Basse-Pointe face au risque littoral, Réflexion transversale de la Pelée à la côte

Page 1

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2018 – 2019

Basse Pointe face au risque littoral. L’opportunité d’une réflexion transversale de la montagne à la côte.

Mathilde Loiseau, Natasha Muszkat, Lou Papelier, Louis Richard

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée



Basse Pointe face au risque littoral L’opportunité d’une réflexion transversale de la montagne à la côte Commanditaires de l’étude Direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature (DGALN) Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) Direction de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement de la Martinique (DEAL) Ville de Basse-Pointe Étudiants Mathilde Loiseau Natasha Muszkat Lou Papelier Louis Richard

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2018 – 2019 École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée



De la Basse à la Pointe • Faire face aux risques, entre urgence et prospective • Les pieds de la Pelée fragilisés • Dèyè do Bondyé, un territoire en marge de l’île • Du littoral à son épaisseur

5

A. Face aux risques, le devenir du bourg 1. Entre séquences urbaines et traversées paysagères 2. La vulnérabilité du bourg aux aléas 3. Vers des intentions urbaines pour la résilience au bourg

34

B. Le repli du bourg autour de quatre séquences 1. Des actions différenciées en fonction de l’urgence 2. Inscrire la relocalisation au sein de quatre séquences

64

C. Du littoral à la Pelée, un maillage territorial a révéler 1. La planèze agricole, un paysage sauvage à valoriser 2. La marche, une pratique quotidienne à promouvoir

118

Conclusion

138

3



De la Basse à la Pointe

Des alizés de l’Atlantique aux fraîcheurs de la Pelée, des bananeraies exposées au soleil à l’humidité des ravines, le quart nord-est de la Martinique est fait de contrastes. Dans ce paysage, la commune de Basse-Pointe, au cœur de sa planèze agricole, se dévoile. Entre campagne habitée et littoral anthropisé, les typologies urbaines et les rapports au paysage sont multiples. Néanmoins, deux éléments sont omniprésents : les vagues de l’Atlantique et le sommet de la Pelée. Le nom « Basse-Pointe » s’explique d’ailleurs par le rapport qu’entretient la ville au grand paysage : depuis la pointe, la basse se dessine ; depuis la basse, la pointe domine. Si les habitants ont toujours appris à vivre avec la notion de risque, du fait de la présence de la Pelée et de l’océan, la commune de Basse-Pointe connaît aujourd’hui une intensification de certains phénomènes, notamment sous l’effet du dérèglement climatique. Les risques liés à l’érosion de la falaise et à la submersion marine sont de plus en plus prégnants. Dans cette commune dont l’origine remonte à la colonisation, nombre d’habitants habitent dans des sites à risque. Certaines infrastructures, mais aussi des logements et des équipements, se sont progressivement implantés en bord de falaise ainsi que dans le bas bourg, à la portée des vagues.

5


1. Le Prêcheur Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et à expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tous ceux qui s’intéressent aux questions que posent l’architecture, la ville et les territoires.

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée Adapter le littoral du Prêcheur au défi du changement climatique

Adapter le littoral du Prêcheur au défi du changement climatique

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2015 – 2016

Partant de cette problématique initiale, l’étude cherche à développer des solutions positives susceptibles de mettre en valeur les richesses inexploitées du Carbet. Fondée sur une vision prospective qui se déploie jusqu’en 2100, l’étude se donne pour objectif de révéler des futurs possibles pour enclencher dès aujourd’hui un développement aussi vertueux que durable. La géographie et les dynamiques hydro-sédimentaires, mais aussi les nombreuses initiatives alternatives identifiées sur le territoire du Carbet, sont au centre de ce scénario. Le Carbet, territoire d’expérimentation aux paysages multiples, est mis en valeur à partir diverses richesses : diversité des usages entre littoral, coteaux et pitons, naissance d’un tourisme vert, fertilité des sols agricoles, ressources naturelles ou encore éléments patrimoniaux sont les composantes de l’identité singulière du Carbet. L’étude propose des solutions s’appuyant sur l’existant, respectueuses des manières d’habiter, d’exploiter les sols et de gérer les ressources. Ces propositions dévoilent une vision à la fois économe et positive. Elles tentent d’améliorer le cadre de vie des habitants tout en opérant un léger « pas de côté ».

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée

4. Le Robert

Amaury Bech, Quentin Damamme, Marion Le Vourc’h, Pauline Soulenq

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée Julien Domingue, Valentin Kottelat, Mado Rabbat

Houle cyclonique et élévation du niveau marin, autant de dynamiques naturelles qui incitent aujourd’hui à reconsidérer notre relation au littoral. Fortement urbanisé au cours de ces dernières années, celui-ci se retrouve de plus en plus menacé. C’est dans ce contexte que la DEAL de la Martinique et la Commune du Carbet se sont associés au DSA d’architecte-urbaniste pour mener une réflexion sur l’adaptation du Carbet aux impacts du changement climatique. À la suite des études DSA menées sur Le Prêcheur et La Trinité, cette étude constitue le troisième volet martiniquais de la dynamique Imaginer le littoral de demain, initiée par la Direction eau et biodiversité et poursuivie par le Plan Urbanisme Construction Architecture (Puca) dans leur programme de laboratoires.

La ville du Carbet face au changement climatique : du littoral aux pitons, les enjeux d’un nouveau rapport au sol

La ville du Carbet face au changement climatique : du littoral aux pitons, les enjeux d’un nouveau rapport au sol.

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2017 – 2018

Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et à expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tous ceux qui s’intéressent aux questions que posent l’architecture, la ville et les territoires.

Cahiers du DSA 2017 – 2018

Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou des organismes privés.

La ville du Carbet face au changement climatique : du littoral aux pitons, les enjeux d’un nouveau rapport au sol

2. Le Carbet

Habiter à l’entour, la baie du Robert face au changement climatique

Cahiers du DSA

Face à la multiplicité des aléas naturels et à la montée généralisée des eaux, comment réinventer nos modèles d’habiter ? La commune du Prêcheur située au nord-ouest de la Martinique est sujette à de nombreux phénomènes climatiques plus ou moins récurrents. Habiter ce milieu comprend un risque potentiel et la manière d’occuper le territoire doit nécessairement intégrer cette donnée pour prétendre à résilience et pérennité du site. Les questions environnementales liées aux risques et les problématiques foncières liées à l’habitat informel, sont appelées à se conjuguer dans une nouvelle stratégie d’occupation du territoire du Prêcheur. Au croisement de l’écologie et de l’économie, les dynamiques du milieu naturel deviennent les données structurantes pour faire projet sur le site. Dans un contexte fragile, le projet de territoire ne peut se présenter sous une forme exclusive et figée. Les phénomènes climatiques, comme les sociétés, se transforment sur le temps long. Il devient alors nécessaire d’accepter dès aujourd’hui la mise en marche d’un processus, qui ne pourra être prolongé par les générations futures que s’il a déjà été amorcé par celles présentes. La proposition est envisagée telle la projection d’une ambition à l’horizon 2100. Ambition qui sera mise en place au moyen de différents outils (juridiques, économiques et de planification). Lorsque ceux-ci seront mis en relation, ils deviendront autant d’entrées possibles pour déclencher différentes actions par lesquelles les habitants, aussi bien que les élus, construiront ensemble la vision d’un futur Prêcheur.

Justine Caussanel, Camille Chastanet, Félicien Pecquet-Caumeil, Marion Savignon

Adapter le littoral du Prêcheur au défi du changement climatique

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2018 – 2019

Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou des organismes privés.

3. La Trinité

1 3

2 4

N

6


Faire face aux risques, entre urgence et prospective Dans la continuité de l’appel à idées « Imaginer le littoral de demain », initié en 2016 par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, cette étude fait suite aux quatre études précédentes réalisées par le DSA architecte-urbaniste de l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est en Martinique. Pour autant, cette étude a pour particularité de s’intéresser au recul du trait de côte par érosion de falaise. Financée par la Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature (DGALN), elle est portée par trois acteurs principaux : le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) de la Martinique et la Ville de Basse-Pointe. Pour le PUCA, il s’agit de construire une banque de références afin d’imaginer le littoral français de demain, qu’il s’agisse de l’hexagone ou des outre-mer. La DEAL s’intéresse davantage aux implications directes de ces enjeux sur le territoire martiniquais, dans l’optique de trouver des réponses contextuelles pour chacune des situations de l’île. À ce titre, Basse-Pointe est un site manifeste pour appréhender les risques auxquels la côte Atlantique Nord de la Martinique est exposée : des situations similaires à celle de Basse-Pointe peuvent être identifiées dans les communes de Macouba et Grand-Rivière. Le troisième acteur, la Ville de Basse-Pointe, se saisit de cette étude pour nourrir sa stratégie de développement à court, moyen et long terme, que ce soit au regard des risques qui touchent son territoire mais également des projets en cours dans cette commune : centre culturel en devenir, regroupement des écoles, projet touristique, etc.

