BON ESPRIT #4

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BON ESPRIT



Vol. 4 - Exodus



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Le bon esprit c’est évident. Bien que faire preuve de bon esprit n’est pas un objectif, au final, c’est un sentiment qui nous rassemble. C’est comme boire un coup avec les collègues. C’est aussi tirer parti de ce qui rend nos proches heureux et nous fait évoluer. Le bon esprit, il voyage pour mieux rentrer chez lui, il est curieux et pluridimensionnel. Ce n’est pas nous, c’est eux, c’est vous, c’est ce pourquoi nous sommes fier. En clair, le bon esprit c’est une idée simple, c’est le partage, promouvoir le talent, le laisser s’exprimer sans se répéter. La rédaction est fièrs de vous et tient à ce que vous le sachiez. Ce n’est pas l’esprit saint, c’est le bon esprit.

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The ‘good spirit’ is evident. Even if it is displayed the good spirit itself is not the goal. In the end it’s a feeling which gathers people together. It’s like having a drink with your buddies. It also takes advantage of what makes our friends happy and makes us evolve. The Good Spirit travels to come home better, he is curious and multidimensional. It’s not us, it’s them, it’s you, it’s the things we are proud of. Clearly ‘the good spirit’ is a simple idea, it’s about sharing and promoting skills, to let it speak without repeating itself. The editorial staff is proud of you and wants you to know that. It’s not the Holy Spirit, It’s the Good Spirit.



P.A. TREUST......p6 RONA BINAY...........p14 BUCAREST.......p24 DISCUSSION..........p36 OURS.......p42


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Pierre-Alexandre


Pierre-Alexandre Treust COCHON ET ARCHITECTURE PEUVENT FAIRE BON MÉNAGE. C’EST CE QUE NOUS MONTRE AUJOURD’HUI PIERRE-ALEXANDRE AVEC SON PROJET DE DIPLÔME QU’IL VIENT DE PASSER À L’ECOLE SPÉCIALE D’ARCHITECTURE DE PARIS. OU COMMENT PARLER DU PROBLÈME DE L’ÉLEVAGE PORCIN AVEC UN ESPACE OUVERT AU PUBLIC ? PIG AND ARCHITECTURE CAN BE COMPATIBLE. IT’S THAT SHOWS US PIERREALEXANDRE WITH HIS DIPLOMA PROJECT WHICH HE HAS JUST PRESENT AT THE ECOLE D’ARCHITECTURE DE PARIS OF PARIS. OR HOW SPEAK ABOUT THE PROBLEM OF THE PIG BREEDING WITH AN OPEN SPACE FOR THE PUBLIC ? BE: «Monsieur l’architecte», alors ça fait quoi d’avoir reçu ce titre ? PA: Je ne réalise pas trop, c’est étrange, c’est une étape. Je le vois comme un tremplin, je ne prends pas la grosse tête. Ça va me servir à continuer ce que j’ai pu entreprendre lors de mon diplôme et c’est une validation. Après, effectivement, il y a une certaine part de notoriété, quand tu parles aux gens et que tu dis que tu es architecte, ils t’écoutent en fait ; c’est un peu con mais c’est comme ça que l’on résonne en France. Les idées que j’avais avant d’obtenir mon diplôme sont les mêmes sauf que, désormais, elles sont écoutées.

BE: Mister Architect, how does it feel to finally get this degree ? PA: Actually, you don’t realise, it’s kind of weird but it’s just a first step. I see it like a springboard, I’m not getting big-headed. It will enable me to go on with the things I started during my studies and the degree is just the validation of my work. Beyond that, it’s true that there is an aspect of renown. When you’re talking to people and say that that you’re an architect, they do listen to you. This is a little bit stupid but it is how it works here in France. I basically have the same ideas than I had before I got my degree but now people really listen to it.

BE: A présent, peux-tu expliquer ton parcours aux lecteurs ? PA: J’ai eu un parcours scolaire difficile qui s’est terminé par un bac agro mais j’avais déjà l’idée d’être architecte. Mon cursus ne m’a pas forcément aidé mais j’ai persévéré. J’ai fait une prépa bâtiment que je n’ai pas terminée et qui m’a conduit, après avoir discuté avec des architectes, à passer le concours d’entrée à l’École Spéciale d’Architecture. Maintenant je suis diplômé DESA et j’en suis fier.

BE: Now could you introduce yourself and your path to the readers ? PA: It’s a tough school journey which ended by a baccalaureate (equivalent to A levels) in agronomics. Back then I was already thinking about becoming an architect. My school journey didn’t really help me but I persevered and I attended an intensive foundation degree in construction, which I didn’t even finish. But this led me -after talking with architects- to take the competitive exam of l’École Spéciale d’Architecture (Architecture Special School). Now I’m a DESA graduate and I’m proud of it.

BE: Avant de nous présenter concrètement ton projet, est-ce-que tu peux nous parler du chemin parcouru afin de décrocher ce diplôme ? PA: Deux ans avant, j’ai commencé avec un cours de préparation au diplôme qui m’a permis de sortir un sujet. Au début, j’étais parti sur l’architecture navale, ce qui n’a rien à voir, et sur un site en particulier ; la baie de Saint-Brieuc. Je me suis alors rendu compte que les trois quarts des marchandises qui arrivaient dans ce port étaient pour nourrir les cochons. Cette anecdote a créé en moi un déclic. Avec mon passé en bac agro et les différents stages que j’ai pu faire dans les abat-

BE: Before presenting us your project, can you talk about the process to reach this degree ? PA: The penultimate year I started with a preliminary course which helped me to materialise a subject. In the beginning I thought about naval architecture -which has nothing to see with my field- and one special site; Saint-Brieuc bay. Then I realised that three quarters of the merchandises which went through this port were designed to feed pigs. From this moment, things fell into place. With the credentials I got from my baccalaureate

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toirs, ça a réveillé des souvenirs, j’ai donc décidé de faire toute une étude sur la filière porcine. Ensuite, est arrivé le moment du mémoire lors de ma dernière année d’archi ; j’ai préféré l’étendre sur un an au lieu de six mois car c’était compliqué, ça ne parlait pas beaucoup d’architecture au début. J’ai fait des aller-retour sur les centres commerciaux, les zones de stockage et tout ce qui pouvait avoir un lien avec l’industrie porcine. Ce sont des univers clos à la lumière régulée et climatisés. Mon mémoire m’a donc permis de faire un état des lieux de ces élevages et abatages en France. J’ai pu ainsi envisager un nouveau système d’élevage et d’abatage porcin.

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BE: Désormais peux-tu nous présenter ce projet qui vient répondre à ton mémoire ? PA: Le projet que j’ai développé s’appuie sur des points importants de mon mémoire : le nombre de transports entre les différents lieux d’élevage, d’engraissement et les abattoirs. En gros, le cochon fait plus de 6000km et tout ce déplacement est régi par un système de traiding qui fait que tel morceau de viande va être engraissé dans tel endroit et abattu dans tel endroit car, à un moment donné, le coup économique est moindre. Il y avait aussi le ressenti des éleveurs qui étaient déçus de voir leur animal atterrir à des milliers de kilomètres. Du coup, mon projet consiste à concentrer dans un même lieu l’espace de reproduction, l’élevage, l’engraissement, l’abatage et je pousse ce concept encore plus loin en choisissant de créer un lieu de consommation, un restaurant, ainsi qu’un lieu de vente directe des produits créés sur place. Je voulais que le projet apporte une certaine transparence à une filière qui touche la plupart des gens ; si l’on fait les choses bien, nous n’avons pas besoin de les cacher. L’homme ne fait plus le rapport entre le morceau de viande dans son assiette et l’animal. Ainsi, les gens peuvent venir se balader dans mon projet et découvrir le processus de fabrication de la viande mais s’ils souhaitent seulement voir les cochons vivants, évidemment ils le peuvent aussi. Je ne voulais pas non plus tomber dans un projet bucolique et enfantin malgré un petit coté naïf avec les différents objets de l’industrie que j’ai utilisés ; l’utilisation de la trame est, par exemple, entrée en jeu. BE: Et où se trouve exactement ce projet ? PA: Le site que j’ai choisi dans un premier temps, suite à l’analyse du port de la baie de Saint-Brieuc (dans les Côtes-d’Armor : un des départements français les plus denses en élevage porcin), se trouvait en mer afin d’être à la vue de tous dans le paysage maritime. A ce stade, c’était un peu un projet utopique. Je voulais assumer cette production. Par la suite, mon idée a évolué grâce à ma recherche sur ces plates-formes et les nouveaux centres commerciaux qui naissent un peu partout en France à proximité des différents réseaux ferroviaires, autoroutiers et fluviaux (la trimodalité). Étant donné qu’en France on a cette manie de tout centraliser, tout doit être à proximité de la capitale (Paris) ; j’ai donc choisi de m’implanter en Beauce, dans le département de l’Eure et Loire. Le site se situe à 100km de Paris, la parcelle se trouve, elle, sur la commune d’Allaines qui possède un péage autoroutier ce qui favorise les échanges, c’est une des dernières barrières de péage à n’être que très peu urbanisée en Beauce.

