BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL
MOUHAMMADOU JAITEH
MARINE JOHANNÈS L’EUROPE À SES PIEDS JEAN-PIERRE SIUTAT LES FRÈRES ATEBA
N°875 - JANVIER 2021
MARINE JOHANNÈS
PORTRAIT
2021, LA CONSÉCRATION ? Julien Bacot/FFBB
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
Par Antoine Lessard
8
BASKETBALL MAGAZINE
Jeudi 3 décembre. Dans la bulle d’Istanbul, les filles de l’ASVEL jouent face à Prague leur deuxième match d’Euroligue de la saison. Deux jours après avoir essoré les Polonaises de Gdynia (+32), elles se heurtent cette fois à une opposition plus féroce et échouent dans le money-time malgré le show de Marine Johannès. La numéro 23 vient de produire un récital offensif. 38 points en 34 minutes, nouveau record en carrière, dont 14 points dans les six dernières minutes. Des paniers à toutes les distances, toutes les positions. Un carnage venant confirmer l’impressionnant début de saison de l’internationale. Après trois matches d’Euroligue, Marine Johannès est classée septième à l’évaluation de la compétition (17,0 points, 5,3 rebonds, 6,7 passes et 22,0 d’éval). Des chiffres sensiblement en hausse par rapport au précédent opus. Talent hors norme, artiste inimitable, Marine Johannès a ajouté une dose supplémentaire
d’efficacité dans son jeu. La Française est devenue l’une des joueuses les plus insaisissables de la planète. BIBERONNÉE À LA NBA Ce talent, Romain L’Hermitte l’a découvert dès son premier entraînement avec les minimes filles de Mondeville. Mondeville, le deuxième club de Johannès, née à Pont-L’Évêque et passée entre les mains de Didier Godefroy, comme un certain Nicolas Batum. "À l’époque, je ne la connaissais pas du tout", raconte Romain L’Hermitte. "On était venu me chercher pour entraîner les minimes France de Mondeville. L’ancien entraîneur m’avait prévenu qu’une de ses joueuses était particulièrement adroite à trois-points. Au premier entraînement, il y a 22 joueuses, je fais un concours de tirs et Marine met tout dedans. C’est une crevette, vraiment maigrichonne, et elle met tous ses tirs. Après l’entraînement, elle fait des
Bacot / FFBB
Julien Bacot/FFBB
Marine Johannès (1,77 m, 25 ans) a franchi un nouveau palier depuis le début de la saison. Excitant dans la perspective des grandes échéances internationales de l’été prochain.
JANVIER 2021
9
MARINE JOHANNÈS
PORTRAIT
2021, LA CONSÉCRATION ? Julien Bacot/FFBB
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
Par Antoine Lessard
8
BASKETBALL MAGAZINE
Jeudi 3 décembre. Dans la bulle d’Istanbul, les filles de l’ASVEL jouent face à Prague leur deuxième match d’Euroligue de la saison. Deux jours après avoir essoré les Polonaises de Gdynia (+32), elles se heurtent cette fois à une opposition plus féroce et échouent dans le money-time malgré le show de Marine Johannès. La numéro 23 vient de produire un récital offensif. 38 points en 34 minutes, nouveau record en carrière, dont 14 points dans les six dernières minutes. Des paniers à toutes les distances, toutes les positions. Un carnage venant confirmer l’impressionnant début de saison de l’internationale. Après trois matches d’Euroligue, Marine Johannès est classée septième à l’évaluation de la compétition (17,0 points, 5,3 rebonds, 6,7 passes et 22,0 d’éval). Des chiffres sensiblement en hausse par rapport au précédent opus. Talent hors norme, artiste inimitable, Marine Johannès a ajouté une dose supplémentaire
d’efficacité dans son jeu. La Française est devenue l’une des joueuses les plus insaisissables de la planète. BIBERONNÉE À LA NBA Ce talent, Romain L’Hermitte l’a découvert dès son premier entraînement avec les minimes filles de Mondeville. Mondeville, le deuxième club de Johannès, née à Pont-L’Évêque et passée entre les mains de Didier Godefroy, comme un certain Nicolas Batum. "À l’époque, je ne la connaissais pas du tout", raconte Romain L’Hermitte. "On était venu me chercher pour entraîner les minimes France de Mondeville. L’ancien entraîneur m’avait prévenu qu’une de ses joueuses était particulièrement adroite à trois-points. Au premier entraînement, il y a 22 joueuses, je fais un concours de tirs et Marine met tout dedans. C’est une crevette, vraiment maigrichonne, et elle met tous ses tirs. Après l’entraînement, elle fait des
Bacot / FFBB
Julien Bacot/FFBB
Marine Johannès (1,77 m, 25 ans) a franchi un nouveau palier depuis le début de la saison. Excitant dans la perspective des grandes échéances internationales de l’été prochain.
