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ERIK SALIN Le rêve américain made in France The American dream made in France

ERIK SALIN LE RÊVE AMÉRICAIN MADE IN FRANCE

THE AMERICAN DREAM MADE IN FRANCE

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Valérie WARD Translation Mathilde SERHAN

Avec son attitude rock’n roll, son T-shirt US, son jean et ses converses, il ne fait pas ses 61 ans. Il a l’oeil qui pétille quand il parle de sa passion, le pop art et le Custom*, et le sourire aux lèvres quand il évoque ses nombreux projets. Erik Salin est une version française de la réussite à l’anglo-saxonne : il était boucher; il a changé de vie pour devenir LA référence du Custom en France, voire au-delà de nos frontières.

Il faut dire qu’il est tombé dans le pot de peinture étant jeune. Il a commencé par peindre ses mobylettes, tous les six mois d’une couleur différente, s’inspirant de magazines américains. Une fois entré dans la vie active, il a continué à What with his rock’n roll attitude, his “US”-branded T-shirt, jeans and Converse shoes, you wouldn’t say he was 61 years old. His eyes sparkle when he talks about his passion, Pop Art and Custom*, and a smile crosses his face when he mentions his numerous projects to come. Erik Salin is a French version of Anglo-Saxon success: once a butcher, he took a life-changing decision and became THE reference of Custom in France, perhaps even abroad.

Interested in paint from a young age, he started by repainting his motorbikes, using a different colour every six months, finding inspiration

* l’art de modifier et de personnaliser un véhicule sur demande *the art of modifying and customising a vehicle upon request

peindre ses motos dans l’arrière-boutique, entre deux clients, et à se faire remarquer pour ses vitrines peu conventionnelles : ses produits avaient autant de succès que ses décorations, originales et sur-mesure. Le sur-mesure déjà. Sa peinture soignée, avec d’infinies possibilités de couleurs réalisées dans son atelier, devient sa signature. Il en parle d’ailleurs avec gourmandise, lorsqu’il évoque “la structure, la profondeur d’une peinture”, “la nuance des pigments”ou “le jeu des transparences” devant son mur de peintures sur lequel trône son propre adage “No paint no gain”* in American magazines. When he started working, he didn’t stop painting his motorbikes. He used to color them at the back of his shop between two clients, and his unconventional store windows began to draw attention: his products were as successful as his unique and tailor-made decorations. Tailor-made was always his thing. The meticulous painting with infinite colour possibilities developed in his workshop, became his signature. He talks about his work with gusto, evoking “the structure and depth of a painting”, “the pigments’ shades” or “the play of transparencies” facing his wall of paintings on which shine the words of his own motto

*on n’a rien sans souffrir -jeu de mots sur le mot “pain” (douleur) et “paint” la peinture

Une vie en couleurs

Un ami arrivant des Bahamas se reconnaît dans l’approche artistique d’Erik Salin et lui propose de peindre des motos avec lui dans un garage. Il hésite, n’osant pas tout lâcher pour une vie de Bohème et finit par accepter. Il quitte le monde du commerce pour celui du Custom. Trois années magiques pendant lesquelles la demande explose, alors que leur enseigne, Too much concept, est la seule à proposer cette approche, personnalisée. Les motos Harley Davidson sont très demandées, les nouveaux concessionnaires s’efforcent de faire la différence et font appel aux jeunes artistes. Ils customisent la moto de Michael Schumacher, puis celle de Ralf, son frère. Christian Audigier fait appel à eux puis le tout Saint Tropez se presse dans “No paint no gain”.

A colourful life

It all started when, back from the Bahamas, a friend identified with Salin’s artistic approach and suggested they paint motorbikes together in a garage. Hesitant at first, afraid of losing his safe lifestyle to venture into the unknown, he eventually accepted the offer, which led him to leave the commercial world for the very artistic one of Custom. Three magical years followed, during which demand boomed: their brand, Too much concept, being the only one offering that kind of personalized service. Harley Davidson motorcycles were in high demand, new car and motorcycle dealers turned to tailor-made offers to make a difference, which

leur garage. Les journalistes et photographes qui commencent dans le métier cherchent de leur côté de nouveaux sujets et surfent sur l’engouement autour des “US”. En 1990 Erik Salin crée sa propre enseigne, California Colors, l’une des premières à faire de la transformation auto-moto en France. Il travaille sur toute la Côte d’Azur, devient connu comme étant “le chimiste” et croule sous les demandes. Les reportages et interviews s’enchaînent, jusqu’à la consécration, le jour où Johnny Hallyday lui demande de décorer sa moto, “Laura eyes”, d’un bleu mêlant la couleur de ses yeux et de ceux de sa fille Laura. Il décore plusieurs motos pour le chanteur, dont la plus connue est celle du concert au Parc des Princes, en 1993, à l’occasion des 50 ans du chanteur, qui arrive sur la fameuse Harley Davidson. L’artiste, qui a peint d’innombrables motos, a envie d’explorer de nouveaux espaces : il peint des guitares qui seront vendues à Los Angeles et en Floride. C’est la folle époque (les années ‘90), où pour livrer la guitare customisée de Christian Audigier, Erik Salin va le retrouver dans un pick up des années 1950 à la descente de son bateau amarré à Saint Tropez, sous les acclamations de la foule qui assistait à l’évènement... Les américains, étonnés par sa manière de transmettre la “culture US”, lui demandent d’où viennent ses idées : il répond tout simplement qu’il “transforme, avec son French spirit, une culture qu’il apprécie”.

