d’ensemble (ZAC, Lotissement…)

RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les Egalement en zonecheminots UEc, les clôtures desetparcelles privées situées en jardins au sud le canal du Rhône à limite administrative du port devront être, en matière de sûreté et de sécurité portuaire, conformes aux conditions particulières en vigueur : murs Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions en maçonnerie enduite ou béton de 2,5m de hauteur, équipés de volets anti intrusifs ou autre dispositif suivant générales » et les « Dispositions particulières » accord avec l’autorité portuaire. propres à la zone UE. Nous avons repris le P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des ARTICLE UE 12 - STATIONNEMENT DES VEHICULES modifications concernant les aspects suivants. Rappel : Les « dispositions générales » et les « dispositions communes à toutes les zones » s’appliquent.

L'implantation des constructions les unes par rapport aux autres (art. UE7, p.6).

Indications générales concernant les surfaces de stationnement par lot

La gestion du foncier en instaurant la gestion commune des trois lots à la fois au travers d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6). La caractérisation des limites des méga-lots pour autoriser le franchissement piéton et l'appropriation des limites (art.UE11, p.8). La répartition des surfaces dédiées au stationnement des véhicules (art.12, p.10). La proportion d'espace de pleine terre et

En zone UEa : leur nature (art. UE13, p.12). Chaque lot au sein d’un méga-lot doit disposer des surfaces de stationnement indiquées ci-dessus, mais : a) ChaqueEnfin lot doit l'ajout mutualiserd'un au minimum deux tiers de sa surface article concernant les dédiée au stationnement des véhicules avec celle des deux autres lots. Le lot nécessitant la plus grande capacité de parking (en fonction de son activité) fonctions urbaines de la zone afin de impose donc le nombre de place dans le parking commun. Cette mise en commun partielle du stationnement diversifier types dans la Z.A.E, peut se matérialiser par lales création d’und'activités parking commun, ou bien par le signalement aux usagers de la possibilité de se stationner sur le parking voisin. propre aux espaces et modifier le caractère b) L’intégralité du revêtement de sol dédié aux visiteurs est perméable. Le stationnement réservé à un usage monofonctionnels : l'absence d'utilisation une professionnel doit être perméable au maximum (une surface imperméable est autorisée si elle est nécessaire partielogistiques). de la journée ou bien de la nuit. Ici, les pour des raisons

activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se (article UE17Modification – fonctions la 2021 Règlementdéveloppent du Méga PLU de Sète - Version n°4 / de 05 juin zone urbaine, p.13).

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Les clôtures de la Z.A.E

Ces dispositions amènent une gestion du sol autre, le raisonnement quant à l'aménagement n'est plus possible par lot.

Nous imaginons générer des espaces de pleine terre plus vastes et réduire l'empreinte des parkings. L'espace de pleine terre ainsi dégagé est franchissable par les piétons (autre Illustration du fonctionnement des stationnements communs réglementation sur le périmètre du mégalot et disparition de la cloture) et planté d'arbresentre fruitiers. Un verger *En zone UEz (ZACom), il est exigé une mutualisation des stationnements les différentes unitéss'insère dans commerciales qui s’y implanteront. la zone d'activité, à l'image du cueilleur de champignons dans la fôret domaniale, des Pour les zones UEb et UEc : cueilleurs de fruits pourraient venir se servir Les stationnements seront prévus à l’arrière des constructions principales. presque entre les voitures : faisant du sol une Normes imposées en matière de stationnement deux roues : ressource commune.

La constitution de l’entité du méga-lot provoque une gestion commune du sol.

Rappel : Les « dispositions générales » et les « dispositions communes à toutes les zones » s’appliquent.

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

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ARTICLE UE 13 - ESPACES LIBRES ET PLANTATIONS

La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 de Sète, plus précisément au Rappel : Les « dispositions générales » elle et les correspond « dispositions communes à toutes les zones » s’appliquent. secteur UEa2 qui intègre la zone d'activités En zone UEa : économiques des Eaux Blanches située entre la Une surface totale d’espaces de pleine terre de 15% minimum de la surface de la parcelle est imposée. RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les Une surface totale d’espaces de pleine terre de 30% minimum de la surface de la parcelle est imposée. au doit sudêtre et plantée le canal du Rhône Précision :jardins La moitiécheminots de cette surface d’arbre frutiers à àraison d’un arbre tous les 60m². Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions Les espaces entre l’alignement façades doiventparticulières être traités en espaces verts plantés tapissant, arbustes générales » et leset«lesDispositions » et arbres dans la composition paysagère mettra en valeur les bâtiments à raison d’un arbre + 2 arbustes propres à la zone UE. Nous avons repris le minimum par 60 m². P.L.U pages 86 à 91 et avonsduproposé des Les espaces libresdes de toute utilisation ou occupation sol (constructions, accès, terrasses, parking..) doivent être traitésmodifications en espaces vertsconcernant et plantés d’unles arbre de haute tige de d’essence locale par tranche de 100m² aspects suivants. d’espaces libres augmenté d’un arbre le long des clôtures à raison d’un arbre par 7m de clôture et sur les aires de stationnement à raison d’un arbre pour 4 places de stationnement. Les plantations existantes doivent être L'implantation constructions les unes maintenues. ou remplacées par des des plantations équivalentes.

par rapport aux autres (art. UE7, p.6).

En zone UEa : Chaque sujet supprimé devra être transplanté ou remplacé par un sujet d’une force (circonférence du tronc dumoins foncier mesurée àLa 1m gestion du sol) d’au 20cm.en instaurant la Les sujetsgestion présents sur les différentsdes lotstrois doiventlots être à conservés commune la fois etaupensés dans l’aménagement des lots.

travers d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6).

Les espaces libres résultant des retraits par rapport à l’alignement ou aux limites séparatives devront obligatoirement être traités en jardin d’agrément intégrant des massifs arbustifs peu élevés et devant être ponctués d’arbres de hautes tiges d’essences méditerranéennes à raison d’un arbre pour 7ml de clôture. La caractérisation des limites des méga-lots Des espaces verts seront aménagés en bordure des zones d’habitat adjacentes.

pour autoriser le franchissement piéton et l'appropriation des limites p.8). Les obligations de débroussaillement, précisées à(art.UE11, l’article 14 des « dispositions générales », s’appliquent. La répartition des surfaces dédiées au stationnement des véhicules (art.12, p.10).

ARTICLE UE 14 - COEFFICIENT D’OCCUPATION DU SOL

Article supprimé en application de la loi n°2014-366 du 24 mars 2014 pour l’Accès au Logement et à un Urbanisme Rénové (ALUR).

La proportion d'espace de pleine terre et leur nature (art. UE13, p.12).

ARTICLE UE 15 -OBLIGATIONS IMPOSEES EN MATIERE DE PERFORMANCES ENERGETIQUES ET ENVIRONNEMENTALES

Enfin l'ajout d'un article concernant les fonctions urbaines laleszone afin de communes à toutes les zones » s’appliquent. Rappel : Les « dispositions généralesde » et « dispositions diversifier les types d'activités dans la Z.A.E, En zone UEa : et modifier le caractère propre aux espaces Par lot, il est interdit de climatiser un volume supérieur à 150m3. monofonctionnels : l'absence d'utilisation une partie de la journée ou bien de la nuit. Ici, les activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se (article UE17Modification – fonctions la 2021 Règlementdéveloppent du Méga PLU de Sète - Version n°4 / de 05 juin RdlR / page 14 /16 zone urbaine, p.13).

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Ville de Sete Reglement du méga Plu ARTICLE UE 16 - OBLIGATIONS IMPOSEES EN MATIERE D’INFRASTRUCTURES ET RESEAUX DE COMMUNICATIONS ELECTRONIQUES Rappel : Les « dispositions générales » et les « dispositions communes à toutes les zones » s’appliquent. ARTICLE UE 17 – FONCTIONS DE LA ZONE URBAINE Dispositions particulières à la zone UEa Le 10% nocturne Au sein d’un méga-lot, 10% du total de la surface d’emprise au sol des bâtis doivent être loués à destination d’une activité nocturne. Cette location peut etre à la charge d’un ou plusieurs coopropriétaire, qui choisissent de mettre en commun ou non ces 10%. - La construction de cette proportion de bâti est à la charge des copropriétaires, cette part peut-être intégrée au sein d’un ou de plusieurs bâtiments ou bien faire l’objet d’une seule construction annexe intégrée dans le méga-lot. - La location, l’occupation et l’entretien de cet espace est obligatoire. Précisions 1) L’activité nocturne est définie comme étant ouverte de minimum à 18h jusqu’à 21h. 2) Les locataires doivent y développer une activité économique issue du secteur tertiaire dans le domaine de la Les clôtures de la Z.A.E restauration, de l’hôtellerie, du loisir ou de la culture. 3) Les locataires bénéficieront de l’usage des parkigns communs du méga-lot.

Ces dispositions amènent une gestion du sol autre, le raisonnement quant à l'aménagement n'est plus possible par lot.

Nous imaginons générer des espaces de pleine terre plus vastes et réduire l'empreinte des parkings. L'espace de pleine terre ainsi dégagé est franchissable par les piétons (autre réglementation sur le périmètre du mégalot et disparition de la cloture) et planté d'arbres fruitiers. Un verger s'insère dans la zone d'activité, à l'image du cueilleur de champignons dans la fôret domaniale, des cueilleurs de fruits pourraient venir se servir presque entre les voitures : faisant du sol une ressource commune.

La constitution de l’entité du méga-lot provoque une gestion commune du sol.

Illustration du fonctionnement des 10% nocturne

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage.

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Résumé Le Méga Plan Local d'Urbanisme La Z.A.E est comprise dans la zone UE1 de Sète, plus précisément elle correspond au secteur UEa2 qui intègre la zone d'activités économiques des Eaux Blanches située entre la RD2 à l'ouest, le canal de la Peyrade à l'est, les jardins cheminots au sud et le canal du Rhône à Sète au nord. S'y appliquent les « Dispositions générales » et les « Dispositions particulières » propres à la zone UE. Nous avons repris le P.L.U des pages 86 à 91 et avons proposé des modifications concernant les aspects suivants. L'implantation des constructions les unes par rapport aux autres (art. UE7, p.6). La gestion du foncier en instaurant la gestion commune des trois lots à la fois au travers d'un « méga-lot » (art. UE7, p.6). La caractérisation des limites des méga-lots pour autoriser le franchissement piéton et l'appropriation des limites (art.UE11, p.8). La répartition des surfaces dédiées au stationnement des véhicules (art.12, p.10). La proportion d'espace de pleine terre et leur nature (art. UE13, p.12). Enfin l'ajout d'un article concernant les fonctions urbaines de la zone afin de diversifier les types d'activités dans la Z.A.E, et modifier le caractère propre aux espaces monofonctionnels : l'absence d'utilisation une partie de la journée ou bien de la nuit. Ici, les activités sont diurnes, de fait, nous avons voulu faire en sorte que des activités nocturnes se développent (article UE17 – fonctions de la zone urbaine, p.13).

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Les clôtures de la Z.A.E

Ces dispositions amènent une gestion du sol autre, le raisonnement quant à l'aménagement n'est plus possible par lot.

Nous imaginons générer des espaces de pleine terre plus vastes et réduire l'empreinte des parkings. L'espace de pleine terre ainsi dégagé est franchissable par les piétons (autre réglementation sur le périmètre du mégalot et disparition de la cloture) et planté d'arbres fruitiers. Un verger s'insère dans la zone d'activité, à l'image du cueilleur de champignons dans la fôret domaniale, des cueilleurs de fruits pourraient venir se servir presque entre les voitures : faisant du sol une ressource commune.

La constitution de l’entité du méga-lot provoque une gestion commune du sol.