JANVIER 2021
9
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
”Alors oui, il y a eu un peu d’électricité sur la ligne entre nous parce qu’on a deux caractères opposés. Marine, c’est une rebelle, ce n’est pas quelqu’un qu’on met facilement dans un moule. Or, je sais où je veux l’emmener.”
ARTISTE, C’EST LE TALENT. Kaan Verdioglu Photography
ELLE VOIT LES CHOSES AVANT TOUT LE MONDE.
10 BASKETBALL MAGAZINE
Endy Miyem la découvraient. Sur ce match, elle avait montré l’émergence de son talent. Elle a cette particularité unique de pouvoir allier efficacité, élégance et fluidité", complimente la sélectionneuse nationale. "Aucun coach ne peut s’approprier ce qu’est aujourd’hui Marine. Elle s’est faite toute seule en se nourrissant de basket masculin. C’est quelqu’un de vraiment atypique et unique." Valérie Garnier raconte avoir vite perçu la personnalité et la spécificité de Marine Johannès. "Avoir Marine dans son équipe, c’est être ouverte à la laisser s’exprimer, sinon tu ne la prends pas. Elle a besoin de se sentir libre et en accord avec l’entraîneur pour pouvoir s’exprimer. Car alors, elle devient redoutable." U N E PA U S E D É C I S I V E À Bourges, Marine Johannès a grandi jusqu’à devenir l’une des attractions de l’Euroligue, élue dans le meilleur cinq de la
Bacot / FFBB
lay-up pas communs, en allant chercher des angles improbables sur la planche. Je me suis dit que c’était une joueuse pas comme les autres." Les destins de Marine Johannès et Romain L’Hermitte vont rester liés jusqu’en 2016. L’entraîneur va accompagner l’éclosion de ce joyau dans les rangs professionnels, sans jamais chercher à brider son jeu, très éloigné des stéréotypes du basket féminin. Car la jeune femme a grandi en regardant la NBA, essayant de reproduire les gestes spectaculaires des garçons. "Marine, c’est une artiste, c’est le talent. Elle voit les choses avant tout le monde et elle a une aisance exceptionnelle avec le ballon." Des facilités techniques évidentes, donc, mais une joueuse pas facile à dompter. "Elle a besoin de faire les choses naturellement et que cela vienne d’elle-même. Quand elle était plus jeune, on ne pouvait pas lui imposer des choses car elle pouvait alors complètement s’effacer. C’est venu avec l’âge", poursuit Romain L’Hermitte. "Il a fallu se battre contre les codes. Beaucoup lui disaient qu’elle devait épurer son jeu. Mais il fallait surtout faire en sorte qu’elle continue de s’exprimer." La France du basket a découvert Marine Johannès à l’occasion de l’Open LFB en 2014. Ce jour-là, à Coubertin, l’équipe de Mondeville est menée de 22 points à la mi-temps face à Lyon. Elle va inscrire 14 points après la pause. "Elle shoote dans tous les sens, nous ramène quasiment à elle seule et on gagne de 8 points", se souvient son entraîneur. Une étoile est née. Marine Johannès fermera le chapitre Mondeville sur une dernière saison à 14,2 points, 4,1 rebonds et 4,4 passes de moyenne, avant de céder aux sirènes de Bourges à l’été 2016. Alors entraîneur des Tangos, Valérie Garnier a offert à Johannès sa première sélection en Équipe de France en novembre 2015, à 20 ans. Pour son baptême du feu, la néo-internationale avait fini deuxième meilleure marqueuse des Bleues avec 15 points dans une victoire aux Pays-Bas. "Les joueuses qui évoluaient à l’étranger comme
Valéry Demory
