BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL
OÙ SONT LES FEMMES ?
EVAN FOURNIER PEUR SUR LES JEUX CIZ 2020 LES BLEUS À PAU
N°873 - NOVEMBRE 2020
FOCUS
UN PROGRAMME POUR LES FEMMES DIRIGEANTES
FÉMININES
Marie-Sophie Obama
PLAN MIXITÉ Par Jérémy Barbier
DIRIGER AU FÉMININ Les récentes élections organisées pour composer les instances des Comités Départementaux et des Ligues Régionales ont souligné la sous-représentation des femmes aux postes à hautes responsabilités. Le Plan Mixité initié par la FFBB ambitionne de favoriser leur accès aux fonctions de dirigeantes.
10 BASKETBALL MAGAZINE
Julie Barennes
Presse Sports / Argueyrolles
Les chiffres sont sans équivoque. Au moment de comptabiliser les votes lors des dernières élections régionales et départementales, peu de femmes ont remporté les suffrages. Trois seulement ont été élues présidentes de Ligues Régionales et dix-huit ont pris la tête d’un Comité Départemental. Sur l’ensemble des présidences disponibles en France, à peine plus de 15% sont aujourd’hui occupées par des femmes. Ce déséquilibre se reflète sur d’autres postes clés du basket français comme ceux de techniciens (2 femmes entraînent en LFB) ou d’arbitres (5% de femmes sur le haut niveau). Ce manque de représentativité n’est pas un phénomène récent et bien avant les résultats de ces nouvelles élections, la Fédération a décidé d’agir très concrètement à travers le Plan Mixité, un élément fort du plan global FFBB 2024. L’ambition est limpide : intégrer une mixité complète au sein de chaque lieu de vie et de
Pour y parvenir, le Plan Mixité veut s’appuyer sur plusieurs outils concentrés sur la valorisation et la formation des bonnes pratiques. Outre la mise en place d’un réseau (clubs, Comité, Ligues, etc.) destiné à communiquer et échanger sur la place des femmes dans le basket, la FFBB entend créer un fonds de valorisation des pratiques de mixité qui pourrait inciter les clubs, via une dotation financière ou autre, à s’inscrire dans une démarche de mixité et à recenser toutes les actions initiées. Concernant la formation aux bonnes pratiques, la Fédération donne la priorité à la lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles. En mettant à disposition des modules de formation en e-learning, l’objectif sera de sensibiliser le plus grand nombre à ces notions de violences et, surtout, de donner les clés pour identifier un acte discriminant et agir en conséquence. "Au niveau des formations, on a la possibilité de toucher un maximum de personnes. Nous travaillons actuellement sur des modules pour toutes les familles de licenciées." Sur la question plus précise de la place des femmes à la tête des différentes instances, un programme "Femmes dirigeantes" sera développé. "L’idée est de former un groupe avec des femmes qui viennent d’être élues ou qui sont intéressées pour se former à la prise de responsabilités." L’accompagnement proposé se fera autour de trois axes majeurs : la connaissance du milieu (fonctionnement fédéral, Agence Nationale du Sport, etc.), le développement personnel (confiance en soi, prise de parole en public, etc.) et des modules spécifiques selon les demandes et besoins des participantes (management, gestion de budget, etc.). L’ensemble de ces méthodes doit persuader les principales intéressées de leur légitimité et offrir aux réfractaires du changement une vision nouvelle quant à une répartition désormais indispensable des responsabilités. "La mixité est un atout, elle favorise la performance à tous les niveaux."
bellenger/ IS / FFBB
pratique du basket français. Cette intégration implique une augmentation des pratiquantes mais également la favorisation de l’engagement des femmes aux postes de dirigeantes, techniciennes ou officielles. Il y a trois ans, c’est l’élaboration d’un plan de féminisation et la réalisation de deux enquêtes ciblées qui ont incité la FFBB à accélérer le pas. 32% des dirigeantes et 31% des licenciées déclaraient alors avoir subi des remarques ou des comportements sexistes dans leur pratique sportive ou l’exercice de leurs fonctions. "À partir des résultats de ces enquêtes, l’idée était de trouver des actions qui puissent permettre à toutes les femmes d’accéder à la pratique et à la prise de responsabilités", explique Marie Hoël, Chargée d’évaluation des politiques fédérales et de la féminisation au sein de la FFBB. "C’est une vision plus globale qu’une simple augmentation quantitative des femmes. Culturellement, nous sommes encore dans une société qui peut avoir certains codes sexistes et qui amène les femmes à se mettre des barrières. Au-delà de la volonté de compter plus de pratiquantes sur les terrains et de femmes sur les postes à responsabilités, il s’agit surtout de s’inscrire dans une démarche de déconstruction des stéréotypes et des préjugés."
Cathy Giscou, membre du Comité Directeur de la FFBB
La FFBB veut montrer l’exemple "Lorsqu’on veut s’investir sur la question de la place des femmes dans le basket, il est indispensable que cela soit également fait en interne", convient Marie Hoël. "Il y a donc une vraie sensibilisation au niveau des organes de décision de la FFBB." Le Comité Directeur de la Fédération compte 36 membres élus pour 4 ans. L’obligation réglementaire de cette instance prévoit que les femmes soient représentées en fonction du pourcentage de licenciées. Aujourd’hui, 36% de femmes (13) composent ainsi le Comité et le quart d’entre-elles siègent également au Bureau Fédéral, l’organe en charge de la gestion courante de la Fédération. Concernant les 142 salariés de la FFBB, l’équilibre est presque de rigueur entre hommes (55%) et femmes (45%). S’il existe encore une vraie disparité concernant la direction des 8 pôles (1 femme seulement), il est à souligner que la direction de la LFB est féminine depuis plusieurs années et que près de 40% des 24 responsables de service de la FFBB sont des femmes.
Lauriane Dolt
Presse Sports / Lahalle
Presse Sports / Martin
Photos FFBB
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
NOVEMBRE 2020
11
FOCUS
UN PROGRAMME POUR LES FEMMES DIRIGEANTES
FÉMININES
Marie-Sophie Obama
PLAN MIXITÉ Par Jérémy Barbier
DIRIGER AU FÉMININ Les récentes élections organisées pour composer les instances des Comités Départementaux et des Ligues Régionales ont souligné la sous-représentation des femmes aux postes à hautes responsabilités. Le Plan Mixité initié par la FFBB ambitionne de favoriser leur accès aux fonctions de dirigeantes.