Autoriser la déambulation et la cueillette revient à rendre visible la Z.A.E, à en faire exister le paysage. 97


4) Entame d’une réflexion paysagère : les folies, sédiment d’un paysage commun - dernier 2v2bis, Léa et Louis

Cette partie décrit la dernière phase de travail en binôme, mais retranscrit aussi une autre partie du travail effectué. Nous y aborderons l'espace se situant à la limite entre les jardins et la zone d'activité économique, correspondant à la bande orange sur l’axonométrie.

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Perméabilité de la notion de fête Passant d'un projet à l'autre, nous colportons simultanément avec nous les idées propres aux deux projets. Se pencher sur deux projets épaissit la réflexion et multiplie les pistes. Par exemple : lors des premières réflexions sur le chai, un aspect avait été soulevé puis finalement abandonné dans un souci de synthèse lors de la première transmission. Louis et Léa, au cours des deux premières semaines en binôme, avaient étendu la réflexion sur le chai Saint-Raphaël à la rue de la Révolution et notamment à la place de la République. Au vu de l'impossibilité de traiter tout cet espace et d'y mettre en œuvre une construction pérenne, s'était présentée à eux (au travers d'un ouvrage de Patrick Bouchain1) l'idée d'architecture oppositionnelle : « Quel est l'outil idéal pour sortir une petite ville de sa torpeur ? Comment déclencher des désirs, de nouvelles habitudes, des vocations, qui n'avaient pas lieu d'être « avant » mais auront droit de cité « après » ? Ici plus qu'ailleurs se dessine la qualité qui permet de qualifier un ouvrage d'oppositionnel : la perturbation de l'ordre établi des choses [...] »

L imite sud actuelle entre les jardins cheminots et la Z.A.E à venir

En fin de compte l'architecture oppositionnelle ne s'oppose pas du tout, elle propose. La notion d'une architecture festive dite oppositionnelle qui ouvre le champ des possibles a nourri la réflexion sur les jardins cheminots vis-à-vis de l'espace paysager.

1

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Patrick Bouchain, Histoire de construire, 2012, p.42.


Constitution d'un paysage commun

Ci-après, une explication du paysage.

Ces signaux urbains, venant enrichir de leurs formes colorées le paysage, entrent en dialogue avec les repères paysagers : ils s'insèrent au sein des signaux existants inaccessibles car utilisés pour des activités industrielles par exemple comme sur la photographie à droite. Les signaux urbains que nous souhaitons mettre en place revêtent pour leur part des fonctions diverses : ils sont accessibles et prennent place dans un espace qui se développe en longueur, entre les jardins cheminots présents et la limite parcellaire sud de la Z.A.E.

« Le paysage fait-il partie des biens communs et, si oui, pourquoi ? La Convention Européenne du Paysage présente celui-ci comme « un élément essentiel du bienêtre individuel et social » […]. Le paysage correspond à l'ensemble des contacts sensibles (visuels, olfactifs, sonores, tactiles) que nous avons avec le monde environnant. Et la qualité de ces contacts, qui sont au fond des contacts de type émotionnel (au sens où ils nous affectent), joue un rôle décisif dans dans ce qu'on peut appeler une « bonne vie » pour les êtres humains. »1

L'espace étroit (cf. bande orange) dans lequel s'étend le parc est ainsi jalonné de plusieurs signaux, ou folies.

Ces signaux instaurent un contact visuel avec les éléments bâtis existants et, instaurent dans le même temps un « contact tactile », physique avec les usagers.

Cet espace en friche, délaissé, impensé, nous a donné envie d'y projeter des architectures « signales », en faisant de ce lieu situé en périphérie de la ville un endroit où la fête, les concerts, les spectacles, les teufs, les foires sont possibles. Un lieu de la nuit, saisonnier et un lieu du jour telle une place publique, un parc.

1

Jean-Marc Besse, Les carnets du paysage n°33, Paysages communs, p.16

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Comme nous pouvons le voir sur la carte qui suit, cette bande que nous choisissons d’investir a une localisation stratégique : elle est placée entre la gare de Sète et la Z.A.C, mais aussi en parallèle de l’itinéraire cyclable actuel entre Sète et Frontignan. Autrement dit, aménager cette zone équivaut à en faire un lieu de passage et d’agrément, profitant aux personnes travaillant dans la zone industrielle, aux futurs habitants de la Z.A.C et aux promeneurs autour de l’étang de Thau.

En pointillés, l’itinéraire cyclable existant

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De plus, nous aimerions, au travers de l'aménagement de cette bande, préserver les jardins tout en les donnant à voir. Nous avons donc choisi de mettre à distance physiquement ce nouvel espace public de l'espace privé des jardins. Néanmoins, les architectures du parc prennent parfois de la hauteur, et montrent ainsi les jardins : ces derniers peuvent alors faire partie du réseau de repères paysagers car ils sont rendus visibles, les choses nous appartiennent aussi par le regard. Donner à voir ces jardins est une façon de les protéger et ainsi de ne plus les considérer tel un « filtre végétal sans intérêt majeur ».

Le filtre végétal sans intérêt majeur

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Schéma mettant en valeur les lignes infranchissables qui composent le paysage, le chemin de fer, les jardins bien clôturés, les cannes de provence impénétrables, les espaces vides de la zone industrielle, la RD2, et le canal de la Peyrade

C'est un enchevêtrement d'espaces très différents autant d'univers auxquels nous nous sommes confrontés. »

« Les jardins cheminots c'est un couloir imbriqué dans d'autres couloirs. Des lignes, un amoncellement de lignes et de couches successives. Des parallèles, mais aucune perpendiculaires. Aucune des strates ne se superpose, aucun pore, la circulation suit la direction, il n'y a que deux sens possibles. D'abord l'étang, puis les bâtiment industriels, un paysage de palettes bleues, ensuite la route, celle qui permet l'entrée à Sète en voiture, la vitesse impossible à traverser, la piste cyclable qui la longe, une première rangée de roseaux avec les Rroms à l'intérieur, ensuite derrière eux, c'est la rue des jardins, une longue perspective de taules, portes en tout genre, murs et roseaux. Et pour finir les lignes infranchissables du chemin de fer.

1

1

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Extrait d’un reflexif d’Alice le 25 février 2021


Faire mondes Le paysage de la zone industrielle fait se côtoyer des mondes parallèles. Presque à touche-touche, on trouve des jardiniers et un concessionnaire par exemple. Chacun de ces deux lieux (les jardinots et la zone d'activités économiques) fonctionne avec des règles qui lui sont propres. Les modes de fonctionnement sont étanches d'un univers à l'autre. Cette accumulation de parallèles est décrite dans le réflexif sur la page de gauche. Faire naître dans cet environnement de nouvelles pièces paysagères participe à créer encore d'autres mondes au sein de ces mondes établis. Des lieux où l'invention est possible et où les usagers construisent au travers de l'expérience corporelle et de l'imaginaire leur lecture du paysage. A cet égard, certains considèrent les espaces de jeu tels des hétérotopies car n'étant pas structurés par les règles établies de la sphère publique, domestique, scolaire, professionnelle etc. Les citations suivantes mettent en avant l'importance du jeu dans l'appréhension et la compréhension de la réalité. « Je me souviens de la superposition graphique de plusieurs mondes, les couleurs unies, pales, rondes des grosses usines, sur les roseaux serrés, enchevêtrés, denses, touffus. Je me souviens des rails [...] et des traits électriques sur le ciel. »1

« L'arène, la table à jeu, le cercle magique, le temple, la scène, l'écran, le tribunal, ce sont là, tous, quant à la forme et à la fonction, des terrains de jeux, c'est-à-dire [...] régis à l'intérieur de leur sphère par des règles particulières.Ce sont des mondes temporaires au cœur du monde habituel. »1 « Les hétérotopies construisent des hors-lieu qui créent des conditions à la fois d'ouverture à de nouvelles aventures et aussi déploient en retour une forme de réflexivité. Ce que Lieven propose […] « divulgation du déjà-là ». »2 Les architectures signales mises en place sur la

1

1 2

Extait d’un réflexif d’Alice 25 février2021

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Les carnets du paysage n°33, Paysages communs, p.2 Ibidem, p.16


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“Des lieux où l'invention est possible et où les usagers construisent au travers de l'expérience corporelle et de l'imaginaire leur lecture du paysage.”

bande entre les jardins et la Z.A.E couvrent un espace vaste car ce qui importe, c'est l'espace entre les folies, c'est-à-dire le lien physique et visuel entre elles, effectué par l'expérience sensible des individus. En ce sens, un terrain de jeu immense se forme : un parcours entre des points de repères géants. Ils sont un médium pour « divulguer le déjà-là » et ainsi avoir un regard autre, « une forme de réflexivité » sur celui-ci.

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Première pièce paysagère : l'échangeur rouge

L'échangeur envisagé par la ville jusqu'alors, est parasité pour donner au piéton la pleine possession des lieux.

La figure du cercle, passer au-dessus, longer. L'entrée dans l'espace paysager se fait par une passerelle. Cette dernière enjambe l'entrée des jardins et donne aux piétons une première occasion de s'élever en donnant à voir la Z.A.C, les usines côté étang et une partie des jardinots. L'élévation du piéton permet aussi de laisser le passage des voitures en-dessous. En effet, dans le projet de la Z.A.C entrée est, un pont (passant au-dessus de l'entrée des jardins) est prévu pour raccorder la RD2 (route très passante, qui permet l'entrée dans la ville de Sète) jusque dans le nouveau quartier projeté. Dans une logique révolutionnaire à la manière des auteurs du Learning from Las Vegas1, le projet n'étouffe pas cette idée de créer le passage pour relier la Z.A.C, mais vient la requestioner en renversant la hiérarchie des flux.

L'échelle humaine surplombe la voiture et vient tourner autour d'un rond-point qui lui est destiné. Le symbole du rond-point est tourné en dérision puisque la passerelle ne comporte aucune intersection, mais des ''sorties'' visuelles sur le paysage. Les voitures, elles, sont releguées au sol, sur un route modeste, elles franchissent les rails du train à l'aide d'un passage à niveau. Ce dispositif permet de s'extraire du contact physique brutal avec la voiture tout en permettant aux habitants des jardins de continuer à circucler librement loin des yeux du monde. Cette passerelle au-dessus de leur tête vient sacraliser l'entrée des jardins, l'entrée vers le pays des merveilles.

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« De la cabane solitaire à l'arche cosmopolite, nous construisons des mondes que nous habitons et cohabitons. […] Ce pouvoir de l'imaginaire est au cœur d'un système d'échange où se rencontrent les terrains de jeux de l'enfance et ceux d'architectes, d'artistes ou de designers. »1 1

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Les carnets du paysage n°33, Paysages communs, p.16


Seconde pièce paysagère : l'élephant bleu

parallèle. Cela prend plusieurs formes : Passer en-dessous Au-dessus du passage central prend place une structure surprenante : une longue bande bleue juchée sur de hauts poteaux métalliques. Cette installation allongée vient s'inscrire dans la continuité de la passerelle, créeant aisni une nouvelle épaisseur dans ce paysage de lignes. En dessous, les pattes de cette bestiole forment une succession d'arcades qui souligne le chemin.

