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L’ApARTé scientifique
by Louvr'Boîte
Taslimiam Taslima Gaillardon
Pour le numéro de rentrée j’ai décidé de faire une recette ambitieuse, raffinée, un truc vraiment ouf. Par contre accroche-toi, parce que tu risques de lutter à mort pour en venir à bout. C’est faux. On fait une patate, une pa tate bouillie. Parce que j’ai pas d’inspiration et que j’ai pas la pêche. Tu connais la chanson Les patates de Ricoune? Non? Tant mieux, elle est pas dingue, même si ça peut créer une ambiance et éviter que tu ne plonges dans une profonde dépression face à ta casserole.
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Tu mets ton sel dans l’eau préalablement dispo sée dans la casserole. Tu places délicatement ta pomme de terre dans l’eau après l’avoir épluchée, enfin sauf si t’aimes la peau, vis ta vie, sens-toi libre, c’est comme ça qu’on t’aime. Tu peux mettre ta casserole sur le feu maintenant afin que la pomme de terre cuise au calme, parce que sinon c’est un peu dur. Quand l’eau bout
Il te faut pour cette recette: -Une jolie pomme de terre, choisis-la bien, c’est le coeur de la recette. -Un Willi Woller 2006 (bg si t’as la rèf). -Une casserole. -De l’eau, ça sera moins sec. -Du sel, sauf si tu fais de l’hypertension, il paraît que c’est pas très bon, enfin je sais pas c’est quelqu’un qui m’a dit ça une fois. -Une patate, ah non ça on a déjà. -Du feu, pour cuire. Pour en faire, tu peux utiliser ce qu’on appelle un briquet, ou bien des allumettes.
c’est le signal que c’est prêt. Pour la présenta tion tu peux la mettre dans une assiette par exemple. Ensuite, les gens normaux mettent du beurre salé des sus, les gens peu fréquentables mettent de l’huile (sans jugement bien sûr).
Allez bisous, à tôtbien dans ton vagin <3
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Le marbre en art, un bric-à-brac géologique
En Histoire des Arts, on définit le marbre comme une pierre sans grain et lustrable par polissage, autant dire que cela n’a RIEN à voir avec la définition géologique du marbre ! Donc le marbre artistique (au sens large) en fait c’est : du marbre, du calcaire un peu dur, du basalte, de l’albâtre, etc.
Mais tenez, et si nous racontions un peu l’histoire géologique de toutes ces roches. Car oui, les roches ont une histoire ! Et pour qui s’y intéresse un peu -et a un certain pète au casque, il faut se l’avouerelle peut devenir aussi épique que n’importe quelle quête de medieval-fantasy ! -ou alors j’exagère totalement, dans le seul but que vous continuiez à lire, grosse puteà-clics que je suis !- Bien entendu, étant donné que je n’ai pas non plus 50 pages pour écrire cet article, ce dernier tentera d’expliquer l’origine géologique des marbres de la manière la plus succincte et compréhensible possible, parce que je vous assure que tout ceci se révèle être un beau capharnaüm teinté de termes tous plus abscons les uns que les autres, même pour un « scientifique » avéré comme bibi et parce que je ne vais pas vous refaire tout le programme de première/terminale S au risque de devenir astronomiquement chiant !
Commençons par le calcaire. Pourquoi ? Parce que ! Petit insolent. Alors il me faut vous le dire tout de suite, le calcaire, eh bien c’est (entre autres) des cadavres ! Je vois le dégoût sur vos visages, non mais rassurez-vous, ce sont plus des fossiles de cadavres qu’autre chose. Du propre quoi ! Je m’explique … Dans les mers et les océans, les animaux et les végétaux meurent 28
aussi -y’a pas d’raison !- et leurs corps se déposent dans les fonds marins. Ainsi vont s’accumuler des quantités astronomiques de squelettes de micro-organismes, de coquillages et de débris organiques divers et variés, masse informe que la pression monstre qui règne làdessous va bien finir de tasser. Tout ceci sédimente, et PAF ça fait des Chocapics du calcaire ! Bon il y a tout un passage de cristallisation de la calcite, mais on est en géologie, pas en chimie, donc on s’en tamponne le coquillard, cristallisé, ça va de soi. Bien sûr, il existe PLEIN de calcaires de différentes caractéristiques physiques selon les gisements : des durs, des tendres, des plus ou moins poreux ou contenant plus ou moins de fossiles, etc. -nota bene : penser à écrire la chanson du calcaire, merci Pierre Perret. Mais seulement une partie d’entre eux font partie de la grande famille des marbres.