10 BASKETBALL MAGAZINE
Julie Barennes
Presse Sports / Argueyrolles
Les chiffres sont sans équivoque. Au moment de comptabiliser les votes lors des dernières élections régionales et départementales, peu de femmes ont remporté les suffrages. Trois seulement ont été élues présidentes de Ligues Régionales et dix-huit ont pris la tête d’un Comité Départemental. Sur l’ensemble des présidences disponibles en France, à peine plus de 15% sont aujourd’hui occupées par des femmes. Ce déséquilibre se reflète sur d’autres postes clés du basket français comme ceux de techniciens (2 femmes entraînent en LFB) ou d’arbitres (5% de femmes sur le haut niveau). Ce manque de représentativité n’est pas un phénomène récent et bien avant les résultats de ces nouvelles élections, la Fédération a décidé d’agir très concrètement à travers le Plan Mixité, un élément fort du plan global FFBB 2024. L’ambition est limpide : intégrer une mixité complète au sein de chaque lieu de vie et de
Pour y parvenir, le Plan Mixité veut s’appuyer sur plusieurs outils concentrés sur la valorisation et la formation des bonnes pratiques. Outre la mise en place d’un réseau (clubs, Comité, Ligues, etc.) destiné à communiquer et échanger sur la place des femmes dans le basket, la FFBB entend créer un fonds de valorisation des pratiques de mixité qui pourrait inciter les clubs, via une dotation financière ou autre, à s’inscrire dans une démarche de mixité et à recenser toutes les actions initiées. Concernant la formation aux bonnes pratiques, la Fédération donne la priorité à la lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles. En mettant à disposition des modules de formation en e-learning, l’objectif sera de sensibiliser le plus grand nombre à ces notions de violences et, surtout, de donner les clés pour identifier un acte discriminant et agir en conséquence. "Au niveau des formations, on a la possibilité de toucher un maximum de personnes. Nous travaillons actuellement sur des modules pour toutes les familles de licenciées." Sur la question plus précise de la place des femmes à la tête des différentes instances, un programme "Femmes dirigeantes" sera développé. "L’idée est de former un groupe avec des femmes qui viennent d’être élues ou qui sont intéressées pour se former à la prise de responsabilités." L’accompagnement proposé se fera autour de trois axes majeurs : la connaissance du milieu (fonctionnement fédéral, Agence Nationale du Sport, etc.), le développement personnel (confiance en soi, prise de parole en public, etc.) et des modules spécifiques selon les demandes et besoins des participantes (management, gestion de budget, etc.). L’ensemble de ces méthodes doit persuader les principales intéressées de leur légitimité et offrir aux réfractaires du changement une vision nouvelle quant à une répartition désormais indispensable des responsabilités. "La mixité est un atout, elle favorise la performance à tous les niveaux."
bellenger/ IS / FFBB
pratique du basket français. Cette intégration implique une augmentation des pratiquantes mais également la favorisation de l’engagement des femmes aux postes de dirigeantes, techniciennes ou officielles. Il y a trois ans, c’est l’élaboration d’un plan de féminisation et la réalisation de deux enquêtes ciblées qui ont incité la FFBB à accélérer le pas. 32% des dirigeantes et 31% des licenciées déclaraient alors avoir subi des remarques ou des comportements sexistes dans leur pratique sportive ou l’exercice de leurs fonctions. "À partir des résultats de ces enquêtes, l’idée était de trouver des actions qui puissent permettre à toutes les femmes d’accéder à la pratique et à la prise de responsabilités", explique Marie Hoël, Chargée d’évaluation des politiques fédérales et de la féminisation au sein de la FFBB. "C’est une vision plus globale qu’une simple augmentation quantitative des femmes. Culturellement, nous sommes encore dans une société qui peut avoir certains codes sexistes et qui amène les femmes à se mettre des barrières. Au-delà de la volonté de compter plus de pratiquantes sur les terrains et de femmes sur les postes à responsabilités, il s’agit surtout de s’inscrire dans une démarche de déconstruction des stéréotypes et des préjugés."
Cathy Giscou, membre du Comité Directeur de la FFBB
La FFBB veut montrer l’exemple "Lorsqu’on veut s’investir sur la question de la place des femmes dans le basket, il est indispensable que cela soit également fait en interne", convient Marie Hoël. "Il y a donc une vraie sensibilisation au niveau des organes de décision de la FFBB." Le Comité Directeur de la Fédération compte 36 membres élus pour 4 ans. L’obligation réglementaire de cette instance prévoit que les femmes soient représentées en fonction du pourcentage de licenciées. Aujourd’hui, 36% de femmes (13) composent ainsi le Comité et le quart d’entre-elles siègent également au Bureau Fédéral, l’organe en charge de la gestion courante de la Fédération. Concernant les 142 salariés de la FFBB, l’équilibre est presque de rigueur entre hommes (55%) et femmes (45%). S’il existe encore une vraie disparité concernant la direction des 8 pôles (1 femme seulement), il est à souligner que la direction de la LFB est féminine depuis plusieurs années et que près de 40% des 24 responsables de service de la FFBB sont des femmes.
Lauriane Dolt
Presse Sports / Lahalle
Presse Sports / Martin
Photos FFBB
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
NOVEMBRE 2020
11
FOCUS 5x5
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
Propos recueillis par Julien Guérineau
FRÉDÉRIQUE PRUD’HOMME
“LA CHANCE QUE MA CARRIÈRE SPORTIVE ME PRÉCÈDE”
Internationale tricolore dans les années 1980 puis entraîneur au niveau professionnel, Frédérique Prud’Homme est devenue présidente du Comité Départemental des Bouches-du-Rhône en 2016. Réélue dans ses fonctions il y a quelques semaines, elle témoigne de son expérience.
Cathy Melain
FIBA
Était-ce une ambition de longue date que d’accéder à un poste dans les instances dirigeantes ? Quand je suis arrivée en région PACA, j’ai donné un coup de main en tant qu’entraîneur mais surtout, je me suis engagée auprès de la commission Mini Basket du Comité. J’avais toujours dit que lorsque j’arrêterais l’entrainement à haut niveau, je resterais dans le basket des tout petits car c’est là que tout démarre. Redonner aux gens ce que le basket a pu m’apporter, c’était quelque chose de capital. J’ai appris comment fonctionnait un Comité et j’ai été influencée par le Président qui en était à sa tête. Lorsqu’il a annoncé qu’il arrêtait, je ne pensais pas du tout prendre sa relève mais quand la question de la succession a été posée au bureau directeur, tout le monde s’est un peu regardé. Personne ne voulait vraiment relever le défi, c’est à ce moment que ça a commencé à me trotter dans la tête.
Par Julien Guérineau
UN AUTRE MONDE À 46 ans, Cathy Melain, ancienne entraîneur en LFB et en Equipe de France jeunes, a choisi de basculer sur le secteur féminin au sein du Pôle France.
CD13
Vous n’avez donc pas rencontré de difficultés particulières pour accéder à ce poste ? Non et si ça avait été le cas, je n’aurais pas insisté. Je vais être honnête, j’ai déjà vécu tellement de choses passionnantes dans ma vie de sportive que je ne courais pas après cette reconnaissance d’élue ou un quelconque pouvoir. C’était vraiment pour faire avancer le Comité et si quelqu’un d’autre avait été motivé, je n’aurais brigué aucun titre. Comment expliquez-vous que si peu de femmes occupent les présidences de Comités ou de Ligues ? Je ne suis pas un bon exemple car j’ai fait très tôt le choix de cette passion par rapport à des choix plus familiaux. Je n’ai pas d’enfant, je conçois que des mères de famille puissent avoir beaucoup de mal à être aussi disponibles. J’en parle énormément avec les Présidentes des clubs. J’en compte 12 sur les 70 clubs de mon département et cette proportion, sans être énorme, n’est pas anodine. Je suis ébahie par le travail de ces femmes qui arrivent à tout concilier. Après, il faut aussi comprendre que cela peut faire peur à beaucoup qui
pensent qu’elles n’y arriveront pas. Ceci étant dit, d’après les discussions que je peux avoir avec mes homologues masculins concernant le management, une femme a peut-être davantage cette aptitude à faire travailler les gens ensemble sans rapport de force. Je ne suis pas dans la comparaison homme-femme mais une femme dirigeante peut avoir cet atout qu’il faut mettre en avant.
Musée du Basket
Avec Françoise Amiaud en 1980
12 BASKETBALL MAGAZINE
Dans l’exercice de vos fonctions, avez-vous déjà été confrontée à des comportements sexistes ou des remarques remettant en question votre légitimité ? Personnellement, non, car j’ai eu la chance que ma carrière sportive me précède, même si après 36 ans en région parisienne puis 15 ans en Bretagne, les gens ne me connaissaient pas forcément quand je suis arrivée en PACA. On ignorait l’expérience que j’avais mais au fur et à mesure des échanges et des rencontres, ne serait-ce qu’au sein du bureau directeur, les gens ont compris que j’avais une vraie connaissance du basket.