7


8


Basse-Pointe

9


10


« depuis Trinité jusqu’à Grand-Rivière, la grand’lèche hystérique de la mer » Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, 1939

11


La fermeture de la crèche, un acte symbolique face au risque littoral

La falaise culminant Ă 40 m

12


Les pieds de la Pelée fragilisés La fermeture récente de la crèche municipale située en limite de falaise, à quarante mètres au-dessus du niveau de la mer, représente un évènement marquant pour la commune. Suite aux recommandations du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), la crèche a été fermée puis délocalisée. Les failles structurelles étaient devenues trop importantes. Cet événement représente une véritable amorce dans la prise de conscience par les habitants de leur vulnérabilité face à un tel risque. Cet acte symbolise également l’ouverture d’un dialogue entre élus, habitants, experts et concepteurs. Au-delà de cet équipement public, la route départementale qui permet d’accéder aux communes situées plus au nord, est également exposée à l’érosion. Cette route est l’unique accès reliant Macouba et Grand-Rivière au reste de la Martinique. Pérenniser cette infrastructure est essentiel pour garantir la desserte de ces communes. De nombreux logements se trouvant également en limite côtière haute, une proposition de relocalisation est urgente pour un certain nombre de constructions. Par ailleurs, une partie du bourg se situe en contrebas des falaises, proche du niveau de la mer. Soumise au risque de submersion marine, de tsunami et de houle cyclonique, elle doit aussi faire l’objet d’une réflexion quant à son adaptation. Ainsi, c’est bien l’ensemble du littoral de Basse-Pointe qui est vulnérable. Cette situation ne résulte pas d’une occupation récente du littoral, mais d’une construction historique remontant à la période coloniale. Elle appelle aujourd’hui une attention toute particulière.

13


14


L’héritage colonial à l’origine de l’occupation du territoire L’arrivée des colons à la Martinique est à l’origine de l’urbanisation contemporaine de l’île. Les habitations, noms données aux exploitations agricoles, déterminent alors l’occupation du territoire. À l’époque, le bourg de BassePointe s’était constitué autour du port. Situé à l’embouchure de deux rivières, au droit d’un éperon rocheux, le port de BassePointe permettait l’import et l’export des marchandises, mais aussi des esclaves. Il était relié à l’arrière-pays, et notamment aux habitations, par la route du littoral devenue la départementale D10. Cette dernière est aujourd’hui l’unique accès à Basse-Pointe.

Source : carte de Moreau du Temple (1770) 1 000 m

15


Le bourg de Basse-Pointe en 1902

L’habitation Pécoul en 1937

Le pont ferroviaire de l’usine Gradis, au-dessus de la rivière Basse-Pointe

16


Près du sommet de la Montagne Pelée en montant de la BassePointe en 1899

Vue sur l’embouchure de la rivière Basse-Pointe avant 1899

17


Hauteurs Bourdon

Hauteurs Dumas

Morne Balai

18


La planèze agricole de BassePointe

Bourg

Aujourd’hui, habiter à BassePointe signifie habiter au bourg, le long du littoral, ou habiter dans les hauteurs, le long des ravines. La référence paysagère sur laquelle se construit l’identité des quartiers n’est pas la même au bourg et dans les hauteurs. Les quelques 3 500 habitants que compte la commune se répartissent pour un tiers au bourg et pour deux tiers dans les hauteurs. Pour autant, les relations entre ces deux espaces sont très fortes. Les services se concentrent au bourg, où les habitants descendent pour faire leurs courses. Les hauteurs offrent l’opportunité de promenades quotidiennes plus au frais et proposent des jardins plus grands. La fermeture de la crèche, initialement située dans le bourg, a conduit à sa relocalisation dans le quartier Démare. Ce déplacement témoigne de la persistance des relations historiques entre le bourg et les hauteurs.

Démare

Source : Orthophoto IGN (2018)

1 000 m

19


Habiter au bourg Habiter au bourg, c’est habiter le long du littoral, à proximité des commodités. En effet, chaque quartier du bourg possède une façade littorale et présente plusieurs équipements. Implantés en enfilade le long de la route du littoral (D10), les quartiers se structurent à partir de celle-ci. Elle les traverse, détermine en partie leur organisation et permet de les relier entre eux. À l’image de l’ensemble de la Martinique, le bourg de Basse-Pointe connaît aujourd’hui un phénomène de vacance résidentielle en centre-bourg. L’exposition aux risques et les difficultés liées à la transmission des biens familiaux ont conduit à une dégradation progressive du tissu bâti du centre-bourg. Paradoxalement, des lotissements sont apparus à l’arrière du bourg.

20


Basse-Pointe en 1780 À l’époque coloniale, le bourg de Basse-Pointe se concentre autour de l’éperon rocheux du bas-bourg. Quelques logements se structurent le long de la route du littoral. En deuxième ligne, parallèlement au littoral, trois habitations agricoles peuvent être distinguées : Hackaert, Gradis et Eyma. Chacune d’entre elles s’organise autour d’une cour et de plusieurs bâtiments.

Basse-Pointe en 1950 Deux événements ont marqué le développement du bourg le long du littoral. Suite à l’abolition de l’esclavage en 1848, puis à la crise sucrière de 1950, les « nouveauxlibres » se sont réfugiés le long du littoral, sur l’actuelle bande des Cinquante Pas géométriques. L’urbanisation du bourg prolonge le bourg historique le long des falaises. Les habitations agricoles situées à l’arrière constituent toujours des repères à proximité du bourg.

Basse-Pointe aujourd’hui Depuis 1950, l’urbanisation du bourg s’organise selon des quartiers de lotissements rattachés au littoral. Au gré des opportunités foncières et du déclin de certaines exploitations agricoles, l’urbanisation a gagné les terrains des anciennes habitations. La structure actuelle du bourg reflète l’histoire de la colonisation puis celle de la décolonisation.

800 m

21


Habiter dans les hauteurs Habiter dans les hauteurs, c’est habiter le long des ravines, au frais. Implantées dans la pente, les grandes maisons individuelles sont lovées dans les arbres et s’ouvrent sur l’océan. La taille des parcelles permet une activité agricole familiale, héritage du passé colonial. En effet, ces grandes parcelles proviennent pour la majorité de surfaces attribuées aux esclaves pour leurs cultures personnelles à l’époque coloniale. Après ponction sur leurs salaires à l’abolition de l’esclavage en 1848, ils ont acquis progressivement ces parcelles qui, depuis, se transmettent de génération en génération. Le mélange du bâti et des espaces jardinés confère à ce tissu urbain les qualités de véritables citésjardins.

22


23


Depuis 1990, une perte de plus de 1 000 habitants à Basse-Pointe

Basse-Pointe

La D10, un unique accès pour desservir Basse-Pointe et le nord-est de l’île

24

Une économie peu diversifiée, dominée par la culture de la banane

Des équipements touristiques sous-développés


Dèyè do Bondyé, un territoire en marge de l’île La commune de Basse-Pointe connaît une baisse constante de sa population depuis 1970 et un vieillissement de celleci. Entre 1990 et 2015, Basse-Pointe a perdu près d’un tiers de sa population. Si cette tendance démographique concerne l’ensemble de l’île, elle est plus intense dans le quart nord-est de l’île. Trois facteurs peuvent expliquer la baisse de la population dans cette partie de l’île. Tout d’abord, une seule route permet d’accéder à Basse-Pointe, la route départementale D10. Ensuite, l’économie de ce territoire demeure est peu diversifiée : elle est dominée par la monoculture de bananes, largement subventionnée par l’Europe. Enfin, malgré les importantes ressources dont bénéficie ce territoire, les équipements dédiés aux activités touristiques y sont peu développés, contrairement au sud de l’île, bien mieux équipé. Au-delà de la seule question des risques liés à l’effondrement de la falaise et au dérèglement climatique, cette étude soulève donc des enjeux-satellites : celui de la transition agricole, mais aussi ceux liés aux leviers mobilisables pour redynamiser un territoire vieillissant et en perte d’attractivité.

25


Vidéo réalisée lors du séjour d’étude https://youtu.be/dR4sWEaIvFA

26


Du littoral à son épaisseur Dans ce territoire en marge de l’île, exposé à plusieurs risques littoraux, comment imaginer le littoral de demain ? C’est pour répondre à cette question que le DSA architecte-urbaniste est sollicité. Mais la commune de Basse-Pointe ne se définit pas uniquement par son rapport au littoral : elle entretient un lien tout aussi étroit avec les profondeurs de son territoire. Ainsi, l’espace à considérer va du littoral déchaîné au sommet de la Pelée mystique. Face au risque, une réponse contextualisée ne peut émerger qu’à partir d’une réflexion sur cette double identité. Ainsi, cette étude se détache d’une vision du littoral trop souvent limitée à sa dimension linéaire, pour lui préférer la prise en compte de relations plus complexes avec le territoire dans toute son épaisseur : le littoral entre ce qui le menace et ce qu’il embrasse. C’est à travers cette lecture qu’émergent les ressources qui permettront l’adaptation au risque. Dans cette perspective, le risque littoral devient l’opportunité d’une réflexion transversale de la montagne à la côte, le paysage de la planèze agricole offrant de nouvelles possibilités pour habiter Basse-Pointe.

27


La bande littorale La bande littorale est un espace fortement exposé aux risques. Elle n’en demeure pas moins attractive. Sculptée par l’océan, elle présente un paysage entre grandes percées ouvertes sur la mer et abris le long des bois. La végétation s’est glissée progressivement dans les anfractuosités de la roche. La prise de hauteur depuis le haut des falaises offre des panoramas sur l’océan. Le développement récent d’un spot de surf international au bourg propose un nouveau regard sur le littoral. Les habitants, en hébergeant les sportifs chez eux, sont impliqués dans cette dynamique qui incarne un certain renouveau du littoral. Progressivement, le regard des locaux sur l’océan évolue et dévient plus récréatif.