compétition en 2018-19, joueuse la plus spectaculaire, et seule européenne dans le Top 10 des marqueuses, entourée par neuf Américaines. Chez les Tangos, elle a aussi décroché son premier trophée majeur, celui de championne de France en 2018. En revanche, elle n’a pas encore performé dans les grands rendezvous avec l'Équipe de France, ou bien seulement par flash. Lors de la demi-finale de l’EuroBasket 2019, c’est elle qui permet aux Bleues d’arracher la victoire face à la Grande-Bretagne. Mais elle passera à côté de la finale contre les Espagnoles, comme en 2017. On attend encore la compétition référence qui adoubera définitivement la nouvelle reine du basket français. Valéry Demory a l’ambition d’amener l’arrière de l’ASVEL féminin au niveau supérieur. Celui des plus grandes joueuses européennes voire mondiales. "Elle fait des choses que peu de gens sont capables de faire avec un ballon, que ce soit en termes d’appui ou de tir, mais quand elle est arrivée à l’ASVEL (en 2019), je savais très bien qu’elle n’était pas aboutie", dit l’entraîneur triple champion de France. "Alors oui, il y a eu un peu d’électricité sur la ligne entre nous parce qu’on a deux caractères opposés. Marine, c’est une rebelle, ce n’est pas quelqu’un qu’on met facilement dans un moule. Or, je sais où je veux l’emmener." Passé un temps d’acclimatation, Marine Johannès a changé de braquet à partir de février dernier, tournant à 16,5 points et 5,5 passes sur ses quatre derniers matches d’Euroligue, avant l’arrêt prématuré de la saison. "Elle était en train de franchir le cap. Cette année, elle est repartie sur les mêmes bases, en mieux. Elle grandit", reprend son coach. Pour Romain L’Hermitte, l’arrêt imposé par la pandémie de Covid-19 a été profitable. "Depuis l’âge de 18 ans, elle ne s’arrête jamais, entre club, Équipe de France et dernièrement en WNBA (7,2 points en 19 matches avec le New York Liberty en 2019). Cela lui a permis de faire un break, mentalement et physiquement, pour se recentrer sur elle, voir sa famille, et avoir faim. Elle est arrivée avec de nouvelles intentions et plus de maturité. C’est pour cela qu’on a pu voir une Marine d’un autre niveau." La numéro 23 de l’ASVEL a diversifié son jeu. Elle se repose moins sur son adresse à longue-distance, attaque davantage le cercle, discerne mieux les situations, les moments où elle doit prendre le jeu à son compte ou au contraire trouver la bonne coéquipière.
Perich Pascal
MARINE, C’EST UNE
Car, outre son talent de scoreuse, Marine Johannès possède une vista exceptionnelle à la passe. "Parfois, ses passes sont presque trop fines parce que les autres ne les voient pas arriver. Cela va trop vite pour elles !", sourit Valéry Demory. Un autre aspect de son évolution n’a pas échappé à Valérie Garnier. "Elle s’est étoffée physiquement et défensivement. Elle s’est musclée et aujourd’hui elle est capable d’encaisser des chocs avec le haut de son corps. Elle a vu l’importance à très haut niveau d’être forte des deux côtés du terrain. Je trouve intéressantes ses attitudes défensives, la façon dont elle est conquérante. Bien sûr, il y a de plus forts défenseurs en Équipe de France, mais elle a compris l’essentiel de nos intentions défensives." G A G N E R AV E C L E S B L E U E S Le dernier axe de travail concerne la stabilité émotionnelle de Marine Johannès, sa dureté mentale sur le terrain. Cette capacité à faire abstraction de ses propres échecs, à ne pas se frustrer après une décision arbitrale ou une défense un peu trop agressive de l’adversaire. "Elle grandit, mais ce n’est pas facile", sourit Romain L’Hermitte. "Maintenant, elle a une autre attitude sur le terrain. Elle paraît moins marquée par les émotions
JANVIER 2021
11
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
”Alors oui, il y a eu un peu d’électricité sur la ligne entre nous parce qu’on a deux caractères opposés. Marine, c’est une rebelle, ce n’est pas quelqu’un qu’on met facilement dans un moule. Or, je sais où je veux l’emmener.”