Bien, et maintenant passons au marbre justement. Et ce n’est pas un hasard car il s’agit en fait … de calcaire transformé ! Ou plutôt métamorphisé en fait. Mais késako le métamorphisme ? -et non Kevin, ce n’est pas le fait de se transformer en Métamorph, maintenant retourne en 2016 jouer à Pokemon Go !- Plus sérieusement, le métamorphisme c’est le changement de forme cristalline (et donc de caractéristiques physiques) d’une roche sous l’effet d’une très forte pression ou d’une très haute température (ou des deux). Donc pour créer votre roche métamorphique, il va falloir l’amener profond, très profond, ou à proximité d’une source de forte chaleur (chambre magmatique, lieu de frictions tectoniques, Emma Watson, etc.). Pour la première méthode, cela se passe souvent lors d’une collision entre deux plaques lithospériques, mais une petite explication s’impose peut-être. La surface terrestre est formée en gros d’une lithosphère rigide (croûte continentale ou océanique suivant les roches qui la compose et Manteau supérieur). Cette lithosphère est séparée en plaques lithosphériques -merci Captain Obvious- qui « flottent » sur l’asthénosphère ductile en-dessous et qui donc, du fait de mouvements de matières internes, se déplacent et s’entrechoquent d’où les séismes et autres joyeusetés de ce genre. Pour en revenir à notre sujet, quand deux plaques lithosphériques entrent en contact sous l’effet de forces de compression, la croûte océanique (et donc le calcaire, posé, je le rappelle, au fond des océans), plus dense, entre en subduction, c’est à dire qu’elle « plonge » sous la croûte continentale, et les roches sédimentaires
qui se trouvaient au-dessus sont « raclée » par cette dernière, formant un prisme d’accrétion. Les deux masses continentales auparavant séparées entrent alors en collision, entraînant entre elles notre calcaire, et il se crée un relief par ce que l’on nomme un épaississement crustal -serrez une boule de pâteà-modeler dans votre main et vous aurez un bref apperçu de tout ceci. Le truc c’est que si la roche « monte » en surface, elle « descend » aussi en profondeur, à un endroit où il fait TRÈS chaud et où la pression est inimaginable. La roche se métamorphise alors et remonte peu à peu à la surface, comme un bouchon, au fil de l’érosion du relief qui est au-dessus. Ok, on a donc une roche, sédimentaire (le calcaire), une roche métamorphique (le marbre), passons maintenant aux roches océaniques avec le basalte. Alors, il s’agit d’une roche noire -pour l’instant ça va ...- microlithique - …, et m****. Bon en gros une roche microlithique c’est une roche pas totalement cristallisée, c’est à dire que de tous petits cristaux sont entourés d’une masse de « verre » non transformée en quartz, pyroxène ou autres cristaux. Pourquoi ça fait ça ? Parce que la roche a refroidi trop vite pour que ses composants cristallisent bien. Et cela nous permet de parler de la formation du basalte -mais quelle transition !- Cette roche est produite en fait au niveau des dorsales océaniques, qui sont des chaînes de volcans se trouvant au fond des océans entre deux plaques lithosphériques. C’est là que se créent les roches composant la croûte océanique, ce qui « pousse » le reste des deux plaques lithosphériques, qui s’écartent donc l’une de l’autre. Mais bref, le basalte, au départ, c’est la lave de ces dorsales océaniques qui, lors d’éruptions sous-marines, refroidit brutalement au contact de l’eau alentour. Il s’agit donc d’une roche volcanique. Voilà voilà !
Passons à une roche un peu plus compliquée, car à l’instar du marbre, l’albâtre ne se réfère pas à une unique vérité géologique -on a donc une roche qui en est plusieurs dont une qui en est plusieurs autres, impeccable ! Comment voulez-vous que je ne fasse pas des cauchemars la nuit moi !- Donc, je disais … on retrouve deux types d’albâtre : l’albâtre calcaire et l’albâtre gypseux. Alors le premier, et bien c’est du calcaire … Mais attention ! Pas le même que tout à l’heure ! Celui-ci se forme sur la terre ferme -ou plutôt SOUS la terre ferme d’ailleurs. En effet, l’albâtre calcaire est produit dans les grottes par infiltration d’eau dans des roches calcaires. Je m’explique : lorsqu’il pleut, l’eau s’infiltre dans le sol et rencontre
alors diverses roches. Or, s’il s’agit de calcaire (formé de la manière préalablement expliquée), ce dernier se dissout en partie dans l’eau, qui l’emporte avec elle. Mais quand cette eau chargée de sels minéraux rencontre une grotte, elle commence à goutter sur les parois ou du plafond. Le calcium qu’elle contient se re-cristallise alors au contact de l’air, formant stalagmites et stalactites … d’albâtre.