Graffiti : un imaginaire du surf

28

Le port de Basse-Pointe

Les bois du front de falaise


La planèze agricole La planèze de Basse-Pointe est un paysage agricole situé entre la bande littorale et le sommet de la Pelée. Les conditions pédologiques, topographiques et climatiques ont très tôt permis à ce territoire de devenir le grenier de la Martinique. Les traces des anciennes habitations sont révélatrices cette histoire. Aujourd’hui, ce paysage est dominé par la monoculture de la banane. La pollution des sols au chlordécone et la dépendance de l’agriculture aux subventions fragilisent ce territoire. Néanmoins, les habitations constituent un héritage à travers lesquels l’histoire de l’île peut être transmise. Les acteurs du tourisme cherchent aujourd’hui à valoriser ce patrimoine : rachat de l’habitation Gradis par la CTM, création d’un musée au sein de l’habitation JM à Macouba, ouverture de l’habitation Pécoul lors des Journées du Patrimoine. Chemin vers la Pelée

La distillerie JM à Macouba

L’habitation Pécoul

29


Le sommet de la Pelée Le sommet de la Pelée présente un paysage sauvage exceptionnel. La végétation, endémique, se développe sur des sols volcaniques sous un climat humide et frais. Quatre chemins de Grande Randonnée (GR) permettent d’accéder au sommet de la Pelée. Différents refuges ponctuent l’ascension. Les alizés de l’Atlantique soufflent les nuages qui s’accrochent au sommet. Ils participent à l’ambiance mystérieuse qui règne sur la Pelée et indiquent la météo aux locaux qui habitent en contrebas.

Le GR vers la Pelée, vu depuis l’Aileron

30

Le panorama depuis le sommet de la Pelée

L’ascension périlleuse du cratère du volcan



32


33



A. Face aux risques, le devenir du bourg

1. Entre séquences urbaines et traversées paysagères 2. La vulnérabilité du bourg aux aléas 3. Vers des intentions urbaines pour la résilience au bourg

35


La présence des champs et des rivières en cœur de bourg est un atout

36


1 Entre séquences urbaines et traversées paysagères Le bourg de Basse-Pointe présente un tissu urbain continu le long de la route départementale. Cependant, à la faveur des rues perpendiculaires, une certaine porosité apparaît. De vastes champs, de profondes ravines et de chaleureux jardins privés se dessinent. Le quotidien des pointois est marqué par le face-à-face entre la Pelée et l’océan Atlantique. Située entre deux redoutables paysages, Basse-Pointe semble pourtant calme et sereine. Une grande partie de sa bande littorale est néanmoins vulnérable et demande d’adopter une stratégie de relocalisation. La relocalisation peut entraîner de réels bouleversement pour le bourg, dont le parc de logements connaît déjà une vacance à hauteur de 20 %. C’est pourquoi il est important de mener la relocalisation au sein-même du bourg ou à proximité immédiate. Ceci permettra non seulement d’éviter son dépérissement, mais aussi de le conduire vers la résilience. Le risque littoral devient alors l’opportunité d’interroger plus globalement le devenir du bourg. Le chapitre suivant présente l’organisation actuelle du bourg, à partir de laquelle nous pouvons nous appuyer pour imaginer une stratégie de relocalisation acceptable. Cette approche permet de répondre à l’urgence de certaines situations tout en engageant le bourg vers un nouvel avenir qui tire parti de ses atouts.

37


L’alternance d’espaces bâtis et d’espaces ouverts La commune de Basse-Pointe se structure autour d’une alternance entre espaces ouverts et espaces bâtis. Les champs et les ravines s’infiltrent dans le bourg. L’alternance des lignes de crêtes et des talwegs participent de la structure du bourg.

L’héritage bâti des habitations encore visible au bourg L’histoire coloniale est encore perceptible au bourg par la présence d’un riche héritage bâti. D’ouest en est, se trouvent l’habitation Hackaert, l’habitation Gradis, l’église et le cimetière (au bas bourg) et enfin l’alignement d’arbres de l’habitation Leyritz.

Les quatre séquences du bourg se fondent sur le patrimoine bâti Le bourg se décompose en quatre quartiers, fortement marqués par l’héritage des habitations. Trois d’entre eux portent le nom d’habitations : Hackaert, Gradis, Eyma. Le quatrième, Tapis Vert, se situe dans le prolongement de l’habitation Leyritz.

800 m

38


39


Séquence Haut-bourg / Bas-bourg

La partie la plus ancienne du bourg se situe au bas-bourg, autour d’un éperon rocheux, légèrement en hauteur face à l’océan. Ce lieu a une puissante valeur symbolique,en raison de la présence de l’église, du cimetière et du presbytère. Des commerces, quelques boutiques et le marché y sont aussi présents. En contrebas de l’éperon, des logements ont été construits sur le cône de déjection à l’embouchure des ravines. Entre les deux ravines, en hauteur, le site de Gradis offre des panoramas exceptionnels sur l’océan et la Pelée.

40


Quartier de Hackaert

Le quartier de Hackaert se niche sur la falaise. Les maisons, parfois très endommagés, sont principalement des logements sociaux. Bien que les typologies soient petites, elles comportent toutes un jardin privatif. Plus au sud, le centre commercial de Hackaert offre une belle vue sur l’océan grâce à son parking en surplomb. À l’arrière de cet ensemble d’équipements, un lotissement a été construit plus récemment.

500 m

41


Quartier de Tapis-Vert

Le quartier de Tapis-Vert correspond à un lotissement en contrebas de la route départementale. Ce lotissement s’organise autour de l’école maternelle, qui anime le quartier. De l’autre côté de la route départementale, la salle des fêtes et un ensemble de logements collectifs récent sont isolés.

42


Quartier de Eyma

Ce quartier s’étend sur l’ancienne habitation d’Eyma ; s’y associent des programmes diversifiés : une zone artisanale, des logements individuels et des logements collectifs. Ce quartier offre un fort potentiel pour la relocalisation en raison de la disponibilité foncière qu’il propose et de la présence de plusieurs services de proximité.

500 m

43


L’église de Basse-Pointe détruite par le passage du cyclone Dean en août 2007

44


2 La vulnérabilité du bourg aux aléas

Dans une situation insulaire comme celle de la Martinique, le dérèglement climatique est particulièrement sensible. Cependant, Basse-Pointe est constamment exposée à des aléas dont l’origine est naturelle. Ce chapitre expose les différents risques recensés à l’échelle du bourg. Le risque peut se définir ainsi : Possibilité, probabilité d’un fait, d’un événement considéré comme un mal ou un dommage1. Quant à l’aléa, il peut se définir ainsi : Tour imprévisible et le plus souvent défavorable pris par les événements et lié à une activité, une action2. Ainsi, il n’y a pas de risque sans la combinaison d’un aléa et d’une occupation humaine. L’occupation humaine permanente de ce territoire rend le risque encore plus important. Si l’aléa survient de façon naturelle, son action peut être déculplée en raison de l’élévation du niveau marin, elle-même causée par le réchauffement climatique. Un aléa n’est pas toujours prévisible. Le nord martiniquais est symbolisé par la présence de la Pelée, monument naturel majestueux mais néanmoins très dangereux. L’éruption de 1902, qui a fait environ 28 000 morts, marque encore les esprits3. Un ensemble de risques, plus ou moins prévisibles, rend particulièrement vulnérable cette partie de l’île : cyclones, submersion marine, glissements de terrains, etc. 1 Définition issue du dictionnaire Larousse. 2 Ibid. 3 L’éruption de 1902 a fait de la Pelée le deuxième volcan le plus meurtrier dans l’histoire de l’humanité.

45


Risques volcanique et sismique

Le risque volcanique est très présent sur ce territoire. La montagne Pelée, toujours en activité, rejette des nuées ardentes et de la boue. Elle est entrée en éruption pour la dernière fois en 1929, mais l’éruption la plus dévastatrice reste celle de 1902, comme le rappellent les ruines de SaintPierre. Le séisme est un risque dévastateur aussi bien pour le bâti que pour les habitants. Il est prévisible environ trente secondes avant son retentissement. Un temps qui permet aux habitants de se réfugier en lieu sûr en cas d’alerte.

46


Les mouvements de terrain

Le risque « mouvement de terrain » est le deuxième risque le plus important pour la commune de Basse-Pointe. Le mouvement de terrain recouvre principalement le phénomène d’érosion des falaises ; il fragilise l’ensemble de la côte. Le géographe Pascal Saffache estime la vitesse d’effondrement des falaises à un rythme moyen de 50 centimètres par an. » Mais cette moyenne ne rend pas pour autant le risque totalement prévisible : « elles peuvent ne pas évoluer pendant une décennie et se replier de cinq à dix mètres en quelques heures sous l’effet des houles ou des précipitations cycloniques », précise-t-il1. 1 Pascal Saffache, Manuel de géographie de la mer et des littoraux : essai de compréhension du milieu littoral martiniquais, Matoury, Ibis Rouge, 2005, 198 p.

500 m

47


Les houles cycloniques

En raison de sa situation géographique, la Martinique connaît un climat tropical caractérisé par deux saisons : la saison sèche et la saison des pluies. La Martinique se situe sur le chemin des cyclones et connaît chaque année des pluies torrentielles sur de longues périodes. Les Antilles françaises sont fortement exposées aux cyclones et aux dépressions tropicales car elles possèdent de grands systèmes de pentes qui dominent des côtes basses largement peuplées. La très forte urbanisation du littoral et la présence d’activités économiques rendent ce territoire particulièrement vulnérable aux cyclones et à leurs impacts, comme les précipitations, les inondations et les submersions causées par les houles cycloniques.

48


Les tsunamis

Le tsunami est la conséquence d’un séisme, qui dans le cas de la côte Atlantique, est causé par la proximité de la zone de subduction des plaques de l’Atlantique ou par le réveil d’un volcan à proximité. Le tsunami est un événement rare mais à l’impact important. D’après une étude réalisée par le chercheur Raphaël Paris, un tsunami pourrait advenir sur la côte Atlantique d’ici une trentaine d’années. Déclenché par un effondrement de la Cumbre Vieja dans les îles Canaries, il s’abattrait sur la côte des Petites Antilles avec une vague de 6,60 mètres.