ARTISTE, C’EST LE TALENT. Kaan Verdioglu Photography
ELLE VOIT LES CHOSES AVANT TOUT LE MONDE.
10 BASKETBALL MAGAZINE
Endy Miyem la découvraient. Sur ce match, elle avait montré l’émergence de son talent. Elle a cette particularité unique de pouvoir allier efficacité, élégance et fluidité", complimente la sélectionneuse nationale. "Aucun coach ne peut s’approprier ce qu’est aujourd’hui Marine. Elle s’est faite toute seule en se nourrissant de basket masculin. C’est quelqu’un de vraiment atypique et unique." Valérie Garnier raconte avoir vite perçu la personnalité et la spécificité de Marine Johannès. "Avoir Marine dans son équipe, c’est être ouverte à la laisser s’exprimer, sinon tu ne la prends pas. Elle a besoin de se sentir libre et en accord avec l’entraîneur pour pouvoir s’exprimer. Car alors, elle devient redoutable." U N E PA U S E D É C I S I V E À Bourges, Marine Johannès a grandi jusqu’à devenir l’une des attractions de l’Euroligue, élue dans le meilleur cinq de la
Bacot / FFBB
lay-up pas communs, en allant chercher des angles improbables sur la planche. Je me suis dit que c’était une joueuse pas comme les autres." Les destins de Marine Johannès et Romain L’Hermitte vont rester liés jusqu’en 2016. L’entraîneur va accompagner l’éclosion de ce joyau dans les rangs professionnels, sans jamais chercher à brider son jeu, très éloigné des stéréotypes du basket féminin. Car la jeune femme a grandi en regardant la NBA, essayant de reproduire les gestes spectaculaires des garçons. "Marine, c’est une artiste, c’est le talent. Elle voit les choses avant tout le monde et elle a une aisance exceptionnelle avec le ballon." Des facilités techniques évidentes, donc, mais une joueuse pas facile à dompter. "Elle a besoin de faire les choses naturellement et que cela vienne d’elle-même. Quand elle était plus jeune, on ne pouvait pas lui imposer des choses car elle pouvait alors complètement s’effacer. C’est venu avec l’âge", poursuit Romain L’Hermitte. "Il a fallu se battre contre les codes. Beaucoup lui disaient qu’elle devait épurer son jeu. Mais il fallait surtout faire en sorte qu’elle continue de s’exprimer." La France du basket a découvert Marine Johannès à l’occasion de l’Open LFB en 2014. Ce jour-là, à Coubertin, l’équipe de Mondeville est menée de 22 points à la mi-temps face à Lyon. Elle va inscrire 14 points après la pause. "Elle shoote dans tous les sens, nous ramène quasiment à elle seule et on gagne de 8 points", se souvient son entraîneur. Une étoile est née. Marine Johannès fermera le chapitre Mondeville sur une dernière saison à 14,2 points, 4,1 rebonds et 4,4 passes de moyenne, avant de céder aux sirènes de Bourges à l’été 2016. Alors entraîneur des Tangos, Valérie Garnier a offert à Johannès sa première sélection en Équipe de France en novembre 2015, à 20 ans. Pour son baptême du feu, la néo-internationale avait fini deuxième meilleure marqueuse des Bleues avec 15 points dans une victoire aux Pays-Bas. "Les joueuses qui évoluaient à l’étranger comme
Valéry Demory
compétition en 2018-19, joueuse la plus spectaculaire, et seule européenne dans le Top 10 des marqueuses, entourée par neuf Américaines. Chez les Tangos, elle a aussi décroché son premier trophée majeur, celui de championne de France en 2018. En revanche, elle n’a pas encore performé dans les grands rendezvous avec l'Équipe de France, ou bien seulement par flash. Lors de la demi-finale de l’EuroBasket 2019, c’est elle qui permet aux Bleues d’arracher la victoire face à la Grande-Bretagne. Mais elle passera à côté de la finale contre les Espagnoles, comme en 2017. On attend encore la compétition référence qui adoubera définitivement la nouvelle reine du basket français. Valéry Demory a l’ambition d’amener