Et le gypseux ? Eh bien c’est du gypse pardi ! Et le gypse ? Alors, il s’agit de ce que l’on nomme une évaporite, ou roche sédimentaire saline, tout est dans le nom. En résumé du gypse se forme lorsque qu’un lac ou un bras de mer s’assèche. Les sels minéraux contenus dans ces eaux restent alors au fond du lit de l’ancienne étendue et sédimentent par compaction des couches inférieures sous la pression des couches supérieures pour former (entre autres) du gypse !
Bien. Je pense que ça suffit pour aujourd’hui la géologie, non ? Il est vrai que cette matière, barbare même pour beaucoup de S, ne vend pas forcément du rêve. Mais pour autant, cela peut aussi nous apporter un regard nouveau sur la sculpture, en imaginant les préquelles de telle ou telle oeuvre, en pensant à tout le chemin parcouru par cette roche pour parvenir jusqu’entre les mains de l’artiste puis face à nous dans un musée. Allié de science, l’art n’en devient sans doute que plus beau. Et puis nous qui nous concentrons toujours sur l’histoire des Hommes, pourquoi ne pas en faire de même pour celle de la Terre ? -oui, je sais, je pars trop loin.
Raphaël VAUBOURDOLLE
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Histoi’Art
Donjon versus Clocher, le jeu du contrôle de la terre
Si l’on croit bien souvent qu’au Moyen Âge les attributions de terres étaient fixes et immuables, gravées à l’encre dans les chartes, beaucoup bien souvent oublient que le royaume de France, encore à ses balbutiements, se composait alors d’une grande variété d’entités géographiques, limitrophes et administratives. La terre, alors plus grande richesse que l’on puisse posséder, est l’objet d’un constant jeu d’échecs, parfois sans pitié, entre ses habitants. Quand l’art de la guerre s’invite à l’art du contrôle de la terre naissent alors des stratégies, des originalités de coups et même… des pions insoupçonnés. Prêts à tout faire pour gagner la partie ? Suivez les pas de nos meilleurs joueurs ! Place au jeu ! Contrô - ler la terre en tant que seigneur ? Avançons les pions. Au tournant du IX-Xème siècle émerge la volonté d’attachement des hommes aux lieux dans lesquels ils vivent, développant dans le même temps une autorité seigneuriale qui s’affirme. En 1973, l’échiquier médiéval des territoires a enfin son nom de baptême grâce à Pierre Toubert qui appelle ce phénomène « incastellamento ». À travers lui, l’historien français désigne le regroupement des hommes dans un village fortifié et perché autour de la résidence du seigneur, rebattant ainsi les cartes des parcelles de terrain. Séparé des espaces artisanaux,
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notre pion de la tour s’appelle
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Ruines du château de Frohburg
jusqu’à ce que peu à peu les petites sépultures se rassemblent en une zone collective consacrée, accolée à l’église : le cimetière. En donnant désormais au cimetière et à l’église un rite de consécration, ils deviennent plus que des bâtialors la motte castrale, soit une motte de terre souvent artificielle qui induit une stricte séparation avec les autres zones par un fossé et une élévation qui la distingue du reste. Toutefois, problème de règle du jeu à l’époque : il existe très peu de sources textuelles sur nos mottes castrales ! Ainsi, le château de Frohburg n’apparaît pour la première fois dans les documents qu’au XIIIème siècle alors que les fouilles archéologiques ont bien démontré son existence déjà au Xème siècle ! Autre caractéristique des pions « mottes castrales » : leur instabilité ! Certaines ne servent que très peu de temps, à l’image de celle de Pineuilh qui n’a connu qu’une seule génération avant d’être abandonnée pour une nouvelle plus loin. ments mais bien une zone protégée à la forte aura spirituelle qui forme la Maison de Dieu. Donner à certains espaces et bâtisses ce statut particulier, cela induit que tout territoire n’appartenant pas à l’Église est condamné à être régi par le Malin, à faire partie du saltus, des incultes... L’église devient alors le pôle absolu de la religion, du domaine de Dieu. Sacrée botte dans le jeu, non ? Avoir Dieu comme joker, c’est toujours faire bonne pioche. Les différentes reconstructions sur un même lieu légitiment et pérennisent encore plus le contrôle de la terre. C’est le cas pour l’église de Wharram Percy en Angleterre, qui a connu au moins douze constructions et reconstructions différentes, mais toujours au même lieu. C’est la sacralité de l’endroit qui stabilise Et dans l’autre camp ? Voyons un peu le jeu de l’adversaire de nos pions seigneuriaux : l’Église ! Au Moyen Âge, habitats et espaces funéraires sont dissociés le bâtiment et ses fondations. De plus, l’apparition et la multiplication de micro-prieurés par la suite va permettre de constituer un véritable maillage ecclésial sur 33
les terres. Pion important, l’église représente bien souvent dans les villages le seul véritable bâtiment communautaire.