500 m

49


Les inondations

Les inondations sont fréquemment liées aux phénomènes cycloniques qui augmentent les crues des cours d’eaux. L’occupation des zones de déjection des rivières et les constructions sur les berges aggravent les conséquences des crues. C’est le cas à BassePointe, où le cône de déjection est urbanisé, ce qui empêche le déplacement naturel des alluvions et l’évacuation des eaux fluviales. Aujourd’hui, l’imperméabilisation des sols en contexte urbain et l’occupation des berges accentuent les inondations et contraignent le chemin de l’eau. De plus, l’implantation des parcelles agricoles en amont a pour effet d’accroître l’érosion des sols.

50


Le cumul des risques

Ci-dessus, la carte du cumul des risques recensés à Basse-Pointe. Ces risques sont susceptibles d’affecter : - 180 logements situés principalement le long du littoral ; pour tenir compte de la vacance, estimée à 20 %, ce chiffre peut être abaissé à150 logements ; - Plusieurs équipements et commerces : le stade de foot, la pharmacie, le marché, etc. ; - 600 mètres linéaires de la route départementale D10 au niveau du Bas-bourg.

500 m

51


La mairie de Basse-Pointe dans le quartier de Hackaert

52


3 Vers des intentions urbaines pour la résilience du bourg À Basse-Pointe, le risque littoral est intégré à la stratégie de développement de la commune par son Plan local d’urbanisme. Les intentions de la commune au sujet du risque se déclinent selon trois grands principes : la déviation de la route départementale, l’acquisition progressive de parcelles destinées à la relocalisation et le déploiement d’un projet d’éco-tourisme qui valorise le patrimoine de la commune. La déviation de la route départementale est envisagée par la commune en deux phases, mais son tracé final, bien à l’arrière du bourg, ne permet pas le redéploiement du bourg autour de celle-ci. Compte tenu de l’investissement à réaliser, la nouvelle route doit être pensée comme un espace public agréable et intégré à la stratégie urbaine de redéploiement du bourg. La commune cherche ensuite à acquérir des parcelles en cœur de bourg destinées à la relocalisation des logements et des équipements. Cependant, un écueil est à éviter : la constitution d’un continuum urbain par une stratégie d’urbanisation parallèle à l’océan. La relocalisation doit au contraire s’appuyer sur les qualités spécifiques de cette ville tropicale à caractère rural et notamment la pénétration des rivières et des champs au sein de son tissu urbain. Nous pensons qu’une approche transversale, perpendiculaire à la côte, permettrait de conserver des espaces ouverts au sein du tissu urbain. La commune a à cœur de promouvoir le tourisme à l’échelle du bourg par la rénovation de trois constructions remarquables : la maison d’Aimé Césaire, l’ancien tribunal et l’habitation Gradis. Un parcours culturel permettrait de les relier. Par ailleurs, elle souhaite également pérenniser le spot de surf qui se développe au niveau du port par un aménagement adapté aux surfeurs et à l’accueil de son public. Ce chapitre inscrit les intentions de la commune dans un projet spatial résilient face au risque littoral.

53


Hackaert

3

2

Gradis

54


Les projets de la commune pour le bourg de Basse-Pointe inscrits dans son PLU: 1/ Déviation de la route départementale Déviation de la D10 (phase 1)

Déviation de la D10 (phase 2)

2/ Acquisitions foncières destinées à la relocalisation et au développement d’une offre nouvelle de logement Parcelle stratégique de

1

5ha en entrée de ville (logements, groupe scolaire remplaçant les quatre écoles actuelles, maison médicalisée) - (phase 1) Parcelle en

2

cœur de bourg actuellement cultivée (logements, terrain de football) - (phase 2)

Eyma Tapis Vert

1

3

Parcelles autour de l’habitation Hackaert (logements, cimetière) (phase 2)

3/ Valorisations touristiques Les points d’intérêt touristiques à valoriser au bourg: - spot de surf - site de l’habitation Gradis - ancien tribunal Réflexion autour du devenir des sites des écoles

200 m

55


Les intentions de la mairie : une implantation parallèle à l’océan

Le schéma urbain envisagé par la mairie pour le devenir du bourg consiste à s’implanter parallèlement à l’océan. Cette implantation induirait une construction homogène et linéaire le long de la côte établissant peu de relations avec l’arrière-pays.

56


Nos intentions : une implantation transversale à l’océan

Cette étude défend une nouvelle orientation, perpendiculaire par rapport à la côte, qui permet de relier la campagne à l’océan. Cette implantation offre une alternance entre séquences bâties et espaces ouverts, induite par la topographie naturelle des ravines. Le regard n’est plus focalisé uniquement sur la côte mais s’intéresse également aux atouts multiples du paysage de la planèze agricole. Face au risque littoral, cette implantation semble plus résiliente que la précédente. À l’image des campagnes habitées qui s’organisent autour des ravines, le bourg laisse entrer le paysage dans son tissu.

57


2

Hackaert

2

Gradis

4

58


La relocalisation comme opportunité de recomposition urbaine : les intentions programmatiques pour le bourg de Basse-Pointe 1/ Déviation de la route départementale Route urbaine qui dessert les quartiers

2/ Relocalisation sur du foncier public dans des quartiers déjà constitués Tapis vert - Parcelle stratégique en entrée de ville (logements, groupe scolaire

1

remplaçant les quatre écoles actuelles, stade, maison médicalisée) - (phase 1) Hackaert - Parcelles à

2

l’arrière du Caraïbe Price (logements) - phase 1 Eyma - Reconfiguration de la zone d’activité d’Eyma en

3

3

quartier mixte (logements, relocalisation des commerces du bas-bourg) - (phase 2)

Eyma Tapis Vert

Gradis - Création d’un centre

4

civique autour de l’ancienne habitation de Gradis (bibliothèque, office de tourisme, place du marché,

1

logements) - (phase 2)

3/ Les espaces publics de référence ombragés aux croisements entre nouvelle route et axes littoral/Pelée 1. Le promontoire de Gradis 2. Le mail de Tapis Vert et la place de l’école 3. La place d’Hackaert 4. La prairie d’Eyma

4/ Le littoral valorisé 1. Réaménagement des pourtours de l’éperon rocheux (aménagement du port pour l’accueil du surf, renaturation du cône de déjection, aménagement du parvis de l’église et proposition d’église résiliente) 2. Le chemin du littoral prolongé 3. Des larges espaces collectifs sur le front de mer

200 m

59


Séquence Tapis-Vert

Une nouvelle entrée de ville depuis le Lorrain permettrait de mieux articuler l’axe issu de l’habitation Leyritz et la route départementale.

60


Séquence Hackaert

Une nouvelle entrée de ville depuis Macouba pourrait relier différents volumes et programmes autour de l’habitation Hackaert.

61


Séquence Eyma

Reconvertir une zone d’activité en perte de vitesse en une centralité de proximité le long d’un léger talweg.

62


Séquence Haut-Bourg / Bas-Bourg

Faire de la liaison historique entre le site de Gradis et le basbourg une centralité civique en proposant des programmes destinés à la vie collective au cœur d’un parc.

63



B. Le repli du bourg autour de quatre séquences urbaines 1. Des actions différenciées en fonction de l’urgence 2. Inscrire la relocalisation au sein de quatre séquences 1. De Hackaert aux terrasses de la falaise 2. De Tapis Vert au chemin du littoral 3. De Eyma au belvédère sur l’océan 4. De Gradis à l’éperon rocheux du Bas-bourg

65


Les vagues ĂŠrodent continuellement le pied de la falaise.

66


1. Des actions différenciées en fonction de l’urgence Comme énoncé précédemment, plusieurs types d’aléas touchent cette partie de l’île. Certains peuvent se produire plusieurs fois par an, comme la houle cyclonique ; certains sont épisodiques, comme les inondations. D’autres encore sont très rares, comme le risque volcanique ou le tsunami. Malgré tout, l’ensemble de ces aléas cumulés menace environ 150 constructions à Basse-Pointe. Afin de mettre en sécurité le plus rapidement possible les pointois et les pointoises les plus vulnérables, la stratégie adoptée répond de manière prioritaire aux risques les moins prévisibles. Ainsi, l’urgence concerne avant tout l’aléa « mouvement de terrain » : il s’agit principalement de l’érosion de la falaise, causée par le mouvement incessant des vagues qui frappent le pied de la falaise. À tout moment, des blocs de roche — d’une dizaine de mètres de large pour trois à quatre mètres de profondeur — peuvent s’effondrer. Sur un temps plus long, il convient d’envisager la mise en sécurité permanente des personnes exposées à des aléas prévisibles : tsunamis, houle cyclonique, volcanisme. Il est important de préciser que l’aléa sismique, touchant l’ensemble de l’île, n’est pas spécifiquement pris en compte dans cette étude, si ce n’est par la réponse architecturale proposée qui intégrera les préconisations parasismiques. Le projet propose ainsi d’aborder la relocalisation autour de la recomposition de quatre séquences urbaines aménagées dans le temps. Deux séquences sont identifiées comme prioritaires pour accueillir la relocalisation des espaces soumis aux risques non prévisibles : Hackaert et Tapis Vert ; les deux autres, Eyma et Gradis, permettent de relocaliser les logements et équipements situés principalement dans le Bas-bourg.