l’arrière de l’ASVEL féminin au niveau supérieur. Celui des plus grandes joueuses européennes voire mondiales. "Elle fait des choses que peu de gens sont capables de faire avec un ballon, que ce soit en termes d’appui ou de tir, mais quand elle est arrivée à l’ASVEL (en 2019), je savais très bien qu’elle n’était pas aboutie", dit l’entraîneur triple champion de France. "Alors oui, il y a eu un peu d’électricité sur la ligne entre nous parce qu’on a deux caractères opposés. Marine, c’est une rebelle, ce n’est pas quelqu’un qu’on met facilement dans un moule. Or, je sais où je veux l’emmener." Passé un temps d’acclimatation, Marine Johannès a changé de braquet à partir de février dernier, tournant à 16,5 points et 5,5 passes sur ses quatre derniers matches d’Euroligue, avant l’arrêt prématuré de la saison. "Elle était en train de franchir le cap. Cette année, elle est repartie sur les mêmes bases, en mieux. Elle grandit", reprend son coach. Pour Romain L’Hermitte, l’arrêt imposé par la pandémie de Covid-19 a été profitable. "Depuis l’âge de 18 ans, elle ne s’arrête jamais, entre club, Équipe de France et dernièrement en WNBA (7,2 points en 19 matches avec le New York Liberty en 2019). Cela lui a permis de faire un break, mentalement et physiquement, pour se recentrer sur elle, voir sa famille, et avoir faim. Elle est arrivée avec de nouvelles intentions et plus de maturité. C’est pour cela qu’on a pu voir une Marine d’un autre niveau." La numéro 23 de l’ASVEL a diversifié son jeu. Elle se repose moins sur son adresse à longue-distance, attaque davantage le cercle, discerne mieux les situations, les moments où elle doit prendre le jeu à son compte ou au contraire trouver la bonne coéquipière.
Perich Pascal
MARINE, C’EST UNE
Car, outre son talent de scoreuse, Marine Johannès possède une vista exceptionnelle à la passe. "Parfois, ses passes sont presque trop fines parce que les autres ne les voient pas arriver. Cela va trop vite pour elles !", sourit Valéry Demory. Un autre aspect de son évolution n’a pas échappé à Valérie Garnier. "Elle s’est étoffée physiquement et défensivement. Elle s’est musclée et aujourd’hui elle est capable d’encaisser des chocs avec le haut de son corps. Elle a vu l’importance à très haut niveau d’être forte des deux côtés du terrain. Je trouve intéressantes ses attitudes défensives, la façon dont elle est conquérante. Bien sûr, il y a de plus forts défenseurs en Équipe de France, mais elle a compris l’essentiel de nos intentions défensives." G A G N E R AV E C L E S B L E U E S Le dernier axe de travail concerne la stabilité émotionnelle de Marine Johannès, sa dureté mentale sur le terrain. Cette capacité à faire abstraction de ses propres échecs, à ne pas se frustrer après une décision arbitrale ou une défense un peu trop agressive de l’adversaire. "Elle grandit, mais ce n’est pas facile", sourit Romain L’Hermitte. "Maintenant, elle a une autre attitude sur le terrain. Elle paraît moins marquée par les émotions
JANVIER 2021
11
FOCUS
”Avant, quand elle ratait, on voyait son dos se courber, sa tête rentrer. Maintenant, elle garde la tête levée, elle fait grande sur le terrain, elle a une vraie présence.” Romain L’Hermitte
Claire Porcher / Infinity Nine Media
et par les énergies négatives." Le langage corporel a évolué. "Avant, quand elle ratait, on voyait son dos se courber, sa tête rentrer. Maintenant, elle garde la tête levée, elle fait grande sur le terrain, elle a une vraie présence. C’est donc que ça évolue et qu’elle se met moins la pression." "Si elle veut devenir une top-joueuse européenne, elle ne peut plus se permettre de péter les plombs. Elle est parasitée par moment par ce côté rebelle", complète Valéry Demory. "Si un défenseur la provoque, elle doit se dire : ok tu me provoques, eh bien je vais te faire faire des fautes et tu vas aller t’asseoir." Valérie Garnier a noté une petite amélioration : "Chaque expérience l’endurcit. Je lui dis qu’elle ne doit rien laisser transpirer. Parce que la moindre attitude de dépit, c’est une victoire pour les adversaires. Il ne faut pas se laisser