La bande de jardins ouvriers n'est pas continue. Elle s'interrompt en son milieu sur 150 mètres avant de reprendre et de s'achever au contact du canal de la Peyrade. Nous avons choisi de faire de cette zone vide le théâtre d'un espace public. Comme nous l'avons vu plus haut, la bande de jardins s'incrit dans un paysage de bandes, de lanières. Une seule direction est possible : « la circulation suit la direction, il n'y a que deux sens possible. »1 A l'intérieur de ces lieux, nous percevons à la fois des perspectives étroites au sein de ces paysages de “couloirs”, et la superposition de ces barrières. Cette lecture binaire du paysage nous a conduit à invesitir le creux au milieu des jardin de manière à mettre en valeur cette idée de bande 1

Extrait d’un réflexif d’Alice le 25 février 2021

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D'autres supports à approprier En face du bâtiment, entre le cheminement que nous avons mis en place et la route d'accès aux jardins d'autres espaces sont aménagés. Ces espaces s'implantent en peingne, en face de l'éléphant bleu, venant perturber lorsqu'on arrive la longue perspective dans laquelle nous nous trouvions jusqu'alors. Les jeux de superposition se répètent, créant ainsi des tableaux. Une large pente douce répond à l'éléphant bleu. Cet espace vide a pour seule caractéristique la pente, il permet de prendre de la hauteur et d'observer une autre partie des jardins, le nouveau conservatoire de musique, le bâtiment de traitement des déchets (singulier par sa façade circulaire) et les voies ferrées. Cette pente met en valeur le bâti et le rend utile : il devient écran et elle salle de cinéma, il devient 111


scène et elle théâtre, il émet du son, et elle est un dancefloor. Des espaces jouxtent la pente centrale. Par exemple, des pentes en creux créent ponctuellement la perte du lien visuel avec les alentours. Ces supports apportent une unité dont les usagers s'emparent pour inventer une diversité d'usages (pétanque, jeux d'enfants, apprentissage en plein air, lecture, conférences, spectacles, cinéma, sieste, observation du paysage, fête, repas, concert). Ces sous-espaces sont autant d'occasions laissées à l'appropriation, il y a finalement plusieurs place dans la place. « D'une manière générale, loin d'avoir formé un espace vide, géométrique et uniforme, elles [les places de la Grèce antique] étaient irrégulières et tourmentées par le relief. Toutes étaient jalonnées d'éléments grâce auxquels étaient aménagés de petites places dans la place. Loin d'avoir eu pour unique fonction d'accueillir le peuple et ses délibérations, chacune servait à des activités extrêmement diversifiées. »1

1

Les carnets du paysage n°33, Paysages communs, p.96

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Troisième pièce paysagère, la ligne infinie Le chemin public crée est parallèle au chemin privé des jardins, il lie les deux instalations. Un élément fort dans les jardins nous a influencé pour composer le parc : la route principale. Très plaisante, elle autorise la déambulation de par sa longueur et la découverte de tous les mondes parallèles auxquels elle se raccroche. Cette configuration est reprise avec le cheminement piétons. Afin de mettre à distance le public des jardins privé, nous avons choisi d'épaissir par endroit l'espace dédié aux jardins cheminots. Cet épaississement engendre la nécessité d'une nouvelle limite séparative. En ce sens, une structure fixe, surdimensionnée est établie à l'orée des nouveaux jardins individuels. Les jardiniers peuvent s'y appuyer pour le remplir de leur bric et de leur broc. De l'autre côté, les promeneurs sont en mesure de voir la transformation de la struture préexistante effectuée par la délimitation des jardins individuels. Cette ligne participe à renforcer la linéarité du cheminement mis en place.

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Le lien entre la Z.A.E et les architectures « signal » Le lien est réalisé par le corps, par la déambulation rendue possible. Entre la Z.A.E et l'espace public, des endroits de friction, des zones de contact devraient se dessiner. Des endroits où la traversée est possible : par l'aménagement du cheminement qui permet de franchir la différence de niveau entre les deux endroits (le parc est effectivement plus bas de 2,5 mètres) puis par l'ouverture potentielle de la limite de la Z.A.E au travers des règles d'urbanisme proposées. Le lien est aussi réalisé par les usages de nuit. Rompre avec le monofonctionnalisme passe aussi par la diversification des activités présentes dans la Z.A.E. Le Méga Plan Local d'Urbanisme rend obligatoire le 10% nocturne. Cette disposition donne une place à des activités nocturnes dans la zone industrielle, la nuit, elle est idéale pour la fête, le bruit, la culture. Lorsque les activités commerciales s'arrêtent et que la nuit tombe, les bâtiments dédiés aux activités nocturnes dans les mégalots s'allument, un archipel nocturne existe, donnant à voir deux lectures de la ville. La notion de fête et la densification/diversification des usages rendues possible par ces règles rentrent en écho avec la deuxième partie du projet. Les architectures festives sont des supports pour la fête et complètent la carte de l'archipel nocturne. Les deux espaces sont dépendants l'un de l'autre et surtout des zones voisines, les espaces que nous avons dessiné ou bien proposé de structurer sont des supports au contact, ils veulent des connexions, des gens. Finalement, ce projet dessine un morceau de ville où se côtoient la production et l'agrément.

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Conclusion

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Le projet/processus

de l'urbain. Le dessin est intervenu comme un pas dans la réflexion, soulignons qu’il n'est pas central, ce projet réside dans l'effort de prise de connaissance du terrain, entre les nouveaux projets d'urbanisation et les jardins, intemporels et ancrés, mais voués à disparaître.

Le présent PFE s'appuie sur l'hypothèse que le processus est le projet. Au travers de deux études de cas, nous avons tenté de montrer que le projet d'architecture, pour nous, n'est pas scindé en « analyse » puis en « projet », que c'est bien le processus dans son entièreté qui fait projet.

Donc, la phase immersive nous a mis devant la nécessité du dessin. Nous avons de ce fait, lors de la première partie du processus, admis la limite du travail à quatre : le consensus altère le discours et le dessin n'est pas aisé. Ainsi, la seconde phase, moins intense en terrain, a été l'occasion d'expérimenter des manières de travailler en groupe afin que chacun soit force de proposition. C'est là que des protocoles sont nés afin de porter le processus : le travail en binômes alternés et les transmissions, en plus d'une venue hebdomadaire à Sète.

Nous l'avons vu dans le premier chapitre, la partie dite d'« analyse », fait pour nous projet, car elle interprète déjà une situation réelle. Ce chapitre met en valeur l’importance de l’immersion : nous n'avons pas eu la volonté d'analyser mais de vivre le terrain, naïvement, afin de laisser ouvertes le plus de portes possibles. La matière (orale et écrite) accumulée nous a été utile, nous y avons pioché des valeurs (valeur d'usage et commun) étant les fils rouges du projet et y avons inventé les outils nécessaires au maintien du processus (séjours immersifs, entretiens, rédaction de compte-rendus réflexifs individuels, carnets de bord communs).

Écosophie d'un PFE Dans l'introduction, nous avons vu que Pascal Nicolas Le Strat définit l'écosophie d'un projet au travers de trois aspects : la réactivité, la créativité et la disponibilité.

Les deux phases arbitraires d'un projet habituel (analyse et conception) sont fictives à nos yeux, en ce sens que nous n'avons pas été en mesure de nous détacher complètement du réel tout au long du projet. Le second chapitre montre bien le rôle d'un rapport maintenu aux terrains. Dans le cas du chai Saint-Raphaël, une présence régulière sur le terrain à confortée les pistes de projet empruntées et a entretenu la relation établie avec les résidents ainsi que la dynamique de notre groupe.

La réactivité réside dans la capacité des porteurs du projet à être attentifs aux « microévénements » pour explorer les potentialités qui se font jour. A cet égard, la dérive a ouvert de multiples pistes de projet, deux d'entre elles furent creusées. La créativité réside dans la capacité des porteurs du projet à prendre des risques, à ne pas se mettre dans des rôles pré-établis. Au travers de l'immersion nous avons tenté de sortir de nos rôles d'étudiants en architecture pour nous faire journalistes, au point que nous ne voulions plus dessiner. Ensuite, au travers du travail en binôme chacun a pris au moins une fois le rôle de transmetteur par exemple. Notre part d'individualité nous cantonne tout de même à des rôles, chacun de nous a pu mettre en avant ces compétences particulières – de l'amour du relevé à la

Dans le cas des jardins cheminots, le terrain embrasse une réalité plus grande que celle d'un unique bâtiment. Ainsi, chaque sortie a engendré l'exploration de nouveaux lieux et donc de nouvelles pistes de projet, nous menant vers des réflexions sur la prise en compte de l'existant à l'échelle du paysage et 119


dire que notre projet ne se trouve pas dans les architectures dessinées dans le cadre du PFE mais dans la recherche de notre posture vis-àvis de l'architecture.

digression réflexive, en passant par le dessin sur logiciel et le collage, la maquette, etc, nous nous sommes exprimés. Enfin, la disponibilité est l'aller-retour entre la mise en place de protocoles et le maintien d'une ouverture sur les possibles apparaissant au fur et à mesure : au travers d'une présence régulière à Sète et du travail en binôme il a été possible de continuer à explorer les ouvertures du terrain tout en dessinant les projets. La réflexivité individuelle, qui revient à prêter une attention permanente à ce qui est en train de se dérouler, entretient la disponibilité. Les compte-rendus réflexifs contiennent le projet et, ont fait mûrir notre réflexion. Ils sont un médium afin de voir l'évolutivité de notre regard.

Le rôle de notre PFE est clair : il est une recherche pour nous-mêmes, pour “nous changer nous-mêmes”1 et ne “plus penser la même chose qu'auparavant”. Nous avons changés avec le projet, nous sommes partie prenante du processus. En ce sens, ce PFE est un début, le maillon d’un processus plus long : une rétrospective et une mise en commun de ce que nous avons appris individuellement durant cinq ans et l’expression des valeurs que nous emploierons dans nos pratiques futures. « Germana cherche depuis des décennies sans savoir ce qu'elle cherche. Elle recherche l'étonnement, la rencontre et l'apprentissage […] Le PFE m'est apparu très court à côté de ce long processus de recherche qui est entremêlé à la vie. Qu'est-ce que l'on va dire en un PFE et trois mois de vadrouille ? Nous ne livrerons peut-être pas une méthode mais une posture à avoir : curiosité, moindre effort, jeu, écoute, ambiance.»2

Rôle du PFE Ainsi la première phase du processus s'est composée d'une part majoritaire de terrain et d'immersion quant la seconde phase était majoritairement axée sur la projection. Néanmoins, dans chacune d'elle on trouve, et une part de terrain, et une part réflexive, en proportions différentes. À noter que ces deux grandes phases que l'on pourrait assimiler à « analyse » puis « projet » peuvent se répéter, c'est-à-dire qu'une période plus intense en terrain peut succéder à la phase de projection. Car, nous l'avons énoncé, le processus est une accumulation de réel et d'idées en perpétuel mouvement, il s'anime au travers de trois paramètres : le réel, le recul, le ré-ajustement. Cette dynamique itérative nous questionne quant à la temporalité du PFE. La fin du PFE n'est qu'une pause rendant compte de l'état du processus, et précédent théoriquement un ré-ajustement. Rendre le PFE à une date, après cinq mois de projet, interroge sur la possibilité d'inscrire notre démarche sur le temps long. Nos deux études de cas n'ont été que des prétextes pour se frotter au réel. Nous faisant

Finalement, nous avons développé une posture basée sur une disponibilité, une certaine réactivité et une créativité. Le projet est le processus, le processus est le mouvement qui se créée à la rencontre de forces individuelles, du groupe qu'elles forment, de la réalité physique, des autres individus animant cette réalité et du recul nécessaire pour avancer sans avoir la tête baissée. Au début nous n’osions pas dessiner et puis nous nous sommes lancés, nous avons essayé et nous avons sûrement victorieusement raté notre diplôme car nous ne sommes pas des spécialistes, mais des individus polyvalents 1 2

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Michel Foucault, Dits et écrits, 1954-1975 Extrait d’un réflexif de Léa, le 8 avril 2021


et avides de partage. Et c’est pour cela même que nous espérons obtenir ce diplôme, parce que nous voulons porter nos valeurs au-delà de l’école.

à un autre élément commun, dont chacun de nous bénéficie : la construction d'une vision commune du projet d'architecture (médium pour travailler en s'épanouissant, c’est-à-dire en s'appuyant sur le groupe tout en étant conscient que chacun de nous lui est indispensable). Nous avons donc cherché l'enjeu de privilégier le processus à l'objet fini, faisant du projet d'architecture une base de données collective (de retranscriptions du réel, de projections, de références, de réflexifs).