in agronomics and the different training courses I did in abattoirs, I decided to make a study of the whole swine industry. Next, -during my last year of architecturecame the moment of the essay. I preferred extending it on the entire year rather than only six months because it was a bit complicated and it didn’t deal with architecture at first. I went back and forth between malls, storage zones and everything connected with swine industry. These are enclosed places, without any light and air conditioned. My essay allowed me to make an assessment on those farms and slaughters in France. This way I was able to consider a new system of swine livestock farming and slaughtering. BE: For now on, could you introduce us this project which echoes to your essay ? PA: The project I developed is based on major points of my essay: first, the number of means of transport between farms, fattening places and slaughterhouses. Roughly said, the pig covers about 6000 kilometers and all these moves are determined by a trading system. Indeed, each piece of meat has to be fattened and slaughtered here or there because at some point, the economic cost would be lower. There was also the breeders’ feeling. They were really disappointed to see their animals end up thousands of kilometers away. So my project consists of gathering in a same place the spaces of reproduction, pig farming, fattening and slaughtering. I even go a little bit further with the concept by choosing to create a consuming place, a restaurant and a place for direct selling of the product made on site. I wanted the project to give some transparency to a sector concerning most of people. If things are made properly, you don’t have to hide it. People don’t establish a link between the piece of meat in their plate and the animal anymore. This way people can come and take a walk through my project and discover the whole making process of the meat. Of course if they only want to see the living pigs they can also ! I didn’t want to go too far into a bucolic and childish project neither, despite a certain naive approach on the different instruments of the industry I used. For example the use of the architectural layout (module grid) came into play. BE: And where is this project located exactly ? PA: The site I first chose, following the analysis of St. Brieuc’s bay port (in the « Côtes d’Armor » one of the most dense french departments regarding pig farming) was located at sea in order to be seen from all the maritime landscape. At this stage it was a kind of utopian project and I wanted to take on this production. Then my idea evolved thanks to my researches on those platforms and new shopping centres opening pretty much everywhere in France, nearby rail, highway and river networks (tri-modal design). Given that in France we have the obsession to centralise, everything has to be close to the capital city (Paris). So I finally decided to establish myself in Beauce, in the french department « Eure-et-Loir ». The site is located 100 kilometers away from Paris. The plot is situated in Allaines’ municipality more precisely. Allaines has a toll gate which makes trading easier. Moreover this toll gate is one of the last in Beauce to be so little urbanised.


Vue interieur

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Vue du projet dans le paysage


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Axonométrie de l’abattoir

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BE: Would you have liked having more time to work on it ? PA: In architecture we have a nasty tendency to get everything done at the last minute: the more you have time, the more you spend. But it was really important for me to end it, to put it behind me. Because I see this project like the first step of a work that must go on. I would have liked to have more time but I’m glad I had that deadline. Because today, this allows me to detach myself and to talk about it to different persons, in order to make the project evolve. BE: If you could, would you build this project ? PA: Yes I would ! Maybe a bit differently. But if it was for a competitive exam, there would be a plethora of different projects. And to my mind, they all would be great. This is my own interpretation of the subject. It could be built by keeping going with back and forth trips between farmers, consumers and all people involved in the process. BE: Tu aurais aimé avoir plus de temps pour pouvoir travailler dessus ? PA: En architecture, on a la fâcheuse tendance à tout faire un peu à la dernière minute : plus on a de temps, plus on en prend. Mais il était important pour moi de terminer afin de clôturer cette étape car ce projet je le vois comme une première ébauche d’un travail qui doit continuer. J’aurais aimé avoir plus de temps mais je suis tout de même satisfait d’avoir eu cette date butoir. Ça me permet aujourd’hui de prendre un peu de recul et de discuter avec différents interlocuteurs pour continuer à faire évoluer ce projet. BE: Si tu le pouvais, tu construirais ce projet ? PA: Oui ! Peut-être un peu différemment. Mais si c’était dans le cadre d’un concours, il y aurait une multitude de projets différents et ils seraient tous, à mon avis, très riches, c’est mon interprétation. Il pourrait être construit en continuant à faire des aller-retour entre les différents acteurs : éleveurs, consommateurs etc. BE: Et toi, tu préfères quoi dans le cochon ? PA: Le filet mignon (rire). Ou des bonnes côtelettes bien grasses car un bon cochon c’est un cochon gras. Et ça c’est l’image que la population a, les aliments ne doivent pas être gras mais à la base c’est une viande grasse et c’est ce qui fait sa qualité. Si elle ne l’est pas, c’est qu’elle a de la teneur en eau. Plus il est gras, mieux c’est.

BE: And.. What is the part of the pork you prefer ? PA: The filet mignon (laughs) ! Or good fatty pork chops, because a good pork is a fat one ! People think that food and meat shouldn’t be fat but pork’s meat is originally fat and this is what makes its quality. If it’s not fat, well it means that it has high water content. The more fatty it is, best it is ! BE: Your second passion in life is motorcycling, what’s your favorite model ? PA: BMW because it’s faithful and relentless. Moreover there’s a strong quality image because it’s german and 11 there’s an aspect of rigour. It’s funny given that you can also find the same rigour in those german farms. BE: And if you had to compare those BMW with an architecture project, what would it be ? PA: (Gap) Maybe a cathedral because you can find the same mechanism. Some quite basic stuff combined with a big amount of engineering. This is the reason why those models are perennial and keep evolving. Furthermore the BMWs are extremely avant-garde compared to Japanese motorcycles. I know it doesn’t please everyone. But the cathedrals imposed themselves to our panorama. They haven’t always been appreciated but now we admire them. At the time they were built it represented real engineering prowess. Gothic cathedrals of course. BE: Now, what’s the « Bon Esprit » for you ? PA: It’s open-mindedness, listening, sharing.

«Plus il est gras mieux c’est» P.A.

BE: To finish, is there anybody you could introduce us ? PA: I actually have plenty of ideas coming to my mind right now. But your magazine is young so I think that it would be really interesting to interview someone who’s got experience and a completely different view. Then you could question him and find out what he thinks about a project such as yours. I would have suggested Gilles Ebersolt. He is an architect/inventor and was a member of my jury. Plus he’s a very rich person on every point view.


BE: Ta deuxième passion c’est la moto, c’est quoi ton modèle préféré ? PA: C’est BMW car c’est fidèle et increvable. En plus de ça, il y a une image de qualité car c’est allemand et il y a la rigueur. C’est drôle car on retrouve cette même rigueur dans les élevages allemands. BE: Et ces BMW si tu devais les comparer à un projet d’architecture ? PA: (Gros silence) Peut-être à une cathédrale car on retrouve la même mécanique. Des choses assez simples mais une part d’ingénierie qui a fait que ce modèle est pérenne dans le temps et qu’il continue à évoluer. En plus, ces BMW sont tout de même avant-gardistes comparées aux japonaises, ça ne plaît pas à tout le monde. Ces cathédrales sont imposées dans le paysage, elles n’ont pas toujours étaient appréciées mais maintenant on les admire. Au moment où elles ont étaient construites, c’était des prouesses d’ingénierie. Les cathédrales gothiques, évidemment. BE: Et maintenant, c’est quoi le Bon Esprit pour toi ? PA: C’est l’ouverture, l’écoute et l’échange. 12

BE: Pour terminer, as-tu quelqu’un à nous présenter ? PA: Votre magazine est jeune, il y a pleins de choses qui sortent mais je pense que ça pourrait être intéressant d’interroger quelqu’un qui a de l’expérience ainsi qu’une vision tout autre des choses et de le questionner sur son regard sur un projet comme celui-ci. Pour ma part, j’aurais proposé un membre de mon jury, Gilles Ebersolt, un architecte inventeur et une personne super riche.

Piscine


AxonomĂŠtrie du shop 1/200

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AxonomĂŠtrie du verrat


DENIZ, QUI N’EST PLUS À PRÉSENTER (#2,#3,#4), A VOULU NOUS PRÉSENTER UNE AMIE À ELLE QUI VIENT AUSSI DE TURQUIE MAIS QUI VIT À NEW YORK: RONA. JEUNE DESIGNER, RONA VIENT DE TERMINER SON ÉCOLE ET NOUS PRÉSENTE SES INCROYABLES TRAVAUX. DENIZ, WHOM YOU ALL KNOW (#2, #3, #4), WANTED TO PRESENT US A FRIEND OF HER WHO COMES ALSO FROM TURKEY BUT WHO LIVES IN NEW YORK: RONA. YOUNG DESIGNER, RONA HAS JUST ENDED HER SCHOOL AND PRESENTS US ITS INCREDIBLE WORKS. BE: Bonjour Rona, peux-tu rapidement te présenter et nous parler des moments importants de ta jeune carrière ? R: Salut, je suis Rona Binay. Je viens de Turquie, j’ai été diplômée à Ankara en Architecture d’intérieure et en Design. Après ça, je suis allée à Istanbul et j’ai travaillé dans la mode pendant un certain temps, puis je suis partie à New-York pour suivre mon master en conception de produit à la

BE: Hi Rona, could you quickly introduce yourself and talk to us about the important moments of your carrier? R: Hello, I am Rona Binay. I’m from Turkey, I graduated in Ankara from a bachelor’s degree in Interior Architecture and Environmental Design. After that I moved to Istanbul and worked in the fashion industry for a while, and then move to New York to pursue my Masters degree in Product Design at the

School of Visual Arts. J’en suis diplômée depuis mai dernier, et à présent je travaille en tant que designer graphique dans un studio multidisciplinaire : Pentagram. Donc, je suis seulement au début de ma carrière je pense (rires).

