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Editorial

En ce mois d’octobre bien pluvieux, votre journal abandonne sa peau estivale pour une laine d’automne avec une équipe ragaillardie ! Cette année est un nouveau règne, celui du Triumvirat (on s’en fout des anachronismes). Nous promettons une année pleine de rebondissements et de célébrations, car vient bientôt le numéro de la décennie...

Quand tout part en l’air, même l’écolo par excellence Nicolas Hulot, nous restons bien sur terre pour vous offrir toute notre fougue, notre jeunesse, notre dynamisme et même notre humour à deux balles. Vous entendez tout l’amphi éternuer autour de vous ? Pas de panique, avec ce numéro vous pourrez puiser des ressources naturelles vous évitant de tomber dans les griffes de la maladie. À coup de pommes de terre, de paniers bio et de Land Art, nous achèverons les bactéries qui guettent la moindre de vos faiblesses. Mais gardons les pieds sur terre et profitons bien de ce numéro pas piqué des vers.

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Ivane Payen, Salomé Moulain et Morgane Vitcoq

Louvr’Boîte Dixième année N°47 0.50cts

Directrice de publication : Salomé Moulain Rédactrice en chef : Ivane Payen Responsable communication : Morgane Vitcoq Relecture : Lise Thiérion Maquette : Louis Chantelat et Emma Capon

Couvertures : Charles Gaucher Ont contribué à ce numéro, dans l’ordre alphabétique : Ines Amrani, Emma Capon, Louis Chantelat, Chloé-Alizée Clément, Taslima Gaillardon, Charles Gaucher, Osanna Giboire, Laureen Gressé-Denois, 3 Dorian Haudoin, Tyfenn Le Roux, Salomé Moulain, Ivane Payen, Jeanne Spriet, Lise Thiérion, Raphaël Vaubourdolle, Morgane Vitcoq.

Ecole du Louvre, Bureau des Elèves, Porte Jaujard, PLace du Carrousel, 75038 Paris Cedex 01

louvrboite.fr Tel: +33 (0)1 42 96 58 13 Courriel : journaledl@gmail.com Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : @louvrboite Instagram : instagram.com/louvrboite

ISSN 1969-9611. Dépôt légal : octobre 2018 Imprimé sur les presses de l’Ecole du Louvre (France). Sauf mention contraire, ©Louvr’Boîte et ses auteurs

M S

Avec Mens Sana, plus besoin de mettre du beurre dans les épinards

Le Louvr’Boîte est allé à la rencontre des membres du club qui fait sensation en ce moment dans les couloirs de l’école. Vous l’avez deviné, Mens Sana nous a ouvert ses portes. Une de ses co-présidentes, Manon Pierre ainsi que Laureen GresséDenois, responsable de la communication ont répondu à nos questions.

Manon, est-ce que tu peux te présenter ?

Manon : Je m’appelle Manon, à la base je viens de Sciences Po. J’ai intégré le double diplôme Sciences Po / École du Louvre, je suis arrivée l’année dernière en troisième année, l’année de pré-requis pour valider le niveau de licence. Cette année je fais le double master Science Po / École du Louvre.

Quel est ton rôle au sein de Mens Sana ?

J’ai monté ça avec Clémentine (Martin NDLR), on est toutes les deux co-fondatrices et présidentes. On gère une équipe, on est dix-sept. On gère aussi avec l’administration et les agriculteurs.

Est-ce que tu peux présenter le club en quelques mots ?

Avec Mens Sana, le but est de faire venir des agriculteurs pour apporter les paniers de légumes pour les élèves de l’École du Louvre, ça fonctionne vraiment comme une

AMAP. Mais l’idée au-delà est de créer une association écologie à l’École du Louvre, ça part du constat qu’il n’y a rien qui est fait à l’école sur l’écologie. On aimerait bien aussi faire des conférences, des petites actions sur tout ce thème là.

Comment avez-vous constitué l’équipe avec Clémentine ?

On a mis un message sur Facebook pour savoir si des gens étaient intéressés et il y a eu un énorme succès, beaucoup de gens ont répondu au sondage. Et puis on a demandé à ceux qui voulaient nous laisser leur adresse mail. On a eu beaucoup de filles (et deux garçons) qui ont répondu. On a envoyé un mail pour leur demander s’ils voulaient participer à l’organisation. On est dixsept, et c’est largement assez, c’est pas facile de manager une équipe de dix-sept personnes. Ce qui serait bien, ce serait de recruter des 1ères années parce qu’on n’en a pas du tout.

Vous avez mis combien de temps à organiser tout ça ?