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Toutefois, croyez-vous sincèrement que le camp des seigneurs allait laisser les ecclésiastiques gagner la partie ? À partir de l’an 1000, avec l’usage de plus en plus généralisé de la pierre, nos pions deviennent plus forts : les mottes castrales en bois se métamorphosent en imprenables châteaux, les petites églises se dotent d’un solide clocher. La concurrence va surtout s’effectuer d’un point de vue architectural. Premier round : la guerre verticale est lancée ! Clocher et donjon étant des points d’ancrage d’élévation, le plus haut est celui qui symboliquement domine le territoire, étant visible de très loin. Certains joueurs n’hésitent d’ailleurs pas à tricher comme le seigneur de Talmont qui la nuit part démonter des blocs de l’église pour continuer la construction de son donjon ! À partir des années 1050, les Grégoriens entendent organiser la terre autour des pôles sacrés. Dans les sources textuelles, les lieux sont désormais plus repérés par le nom de la paroisse que par le nom du chef-lieu… La prétention ecclésiale de dominer le territoire est bien sûr non dénuée d’intérêt : avoir plus de terres sous leur contrôle permet aux religieux de récolter plus facilement et en plus grande quantité la dîme.
Deuxième round : la guerre sonore ! Le cor ou la trompe d’appel est un des marqueurs importants de la domination du seigneur sur son espace. Tous les sites aristocratiques fouillés possèdent au moins une corne. À Pineuilh, douze cors ont ainsi été retrouvés quand seul un tiers de l’espace a été fouillé (avis à nos lecteurs archéologues !). Par conséquent, l’ Église va pendant longtemps être hostile à ces objets et va même considérer qu’ils sont des relents de magie et de paganisme. Toutefois, cela n’empêche pas les religieux de contre-attaquer à leur tour avec leur clocher et leur appel à la messe à pleines volées métalliques de cloches dansantes. Troisième round et pas le
plus connu : la déambulation spatiale ! Objet d’études de Joseph Morsel notamment, la déambulation est le moyen pour seigneurs et religieux de rappeler régulièrement les limites de leurs territoires. Pour des terres éloignées, y aller de temps à autre se révèle primordial pour éviter une usurpation ou une contestation. C’est le cas des moines de Conques faisant de réguliers allers-retours entre Pallas et Bellemont. Les témoins sont très importants aussi quand on vient d’acquérir une terre. En en faisant plusieurs fois le tour, accompagné d’observateurs, on marque ainsi la légitime appropriation de l’espace. La chasse permet en outre de remarquer les limites de son territoire dans la réserve. Face aux laïcs, les ecclésiastiques procèdent eux à des processions religieuses en faisant le tour d’une parcelle en priant pour un meilleur rendement ou par des marches spirituelles d’un point sacré à un autre. Quatrième round : asseoir sa domination sur les autres pions ! Au-delà même des deux camps adverses, il reste encore les pions simples du plateau : les habitants. Pour eux, seigneurs et religieux vont tenter de déployer les plus fins stratagèmes pour les lier à leur volonté d’autorité terrestre. Ainsi, obliger les fidèles à venir chaque dimanche à la messe permet au clergé de marquer leur domination par le passage d’hommes et de femmes vers leur église. De même, périodiquement, les paysans doivent se rendre au château du seigneur afin de montrer leur soumission par le chevage et pour payer les taxes et impôts qu’ils lui doivent.