School of Visual Arts. I just graduated this year, in May 2014, and now I’m working as a graphic designer in a multi-disciplinary studio called Pentagram. So I’m only in the beginning phase of my carrier I guess (laughs).

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BE: Pourquoi as-tu choisi les USA et, plus précisément, New-York ? R: Je pense que la réponse la plus évidente est que je suis née à Washington, donc j’ai la nationalité américaine et je n’ai pas à me soucier des problèmes de visa, ce qui aurait été le cas en Europe. Ça aurait été alors encore plus compliqué de trouver du travail. Et évidemment, New-York présente beaucoup d’opportunités et d’espaces créatifs, puis j’étais particulièrement intéressée par la School of Visual Arts. J’ai démarré par une période d’initiation à l’illustration avant de commencer à apprendre le design de produit, donc l’école et son environnement m’étaient déjà assez familiers.

BE: Why did you choose the USA and more precisely why New York? R: Actually I guess the easy answer is that I was born in Washington DC, so I have the citizenship and I don’t need to worry about any visa problems, which wouldn’t have been the case in Europe. Trying to find a job would have become a challenge there. New York has a lot of opportunities and creative areas, and I was specially interested in the School of Visual Arts. I did there a residency for Illustration before I started studying Product Design, so I was quite familiar with the school and the environment.


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Rona


Cut

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BE: D’où tires-tu ton approche pluridisciplinaire, aussi bien par rapport à tes compétences qu’au sujet sur lequel tu as choisi de travailler ? R: Au lycée, j’ai d’abord suivi une filière scientifique et, durant mes études de design d’intérieur, cet aspect m’a réellement manqué. Du coup, dans mes projets, j’ai toujours essayé d’intégrer une part de recherche scientifique ou au moins des références à la nature ou à l’astronomie. Après ma licence, je souhaitais vraiment explorer plus de domaines et, à cette période-là, j’étais davantage intéressée par l’illustration. J’avais toujours réalisé des illustrations personnelles mais je n’avais jamais dévoilé ce que je faisais à quiconque. Du coup, quand j’ai postulé pour la période d’initiation à New-York et étais acceptée, ce fut une opportunité pour enfin présenter mon travail à des personnes intéressées, comme le directeur artistique de Penguin Publishing. C’était quelque chose d’assez énorme pour moi. Je suis vraiment intéressée par le fait de sortir de ma zone de confort car je suis curieuse de la manière dont les choses se font. J’ai toujours pensé que tes compétences viennent d’elles-mêmes quand tu es curieuse, que ce soit au sujet d’un programme informatique ou autres chose. Je pense que si l’on est curieux, l’apprentissage ne devient plus une corvée. Pour moi, le design, d’une manière générale, est une combinaison de beaucoup de choses. Quand tu fais du design de produit, tu dois penser à sa représentation, ce n’est pas uniquement fonctionnel. Tu dois penser à la beauté et l’esthétique. Ensuite, vient la partie graphique: la couleur, son ordre et ses règles… Je pense que tout fait sens ensemble. Je ne vois pas ça d’une manière hétérogène.

BE: À présent, pour ce qui est de ta carrière, penses-tu qu’expérimenter reste un atout pour toi ou est-ce que tu préférerais te spécialiser dans un domaine précis ? R: C’est une grande question pour moi aussi car dans ma tête je me dis tout le temps : « Ok Rona, il faut que tu te concentres sur quelque chose et que tu partes là-dessus », mais quand je prends un peu de recul, je vois que beaucoup de choses sont connectées à un même point. L’expérimentation est essentielle à ce que je suis en tant que designer donc j’espère vraiment ne pas la perdre, c’est quelque chose que je souhaite vraiment conserver tout au long de ma carrière. Et en fait, je crois que le fait d’être impliqué dans pleins de choses dans des domaines divers, d’une certaine manière, te spécialise car tu commences à voir quel genre de projet tu aimes le plus, ou quel type d’approche tu peux prendre afin de rendre ton processus de travail plus efficace ou plus personnel. BE: Comme toi, j’essaye de m’impliquer dans des projets de domaines différents, mais je trouve ça souvent problématique lors d’une recherche pour un stage ou un travail car mon CV ressemble ni tout à fait à celui d’un architecte, ni exactement à celui d’un designer. De ton côté, est-ce que tu vois ça comme un avantage ou un désavantage ? R: Je suis d’accord, je pense que c’est un gros désavantage quand tu essayes de trouver un travail à plein temps. C’est ce que j’ai pu constater, les gens cherchent à recruter pour un poste avec un titre précis, tel que User Experience Designer qui est spécialisé dans le design d’applications pour smartphone et sites internet, ou Design


Adidas All Originals

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BE: Where does your multidisciplinary approach come from, whether it be regarding your skills or the subjects that you choose to work on? R: In high school, I actually started with a science degree, and during my Interior Design studies I really missed that science part so in my projects I always try to integrate scientific researches or some references from nature or astronomy. After my Bachelors degree, I knew that I wanted to explore more fields and at that time I was interested in illustration. I always did illustration for myself and I didn’t really show what I draw to many people. So when I applied for a residency in New York and was accepted it was an opportunity to actually show my work to great people here, like the Art Director of Penguin Publishing which was a huge thing for me. I’m really interested in getting outside of my comfort zone because I’m really curious about how things are made, and I thing skill just comes as a supporting thing when you are curious about something. Whether it be a computer program or anything else. I think in order to get that technical skill, you need to have the curiosity first so that the time on learning doesn’t become a burden. I think that Design in the general sense is a combination of many things. When you are doing Product Design, you need to think of the visualisation, it’s not only the function. You have to think of the beauty and the aesthetic. So there comes the graphic design part of it: the colours, and the order, and the rules… I think everything actually makes sense together. I don’t really see it like many different things.

BE: At this point of your carrier, do you think that experimenting is still an aim for you, or would you like to specialise in a certain domain at some point? R: That’s a big question for myself too because in my mind I always say ‘Okay Rona you need to focus on something and just go with something’, but when I look at it from the outer shell, I see that there are so many things that are connected to one things. I guess that’s where the experimentation comes from. The experimentation is the core part of who I am as a designer so I really hope that I won’t lose it. That’s something that I hope that I will carry on in my carrier. And I actually believe that being involved in many things in different areas makes you specialised in some way because you start to see what kind of projects you like the most, or what kind of approaches you could take would make the process faster, or more personal. BE: I am trying to be involved in projects in many domains, just like you, but I sometimes find it problematic when I am applying for an internship or a job because my CV is neither that of an architect, nor of a designer. Do you see this as an advantage or can it be a disadvantage sometimes? R: Yes I agree, I guess it can be a big disadvantage when you are trying to find a full-time job. That’s what I have been experiencing, because there are the titles that you need to have, like a User Experience Designer who would specialise in design for smartphone applications or websites, or like Design Strategist, or Product Designer. When I graduated that was the most frightening


miner pour mai 2015. Mais je ne sais pas comment mouler, vu je n’ai jamais travaillé cette technique d’une autre façon qu’avec du savon. Du coup, je reviens à notre conversation sur le fait d’être curieux sur des disciplines diverses. Ça me pousse à rencontrer des gens qui ont des capacités différentes ; j’ai des amis qui ont de réels antécédents là-dedans et, par conséquent, sont très bons avec le moulage, je compte travailler avec eux pour m’aider à terminer ce projet. Je fais de nombreuses collaborations, ce que j’apprécie vraiment.