atteindre par les coups bas. Elle a préparé son corps et elle est en train de préparer son esprit." Marine Johannès a 25 ans. Elle s’apprête à aborder les meilleures années de sa carrière. Jusqu’où ira-t-elle ? "Je la vois arriver à gagner des titres avec l’équipe nationale", sourit Valérie Garnier. "Si elle continue ce développement physique et défensif et si elle s’inscrit dans la régularité, elle va bien sûr intéresser tous les plus grands clubs européens. Et en se confrontant à d’autres cultures, en essayant de relever de nouveaux défis, elle progressera encore." "Je bosse pour qu’elle apporte encore plus en Équipe de France", glisse Valéry Demory, "parce que si tu veux faire partie des grandes joueuses européennes, tu dois faire ton taf en Équipe de France comme l’ont fait les Cathy Melain, Céline Dumerc, Sandrine Gruda. Marine doit être la prochaine, c’est tout." L’été 2021 lui offrira une double occasion de s’affirmer au niveau international, l’EuroBasket, du 17 au 27 juin et, la plus belle scène de toutes, les Jeux Olympiques de Tokyo du 23 juillet au 8 août. L’événement qui pourrait consacrer Marine Johannès aux yeux du grand public, comme Céline Dumerc aux JO de Londres en 2012. "Plus elle est attendue, plus elle forte", dit Romain L’Hermitte. "Elle a pris quelques claques qui font du bien. Elle peut vraiment faire quelque chose de grand cet été. Aujourd’hui, Marine peut regarder n’importe quelle joueuse au monde les yeux dans les yeux et lui mettre des tirs sur la tête sans problème." Pour l’entraîneur de Mondeville, il ne faudra pas attendre de Marine Johannès le leadership d’une Céline Dumerc. "Ce n’est pas une leader vocale et elle ne le sera jamais. Mais c’est quelqu’un qui est là quand on en a besoin, qui aime prendre ses responsabilités, quitte à échouer. C’est la marque des grands. Elle n’a jamais eu peur, depuis qu’elle est petite. Pour moi, Marine c’est avant tout la fille qui peut changer le basket féminin."
12 BASKETBALL MAGAZINE
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
5x5
Vincent Ateba
PARCOURS
FABIEN ET VINCENT ATEBA Par Clément Daniou
AU NOM DU FRÈRE Fabien et Vincent Ateba sont frères, ont 29 et 35 ans et évoluent tous deux en Nationale 1. Malgré tout, leur parcours n’a rien de comparable. Une relation fraternelle peut parfois tanguer entre complicité et rivalité. Elle peut même être difficile à vivre lorsque les années d’écart sont trop nombreuses. Pour Fabien et Vincent Ateba, il n’en est rien. Aujourd’hui joueurs professionnels à Tours et SaintVallier en Nationale 1, ces deux frères nés à Argenteuil n’éprouvent aucune difficulté à évoquer leur relation, oscillant entre amour et respect. "C’était mon modèle. Après, j’ai quand même ma personnalité et ma vie mais ça reste quand même le modèle pour moi", note tout d’abord Fabien, le benjamin de la fratrie. Avant d’enchaîner, des étoiles dans les yeux. "Je voulais faire ce qu’il faisait. C’était vraiment mon idole." Petit, Vincent fait le choix de s’essayer au rugby avant de prendre sa première licence au basket, Fabien lui n’hésite pas avant de se lancer à la conquête de la balle orange, dès l’âge minimum requis. De six ans son aîné, Vincent a conscience que son parcours a nettement inspiré son frère. "Quand on voit son grand frère faire un sport, naturellement on a envie de faire pareil. Quand j’étais jeune, j’ai pu faire les sélections départementales ou régionales, ça a dû trotter dans sa tête à ce moment." Rendez-vous manqués Malgré l’adolescence et les bandes d’amis qui diffèrent, rien ne semble pouvoir entraver leur relation, même si le départ de Vincent à 19 ans pour un Junior College dans l’Illinois aux États-Unis 34 BASKETBALL MAGAZINE