67


Hackaert

Tapis Vert

Répondre aux risques non prévisibles à court terme Les risques non prévisibles concernent l’aléa « mouvement de terrain », à savoir les éboulements de falaise et l’érosion des berges de ravine. Ces aléas sont brutaux, non prévisibles =et particulièrement dangereux pour 50 logements du bourg considérés en urgence forte. Il est fort probable que des blocs de roche tombent dans les années à venir, qui pourraient mettre en péril des vies humaines. La relocalisation des constructions soumis à ces risques permet la recomposition des sites d’entrée de ville de Hackert et de Tapis Vert.

500 m

68


Gradis Eyma

Répondre aux risques prévisibles à long terme Les risques prévisibles concernent les aléas inondation, la houle cyclonique et les tsunamis. Ces aléas menacent le bâti, mais pas les vies humaines dans le sens où il est possible de mettre les personnes à l’abri en amont de l’événement. Une centaine de constructions sont concernées par ces aléas. Des aménagements de défense peuvent permettre de limiter les dégâts, comme l’enrochement déjà mis en place dans le Bas-bourg. Cependant, cela n’empêche pas de tels phénomènes de se produire et la pérennité des constructions à long terme. La relocalisation progressive du Bas-bourg permet la recomposition des sites centraux de Gradis et d’Eyma.

500 m

69


Hackaert

70


La relocalisation en urgence sur deux sites d’entrée de ville : Hackaert et Tapis-Vert Ces sites sont identifiés comme moteurs pour initier la relocalisation. Ils offrent des disponibilités foncières, des équipements y sont déjà installés et ils permettent aux habitants concernés de conserver leurs habitudes. Le quartier de Hackaert bénéficie d’une proximité immédiate avec les sites exposés à l’aléa, permettant ainsi de conserver les relations de voisinage durant la relocalisation. De plus, le quartier est dynamique et présente de nombreux équipements et commerces importants pour la vie des habitants. Le quartier de Tapis-Vert offre quant à lui des conditions de logement similaires à ceux exposés à l’aléa, situés le long de la départementale. Le quartier s’est construit d’un côté de la route avec de l’autre, une parcelle acquise par la mairie. Celle-ci peut accueillir non seulement les logements, mais aussi la nouvelle école et le stade de foot, des équipements aujourd’hui situés à proximité. La libération du littoral permet l’aménagement du chemin du littoral et la création d’espaces de maraîchage publics et collectifs ou bien professionnels.

Tapis Vert

200 m

71


Bas-bourg - Gradis

72


La relocalisation du Bas-bourg sur deux sites centraux : Eyma et Gradis Ces deux sites sont identifiés comme des espaces-clés pour la relocalisation à plus long terme. Ici, il s’agit de retrouver des similitudes paysagères par rapport au lieu initial, notamment à travers le lien aux rivières et la vue sur l’océan. Le quartier de Eyma accueillera des logements collectifs et individuels ainsi que les commerces qui se trouvent actuellement dans le Bas-bourg. Le site de Gradis sera le lieu d’accueil des logements situés en bas de ravine, ceci afin de conserver des conditions de vie similaires à celles que connaissent actuellement les habitants les plus exposés aux aléas. De plus, des équipements publics tels qu’un marché et une bibliothèque pourraient s’implanter autour de l’esplanade de Gradis, site exceptionnel au cœur de la ville de Basse-Pointe. La libération du cône de déjection permet de retrouver les dynamiques hydro-sédimentaires de l’embouchure des rivières et de valoriser l’éperon rocheux par le réaménagement du site symbolique du cimetière et de l’église et l’aménagement du port qui pérennise le spot de surf.

Eyma

200 m

73


74


2. Inscrire la relocalisation au sein de quatre séquences Les quatre séquences lisibles à travers l’alternance d’espaces paysagers et urbanisés de Basse-Pointe seront les lieux de la relocalisation. Selon une orientation transversale par rapport à la côte, chacun des sites structure la stratégie d’implantation. Que ce soit dans une situation de ligne de crête, de talweg, ou de pente légère, chacun des sites propose une gestion de l’eau tout au long de la séquence, depuis les champs jusqu’au littoral. Cette gestion de l’eau permet de ralentir le parcours de l’eau, de favoriser l’infiltration, de rafraîchir et d’apporter une réelle plus-value à l’espace public martiniquais. Ainsi, chaque site est défini par une pièce d’eau autour de laquelle l’espace public, que ce soit un parc, une place ou une esplanade, s’organise. Il est essentiel de proposer des lieux publics qualitatifs, capables de devenir de véritables espaces de rassemblement au sein du bourg pour pérenniser son attractivité. Chacune des séquences accueille des logements aux typologies variées en fonction du site et de la densité bâtie existante. Hormis quelques habitats collectifs, la construction de logements individuels évolutifs est favorisée, à partir d’un module initial parasismique, qui contient la cuisine, la salle de bain et un collecteur d’eau pluviale. Le reste des pièces peut se construire progressivement grâce aux Koudmen1. Le processus de relocalisation appelle à une double dynamique, celle des constructions à réaliser, mais aussi celle de la déconstruction. Ainsi, la libération du front de mer permet d’offrir de nouvelles expériences le long de l’océan. 1 Le terme « Koudmen », en créole (proche de « coup de main » en français), désigne l’entraide, notamment dans les processus d’autoconstruction. Voir Juliette Smeralda, La culture de l’entraide : Un modèle d’économie alternative, Le cas de la Martinique, La PlaineSaint-Denis, Connaissances et Savoirs, 2016, 326 p.

75


76


1. De Hackaert aux terrasses de la falaise

77


École primaire

1- stade de foot

Mairie 2- Lotissement ancien

5- Parvis AKR

Collège

Station essence 3 - Lotissement récent AKR

4- Exploitation Hackaert

6- Collectifs

0

78

200 m


1- Stade de foot

4- Ruine de l’exploitation Hackaert

2- Lotissement ancien

5- Parvis AKR

3- Lotissement récent

6- Terrain en friche devant les collectifs

La séquence Hackaert se présente aujourd’hui comme un quartier cloisonné (2) malgré de grands espaces qui offrent de belles vues sur l’océan à l’instar du stade de foot (1) ou du parvis de la mairie. Les deux quartiers de lotissement (2 et 3) sont organisés autour d’un espace commercial dynamique mais peu attrayant (5) et d’une somme d’équipements communaux : collège, mairie, école primaire. L’exploitation agricole de

Hackaert, toujours en activité, est aussi présente et comporte des ruines à conserver (4). À l’arrière de la centralité commerciale, plusieurs terrains en friche appartiennent à la Mairie et peuvent constituer des lieux opportuns pour une relocalisation en urgence (6).

79


2

1

3

0

80

200 m


Hackaert, les terrasses Tisser des liens entre les quartiers L’intervention proposée à Hackaert consiste à lier les différentes entités du quartier, qu’il s’agisse des lotissements récents, des logements collectifs, des grands équipements ou de l’exploitation agricole. Ces liens s’effectuent dans la profondeur, depuis les terres agricoles jusqu’à la Pelée, autour d’un espace public central. Ainsi, trente logements (3) sont insérés sur les différentes parcelles maîtrisées par la Mairie. Ils s’inscrivent dans la faible topographie du site. Les typologies varient, de la maison sur pilotis qui dégage des vues vers l’océan à la maison individuelle de plain-pied offrant une typologie résidentielle adaptée aux personnes âgées. En entrée de ville, la requalification de la voirie permet le déploiement d’un espace public central qui allie fraîcheur et ombre par une gestion de l’eau en trois bassins et la plantation d’arbres (1). Le littoral (2), nouvellement libéré pour la mise en sécurité des personnes, offre de nouveaux usages autour d’un espace récréatif et productif. Les habitants peuvent ainsi venir y produire leurs légumes, et le touriste y apprécier les vues incroyables qu’offrent les percées à travers la végétation de la falaise. Le littoral retrouve ainsi progressivement sa vocation première : un espace de ressources libéré des constructions.

Espace public central organisé autour d’une succession de bassins entre l’ancienne et la nouvelle route.

81


20 m

1 L’espace public en terrasses La déviation de la nouvelle route vers Gradis permet de requalifier l’ensemble du parvis du commerce AKR, actuellement en friche et peu adaptée aux piétons. Cette portion de route est bordée par un cheminement piéton qui longe trois bassins, inscrits dans la pente. Ils récupèrent et ralentissent l’eau, tout en offrant un espace public multi-usages ombragé et rafraîchissant.

4m

82


20 m

2 Le littoral ouvert au public Le parcours le long du sentier du littoral est ponctué par différents aménagements, tels que des bancs ou des fontaines, implantés sur les dalles des anciennes maisons.

4m

83


20 m

3 Les logements sur pilotis La parcelle entre le commerce AKR et les collectifs est aujourd’hui fortement talutée à ses extrémités. La proposition consiste à niveler le terrain par un jeu de petites terrasses sur lesquelles s’implantent de nouveaux logements sur pilotis. Les logements s’organisent autour d’un noyau central où se trouvent la cuisine, les sanitaires et un stockage d’eau. Le pourtour de cet espace central est flexible et s’adapte aux besoins de chacun. Le rez-de-chaussée offre un espace extérieur perméable et ombragé.