The Cornhole Project

Strategist, ou encore Product designer. Quand j’ai été diplômée, c’était la partie la plus flippante pour moi car, dans un travail à plein temps, tu passes 10 heures de ta journée à faire ce que l’on te demande de faire. Et je crains vraiment ces titres parce que je ne peux rentrer dans aucune de ces propositions. On me disait à des entretiens que j’allai m’ennuyer avec ce boulot car j’avais d’autres capacités que je n’allai pas pouvoir exploiter. Par contre, j’ai été assez 18chanceuse d’avoir pu toujours travailler durant mes études. J’ai bossé pour la designer Ana Kras, le graphic designer Benjamin Critton et un designer stratégique. Ces expériences m’ont permis de rencontrer différents domaines avec des professionnels et j’ai eu la chance de beaucoup apprendre avec eux. Lorsque j’ai été diplômée, j’ai vu un discours de Natasha Jen, qui est l’associée à Pentagram avec qui je travaille, où elle mentionnait la force d’avoir une approche pluridisciplinaire pour un designer. Je lui ai tout de suite envoyé mon portfolio et elle m’a recontactée dans les deux jours qui ont suivi. J’ai eu beaucoup de chance de trouver quelqu’un qui apprécie cette ouverture. Je pense qu’il y a des personnes à qui cette pluridisciplinarité plaît, mais qu’il y a aussi des agences et des jobs qui te veulent pour une certaine compétence. Pour résumer, je comprends très bien ce que tu veux dire (rires). Aussi, bien que je travaille à plein temps, je continue de pratiquer en freelance ce qui me permet de travailler également sur mes propres projets pendant le week-end. BE: Parlons de tes projets justement. Y en a-t-il un qui t’importe plus que les autres ou que tu trouves plus abouti ? R: J’essaye depuis longtemps de faire des lampes, ou une série de produits faits à partir de béton et de métal mais d’une manière simple et élégante. Cela fait un moment que je fais des dessins mais je pense que, quand c’est un projet personnel, c’est plus difficile pour moi de décider comment débuter et continuer parfaitement. Ainsi ce projet est mon plus gros challenge : ma propre série d’objets que j’espère ter-

BE: As-tu un message politique à travers tes œuvres et, si c’est le cas, de quelle manière ? R: Je ne pense pas que le design puisse s’attacher uniquement à la surface des choses, je suis donc intéressée par la culture underground. Une des séries de photos que j’ai faites, et dont j’étais vraiment fière, a été celle réalisée lorsque j’ai eu l’opportunité d’aller dans une usine de recyclage à Istanbul avec des étudiants en architecture. Je ne savais pas que dans cette usine il y avait des gens qui triaient des choses de leurs propres mains. Je les ai photographiés, j’ai gagné un prix à Londres qui m’a permis d’être exposée et d’être en couverture d’un magazine basé à Istanbul. Et sinon, à New-York, il y a un magazine qui s’appelle Banksheet qui parle en général de la hack culture, de la manière dont les gens utilisent le design et les produits qu’ils trouvent autour d’eux afin qu’ils leur bénéficient. Je me suis rapprochée d’eux pour leur réaliser des illustrations, et actuellement je contribue à plusieurs publications avec mes dessins. Je n’irai pas jusqu’à dire que mon travail est politique, mais j’essaye toujours d’explorer ce genre de sujet. Me lancer dans un projet pro-bono est d’ailleurs un de mes buts et pourrait faire partie des éléments importants si je lance mon studio. Je veux essayer de regarder les choses de manière différente.


part for me because in a full-time job you spend 10 hours of your day doing what you are required to, and I feared those titles very much because I couldn’t fit in any of those propositions. I was actually said that I would be bored with a job because I had other skills that I wasn’t going to be able to use. I was lucky enough to have been to always work during my studies. I worked for the designer Ana Kras, the graphic designer Benjamin Critton and a design strategist, so I experienced different fields with professionals and I had the chance to learn a lot from them. When I graduated I saw a talk of Natasha Jen, who is the partner at Pentagram that I’m working with, where she mentioned a lot the power of having a multi-disciplinary approach for a designer. So I e-mailed her my portfolio and she got back to me in 2 days. I was lucky to find a person who appreciates this kind of variety. So I think that there are people who appreciate multidisciplinary, but there are also studios and jobs that still wants you to have a certain title. So I know what you mean (laughs). But even though I’m working fulltime I continue to have freelance jobs, so I also have my own projects that I pursue during the weekend. BE: Talking about projects, is there one that matter to you more then the others or that you find more torough? R: I have been trying to do a lamp for a long time, or a series of products that are made of concrete and steel but in a simple and elegant way. I have been doing sketches for a while but I think when it is a personal project, it’s harder for me to decide how to start and continue perfectly. So this project is the biggest challenge for me: my personal product series project that I would hope to finish by May 2015. But again, in this case, I don’t know how to mould, I never had a moulding experience other than moulding soap.

PIX for Protests

Illustration for Makeshift Magazine

So actually being curious about different areas gets you to meet other people with skills, I have friends who have a ceramic background and are really good at moulding so I will be working with them to help me to execute the project. I do lots of collaborations, which I really enjoy. 19 BE: Do you address political issues in your work, and if you do how so? R: I don’t believe that Design only stays at the surface, so I’m also interested in the underground cultures. One of the photographic series that I did and that I was really excited about was when I managed to get into the recycling factory in Istanbul with architecture students. I never knew that in the factory there were people sorting things out only by hand. I photographed them and I’ve actually won an award in London and the series was exhibited, and became the cover of an Istanbul-based magazine. In NY, there is a magazine called Banksheet which is mostly about wish tell stories about the hack culture, how people use design and the products that they found around themselves for their benefits. So I approached them for doing illustrational work, and in the actual issue I contributed with my illustrations for several stories. So I guess that I wouldn’t go as far as saying that my works are political, but I always try explore these kinds of subjects. Having a pro-bono project is in my goals for my future and could be part of my business strategy if I have a studio. I can be a different way to look at things. BE: Do you think of going back to Turkey at some point to work? R: Istanbul is my favorite city of all time, I love it, and I love living there. Right now, as a fresh graduate, I feel like New York has more to offer from Istanbul. Even though Istanbul has an amazing underground


BE: Penses-tu un jour retourner en Turquie pour travailler ? R: Istanbul est vraiment ma ville préférée, je l’adore, et j’adore y vivre. Aujourd’hui, en tant que jeune diplômée, je pense que New-York a plus à me proposer. Cependant, Istanbul a tout de même une scène artistique underground assez importante, il y a beaucoup de très bons magazines qui se créent et la scène musicale est florissante. Mais la partie plus commerciale du design, celle qui peut éventuellement te permettre d’en vivre, reste assez limitée comparée à New-York. J’essaye de faire ça avant de retourner à Istanbul, mais c’est sûr que j’y reviendrai ! BE: Et as-tu des projets à long terme ? R: Je souhaite avoir mon propre studio mais pas tout de suite. Peut-être dans 2 ans ou plus. Aussi trouver un partenaire pour mon studio qui serait plus à l’aise avec la partie commerciale de l’agence. Je ne suis pas mauvaise en relation avec le client mais je reste tout de même plus une personne concernée par la création que quelqu’un d’extravertie donc ça reste un défi. Et évidemment New York coûte très cher, je partage mon logement avec mes deux colocs que j’adore, mais j’aimerais à terme avoir mon propre espace pour vivre où je pourrais travailler en l’utilisant comme studio. BE: Quelles sont les choses que New-York a et que tu penses ne trouver nulle part ailleurs ? R: Le côté multiculturel est la chose qui m’impressionne le plus. Des fois, je me retrouve dans un groupe dans lequel personne ne vient du même pays, ce que je pense être très bien car tout le monde a quelque chose à partager. Cela se retrouve aussi dans la nourriture et dans la multitude de choses que tu peux faire. Chinatown est l’endroit où je préfère aller en ce moment, ou bien quand tu vas dans le nord du Queens il y a aussi une culture très différente, ou encore la partie sud avec tous les petits restaurants russes. J’adore le fait qu’il y ait pleins de communautés à New-York. Et évidemment, le design et l’art occupent une place très importante ici. Il y a des vernissages tous les jours.

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Sunset in Arizona

BE: Qu’est ce que le Bon Esprit t’inspire ? R: La première chose qui me vient à l’esprit est un pamplemousse (rires). Du café et un pamplemousse ! BE: Dernière question : qui aimerais-tu présenter au magazine pour une probable prochaine publication ? R: L’illustratrice serbe Ena Jurov fait un super boulot, j’adore ses illustrations. Et aussi Misha Kahn, qui est installé à Brooklyn, c’est un designer très prometteur. Son travail est super. Et Richard Clarkson, un designer alliant le fun et la technologie dans ses objets, c’est très cool.


art and design scene, there are so many good magazines that are coming up and the music scene is really flourishing. But the more commercial part of design and creativity, where you make money to live, is still limited compared to New York. I am trying to make it here before I go back to Istanbul, but I will one day! BE: What are you long term projects? R: I would obviously like to have my own studio, but not right now. Maybe in 2 years or so. I would say finding a partner for my future studio, who would be more comfortable with the business part of it. I’m good with client I think, but I’m more of a maker than being an extrovert so that’s a part that is challenging for me. And of course New York is really expensive, and I’ve being sharing my home with my two roommates that I love but I would like to have my own place where I could do my work and use it as a studio. BE: What special thing has NYC that you don’t think you would find anywhere else in the world? R: Its multi-culturality is the thing that strikes me the most. Sometimes I’m in a group of people where none of them are from the same country, which I think that it is great because everybody has something to share. This also reflects to food and to the things that you can do, which are so various. Chinatown is actually one of my favorite places to go, or when you go to the uptown of Queens there is also a very culturally different part, or the down part with all these little Russian restaurants. I love that there are so many communities in New York. And of course, the city is so rich when it comes to design and art. There are gallery openings every day.