« Pouvoir expérimenter collectivement d’autres manières de vivre et de travailler est un droit démocratique fondamental, qui s’exprime par nombre de micro-politiques alternatives.»3 D’après Ivan Illich, la conséquence du diplôme et de la spécialisation au sein d’une pratique est que nous sommes rendus incapables de répondre à nos besoins personnels, produisant une dépendance à l’institution et empêchant la « convivialité », base d'une société établie sur l’expérience du commun4. Dans cette société, l’école n’est pas du ressort de l’institution, elle esxiste entre les mains de tous, c’est ce qu’il nomme : l’éducation populaire. C'est une posture que nous avons tenté d’appliquer à notre projet de fin d’étude. Ce semestre, nous avons autant appris des artistes du chai, des cheminots, de chacun de nous quatre, des livres et de nos enseignants.

« Je me souviens de ce pique-nique au soleil, comme un air de printemps, un air de liberté et du bonheur que cela m’a procuré de faire un travail de fin d’étude de cette façon. »5 Ce commun permet l'abandon, la prise en charge individuelle d'une partie du projet par une seule personne et la volonté de ne pas tout contrôler (les transmissions sont primordiales dans cette dynamique car elles amènent la connaissance globale des projets par chacun des membres du groupe), coupant court à la « paternité » du projet. « Cette idée que les projets ne nous appartiennent pas mais qu'ils sont au groupe me plaît, ils seront certainement d'autant plus riches, plus fins, et étonnants (avec l'activité sur le terrain en parallèle). Dans la pratique, comment lâcher prise, ne pas vouloir contrôler, et ainsi accepter encore une fois torsion, évolution, croissance, perte, ajout ... »6

Le commun Nous posions la question en introduction du poids d'une approche par le terrain. Le rapport au terrain a fait naître des sensibilités singulières qui se sont muées en valeurs de projet. Mais surtout, l'immersion a provoqué la nécessité du partage, de la retranscription commune de l'expérience empirique et de son interprétation au travers de carnets, de podcasts et de dessins.

L'abandon fait écho à l'écosophie car il va dans le sens de la réactivité : il fait naître des potentialités de projet impossibles à faire émerger par le consensus, ces pistes, au travers du passage de binômes en binômes, seront reprises/déformées ou abandonnées.

En ce sens, les ressources et les réflexions que nous avons construites dans le cadre du PFE font écho à la notion de commun : chaque membre du groupe en a l'accès et participe à en enrichir la base. Cette dynamique aboutit 3 4

Pascal Nicolas Le Strat, pnls.fr Ivan Illich, La convivialité, 1973

5 6

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Extrait d’un réflexif de Louis, le 26 février 2021 Extrait d’un réflexif de Léa, le 30 mars 2021


Le projet géré comme un commun implique aussi l'investissement émotionnel, physique et intellectuel de chacun des membres du groupe : le temps passé sur le terrain, l'effort réflexif fourni, les prises de risques etc auraient été difficiles à réaliser seul. Notre processus ne se présente pas telle une réponse universelle mais bien tel un processus révolutionnaire, c'est-à-dire qui ouvrirait le champ des possibles en termes de pratiques en tant qu'étudiants, en tant qu'individus, mais aussi vis-à-vis de l'urbanisme, de l'architecture, du projet d'architecture, de la construction basé sur l'expérience empirique du terrain. «La distinction faite par Deleuze entre la révolution et le devenir révolutionnaire appelle à repenser « la révolution » pour faire émerger des réalités et des possibles effectivement révolutionnaires. De manière analogue, [...] Guattari essaie ainsi de penser des conditions de mutations : [...] non une révolution mais un processus révolutionnaire multiple, impliquant des fractures et mutations locales, relatives, collectives et incessantes. »1 Nous voulons dire « oui » et espérer, agir plutôt que subir. Et nous rions sans limites devant cette absurdité, nous « risistons » au nez de la fatalité, nous n’avons pas dit notre dernier mot. Un veille adage dit : « Marche, c’est en marchant que tu trouveras ton chemin. »

1

Christiane Vollaire, Valentin Schaepelynck, « Devenir révolutionnaires », Chimères, 2014, n°83, p 7-11

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Sète-à-dire Glossaire S'approprier les mots, un outil de projet

Sète à dire: Traité vivant et coloré du parler sétois et du Pays de Thau, de Raymond Covès, 1998.

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Amour

une solution pour lutter, l'idée de contreprojet revêt un caractère politique fort. C'est une proposition légitime de projet urbain et/ ou architectural donnant une alternative à un projet en cours ou bien à venir qui n'est pas approprié depuis notre point de vue. Ce n'est pas un projet contre, c'est un projet pour autre chose.

Rapport bienveillant que nous portons aux choses et aux autres. Entendu comme concept philosophique notamment par le penseur Byung-Chul Han, aimer signifie aller à la recherche de l'altérité, dans une réalité où « l'altérité tend à perdre toute aspérité. » (Les Trois écologies, F.Guattari). Choisir l'amour comme condition de notre rapport au monde pourrait, d'après le philosophe, nous aider à fabriquer un sens commun et à retisser des liens de solidarité entre les individus. L'architecture serait-elle un médium pour cette transition sociale amoureuse ?

Collectif

Organisation qui nous sert à produire du commun. Faire collectivement projet avec toutes les parties prenantes du territoire. Alternative à l'organisation en agence et à la figure de l'architecte solitaire.

Atelier

Commun

Au chai, l’atelier se décline pour l’instant sous deux typologies : l’atelier d’artiste et l’atelier commun. L’atelier d’artiste est au départ un espace vide, chaque individu y tisse son univers, peuple cet espace : en stockant, en travaillant, en dansant. Souvent, le travail d’atelier est un travail de recherche adapté aux dimensions de l’atelier : de fait l’espace de l’atelier sert aussi de démonstrateur. « Je dois réfléchir à des projets qui s’adaptent à cet atelier parce que le manque de chauffage notamment, ne me permet pas de travailler dans la précision. Par contre il est idéal pour travailler des choses grandes, qui prennent de l’espace. » Séverine Péron

Entité sur lequel chacun a un droit, peut prendre part ; qui appartient à tous, qui concerne tout le monde. À différencier de collectif. La notion de commun renvoie à la gestion de la ressource quant le collectif renvoie au biais par lequel la ressource est gérée par exemple.

Corps

Filtre de lecture d'un environnement, outils de captation. Également médium pour l’action, outil pour faire, générateur des interactions et des savoirs.

Bonjour

Dérive

Mot-outil qui instaure le dialogue, démontre un intérêt à celui pour qui il s’adresse. Mot gratuit car dénué de sens politique. Porteur de bienveillance, naïveté, et spontanéité, ce terme arrive toujours accompagné d’un sourire.

Outil d’arpentage basé sur l'errance, issu du mouvement situationniste qui consiste à éprouver les espaces urbains et leurs connexions selon des protocoles stricts préétablis.

Contre-Projet

À l'image de la logique d'Isabelle Stengers qui pense que s'opposer sans cesse n'est pas 125


Écologies

Nous parlerons des écologies. « […] c'est Félix Guattari et ses Trois écologies publiées en 1989. La manière dont il y a corrélé l'écologie mentale, l'écologie sociale et l'écologie environnementale était une proposition politique puissante [...] »1. Pour cet auteur, le progrès dépend des écologies : mentale, sociale et environnementale. L'articulation de ces trois paramètres est nommée écosophie par Félix Guattari, le terme écosophie est repris par Pascal Nicolas Le Strat, qui de la manière écologique d'être au monde de Guattari, pose les principes de l'écosophie d'un projet. Pour notre part, nous avons cherché une écosophie : celle de notre PFE.

S'engager

Prendre position. Mettre en pratique et matérialiser une posture politique dans nos travaux en donnant une place aux convictions que nous portons. S'engager n'est pas qu'intellectuel, c'est aussi corporel, nous nous sommes engagés physiquement dans le projet car nous avons éprouvés par l'immersion nos terrains.

Hétérotopie

Les hétérotopies sont des espaces concrets qui abritent l'imaginaire, des espaces où l'invention d'autres règles, d'autres paradigmes est rendue possible, peut s'y matérialiser l'utopie. Régie par d'autres règles, les hétérotopies permettent aussi de changer de regard sur le réel, de divulguer d'autres aspects de notre environnement, méconnus « Les hétérotopies construisent des hors-lieu qui créent des conditions à la fois d'ouverture à de nouvelles aventures et aussi déploient en retour une forme de réflexivité. Ce que Lieven propose d'appeler « disclosures of the commons » dans son texte et qui pourrait être traduit par « divulgation du déjà-là ».3

Écosophie

« Le projet [écosophique] existe alors en fonction d’une écologie propre, c’est-à-dire en fonction de tous les dehors auxquels il se confronte et qui le mettent à l’épreuve (un nouveau partenaire, un changement de contexte, une décision imprévue). […] »2 Dans le processus que nous avons mené : - la réactivité s'exprime par une présence prolongée sur les terrains d'études permettant d'en comprendre le fonctionnement ainsi que d'explorer chaque signal et chaque potentialité nouvelle ; - la créativité vient de notre capacité à définir nos propres outils de projets et de représentations tout en nous appuyant sur les outils acquis durant nos études ; - la disponibilité consiste en des aller-retours réguliers à Sète pour toujours prendre en compte l'évolution de chaque situation et les nouveaux enjeux qui en découlent tout en suivant une ligne directrice qui fait fonctionner le projet. 1

2

Immersion

Exploration à corps perdu d'un territoire élargi sur une durée de temps plus ou moins longue, au cours de laquelle nous ne savons pas ce que nous cherchons, ni quoi chercher tout en étant convaincus qu’il y a nécessairement des choses à trouver. Nécessaire pour se laisser surprendre par les micro-évènements et comprendre les mécanismes qui sous-tendent la qualité de chaque situation. Fait écho à la réactivité et la disponibilité.

Isabelle Stengers, Marin Schaffner et Emilie Hache, Résister face au désatre, dialogue avec Marin Schaffner, 2019, p 15 Pascal Nicolas Le Strat, pnls.fr

3

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Plan Libre n°173, Terrains de jeux, p. 16


Intuition

Patrimoine du geste

Savoir sans savoir pourquoi. L'intuition porte le projet, car elle nous pousse à explorer plus telle ou telle potentialité. Par exemple, l'intuition qui nous a poussée vers les jardins était forte. Faire confiance en notre subjectivité.

« Le choix de reléguer au second plan la valeur patrimoniale du bâti pour mettre en exergue les traces sur le bâti est caractéristique d’une inversion des valeurs : celle de systématiquement préférer le vivant à l’inanimé. » Patrick Bouchain. À la lumière des cas d'études, les jardins cheminots ne constituent pas un patrimoine bâti en ce sens qu'ils ne valent rien du point de vue économique (ils ne génèrent pas d'économie, tout au plus, du troc) mais ils sont issus de la mise en pratique de savoir-faire et d'une appropriation qui constituent un patrimoine du geste.

Je

Part du personnel qui compose un « nous ». Le collectif s'exprime par une superposition et une composition de « je » permettant de lui donner ses aspérités, ses valeurs et ses discordes.

Jeu

« Le jeu se situe dans l'intervalle mystérieux qui relie notre subjectivité à la réalité extérieure. »4 Le jeu est un médium pour appréhender la réalité puis la comprendre, c'est une manière de se frotter au dehors. Les protocoles que nous avons mis en place sont de l'ordre du jeu, notamment l'immersion, que nous avons qualifié aussi de « chasse aux trésors sans trésors ». « Face à la complexité du monde qui nous entoure, peut-être allons nous devoir recommencer à jouer. […] Notre rapport à la réalité serait fondamentalement empirique : le principe d'une expérience immédiate suivie de sa compréhension, à l'encontre du dogme et d'un quelconque savoir à priori. »5 Le jeu, empreint de naiveté, est idéal pour laisser les potentialités apparaître et les saisir.

