Dailleurs magazine medialibre 2013

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« Viens faire la misère avec moi » Perdu dans une ville trouble Les néons de la gare routière de Bagnolet « Je suis celui que je suis » « Ils m’ont toujours vue comme une Blanche » Le poil est un fil d’Ariane Le médialibre de l’emi-cfd #  106 - avril 2013 - 2€

Tranches de vie pastorales « Vivre dans le ghetto, c’est se suicider » L’énergie des montagnes « Mon identité est plurielle » Changer de pays en changeant de métro Dedans-dehors


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04 La sagesse de Milo

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Enfants de bohème

Soleil froid Marianne est si danoise

Soyeuse sans être lisse

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Le poil dans tous ses États

Joyce is in the pré

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Il était une foi

Puissances svanes

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Moïse libère la parole

D’ailleurs Town

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Identités renversées

l’équipe Conception graphique

Rédactrice en chef Dominique Sée Rédacteurs multimédia Anaïs Carpentier, Aude Géhin, Emmanuelle Raybaut Mbengue, Ingrid Saint-Martin, Jean-Philippe Trigla

Rédacteur en chef photo Stéphane Quidet Photojournalistes Laurent Cousin, Mathieu Farcy, Lucile Pescadère, Nicolas Wietrich

Camille Chauvin, Magali Gasperini-Courroy, Alex Ly, Emmanuelle Roy, Agnès Torresi

Secrétaire général de la rédaction Valentin Henriot Secrétaires de rédaction Julie Lefèvre, Laurence Morisset, Mélanie Robaglia


ceci n’est pas un

édito

Une aventure collective

Digital first. Derrière l’anglicisme, une réalité. Pour ce MédialibreD’ailleurs, nous avons décidé de travailler le site medialibre.info/ dailleurs avant de nous concentrer sur ce magazine. Une question de rythme. Sur le Web, il faut aller vite, pour le papier, approfondir. Une question d’écriture aussi. Pour le site, celle-ci était multimédia et donnait une large place au son, à la vidéo, aux diaporamas... Sur le papier, nous sommes revenus à des formes de récit plus classiques qui font la part belle au texte et à l’image. Nous, c’est une équipe soudée regroupant des rédacteurs , des secrétaires de rédaction, des photographes et des graphistes. Chacun a apporté son enthousiasme, son talent et ses compétences acquises tout au long de sa formation à l’École des métiers de l’information (emi-cfd). Ce magazine est donc le fruit de plusieurs semaines d’un travail commun, car le journalisme est d’abord une aventure collective, faite de confrontations, d’échanges et de partages, avec comme objectif de réaliser le meilleur journal possible.

Marc Mentré Responsable de la filière Journalisme, emi-cfd

de l’emi

Directrice de la publication Marie-Geneviève Lentaigne Rédaction en chef François Longérinas, Marc Mentré, Fidel Navamuel, Dominique Patte, Jean Stern Directeurs Photo Gilles Collignon, Lorenzo Virgili Direction artistique Martine-Jeanne Billot, Émeric Thérond

École des métiers de l’information (emi-cfd) 7, rue des Petites-Écuries 75010 Paris Tél: +33(0)1 53 24 68 68 www.emi-cfd.fr

Impression  XOXOXOXO, Paris Médialibre #106, avril 2013 Commission paritaire n°65547 ISSN 7-590-997 Dépôt légal: 2e trimestre 2013 Crédits Photos Couverture : Laurent Cousin, Mathieu Farcy, Lucile Pescadère, Nicolas Wietrich, Stéphane Quidet 4e de couverture : Nicolas Wietrich

Ce magazine a été conçu et réalisé par les promotions 2013 de Journalistes rédacteurs multimédia, de Secrétaires de rédaction multimédia, de Graphistes bimédia et de Photojournalistes.


Délia et Alexandre Romanès, le couple fondateur du cirque tzigane. Leur fille, Rosa, prend son cours de guitare avec Nelu, son oncle et professeur.

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Enfants

de

boheme

Texte : Dominique Sée / Photos : Nicolas Wietrich

Un petit chapiteau au nord de Paris, entouré de caravanes, une chèvre dans son enclos, des enfants qui courent après les chats : le cirque tzigane Romanès a toujours ses portes ouvertes. Aucun souci de réussite sociale, mépris de la mode, croyance en dieu très forte, société matriarcale sont les signes distinctifs de l’âme gitane. Rejetés par les sédentaires, ces nomades vivent en tribus et conservent malgré tout leur identité et leur liberté.