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BE: What does Bon Esprit evoke to you? R: The first thing that comes to my mind is grapefruits (laughs). Coffee and grapefruits. BE: Last question, who would you recommend us to do a feature on in the next issue of our magazine? R: The serbian illustrator Ena Jurov does a really nice job, I love her illustrations. And also, Misha Kahn, who is based in Brooklyn and who is an up and coming designer. His works are really great. And Richard Clarckson is a product designer bringing fun and technology together, which I think is really nice. http://www.ronabinay.com http://ronatv.tumblr.com

Sunset in Arizona


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Garbage of Istanbul


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Garbage of Istanbul


BUCAREST 24

Deniz Basman


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https://www.flickr.com/photos/girlandthesea/


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(Discussion) Musique & Cuisine Par Ruben Henry et Morgan Lacroix


Il ne porte pas de lunettes Traction Production, il n’est pas chauve non plus mais ses propos résonnent à mes oreilles comme ceux d’un Jean-Pierre Coffe de la musique. Difficile de dire s’il aime plus cette dernière que la cuisine mais peu importe, la question est subsidiaire. Il nous parle de l’un et de l’autre. Ce qu’on expérimente dans cet article avec Ruben, ce sont les corrélations entre deux passions qui lui sont chères. Chez BON ESPRIT ce qui a chatouillé notre curiosité et nous a mis l’eau à la bouche, c’est cet article (voir ci-dessous) que Ruben a publié sur Tumblr fin août/début septembre, soit un peu plus d’un mois après qu’il soit rentré d’un voyage de 12 mois en Amérique Latine. « C’est reparti. On rentre dans une nouvelle phase, une nouvelle marche en avant -si possible. Il s’est passé un mois depuis le retour d’un voyage fou, où il a fallu laisser tomber entre autres mes études pour aller à la rencontre du continent, d’autrui. Rencontrer le vide américain pour se remplir au possible. Le partage n’est que trop souvent dans la bouche des néo-practiciens de la méditation qui en sort dénué de sens ; en quittant mon premier objectif estudiantin, je me suis mis en tête de le toucher, l’écouter, et le cuisiner. Parti pour rencontrer et me focaliser sur ce qui me passionnait vraiment, ce qui, je l’espère, guidera mes pas et mes choix après cette expérience, me voilà fort d’une énergie sans égal, et d’une rasade de folie qui me jouera sans doute des tours. Je me lance donc dans l’objectif de concilier mes deux passions, musique électronique et gastronomie. J’utilise alors cette plate-forme déjà sur les rails pour foncer tête baissée vers un rapprochement sans doute compliqué, encore brut. Et qui saura surtout, j’y compte bien, en toucher certains. Allez, à table » Ruben Henry via sansdormir.tumblr.com He does not wear glasses Traction Production, he is not bald either, but his words, to my ears, sound like the ones of a Jean Pierre Coffe musician. Difficult to say if he likes music more than food, but it does not matter, the question is irrelevant. He talks about both. What we experiment with Ruben, in this article, is the correlation between two passions that matter so much to him. At Bon Esprit what tickled our curiosity and made our mouth water, is the article (see hereunder) that Ruben published on Tumblr by the end of August/beginning of September, that is to say a little more than a month after he returned from a 12 months trip in Latin America. “ Here we go again. We are entering a new phase, a new move forward - if possible. A month has gone by since my return from a crazy trip, when I came to ditch, among other things, my education to meet a continent, other people. Meeting the American emptiness to fill oneself as much as possible. Sharing is a word too often mouthed by those neo meditation practitioners and it is meaningless. When I left behind my first goal as a student, I decided to touch it, listen to it and cook it. Gone away to find and focalize on what really fascinated me, which will, I hope, direct my steps and my choices after that experience, here I am with a wealth of unequalled energy, and a glassful of madness that will probably play tricks on me. So I now aim to reconcile my two passions, electronic music and gastronomy. I am hence using this platform already on track to rush headlong towards a merger probably complicated, still rough. And that will be able; I hope so, to move some people. Come on, let’s eat. ”

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Notre plaidoyer à Ruben et moi-même s’appuie sur une notion qui, bien que définie rapidement et vaguement au cours de notre premier entretien, donne à la fois le ton et du sens aux propos qui seront abordés par la suite ; c’est la notion de contexte. Sans avoir été rapporté dans ses termes exacts, il m’apparaît clair qu’aux yeux de Ruben être passionné de quelque chose c’est avant tout avoir le désir ardent de s’intéresser à tous les aspects qui font que cette chose est telle qu’elle est. En d’autres termes, pour comprendre l’objet d’une passion il faut être à même de s’intéresser de près au contexte qui a donné vie à cet objet ou qui contribue à son évolution. Cette idée est fondamentale dans le domaine de l’Histoire notamment, et ce n’est pas un hasard donc si Ruben reprend à son compte cette gymnastique car c’est bien l’Histoire qu’il étudiait avant de se consacrer pleinement à la cuisine. Ainsi, on s’est attardé quelque peu sur l’expression «qui sait attendre sait manger» pour en déduire qu’il en était de même pour l’écoute. Il faut admettre qu’une bonne expérience sonore est subordonnée à de bonnes conditions. Que ce soit à court ou à long terme, le temps, allant de pair avec le contexte qui l’accompagne, joue un rôle significatif en cuisine comme en musique. Au moment de l’écoute, les conditions dans lesquelles on se trouve ont une influence sur notre capacité à recevoir la musique. Pareillement au fil des courants musicaux, c’est le contexte qui permet de comprendre le pourquoi de la musique. Concernant les expériences culinaires, il va de soi que le cadre est déterminant en ce qui concerne la qualité de la dégustation, de même pour une cuisine et son cuisinier. 38Mais avant d’aller plus avant dans cette réflexion, attardons-nous un instant sur la manière dont elle a émergé. Comme je vous le disais, c’est environ un mois après son retour de voyage que Ruben a publié l’article qui a attiré mon attention. Un mois c’est donc le temps qu’il lui a fallu pour s’exprimer à la fois publiquement mais aussi virtuellement sur le cap qu’il a décidé de suivre suite à son séjour en Amérique Latine. Il a passé un an là-bas et a vécu beaucoup d’expériences. La plus significative et anecdotique pour nous, c’est cette période où il s’est autorisé à vivre de sa cuisine en proposant, de maison en maison, des services culinaires en échange du logis. Il m’en parle comme si lui-même n’en revenait pas vraiment. D’une manière générale, son témoignage au sujet de son expérience en Argentine et dans les pays voisins rend à la fois compte d’une prise de conscience personnelle mais aussi d’une reconnaissance de l’autre comme source d’énergie créatrice. Résultat, il en reviendra conforté dans l’idée que le couple musique/cuisine est porteur de belles choses. Et parce que je le crois et que je soutiens son initiative, nous vous livrons un genre de laboratoire d’idées gravitant autour de cette question.

Ruben se définit comme faisant partie de ceux qui ont grandi en faisant passer la culture générale avant la culture tout court, la vraie. « C’est la différence entre connaître et savoir » me dit-il. Maintenant et à contrario (comprendre depuis son retour d’Amérique Latine), il revendique savoir deux choses : la musique et la cuisine parce qu’il sent ça en lui, ce sont ses passions plus que ses hobbys. Alors on s’interroge tous les deux sur ce que signifie vraiment écouter de la musique, faire de la musique, ce que déguster ou cuisiner un plat est réellement.