Paysage

« La Convention Européenne du Paysage présente celui-ci comme « un élément essentiel du bien-être individuel et social » […]. Le paysage correspond à l'ensemble des contacts sensibles (visuels, olfactifs, sonores, tactiles) que nous avons avec le monde environnant. Et la qualité de ces contacts, qui sont au fond des contacts de type émotionnel (au sens où ils nous affectent), joue un rôle décisif dans dans ce qu'on peut appeler une « bonne vie » pour les êtres humains. »6

Processus

Navigation entre le réel et la prise de recul. Accumulation d'informations dans le réel, prise de recul par rapport à ce réel par le réflexif, réajustement perpétuel entre ce qui est du réel et du recul pour composer notre production. Notion faisant écho à l'écosophie.

Naïveté

Forme de curiosité volontaire afin d'aller chercher la sincérité des interlocuteurs. Approche faussement désintéressée d'une situation pour ne pas orienter et influencer les discours des personnes interrogées.

4 5

Ibidem Ibidem

6

127

Les Carnets du paysage n°33, Paysages communs


Protocole

des fractures et mutations locales, relatives, collectives et incessantes. »2 Il n’existe pas une mais une multiplicité de postures révolutionnaires, nous cherchons la nôtre.

Directive stricte qui soutient le processus. Plusieurs protocoles ont ainsi dirigé notre production : - se rendre chaque semaine à Sète ; - travailler par binômes pendant une période dans le but de transmettre à un autre binôme qui reprend le projet ; - faire régulièrement des comptes rendus réflexifs ; - produire des carnets de bord à chaque étape de notre production ; - archiver toute notre production ; - travailler en horaires de bureau, de 9h30 à 18h30 tous les jours de la semaine.

Sérendipité

« Hasard heureux qui permet au chercheur de faire une découverte inattendue d'importance ou d'intérêt supérieurs à l'objet de sa recherche initiale, et de l'aptitude de ce même chercheur à saisir et à exploiter cette chance. »3 Se matérialise dans le processus par la dérive et l'abandon et fait écho à notre posture écosophique.

Terrain

Révéler

Entièreté de l'écosystème lié à un site; sa réalité physique, ses habitants qui le vivent, ses ambiances et ses valeurs. Synonyme de réel.

Raconter une situation, l'interpréter selon un filtre qui porte nos valeurs. Prendre parti pour la représenter afin de la partager avec ceux qui l'ignorent. C'est donner à voir une lecture fine et personnelle d'une situation, c'est déjà faire du projet.

Usure

Au chai, c’est une sensation de bâtiment déserté, de ruine investie. Cette usure nous fait sentir un certain privilège à nous trouver là, elle donne de la force à l’intériorité que le chai génère. Elle témoigne de la longue phase d’abandon du chai.

Révolution

« Étudier le paysage existant est pour un architecte une manière d'être révolutionnaire. Pas à la manière trop évidente qui consisterait à détruire Paris et à le recommencer comme Le Corbusier le suggérait vers 1920, mais d'une manière plus tolérante : celle qui questionne notre façon de regarder ce qui nous entoure. »1 En ce sens, nous nous attachons plus à la posture qu’à l’événement, être révolutionnaire c’est sans cesse faire valoir le rêve d’un monde meilleur. “Guattari essaie ainsi de penser des conditions de mutations qui ne seraient pas tributaires d’une dialectique historique toute constituée ou de la fiction du « grand soir » : non une révolution mais un processus révolutionnaire multiple, impliquant 1

Utopie

Notion socio-économique représentant un idéal qui stimule le débat. Les utopies dérangent le présent et nous montrent le champs des possibles. Elles sont nécessaires pour progresser, pour rester en mouvement. Parfois, des micro-utopies ont lieu ; sont réalisées, les utopies concrètes.

2

Robert Venturi, Learning from Las Vegas, 1997

3

128

Christiane Vollaire, Valentin Schaepelynck, « Devenir révolutionnaires », Chimères, 2014, n°83, p 7-11 Wikipédia


Valeur d'usage

ZAE

« Les gens utilisent, ils font, ils transforment l’espace à leur usage, ils refont de l’espace une valeur d’usage tandis que l’urbanisme officiel ou non-officiel en fait une valeur d’échange pour employer un langage qui est celui d’un certain Marx. »4 Nous distinguons la valeur commerciale, la valeur d'image et la valeur d'usage. En opposition aux autres, la valeur d'usage s'appuie sur le réel, sur la vertu d'un espace en fonction de ce que les habitants en font, comment ces derniers l'utilise.

Zone d'Activités Economiques – Ce sont des espaces réservés par les collectivités locales aux activités économiques des entreprises.

- Aux jardins cheminots, ces derniers ne comprenaient pas pourquoi un tel endroit pouvait être digne d'intérêt alors que le modèle de valeur promeut la belle architecture, celle qui coûte cher. Au contraire la valeur de ces jardins est celle qu'ont créé ses habitants, de la manière dont ils l'habitent et se le sont approprié - Au chai St Raphaël, la valeur d'usage vient de la transformation d'espaces standardisés, destinés à une activité révolue, pour en faire un lieu qui s'adapte à leurs pratiques, leurs activités comme le sont les ateliers personnels, la cuisine ou l'atelier commun.

ZAC

Zone d'Aménagement Concertée – entité territoriale régie par le PLU utilisée par les villes pour urbaniser les territoires. C'est une opération d’urbanisme publique ayant pour but de réaliser ou de faire réaliser l’aménagement et l’équipement de terrains à bâtir en vue de les céder ou de les concéder ultérieurement à des utilisateurs publics ou privés.

4

Henri Lefèbvre

129


Bibliographie

130


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Foucault, Michel (1954-1975). Dits et écrits. Collection Quarto. Paris, France : Gallimard

Stengers, Isabelle, et Schaffner, Marin, et Hache Émilie (2019). Résister au désastre: dialogue avec Marin Schaffner. Marseille, France : Éditions Wildproject.

Friedman, Yona, et Michel Ragon (1978). L’Architecture de survie: où s’invente aujourd’hui le monde de demain. Paris, France : Casterman. Guattari, Félix (1989 ). Les trois écologies. Collection L’Espace critique. Paris, France : Editions Galilée. Illich, Ivan (2014 ). La convivialité. Paris, France : Éditions Points. Janin, Rémi (2017). La ville agricole. France : Éditions Openfield.

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Annexes

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MARS

cette ville, que nous dit la méthode ? Peut-être serait-il temps d'avoir désormais un regard commun sur les deux approches et de prendre du recul sur ces deux expériences de terrain pour observer les temporalités, les productions respectives, voir ce qu'on pourrait appliquer de l'un à l'autre en modifiant un tout petit peu le protocole etc. Comment ces deux expériences très intenses peuvent-elles s'influencer mutuellement ? Les méthodes se cognent au réel, le réel se cogne encore à la représentation et les productions terminées nourrissent de nouveau les méthodes. Nous revenons à cette idée de l'écosophie, que le projet ne sera jamais terminé car nous aimerions rendre compte d'une méthode à l'épreuve de deux terrains, mais surtout comment les terrains et leurs habitants règlent la méthode de projet. Flexibilité. Aux aguets. J'ai l'impression que nous avons beaucoup de liberté, de la naïveté et surtout une avidité à toute épreuve qui fait que nous nous confrontons aux gens. Et qu'ils nous écoutent, et qu'ils nous PARLENT, qu'ils nous DONNENT de leur temps. Pourquoi tous ces gens nous accueillent, nous aident, nous donnent leur contact, nous donnent rendez-vous tel jour telle heure? Je me demande ce que ça fait de voir débarquer quatre étudiants comme ça, microphone en main, sourire sur tout le corps, oreilles gigantesques, attentifs. Ça donne envie ou ça fait peur! Cela doit être intriguant, envie de suivre l'aventure.

Léa, 01/03/2021 – PFE, mes amours. Sur la planète Sète, tout va bien. Le groupe est équilibré et chacun.e trouve sa place, doucement, comme lorsque l'on enfonce son pied dans le sable. Notre expérience de terrain nous donne envie d'essayer d'autres manières de faire des projets. Nous avons réalisé ce matin l'importance du relevé et du portrait. Des liens se font entre les deux sites : entre l'approche du chai et l'approche des jardinots. Nous avons deux lieux en face de nous rassemblant une multitude d'entités individuelles, formant une mosaïque d'univers jouant à touche-touche. En discutant, nous avons mis des mots sur l'envie forte de relever soigneusement ces lieux de vie. La question de la rue est forte, voire centrale. Pourquoi appelons-nous cette allée centrale des jardins la rue ? Pour moi, rue est synonyme d'intensité, d'espace public, d'événements. L'allée centrale des jardins donne à voir le repli. Mais, prenant appui sur ses dimensions et la diversité d'usages développés dans les bambous, les systèmes d'entrées, de décoration, de protection, pourquoi pas une version publique des jardins cheminots ? Sans pour autant toucher à ceux qui existent déjà car on sent bien qu'ils sont le fruit d'un éternel bricolage, il sont dans un équilibre durable – mais ils nous laissent à imaginer un tas de possibles pour remplir les vides alentours. Étendre.

Maintenant que nous avons bien abordé les artistes du chai et quelques personnes qui occupent les jardins, une autre chose nous intrigue. Nous aimerions aller gratter plus loin, et aller chercher d'autres interlocuteurs comme par exemple les personnes en charge du projet du chai ou bien celles en charge du projet de la ZAC de l'Entrée Est de Sète. Presse-citrons, buveurs d'informations. La suite ? À définir ou à préciser dans le glossaire : contre-projet, écologie, collectif, écosophie, rue, habiter, permaculture sociale, jardin, atelier, tiers-lieu.

À quel point peut-on trouver de la perméabilité entre les deux projets ? Comment peuventils s'alimenter ? Je me dis que c'est déjà le cas : nos passages dans les jardins cheminots viennent de donner un coup de fouet à notre approche et nos envies quant au chai SaintRaphaël. Et puis, nous voyons bien aussi comment les discussions sont perméables, une phrase sur les jardins et ça saute sur les ateliers. Depuis un mois que nous explorons 133


Léa, 23/03/2021 Aujourd'hui on a vu Alexis. Maintenant que nous nous sommes lancés un peu dans les projets, il nous a rappelé qu'un de nos objets d'étude, c'est la méthode. C'est vrai que dans nos premiers textes d'intention et nos discussions, nous voulions avant tout parler de méthode, et que celle-ci illustre une logique écosophique. Comme Louis le disait ce matin, au départ on souhaitait mettre en place un allerretour permanent entre le terrain et le projet mais pour le moment, peut-être pour se lancer, nous avons eu besoin de cesser d'aller sur le terrain. Phase analyse puis phase conception. Pour ma part, c'est vrai que je me sens plus loin du terrain qu'auparavant, je vais proposer aux autres qu'on se rende à Sète cette semaine. Nous avions dit que c'était important afin de garder un lien, de continuer à vivre des choses là-bas. Et ainsi dans une moindre mesure continuer à alimenter le projet. J'ai quand même l'impression qu'à la fin nous aurons une méthode, une prémisse de méthode, une idée de piste à suivre si jamais on devait recommencer mais je pense que l'échelle de temps à laquelle nous avons à faire n'est pas vraiment la bonne, j'ai le sentiment que ce genre de projet se traite sur un temps plus long. De fait, on a un peu trois sujets : la méthode et le processus (induit par le choix de travailler à quatre), les jardins cheminots (échelle urbaine, proposition d'un modèle économique) et le chai SaintRaphaël (Des questions programmatiques à des questions d'architecture, travail au fur et à mesure de qualification de son environnement proche). Comment faire pour traiter tout cela ? Faut-il le traiter à la même intensité ? Nous avons eu un peu de mal à nous lancer dans le dessin, presque trop attachés aux lieux dans lesquels nous avions passés du temps, vécu des histoires, rencontré des personnalités. Afin de dessiner nous avons pris un peu de distance. Maintenant que les processus de projet sont lancés, c'est peut-être l'occasion de remettre la tête dans Sète.