L

’odeur du café flotte dans la roulotte. Maria et Lenuta épluchent des légumes et préparent des boulettes de viande pour le déjeuner. À côté, Rosa prend son cours de guitare. Blonde et lumineuse, à 13 ans elle sait chanter, danser, jongler avec des boules de feu et s’envoler sur son trapèze. C’est tout naturel : elle est la cadette d’Alexandre et Délia Romanès. Face au chapiteau de l’unique cirque tzigane européen, la cuisine est le centre névralgique du campement. On mange, on se détend, on discute, on se dispute, on rit beaucoup. Une quarantaine de parents, frères, sœurs, oncles, tantes, cousins vivent ensemble. Quatre générations, une famille, une troupe réunie autour de la musique et de l’acrobatie. Mais surtout par une histoire très romanesque. Alexandre, chef du clan, se rappelle la rencontre avec sa femme : « C’était il y a vingt ans. J’avais une caravane sur le terrain tzigane de Nanterre. Elle aussi. J’étais en voiture,

je la croise dans une allée, l’interpelle : « Qu’est ce que tu fais ? », « Je fais la misère ! », « Viens faire la misère avec moi… » À cette époque, Alexandre a déjà un lourd passé. Fils Bouglione, il a grandi dans la ménagerie. « J’ai travaillé toute ma jeunesse avec les lions et les tigres. Les fauves sont des tueurs mais ne m’ont jamais effrayé. Mon père n’aimait pas ça, il était contre. Moi, je me suis toujours sauvé avant d’avoir peur ! » confie-t-il. Très tôt, il quitte sa famille et la « vie infernale » de leur cirque. Vivant d’abord de numéros de rue, il accomplit sa passion pour la musique et devient joueur de luth baroque. Poète aussi. Une existence de saltimbanque jusqu’à ce qu’un drame personnel l’arrête : « Je n’arrivais plus à jouer.» Délia entre à son tour dans la caravane. Ses cinq enfants et cinq petits-enfants ne lui ont fait perdre ni tour de taille ni air espiègle. Volubile, un sourire bagué d’or, elle gère les réservations, la communication, la comptabilité. C’est elle la chanteuse de l’orchestre : « Je viens d’une famille de musiciens. Un Tzigane


Maria, la mère de Délia, va ­ chercher de l’eau pour faire la cuisine. Claudio s’entraîne à jongler avec ses ballons de foot avant la représentation de 16 heures.

« Je suis chagriné par les préjugés sur les Roumains. »

joue de plusieurs instruments. Le violon, c’est l’oiseau. Il fait pleurer, amène la nostalgie. L’accordéon donne la joie, la folie. La contrebasse est essentielle, son rythme est comme le battement du cœur. » Elle a 16 ans lorsqu’elle fuit, en 1987, la Roumanie et la dictature de Ceaucescu. Seule, avec un groupe de passeurs. « Je ne supportais plus les injustices que subissait ma communauté et les pressions exercées par le régime pour la sédentariser. Si j’étais restée, je serais morte. » Des années de clandestinité, un long périple qui lui fait découvrir la Serbie, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, puis la France. Sur un terrain vague réservé aux gens du voyage, elle trouve refuge. Et son mari. Alexandre offre à Délia la liberté de rester nomade et de retrouver ses parents, qui les rejoignent de Roumanie. En 1994, ils fondent le cirque Romanès : « On a commencé avec rien du tout. Ni costumes ni projecteurs. On a tout fabriqué nousmêmes, avec des bouts de ficelle. Le public a adoré, et on a gardé cet esprit », explique la belle gitane. Itinérant, le cirque s’installe tous les ans, pendant deux ou trois mois, à Paris. Avant, ils étaient à Bordeaux, à Turin en Italie, en Russie – « un peuple déprimé », se navre Alexandre – et en Chine. L’entrée du petit chapiteau est surveillée par Piki, un « chien-chien à sa mémère » ; très affectueux, il se prélasse au soleil. À l’intérieur, l’heure est aux répétitions, sous la lumière

rouge teintée par la toile. « C’est un spectacle simple et intime, des numéros très courts assurés par les jeunes, au rythme de la musique des Balkans jouée par les anciens », présente le meneur de troupe. Preda, le trompettiste, fait répéter quelques notes à Alain, 15 ans. Le même dont le corps vif et agile ravit les spectateurs à chaque pirouette, saut, roue et autres jongleries. « On est huit du même âge, on joue tout le temps ensemble ! » L’adolescent se lie souvent d’amitié lors de leurs multiples étapes. Notamment à Shangaï : « Je m’y suis fait des tas d’amis, les Chinois sont très gentils. On reste en contact sur Internet. » Son cousin, Claudio, 17 ans, s’exerce à l’échelle et maîtrise son équilibre : « J’aime voyager. J’ai des petites copines partout ! » Puis, s’assombrissant : « En France, je suis chagriné par les préjugés sur les Roumains. On nous associe à des voleurs. C’est faux. » Pour Alexandre, le pays ne compte pas. Éternels nomades, originaires d’Inde, les Tziganes ont pour unique sentiment d’appartenance celui de leur tribu. Chez les Romanès, les enfants ne vont pas à l’école et suivent des cours particuliers. Ils parlent tous français, roumain et tzigane : « Une langue indienne, pauvre, de survie. Un seul mot peut désigner trois ou quatre choses. On est toujours au bord du précipice, on doit se faire comprendre vite », achève Alexandre. Surtout lorsqu’on crie : « Attention, je tombe ! Attrape-moi ! »