Our plea, as far as Ruben and myself are concerned, is based on a notion that, although quickly and vaguely defined during our first interview, both sets the tone and some meaning to the arguments that will be approached later on; it is the notion of context. Although it was not said exactly in these terms, it seems obvious to me that in Ruben’s view, having a passion for something mainly consists in the burning desire to show interest in every single aspect that make that thing such as it is. In other words, to understand the purpose of a passion, we must be able to take a close interest in the context that gave birth to this purpose or that contributes to its development. This idea is notably essential as far as History is concerned and it is not a coincidence if Ruben effects this exercise as he was an History student before he totally devoted himself in cooking. Hence we somewhat lingered on the expression “whoever is able to wait is able to eat”, and deducted that the same applied when it came to listening. We must admit that a good sound experience depends on good conditions. Whether on short or long term, time, together with the context that goes with it, plays a significant part as far as both cooking and music are concerned. When we are listening, the conditions we are in, have an influence on our capacity to receive music. In the same way, along the various musical trends, the context explains the reason behind the music. For cooking experiences it is obvious that the surroundings are crucial when it comes to the quality of tasting, and it is the same for the kitchen and the cook. Before pursuing this reflection any further, let’s linger a while on how it came up. As I said, it was about one month after he returned from his trip that Ruben published the article that attracted my attention. Hence a month is the time it took him to phrase both publicly and virtually the direction he had decided to follow after his trip in Latin America. He spent a year there and went through various experiences. The most meaningful and anecdotic for us, is the period when he lived on his cooking by going from house to house suggesting to exchange his culinary services against bed and breakfast. He talks about it as if he could not really believe it. Generally speaking, his account regarding his experience in Argentina and neighbouring countries conveys both a personal awareness and an acknowledgment of other people as roots for his creative energy. As a result, he will come back comforted in this idea that the couple music/fooding holds good things. And since I believe and suport his initiative, we deliver here a sort of laboratory of ideas revolving around this question. Ruben defines himself as someone who grew up giving priority to general knowledge rather than real culture. “It is the difference between knowing and learning» he says to me. Now and on the contrary (meaning since his return from Latin America), he claims he knows about 2 things: music and fooding because he has this feeling inside him, they are passions rather than hobbies. Hence we both wonder what it is really like to listen to music, make music, what it is really like to taste or cook a dish. The centerpiece in this game, as we previously said, is the context, and by paying attention to it we show a charac-


La pièce maîtresse dans cette partie, c’est le contexte, et y prêter attention c’est déjà avoir un état d’esprit singulier, une conscience vis-à-vis de ce que l’on fait. C’est lors du second entretient que m’est venue en tête cette question : « que penser de la musique que l’on qualifie de mauvaise qualité, ainsi que de la malbouffe ? », Et bien concernant la cuisine, il m’a dit clairement que la malbouffe était en quelque sorte intolérable dans la mesure où elle avait une incidence directe sur la santé du consommateur, tandis que la musique elle, bien que de mauvaise qualité, ne faisait de mal à personne. Cette réponse est fondamentale pour comprendre en quoi la musique et la cuisine sont différentes dans ce rapport à la personne qui les assimile. Les sens mobilisés sont pour l’une l’audition (voire la vision dans le cadre d’une performance) pour l’autre le goût (fréquemment l’odorat et le touché également). Les sens nobles liés à la musique en font quelque chose d’intellectuel tandis que la cuisine est ancrée dans le physique. Si ce constat les éloigne, nos expériences de l’une comme de l’autre sont similaires dans la manière que nous avons de les désirer. Abordons ça sous l’angle de l’envie ; dans la musique comme dans la nourriture, nos envies sont subites et intimement liées à nos expériences passées. C’est parce que ma dernière expérience de tel plat était formidable - comme ce concert auquel je suis allé - que je vais ce soir manger le même plat ou écouter l’album de cet artiste. Si de cette manière on était à même d’associer des envies culinaires avec des envies auditives, on serait en mesure de rendre la musique physique et la cuisine intellectuelle. Je parlais un peu plus haut d’une conscience de ce qu’on l’on fait et c’est ce dont on parle avec Ruben, c’est comme ça qu’on croise musique et gastronomie, J’apprends de lui ce que c’est que d’être passionné par ces deux domaines au point de vouloir les faire se rencontrer. Plus distinctement, je comprends que le rapport au corps prend une place importante en gastronomie et que pour s’y adonner il faut être prêt à embrasser tous les aspects de la cuisine, de la sélection des produits qu’on va utiliser à la dégustation. Ainsi se dessine des enjeux qui vont au-delà de la cuisine elle-même, des enjeux environnementaux et personnels. Ruben balance une image à la fois drôle et pleine de sens : « Si demain il y avait des types qui allaient manifester contre le dubstep ou la dnb, je n’y mettrais pas les pieds parce que les gens écoutent ce qu’ils veulent, en revanche protester contre les légumes transgéniques et les OGM, là j’adhère, parce que c’est une question de santé publique ». En parallèle, j’ouvrais une piste sur l’impact que peut avoir la musique sur notre statut social, ou comment la musique qu’on écoute détermine à quel groupe social on est appréhendable. Mais Ruben me rappelle que c’est encore une affaire d’a priori, qu’être amoureux de la musique c’est tenter de l’ouvrir au plus grand nombre et non pas l’associer à des catégories sociales ou la cantonner à un seul et même genre. Il souligne aussi l’intérêt de revenir au caractère matériel de la musique à l’heure où – pour le mieux – la musique tend à être de plus en plus virtuelle. Il est intéressant d’observer ce phénomène de retour vers des objets tels que le vinyle ou les composants d’un soundsystem pour renouer avec la matérialité de la musique, pour la rendre plus physique et peut-être aussi plus humaine.

teristic state of mind, a conscience towards what we do. It was during the second interview that this question came up: “How should we consider poor quality music or junk food?”. Well regarding food, he clearly answered that junk food was not acceptable since it had a direct effect on the consumer’s health, while music, although of poor quality, did not harm anyone. This answer is essential to understand how music and fooding are different in their relation to the person who digests them. The senses involved are the hearing for one (and even the sight when a performance is involved) and the taste for the other (and even the senses of smell and touch). The superior senses linked to music give it something intellectual while fooding has a physical connotation. If this statement estranges them, our expériences of both are similar in our way to want them. Let’s approach them from the point of view of desire; for music like for food our desire is sudden and linked to past experiences. It is because my last experience of that dish was great - like this concert I went to - that tonight I will eat that same dish or listen the album of this artist. If in the same way, we were able to associate food needs with acoustic needs, we would be able to make the music physical and the food intellectual. I was talking previously about the conscience of what we do, and this is what we talk about with Ruben, that the way we cross music and gastronomy, I am learning from him what it is like to have a passion for those two activities to such a point we want to make them meet. More clearly I understand that the connection to our body plays an important part when gastronomy is concerned, and that for this activity, we must be ready39 to cover all aspects of cooking, from selecting the products we are going to use for tasting. Hence the stakes that go beyond mere cooking take shape, both environmental and personal. Ruben flings an image fun and meaningful at the same time : “if tomorrow some guys went to protest against dubstep or dnb, I won’t follow because people listen what they want to, on the contrary if they protest against transgenic vegetable or GMO, I would join because it is a matter of public health.” At the same time I questioned the impact of music on our social status , or how the kind of music we listen to decides to which social group we belong. But Ruben reminds me that it is again a question of a priori, that being in love with music consists in trying to open it to the largest number of people, and not associating it to social categories or limiting it to one and only kind. He also underlines the interest of considering the material nature of music at a time when - at the best - music tends to be more and more virtual. It is interesting to observe this phenomenom, the resurgence of objects such as vinyl records or the components of a soundsystem to revive the materiality of music, to make it more physical and also maybe more human. There is this phenomenon that happened with the digital revolution wherein sharing our various experiences has become a kind of new sport, among these experiences, music and gastronomy. For the first one, nothing weird, the virtualisation of acoustic experiences seems to facilitate their distribution. We could complain when internet turns out to stimulate the trade side and that sharing means profit. But the web however does not offer any


Il y a ce phénomène qui est arrivé avec la révolution numérique suivant lequel le partage de nos expériences en tout genre est devenu en quelque sorte un nouveau sport, parmi ces expériences la musique et la gastronomie. Pour la première rien d’anormal, la virtualisation des expériences auditives semble favoriser leurs diffusions. On pourrait s’en plaindre quand internet s’avère stimuler la machine commerciale, et que partage rime alors avec profit. Mais la toile n’offre cependant pas d’exclusivité, elle donne même les moyens à qui le veut bien de surfer sur les vagues musicales qui lui conviennent et d’écarter les autres. Le net constitue donc, aussi bien pour les auditeurs que pour les artistes, une ressource dont les bienfaits sont à la hauteur des exigences des utilisateurs. Pour la cuisine c’est autre chose, on assiste avec la ritualisation du partage des expériences culinaires en ligne à un paradoxe qui tend à faire de la gastronomie un apparat. Hors la gastronomie ne devrait pas être appréhendée tel un phénomène de mode car c’est avant tout un besoin physique, comme on en parlait un peu plus haut. Il n’y a pas de simulacre en cuisine, le palet ne se trompe pas, et on ne goûte pas un plat avec les yeux. Pourtant, le porn-food s’amuse à nous faire croire, avant même que des plats soient entamés, que l’expérience est d’ores et déjà un succès. La cuisine est donc victime d’une communication visuelle qui lui nuit tant elle la sépare de son caractère essentiel : la gastronomie s’apprécie avant tout avec la bouche et pas seulement avec les yeux. La faute aux consommateurs ? Sans nul doute, nous y sommes un peu pour quelque chose mais contre la publicité et les politiques agroalimentaires 40misent en place depuis bientôt 70 ans, c’est une réelle insurrection des consciences vis-à-vis des modes de vie dont nous aurions besoin. Et si, implicitement, créer des expériences hybrides entre cuisine et musique dans le respect mutuel de leurs essences respectives n’était pas un moyen de rapprocher les gens de leur propre besoin en matière de santé et de culture. Nous avons gravité à plusieurs reprises autour de la notion de paradoxe. C’est notre époque et notre temps qui veulent ça. Cette idée est abordée d’une manière assez exhaustive concernant la culture en générale dans la théorie des subjectivités fictives avancée par le philosophe contemporain Francesco Masci. Mais Ruben m’a aiguillé sur un élément qui contient des bribes de cette philosophie appliquée à la cuisine ; le dernier hors-série de Courrier Internationale, dédié à la «Vague Gourmande». Plus particulièrement dans l’article emprunté à The Gardian (septembre 2012), rédigé par Steven Poole et intitulé En finir avec le culte du «fooding». Dans cet article l’auteur dénonce selon plusieurs axes notre «civilisation industrialisée occidentale qui voue un culte abrutissant à la nourriture». En un sens Ruben s’insurge aussi contre cette «vague gourmande» qui éloigne le gourmet de l’essence véritable de la cuisine, de son dynamisme. La musique qui, quant à elle, semble souffrir des mêmes maux que tous les autres domaines touchés par la révolution numérique, gastronomie y compris, semble se frayer un chemin plus hasardeux mais qui n’affecte pas son authenticité. Et c’est bien d’authenticité et d’honnêteté dont on parle ici et en ce qui concerne la musique, son caractère intellectuel immanent en fait un art prêt à tirer parti de cette révolution numérique. Car