"Depuis qu’Aimé Toupane est arrivé au Pôle France, il m’en parle. Et il me relançait régulièrement. J’ai eu du mal à prendre ça autrement que comme une blague. Dans ma tête une femme entraînait des femmes." C’est pourtant bien auprès de l’équipe de Nationale Masculine 1 du Pôle France que Cathy Melain poursuit désormais sa carrière d’entraîneur. La double championne d’Europe, 241 sélections avec les Bleues, était jusqu’à présent intervenue sur le centre de formation de Bourges, avec le PFBB en NF1 avant de prendre en main Basket Landes. Elle a finalement franchi le pas cette saison dans un environnement où les mentalités évoluent mais où la place des femmes reste encore limitée. "Un homme qui entraîne une femme, on ne se pose pas la question", sourit-elle. En LFB, deux clubs sur douze sont conduites par des femmes. Deux anciennes joueuses, Aurélien Bonnan (Nantes Rezé) et Julie Barennes (Basket Landes) qui ont construit un staff technique 100% féminin. Les ouvertures sont donc réelles mais ne se retrouvent pas dans l’élite masculine ou pas une femme n’est présente sur un banc LNB depuis le départ de Laurianne Dolt. "Les femmes sont peu nombreuses à vouloir s’investir", remarque Cathy Melain. "Pour des raisons réelles et valables. Mais parfois également pour des croyances, des a priori. C’est cela qu’il faut détruire. Le monde évolue et il évolue au niveau de la vision de la femme entraîneur. Les choses avancent." Une analyse accompagnée de la pleine conscience que son immense palmarès lui permet de profiter d’un crédit dont ne bénéficie pas d’autres femmes et "qu’on ne fait pas de mon exemple une généralité."
Au contact depuis quelques semaines d’Aimé Toupane et Lamine Kébé, Cathy Melain affirme avoir "découvert un autre monde. Au premier entraînement par poste j’ai fait ce que je faisais avec les filles. Sous le cercle et je travaille les finitions. Sauf que les mecs montaient direct au dunk. Je me suis dit merde, mauvais exercice. Je vais m’adapter. Et je trouve ça passionnant." Au cœur de la fabrique fédérale de champions fédérales qu’elle a elle-même fréquenté il y a 30 ans, elle relève le challenge du basket masculin avec la certitude que la mixité dans les staffs constitue un apport intéressant, notamment sur le plan relationnel et la volonté de confronter sa philosophie à une réalité technique différente. "Les gabarits font que rien n’est pareil", insiste-t-elle. "Les espaces, les timings, la vitesse, la verticalité. Il est impossible d’exploiter les situations de la même manière. La réponse collective et individuelle n’est pas la même… Sur les aides défensives par exemple, lorsqu’un ballon est renversé, une fille aura le temps de shooter. Pas un garçon. Il faut donc casser l’aide de l’aide. Ça va tellement vite que sinon il n’y a pas d’avantage. Cela te pousse à réfléchir sur plein de petits détails." À 46 ans, Cathy Melain espère que son exemple peut permettre de susciter des vocations. Que les jeunes femmes qui hésitent encore à se lancer auront désormais des modèles à suivre. "Mais on ne verra les effets que dans des années. En NBA, les Américains ont intégré des femmes dans des postes plus ou moins proche du head coach. Développement, prépa physique, assistante. Et comme tout le monde copie les Américains…"
NOVEMBRE 2020
13
FOCUS 5x5
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
Propos recueillis par Julien Guérineau
FRÉDÉRIQUE PRUD’HOMME
“LA CHANCE QUE MA CARRIÈRE SPORTIVE ME PRÉCÈDE”
Internationale tricolore dans les années 1980 puis entraîneur au niveau professionnel, Frédérique Prud’Homme est devenue présidente du Comité Départemental des Bouches-du-Rhône en 2016. Réélue dans ses fonctions il y a quelques semaines, elle témoigne de son expérience.
Cathy Melain
FIBA
Était-ce une ambition de longue date que d’accéder à un poste dans les instances dirigeantes ? Quand je suis arrivée en région PACA, j’ai donné un coup de main en tant qu’entraîneur mais surtout, je me suis engagée auprès de la commission Mini Basket du Comité. J’avais toujours dit que lorsque j’arrêterais l’entrainement à haut niveau, je resterais dans le basket des tout petits car c’est là que tout démarre. Redonner aux gens ce que le basket a pu m’apporter, c’était quelque chose de capital. J’ai appris comment fonctionnait un Comité et j’ai été influencée par le Président qui en était à sa tête. Lorsqu’il a annoncé qu’il arrêtait, je ne pensais pas du tout prendre sa relève mais quand la question de la succession a été posée au bureau directeur, tout le monde s’est un peu regardé. Personne ne voulait vraiment relever le défi, c’est à ce moment que ça a commencé à me trotter dans la tête.
Par Julien Guérineau
UN AUTRE MONDE À 46 ans, Cathy Melain, ancienne entraîneur en LFB et en Equipe de France jeunes, a choisi de basculer sur le secteur féminin au sein du Pôle France.
CD13
Vous n’avez donc pas rencontré de difficultés particulières pour accéder à ce poste ? Non et si ça avait été le cas, je n’aurais pas insisté. Je vais être honnête, j’ai déjà vécu tellement de choses passionnantes dans ma vie de sportive que je ne courais pas après cette reconnaissance d’élue ou un quelconque pouvoir. C’était vraiment pour faire avancer le Comité et si quelqu’un d’autre avait été motivé, je n’aurais brigué aucun titre. Comment expliquez-vous que si peu de femmes occupent les présidences de Comités ou de Ligues ? Je ne suis pas un bon exemple car j’ai fait très tôt le choix de cette passion par rapport à des choix plus familiaux. Je n’ai pas d’enfant, je conçois que des mères de famille puissent avoir beaucoup de mal à être aussi disponibles. J’en parle énormément avec les Présidentes des clubs. J’en compte 12 sur les 70 clubs de mon département et cette proportion, sans être énorme, n’est pas anodine. Je suis ébahie par le travail de ces femmes qui arrivent à tout concilier. Après, il faut aussi comprendre que cela peut faire peur à beaucoup qui
pensent qu’elles n’y arriveront pas. Ceci étant dit, d’après les discussions que je peux avoir avec mes homologues masculins concernant le management, une femme a peut-être davantage cette aptitude à faire travailler les gens ensemble sans rapport de force. Je ne suis pas dans la comparaison homme-femme mais une femme dirigeante peut avoir cet atout qu’il faut mettre en avant.
Musée du Basket
Avec Françoise Amiaud en 1980
12 BASKETBALL MAGAZINE
Dans l’exercice de vos fonctions, avez-vous déjà été confrontée à des comportements sexistes ou des remarques remettant en question votre légitimité ? Personnellement, non, car j’ai eu la chance que ma carrière sportive me précède, même si après 36 ans en région parisienne puis 15 ans en Bretagne, les gens ne me connaissaient pas forcément quand je suis arrivée en PACA. On ignorait l’expérience que j’avais mais au fur et à mesure des échanges et des rencontres, ne serait-ce qu’au sein du bureau directeur, les gens ont compris que j’avais une vraie connaissance du basket.