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La sagesse de Texte: Aude Géhin

« La Sagesse des piliers »

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État de guerre à Sarajevo. Les médias se sont emparés de l’évènement. Le photographe natif de Cajnice Milomir Kovacevic couvre la tragédie avant de quitter son pays en 1995. À travers ses séries photographiques, il nous fait partager son histoire et son quotidien. Photos : Milomir Kovacevic

U

ne façade couleur bois, des rideaux en dentelles blanches. Derrière, une petite salle en longueur avec trois tables recouvertes d’une toile cirée rouge. On est au Bougnat. Ici, tout le monde l’appelle Milo. C’est dans ce café du 3e arrondissement de Paris que le photographe Milomir Kovacevic se rend depuis la fermeture du Petit Trou

À la sortie des Halles, des gens jouent aux échecs. Milomir Kovacevic observe leurs parties, puis photographie les joueurs. « C’est les premiers portraits que j’ai faits ici, et d’ailleurs ce sont les premiers amis que j’ai eus en France. » Pendant trois ans, il les rejoint pour jouer aux échecs la nuit, dans un café d’Étienne Marcel et saisit des instantanés de ces face-à-face.

« Paris la nuit » et « Les Anges aux ailes brisées »

de Bretagne, son ancien QG. « C’était mon bureau, ma galerie, j’étais libre de faire ce que je veux. Maintenant, on se retrouve ici ». Du café rue de Bretagne, six ans d’images demeurent. Souriants, pensifs ou fatigués, les habitués sont eux-mêmes. Chaque jour, le photographe est venu immortaliser et partager un moment de vie avec ces piliers de la sagesse. À 17 ans, Milomir Kovacevic s’inscrit au Club universitaire de photographie de Sarajevo. Il capte les manifestations pour la paix, les prisons, les graffitis, les théâtres, les gens dans la rue… Puis la guerre. Plus de 30 000 images du conflit, avant d’arriver en France en 1995. Il a alors 34 ans. Il ne connaît ni la langue, ni personne : « Je suis arrivé juste avec mon appareil photo. » Le photographe arpente Paris, apprend le français dans les bars et au fil de ses rencontres.

Le Moulin rouge scintille de toutes ses forces, perdu dans une ville trouble. Des monuments plongés dans le noir étincellent de mille feux. C’est ce « Paris la nuit », désert et lumineux, que nous livre le photographe. « La nuit, l’atmosphère est spéciale, j’aime l’ambiance. » La journée ses tirages, le soir ses sorties. Dans son appartement où il a logé son laboratoire, Milomir Kovacevic travaille à l’argentique, en noir et blanc, fait tout lui-même. Des joueurs d’échecs, des statues, des musiciens, des cafés, des cimetières, des monuments… Ses images sont le fruit de rencontres, de son don à s’intégrer dans tous les milieux, de sa capacité à créer des liens privilégiés avec ses modèles. « Il y a toujours un peu de moi dans mes images. » Milomir Kovacevic photographie sa vie. Il photographie comme il respire.


Les terminaux de Bagnolet, gare de l’Est et Roissy Charles-de-Gaulle, plongés dans le calme absolu avant qu’ils ne déversent leurs flots de voyageurs.

Photos:Mathieu Farcy

À l’arrivée dans la Ville lumière, les premières lueurs sont celles des néons de la gare routière de Bagnolet. Dans l’ombre des échangeurs, la nostalgie saisit le cœur et ne quitte pas celui qui y pose ses valises. Les aéroports et les gares sont des no man’s land du voyage.

Ci-contre : Dans le clair-obscur, l’aéroport de béton et de verre s’ouvre sur un ciel blanc dans le froid d’avril. À droite : L’agitation de l’arrivée des passagers a laissé place au vide et au silence de la salle des pas perdus.

