LIVRE GIUSTRANTI xp > EC

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Giustranti sculptures



sculptures


Si un homme transparaît au travers de son art, c’est bien Pierre Giustranti. L’humour, la poésie, le savoir-faire de l’artisan composent son œuvre. Au premier coup d’œil, le vieil outil abandonné, les débuts de notre société mécanique s’assemblent pour le plus grand bonheur du spectateur.

Marc Lecuru Maire de Cahors

Depuis plus de dix ans, il cherche, il récupère, il entasse, mais ne compresse pas. Il recycle. Ce recyclage n'impose pas de procédé chimique. Si, pardon, la chimie existe, c'est celle de l'imaginaire. Lorsqu'il pose son regard sur un objet trouvé, il sait déjà quel est son devenir et le rôle qu'il va jouer. La forme détermine la fonction. Un point de soudure et le lien est créé. Cette union d'objets qui n'ont pas ou peu de rapports s'établit au gré de sa fantaisie, de son inspiration, de son humeur. De là vont émerger des formes. Elles sont parfois surréalistes, figuratives, symboliques, que sais-je encore, mais toujours avec une maîtrise parfaite de l'équilibre des proportions. L'objet est là, né de morceaux de ferrailles. Giustranti leur a donné un nouveau sens. Leur vocation initiale, synonyme de travail, disparaît alors pour laisser place à une nouvelle, celle du plaisir de l'expression. Sa démarche se veut simple, mais signifiante. Trop humble pour se qualifier d'artiste, il n'en reste pas moins qu'il est un alchimiste de la matière, un créateur d'œuvres uniques dont la poésie ne peut que nous séduire.

Bruno Gatignol Adjoint au Maire Chargé des arts plastiques

La Caisse d’Épargne est reconnue pour sa proximité avec les partenaires économiques du département quels qu’ils soient. Mais au delà de l’accomplissement de son rôle de banque, la Caisse d’Épargne s’implique, depuis de nombreuses années, dans la vie culturelle de la ville de Cahors et du département. Elle traduit ainsi sa volonté de promouvoir la richesse des initiatives locales, de soutenir l’excellence, d’encourager les talents. Accompagner Pierre Giustranti aux côtés de la ville de Cahors permet à la Caisse d’Épargne de mettre une nouvelle fois ses actes en cohérence avec ses objectifs et sa philosophie. Ainsi, je suis heureux de participer à l’hommage qui est rendu à nouveau à Pierre Giustranti ; son talent est connu par de nombreux amateurs et apprécié par la Caisse d’Épargne.

Roland Arcache, Direction Quercy-Lomagne Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées


Pierre Giustranti

Le royaume farfelu de Pierre Giustranti Bienvenue au Royaume Farfelu de Pierre Giustranti ! Pas besoin de passeport, on y entre comme dans un moulin du Causse ouvert à tous les vents de l’imagination. Comme dans un lieu onirique et familier on retrouve dans ce Palais enchanté des dizaines de personnages venus de la Mythologie ou de l’Histoire, sortis des contes de Perrault ou des fables de La Fontaine, débarqués du Moyen Age ou de la planète Mars… Mais transfigurés par un créateur généreux et offerts à notre regard avide. Cet univers délicieux est nimbé de sourires ou strié de rires éclatants. Parfois surgit une larme. Rien de pesant ou d’obligé dans cette Arche de Noë fantastique. Rien de rigide ou de froid. On flotte ici dans le bonheur d’une vie foisonnante et dans le plaisir de découvrir et de voyager. À chacun sa route et sa lecture. Pour moi, un simple cep de vigne bien ridé devient un petit monstre charmant, une sorte de Troll quercynois ; une serrure et un fer à cheval se muent en Grand méchant loup ; un morceau de chaîne de bicyclette et un pignon denté dansent un tango endiablé ; une hache et un goupillon se transforment en oiseau ahuri ; et deux bêches pointues accolées dans leur simplicité figurent deux pénitents qu’on aurait pu croiser à Rocamadour au temps des Croisades… Mais quiconque peut enrichir d’une tout