"Depuis qu’Aimé Toupane est arrivé au Pôle France, il m’en parle. Et il me relançait régulièrement. J’ai eu du mal à prendre ça autrement que comme une blague. Dans ma tête une femme entraînait des femmes." C’est pourtant bien auprès de l’équipe de Nationale Masculine 1 du Pôle France que Cathy Melain poursuit désormais sa carrière d’entraîneur. La double championne d’Europe, 241 sélections avec les Bleues, était jusqu’à présent intervenue sur le centre de formation de Bourges, avec le PFBB en NF1 avant de prendre en main Basket Landes. Elle a finalement franchi le pas cette saison dans un environnement où les mentalités évoluent mais où la place des femmes reste encore limitée. "Un homme qui entraîne une femme, on ne se pose pas la question", sourit-elle. En LFB, deux clubs sur douze sont conduites par des femmes. Deux anciennes joueuses, Aurélien Bonnan (Nantes Rezé) et Julie Barennes (Basket Landes) qui ont construit un staff technique 100% féminin. Les ouvertures sont donc réelles mais ne se retrouvent pas dans l’élite masculine ou pas une femme n’est présente sur un banc LNB depuis le départ de Laurianne Dolt. "Les femmes sont peu nombreuses à vouloir s’investir", remarque Cathy Melain. "Pour des raisons réelles et valables. Mais parfois également pour des croyances, des a priori. C’est cela qu’il faut détruire. Le monde évolue et il évolue au niveau de la vision de la femme entraîneur. Les choses avancent." Une analyse accompagnée de la pleine conscience que son immense palmarès lui permet de profiter d’un crédit dont ne bénéficie pas d’autres femmes et "qu’on ne fait pas de mon exemple une généralité."
Au contact depuis quelques semaines d’Aimé Toupane et Lamine Kébé, Cathy Melain affirme avoir "découvert un autre monde. Au premier entraînement par poste j’ai fait ce que je faisais avec les filles. Sous le cercle et je travaille les finitions. Sauf que les mecs montaient direct au dunk. Je me suis dit merde, mauvais exercice. Je vais m’adapter. Et je trouve ça passionnant." Au cœur de la fabrique fédérale de champions fédérales qu’elle a elle-même fréquenté il y a 30 ans, elle relève le challenge du basket masculin avec la certitude que la mixité dans les staffs constitue un apport intéressant, notamment sur le plan relationnel et la volonté de confronter sa philosophie à une réalité technique différente. "Les gabarits font que rien n’est pareil", insiste-t-elle. "Les espaces, les timings, la vitesse, la verticalité. Il est impossible d’exploiter les situations de la même manière. La réponse collective et individuelle n’est pas la même… Sur les aides défensives par exemple, lorsqu’un ballon est renversé, une fille aura le temps de shooter. Pas un garçon. Il faut donc casser l’aide de l’aide. Ça va tellement vite que sinon il n’y a pas d’avantage. Cela te pousse à réfléchir sur plein de petits détails." À 46 ans, Cathy Melain espère que son exemple peut permettre de susciter des vocations. Que les jeunes femmes qui hésitent encore à se lancer auront désormais des modèles à suivre. "Mais on ne verra les effets que dans des années. En NBA, les Américains ont intégré des femmes dans des postes plus ou moins proche du head coach. Développement, prépa physique, assistante. Et comme tout le monde copie les Américains…"
NOVEMBRE 2020
13
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
"PARIS SPORTIVES", MOTEUR DE L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES
„C’est inscrit dans la culture vendéenne. Historiquement, il y avait souvent deux clubs dans chaque commune. Les hommes jouent au foot, les femmes au basket.„
Aider les femmes à reconquérir l’espace public à travers le sport, c’est l’un des objectifs des "Paris Sportives", un programme porté par la ville de Paris et Paris 2024.
FIBA
Damien Simonnet Président du Comité Vendéen
MIXITÉ
LES FÉMININES SUR LE TERRAIN Par Antoine Lessard
OÙ JOUENT LES FEMMES ?
explique Damien Simonnet, le Président du Comité Vendéen. "Historiquement, il y avait souvent deux clubs dans chaque commune. Les hommes jouent au foot, les femmes au basket." De fait, le Comité n’a jamais eu besoin de se démener particulièrement pour attirer les filles au basket. Le Président prône la mixité. "Pour le mini-basket, on fait beaucoup de basket à l’école. On ne veut pas donner de priorité aux garçons ou aux filles." Il relève que son département comporte l’un des plus gros clubs au nombre de licenciées féminines avec le Smash Basket Vendée Sud Loire et ses 17 équipes féminines. Mieux, les femmes ont pris beaucoup de responsabilités dans les clubs et les instances. La vice-Présidente du Comité vendéen est une femme. La Présidente de la commission des arbitres également. "On a l’idée de mettre en place une formation pour les femmes qui prennent des responsabilités d’entraîneur, d’arbitre et de dirigeante", poursuit Damien Simonnet. "Il y a trois axes. Le premier, c’est la connaissance du milieu fédéral. Le deuxième concerne le développement
Olivia Epoupa
D’abord quelques chiffres. Avec ses 180.820 basketteuses licenciées en compétition sur la saison 2019-20, le basket est le premier sport collectif en salle à l’échelle nationale. Le handball (164.000 licenciées) et le volley-ball (85.000) complètent le podium, tandis que le football féminin confirme son essor, avec un peu moins de 200.000 pratiquantes. Toutefois les footballeuses ne représentent que 10,2% du nombre total de licenciés, contre 33,4% dans le hand, 34,7% dans le basket et 46,9% dans le volley. Les chiffres nationaux cachent cependant d’importantes disparités géographiques. Les basketteuses sont proportionnellement bien plus nombreuses à l’ouest du territoire, ainsi que dans les fiefs historiques de basket de la
14 BASKETBALL MAGAZINE
région Auvergne-Rhône-Alpes. Les Pays de la Loire (44,2% de licenciées), la Bretagne (40,5%), l’Occitanie (38,8%) et la Nouvelle Aquitaine (38%) sont les meilleurs élèves et la parité hommes-femmes n’est pas un vain mot dans plusieurs départements. D’ailleurs, en Mayenne, Vendée, dans le Gers, les Hautes-Pyrénées, en Aveyron-Lozère, Haute-Loire, les basketteuses sont plus nombreuses que les basketteurs. Le basket féminin cartonne en Vendée. Au recensement fédéral 2019-20, le Comité du 85 affichait un peu plus de 52% de licenciées sur un effectif global de 11.664. 37e département en population, la Vendée est quatrième au nombre de basketteuses ! "C’est inscrit dans la culture vendéenne",
Bacot/FFBB
Plus d’un basketteur sur trois est une femme. Ce chiffre ne reflète pas les grandes disparités de la pratique féminine sur le territoire. Ainsi, les basketteuses sont deux fois plus nombreuses au cœur des Pays de la Loire qu’en Île-de-France. Décryptage.