On est allées voir l’administration en mars. On a fait la première réunion en mai. En avril on a sorti les sondages, on a fait la réunion après les 5

examens. On a prévenu que pour nous c’était bon aux agriculteurs en juin. Et après le gros coup de feu était en septembre pour les inscriptions. On a utilisé un fichier Google doc c’était

pas incroyable, on aimerait bien changer, mais sans budget c’est pas facile.

D’où viennent les produits ?

C’est une exploitation à Rambouillet, les fermiers Rémi et Christophe sont très engagés. Christophe est un ancien pompier et Rémi a fait des études d’agronomie. Ils ont monté leur propre organisation, et sont très militants pour tout ce qui est dignité paysanne, semence bio. Ils travaillent beaucoup en partenariat avec d’autres coopératives. La présence d’agrumes dans les paniers par exemple est permise

par un travail avec une coopérative en Sicile. Là-bas, toutes les exploitations d’oranges et de citrons étaient très mal en point et ils ont décidé de se mettre en coopérative et de court-circuiter les supermarchés locaux qui les étouffaient, ce qui leur donne un rayonnement en Europe. Ce sont eux qui livrent leurs agrumes à Rémi et Christophe. Les œufs sont un partenariat avec la Bretagne, mais sinon la majorité de leurs fruits et légumes viennent de leur potager à eux.

Comment est-ce que vous vous êtes mises en contact avec eux ?

Moi je fais les paniers à Sciences Po depuis un an et en fait ils font toutes les AMAP étudiantes de Paris. Ils livrent aussi Polytechnique, l’ENS, Paris IV, l’EHESS. Ils sont très au point là-dessus et c’est pour ça qu’ils proposent des prix adaptés. Normalement une AMAP à Paris ça coûte très cher parce qu’ils livrent eux-mêmes. Ils savent que là, ce sont des étudiants, du coup ils font gaffe, ils proposent des légumes faciles à cuisiner. Ils alternent beaucoup, ils ne donnent jamais deux fois d’affilée, à part des patates ou des carottes, mais s’ils mettent un chou dans les paniers, ils n’en mettront pas un deuxième la fois suivante. Ils prennent vraiment en compte la dimension étudiante, ils sont hyper arrangeants parce que, quand même, trouver des agriculteurs qui nous livrent le mardi aprèsmidi à l’école du Louvre, c’est quasi impossible.

Donc l’idée t’est déjà venue à Sciences Po…

En fait à Sciences Po, je ne faisais que récupérer les paniers. Ici, j’en parlais avec 6

Clémentine et je me disais que j’aimerais trop avoir des paniers de légumes. Il faut savoir qu’à Paris, pour être dans une AMAP, on est sur liste d’attente tellement il y a de demandes. Donc je me suis dit que j’en parlerais à Rémi et Christophe s’il leur restait des fruits et des légumes et ils étaient carrément prêts. Après, ça a mis un peu de temps d’en discuter avec l’administration. Mais l’idée c’était un peu un challenge de monter un club à l’Ecole du Louvre, de faire bouger les choses.

Il y a eu des pourparlers avec l’administration ?

Non, finalement ça a été assez rapide. Ils nous ont dit OK, vous pouvez vous mettre en club, il n’y avait pas besoin d’argent ni d’infrastructure donc ils n’ont rien eu à nous donner. On était presque autonomes. On verra comment vont se passer les distributions, mais l’accord de principe a été vite donné.

Peux-tu expliquer le système des paniers, et notamment le fonctionnement par cycles qui n’a pas été très bien compris par tout le monde ?

Pour proposer aux agriculteurs une assurance et pour que ce soit plus simple pour 7

nous, on fonctionne par cycles. Cette fois-ci, il s’agit de six semaines mais ensuite ce seront des cycles de sept semaines. On s’inscrit et on s’engage pour des paniers qu’on paye en avance et qu’on va ensuite chercher chaque semaine, jusqu’à la sixième. Après, il y aura les réinscriptions. Le principe pour nous, c’est que chaque semaine on ne court pas après l’argent et qu’on paye les agriculteurs. En l’occurrence jusqu’au 31 octobre, on paye les paniers en avance. Ça leur donne une sorte d’assurance et pour nous aussi puisque les gens ne peuvent pas se désister, donc on peut davantage se projeter au long terme.

Les premières inscriptions sont passées, c’était comment ?

Bin ça va (rires). Il n’y a pas eu d’erreur de caisse. On était étonnées pour une première fois, on a récupéré 3000 euros.

