Mystère au Mexique
Enfin, nous étions dans l'avion, après deux heures d'attente pour embarquer. L'aéroport de Sydney était rempli d'hommes d'affaires, nous étions le seul couple à embarquer pour Mexico. En même temps, c'est sûr qu'en pleine période scolaire ce n'étaient pas les familles qui remplissaient l'aéroport. Il n'y avait que ma femme, Isabel, et moi. Ma femme et moi sommes archéologues et nous avions eu l'opportunité de venir à Veracruz étudier des vestiges mayas, une civilisation dont nous sommes spécialistes.
***** A l'aéroport de Mexico, nous avions pris un bus pour aller à Veracruz où un homme nous attendait. Demain, nous irions faire des fouilles sur le site où un mexicain avait trouvé un collier en or ainsi que divers objets mayas.
***** Au début des fouilles, ma femme fit une réaction allergique à la nourriture mexicaine que nous avions mangée la veille. D'autres archéologues arrivèrent au cours de la soirée et nous décidâmes d'aller ensemble, le lendemain, sur le lieu de la découverte du collier. Cela me rassurait de ne pas y aller tout seul, étant donné que ma femme devait rester dans son lit, à l'hôtel. Je me liai d'amitié avec un archéologue russe du nom de Nicolaï.
***** Le lendemain, sur le lieu des fouilles, nous découvrîmes un pictogramme représentant dans une grotte, une flèche indiquant une direction et une tête de mort recouverte d'une croix. Nous suivîmes donc la direction indiquée par la flèche. Au bout d'une heure de route, nous aperçûmes finalement une grotte qui se distinguait à peine de la falaise. Nous arrêtâmes la voiture, je descendis le premier de celle-ci. J'avais tellement envie d'entrer... comme si ma vie en dépendait. Sans même prendre mes affaires, je courus et rentrai dans la grotte. Celle-ci était sombre, je distinguais à peine mes pieds. Après quinze minutes de marche dans le noir, je me retrouvai face à trois intersections. Je ne savais pas laquelle prendre. Mon instinct me disait d'aller tout droit, mais quand je me décidai à y aller, mes jambes ne m'obéirent plus et m'emportèrent à droite sans que je ne puisse rien faire. Je continuai d'avancer sans rien penser et éprouver, comme si j'étais possédé. Il faisait de plus en plus noir, je ne voyais presque plus rien. Soudain, je débouchai sur une salle qui n'était éclairée que par deux torches mais où l'on aurait dit que nous étions midi en plein désert. J'avais chaud et tellement soif. Les murs de la pièce dans laquelle je me trouvais étaient
ornés de dessins faits à la peinture blanche. Ceux-ci représentaient le soleil, la lune, la mer, la terre ainsi que d'autres pictogrammes que je devrais prendre en photos pour pouvoir les décrypter. Malheureusement, mon appareil était resté dans la voiture. Je vis soudain une amulette sur une petite cavité de la grotte. J'aurais juré qu'elle n'était pas là quand j'y étais rentré. L'amulette était ronde et brillait de mille feux, on aurait dit qu'elle était en or, ce qui était sûrement le cas. Je m'approchai doucement, à tâtons, de cet objet qui devait être le plus précieux de la pièce. Au fond de moi, un petit bonhomme me disait : « Cours, cours » mais bizarrement, je m'avançai vers l'objet qui semblait m'attirer à lui, j'avais envie de le prendre, de le toucher, de ne le garder que pour moi. Enfin, je pris l'amulette dans ma main mais étrangement, elle était froide comme de la glace, alors qu'il devait bien faire trente-cinq degrés dans la grotte. J'avais chaud, je suais beaucoup plus que tout à l'heure, ma tête tournait, j'avais soif, envie de vomir. Je tombai puis sombrai...
***** Je me réveillai dans mon lit, à l’hôtel, avec l'impression d'avoir dormi pendant trois jours entiers. J'avais envie de voir Isabel, de la serrer dans mes bras. Je me levai, m’habillai et descendis à la réception de l’hôtel où je vis ma femme et d'autres archéologues de différentes nationalités. J’appris que Nicolaï m'avait retrouvé à moitié mort, déshydraté, dans la grotte, et m'avait ramené à l’hôtel où j'avais dormi un jour entier. Quand j'avais questionné Nicolaï au sujet de l'amulette, il m'avait regardé avec des yeux ronds et m'avait demandé de quoi je parlais. Je compris que j'avais rêvé de l'amulette avant de sombrer, inconscient.
****** Plusieurs jours après m'être reposé et rétabli, nous nous déplaçâmes dans un village pour deux raisons. La première était que les fouilles n'avaient rien donné à Véracruz donc nous devions aller plus au nord, pour espérer découvrir quelque chose. La seconde était que deux archéologues québécois étaient morts étranglés. Nous avions donc fais rapidement nos bagages et avions pris le premier bus qui passait devant l'hôtel pour quitter ce sinistre endroit où deux de nos confrères avaient été tués. Je dormais de plus en plus mal et j'étais même insomniaque certaines nuits. J'avais de plus en plus de mal à m'endormir. Comme si mon corps voulait dormir mais mon esprit m'en empêchait, comme si une chose horrible allait m'arriver.