Le diktat des marques, réinventé

Après les motos et les guitares, Erik Salin se lance de nouveaux défis : il crée une gélule qui contribue elle aussi à sa renommée internationale, pour dénoncer l’addiction aux marques. Chanel, Louis Vuitton, Ferrari, Lamborghini : les envies consuméristes de notre société se retrouvent, détournées, dans des galeries du monde entier. En parallèle il led them to seek the assistance of both artists. They customized Michael Schumacher’s and his brother’s motorbikes, Christian Audigier sought their services, and the whole SaintTropez followed, rushing into their garage. Reporters and photographers starting in the field and in search of new topics, hopped on the ride of the “US” frenzy. In 1990, Erik Salin started his own company, California Colors, one of the first mastering the art of vehicle transformation in France. Working across the French Riviera, he became known as the “chemist” and was soon flooded with requests. Press coverage and interviews followed, and his rise to fame was sanctified when the one and only Johnny Hallyday asked him to decorate his motorbike: “Laura eyes”, painted in a special shade of blue mixing two pigments, one capturing the iris colour of Johnny Hallyday’s daughter’s eyes and the other one capturing Johnny Hallyday’s iris colour. Salin got to work on several bikes for the singer, the most infamous being the Harley Davidson on which Hallyday made an entrance, on his 50th birthday, at his Parc des Princes concert in 1993. After painting countless motorcycles, the artist decided to broaden his horizon: he started by painting guitars, selling them in Los Angeles and Florida. He remembers the 90s as a crazy decade, recalling the time when he drove a 1950s pick-up truck to Saint Tropez’s harbor to deliver Christian Audigier’s customized guitar. The fashion designer collected his guitar right off his boat, while a crowd of passers-by cheered for them. Americans are often surprised by the way Salin passes on “US culture” and ask him where he gets his ideas from. He answers that he simply “transforms, with his French spirit, a culture he is fond of”.

The diktat of brands, reinvented

After customizing motorbikes and guitars, Erik Salin took up new challenges. To denounce brand

crée un jerricane qui connaît un grand succès, et qui détourne également des marques connues. Erik Salin l’a imaginé en pensant aux parfums proposés par les marques de luxe. En s’interrogeant sur l’un des parfums les plus connus, le n°5 de Chanel, il s’est aperçu que les jerricanes contiennent souvent 5 litres. Vient ensuite la période des bouches. D’autres, avant lui, en avaient créé. Les siennes se veulent uniques, ornées d’une fermeture éclair - dans le sens de l’ouverture- pour exprimer la liberté d’opinion avec, cette fois encore, le détournement des marques de luxe. Les marques concernées apprécient son travail, au point de les acheter pour leurs addiction, he created a capsule that reinforced his international fame. Chanel, Louis Vuitton, Ferrari, Lamborghini: the consumer-oriented cravings of our society ended up, diverted, in galleries around the world. Simultaneously he created a jerrycan which also subverted famous brands and was a huge success. Erik Salin imagined it while thinking of the perfumes sold by luxury brands. Wondering about one of the most famous perfumes, Chanel n°5, he noticed that jerrycans usually hold 5 litres. Followed the period of the mouths. Others before him had created some. His are meant to be unique, adorned with a zipper, following the direction of the lips, to express freedom of speech. His mouths also subvert luxury brands. The brands he has subverted appreciate his

fondations ou leurs sièges sociaux. Depuis une dizaine d’années, Erik Salin explore de nouvelles pistes artistiques puisqu’avec sa compagne Géraldine Morin, artiste également, ils s’inspirent mutuellement. Ils sont très complémentaires puisqu’il explore un univers assez masculin tandis qu’elle propose des oeuvres qui plaisent plutôt à un public féminin. Erik Salin a de nombreux projets en préparation: les plus spectaculaires seront sans doute ses très grandes pièces, prévues dans les mois qui viennent, et une ré-interprétation du petit chien en bois de notre enfance, celui que les enfants tirent sur des roulettes... L’artiste n’a pas fini de nous surprendre. work, displaying his art in their foundations or headquarters. Over the past decade, Erik Salin has developed new artistic inspirations, as he and his partner Géraldine Morin, who is also an artist, inspire one another. They are quite complementary since he explores a rather masculine universe while her art mostly pleases female audiences. Erik Salin is currently working on a number of projects: spectacular large-scale pieces of art should be revealed over the coming months, along with his own interpretation of the iconic small wooden dog on wheels we all pulled along as children. The artist still has a lot up his sleeve!

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