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Maria est sidan

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L

a poignée de main est franche. Une longue chevelure blonde, un visage avenant, derrière des lunettes à monture noire brillent de beaux yeux bleus. Un accent à peine perceptible, une voix claire où perce un rire. Au fur et à mesure de l’entretien, Marianne Bak-Papiau laisse échapper des tutoiements qui rappellent ses origines scandinaves. « Là-bas, tout le monde se tutoie. J’ai eu du mal au début avec le vouvoiement. Mon mari me reprenait. En France, le tutoiement a une connotation familière qui n’est pas toujours appropriée. J’ai appris à aimer la distance que le vouvoiement crée entre les gens. » Il y a plus de vingt-cinq ans aujourd’hui que cette femme, adjointe de direction de la Fondation danoise et secrétaire de l’association France-Danemark, vit en France. Elle est née en 1964 dans la ville portuaire d’Esbjerg, sur la côte ouest du Danemark, dans la région du Jutland. Elle est mariée depuis 1989 à un Français rencontré pendant son stage pratique. « J’étais amoureuse. J’ai donc décidé de rester vivre en France. Cela s’est fait sans difficultés. » Deux enfants sont nés. Un garçon et une fille, aujourd’hui âgés de 23 et 21 ans, fiers de leur double culture, de leur double nationalité. Après une scolarité classique, elle décroche un bac scientifique, suivi d’une année sabbatique. « Les Danois considèrent que c’est très formateur de faire un break, de faire autre chose. Moi, j’avais envie d’être formée par les langues. » Accompagnée d’une amie, elle parcourt l’Europe avec un pass InterRail. Après six mois comme fille au pair à Londres, elle s’inscrit à l’université d’Odense, la ville natale de Hans Christian Andersen, située sur l’île de Fionie. Elle y suit

« La meilleure façon de faire, c’est de flâner et de créer sa propre histoire avec Paris. Je dirais peut-être aux gens d’aller découvrir les jardins du Palais-Royal et la galerie Vivienne. C’est caché, on ne s’y attend pas, et puis c’est là, deux lieux charmants. » Comme elle.


« Le Danemark est un petit pays assez conformiste, tous les habitants sont pareils. Ce que j’apprécie en France, c’est cette façon d’être soi, de s’habiller, de se meubler. C’est l’individualisme comme il n’existe pas au Danemark : je suis celui que je suis et j’assume mes goûts. Cette variété des points de vue me plaît beaucoup. C’est bien moins terne et ennuyeux qu’au Danemark. » Cette voisine du président François Hollande apprécie d’habiter une grande ville, de marcher dans la rue et d’y être une personne parmi beaucoup d’autres. « Quand on vient d’une petite communauté comme là-bas, on rencontre toujours quelqu’un qu’on connaît. C’est un peu l’esprit village, et tout le monde sait ce que fait l’autre. Ce n’est pas dérangeant, plutôt une curiosité bienveillante ; « Ce que j’apprécie ici, c’est mais on n’a pas tout le temps envie de justifier ses faits et gestes. » Mais si la France est un pays magnifique, Marianne Bak-Papiau l’individualisme comme trouve qu’elle vit « sur sa gloire passée. C’est bien de venir visiter ce il n’existe pas au Danemark » qui existe déjà, mais on ne construit plus de châteaux de Versailles par exemple. C’est un pays qui tarde à se renouveler. » Elle reproche aussi aux Français d’être trop critiques sur tout. « Il faut croire qu’il n’y a que des problèmes dans ce pays. On ne se penche jamais sur ce qui va bien. Quand on travaille, ici, à la Cité universitaire, on reçoit chaque année un flot continu de jeunes gens brillants, intelligents, ambitieux. Ils sont merveilleux, et on ne les met pas en lumière dans les médias. Il est toujours question de chômage, de banlieue, de problèmes. On ne donne envie à personne de quoi que ce soit. » Elle s’écrie : « Des fois, je me dis, c’est pas possible ! » La France a droit à autre chose semble dire tout son corps.

Texte : Jean-Philippe Trigla

nne oise un nouveau programme original qui mêle l’enseignement de l’économie à l’apprentissage culturel d’une langue. La voilà investie dans un double cursus licence-master, spécialisé dans le négoce des produits danois. Pour la langue étrangère autre que l’anglais, le choix est mince : français ou allemand. Hors de question d’apprendre la seconde. « Tout de même, j’ai été assez gonflée de suivre l’apprentissage d’une langue pour laquelle je n’étais pas douée. D’ailleurs, la première année, « En France, j’ai appris j’ai lamentablement échoué à l’examen. » Ce fiasco l’oblige à effectuer deux mois de stage dans la filiale à aimer la distance que d’une entreprise de moquette à Beauvais ! « Ça a été un peu dur. Il y a une belle cathédrale, mais crée le vouvoiement » pour le reste… Au moins, après ça, je n’ai plus raté mes épreuves de français. » En 1997, elle se porte candidate à la Fondation danoise en qualité de secrétaire. Lors d’une rénovation de la fondation, ses responsabilités s’accroissent. En partie sur son impulsion, afin « d’être plus présente pour les résidents ». Le lieu abrite 48 places. « Avec la Maison des étudiants suédois (47 places), nous sommes la résidence la plus petite du campus. C’est un immense avantage. Je connais tous mes étudiants, de leur prénom à leur cursus. » Elle adore la France : Saumur, la ville de ses beaux-parents, Pornichet, la Baule pour leurs plages et la mer, même si le grand air du Jutland lui manque beaucoup, « ce n’est pas pareil ». Et la Dordogne pour ses paysages magnifiques, ses formations rocheuses, ses sites préhistoriques, ses châteaux, sa rivière. « Quand je vais là-bas, je me cultive. »