"Paris Sportives" s’inscrit dans un projet global visant à promouvoir la mixité et l’égalité hommes-femmes dans lequel figurent d’autres projets mobilisateurs tels que Foot’Elles, Hand’Elles ou "objectif La Parisienne". Une problématique majeure est clairement identifiée lorsqu’on parle d’égalité hommes-femmes et d’occupation de l’espace urbain. Alors que la capitale compte 53% de femmes, les terrains de sport en accès libre sur utilisés ente 85 et 100% par les hommes. Favorisé par l’effet accélérateur des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et la transformation olympique de la capitale, le programme "Paris Sportives" vise à réduire cette inégalité. L’objectif est double : lever les freins à la pratique sportive féminine et redonner envie pour plus de mixité. Pour ce faire, un appel à projet a été lancé auprès de clubs de sports, d’associations locales ou de consortiums, en se concentrant prioritairement sur les deux sports collectifs, football et basket, qui correspondent le plus aux pratiquants des terrains extérieurs. Une enveloppe de 100.000 euros a été allouée et répartie entre les 14 initiatives retenues. Parmi celles-là, quatre lauréats vont proposer des activités 100% basket : Eiffel Basket Club, Union Sportive de Charonne, Ladies & Basketball et La Domremy Basket 13. En plus du basket, le Paris Lady Basket va aussi mettre en place des ateliers éducatifs autour de l’égalité femmes/hommes. Le Paris Basket 15 intégrera de la boxe, de la danse et du double dutch (corde à sauter en compétition). Il y aura aussi du handball et de la boxe sur les terrains de la capitale. "Chaque projet est spécifique", situe Benjamin Cros, le président de La Domremy Basket 13. "Notre club a un ancrage assez fort porte d’Italie, puisqu’on a déjà un partenariat avec le collège voisin au sein duquel il y a une section sportive et avec deux écoles qui ont des centres sportifs basket le mercredi après-midi. L’idée, à partir du printemps, juste après les vacances de février, est d’utiliser un TEP (terrain d’éducation physique) porte d’Italie trois midis par semaine." Sur l’enveloppe de 100.000 € débloquée pour ce projet, le club de La Domremy Basket 13 a reçu 5.000 €, qui seront consacrés essentiellement à la masse salariale des deux entraîneurs diplômés – un CQP et un BPJEPS – qui accompagneront les jeunes. Concrètement, les deux entraîneurs iront chercher les jeunes collégiens et encadreront leur pratique du basket pendant leur pause de midi sur cet espace extérieur disposant de deux terrains de basket. "On fera deux midis avec des filles et un troisième midi mixte. Notre philosophie c’est de dire que l’égalité hommes-femmes n’a pas de sens s’il n’y a pas d’hommes. Cela permet de changer les comportements, développer le respect, etc…" Le milieu de journée a été privilégié afin d’attirer le plus de candidates basketteuses possibles. "Si cela prend bien, l’objectif est que ces jeunes filles s’imprègnent du concept et aillent d’elles-mêmes jouer le soir et pendant les vacances, et aussi, pour celles qui ne sont pas licenciées, de leur donner envie de pousser la porte du club et de venir voir ce qui se passe."
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
"PARIS SPORTIVES", MOTEUR DE L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES
„C’est inscrit dans la culture vendéenne. Historiquement, il y avait souvent deux clubs dans chaque commune. Les hommes jouent au foot, les femmes au basket.„
Aider les femmes à reconquérir l’espace public à travers le sport, c’est l’un des objectifs des "Paris Sportives", un programme porté par la ville de Paris et Paris 2024.
FIBA
Damien Simonnet Président du Comité Vendéen
MIXITÉ
LES FÉMININES SUR LE TERRAIN Par Antoine Lessard
OÙ JOUENT LES FEMMES ?
explique Damien Simonnet, le Président du Comité Vendéen. "Historiquement, il y avait souvent deux clubs dans chaque commune. Les hommes jouent au foot, les femmes au basket." De fait, le Comité n’a jamais eu besoin de se démener particulièrement pour attirer les filles au basket. Le Président prône la mixité. "Pour le mini-basket, on fait beaucoup de basket à l’école. On ne veut pas donner de priorité aux garçons ou aux filles." Il relève que son département comporte l’un des plus gros clubs au nombre de licenciées féminines avec le Smash Basket Vendée Sud Loire et ses 17 équipes féminines. Mieux, les femmes ont pris beaucoup de responsabilités dans les clubs et les instances. La vice-Présidente du Comité vendéen est une femme. La Présidente de la commission des arbitres également. "On a l’idée de mettre en place une formation pour les femmes qui prennent des responsabilités d’entraîneur, d’arbitre et de dirigeante", poursuit Damien Simonnet. "Il y a trois axes. Le premier, c’est la connaissance du milieu fédéral. Le deuxième concerne le développement
Olivia Epoupa
D’abord quelques chiffres. Avec ses 180.820 basketteuses licenciées en compétition sur la saison 2019-20, le basket est le premier sport collectif en salle à l’échelle nationale. Le handball (164.000 licenciées) et le volley-ball (85.000) complètent le podium, tandis que le football féminin confirme son essor, avec un peu moins de 200.000 pratiquantes. Toutefois les footballeuses ne représentent que 10,2% du nombre total de licenciés, contre 33,4% dans le hand, 34,7% dans le basket et 46,9% dans le volley. Les chiffres nationaux cachent cependant d’importantes disparités géographiques. Les basketteuses sont proportionnellement bien plus nombreuses à l’ouest du territoire, ainsi que dans les fiefs historiques de basket de la
14 BASKETBALL MAGAZINE
région Auvergne-Rhône-Alpes. Les Pays de la Loire (44,2% de licenciées), la Bretagne (40,5%), l’Occitanie (38,8%) et la Nouvelle Aquitaine (38%) sont les meilleurs élèves et la parité hommes-femmes n’est pas un vain mot dans plusieurs départements. D’ailleurs, en Mayenne, Vendée, dans le Gers, les Hautes-Pyrénées, en Aveyron-Lozère, Haute-Loire, les basketteuses sont plus nombreuses que les basketteurs. Le basket féminin cartonne en Vendée. Au recensement fédéral 2019-20, le Comité du 85 affichait un peu plus de 52% de licenciées sur un effectif global de 11.664. 37e département en population, la Vendée est quatrième au nombre de basketteuses ! "C’est inscrit dans la culture vendéenne",
Bacot/FFBB
Plus d’un basketteur sur trois est une femme. Ce chiffre ne reflète pas les grandes disparités de la pratique féminine sur le territoire. Ainsi, les basketteuses sont deux fois plus nombreuses au cœur des Pays de la Loire qu’en Île-de-France. Décryptage.
"Paris Sportives" s’inscrit dans un projet global visant à promouvoir la mixité et l’égalité hommes-femmes dans lequel figurent d’autres projets mobilisateurs tels que Foot’Elles, Hand’Elles ou "objectif La Parisienne". Une problématique majeure est clairement identifiée lorsqu’on parle d’égalité hommes-femmes et d’occupation de l’espace urbain. Alors que la capitale compte 53% de femmes, les terrains de sport en accès libre sur utilisés ente 85 et 100% par les hommes. Favorisé par l’effet accélérateur des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et la transformation olympique de la capitale, le programme "Paris Sportives" vise à réduire cette inégalité. L’objectif est double : lever les freins à la pratique sportive féminine et redonner envie pour plus de mixité. Pour ce faire, un appel à projet a été lancé auprès de clubs de sports, d’associations locales ou de consortiums, en se concentrant prioritairement sur les deux sports collectifs, football et basket, qui correspondent le plus aux pratiquants des terrains extérieurs. Une enveloppe de 100.000 euros a été allouée et répartie entre les 14 initiatives retenues. Parmi celles-là, quatre lauréats vont proposer des activités 100% basket : Eiffel Basket Club, Union Sportive de Charonne, Ladies & Basketball et La Domremy Basket 13. En plus du basket, le Paris Lady Basket va aussi mettre en place des ateliers éducatifs autour de l’égalité femmes/hommes. Le Paris Basket 15 intégrera de la boxe, de la danse et du double dutch (corde à sauter en compétition). Il y aura aussi du handball et de la boxe sur les terrains de la capitale. "Chaque projet est spécifique", situe Benjamin Cros, le président de La Domremy Basket 13. "Notre club a un ancrage assez fort porte d’Italie, puisqu’on a déjà un partenariat avec le collège voisin au sein duquel il y a une section sportive et avec deux écoles qui ont des centres sportifs basket le mercredi après-midi. L’idée, à partir du printemps, juste après les vacances de février, est d’utiliser un TEP (terrain d’éducation physique) porte d’Italie trois midis par semaine." Sur l’enveloppe de 100.000 € débloquée pour ce projet, le club de La Domremy Basket 13 a reçu 5.000 €, qui seront consacrés essentiellement à la masse salariale des deux entraîneurs diplômés – un CQP et un BPJEPS – qui accompagneront les jeunes. Concrètement, les deux entraîneurs iront chercher les jeunes collégiens et encadreront leur pratique du basket pendant leur pause de midi sur cet espace extérieur disposant de deux terrains de basket. "On fera deux midis avec des filles et un troisième midi mixte. Notre philosophie c’est de dire que l’égalité hommes-femmes n’a pas de sens s’il n’y a pas d’hommes. Cela permet de changer les comportements, développer le respect, etc…" Le milieu de journée a été privilégié afin d’attirer le plus de candidates basketteuses possibles. "Si cela prend bien, l’objectif est que ces jeunes filles s’imprègnent du concept et aillent d’elles-mêmes jouer le soir et pendant les vacances, et aussi, pour celles qui ne sont pas licenciées, de leur donner envie de pousser la porte du club et de venir voir ce qui se passe."