Maintenant que vous connaissez tout du jeu de contrôle de la terre médiévale, que vous avez révisé les meilleures stratégies, plus ou moins autorisées, pour asseoir votre autorité, êtes-vous plutôt #TeamDonjon ou plutôt #TeamClocher ? En tous les cas, que le meilleur gagne !
Laureen Gressé-Denois
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Nouvelles du prochain Monde Cultiver son jardin (de pommes) Dorian Haudoin
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Il était midi. Le soleil, à son zénith, bombardait de ses particules les panneaux solaires rouillés, entreposés dans la vaste plaine s’étendant à perte de vue. Quelques immeubles, isolés mais toujours fièrement dressés, jouaient des ombres et s’improvisaient cadrans solaires. Le désert à leurs pieds, lui, a pour caractéristique de repousser les étrangers qui foulent son sable. Les insectes venimeux, scarabées ou autres serpents, les avertissent du caractère hostile de leur entreprise ; et le vent, en dernier recours, les aveugle de poussière tout en ralentissant leur progression. Aucun homme n’avait franchi ce lieu depuis que la civilisation plia bagages pour les cieux, au-delà des nuages bruns. Pourtant, deux silhouettes ondulant sous la chaleur se mouvaient au loin.
« Commandant, si je peux me permettre, nous aurions pu – que disje – nous aurions dû prévoir que ce détour allait nous coûter plus de carburant qu’à l’accoutumée ».
Si ce n’était pas la terrible acous37
tique, elle aurait cru entendre son supérieur grommeler. Ou alors était-ce son estomac ? Il est vrai que l’heure du déjeuner approchait, et que vingt-quatre heures s’étaient écoulées depuis leur dernier repas. Les rations fournies par la Base sont toujours scrupuleusement estimées, réparties, et l’imprévu est inenvisageable ; après tout, les denrées sont rares. L’erreur, fatale.
« Manger est un luxe quand il nous reste moins de quinze pourcents d’oxygène, caporal », répondit le principal concerné, comme s’il pouvait lire dans ses pensées, sa voix étouffée par la combinaison. « Vous ne croyez pas si bien dire, je prendrais bien un bon bol d’air frais. Il fait beaucoup trop chaud ici ! - Mais, que faites-vous ? »
Il n’avait pas fini sa phrase, que sa partenaire retirait son épais scaphandre. Tête levée, laissant ses longs cheveux ambre se défaire, elle prit une grande inspiration. Sentant que l’air n’était pas si toxique, elle remarqua l’agitation de son partenaire.
« Vous êtes inconsciente ! Remettez-ça immédiatement, la tança-t-il. Vous ne voudriez pas contaminer tous vos camarades une fois rentrés ? »
Sans vraiment avoir le choix, elle s’exécuta.
« Regardez devant vous, caporal. » Après avoir marché des heures, le corps las, les deux mercenaires se tenaient enfin au seuil du premier gratte-ciel qui séparait l’étendue de sable de l’ancienne ville. « De sacrés vestiges, à m’en donner le vertige, pour sûr », reprit-il. « Comment faisaient-ils pour vivre entassés les uns sur les autres ? Enfin, nous devrions être capables de trouver des sanctuaires où l’on cachait des ressources. Vous chercherez près des tombes. » Vous pensez vraiment que l’on offrait de l’essence aux défunts ? Pensa-t-elle si fort, qu’elle eût cru prononcer ces mots.
C’est emmitouflés et mijotants à petit feu qu’ils pénétrèrent le bâtiment. L’émetteur sur leur bras gauche se mit à sonner : la température avait chuté de plus de cinq degrés. Alors que les deux compères se perdaient dans le hall à ne pas vraiment savoir quoi faire, tout d’un coup, le commandant se mit à s’agiter. S’enfonçant dans l’enceinte du bâtiment, il scruta le sol, puis se baissa, avant de sauter de joie. « Voici la raison de notre détour, caporal ; dit-il, le ton de sa voix en dichotomie avec son corps. Il est dans un état parfait. » Dans ses mains, le commandant tenait ce qui semblait être un appareil de la taille de sa paume, peutêtre un peu plus. La lampe frontale du commandant se confondait dans une sorte de miroir opaque, qui s’étendait sur toute la surface de l’objet quadrangulaire, sibyllin. Remarquant l’incrédulité du caporal, il le lui tendit.
