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sous les murs de Jéricho et datation au carbone 14
from LB n°55 : RÉEL/
by Louvr'Boîte
2L’apARTé scientifique
Les mythes et le Réel : archéologie biblique sous les murs de Jéricho et datation au carbone 14
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Certains connaissent la fameuse tour de Jéricho du Sultanien -les 1A, je vous vois !- mais d’autres ont plus facilement à l’esprit la Jéricho biblique, prise par les Israélites de Josué. Ça ne vous dit rien ? Petit rappel donc : après la fuite d’Egypte, le peuple d’Israël se dirige, mené par Moïse, vers la Palestine. Quand celui-ci meurt, il nomme Josué comme successeur. Ce dernier dirige la conquête du pays de Canaan, racontée dans le Livre de Josué, en prenant successivement plusieurs villes. Mais Jéricho semblant imprenable, Dieu demande que les prêtres marchent en procession avec l’Arche d’Alliance et tout la populace autour de la ville sept fois pendant sept jours en soufflant dans des cornes de béliers et que le septième jour, les murs tomberont sur eux-même -ça c’est de la bonne poliorcétique comme on l’aime. Mais cela à une condition, que toute la ville soit détruite sans que l’on ne touche à rien et que tout l’or, le bronze et le fer soit dédié à Dieu dans son temple. Mais qu’en est-il des vestiges archéologiques ? En effet, l’archéologie biblique s’intéresse de très près à la recherche de preuves de la véracité de la Bible comme récit historique. C’est ainsi que John Garstang fouille z de 1930 à 1936 à Tell es-Sultan, où l’on pense avoir localisé la ville. Tout correspond, le village voisin, er-Riha (de l’hébreu « Yeriho », Jéricho), est proche d’une source mentionnée dans les textes, on retrouve des murailles abattues à plat, sans brèches, comme sur elles-mêmes (sans doute par un tremblement de terre), et surtout, troublant, des jarres de nourriture calcinées, comme brûlées sur place, et pas une once de métal ! De plus, la datation, à l’aide de céramiques trouvées sur le site, colle avec celle de l’Exode dans la Bible, vers 1400 avant notre ère.
Malgré tout, de nouvelles fouilles, réalisées en 1950 par Kathlen Kenyon, propose une datation au carbone 14 (mais aussi avec de nouvelles connaissances sur les productions céramiques de l’époque) bien différente de l’incendie : en 1550 avant notre ère. Elle indique donc que lors de l’Exode, si 2 2 21
l’on suit la datation biblique, la ville était en ruine et ne subsistait qu’une 2 2 occupation domestique, non-protégée par des murailles.
Mais justement, quel est le fonctionnement de la datation au carbone 14 ? Nous ne reviendrons pas sur la formation de cet isotope du carbone, expliquée dans le dernier Petit ApARTé scientifique sur le Petit ge Glaciaire, paru sur le site, mais nous concentrerons sur le principe de radioactivité du carbone 14 servant à sa datation. Pour revenir aux bases, il s’agit donc d’un atome de carbone (comprenant six électrons) avec des neutrons en trop (quatorze au lieu de douze). Sa formation est continue dans l’atmosphère, où il se lie avec du dioxygène pour former du CO2, capté ensuite par les plantes puis par les autres êtres vivants (par ingestion). Cela fait que le taux de carbone 14 dans un organisme est à peu près constant. Mais pour autant cet élément est instable. Et la nature n’aime pas les choses instables -sauf nous, hein Billy ?-. On assiste donc à une désintégration du carbone et ainsi à de la radioactivité … Calmons-nous, ça va bien se passer ! Bien, arrêtons nous sur un atome. Il est constitué de protons, de neutrons et d’électrons -pour l’instant ça va- eux mêmes constitués de particules élémentaires appelées quarks -et oui, un atome (« insécable » en grec) est en fait sécable … deux fois, on n’arrête pas le progrès. Pour faire bref il existe plusieurs sortes de quarks dont les quarks down et les quarks up. Dans la désintégration du carbone 14, un neutron se désintègre en un proton, un électron (e-) et un antineutrino (⊽e) -flemme d’expliquer, dites vous que ça existe. En effet, le neutron est composé de trois quarks, un up et deux down. Or un des quarks down va se désintégrer pour donner un quarks up et un boson de jauge (une autre particule élémentaire, W-). Ce dernier étant très instable, il donne presque directement un électron et un antineutrino (comme indiqué précédemment). C’est ce que l’on appelle une z radioactivité β-. Mais comme cela est assez aride, je vous laisse un beau schéma (appelé diagramme de Feynman) et une jolie petite équation :
On obtient ainsi un proton en plus et un neutron en moins, donc sept pro2 2 tons et treize neutrons ce qui correspond à -roulements de tambours- de l’azote (N) !
Enfin, c’est bien gentil tout cela, mais qu’en est-il de la datation ? Et bien lorsqu’un être vivant meurt, il n’ingère plus rien -enfin sauf dans The Walking Dead bien sûr-, ce qui zCourbe de désintrégration du carbone 14 fait qu’il ne se recharge plus en carbone 14. Or, celui-ci continue à se désintégrer, ce qui fait qu’un organisme a de moins en moins de carbone 14 au cours du temps. Cette perte est régie par une loi exponentielle et la demi-vie (c’est à dire le temps nécessaire à la désintégration de la moitié des atomes de carbone 14 dans un corps) est connue (environ 5 734 ans), ce qui permet de dater un objet. Il y a ici deux méthodes : directe, en mesurant le nombre de désintégrations (grâce à la quantité d’électrons éjectés) pendant un certain temps, ou indirecte en comptant le nombre d’atomes isotopiques à l’aide d’un accélérateur de particules -Moumou en sueur- et d’un spectromètre de masse. Cependant, en 1990, Bryant Wood remet en cause la datation de Kenyon du fait des imprécisions de la méthode du carbone 14. En effet le taux de production de ce cosmonucléide n’est pas stable au fil du temps et dépend du rayonnement solaire -allez voir sur le site, vraiment. Il penche donc plutôt pour une datation en 1450 avant notre ère (mais il est un peu le seul dans ce cas) et présente la Bible comme seule source écrite -certes- sûre …
Mais qu’importe, réelle ou non la Bible permet de nombreuses découvertes par l’intérêt qu’on lui porte, n’est-ce pas le principal ?
Raphaël Vaubourdolle