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
”Depuis septembre, on est passé de 7 à 18 femmes au Comité Directeur, pour 34 élus. C’est une vraie bouffée d’oxygène. On a senti un nouveau dynamisme, parce qu’en plus les femmes s’investissent plus jeunes que les hommes.”
Par Kevin Bosi
LE 93 DANS LE CŒUR
D.R.
personnel, sur la confiance en soi, l’animation de réunions, comment s’imposer dans un milieu d’hommes malgré tout. Et enfin le troisième, c’est un accompagnement individuel sur le terrain. On met en place des opérations à destination des femmes pour qu’elles exercent le plus longtemps possible avec le maximum de confort." En outre, la nouvelle législation demande d’avoir la même représentativité de femmes élues au Comité que de femmes
Photos Tony Voisin/FFBB
Damien Simonnet Président du Comité Vendéen
Avec seulement 1714 licenciées la saison dernière, la Seine-Saint-Denis est le département qui compte le moins de licenciées en Île-de-France. Un territoire, à l’instar de la région dont le taux de licenciées féminines peine à dépasser les 25% chaque saison, qui compte pourtant une ambassadrice de premier rang avec Diandra Tchatchouang. L’internationale tricolore (87 sélections) a d’ailleurs choisi
”J’en ai un peu assez qu’on parle négativement de ce département. Le fait de le porter avec moi à chaque fois que je suis sur le terrain, c’est un moyen d’en parler en bien." Diandra Tchatchouang
16 BASKETBALL MAGAZINE
d’inscrire le 93 sur son numéro en Équipe de France et dans son club de Lattes-Montpellier. "C’est venu assez naturellement de choisir ce numéro", raconte la native de Villepinte, qui prit sa première licence à La Courneuve. "J’en ai un peu assez qu’on parle négativement de ce département. Le fait de le porter avec moi à chaque fois que je suis sur le terrain, c’est un moyen d’en parler en bien." Bien plus qu’un symbole sur un maillot, Diandra Tchatchouang agit directement dans le 93. Une action et un investissement fort de la triple médaillée d’argent à l’Euro avec les Bleues, articulé autour de deux actions à destination des jeunes filles de Seine-Saint-Denis. Tout d’abord avec l’association "Study Hall" à la Courneuve, qui propose du soutien scolaire pour les jeunes sportives et sportifs de la ville. "On crée des créneaux d’étude scolaire avec des professeurs bénévoles entre la fin des cours et le début des entraînements, pour que les jeunes rentabilisent leur temps de la meilleure manière possible", explique l’ailière qui a suivi des études de sciences politiques à Maryland (Etats-Unis) après le bac, avant de revenir en France pour jouer en Ligue Féminine, tout en s’inscrivant il y a quelques années au cursus réservé aux sportifs professionnels proposé par Sciences Po. Deuxième action que la joueuse organise chaque année, l’évènement "Take Your Shot". "Il s’agit d’une journée avec des jeunes joueuses qui viennent partout de Seine-Saint-Denis pendant laquelle elles perfectionnent leur basket à travers d’ateliers. Mais surtout elles ont l’occasion d’échanger avec des personnalités féminines issues du monde sportif, artistique ou médiatique comme Mary Patrux, Flora Coquerel, Rokhaya Diallo. Le but c’est de les inspirer et de les aider à atteindre leurs rêves."
NOVEMBRE 2020
17
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
”Depuis septembre, on est passé de 7 à 18 femmes au Comité Directeur, pour 34 élus. C’est une vraie bouffée d’oxygène. On a senti un nouveau dynamisme, parce qu’en plus les femmes s’investissent plus jeunes que les hommes.”
Par Kevin Bosi
LE 93 DANS LE CŒUR
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personnel, sur la confiance en soi, l’animation de réunions, comment s’imposer dans un milieu d’hommes malgré tout. Et enfin le troisième, c’est un accompagnement individuel sur le terrain. On met en place des opérations à destination des femmes pour qu’elles exercent le plus longtemps possible avec le maximum de confort." En outre, la nouvelle législation demande d’avoir la même représentativité de femmes élues au Comité que de femmes
Photos Tony Voisin/FFBB
Damien Simonnet Président du Comité Vendéen
Avec seulement 1714 licenciées la saison dernière, la Seine-Saint-Denis est le département qui compte le moins de licenciées en Île-de-France. Un territoire, à l’instar de la région dont le taux de licenciées féminines peine à dépasser les 25% chaque saison, qui compte pourtant une ambassadrice de premier rang avec Diandra Tchatchouang. L’internationale tricolore (87 sélections) a d’ailleurs choisi
”J’en ai un peu assez qu’on parle négativement de ce département. Le fait de le porter avec moi à chaque fois que je suis sur le terrain, c’est un moyen d’en parler en bien." Diandra Tchatchouang
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d’inscrire le 93 sur son numéro en Équipe de France et dans son club de Lattes-Montpellier. "C’est venu assez naturellement de choisir ce numéro", raconte la native de Villepinte, qui prit sa première licence à La Courneuve. "J’en ai un peu assez qu’on parle négativement de ce département. Le fait de le porter avec moi à chaque fois que je suis sur le terrain, c’est un moyen d’en parler en bien." Bien plus qu’un symbole sur un maillot, Diandra Tchatchouang agit directement dans le 93. Une action et un investissement fort de la triple médaillée d’argent à l’Euro avec les Bleues, articulé autour de deux actions à destination des jeunes filles de Seine-Saint-Denis. Tout d’abord avec l’association "Study Hall" à la Courneuve, qui propose du soutien scolaire pour les jeunes sportives et sportifs de la ville. "On crée des créneaux d’étude scolaire avec des professeurs bénévoles entre la fin des cours et le début des entraînements, pour que les jeunes rentabilisent leur temps de la meilleure manière possible", explique l’ailière qui a suivi des études de sciences politiques à Maryland (Etats-Unis) après le bac, avant de revenir en France pour jouer en Ligue Féminine, tout en s’inscrivant il y a quelques années au cursus réservé aux sportifs professionnels proposé par Sciences Po. Deuxième action que la joueuse organise chaque année, l’évènement "Take Your Shot". "Il s’agit d’une journée avec des jeunes joueuses qui viennent partout de Seine-Saint-Denis pendant laquelle elles perfectionnent leur basket à travers d’ateliers. Mais surtout elles ont l’occasion d’échanger avec des personnalités féminines issues du monde sportif, artistique ou médiatique comme Mary Patrux, Flora Coquerel, Rokhaya Diallo. Le but c’est de les inspirer et de les aider à atteindre leurs rêves."
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TROPHÉE FEMMES SUR TOUS LES TERRAINS
„On a la qualité, le savoirfaire pour les former et les amener au haut-niveau. Par contre, on n’arrive pas à les garder, à les fidéliser.„
Depuis leur création en 2015, les Trophées "Femmes Sur Tous Les Terrains" récompensent des femmes aux parcours et/ou aux initiatives exemplaires dans le milieu du basketball. Ils valorisent leur engagement et leur dynamisme, promeuvent leurs actions et soutiennent leur pérennisation et leur diffusion. Le jury a reçu un nombre record de 28 candidatures cette année, et onze des douze Ligues Régionales étaient représentées. La Franco-Uruguayenne (35 ans) Caroline Acosta Del Priore (Paris Lady Basket) est très active au sein du Paris Lady Basket, club 100% féminin du 20e arrondissement. Le trophée passe décisive a récompensé son action au quotidien.