exclusivity, it even allows anyone who wants it to surf on the musical waves they are interested in and dismiss the others. Hence the web is for both the listeners and the artists a resource the benefits of which are equal to the demands of the users. Regarding food it is something different, we are witnessing, with the ritualisation of culinary experiences shared on line, a paradox that aims to make ceremony of gastronomy. Yet gastronomy should not be considère as a fashion phenomenon because it is essentially a physical need, as we said above. There exists no pretense with cooking, the palate cannot be wrong, and we don’t taste a dish with our eyes. However. porn food enjoys making us believe before we have as much as tried a dish that the experience is already a success. Food is hence the victim of some visual communication that proves harmful as it takes it away from his main characteristic : we appreciate gastronomy with our mouth first and not just with our eyes. Is it the fault of consumers? Most probably we have something to do with it, but against advertising and food processing politics set up for almost 70 years, we would need a true uprising of conscience vis a vis our way of life. And if implicitly creating hybrid experiences between food and music in mutual respect of their respective origin was not a way to move people closer of their own needs regard to health. and culture. We have been gravitating several times around the notion of paradox. It is because of those days and time. This idea is approached in a rather exhaustive manner regarding culture in general in the theory of fictional subjectivities alleged by the contemporary philosopher Francesco Masci. But Ruben directed me towards an element that contains snatches of this philosophy applied to food, it is the last Courrier international special issue, dedicated to the “Vague Gourmande”. More precisely in the Guardian article (September 2012), written by Steven Poole and called “en finir avec le culte du fooding» (get it over with the cult of fooding”) In this article the author blames from several points of view “our western industrialised civilisation” that worships food unduly. In a way, Ruben also rebels against this “vague gourmande” that lures away the gourmet from food, from its physical quality. Music that seems to suffer from the same ailments as all the other fields affected by the digital revolution, included gastronomy, seems to force a more risky way although it does not affect its authenticity. And it is about authenticity and honesty that we are talking here, and where music is concerned its immanent intellectual quality make it an art ready to take advantage of the digital revolution, because if the net allows a massive broadcasting of musics considered as commercial and of poor quality, at the same time it opens bright horizons fertile for its evolution. While the path followed by food never stops producing fans of independant rock, depressed by insipid commercial success, and who nowadays smoke by social convenance, and are the snobish critics of a “gastronomic rave party” (cit. Steven Poole in the Guardian 9/2012). However food is worth much more than that Ruben says to me. It is worth to spend time on it. It seems I address the issue the wrong way. Yet it was


si le net permet la diffusion massive des musiques étiquetées commerciales et de mauvaises qualités, il ouvre en parallèle des horizons lumineux et fertiles à son évolution. Contrairement à cette dernière, la marche suivie par la cuisine ne cesse de produire des « fans de rock indépendant déprimés par les succès commerciaux insipides et qui, aujourd’hui fument par convenance sociale et sont les critiques snobs d’une «rave party gastronomique»» (cit. Steven Poole in The Guardian, 09/2012). Pourtant la cuisine vaut bien plus que ça me dit Ruben. Elle vaut la peine qu’on prenne le temps de s’y adonner. Il faut croire que j’abordais la question sous le mauvais angle. C’était pourtant évident mais ce qu’il y a de plus concret dans une passion c’est la simplicité avec laquelle on s’y adonne. Il m’a fallut ces trois entretiens, soit un peu plus de trois heures d’échange avec Ruben pour le comprendre. Pourquoi je m’obstinais à essayer de lui faire cracher la finalité «concrète» de ce projet mêlant musique et gastronomie ? Alors qu’en vérité, il n’y a pas plus de projet que d’éléments concrets, tout du moins dans l’esprit où cela doit être rapporté. Ce dont on parle avec Ruben va au-delà des corrélations entre musique et gastronomie. Nous parlons de respect, de partage et de flux d’énergie. C’est ça le vrai ton de l’histoire. C’est aussi ça le bon esprit. Tout a commencé avec cette source d’énergie immense que Ruben a emmagasinée pendant son voyage en Amérique Latine. Puis, c’est naturellement qu’il a dû se retourner vers la musique, se retourner vers la cuisine, pour en faire quelque chose d’unique et simple au quotidien. La démarche de Ruben c’est en fait de faire émerger - et c’est bien le terme adéquat - à travers une musique et l’énonciation d’un plat, l’expression d’une humeur ou d’un moment de vie qui lui est cher. N’est-ce pas ce que font les artistes depuis toujours, faire émerger à travers un objet de leur choix l’expression d’un sentiment ou d’une opinion ? Il y a sûrement plus d’art dans nos vies que l’on veut parfois bien admettre, et peut-être que choisir consciencieusement un son pour l’associer avec un autre ou avec une cuisine ou même simplement avec une atmosphère ou un instant, c’est déjà de l’art. On a évidemment tout intérêt à se pencher sur ce que mêler musique et gastronomie implique d’un point de vue conceptuel. Mais la force de ce concept ne réside ni dans la solidité du résonnement qui l’accompagne, ni dans l’énergie qu’on usera pour le promouvoir, mais bien dans l’instantanéité qui lui est inhérente.

obvious but the true reality in a passion is the ease with which we give ourselves to it. It took me 3 interviews, or 3 h hours exchanging with Ruben to understand it. Why did I insist to make him spill out the concrete purpose of this project mixing music and gastronomy, when there is no more project than there is any concrete element to it. At least in the manner it must be related. In fact what we talk about with Ruben goes beyond the correlations between music and gastronomy. We are talking about respect of sharing and flow of energy. This is the true meaning of the story. This is also what we call “bon esprit”. Everything started with this source of enormous energy that Ruben accumulated during his trip in Latin America. Then it is naturally that he turned to music, turned to gastronomy, to make them unique and simple in the daily life. Ruben’s approach in fact consists in revealing - and this is the right expression - through some music and the evocation of a dish, the expression of a mood or of a moment in his life that matter to him. Is not it what artists have always been doing, reveal through an object of their choice a feeling or an idea? There is probably more art in our lifes that we are willing to admit, and maybe choosing carefully a sound to associate it to another or to a dish or even to an atmosphere or an instant is art. Of course we should look into what the fact of mixing music and gastronomy implies from a conceptual point of view. But the power of this concept does not lie in the strength of the argument that supports it no more than in the energy that will be necessary to promote it, but rather in its inherent momentariness.41


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OURS RENCONTRE AVEC UN MAGAZINE QUI FÊTE BIENTÔT SES UN AN ! OURS, NÉ À L’ECOLE SPÉCIALE D’ARCHITECTURE, EST UN MAGAZINE D’ARCHITECTURE QUI EXPLORE SES PROPRES LIMITES ET PRÉSENTE DES TRAVAUX ÉCLECTIQUES D’ÉTUDIANTS MAIS AUSSI D’ARCHITECTES, ARTISTES, ÉCRIVAINS … MEETING WITH A MAGAZINE WHICH SOON CELEBRATES ITS FIRST YEAR! OURS, BORN IN THE ECOLE SPECIALE D’ARCHITECTURE, IS A MAGAZINE OF ARCHITECTURE WHICH EXPLORES ITS OWN LIMITS AND PRESENTS ECLECTIC WORKS OF STUDENTS BUT ALSO ARCHITECTS, ARTISTS, WRITERS … BE: Bonjour, avant de nous parler du magazine peuxtu te présenter rapidement aux lecteurs? G: Je suis étudiant en architecture. Auparavant, j’ai fait des études d’économie et vendu des médicaments, mais ça c’est une autre histoire.