autre manière ce qu’il voit et s’inventer d’autres scénarios. Comme devant une oeuvre d’art, le sens se forme dans le dialogue entre l’objet et le spectateur. C’est l’art et la maîtrise de Pierre Giustranti de savoir préfigurer ce sens bien avant nous dans sa rencontre originelle avec les trésors qu’il déniche dans les champs et dans les caves, sur les chantiers et dans les décharges. Trésors piteux au premier abord qu’il entasse depuis belle lurette : vieux fers à friser rouillés, réveille-matin endormis à jamais, boulons anonymes, fer à bœufs oubliés, pioches décaties, manomètres à bout de souffle… Mais voilà que ces rebuts qui ont une histoire ont aussi une âme… Pour celui en tout cas qui sait la repérer. Question de flair, de sensibilité, de regard : « Quand tu veux voir, tu vois ! » assure Pierre Giustranti. Lui, il sait. Comme il sait dans sa main faire prendre corps à ces chimères et leur donner vie.

Jacques Bouzerand, Journaliste et critique d’art

Christ équilibriste / 160 cm / 1999 / collection particulière

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préface

De fer et de ferrailles C’est une expérience fort singulière que d’assister à la naissance d’un créateur. Je ne dis pas d’un « artiste », car en ce domaine la sociologie nous renseigne abondamment : l’artiste naît dans une famille au pire bourgeoise. Il baigne dès son âge le plus tendre dans la culture. Son talent est précoce. Que dis-je ?, son génie éclate dès l’enfance ! Puis, il se consacre totalement à son art. Après une période d’incompréhension, vient la consécration… Je dois avouer que ce genre de destinée sur papier millimétré me laisse plutôt indifférent. Non, l’homme dont je veux vous parler est d’une toute autre trempe. Un art Autre Moi, ce que j’aime, c’est la création qui surgit là où on ne l’attendait pas, celle qui vient ailleurs que « dans les lits qu’on a faits pour elle » selon l’expression de Jean Dubuffet. J’aime l’art spontané. Non pas l’art immédiat, car la création immédiate c’est souvent la création la plus inculquée, la plus conventionnelle, la plus artificielle. On la croit libre seulement parce qu’on en a oublié les origines. Assez de cet enculturellement ! Non, le spontané, ça vient des tripes, de l’enfance, d’un désir inassouvi, d’un pays lointain, d’un quelque chose d’inabouti en nous, d’un rêve qui nous accompagne. Pas nécessairement d’un manque, d’une souffrance et autres fariboles romantiques ! Non, tout simplement de l’idée qu’il y a mieux à faire, que la vraie vie est ailleurs, c’està- dire ici, tout près, à portée de création. Que nous pouvons réaliser un monde où, enfin, il fait bon vivre.

Pierre

L’assembleur de rêves J’ai eu la chance de voir l’œuvre de Pierre Giustranti à ses débuts. De l’accompagner en ses très rares expositions. Et comment oublier cette présentation en la chapelle des pénitents bleus de Montgesty, sous l’égide de Georges Defait, où nous en venions presque à envier ses personnages habillés de haillons par Lutine tant le froid était vif ? Enfin, nous y arrivons, pensera le lecteur pressé : que fait donc ce Pierre Giustranti ? Outre son métier de maître d’œuvre, il donne vie à tout un petit monde, son monde qui ne demande qu’à devenir le nôtre. Alors, Pierre Giustranti est donc sculpteur ? Trop vite dit. Pour moi assembleur de rêves, de fer et de ferrailles mêlés lui correspondrait mieux. Certes, avant de donner naissance à ces personnages et autres bestioles, notre homme s’était adonné à la peinture. Une peinture de formes et de mouvements, d’entrelacs colorés, non sans qualité, mais qui reflétait plus son désir de créer que le foisonnement réel de son monde intérieur. Il me semble que c’est seulement avec ses assemblages que sa personnalité singulière va se révéler. Le passé transfiguré Voyez-les ces têtes, ces trognes, ses tronches : avec une si grande économie de moyens, comment peuvent-elles être si expressives, si vivantes ? Par quel mystère un vieux moule à gâteau et le fer usé d’un instrument aratoire peuvent-ils produire une tête de bébé criante de vérité ?