Zakaria, 09/03/2021 Ce fut un plaisir de me retrouver avec mes autres camarades, une journée de cours par semaine on la déguste. Je trouve que ça été une journée productive. Notre passage a suscité de l’intérêt et de l’engouement. C’est motivant. Néanmoins, on a reçu pas mal de critiques pointant des faiblesses dans notre discours. Je pense qu’on s’attaque à trop de sujets en même temps ; la pédagogie, la profession, les projets urbains... On ne peut pas être sur tous les fronts. On ne peut pas être systématiquement contre non plus. C’est bien la première fois que j’entends Lautier dire qu’on est «trop contre»! Trop de matière, il nous faut la traiter et surtout prendre une position critique. J’ai bien aimé le fait que notre obstination tourne à l’absurde. C’est comme une performance. Un anti-projet. C’est marrant, mais bon on va finir par tourner en rond. Léa avait l’air bien perdu, Alice saoulée au bout de 15min comme d’hab’ et Louis ça avait l’air d’aller. Il l’aime bien quand on critique son projet. On est à un moment SERIEUX de notre projet. Nous devons mettre le nez dans les PLU, dans l’architecture, dans les définitions de nos termes, dans la représentation. En tout cas ça a fait réagir, donc nous sommes sur la bonne voix.

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Alice, 23/03/2021 – Transmission 1 Patrick Bouchain, le premier archi dont j'ai appris l’existence en terminale lors de ma préparation aux entretiens des écoles d'architecture. Découverte dans un article du Télérama expliquant son projet « le lieu unique » à Nantes, projet à mes yeux de l'époque extraordinaire dans la prise en compte de l'existant. Aujourd'hui, il nous suit encore, devenant notre référent principal dans notre projet de fin d'étude. Non plus tellement pour l'aspect des réhabilitations, mais plutôt pour sa réflexion globale autour du projet, sa manière de le penser, de manière incrémentale, les notions d’éphémère qu'il emploie fréquemment, et sûrement pour d'autres aspects que je n'ai pas encore cernés car je suis la seule du groupe qui n'ai pas encore lu son livre épais à la couverture rouge.

Alice, 22/03/2021 – Une journée de travail en groupe Hier j'avais le projet au fond des chaussettes. Le vide. Devant mon ordinateur je me sentais seule. Trop de lignes, trop de bazar dans le fichier du cadastre, j'avais besoin d'y voir clair. Je me souviens m’être sentie mieux une fois les bornes incendies du fichier irradier. Mais finalement à quoi bon ? J'étais essoufflée, car une fois ces ronds supprimés, je n'avais encore rien fait. Je me suis perdue dans l'infinité des détails, la perte d'échelle et de repères. Finalement en fin de journée mon sentiment à été celui d'avoir fait acte de présence. Aujourd'hui j'ai pris en main mon énergie. Ce matin une discussion super motivante avec Alexis. Une belle journée de printemps. J'ai appris que le passage des balayeuses dans un quartier pouvait être symptôme de la gentrification. A midi nous sommes chacun rentrés dans nos appartements. Louis avec ses restes, Léa avec sa soupe, moi avec ma salade, et toi Zak qu'as-tu mangé ?

Hier nous avons fait une transmission pour se faire passer les projets et changer de binômes. Le matin nous étions comme à notre habitude dans l'atelier 1. Anna était aussi là, je me souviens qu'elle nous a dit qu'ici c'était l'atelier des PFE. L’après midi nous nous sommes isolés pour pouvoir discuter sans avoir peur de gêner les autres. L'amphi 2 aurait été parfait, tout proche de l'atelier 1, en plus j'adore cet espace, sombre, en bois, petit pour ce qu'il propose comme activité, mais les dames de l’accueil n'ont pas voulu nous l'ouvrir, dommage. Nous nous sommes alors installés dans la petite salle à côté de l'atelier d'arts plastiques. Après quelques allers retours pour chacun le temps de réunir objets et conditions de confort (gourde, téléphone, carnet, stylo, pipi...), nous nous sommes regroupés autour du carnet de Louis et Léa. Zak et moi avons ensuite fait notre présentation. J'ai trouvé que les deux binômes avait eu une approche complètement distincte. Léa et Louis se sont davantage axés sur le fond du projet, d'ailleurs leur mise en forme (un carnet) reflétait aussi ce fond. Alors que Zak et moi étions davantage orientés sur la forme.

Cette après midi ne fut pas très productive pour moi, mais à la différence d'hier elle a au moins le mérite d'avoir été joyeuse, YES ! Nous avons commencé par discuter je me souviens avoir noté trois adjectifs pour qualifier la manière dont nous envisageons l'urbanisme : Sauvage, festif et frénétique. Cela donnera sûrement lieu à des places dans le glossaire. Nous sommes tombés d'accord avec les autres, nous sommes bien rentrés dans le projet. Je n'ai pas vraiment perçu le glissement. Louis disait avoir senti une coupure entre phase d'analyse et de projet, peut-être ? En tout cas je ne saurai pas situer le moment où nous avons achevé l'analyse pour entamer le projet.

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Louis, 23/03/2021 Après un premier mois INTENSIF, plongé dans la ville, dans la fête, le rêve, dans l’humain... la transition a été plus difficile. Comment on fait pour revenir à du projet, pour dézoomer, pour faire des choix ? Si le flottement a permis d’amener des premiers éléments techniques sur lesquels travailler, il a aussi montré qu’il fallait trancher nos positions sur la méthode et les outils. Le consensus amène tout le monde à penser que tout roule mais nous éloigne facilement de nos volontés premières. Établir des hypothèses, des protocoles ?

Léa, 30/03/2021 Cela fait trois semaines que nous ne sommes plus vraiment sur le terrain, à quoi sert alors le PFE et toute cette réflexion sur la méthode ? Comment peut-on remobiliser les outils du terrain ? Ou bien comment utiliser d'autres outils pour aborder le terrain maintenant que nous sommes dans le projet ?Comment conjuguer la composition de l'architecture, la pensée du projet avec une présence toujours accrue sur sites ? Doit-on maintenant se confronter à nouveau aux sites et à leurs habitants (artistes et usagers des jardins) ?

C’est pas drôle le Covid pour un groupe, le consensus est plus difficile à trouver bizarrement, l’énergie est dépensée pour des futilités et puis l’éloignement ça rend triste et ça fatigue. ENFIN on réussit à mettre en place les binômes, en fait c’est marrant de faire du projet, de se remettre sur des cartes, du dessin, des coupes avec tout le bagage et le regard critique que Situation.s nous a apporté. Tellement marrant qu’on saute par dessus les barrières qu’on s’était imposées. On en revient à la même question, toujours : « On veut faire quoi de notre PFE ? ». Il me semble important pour continuer, bien évidemment de référencer nos pratiques, nos propositions mais surtout de nous positionner sur ce que nous voulons donner à voir, une méthode, un travail de groupes et/ou des projets finis, figés...

Cela fait quelques semaines que nous sommes dans le PFE et avec du recul ,il est possible de discerner des phases : les résidences sur le terrain, autrement dit une récolte élargie d'informations et en parallèle le traitement de ces données. Maintenant que l'on entre dans le projet, nous sentons le besoin de retourner sur le terrain pour faire des relevés (jardins et ateliers des artistes) : et si nous avions utilisé dès le début les outils de représentations propres à l'architecture ? C'est-à-dire, si nous avions dessiné dès le début et choisi de retranscrire nos explorations aussi par le dessin (en plus du son) ? Pourquoi avons-nous décidé au départ de nous détacher complètement de nos représentations habituelles ? Il y a quelques semaines, et encore lors de la présentation dernière, nous avions – j'ai l'impression, la volonté de vraiment tout remettre en question jusqu'au fait de dessiner l'architecture, jusqu'à remettre en question l'idée même que l'architecte doit proposer et modifier le site, nous penchions vers un architecte révélateur. Mais on voit bien désormais que le dessin et la proposition architecturale sont des médiums de révélation et que le rôle de l'architecte est essentiel.

Faisons la fête, soyons sauvages.

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Comme Patrick Bouchain le dit, l'architecte peut se faire historien et en révélant ce qui lui semble juste, il met en exergue tel ou tel élément de l'histoire. Pour revenir au dessin, je me demande ce que cela aurait produit si nous avions utilisé au départ le dessin : cela aurait-il évité la phase terrain puis analyse/propositions ? Nous avons retranscrit premièrement le terrain avec le son et des témoignages, mais faire entrer en résonance dès le début ces éléments avec des éléments d'architecture aurait été fort et nous aurait fait franchir ce cap du dessin plus tôt, en douceur.

Les accroches sont une chose, ensuite pour épaissir et enrichir le projet et le rendre palpable, compléter avec ces éléments «officiels» (études urbaines, études du bâti...) est nécessaire. Pour le moment dans nos deux projets, j'ai la sensation d'une lacune de connaissances « objectives ». Le processus primant, notre démarche de projet fut d'aller sur le terrain sans à priori et de se noyer dans une réalité : développant de fait des affects forts avec les lieux visités, arpentés. Les ambiances, les rencontres, les sensations, les discussions s'ancrent en nous, deviennent viscérales : pour le moment, elles ont été la base de nos réflexions. Nous n'avions pas regardé une carte avant d'aller au chai ou au jardin. Prendre comme base de projet des éléments venant « du bas » : qu'est ce que cela produit ? Le projet est-il plus pertinent ? Nous sommes dans la phase où nous devons compléter toute cette subjectivité avec des références, des données formelles etc.

Maintenant que l'on écoute les podcasts, on se rend compte qu'ils sont très orientés, qu'on a fait un grand tri dans les informations, qu'on dit ce qu'on veut. Simplement, en discutant avec les habitants des lieux, tous les éléments, toutes les accroches des projets étaient là depuis les premières semaines, il nous fallait les assimiler. Mais d'où vient cette appréhension à sauter dans le projet, à proposer ? Je trouve que nous avons mis du temps à nous mettre au dessin et à nous projeter.

Le PFE comprend différents aspects et c'est un peu effrayant de se dire qu'il faut tout traiter : les jardins, le chai et la méthode (regard réflexif permanent, le rendu étant simplement un point sur la méthode). Au sein de notre processus, nous avons convenu que des temps de réflexion étaient à dégager pour la méthode, une semaine entière ? Se baser sur tous nos réflexifs ?

La proposition et la projection pouvant aussi parfaitement servir comme excuse à la discussion avec les personnes habitant les lieux, au même titre que l'entretien et l'interview (objet du microphone comme support pour interagir et entrer en contact). Une autre façon d'entrer en contact que nous n'avons expérimenté qu'une seule fois : le faire, le coup de main, le passage à l'action. Pour ma part les entretiens m'ont permis de comprendre le chai et son utilisation contemporaine.

Pour le moment, je ne crois pas que nous soyons dans une posture de projet écosophique. Afin d'éprouver cette posture, de faire des allerretours, d'activer des itérations, nous pourrions aller parler de nos intentions de projet avec les résidents du chai par exemple, eux-mêmes avaient émis l'envie et la curiosité de suivre notre travail.

D'ailleurs en quoi la parole des habitants estelle moins officielle, moins importante, moins légitime qu'une carte, qu'un règlement, etc ? À quoi on s'accroche pour faire projet finalement?