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Texte : Ingrid Saint-Martin / Photo : Mathieu Farcy

Hôtel Meurice. Dans le décor luxueux et feutré d’un des plus beaux palaces parisiens, nous rencontrons Marie Soyeuse Michel. Cette coloriste haïtienne officie depuis douze ans au salon du talentueux Christophe Robin.

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arie Soyeuse, un prénom qui sonne comme une destinée lorsque l’on connaît son parcours. Cette petite bonne femme volontaire, au sourire franc, a vu le jour en Haïti il y a trente-cinq ans. Marie Soyeuse est arrivée en France en 1995, avec son petit frère sous le bras et, comme seul bagage, une passion pour la coiffure. La barrière linguistique est la première difficulté qu’elle a eu à affronter. Elle s’exprime alors en créole, car « on ne parle français qu’à l’école ». Grâce à une volonté de fer et à une remise à niveau, elle est très vite parvenue à faire de sa difficulté une force. « La coiffure, j’aimais cela en Haïti, dit-elle en riant. Dans les Antilles on est tous coiffeurs, parce qu’avec notre masse capillaire mieux vaut savoir se débrouiller ! » Elle aime le contact avec les gens, l’échange et la générosité.

«La diversité des matières et des couleurs des cheveux européens me fascine» Une inscription dans une école professionnelle de coiffure du 12e arrondissement, un excellent dossier de fin d’études en poche, elle se met alors à la recherche d’un stage. « Comme je suis noire, on me conseillait d’aller vers les salons afros ; mais j’étais uniquement intéressée par les cheveux européens. La diversité de leurs matières et de leurs couleurs me fascine. » Elle s’aperçoit très vite que le parcours va être plus compliqué

qu‘elle ne l’imaginait. « Au téléphone, j’obtenais des dizaines de rendez-vous ; mais lorsque je me présentais, la place était pourvue, on ne cherchait plus de personnel. Je suis noire, et je comprends que c’est un problème pour trouver un emploi. » Pour elle, cela ne relève pas du racisme, mais d’une peur de se confronter à l’autre, cet inconnu venu d’ailleurs. Au bout de huit mois, elle commence à se lasser. Son professeur décide alors de prendre les choses en main, et lui présente la directrice d’une boîte d’intérim spécialisée dans la coiffure. Celle-ci lui fait rencontrer le célèbre coloriste des stars Christophe Robin, alors à la recherche d’une assistante stagiaire. « Christophe avait des cheveux roses à l’époque et m’était totalement inconnu. » Il voit dans le prénom Marie Soyeuse le présage d’une bonne entente. Son équipe est jeune et cosmopolite : « Cela ne pouvait marcher qu’avec des gens ouverts, tolérants, pour lesquels la couleur de peau n’a pas d’impact sur les relations. » Elle ajoute avec humour : « Ils m’ont toujours vue comme une Blanche ! » Les clientes sont toutefois plus méfiantes, la couleur de peau reste parfois un obstacle. On préfère Christophe Robin. « Quand on peut avoir Dieu, pourquoi avoir ses anges ? » Mais cela ne la blesse pas. Fervente croyante et catholique pratiquante, elle a appris la tolérance. Le séisme du 12 janvier 2010 bouleverse son existence. Elle repart un mois et demi dans son pays. Depuis, elle rêve « d’une baguette magique pour sauver tout le monde » ; la richesse, la futilité et l’hypocrisie la heurtent. Aujourd’hui, elle envisage de repartir vivre en Haïti.

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Marie Soyeuse est la coloriste attitrée - et la confidente - des actrices françaises les plus en vue. Nathalie Baye, Karin Viard et Isabelle Carré lui font confiance depuis des années.

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LLe poil dans ans ttous ses es États tats Texte : Laurence Morisset / Mise en scène et photos : Mathieu Farcy

Barbant le poil ? Pas pour Christian Bromberger, anthropologue et ethnologue spécialiste de la question, pour qui « le poil offre de singulières propriétés pour parler de soi et des autres. » Le poil est une affirmation identitaire et d’échange. Nos choix en disent long sur nous-mêmes et notre appartenance. Sous les vêtements de nos voisins, l’histoire de leur culture : revue du poil à l’étranger.