Pierre Giustranti

Giustranti l’assembleur de rêves J’ai la naïveté de croire que les matériaux utilisés, ces humbles outils, nous transmettent quelque chose de leurs utilisateurs. D’abord parce que leurs formes sont le fruit du travail de centaines, pour ne pas dire de milliers, d’années qui les ont rendus parfaitement appropriés à leur usage. Ensuite parce que, selon moi, ils sont imprégnés et expriment encore cette sueur, ce sang, cette peine des femmes et des hommes avec lesquels, au sens propre, ils « firent corps ». C’est tout ce passé qui donne cette présence si intense aux œuvres de Pierre Giustranti, un passé par « binette » interposée – si je puis me permettre ce jeu de mot – qui revit transfiguré par l’œil du créateur. Car si l’on peut parler d’un aspect ludique, amusant ou cocasse de ces créations – impression renforcée parfois par des mécanismes, des ressorts, du mouvement – ce jeu n’exclue pas le sérieux, le grave, le tragique même. Une autre histoire de l’art De même que nous avons du mal à définir le travail de Pierre Giustranti, nous n’arrivons pas à le classer dans un courant esthétique : est-ce de l’art pauvre, de l’art naïf, de l’Art Brut, de l’art singulier ? Certes, par bien des aspects, ses créatures s’apparenteraient à la Neuve Invention. Sous ce nom Jean Dubuffet avait rassemblé des œuvres « dans le vent d’un Art Brut » mais qui par certains autres aspects s’en éloignaient. Force est de constater que la sculpture du fer elle-même n’a pas, elle non plus, n’importe quelle histoire. Elle commence avec l’Espagnol Gargallo qui, immédiatement

après la première guerre mondiale, martèle des masques issus de la tradition et de l’artisanat des forgerons populaires. Puis Gonzales, dès 1928, introduira la prolétarienne soudure au chalumeau. C’est Picasso qui transformera les matériaux de rebut avant que César, poussé, faut-il le souligner, par la nécessité, ne sublime, en 1952, les ferrailles industrielles en œuvres d’art. Ce n’est pas faire injure à Pierre Giustranti que de dire qu’il se moque de tout cela, bien au contraire ! C’est parce qu’il fait sans se soucier de l’art et de son histoire, qu’il crée sans autre ambition que de créer, qu’il invente sans se prendre pour un artiste qu’il nous plaît tant. Faire pour que d’autres puissent faire Devant n’importe quelle sorte de création et quelque soit la notoriété de l’artiste, j’ai toujours envie de poser aux visiteurs d’une exposition la seule question qui vaille à mes yeux : « Après avoir vu cela, avez-vous envie à votre tour de créer ? » Quant à moi, je sais que je ne pourrai plus voir un vieil outil, un vieux bout de fer ou de ferraille de la même façon même si j’ignore absolument tout des mystères de la soudure. « Faire et en faisant se faire » écrivait Gabriel Marcel. C’est tout ce que je souhaite à celles et à ceux qui vont découvrir le travail de Pierre Giustranti.