Photos Paris Lady Basket
Comment avez-vous atterri au Paris Lady Basket ? Quand je suis rentrée en France en 2012 j’ai continué à faire du basket. J’ai joué pendant quelques années au CSP dans le 19e arrondissement à Paris. Et comme je suis très amie avec Syra Sylla, une des cofondatrices du Paris Lady Basket, elle m’a embarqué avec elle. Tout ce qu’elle faisait dans ce club me parlait beaucoup. Toute cette partie sur la femme, sur la place de la jeune fille dans la société. Aviez-vous déjà été impliquée dans le milieu associatif ? Oui, j’ai baigné dans cet environnement car mon père a bossé pour plein d’associations et organisé beaucoup
licenciées. "Depuis septembre, on est passé de 7 à 18 femmes au Comité Directeur, pour 34 élus. C’est une vraie bouffée d’oxygène. On a senti un nouveau dynamisme, parce qu’en plus les femmes s’investissent plus jeunes que les hommes. La moyenne d’âge est passée à 47 ans. C’est un vrai luxe d’avoir cet équilibre entre personnes actives et d’autres qui ont plus de temps." À l’opposé des Pays de la Loire, l’Île-de-France fait pâle figure en termes de féminisation, affichant le plus faible pourcentage de licenciées (24,5%), juste devant la Guadeloupe, soit dix points sous la moyenne nationale. Cette forte disparité fillesgarçons est moins présente dans les petites catégories, mais s’accentue au fil de la pratique. "Les filles arrêtent le sport en
d’événements où le sport est vecteur de lutte contre les inégalités, sociales, de handicap. J’ai souvent aidé à organiser des matches humanitaires et de gala pour des causes diverses et variées. Parmi vos actions, vous êtes un club relai de l’association "Share your shoes" qui récupère des chaussures de basket pour les envoyer dans des pays en développement… Pour avoir vécu en Amérique Latine, j’ai vu la difficulté d’avoir des baskets et des chaussures de sport dignes de ce nom. On a fait des collectes dans plusieurs clubs, à Montbrison, Roanne, Charnay-les-Mâcon. Des joueurs et joueuses professionnels nous ont aidés. Cela marche super bien et finalement, ce n’est pas grand-chose à faire. Quelles actions avez-vous mis en place dernièrement ? Il y en a plein ! (rires) Depuis un an, on a ouvert un local associatif du club dans lequel on propose plusieurs activités extra-basket aux jeunes du club, comme de l’aide au devoir, des cours d’alphabétisation pour des mamans de jeunes filles licenciées. On fait des sorties extra-basket, des expos, visites culturelles, pour les faire s’ouvrir au monde. On met en place des collectes solidaires. L’an dernier on a récolté 1,5 tonne de nourriture pour les Restos du Cœur. On fait des tournois avant Noël pour récupérer des jouets et les distribuer aux enfants de l’hôpital Saint-Louis. Pour la journée de la femme, on essaie collecter des produits de première nécessité pour les femmes qui sont dans la rue avec les associations de rue. On essaie de les emmener à des événements sportifs. Le fil conducteur de toutes ces actions et de votre engagement, c’est aider les autres… Oui, on n’est pas un club citoyen pour rien. Cela a été l’ADN du club quand ils l’ont créé. On essaie de continuer. On n’est pas qu’un simple club de basket. On devient une famille pour ces filles. Que représente ce Trophée pour vous ? Je ne fais pas ça pour les reconnaissances mais cela fait plaisir. C’est Olivier Gombert, le vice-Président qui a rempli ma candidature. Je n’étais pas au courant alors cela a été une surprise quand j’ai reçu le mail me félicitant. Je connais des gens qui ont eu ce Trophée. C’est une fierté car je n’ai pas un passé très important dans le milieu associatif basket. Cela fait plaisir de reconnaître des jeunes.
Cédric Lecocq /FFBB
Aujourd’hui en pré-région avec les filles du Paris Lady Basket, vous avez été internationale uruguayenne il y a quelques années. Racontez-nous votre parcours ? Je suis Franco-uruguayenne, mon papa est uruguayen et ma maman française. J’ai joué au basket en jeunes à Montbrison puis j’ai joué pendant quelques années en Nationale 2. Dans le cadre de mes études et de mon boulot, je suis partie vivre en Amérique latine pendant 5 ans. Je me suis spécialisée dans la coopération Europe-Amérique Latine, et j’ai bossé pour l’ambassade de France à Montevideo et pour l’Institut Pasteur en tant que chargée de coopération à l’international. Là-bas, j’ai joué avec la sélection uruguayenne. Ce sont des souvenirs très forts parce que j’avais fait les sélections minimes, benjamines de zones en France. J’étais presque arrivée aux portes de l’Équipe de France en jeunes. Alors, de jouer pour la deuxième équipe de mon cœur, c’était génial. Surtout que mon papa est ancien footballeur professionnel et que mon grand-père avait été champion sudaméricain d’athlétisme. Je suis la troisième génération à jouer pour l’équipe nationale dans ma famille.
Marceau Durand Président de la Ligiue Île-de-France
Île-de-France autour de la catégorie U18", indique Marceau Durand, le nouveau Président de la Ligue Régionale. "Est-ce que c’est un problème culturel, parce que les filles s’occupent davantage des petits frères et petites sœurs, ou est-ce à cause du nombre d’activités proposées en Île-de-France, qui font qu’on disperse les passions et les envies ? On ne sait pas bien pourquoi mais on n’arrive pas à les fidéliser pour passer ce cap difficile des U18 et des U20 pour arriver en senior." Cette saison, sur l’ensemble de l’Île-de-France – 12 millions d’habitants pour environ 70.000 licenciés en 2019-20 – la Ligue Régionale n’a réussi à rassembler que six équipes féminines dans la catégorie U20. Insuffisant pour maintenir un championnat. "En U18 filles, on arrive encore à faire un championnat de 18 équipes, alors qu’en U20 on n’y arrive plus", déplore Marceau Durand. Dommage, car dans les catégories inférieures, l’Île-de-France a fait ses preuves. Le pôle féminin a été huit fois champion de France des Ligues, a fourni 30 joueuses au Pôle France. Treize anciennes franciliennes évoluent en Ligue Féminine. "On a la qualité, le savoir-faire pour les former et les amener au hautniveau. Par contre, on n’arrive pas à les garder, à les fidéliser. La difficulté, aussi, c’est qu’on n’a pas de vitrine en Ligue Féminine par exemple". Quid des actions pour encourager la féminisation du basket francilien ? Un Label régional féminin est décerné chaque année pour mettre en avant les clubs à identité féminine. Le Chesnay Versailles, La Domrémy Basket 13, Marne-LaVallée, l’AS Orly, le BAC Vincennes et le BC Cournevien ont reçu le Label Or en 2019 et sept autres clubs le Label Argent. Depuis 2015, la Ligue Régionale organise le trophée Cator, un tournoi dédié aux filles regroupant les meilleures équipes de chaque département en U13, U15 et U18 pour leur permettre d’accéder directement en championnat régional. On peut citer également l’Open féminin en début de saison ou le Tournoi des As. Toutefois, un travail de fond reste à entreprendre pour attirer et surtout fidéliser les basketteuses franciliennes.