4m

84


Jean et Henri Prouvé, maison tropicale, Niamey, Niger - Brazzaville, République du Congo, 1949-1952

85


86


2. De Tapis-Vert au chemin du littoral

87


1- Boulodrome

2- Ecole maternelle

6- Canal

Foncier public 3- Entrée de ville

Salle des fêtes 4- Collectifs

Exploitation agricole

5- Axe planté en direction de l’habitation Leyritz

0

88

200 m


1- Boulodrome

4- Logements collectifs isolés

2- École maternelle

5- Axe planté menant à l‘habitation Leyritz

3- Entrée de ville

6- Canal où l’eau s’écoule vers la falaise

La séquence Tapis-Vert se caractérise par un quartier pavillonnaire avec des logements de plainpied en contrebas de la départementale aux abords très larges (3) et peu plantés. Au centre du quartier, une école maternelle (2) anime le quartier à certaines heures de la journée. Sur cette partie, le littoral est très privatisé ; la présence d’un boulodrome est une exception (1). De l’autre côté de la route, un ensemble isolé se compose de collectifs (4), de

terrains de sport et de la salle des fêtes. Le quartier est traversé par un canal (6) dont l’eau provient de la route qui mène à l’habitation Leyritz. Cette route est un bel axe historique planté (5) reliant le bourg à deux quartiers habités des hauteurs : Démare et Morne Balai.

89


2

3 1

0

90

200 m


Tapis-Vert, la bossette Une place publique à la croisée des axes L’intervention sur le site de Tapis-Vert offre l’occasion de valoriser l’entrée de ville de Basse-Pointe. De part et d’autre de la route actuelle, les îlots sont fragmentés mais pourtant reliés à un axe transversal qui se dirige vers la mer. Ici, le projet consiste à faire converger les flux (piétons, routiers, hydrauliques) autour d’un espace public central qui organise l’adresse de différents programmes : école, logements, commerces... À la croisée de la route départementale et de l’axe transversal menant aux quartiers en hauteur, cet espace public (1) devient le parvis de la nouvelle école mais aussi un espace de repos et de rencontre. Trente logements sont implantés le long de la route. Ils dialoguent aussi bien avec la voie qu’avec les espaces agricoles situés en arrière-scène. (3) L’installation de nouveaux espaces communs ouverts sur la planèze agricole compose une nouvelle lisière urbaine. L’accès au littoral s’effectue à travers des cheminements piétons dans le tissu pavillonnaire. Ceux-ci mènent à un lieu récréatif, là où se trouve le boulodrome existant (2). Ce lieu agrémente le chemin du littoral, prolongé depuis Le Lorrain.

Arrivée à Basse-Pointe, l’école comme point de repère au sein d’une traversée paysagère

91


20 m

1 La place publique, parvis de l’école Le parvis de l’école s’implante dans une légère pente, tenue par des bassins qui stockent l’eau en provenance du haut de la Pelée. Contrairement à la place qui est en pente, ces bassins sont horizontaux ; ils proposent des assises et offrent un espace de repos au bord de l’eau qui apporte sa fraîcheur. L’eau franchit ensuite la route pour continuer son chemin dans le canal existant.

4m

92


20 m

2 Le littoral récréatif Le littoral nécessite très peu d’aménagements. Seul le prolongement du chemin du littoral depuis Le Lorrain est nécessaire, ce qui demande un investissement financier limité pour une qualité de cheminement largement augmentée.

4m

93


20 m

3 Les logements en quinconce Les logements proposés ici s’organisent en quinconce, offrant des vues sur l’océan. Ils s’organisent autour d’un espace de stationnement commun. Ainsi, les entrées restent privatives mais l’espace dédié à la voiture limité. Chaque logement possède un large espace extérieur et l’espace intérieur est organisé autour d’un patio.

4m

94


Glenn Murcutt, Marika-Alderton House, Australie, 1994

95


96


3. De Eyma au belvédère sur l’océan

97


Restaurant

2- Canal existant

1- Quartier d’artisanat

6- Collectifs

Foncier public

5- Maisons en bande 4- Eglise évangéliste

3- Site de naissance d’Aimé Césaire

0

98

200 m


1- Quartier d’artisanat

4- Eglise évangéliste

2- Canal existant au pied des collectifs

5- Maisons en bande

3- Site de naissance d’Aimé Césaire

6- Logements collectifs

La séquence Eyma, quartier le plus récent, présente une diversité de typologies bâties : des logements collectifs (6), des maisons individuelles et des maisons en bande (5). L’habitation Eyma, aujourd’hui disparue, a vu naître Aimé Césaire. Elle donne à présent son nom au quartier (3). De ce passé colonial, il reste le pont ferroviaire qui reliait l’habitation Eyma à l’habitation Gradis, ainsi qu’un canal encore visible (2). Un ensemble de locaux d’artisanat et

commerciaux se trouve au centre du quartier, mais ceux-ci connaissent aujourd’hui une vacance importante. Actuellement, le seul équipement dynamique est l’église évangéliste en marge du quartier (4), qui offre un très beau point de vue sur l’océan. L’ensemble du quartier est en pente légère et en promontoire sur l’océan.

99


2

1 3

0

100

200 m


Eyma, les amphithéâtres Une nouvelle dynamique pour le quartier Le quartier de Eyma se compose de deux trames urbaines : d’une part, une trame longeant la ravine et composée de logements ; d’autre part, une trame régulière située en cœur de quartier qui accueille commerces et restaurants. La proposition consiste à respecter ces trames en intégrant les nouveaux bâtiments dans la logique préexistante. Ainsi, de nouveaux commerces, actuellement situés dans le Basbourg, sont relocalisés dans ce quartier. Il s’agit notamment d’un bar, du supermarché Louison et d’un restaurant. De plus, la zone artisanale est retravaillée. Des logements accessibles aux personnes à mobilité réduite y sont insérés. Ces logements (2) bénéficient des services de proximité et d’un accès privilégié à la nouvelle route départementale. À l’articulation entre l’ancienne et la nouvelle route, l’espace public (1) gère non seulement les différents flux routiers, mais aussi l’arrivée de l’eau qui coule depuis les pentes de la planèze agricole. Un chemin piéton longe la micro-ravine qui vient fragmenter la falaise et permet d’accéder au littoral d’où l’on peut observer l’océan. (3).

Autour de la nouvelle route, valorisation des zones humides et plantations tropicales

101


20 m

1 Les logements adaptés pour les personnes âgées

Ces logements accessibles par une venelle piétonne sont installés dans une micro-pente, ce qui rend une partie du deck accessible de plain-pied. Ils comportent des patios pour permettre à leurs occupants de profiter d’un espace semi-ouvert, intime et frais. L’ensemble du logement est organisé entre espace extérieur et intérieur. Le profil de la pente permet de collecter les eaux pluviales, de les stocker dans une cuve et de réutiliser cette ressource ensuite.

4m

102


20 m

2 Le littoral contemplatif À l’emplacement des maisons déconstruites sont aménagées des plateformes de repos depuis lesquelles il est possible d’observer l’horizon autour d’une table d’orientation. Ces installations légères ne demandent que très peu d’investissements : du mobilier urbain en bois et la sécurisation du chemin du littoral, pour que les passants ne s’approchent pas trop près du bord de la falaise.

4m

103


20 m

3 Articulation entre l’ancienne et la nouvelle route La confluence de l’ancienne et de la nouvelle route est rendue perceptible par le traitement spécifique de l’espace public en ce point. La largeur de l’ancienne route est réduite grâce au concassement partiel de l’enrobé, qui laisse place au développement d’une végétation pionnière. Cette mesure permet la limitation de la vitesse sur cette route, à présent destinée à assurer une desserte locale. La nouvelle route se positionne le long d’une prairie humide. Un mur de soutènement protège la route des inondations et assure le stockage de l’eau puis son rejet de l’autre côté de la route. 4m

104


Bruel et Delmar, paysagistes, route du Pâtis des Couasnes, Saint-Jacques-de-la-Lande

105


106


4. De Gradis à l’éperon rocheux du Bas-bourg

107


Cône de déjection Bas-bourg

Eglise

Cimetière

2- Le port

3- La confluence des ravines

4- Route

Habitation Gradis 6- Chute d’eau

Habitat insalubre 5- Canal

0

108

200 m


1- Le Bas bourg dans le passé

4- Route entre le bas-bourg et Gradis

2- Le port

5- Canal qui arrive sur l’esplanade de Gradis

3- La confluence des ravines imperméabilisée

6- Chute d’eau du canal et vue sur la Pelée

La séquence de Gradis au Bas-bourg correspond à l’implantation historique (1) de Basse-Pointe autour du port (2). Ce quartier se caractérise par la forte présence des ravines qui convergent vers le Bas-bourg (3), ainsi que par de grands et très beaux espaces paysagers (6). Les éléments, ici forts et puissants, forment un triptyque : la Pelée, les ravines, l’océan.

La connexion entre le bas et le haut se fait par une route qui longe l’une des ravines (4). Le haut est le lieu de l’ancienne habitation Gradis, récemment achetée par la CTM et reconvertie en centre culturel. Un canal historique en provenance de la ravine Basse-Pointe (5) pénètre le site et se termine par une chute d’eau, située au centre du belvédère de Gradis (6).

109


2

1 3

0

110

200 m


Haut-bourg / Bas-bourg, les promontoires Une liaison historique retrouvée Gradis, située sur les hauteurs de Basse-Pointe, présente une situation paysagère exceptionnelle, entre deux ravines offrant leur fraîcheur, de part et d’autre d’un grand espace ouvert exposé au soleil et d’où l’océan est visible. C’est sur ce site, relié au Bas-bourg par une route unique, qu’est relocalisée une partie des équipements civiques du Basbourg : le marché et la bibliothèque, auxquels est ajouté un office du tourisme (1). Ce dernier est destiné aux visiteurs allant à l’assaut de la Pelée. Entretenant un rapport direct avec les ravines, 25 logements (3) sont implantés dans la pente. Ils tirent profit de la fraîcheur de la rivière et de la végétation exubérante qui s’y développe. En s’appuyant sur le dispositif historique de rampes et de terrasses autour de l’éperon rocheux (2), la projet proposé pour le Bas-bourg consiste à pérenniser le spot de surf et à re-configurer le parvis de l’église. L’église temporaire est quant à elle détruite et offre ainsi un espace supplémentaire au cimetière, aujourd’hui saturé. En parallèle, la renaturation progressive du cône de déjection permettra à terme de retrouver les dynamiques hydro-sédimentaires initiales de la rivière. Auparavant, ces apports alimentaient une plage située de part et d’autre de l’embouchure. Grâce à ces nouveaux lits de sable, l’érosion du pied de la falaise est limitée. Les traces des anciens logements sur le cône de déjection pourraient rester présentes et être accessibles selon les marées, prenant la forme de petits îlots destinés à la détente et à la contemplation de l’océan.