« Il existe beaucoup de traces de ces petits objets rectangulaires, mais en trouver des intacts relève du miracle. Certains, que l’on parvient à reconstituer avec des bouts de matière plastique que l’on retrouve ici et là, présentent des différences esthétiques, sans que l’on sache pourquoi. Ce qui ressemble à une pomme croquée se retrouve presque systématiquement sur ceux que l’on a découverts en aluminium ; dont celui-ci. Est-ce une forme de culte ? Quoi qu’il en soit, on ne sait pas vraiment à quoi ils servaient, mais on suppose que chaque personne en avait un. »
Le commandant repassa sa main sur le sable. Parmi les petites particules de plastique que l’on trouvait de toutes les couleurs, se trouvaient une multitude d’autres petits objets. Des bouts de béton, des sortes de jouets craquelés, ou même des cordons aux usages énigmatiques. Peut-être qu’autrefois, à cet endroit même, se trouvait cet artefact précieux que l’on nommait terre.
« Ces hommes… ils passaient certainement leur temps à explorer, à analyser les vestiges des civilisations présentes encore avant eux, en se demandant comment ils avaient disparus. Creusant le sol, encore et encore, jusqu’à sombrer dans ses entrailles. Ils ont dû remarquer qu’elles s’étaient toutes éteintes car elles n’avaient pas su surmonter leurs difficultés. Invasions, crues, maladies, que saisje… Peut-être que la leur était trop aveuglée pour voir la calamité approcher. - Remarquer la vague dans l’horizon n’empêche pas son écrasement sur le littoral, commandant. »
Un bruit strident les extirpa de leur conversation. Figés, le regard alerte, tout ce qu’ils voyaient défiler étaient les bandes de sable, soulevées par le vent. Les bourrasques avaient certainement déplacé un panneau solaire à proximité. « Nous ne devrions pas tarder. Nous ferons une analyse poussée de cet engin une fois de retour à l’Université. - Une question, commandant… Comment pouviez-vous être sûr de trouver un artefact d’une telle rareté, à cet endroit même ? »
Aucun mot en guise de réponse. Sans réellement avoir eu le temps de souffler, les deux explorateurs reprirent leur quête à la recherche de carburant, se dirigeant vers la vieille ville, au nord. Bien que la zone ait été désertée il y a des dizaines, voire des centaines d’années, ils prirent soin d’effacer leurs empreintes du sable. Toutefois, le commandant ne put s’empêcher de regarder derrière lui. Peut-être sentait-il l’ombre se rapprocher d’eux.
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“La terre natale” (qu’en général on retrouve) : La mienne est répartie entre Paris, les Yvelines et l’Essonne, donc rien de bien classe, mais ça fait toujours un bien fou de retrouver sa base. Ivane
“Ici la Terre à la Lune” : Cosmique interpellation que l’on me fait pour être trop souvent dans mes rêveries d’une astronaute solitaire ! Avis à toutes les personnes loin de la pesanteur de notre bonne vieille planète ! Laureen
“Terr...ine”, juste “Terrine” : Non, je ne suis pas une grosse bouffe ! Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?! Raphaël
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“Terraqué” : Parce que c’est Proust, la terre, l’eau mais aussi parce que c’est marrant à dire. Tyfenn
“Aussitôt qu’il a la vaisselle de porcelaine, il dédaigne la vaisselle de terre“ : Cette fameuse phrase que ta grand-mère dit lorsqu’elle t’offre une écharpe à Noël et que tu es déçu, d’ailleurs je ne sais toujours pas d’où elle connaît cette expression ! Deborah
Le choix de la rédac
Le Ter-ter : Chacun a le sien et c’est bien de le retrouver parfois, enfin des fois, ou pas... À ne pas confondre avec la terre natale, qui n’a rien à voir. Le terter, c’est plus viscéral. Salomé
“Pas terrible” : Ça ne fonctionne pas vraiment dans ce contexte, ma participation est caduque. Taslima
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“Roule un tehr” : Il ne s’agit pas d’arnaquer une chèvre sauvage, mais plutôt de confectionner un joint de marijuana. Louis
“C’est à tomber par terre” : Désigne le crumble poire-chocolat ou la compote maison faite par ma mère, ou plus généralement tout type de nourriture sucrée. ChloéAlizée
“Terre à terre” : J’ai toujours trouvé cette expression très ambigüe. Elle désigne le plus souvent quelqu’un de, disons-le, pas très ouvert d’esprit, mais peut aussi qualifier une personne sachant rester réaliste et débrouillarde au quotidien. Donc positif ou négatif ? Jeanne
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louvrboite.fr
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