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A

u Japon, halte au poil dans les médias. Alors qu’il foisonne dans les estampes du xviie siècle, le poil pubien moderne est mosaïqué, flouté, caché à la télévision, au cinéma et dans les journaux. Mystérieuse société nippone, experte en bondage et autres pratiques exotiques, qui censure l’intimité des acteurs de films « olé olé » ! Le mystère a la saveur du sulfureux interdit. Dans la vraie vie, les Asiatiques sont fascinés par le poil et n’hésitent pas à faire appel aux implants pour donner de la densité aux zones les plus glabres. À des milliers de kilomètres du tabou japonais, dans certains pays d’Afrique, l’érotisme des poils est indiscutable. Signe extérieur de virilité, même pour la femme. L’Africaine 100 % naturelle est celle qui contrôle. Elle entretient son arme de séduction : elle laque, adoucit, peigne

les poils de ses bras et de ses jambes. Tandis qu’en Afrique de l’Ouest, sans parler d’une stigmatisation des poils, hors de question de les jardiner : on les arrache à la racine. Les jeunes veulent ressembler aux Occidentaux, tendance glabre. Comme en Inde, où la peau lisse est de rigueur. Les jeunes filles, sensibles à la mode, éradiquent les poils des aisselles et des jambes. La tradition impose à l’Indienne, lors du mariage avec un homme d’un rang social supérieur, de s’épiler intégralement le corps en signe de soumission et de renouveau. Une technique d’épilation millénaire importée d’Inde est d’ailleurs apparue dans les salons de beauté français : un fil en coton torsadé emprisonne le poil et, d’un mouvement sec, l’arrache du visage. Le monde arabe n’est pas en reste, puisque la pilosité fait l’objet d’une

attention toute particulière : rasée ou épilée pour la zone pubienne et axillaire, cachée quand il s’agit des cheveux féminins, et valorisée lorsqu’elle est faciale et masculine. L’hostilité aux poils s’expliquerait par le précepte de pureté du corps imposé par le Coran pour les cinq prières quotidiennes. Ce qui fait le prix du poil, c’est qu’il ouvre notre champ des possibles. Alors que la plupart des paramètres physiques nous sont imposés, le poil est une partie de nous sur laquelle on peut agir. Il peut devenir l’expression de nos convictions, mais aussi nous ouvrir à l’autre. Le brassage des cultures est l’occasion de réinventer la perception de notre corps. Il est intéressant d’y voir un apprentissage de l’autre, un échange universel des codes. Le poil est un fil d’Ariane, un guide à travers l’exploration des sociétés et de notre intimité.


Photos : Laurent Cousin

Pour Barry Joyce, honorable sujet de sa Majesté, la Savoie est un pays de cocagne. Installé depuis trente ans dans les alpages, il a su tirer le meilleur de sa terre d’adoption : béret, fromages et bons vins. Tranches de vie pastorales d’un gentleman, à l’accent so british.

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à 63 ans, entouré de ses moutons et de son border collie, l’ancien expert-comptable gagne moins d’argent, mais avoue être beaucoup plus heureux. à la suite d’un licenciement économique, le Britannique s’installe dans les Alpes. Pour Barry Joyce, son retour sur investissement, ce sont ses animaux!


Le père Nikola dans son église aux allures d’isba chaleureuse. L’ambiance feutrée favorise une intimité avec le divin. Le magazine médialibre d’ailleurs # 106


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Texte : Anaïs Carpentier  Photos : Lucile Pescadère & Nicolas Wietrich

Paris compte plusieurs dizaines de communautés étrangères. Orthodoxes, protestants ou coptes, leurs membres y ont érigé des églises durant tout le XXe siècle.

À

chaque fois, c’est une découverte, un dépaysement. On se sent ailleurs au sein des églises étrangères de Paris. Prêtres et pasteurs se montrent disponibles, à l’écoute du visiteur curieux qui ne demande qu’à interroger, comprendre. Pour la communauté russe orthodoxe, le prêtre Nikola Cernokrak, de l’église Saint-Séraphin, explique qu’ « aujourd’hui, nous en sommes à la quatrième génération de Russes installés à Paris. Les mariages mixtes avec des Français sont donc nombreux ». Son église, toute en bois, construite en 1933, se niche au fond d’une cour de la rue Lecourbe, dans le 15e arrondissement. Une véritable isba érigée autour de deux arbres. C’est là que le père Nikola prêche pour ses 150 paroissiens, chaque week-end, entouré d’icônes religieuses qui ont chacune une histoire. L’office est ouvert à tous, aux Slaves mais aussi aux Français. Ces derniers sont issus de mariages mixtes ou simplement curieux. Les messes sont d’ailleurs dites en franco-russe. « Cela me semble évident puisque je vis en France depuis presque 40 ans ! Lorsque je suis arrivé dans cette église, en 1996, j’ai ouvert la communauté au monde francophone. C’était une nécessité. Pour moi, vivre dans le ghetto, c’est se suicider. » Supports de l’expérience liturgique, les icônes sont vénérées par les chrétiens orthodoxes.