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L'esprit de groupe que l'on a constitué sur le terrain, éprouvé, se retrouve dans ces moments d'échanges sur fond d'expériences vécues partagées. Être scolaire : retomber dans ce que l'on sait faire, conceptualiser, faire projet. Être en recul du terrain pour le chai était très positif, lié à l'imaginaire de Patrick Bouchain, cela nous a permis de nous projeter et pour ma part, de m'approprier le projet en y mettant des mots.

Pour le moment nous avons récolté de l'information dans une posture naïve, nous l'avons traitée/analysée (un début de projet dans les sons, des intentions de projet dans les podcasts ? Et si à ce moment nous avions utilisé des représentations architecturales ?). Puis nous avons fait une sorte d'intensif sur le chai, ensuite nous avons commencé le travail en binôme et avons effectué la première transmission.

J'ai l'impression que ce recul était nécessaire, intéressant de constater cela. Poser des mots, définir des intentions, des accroches, faire des schémas c'est rassurant. J'ai l'impression que c'est « scolaire », attendu mais ça m'allait à ce moment là de faire ça, de pouvoir prendre pied comme cela dans le projet. Trouver les bons mots est un médium pour créer le projet: les termes de « façade intérieure », « usure », « structure vivante » résonnent et font vivre le projet pour moi en le définissant.

À chaque fois, le fait de parler du projet, de rendre un discours intelligible catalyse la réflexion : aller plus vite car la discussion nourrit le projet, ou bien à l'inverse se disperser, déliter le projet être perdu, avoir une phase de latence pour ensuite mieux rassembler les idées. Le travail en binôme a démarré, cela est bénéfique pour moi. Je retrouve l'envie de proposer, de réfléchir sans avoir la sensation de vouloir absolument résoudre des problèmes mais plutôt de répondre à une situation par des propositions spatiales amenant un imaginaire. Après avoir vécu intensément le groupe sur le terrain, m'être laissée porter et avoir capté de l'information, le travail en binôme est plaisant. De plus, le moment de la transmission était privilégié (sensation d'autonomie complète par rapport à l'école et de force du groupe, de considération), discussion calme et d'ouverture des possibles. Dans la transmission, le but de la discussion était de voir ensemble et simultanément comment avancer sur les projets. Présenter aux autres en ayant en tête qu'ils vont prendre le relais et écouter une présentation en pensant que c'est aussi notre projet change la nature de l'échange : acteur, on se projette, on comprend. Surtout, le fait de devoir transmettre donne envie de clarifier au maximum les idées quitte à laisser de côté quelques pistes de réflexion.

Néanmoins maintenant, j'ai envie de me confronter de nouveau au terrain, à des avis extérieurs, de faire rebondir quelques intentions dans le monde réel pour les voir se tordre, sortir de notre zone de confort. Changer de binôme est déjà une façon de sortir de cette zone de confort : l'arrivée d'un nouveau partenaire de projet amène une nouvelle façon de communiquer, de mode de discussion, oblige à ouvrir son esprit à de nouvelles pistes de projet, à faire entrer d'autres idées et à accepter la déformation de celles énoncées durant cette première phase. Attachement au projet : après deux semaines, un certain attachement s'est développé me concernant. Je ne sais pas trop pour Louis. Passer sur un autre projet et voir grandir une idée que l'on avait posée m'intrigue. Cette idée que les projets ne nous appartiennent pas mais qu'ils appartiennent au groupe me plaît, ils seront certainement d'autant plus riches, plus fins, et étonnants (avec le recul sans cesse nécessaire et l'activité sur le terrain en parallèle). 138


Zakaria, 30/03/2021 OUHHHHHHHHHHHHHHH IT ! Ça été deux belles semaines avec Alice, on s’est fait plaisir, on a dessiné. Mais je me rends compte que l’on s’est plongé dans la représentation et éloigné du discours de fond. Le rendu a été très productif il me semble, mais ce n’était pas facile de jouer les critiques les uns envers les autres. J’étais un peu déçu sur la fin. Notre propos n’était plus aussi clair. Mon texte est peut-être trop tortueux. Pourtant quand je l’ai lu à Alice ça semblait clair. J’ai sans doute passé un peu trop de temps sur Photoshop avec les personnages. Avec Alice on a un peu la même énergie : frénétique. On ne s’est pas posé mille questions. Sûrement pas assez. Maintenant je suis content de partir sur le chai, les bases sont clairement posées. Parce que c’est vrai, Louis et Léa sont beaucoup plus clairs et ordonnés que nous. Alors je compte sur Louis pour mettre de l’ordre aux jardins, et moi ben je vais flanquer mes traits dégoulinants dans le chai haha. Léa va peut-être râler mais bon, on est une équipe. Peut-être devrais-je mettre mon style de dessin un peu de côté ? Comment ne pas trop prendre de place sur le style des autres ? Par rapport à la méthode je me pose beaucoup de questions.

Dans la pratique, comment lâcher prise, ne pas vouloir contrôler, et ainsi accepter encore une fois cette déformation, torsion, évolution, croissance, perte, ajout... Finalement, comment va se constituer cette méthode ? Nous avons saisi, j'ai l'impression, l'importance de la représentation et de l'écriture (servant aussi à l'archivage). Se plonger de la sorte dans le projet de manière dite « classique » me questionne de nouveau sur le rôle du PFE. À quoi servent ces deux projets? Pour l'instant ils se cantonnent à notre groupe. Si l'on relit nos intentions premières du PFE, ces projets n'étaient que des prétextes pour mettre en place et expérimenter une méthode : concrètement comment faire ? À corps perdu ? Question autre sur la transmission : logistique. Quel médium est le plus adapté ? Comment faire passer de l'information en limitant la perte ? Etc.

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Alice, 03/2021 Faire des vas-et-vient entre le projet et les réflexifs sur notre projet de travail ensemble. Le long terme exige la retranscription des moments chauds, ceux du court terme. Ce qui nous semble évident à la fin de la journée sera oublié peu à peu. Il faut mener un combat contre le temps, contre l'évolution pas à pas de notre projet. Faire des sauts de puce nous donne l'impression de se rappeler pourtant j'ai déjà oublié ce que j'étais en train de manger hier. Comme dans un voyage il est important d'établir une retranscription régulière du vécu pour avoir le plaisir de la relecture une fois de retour. Le PFE prendra fin en juillet. Ce n'est pas nous qui allons le finir mais bien la date buttoir de notre présentation qui clôturera ce travail. Le train brouille les territoires, et surtout les cartes mentales que nous avons de celui-ci. En traversant Sète depuis le quartier du Barrou jusqu'aux jardins cheminots en train je me suis rendu compte que c'est parce que j'avais la carte réelle de Sète en tête que j'ai su recoller les morceaux de ville entre eux. Sinon il est impossible de savoir où nous sommes dans le territoire lorsque nous le traversons en train. C'est un tracé linéaire qui va à l'encontre de la vision que nous avons des lieux habituellement, celle avec notre corps, non habitude de passage. La ville vue du train me semble étrangère, c'est une sensation assez singulière, une sorte de vécu d'un transect à grandeur nature.

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AVRIL

Léa, 08/04/2021 - Journée aux jardins cheminots « L'espoir fait vivre et mourir en cagant » nous disait un Monsieur venant ramasser du compost dans la zone aménagée par la mairie de Frontignan.

Alice, 01/04/2021 – Une matinée aux jardins cheminots Nouvel équipement commun aux jardins ! On arrive devant la grille des jardins et là, surprise : une barrière !

Carnet en main, appareil photo au cou, nous voilà partis Louis et moi en quête de friche dans la zone industrielle derrière les jardins cheminots.

Le Rroms devant (ou derrière), impossible de franchir. Notre terrain nous est de plus en plus hostile. Il suffit de le délaisser quelques semaines et voilà qu'il est vexant ! Tout semble devoir recommencer depuis l'entrée. Je tente une brèche chez le couple de la communauté des roseaux : la communication est ardue, la poussière bouche nos oreilles et le moteur tambourinant de la BM coupe court à la conversation naissante. Heureusement la barrière de barreaux fait vite suite à un portail fait de ronces, lequel est ouvert pour qui n'a pas peur des crevaisons. Vélo sur le dos, nous nous faufilons au travers de buissons grognons, des ronces aux allures de barbelés, de la végétation en friche, des sacs poubelles éventrés, des couches sales abandonnées.

On débarque avec nos vélos, où les poser ? Notre matinée commence par là. Impossible de trouver un endroit approprié, on finit par cadenasser un immense panneau. Ici ça sent la mort. Loulou a dit un paysage de grillage et de bitume, je rajouterai celui de la France moche, celle des parking et des panneaux multicolores. On commence notre relevé. Des parcelles délimitées par des murets de gabions, ils sont à hauteur de taille, bien pratiques pour poser son carnet et chercher quelque chose dans son sac. Des grillages surplombent les cailloux en cage et des coffrets électriques interrompent ces grandes rangées. On passe de friche en boite de taule.

Un peu plus loin nous croisons M. Molinier, premier homme à qui nous avons parlé et qui avait dérogé aux consignes de sa femme en nous ouvrant les portes de son jardin. Il était cette fois-ci seul au volant de son utilitaire. Nous le faisons parler de cette nouvelle acquisition : depuis quand ce nouveau portail ? Pourquoi faire ? « Cela fait un petit mois, pour empêcher les vols » nous dit-il accompagné de grandes œillades en direction des roseaux. « Ce n'est quand même pas pratique de devoir ouvrir et fermer à chaque passage. » Passons.

Je suis au milieu de la route pour dessiner, une avenue neuve sans nom. Aucune voiture, de la peinture blanche intacte au sol. Les passages piétons s’enchaînent jusque dans le fond de cette avenue/impasse, il y en a autant que des panneaux nous avertissant que de piétons peuvent traverser. Mais pourtant personne, seulement nous deux, et quelques utilitaires faisant des allers retours. A qui sont destinées toutes ces informations ? Voitures ? Piétons ? Tout le monde est absent. Pourquoi unetelle énergie dépensée ? La situation est vraiment absurde, des passages piétons à la pelle traversant une rue inutile et donnant des deux côtés sur des murs de gabions.

En tout cas l’existence de ces Rroms apparemment voleurs et mal honnête nous à bien servi, car nous sommes rentrés par effraction dans un des jardins, sans risque de nous faire suspecter.

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Léa, 08/04/2021 - La journée à Sète, le jeudi, toute les semaines Rituel : revenir à Sète une fois par semaine me paraît essentiel et nous permet d'alimenter notre histoire commune. Ces visites-là sont différentes de celles du début, d'une logique de dérives et de rebondissements, de découvertes simultanées, elles sont désormais de l'ordre de l'approfondissement, de l'entretien, de l'ancrage. Habitudes.

Chez Golfo Nuevo on entend un bruit constant de grésillement. Aucun trace d'usure nulle part. Tout semble facile à décortiquer. Il est facile d'entrevoir comment les choses ont été fabriquées, l’ordre de mise en œuvre. C'est parce que c'est neuf, l'espace n'a pas encore pris de vieux. De l'espace, du vide c'est tout ce que je vois. Les jardinots sont invisibles derrière une haute barricade en taule blanche. De l'intérieur des jardins je n'ai jamais perçu cette barrière, alors que d'ici c'est flagrant, le blanc est éblouissant. La chute de cette journée : au moment de partir nous nous rendons compte que nous avions attaché nos vélos sur le panneau informant du projet de ZAE à venir sur cette zone dont nous venions de terminer le relevé.