Grand espace ouvert de Gradis entre les ravines

111


20 m

1 L’accueil touristique En lisière de la nouvelle route et de l’espace public de Gradis se trouve l’office de tourisme. Localisé le long du chemin piéton qui relie l’océan à la Pelée, ce lieu permettra de guider les touristes et de faire de Basse-Pointe un point de départ pour l’ascension de la Pelée.

4m

112


2 L’éperon rocheux, le centre historique et symbolique : une nouvelle attractivité

113


20 m

3 Les logements en lisière de ravine En bord de ravine, les logements sont implantés dans la pente ; l’altération et l’imperméabilisation du terrain naturel sont limitées. Le logement s’organise autour de coursives et d’une grande terrasse qui offre une expérience forte au sein de la végétation exubérante des ravines.

4m

114


Ka Waboana Lodge, Hienghène, Nouvelle-Calédonie

115


116


Inscrire Basse-Pointe selon une trame transversale, du littoral à la Pelée L’approche combinée des quatre séquences conduit finalement à révéler un système de parcs au sein de la ville, qui la connecte avec la profondeur du territoire, jusqu’à la Pelée. Ainsi, le projet de relocalisation s’inscrit dans la recomposition de quatre séquences urbaines qui révèlent la structure paysagère de BassePointe au sein de la planèze agricole.

200 m

117



C. Du littoral à la Pelée, un maillage territorial à révéler 1. La planèze agricole, un paysage sauvage à valoriser 2. La marche, une pratique quotidienne à promouvoir

119


Vue depuis le sommet de la PelĂŠe

120


1. La Planèze agricole,

un paysage sauvage à valoriser Parmi les différents leviers soulevés pour accompagner les projets de relocalisation, le potentiel touristique est un atout majeur. La beauté des paysages, couplée à leur faible fréquentation — les touristes étant davantage intéressés par les paysages littoraux du sud — offre une atmosphère toute particulière à la découverte de ce territoire. Ces paysages secrets sont puissants tout autant que précieux. La commune de Basse-Pointe souhaite développer un projet touristique, capable de s’adresser aussi bien aux touristes sportifs, qu’aux amateurs de paysages naturels. Le réaménagement du port de Basse-Pointe permet de pérenniser le spot de surf. L’ouverture d’un site naturel offrant plusieurs chutes d’eau peut séduire les amateurs de trails. Ces qualités sont à conserver afin de proposer un tourisme de qualité qui ne cherche pas la fréquentation de masse mais la préservation de ce territoire sauvage et discret. Le projet ne s’adresse pas seulement aux touristes étrangers ; il associe la population locale, qui accueille d’ores et déjà des touristes lors des compétitions de surf. Le projet touristique se déploie dans toute la profondeur du territoire, depuis le littoral jusqu’à la Pelée. Il s’appuie sur un maillage fin, déjà présent dans le territoire. Les axes perpendiculaires à la mer, qui structurent le projet dans le bourg (Hackaert, Gradis, Eyma et Leyritz), font partie intégrante de ce maillage. Les intentions à l’échelle du bourg de Basse-Point résonnent jusqu’à la Pelée. Ce projet touristique présente un intérêt pour la communauté d’agglomération mais aussi pour les communes. Il peut créer des emplois et stabiliser ainsi les jeunes actifs sur la commune.

121


Un fin réseau de chemins à valoriser

Les chemins des crêtes Certaines voies agricoles, qui existent depuis l’époque coloniale, lient l’ensemble des trois paysages du Nord Martinique. En situation de ligne de crête, ils filent droit à travers les bananiers.

Les ravines sinueuses Les chemins sinueux le long des ravines permettent de rejoindre le littoral depuis les quartiers des hauteurs. À l’ombre et au bord de l’eau, ils se caractérisent par leurs fraîcheur et la végétation luxuriante qui les borde.

Les chemins transversaux Ces chemins permettent de traverser la planèze agricole parallèlement à la pente. En alternant entre forte exposition au soleil dans les champs et fraîcheur au bord de l’eau des ravines, ils offrent des ambiances multiples. La finesse de cette trame résulte de l’activité agricole.

122


123


Selon le diagnostic socio-économique de la commune de Basse-Pointe, 27,5 % des déplacements domicile-travail au sein de la commune sont effectués à pied.

124


2. La marche, une pratique quotidienne à promouvoir

« Fortuna, que l’on surnommait Man Tina, se rendait à l’opposé du quartier et tout comme Man Ina, elle était familière des raccourcis même à risque car cette femme, disait-on, ne craignait rien. Elle se faufila avec une rapidité surprenante dans un ravin contigu ce qui lui permit de passer d’un quartier à un autre presque instantanément1. » Si par le passé les habitants pratiquaient beaucoup la marche, cette pratique tend aujourd’hui à se perdre au profit de l’utilisation massive de la voiture. Des franchissements de ravines et d’autres continuités piétonnes ont peu à peu disparu ou sont devenues discontinues. Mais les traces sont toujours là, et leur réouverture nécessite peu de moyens. À partir des parcours existants et de la réouverture de chemins anciens, une double trame peut être facilement mise en place : d’une part, celle des cheminements radiaux longeant les ravines ou les lignes de crête ; d’autre part, celle des cheminements parallèles à la pente, le long du littoral, à mi-pente ou encore au sommet de la Pelée. La proposition consiste à tisser un maillage reliant les différents points d’intérêt du territoire avec des fortes complémentarités dans les usages. Par exemple, le site de Gradis à Basse-Pointe est aussi bien le centre-civique de la commune qu’un départ de grande randonnée vers le sommet de la Pelée.

1

Marie-Thérèse Casimirius, Berthe ou sueurs, sang et sucre, Nantes, Amalthée, 2014, 39 p.

125


Des chemins agricoles perpendiculaires Ă la mer

126


1. Les grandes traversées de la Pelée au littoral

Les grandes traversées de la Pelée au littoral pénètrent le bourg de Basse-Pointe et structurent les quartiers de Tapis-Vert, Eyma, Gradis, et Hackaert. En majorité situés sur des ligne de crête, ils conduisent aux lieux d’intérêt à différentes altitudes. Sur ces parcours, l’amplitude des températures est importante. En quelques kilomètres, la température évolue radicalement, faisant de ces promenades une véritable expérience pour le marcheur. Par ailleurs, les ravines présentent un fort potentiel en termes de mobilité : elles peuvent être le support de liaisons douces à l’échelle de la planèze agricole.

127


Les chemins en fond de rivière dans la fraîcheur de la végétation

Les fonds de rivière sont des lieux fréquentés par les locaux. Au bord de l’eau, la température y est agréable et il est possible de s’asseoir pour en profiter. Les randonneurs peuvent ainsi se reposer quelques minutes, tandis que les locaux viennent passer leurs week-end dans ces espaces secrets.

128


Les chemins en haut de la rivière de Basse-Pointe, le long des anciens canaux

Vestiges de la colonisation, les canaux des esclaves sont d’anciennes infrastructures hydrauliques qui conduisent l’eau aux moulins des habitations. Aujourd’hui abandonnés, ils peuvent structurer un nouveau réseau de cheminements. Un nouveau regard pourrait alors être porté sur ce riche patrimoine.

129


Les chemins en ligne de crête, montant vers la Pelée

Très exposés et ensoleillés, ces chemins offrent des panoramas spectaculaires sur la Pelée lors de la montée et sur l’océan lors de la descente.

130



L’alignement des palmiers de l’habitation Leyritz aperçu depuis la route de Démare

132


2. Les cheminements parallèles à la mer

Au bord du littoral, à mi-pente au cœur de la planèze agricole et en haute altitude sur la Pelée, ces chemins permettent de lier plusieurs points d’intérêt situés sur chacune des communes du nord-est martiniquais. Se promener à mi-pente entre la chaleur des champs et la fraîcheur des ravines permet de rejoindre les différentes habitations telles que Gradis, la distillerie JM ou bien Leyritz. Ces parcours permettent le déploiement d’un projet touristique à l’échelle du Nord Atlantique martiniquais.

133


La bande littorale, une atmosphère ventée et ombragée

Une fois libérée suite à la relocalisation, la bande littorale peut permettre le prolongement du sentier du littoral depuis le Lorrain. Ce chemin permet une expérience avec l’océan aussi bien pour les promenades quotidiennes à l’abri du vent que lors d’événements tels que la course des yoles.

134


La planèze agricole, une atmosphère dégagée et ensoleillée

Le parcours à mi-pente offre une promenade entre les habitations le long des plantations. La mise en place de bassins permettrait de ralentir l’eau et de réduire l’érosion des sols, particulièrement forte au niveau de ces plantations. Par ailleurs, le passage de touristes pourrait permettre aux agriculteurs d’amorcer une transition écologique en quittant doucement la monoculture.