Chez les Suédois, rue Médéric, c’est une autre ambiance. La communauté est parfaitement intégrée à la vie française, avec un marché de Noël qui déplace les foules cosmopolites de Paris et une entente cordiale avec les autres paroisses du quartier. Mais ici, tout de même, on se sent en territoire suédois. Une impression renforcée par la présence d’une troupe de blondinets aux yeux bleus, par les kanelbullar (1) servis aux visiteurs et par la gentillesse des hôtes, toute scandinave. Agneta Leroy, regard azur, cheveux poivre et sel, est chef de la paroisse. Mariée depuis trente ans à un Français, elle parle notre langue presque sans difficulté. « L’anglais est bien plus facile pour nous. Les jeunes Suédois qui viennent étudier en France sont perçus comme courageux tant votre langue est compliquée ! » Bâtiment imposant de briques rouges, l’église suédoise de Paris a été construite en 1913. Plus de 430 paroissiens se pressent aux offices, soit 10 % des Suédois établis dans la capitale. Des Français dans le lot ? Un peu, des conjoints d’expatriés suédois, des enfants issus de mariages mixtes. « Quelques mots en français sont dits lors des messes de mariages mixtes ou de baptêmes. » 20e arrondissement, rue de l’Est. À l’intérieur de l’église copte, lieu de culte des chrétiens d’Egypte installés en France, on sent encore l’odeur de la peinture fraîche. Même si on le

dérange en plein repas, le père (abouna) Guirguis Lucas se lève avec enthousiasme. Il est heureux. Arrivé en France en 1967, il a fondé plusieurs églises coptes en banlieue parisienne avant de prendre ses quartiers à Paris. Un chef spirituel à la vie bien remplie : autrefois directeur de recherche à l’Institut Pasteur, il a été décoré de la Légion d’honneur en 2012. Il est « un homme de sciences, un homme de foi et un homme de dialogue ». Le dialogue lui sied d’ailleurs à merveille. « Je suis bavard, je le sais », dit-il en riant. En France, prêcher et donner un lieu de culte à la communauté copte n’ont pas été de tout repos : « Pendant 15 ans, nous n’avons pas eu d’église. Nous nous réunissions dans la crypte de l’église catholique Saint-Sulpice. » Un geste généreux qui marque le père Guirguis. Les prêtres catholiques français sont devenus des amis. Même si, marié avant de devenir prêtre, comme l’exige la tradition orthodoxe, il jette un œil un peu circonspect sur le devoir de célibat des prêtres catholiques. En ce qui concerne les offices, là encore, ils sont ouverts à tous. Le père Guirguis n’est pas avare d’explications sur l’histoire des Coptes. Et c’est tant mieux, tant il y a à dire sur eux. En Égypte, la situation est tendue entre cette minorité chrétienne et le pouvoir en place, détenu par les musulmans. Les Coptes se sentent discriminés et demandent une égalité des droits qu’ils peinent à obtenir. Les violences ont fait plusieurs morts dans la communauté. « En France, les relations avec les musulmans sont un peu difficiles à cause de ce qui se passe en Égypte, admet abouna Guirguis. J’ai de la famille là-bas. Je ne comprends pas cette agressivité. Néanmoins, j’essaye d’entretenir de vrais liens ici. L’ambassadeur d’Égypte à Paris, qui est musulman, vient souvent me rendre visite. Il m’est aussi arrivé de préparer des repas pour les musulmans de Paris en période de ramadan. Après tout, nous sommes tous humains. »

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Ci-dessus  : Dans la tradition chrétienne scandinave la fête de Pâques est associée aux jonquilles, symboles de renouveau et de résurrection. À gauche : L’église Notre-Dame-desCoptes a été inaugurée au début de l’année 2012. Les murs blancs attendent toujours l’arrivée des icônes des saints. Au centre : Au-dessus de l’autel de l’église copte s’ouvre un dôme de lumière qui rappelle l’architecture sacrée moyenne-orientale. Ci-contre : Au coeur de l’église suédoise, la statue d’un Jésus de marbre a les traits d’un christ viking.


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Flashez, écoutez, appréciez.

Province escarpée de Géorgie, la Svanétie a su conserver son héritage musical intact. Formés à l’école de la tradition, les treize chanteurs du chœur Riho interprètent des polyphonies. Ces mélodies à trois voix oscillent entre puissance et harmonie pour nous transmettre l’énergie des montagnes à l’état brut. Le chant polyphonique géorgien s’est vu décerner le titre de chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2001. Nous sommes allés à la rencontre de ces artistes dans le cadre du Festival de l’imaginaire à la Maison des cultures du monde le 6 avril 2013.