Jean-François Maurice, Critique d’art Cahors, juin 2003

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Couple (1) / 40 cm / 1995 / collection particulière


Pierre Giustranti

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Cet homme est droit, comme l'angle droit de son regard avec son fume-cigarette. Ses yeux clairs traversent les volutes de la fumée. L’horizon est son port d’attache. Solitaire et amical, Pierre s’est entouré, au fil du temps, de personnages et d’animaux imaginaires, pour autant bien ancrés dans la terre du Lot. Tout ce qui traîne en fer dans les greniers et les granges de nos campagnes est matière organique pour Pierre Giustranti. « Le petit crapaud de Toulon », « le concorde » et les autres ont tous en commun une belle couleur de fer rouillé. Les uns ont des sacs postaux blanchis pour vêtement et des serpillières usées pour chevelure. Tous

promènent sur le monde un regard étonné, fait de boulons ou de petits compteurs rouges, aux aiguilles fixes à jamais. Des ressorts détendus et grinçants relient les corps. Plus ces pièces de fer ont perdu leur rôle marchand et utile assigné par notre société, plus la sculpture qui naît de l’assemblage de ces ferrailles est chaleureuse, attendrissante, rapprochant passé et présent le long de leur silhouette élancée. Pierre s'émerveille de la simplicité et ses créations sont simplement merveilleuses.

Élodie Llumbiarres La diagonale des arts, juin 2003


Pierre Giustranti

Canard en croisière / 80 cm / 2003

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Pierre Giustranti Serrures / 55 cm / 1997

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Petit canard hache / 26 cm / 2003

Poule aux manos et bec rouge / 66 cm / 1995 / collection particulière


Pierre Giustranti Poule aux fers à bœufs / 62 cm / 2003

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Pierre Giustranti Ceinture de chastetĂŠ / 40 cm / 1996

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L’angélus / 38 cm / 2003


Pierre Giustranti Homme nu / 95 cm / 1999 / collection particulière

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Autruche / 200 cm / 2003


Pierre Giustranti

autruche

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Pierre Giustranti

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Yvette Horner / 146 cm / 1995


Pierre Giustranti

v e t t e yh o r n e r

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Pierre Giustranti Femme Ă pĂŠdale / 87 cm / 1995

> 24/25 >



Pierre Giustranti Sécateur en marche / 55 cm / 1994

Singe curé / 56 cm / 1995

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« Pierre, si à toi on te demande pourquoi du fais ça, tu vas répondre : parce que. »


Pierre Giustranti Sonneur de cloches / 170 cm / 1994

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Pierre Giustranti Petit crapaud de Toulon / 155 cm / 2003

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Grand oiseau hĂŠrisson / 90 cm / 2003


Pierre Giustranti

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Pierre Giustranti Concorde / 20 cm / 2003

Mauvais garçon / 35 cm / 2003 / collection particulière

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Intégration de sculptures animalières dans des créations végétales ; réalisé dans le cadre de l’opération « À fleur de pot », en collaboration avec les services « espaces verts » de la ville de Cahors / 2003


Pierre Giustranti Lampe gardĂŠe / 66 cm / 1995

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Moto / 85 cm / 1994


Pierre Giustranti

Expositions Salon Février Création, Brive Galerie Turinoise, Turin Italie Galerie Coche d’Eau du Lot, Galerie Mart, Lauzanne, Suisse Chapelle des Pénitents Bleus, Montgesty Article sur la revue Gazogène, Saint-Cirq-Lapopie Salon des peintres et sculpteurs du Lot, Reportage sur FR3, Exposition permanente Office de Tourisme, Cahors Galerie Agora, Agen Maison du Sénéchal, Gourdon Chateau Les Bouysses, Diagonale des Arts, Cahors Grenier du Chapitre, Cahors

1990 1992 1993 1995 1995 1995 1995-1996 1997-1998 1998 1998-1999 1999 2001 2002 2003 2003

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Conception graphique et mise en page : François Cadart (Cahors) Photographies : Patrick Bamdé (L’objectif - Cahors) Élodie Llumbiarres (pages 5, 20, 39, 40) Bruno Gatignol (page 30) François Cadart (1ère & 4e de couverture, page 21) Photogravure (1ère & 4e de couverture, page 21) : Colorys (Cahors) Achevé d’imprimer en Août 2003 sur les presses de l’imprimerie de la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées Ouvrage tiré à 350 exemplaires



Ben-Hur / 100 cm / 2003 La Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées, Direction Quercy-Lomagne


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