135


La Pelée et ses ravines, une atmosphère rafraîchissante et sauvage

Le sommet de la Pelée est déjà une randonnée pratiquée par les locaux et les amateurs de trails. Pratiquée dans les nuages et la brume la plupart du temps, cette randonnée se distingue par la fraîcheur des milieux qu’elle traverse et la végétation endémique qu’elle permet d’observer.

136




Conclusion

139


140


Si la commande initiale portait sur la gestion du risque et l’urgence de la situation à Basse-Pointe, la présente étude s’est attachée à éclairer le potentiel de cette commune rurale nichée au cœur du nord Martinique. À l’ombre de l’agitation touristique du sud de l’île, la beauté de Basse-Pointe tient précisément de l’atmosphère de bout du monde qui y règne. Dans le contexte d’un bourg de moins en moins attractif et d’une population vieillissante, la proposition consiste à engager une relocalisation qui conserve le cadre de vie des habitants et s’inscrit dans un projet d’éco-tourisme. Très vite, le littoral est apparu comme profondément lié à son socle qui n’est autre que la montagne Pelée, monument de paysage où alternent végétation exubérante et monoculture de la banane. Ainsi, l’objectif premier de cette étude consiste à adopter non plus une approche parallèle à l’océan mais transversale. En décalant légèrement le regard, une lecture par séquences inscrites dans la profondeur du territoire est proposée. En effet la relocalisation ne peut être réalisée uniquement par opportunités foncières. Pour être menée à bien, elle doit s’inscrire dans une démarche globale. Par cette approche, les espaces agricoles et les ravines sont considérés comme de véritables atouts pour l’identité de la commune. Il s’agit alors d’engager le processus de relocalisation tout en conservant l’alternance d’espaces paysagers et d’espaces urbanisés qui caractérise la structure du bourg. La relocalisation, envisagée au sein de quartiers déjà actifs et habités, permet de conserver les espaces ouverts qui rythment le bourg et de proposer une intégration adaptée des personnes déplacées. Toutes les propositions ici avancées ne nécessitent pas d’être réalisées en même temps, ni même d’être toutes concrétisées. Elles esquissent avant tout une nouvelle lecture de Basse-Pointe, qui révèle sa structure paysagère et l’engage vers un avenir résilient.

141


142


Les rencontres sur site et les ateliers effectués avec les habitants ont montré combien un dialogue était nécessaire afin d’expliquer aux pointois et aux pointoises les risques encourus. Nous insistons sur l’importance de mettre en place des ateliers participatifs sur site entre habitants, élus, experts et urbanistes. Enfin, cette approche transversale permet d’inscrire la relocalisation envisagée au sein du bourg dans une réflexion territoriale. À partir de la nouvelle structure du bourg, un maillage de cheminements se déploie sur l’ensemble de la planèze agricole du Nord Martinique. Les Martiniquais affectionnent la marche à pied, tout comme les touristes qui viennent explorer ce paysage. Pérenniser ou ré-ouvrir des chemins piétons favorise les mobilités décarbonées et valorise le riche patrimoine naturel et culturel de ce territoire. Habitants et touristes profiteront alors de la beauté des paysages qui s’offre à eux quotidiennement ou occasionnellement, depuis les fortes vagues de l’Atlantique jusqu’aux hauteurs mystérieuses de la Pelée.

143



Remerciements

Nos remerciements s’adressent tout particulièrement au Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), représenté par Emmanuelle Durandau, qui a fait preuve de pertinence et d’investissement pour l’élaboration de cette étude. Nous adressons également nos remerciements à la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et de la Nature (DEAL) de Martinique, et tout particulièrement à Gisèle Mondésir, pour son enthousiasme et l’intérêt porté à cette étude. Nous remercions aussi Madame la Maire de Basse-Pointe, Marie-Thérèse Casimirius. Nous adressons aussi nos remerciements à l’ensemble de l’équipe municipale et aux habitants, pointois et pointoises, pour leur accueil chaleureux. Nous avons une pensée amicale pour Daniel, pointois engagé qui nous a fait découvrir la ville avec enthousiasme lors de notre venue. Nous avons eu un accueil très chaleureux de la part des habitants de cette charmante commune. Nous remercions aussi les enseignants de l’atelier d’écriture, en particulier Thomas Beillouin, pour son aide dans la conception et la rédaction du livrable de cette étude. Enfin, nous remercions notre équipe enseignante, Frédéric Bonnet, Christophe Delmar et Éric Alonzo pour leurs conseils, leur attention tout au long de cette étude.

145


Bibliographie

BENOIST, Jean et BONNIOL, Jean Luc, « Les îles créoles : Martinique, Guadeloupe, Réunion, Maurice », Hérodote, n° 37/38, 1985. BRAGANCE, Nicolas et SAFFACHE, Pascal, « La mer, de la prison aux nouveaux modes d’appropriation : De l’esclavage au tour des yoles rondes de la Martinique », dans Wackermann, Gabriel (dir.), Géographie des mers et des océans, Paris, Ellipses, 2014, pp. 331-336. CASIMIRUS, Marie-Thérèse, Berthe ou Sueurs, Sang et sucre, Nantes, Amalthée, 2014, 284 p. CÉSAIRE Aimé, Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence Africaine, 1983, 92 p. CHAMOISEAU Patrick, Texaco, Paris, Gallimard, 1994, 419 p. GARNIER Emmanuel, La mer cet ennemi de plusieurs siècles, Trajectoires de vulnérabilités et défense contre la mer de l’Antiquité au XXe siècle, Paris, PUCA, 2018, 63 p. PETITJEAN, Roget-Jacques, « Les premières habitations de la Martinique », Monuments historiques, n°117,1981, pp. 37-49. SAFFACHE Pascal, Manuel de géographie de la mer et des littoraux : Essai de compréhension du milieu littoral martiniquais, Matoury, Ibis Rouge Éditions, 2005, 104 p. SMERALDA Juliette, La culture de l’entraide : Un modèle d’économie alternative, Le cas de la Martinique, La Plaine-Saint-Denis, Connaissances et Savoirs, 2016, 326 p. XELOT, Frédérique et MEHIRI, Soraya, « Le logement Outre-mer », Habitat et société, n°59, septembre 2010, pp. 74-87.

146


Webographie LAURENCINE, Ronald, « Il y a 40 ans... : La visite de Giscard » [en ligne] https://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/culture/il-y-a40-ans-la-visite-de-giscard-284651.php [consulté le 03/04/2019] RICHARDS, Julie-Anne, BRADSHAW, Simon et OXFAM, « Uprooted by climate change: Responding to the growing risk of displacement » [en ligne] https://www.oxfamnovib.nl/Files/ rapporten/2017/20171101%20bp-uprooted%20climate%20 change%20displacement.pdf [consulté le 02/04/2019]

Entretiens CASIMIRIUS, Marie-Thérèse, Maire de la commune de Basse-Pointe, Basse-Pointe, le 28/03/2019. NACHBAUR, Aude, Géographe du BRGM en Martinique, Fort-deFrance, le 25/03/2019. SAFFACHE, Pascal, Docteur en géographie, spécialiste des milieux tropicaux, Fort-de-France, le 27/03/2019.

147


Commanditaire(s) de l’étude Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature (DGALN) - PUCA Direction de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DEAL) Mairie de la ville de Basse-Pointe Étudiants Mathilde Loiseau Natasha Muszkat Lou Papelier Louis Richard Cette étude a été menée d’octobre 2018 à février 2019 dans le cadre de l’atelier de projet urbain et territorial du DSA d’architecte-urbaniste encadré par Éric Alonzo, Frédéric Bonnet et Christophe Delmar. La rédaction du présent cahier a été accompagnée par Thomas Beillouin et sa mise en page par Julien Martin.

Diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste délivré par le ministère de la Culture, dirigé à l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée par Éric Alonzo et Frédéric Bonnet, architectes urbanistes Coordination administrative Patricia Coudert tél. +33 (0)1 60 95 84 66 patricia.coudert@marnelavallee.archi.fr École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée 12 avenue Blaise Pascal, Champs-sur-Marne 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2 www.marnelavallee.archi.fr



Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou des organismes privés.

Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et à expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tous ceux qui s’intéressent aux questions que posent l’architecture, la ville et les territoires.

La présente étude s’attache à proposer une stratégie d’adaptation face au risque littoral pour une commune rurale nichée au cœur du nord Martinique, Basse-Pointe. Dans le contexte d’un bourg de moins en moins attractif et fortement soumis au risque d’érosion, la proposition consiste à engager une relocalisation qui améliore le cadre de vie des habitants et s’inscrit dans un projet d’éco-tourisme. L’enjeu de cette étude est de montrer en quoi une approche transversale, liant la côte à la montagne, peut apporter un double bénéfice : d’une part pour l’adaptation aux risques littoraux, d’autre part pour révéler la richesse du paysage. En décalant le regard par rapport à une approche trop souvent linéaire du littoral, une lecture par séquences inscrites dans la profondeur du territoire est proposée. Il s’agit alors d’engager le processus de relocalisation au sein de quartiers déjà constitués en considérant les espaces agricoles et les ravines comme de véritables atouts. Cette approche esquisse avant tout une nouvelle lecture du bourg, qui le conduit vers un avenir résilient et l’inscrit dans son paysage. à partir de la nouvelle structure du bourg, un maillage de chemins se déploie sur l’ensemble de la planèze agricole. Un réseau de mobilités douces permet de découvrir le riche patrimoine de ce territoire. Habitants et touristes profitent alors de la beauté des paysages qui s’offrent à eux, depuis les vagues puissantes de l’Atlantique jusqu’aux hauteurs mystérieuses de la Pelée.

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.