Vous ne faites pourtant pas de bénéfices…

Non, on fait payer une cotisation d’un euro et ça nous a permis de rembourser les sacs qu’on prête aux agriculteurs pour qu’ils nous livrent. C’est à peu près soixante-neuf euros

parce qu’on a soixante-neuf inscrits. Le BDE nous a donné un peu d’argent pour qu’on puisse acheter un couteau et une planche. On pense qu’on va garder la cotisation pour le prochain cycle pour qu’on puisse le réinjecter plus tard.

Vous avez eu beaucoup d’inscrits mais aussi pas mal de personnes qui n’ont pas réussi à s’inscrire, est ce que vous avez l’intention de changer quelque chose pour le prochain cycle ?

On est à cinquante paniers, ils ont dit qu’on pouvait augmenter à soixante-cinq, je pense que si on pousse, on peut passer à soixante-dix voire soixante-quinze paniers. Le truc c’est qu’on ne peut pas augmenter les paniers tant qu’on n’a pas une plateforme d’inscription et de paiement simplifiée. Et aussi tant qu’on fait les distributions dehors sur le trottoir et ça c’est à voir avec l’administration et la sécurité du Louvre. Tant qu’on ne sera pas dans l’enceinte du Louvre ou carrément dans l’école, ce sera un problème. Pour l’instant on n’a pas le droit de rentrer dans l’enceinte du Louvre. Si on ne trouve pas de solution d’ici le second cycle, on sera obligées de s’arrêter. Un retour sur les débuts de l’expérience ?

Laureen : On a été super étonnées par l’enthousiasme des personnes. Le nombre de personnes qui tout de suite ont répondu au projet, beaucoup de likes. C’était vachement encourageant que des élèves soient à fond tout de suite. Lors de la première distribution mardi dernier (le mardi 25 septembre NDLR), les gens avaient le sourire, c’était super sympa. Ils posaient des questions, qu’est-ce qu’un chou chinois, comment le cuisiner. On les redirigeait sur notre blog, qu’on alimente le plus possible. On a même une personne qui a découvert le brocoli ! Ce sont des situations enrichissantes pour nous parce qu’on apprend des choses aux autres, on leur donne notre expérience de cuisinières habituées aux paniers bio et en retour on a des gens qui sont enthousiastes.

Manon : Pour donner une idée, on a cinquante paniers, soixante-neuf inscrits, on a lancé les inscriptions un dimanche matin à 8h pour qu’il n’y ait pas trop de monde en même temps et à 8h09 tous les paniers étaient réservés. Moi je misais sur le dimanche soir, certaines filles pensaient même qu’il fal- 8

lait tendre jusqu’au lundi parce qu’on n’aurait pas tout rempli à temps.

Donc vous avez un blog ?

Laureen : On y poste des recettes, mais aussi des petites histoires, tout le monde peut participer. Le blog est ouvert à tous. On a un projet d’article sur les applications qui existent qui référencent les légumes de saisons, des trucs un peu éthique, etc. On a aussi «Histoire de ne pas vous raconter de salades» sur un légume à chaque fois. On fera aussi des articles sur la diversité, l’écologie. Mais on aimerait bien aussi que les AMAPeurs se l’approprient. Si on arrivait à créer cette communauté avec beaucoup d’interactions, d’échanges qui nous enrichissent dans les deux sens ce serait vraiment top. Manon : L’idée part un peu de ce constat que j’ai fait l’année dernière en arrivant à l’école, c’est que les gens ne se parlent pas. Il y a un gros problème de solidarité/sociabilité à l’école. Et le but c’était de pas parler d’histoire de l’art, de faire autre chose, quelque chose qui rapproche comme la cuisine par exemple. Faire un petit groupe entre gens qui aiment manger de bons légumes. C’est vraiment l’idée de Mens Sana, de créer 9

du lien, d’où le groupe (facebook NDLR) où on aimerait bien que les gens postent leurs articles, leurs recettes, leurs trouvailles.

C’est quoi la suite ?

Manon : Je ne sais pas si on peut en parler. On va faire un atelier trop cool avec le Défilé de l’Histoire, un club DIY (Do It Yourself). On va faire des choses sur tout ce qui est durabilité, zéro déchets. On voudrait aussi participer au Festival Alimenterre avec le club ciné qui diffuse des films sur comment manger mieux, le bilan agriculture de la planète. Sinon notre but est aussi de faire bouger des choses dans l’école, on a des projets avec les spécialités…

Un dernier mot ?

On attend vos contributions !

Le site Mens Sana: mens-sana-edl.000webhostapp.com Propos recueillis par Salomé Moulain

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