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„On a la qualité, le savoirfaire pour les former et les amener au haut-niveau. Par contre, on n’arrive pas à les garder, à les fidéliser.„
Depuis leur création en 2015, les Trophées "Femmes Sur Tous Les Terrains" récompensent des femmes aux parcours et/ou aux initiatives exemplaires dans le milieu du basketball. Ils valorisent leur engagement et leur dynamisme, promeuvent leurs actions et soutiennent leur pérennisation et leur diffusion. Le jury a reçu un nombre record de 28 candidatures cette année, et onze des douze Ligues Régionales étaient représentées. La Franco-Uruguayenne (35 ans) Caroline Acosta Del Priore (Paris Lady Basket) est très active au sein du Paris Lady Basket, club 100% féminin du 20e arrondissement. Le trophée passe décisive a récompensé son action au quotidien.
Photos Paris Lady Basket
Comment avez-vous atterri au Paris Lady Basket ? Quand je suis rentrée en France en 2012 j’ai continué à faire du basket. J’ai joué pendant quelques années au CSP dans le 19e arrondissement à Paris. Et comme je suis très amie avec Syra Sylla, une des cofondatrices du Paris Lady Basket, elle m’a embarqué avec elle. Tout ce qu’elle faisait dans ce club me parlait beaucoup. Toute cette partie sur la femme, sur la place de la jeune fille dans la société. Aviez-vous déjà été impliquée dans le milieu associatif ? Oui, j’ai baigné dans cet environnement car mon père a bossé pour plein d’associations et organisé beaucoup
licenciées. "Depuis septembre, on est passé de 7 à 18 femmes au Comité Directeur, pour 34 élus. C’est une vraie bouffée d’oxygène. On a senti un nouveau dynamisme, parce qu’en plus les femmes s’investissent plus jeunes que les hommes. La moyenne d’âge est passée à 47 ans. C’est un vrai luxe d’avoir cet équilibre entre personnes actives et d’autres qui ont plus de temps." À l’opposé des Pays de la Loire, l’Île-de-France fait pâle figure en termes de féminisation, affichant le plus faible pourcentage de licenciées (24,5%), juste devant la Guadeloupe, soit dix points sous la moyenne nationale. Cette forte disparité fillesgarçons est moins présente dans les petites catégories, mais s’accentue au fil de la pratique. "Les filles arrêtent le sport en
d’événements où le sport est vecteur de lutte contre les inégalités, sociales, de handicap. J’ai souvent aidé à organiser des matches humanitaires et de gala pour des causes diverses et variées. Parmi vos actions, vous êtes un club relai de l’association "Share your shoes" qui récupère des chaussures de basket pour les envoyer dans des pays en développement… Pour avoir vécu en Amérique Latine, j’ai vu la difficulté d’avoir des baskets et des chaussures de sport dignes de ce nom. On a fait des collectes dans plusieurs clubs, à Montbrison, Roanne, Charnay-les-Mâcon. Des joueurs et joueuses professionnels nous ont aidés. Cela marche super bien et finalement, ce n’est pas grand-chose à faire. Quelles actions avez-vous mis en place dernièrement ? Il y en a plein ! (rires) Depuis un an, on a ouvert un local associatif du club dans lequel on propose plusieurs activités extra-basket aux jeunes du club, comme de l’aide au devoir, des cours d’alphabétisation pour des mamans de jeunes filles licenciées. On fait des sorties extra-basket, des expos, visites culturelles, pour les faire s’ouvrir au monde. On met en place des collectes solidaires. L’an dernier on a récolté 1,5 tonne de nourriture pour les Restos du Cœur. On fait des tournois avant Noël pour récupérer des jouets et les distribuer aux enfants de l’hôpital Saint-Louis. Pour la journée de la femme, on essaie collecter des produits de première nécessité pour les femmes qui sont dans la rue avec les associations de rue. On essaie de les emmener à des événements sportifs. Le fil conducteur de toutes ces actions et de votre engagement, c’est aider les autres… Oui, on n’est pas un club citoyen pour rien. Cela a été l’ADN du club quand ils l’ont créé. On essaie de continuer. On n’est pas qu’un simple club de basket. On devient une famille pour ces filles. Que représente ce Trophée pour vous ? Je ne fais pas ça pour les reconnaissances mais cela fait plaisir. C’est Olivier Gombert, le vice-Président qui a rempli ma candidature. Je n’étais pas au courant alors cela a été une surprise quand j’ai reçu le mail me félicitant. Je connais des gens qui ont eu ce Trophée. C’est une fierté car je n’ai pas un passé très important dans le milieu associatif basket. Cela fait plaisir de reconnaître des jeunes.
Cédric Lecocq /FFBB
Aujourd’hui en pré-région avec les filles du Paris Lady Basket, vous avez été internationale uruguayenne il y a quelques années. Racontez-nous votre parcours ? Je suis Franco-uruguayenne, mon papa est uruguayen et ma maman française. J’ai joué au basket en jeunes à Montbrison puis j’ai joué pendant quelques années en Nationale 2. Dans le cadre de mes études et de mon boulot, je suis partie vivre en Amérique latine pendant 5 ans. Je me suis spécialisée dans la coopération Europe-Amérique Latine, et j’ai bossé pour l’ambassade de France à Montevideo et pour l’Institut Pasteur en tant que chargée de coopération à l’international. Là-bas, j’ai joué avec la sélection uruguayenne. Ce sont des souvenirs très forts parce que j’avais fait les sélections minimes, benjamines de zones en France. J’étais presque arrivée aux portes de l’Équipe de France en jeunes. Alors, de jouer pour la deuxième équipe de mon cœur, c’était génial. Surtout que mon papa est ancien footballeur professionnel et que mon grand-père avait été champion sudaméricain d’athlétisme. Je suis la troisième génération à jouer pour l’équipe nationale dans ma famille.
Marceau Durand Président de la Ligiue Île-de-France
Île-de-France autour de la catégorie U18", indique Marceau Durand, le nouveau Président de la Ligue Régionale. "Est-ce que c’est un problème culturel, parce que les filles s’occupent davantage des petits frères et petites sœurs, ou est-ce à cause du nombre d’activités proposées en Île-de-France, qui font qu’on disperse les passions et les envies ? On ne sait pas bien pourquoi mais on n’arrive pas à les fidéliser pour passer ce cap difficile des U18 et des U20 pour arriver en senior." Cette saison, sur l’ensemble de l’Île-de-France – 12 millions d’habitants pour environ 70.000 licenciés en 2019-20 – la Ligue Régionale n’a réussi à rassembler que six équipes féminines dans la catégorie U20. Insuffisant pour maintenir un championnat. "En U18 filles, on arrive encore à faire un championnat de 18 équipes, alors qu’en U20 on n’y arrive plus", déplore Marceau Durand. Dommage, car dans les catégories inférieures, l’Île-de-France a fait ses preuves. Le pôle féminin a été huit fois champion de France des Ligues, a fourni 30 joueuses au Pôle France. Treize anciennes franciliennes évoluent en Ligue Féminine. "On a la qualité, le savoir-faire pour les former et les amener au hautniveau. Par contre, on n’arrive pas à les garder, à les fidéliser. La difficulté, aussi, c’est qu’on n’a pas de vitrine en Ligue Féminine par exemple". Quid des actions pour encourager la féminisation du basket francilien ? Un Label régional féminin est décerné chaque année pour mettre en avant les clubs à identité féminine. Le Chesnay Versailles, La Domrémy Basket 13, Marne-LaVallée, l’AS Orly, le BAC Vincennes et le BC Cournevien ont reçu le Label Or en 2019 et sept autres clubs le Label Argent. Depuis 2015, la Ligue Régionale organise le trophée Cator, un tournoi dédié aux filles regroupant les meilleures équipes de chaque département en U13, U15 et U18 pour leur permettre d’accéder directement en championnat régional. On peut citer également l’Open féminin en début de saison ou le Tournoi des As. Toutefois, un travail de fond reste à entreprendre pour attirer et surtout fidéliser les basketteuses franciliennes.
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