BE: Hello, could you introduce yourself quickly to our readers before talking about the magazine? G: I am an architecture student. Before that, I stupied economics and sold medicine, but that’s another story.

BE: A présent peux-tu nous expliquer Ours? D’ailleurs, pourquoi «Ours»? G: Le postulat d’Ours est simple. Actuellement, les revues d’architecture sont, soit extrêmement techniques, soit très « grand public ». Non pas que ces choix éditoriaux soient négatifs, mais nous avons senti qu’il manquait quelque chose. Quelque chose de différent ; un média qui tournerait autour de l’architecture mais sans en parler directement. Nous publions donc des travaux d’étudiants, d’artistes et d’architectes autour d’un thème central en rapport de près ou de loin (surtout de loin) avec l’architecture. Choisir le titre d’une revue est toujours un boulot chronophage avec peu d’arguments objectifs. Avec OURS, on joue sur l’ambiguïté du titre ; on ne sait pas vraiment si il faut le lire en français en pensant au grand mammifère carnivore ou au colophon d’un livre ou encore au

BE: Could you please talk about Ours? Why is it called «Ours» by the way? G: Ours’ postulate is simple. Nowadays, architecture magazines are either extremely technical, or very «mainstream» . I am not saying that these editorial choices are negative, but we felt that there was something missing. Something different: a medium that would evoke architecture without mentioning it directly. We are publishing students’, artists’ and architects works regarding a main theme that is directly or indirectly (and especially indirectly) linked to architecture. Chosing the title of a magazine is always a time-consuming process with few objective arguments. OURS is a play on ambiguity; it’s not clear whether it has to be read in french and thus represent a big carnivorous mammal (ndlr. ours means bear in french) or the colophon of a book or even the first montage of a movie, and finaly we

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premier montage d’un film, et finalement on peut aussi le lire en anglais : le nôtre. BE: Et quel est ton rôle avec Ours ? G: Ours est une association, à ce titre je suis secrétaire général. Mais en réalité je suis un peu le méchant qui crie pour respecter les délais et essaie de motiver un peu tout le monde. Je fais aussi le suivi des différentes étapes depuis la sélection de l’équipe éditoriale jusqu’à la vente, en passant par la relecture et la mise en page. BE: De quand date la première publication? G: Décembre 2013

can read it in english: our. BE: What is your role within Ours? G: Officially, Ours is an association, and I am the Secretary General. But in fact I am rather the mean one who yells at everyone to respect the deadlines and also motivates them. I also supervise all the different steps from the selection of the editorial team to the proofreading, the layout, and the sales. BE: When was the first publication? G: December 2013

BE: Depuis, combien avez-vous fait de numéros ? G: Quatre ! Nous préparons actuellement cinquième qui sortira le 19 décembre.

BE: Since then, how many editions have you published? G: Four! We are preparing the fifth that will be out on the 19th of december.

BE: Comment vous gérez la ligne éditoriale ? G: La ligne éditoriale, c’est là une des grandes particularités de la revue. Nous (Les pattes de l’OURS) sélectionnons un groupe de deux ou trois personnes, étudiants et enseignants confondus, et leur donnons accès à notre

BE: How do you manage the editorial line? G: The editorial line is one of the distinctive features of the magazine. We (the paws of the bear) choose a group of two or three people, students and teachers, and we give them access to our databank. They chose a the-


banque de données. C’est à eux de choisir un thème, écrire un éditorial et surtout faire la sélection des travaux à publier, puis nous intervenons à nouveau pour la mise en page et l’impression. Ce mode de fonctionnement extrêmement flexible nous permet d’avoir à chaque fois de nouvelles formes de contributions et toujours de belles surprises. BE: La sélection doit être difficile à chaque numéro, non? G: Oui, très difficile. Les débats sont souvent houleux entre les membres de l’équipe éditoriale. Nous devons toujours veiller à être cohérents et à avoir un contenu de qualité, pour cela nous lançons souvent des appels à contribution dans lesquels nous énonçons le thème du numéro à venir. BE: Le magazine est encore jeune, penses-tu qu’il va encore évoluer ou a-t-il déjà réussi à trouver une identité assez forte? G: Grâce à son mode de fonctionnement extrêmement flexible impliquant des rédacteurs différents issus de différents backgrounds, la revue évolue et change complètement à chaque numéro. La seule constante est la couverture dépouillée, une identité graphique forte ou plutôt le choix de ne pas en avoir, les surprises sont à l’intérieur. BE: Que penses-tu de la publication en ce moment? Le booklet arrive un peu a son apogée, non? G: C’est vrai que le booklet est un mode d’expression en perte de vitesse. Mais pour OURS, il est indispensable. Nous avons fait le choix de créer une revue qui, en plus d’être pleine de contenu, est un objet. Un objet bâtard d’ailleurs. Je m’explique, c’est un entre-deux, à mi-chemin entre l’objet/livre que l’on garde et le prospectus/ magazine que l’on jette après avoir lu. BE: Et le magazine, va-t-il sortir du cadre de l’ESA? Il semble en avoir la capacité. G: C’est en partie déjà le cas, plus de la moitié des collaborateurs publiés ne font pas partis de l’ESA. En ce qui concerne la distribution, nous nous dirigeons probablement vers une vente en galeries ou libraires indépendantes. BE: Bientôt le premier anniversaire du magazine, une bougie sera soufflée? G: Sûrement, mais rien de trop bling, autour d’une bière pour qui veut. BE: A présent, c’est quoi le Bon Esprit (pas forcément le magazine) pour Ours? G: Pour OURS, le Bon Esprit c’est ne pas être sclérosé ou aigri. Du sang neuf, du changement, des découvertes, c’est un peu ça le Bon Esprit pour OURS. BE: J’ai envie de te demander si tu as une personne à nous présenter mais peut-être qu’il serait plus logique de lire Ours et de découvrir quelqu’un dedans? G: C’est difficile de vous donner un nom. OURS m’a fait découvrir tellement de personnes et de travaux différents. Je dirais quand même les cuves de Simon Boudvin dans le premier numéro.

me, write an editorial and especially select the works that are going to be published. Then we intervene again for the layout and the printing. This extremely flexible operating system allows us to have new forms of contribution each time. And there are always good surprises. BE: Selecting must be difficult each time? G: Yes, it is very difficult. The debates between the members of the editorial team are often stormy. We have to make sure to stay coherent and to have high-quality content. That’s why we often have calls for contributions where we formulate the theme of the next edition. BE:The magazine is still quite young, do you think it will keep on evolving or have you already found a strong identity? G: Thanks to the flexible functioning system which implicates different editors with different background, the magazine evolves and changes completely at each edition. The only constant is the bare cover, which corresponds to a strong graphic identity - or rather the decision of not having one. The surprises are inside. BE: What do you think about publishing nowadays? The booklet has reached its peak, right? G: It’s true that the booklet is a support that’s quite out of steam, but it is a necessity for OURS. We made the decision of creating a magazine that is, besides being full of contents, is an object. An bastard object moreover. Let me explain, it is an strange period, halfway between the object / book which we keep and the leaflet / magazine which we throw after having read. BE: And the magazine will going out of the frame of ESA? It seems there to have the capacity. G: It is partially already the case, more than half published collaborators are not from ESA. About the distribution, we go probably to a sale in independent galleries or booksellers. BE: Soon the first anniversary of the magazine, a candle will be blown? G: Certainly, but nothing too bling, around a beer for whom wants. BE: Now, what is the Bon Esprit for Ours? G: For Ours, the Bon Esprit it is not to be ossified or embittered. Some new blood, changing, discoveries, it is that the Bon Esprit for us. BE: I want to ask if you have a person to present but maybe that it would be more logical to read Ours and to discover somebody inside? G: It is difficult to give you a name. Ours made me discover so many people and different works. But I would says Simon Boudvin’s work in the first publication. http://cargocollective.com/revueOURS

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Remerciement / Thank Pierre-Alexandre Treust, Ruben Henry, Deniz Basman, Rona Binay et Georges Kallab, merci pour leur coopération dans l’élaboration des articles les concernant. Merci aussi à Deniz Basman, Michèle Miro et Romain Sadi grâce à qui ce BE#3 est disponible dans sa quasi totalité en anglais. Channel Roig pour son aide précieuse dans l’élaboration du magazine. Enfin un grand merci à nos proches et nos lecteurs pour leurs soutiens.

Suggestion / Submission Pour toute suggestion / remarque / critique / tribune, merci de vous référez à la planche contact communiquée ci-dessous ; c’est avec grand plaisir que nous les considèrerons. For every kind of submission thanks to contact us.

Contact bonespritmagazine@gmail.com

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L O U I S M O U N I S Founder of Bon esprit age: 21 past: NĂŽmes present: Paris studies: architecture mounis.louis@gmail.com

M O RGA N LACROIX Associate at Bon Esprit age: 21 past: NĂŽmes present: Berlin studies: art m o rg a n lac ro i x . a r t @ gmail.com



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