Ça commence dans le TER, idéalement celui de 9h24. Le train vers un autre monde. Les rencontres et les discussions sont toujours aussi intenses et plaisantes, mais elles sont installées. On s'est fait notre place au chai, on s'y fond, on dit bonjour, on pose quelques questions, on fait le café. Il y a encore notre mot sur le tableau de la cuisine avec un dessin de Zakaria. Entretenir le rapport avec Sète donne du sens aux projets, ça les rend palpables. C'est comme revenir sur le lieu avec un double regard : celui du réel et celui du projeté. Une réalité double incluant le à venir. C'est toujours une bouffée d'air d'arriver à Sète, je me sens privilégiée et à ma place. Je sens le groupe autour de moi à la fois rempart et pont. J'ai l'impression que chacun de nous se déploie, comme dit Zakaria, nous sommes quatre « je ». On fabrique notre paradigme entre deux univers habités de protagonistes surprenants. Est-ce que l'on serait dans le confort ? Quand est-ce que l'on va se cogner ? J'ai envie qu'on sorte nos réflexions et qu'on les partage avec nos deux univers. Nous étions partis pour contacter des personnes en charge du projet de la ZAC, faut-il relancer ?

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Importance de Germana : en fin de compte, le début du PFE remonte à plus loin que le mois de janvier. Ça remonte à cette accroche avec Germana lors du semestre au mas Mirabeau. De cette attention (curiosité, avidité, fascination, inconnu ?) qui nous a amenés à travailler avec elle. Saisir une opportunité, une rencontre, un élément étonnant et se laisser embarquer tout en étant actif. Quelle posture ?

Louis, 11/04/2021 - Transmission 2 Plus d’une semaine avec notre fameuse transmission, un premier bilan peut être fait ; le choix entre figer et laisser en incubation me parait l’élément le plus difficile dans cette méthode. Si avec Léa nous avions dès le départ entamé notre réflexion dans le but de la transmettre il m’a semblé facile de le faire dans une première phase d’esquisse, de schémas.

Cette semaine, Germana, l'air de rien, comme ça, tranquillement, nous a fait faire un lien : par sa venue aux jardins, elle a un peu noué les jardinots avec le chai. Nous l'avons interviewé dans un jardin abandonné plein de l'enfance, nous avions même une table et des galettes de chaises. L'enfance, c'est ce que j'ai retenu, l'ambiance de son enfance qui lui a transmis une posture d'attention et d'écoute. Une vie de travail, de recherche, de positionnement. Germana cherche depuis des décennies sans savoir ce qu'elle cherche. Elle recherche l'étonnement, la rencontre et l'apprentissage afin de peupler un paysage humain MORE HUMANS ;)

Mais maintenant que je travaille sur les jardinots, l’échelle et l’avancée obligatoire du projet rend les choses plus difficiles. Cependant il me semble que nous devons continuer de penser ce projet comme un trajet, des prémices à transmettre. Sans vouloir prêcher pour ma paroisse il m’a semblé plus facile de communiquer à quatre sur des éléments de travail, des explications pour celui qui vient à la suite, des textes que sur des éléments finaux qui bloquent pour envisager la suite. Je continue de penser que nous devons sans cesse questionner les outils de représentations, de communications pour nous les approprier et que cela bénéficie à tout le groupe. La coupe ou le plan fertile me paraissent en ce sens des outils à approfondir pour transmettre et situer des idées, des réflexions sans les figer dans le temps et dans l’espace. Mais alors quand vat-on dessiner ? Va-t-on dessiner tout court ? « Là il y aura un jardin public, là un jardin privé, là un chemin, là des carottes, là des radis... ». Comment transmettre sans être trop frileux pour ne rien dessiner et trop autoritaire en donnant des bases immuables ?

Le PFE m'est apparu très court à côté de ce long processus de recherche qui est entremêlé à la vie (limite entre vie et création ?). Qu'est ce que l'on va dire en un PFE et trois mois de vadrouille? Effectivement c'est un début, un projet de début de vie. Nous ne livrerons peutêtre pas une méthode mais une posture à avoir : disponibilité, curiosité, moindre effort, jeu, écoute, ambiance. Pour pratiquer réellement une méthode écosophique, la temporalité du PFE est-elle pertinente ? Nous continuons dans tous les cas de nourrir les projets avec le réel et aussi par la perméabilité entre les deux projets et nos échanges.

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Et la suite Et puis au final je ne suis absolument pas inquiet parce qu’on est toujours à 4, parce qu’on en encore en mouvement, parce qu’on s’amuse bien, parce qu’on dirait que les gens nous aiment, parce que Germana est radieuse dès qu’elle nous voit. Aller à Sète c’est important, ça nous rappelle pourquoi on travaille, ça nous permet de nous retrouver. Je sais que notre travail sera intéressant, j’ai hâte de le présenter à quelqu’un, qu’on nous contredise, qu’on nous accompagne. Aux marches pour le climat tout le monde chante qu’«on est plus chaud que le climat», j’avoue qu’on est chaud, quand ça touche à nos valeurs, on est chaud. Je nous trouve même plutôt sages.

Jardinots Aujourd’hui plongé dans le projet des jardinots, j’ai l’impression que l’échelle nous met en grande difficulté, quel cadre prendre ? Toute la zone industrielle et donc les problématiques de développement de toute une ville, de toute une région ? Non, c’est trop grand, nous ne sommes pas assez ambitieux pour reprendre Alice. Nous avons vu du potentiel sur cette zone alors nous nous arrêtons à cette zone...pourquoi ? Qu’ya-t-il à la frontière de cette zone, quels sont les dessous du fonctionnement de cette zone ? À nouveau je me sens submergé par ce trop-plein d’informations. Peut-être le sujet des jardins est-il vraiment plus compliqué à envisager que le chai, peut être au contraire qu’il permet de s’engager dans un nouveau paradigme plus libre mais faire le grand saut est difficile. Si le début de nos études nous apprend à faire à partir de rien, la façon dont nous sommes venus déconstruire cette pensée rend difficile le dessin arbitraire, dictatorial. Et en même temps, pourquoi on se pose autant de questions ? Il faut faire avant de s’inquiéter de ce que ça aurait rendu si on avait fait. En représentant on rend réel, communicable ; il me semble que les allers-retours avec le réel restent le plus important dans cette méthode de travail. Donner autant d’importance à ce qui est déjà tant dans le projet que dans la représentation. Proposer notre vision des choses, pourquoi cela devrait être compliqué ? Parce qu’il faut s’armer des connaissances et que le bon sens ne suffira pas à convaincre nos interlocuteurs ? Ah oui peut être... Allez Alice on va faire des choses bien, faut qu’on ose et qu’on arrête d’être des mous, on a des convictions, on a pleins de choses à dire.

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Zakaria, 16/04/2021 - Transmission 2 Bel échange, les récits se sont étoffés et les dessins affinés. L’équipe Jardin a mis au clair l’étude de terrain, les accroches et les intentions du projet, tandis que le groupe Chai a mis en dessin et maquette les intentions de la dernière transmission. Je ne sais pas si ça veut dire que le projet Chai est plus en avance, je pense que le projet jardin est une autre échelle, un projet urbain, où le discours doit être béton, parce qu’on s’attaque à un lieu beaucoup plus stratégique que le Chai, parce que la zone est beaucoup plus grande... Le Chai est plus un projet archi habituel. Les jardins sont une proposition d’un modèle de société, de vivre ensemble. C’est un projet carrément utopique. Cette fois on n’enregistre pas la transmi, tout simplement parce que la dernière fois on ne s’est même pas réécouté.

Léa, 13/04/2021 Ça me paraît tellement évident de le faire à quatre, que je ne me pose pas la question, c'est là, on est là, on fonce, on s'aime, et on aime. Oui c'est sûr qu'on est des bisounours, peut-être qu'on manque un peu de recul ? Mais aussi, c'est la première fois que l'on mène un projet comme ça, de front, à fond, tout par nousmême comme des grands. On se trouve face à mille questions super intéressantes,comme si on découvrait tout ce qui se joue dans un projet d'archi, à l'échelle de l'individu et du « socius ». Alors on est emballé, on s'émerveille et on pense qu'on sera des architectes plus avertis en faisant cela. Ça c'est une hypothèse ! En tout cas, même si nos projets sont nazes on s'amuse bien à les faire, et même si ça fait quatre jours que je fais une maquette avec Zakaria et bien je me poile toute la journée DEPUIS QUATRE JOURS, j'en peux plus de rire tout le temps, j'adore venir à l'école et voir mon petit groupe. De cette pensée simple, il faut faire une problématique et se mettre en posture de recherche, mais ça c'est vraiment dingue à faire. Parfois je m'y penche, j'écris et j'ai l'impression que chaque chose que l'on fait, décision que l'on prend, interaction que l'on a – mérite d'être examinée, décortiquée.

Représentation : Comment se transmettre des éléments ? Comment avoir une pate graphique semblable ? Je me rends compte que nous répondons petit à petit à la question. Chaque personne porte avec elle un style et des manières de représenter.De plus chaque projet a déjà une esthétique et des éléments de représentation commence à apparaître : - Le chai = coupe, plans, maquette et croquis. COULEUR. Architecture Festive. Dessin à la main. Fluide et mouvement. - Jardin = carte, plan, schéma (à développer) . Noir et Blanc Collage Couleur style 70’s.

C'est quoi ? De la recherche action ? De la micro sociologie de nous-même ? Sachant cela, comment faire pour trouver l'investissement juste dans les projets? Faut-il y aller à fond comme si on ne savait pas que c'était la méthode le plus important ou bien faire attention à l'énergie qu'on met dans les projets pour privilégier la méthode ? Mais si on fait ça, notre fonctionnement et nos projets seront-ils authentiques ? Omg. Comment faire pour être acteurs et observateurs de notre jeu ? Je suis victime d'un dédoublement de la personnalité, je fais et je me vois faire, j'ai désormais deux cerveaux. Nous sommes quatre, et normalement on a huit cerveaux, au secours !

Urbanisme « Sauvage », Contre-Projet, Valeur d’usage. Dessin à la main. Utopie et Projection. Je remarque que nous défendons des éléments de représentations seuls ou à plusieurs pour chaque projet. Ce sont des éléments propres à notre style perso et que nous sommes amenés à défendre jusqu'à la fin. Alors je me rends compte de l’importance de tourner sur les projets pour que chacun propose sa vision pour chaque cas.

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C’est aussi sûrement la meilleure manière de se transmettre des dessins à la main. Je sens que nous aimons travailler à la main et éviter le face à face avec l’ordinateur. Mais ce n’est pas évident de se transmettre des dessins à la main. Par contre c’est hyper riche en style personnel et très vivant. Alors si on fait le choix de faire la repre finale à la main, peutêtre devons nous défendre des éléments par projets, plutôt que les projets en soi. Ce qui fait que nous travaillerions sur les deux à la fois je crois. Comme dans une agence en fait : chaque dessinateur travaille sur différents projets sur un même mois, suivant les moments de la commande ou du projet (enfin de l’expérience agence que j’ai) Ce qui fait quand même que nous ne nous embêtons jamais jusqu’ici. C’est très stimulant et c’est fluide. On se rend compte qu’il y a quand même des éléments que nous faisons ensemble comme les collages, coupe revo ou maquette. On fait pratiquement tout ensemble mais je crois que venu le moment de représenter, c’est souvent une personne qui porte l’élément jusqu’au bout. A discuter. Peut-être faut il encore faire des binômes une dernière fois, pour poursuivre le concept ( à quatre c’est difficile) et puis après on représente à fond à quatre ?

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MAI Alice, 17/05/2021 – Une Journée de travail à l'école L'enthousiasme et le doute s’entremêlent de plus en plus fréquemment dans nos journées. Le moteur réflexif de notre projet hoquette au sein du groupe. Nous commençons par nous faire absorber par la finalité de ce PFE. Comment continuer à donner corps et consistance à notre propos commun, à notre dynamique de groupe s'il est de plus en plus difficile de prendre du recul ? Nous faisons-nous avoir par la machine à produire ? En ce moment nos idées vont plus vite que nos dessins. Nous avons toujours plein d'idées mais pas assez de temps pour les mettre à plat en dessin ou à l'écrit. Pas le temps d'en coucher une sur le papier qu'en voilà déjà trois autres qui se mettent à la suite de la liste d'attente de nos têtes.

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© Editions Rue de la Révolution, 2021


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