***** Puis ce fut le tour de Nicolaï, retrouvé mort d'une hémorragie interne, après avoir été poignardé à l'aide d'un coupe papier dans le ventre qui avait tranché son intestin grêle en deux. Le plus étrange d'après les inspecteurs, était que comme il était mort dans sa chambre d'hôtel fermée à clé, il avait dû ouvrir sa porte à quelqu'un qu'il connaissait. Les inspecteurs avaient donc interrogé tous les archéologues présents et comme ça n'avait encore rien donné, Isabel et moi devions rester dans l'hôtel, à attendre, le temps qu'ils élucident l'affaire et arrêtent le coupable. Isabel
avait peur et avait envie de rentrer mais malheureusement les inspecteurs ne voulaient pas nous laisser quitter le Mexique.
***** Cela faisait maintenant une semaine que Nicolaï était mort. Les inspecteurs ne savaient toujours pas qui avait fait le coup et les deux meurtres inexpliqués de deux autres archéologues et de la femme de ménage n'arrangeaient rien. Après le meurtre de la femme de ménage, les inspecteurs nous changèrent d'hôtel et placèrent des gardes armés devant celui-ci. Les inspecteurs nous expliquèrent que nous servions d'appât et que le tueur serait bientôt arrêté. Ils avaient éliminé la possibilité que nous, les archéologues, puissions être les coupables ou du moins que l'un de nous en soit un. Ils pensaient que Nicolaï avait conclu un affaire pas très nette avec des mexicains à propos de produits illicites ou d'autres choses dont je préférais ne rien savoir. Ils disaient que ces mexicains devaient faire partie d'un cartel et que celui-ci devait se venger de quelque chose qu'avait commis Nicolaï. Nous n'en sûmes pas plus mais il valait mieux servir d'appât que se faire tuer.
***** La soirée fut des plus étranges. Nous étions tous réunis autour d'une grande table et aucun de nous n'osait dire un mot. Après avoir mangé, tout le monde monta dans sa chambre et ferma sa porte à double tour. Comme chaque nuit, mon esprit ne voulait pas me laisser m'endormir, je baillai, m'étirai dans tous les sens, fis le tour de la pièce au moins trente fois, comptai les moutons mais le sommeil ne venait pas. Je tremblais, comme si j'avais peur de dormir. Je passais d'un opposé à l'autre avec soit la conviction que je devais dormir, soit celle qu'il fallait rester éveillé, de peur qu'il ne m'arrive quelque chose.
***** A mon réveil, je constatai que mon oreiller était taché de sang et je pensai que j'avais saigné du nez. Après nous être lavés, Isabel et moi, nous descendîmes à la réception où nous retrouvâmes les inspecteurs qui nous dirent que personne n'était entré et qu'aucun crime n'avait été commis. Pourtant, il manquait un archéologue espagnol qui avait demandé la veille à n'être dérangé sous aucun prétexte, hormis, bien sûr, s'il y avait danger de mort. Nous passâmes la journée à attendre que quelque chose se passe, qu'un homme essaye de nous tuer mais rien ne se passa. Le soir, après avoir dîné, comme l'archéologue espagnol n'avait donné aucun signe de vie et n'avait sûrement pas mangé de la journée, plusieurs archéologues décidèrent de lui monter un plateau repas. Quelques minutes après être montés, ils descendirent en hurlant. Alors, les inspecteurs, deux gardes armés et les archéologues restés en bas, dont ma femme et moi faisions partie, montèrent dans la chambre à l'étage. Dès que nous eûmes passés le seuil de la porte de la pièce, nous découvrîmes le corps du malheureux sur le sol. Une flaque de sang l'entourait. A ce moment là, je compris que j’étais peut-être le coupable. Comment était-ce possible ? Moi qui étais incapable de
tuer une mouche, comment aurais-je pu être un tueur en série ? C'était impossible mais toutes les preuves étaient contre moi. Le sang sur mon oreiller, le fait que Nicolaï me connaissait, il m'avait donc ouvert…Étais-je devenu fou ? Aurais-je perdu la raison ? Non, cela ne pouvait être moi, ma femme s'en serait rendu compte. Étais-je somnambule ou la victime d'une malédiction ? Je compris alors que je n'avais pas rêvé de l'amulette. Elle existait et m'avait maudit. Mais pourquoi ? Sans doute n'aurais-je pas dû la déplacer, m'emparer de celle-ci. Elle m'avait maudit ; elle avait réveillé en moi un alter-ego maléfique. La seule solution pour mettre un terme à cette folie était d'en finir. Mais il le fallait avant la nuit car, pendant mon sommeil, cette partie obscure se réveillait. Il fallait en finir vite. Je me dirigeai donc dans la chambre du texan qui possédait un colt. Je le pris, ...