Photo et prise de son : Stéphane Quidet

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Texte : Emmanuelle Raybaut Mbengue

Son prénom, il le doit au centre de travailleurs migrants que dirigeait son père : le foyer de la rue Moïse. Sa double culture bissau-guinéenne et normande pousse ce journaliste d’Africultures à recueillir la parole de toutes les communautés. Nul besoin de quitter la région pour découvrir le monde : Moïse voyage dans les Hauts de Rouen, un concentré d’humanité pour ce fervent défenseur de la mixité.

A

îné d’une famille d’origine modeste de six enfants, tous nés dans la ville aux cent clochers, Moïse est un personnage, de ceux que l’on n’oublie pas. Charismatique, le verbe haut, il est passionné par son métier, par la vie, par les autres.

« Normand pure souche, la Guinée-Bissau est mon pays de cœur » Son père arrive en France en 1960, poussé par les évènements qui secouèrent la Guinée-Bissau au moment de la lutte pour l’indépendance du pays. Sa femme le rejoint en 1970, à une époque où le regroupement familial était rare parmi les travailleurs immigrés venus d’Afrique de l’Ouest. Aucun des deux ne parlait français à la maison. Les traditions manjaks sont omniprésentes dans sa famille. Mais lorsqu’il évoque son premier voyage en Afrique en 1984, à Calequisse, village natal de son père, situé dans le nord-ouest du pays, Moïse se souvient d’un choc culturel : « Quand tu arrives, tu demandes à ta mère où est le robinet d’eau chaude », et elle répond « Mais où vois-tu un robinet ici ? » Celui qui se dit volontiers « normand pure souche » évoque cette dualité identitaire dans laquelle il a grandi. « Je suis chez moi en France, j’y ai tous mes repères ; mais la Guinée-Bissau, c’est aussi mon pays de cœur. Maintenant je suis au clair avec cela. Mon identité est plurielle, c’est tout. » L’histoire familiale de Moïse Gomis ressemble à celle de nombreuses familles immigrées d’Afrique.

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Mais son parcours fait taire toutes les théories sur le déterminisme social. À 25 ans, objecteur de conscience, il fait son service civil dans les Hauts de Rouen, un quartier difficile. Intégré à la MJC, on lui confie l’animation d’ateliers radio pour les jeunes.

« Son expérience de terrain le renforce dans l’idée d’une France multiculturelle » En 1995, la radio des Hauts de Rouen, HDR, se crée grâce à sa ténacité et deux ans plus tard, le CSA lui accorde une fréquence définitive sur le 99.1 FM. Son expérience de terrain le renforce dans l’idée d’une France multiculturelle. HDR est tournée vers le métissage, le partage et l’échange, des valeurs qui reviennent comme un leitmotiv chez lui. Outil de proximité, elle permet de s’adresser aux habitants du quartier dans leurs langues d’origine et de désenclaver les minorités tout en considérant leurs spécificités. La grille des programmes fait une place au collectif gay et lesbien de Normandie, propose des émissions destinées aux scolaires et des chroniques animées par des personnes du troisième âge. L’aventure va durer presque quinze ans. Moïse cumule la direction de la radio la semaine, et sillonne la France le week-end en tant que reporter sportif pour France Bleu Haute-Normandie. L’équipe s’étoffe. Moïse est fier d’avoir su donner le goût de la radio dans ce quartier difficile, où le public est souvent éloigné des médias. Aujourd’hui, HDR

s’est imposée dans le paysage médiatique de l’agglomération rouennaise : « Nous n’avons jamais fait une radio au rabais ». Journaliste et, depuis peu, administrateur d’Africultures, qui regroupe une revue, un bimestriel gratuit, Afriscope, et des sites Web, il s’est lancé un nouveau défi avec la passion qui l’a toujours animé : porter la parole de toutes les minorités. « Moi, j’ai fait le choix d’un journalisme froid, de proximité, d’immersion. Quand tu fais ce boulot, tu as une responsabilité. » En parallèle, afin de continuer à faire connaître la mémoire immigrée, il termine un webdocumentaire, Grand Écart. L’histoire de douze travailleurs migrants qui se sont aventurés en Haute-Normandie dans les années 1970. Une manière de rendre hommage à son père et à ce destin familial qui lui a donné la force d’entreprendre.


Changer de pays en changeant de métro. Drôle d’idée, et pourtant, une réalité de Paris. Des à Château-Rouge aux enseignes chinoises flamboyantes du 13e arrondissement : tour d’horizon

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Photos : Lucile Pescadère

Japonais rue Sainte-Anne aux Indiens rue du Faubourg Saint-Denis, d’un bout de terre d’Afrique de ces  quartiers métissés où les immigrants se sont fondus et approprié une parcelle de terre.


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Le médialibre de l’emi-cfd #  106 - avril 2013

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