n’est pas sans effet. "On ne s’appelait pas souvent, on se parlait quelques fois sur les réseaux sociaux mais c’était très rare avec le décalage horaire. J’étais plus jeune, je ne pouvais pas rester jusqu’à 3 ou 4h du matin debout. Quand je pouvais, je lui expliquais mon parcours et comment ça se passait pour moi. Il me disait de continuer, de garder la même ligne de conduite", admet Fabien. Pour Vincent, le fait de ne pas avoir pu jouer son rôle comme il le souhaitait lui reste toujours en travers de la gorge. "Il avait 14 ans quand je suis parti, le basket commençait à devenir sérieux pour lui. Je suis resté pendant quatre ans aux Etats-Unis et à mon retour, je n’étais plus sur Orléans donc je ne l’ai pas vu grandir dans le basket. Je n’ai pas pu le suivre comme j’aurais voulu dans son approche du jeu." Surtout que Fabien, qui se révèle sur le tard en espoirs à Hyères-Toulon, commence à faire son trou chez les professionnels. Après une première saison en Pro A où il n’a que peu de responsabilités, il prend la décision de descendre d’une division et signe à Rouen en Pro B. Vincent, lui, gagne le droit de rejoindre l’antichambre à Denain, en provenance de Sorgues Avignon en Nationale 1. Pour la première fois de leur carrière, les deux frères s’apprêtent alors à se rencontrer en match officiel. Celui-ci tourne à la correction, une victoire de 25 points de Hyères-Toulon. Un duel qu’ils ne sont pas prêts d’oublier, même huit ans après. "C’était un super souvenir parce qu’il y avait toute la famille, en plus on avait gagné le match", lance tout sourire Fabien. "Défendre sur le
Objectifs similaires Pourtant acteurs de la Nationale 1 depuis la saison 2015/2016, Fabien et Vincent Ateba ont quelque peu du mal à jouer l’un contre l’autre ces dernières années. En effet, depuis la réforme de la Nationale 1, les deux frères ne se retrouvent jamais dans la même poule lors de la première phase. Un véritable crève-cœur. "C’est vraiment frustrant", lance tout d’abord Vincent. "C’est dommage d’être dans la même division mais de ne pas pouvoir se rencontrer. On est constamment dans nos équipes toute l’année et se rencontrer, ce serait l’assurance de se voir deux week-ends de plus. C’est toujours sympa, il y a une vraie émulation entre nous deux." Sentiment partagé par Fabien, tout aussi déçu. "Avant que j’arrive à Tours j’étais toujours dans des équipes inférieures à Saint-Vallier donc il n’y avait pas de suspense. Je savais que j’allais l’affronter et que j’allais perdre. Là on a deux équipes qui ont les mêmes ambitions et qui sont premières de leur poule. Si cette année on ne se rencontre toujours pas ce serait décevant." Et pour cause, présentant un bilan de 5 victoires et 1 défaite après
En gardant ce degré de motivation et de réussite, les frères Ateba pourraient bien évoluer en deuxième division l’an prochain. En attendant ils se retrouveront, sauf surprise, lors de la deuxième phase.
six journées de Nationale 1, Tours et Saint-Vallier caracolent en tête. Les playoffs de fin de saison annulés, la seule façon de se rencontrer pour Fabien et Vincent Ateba sera de basculer dans le premier chapeau lors de la deuxième phase. Pour cela, il va falloir continuer à performer pour gagner un maximum de rencontres. Pas un problème pour Fabien, auteur d’un début de saison en boulet de canon avec 18 points de moyenne. Et ce, même après deux mois de trêve. "Le club a fait en sorte que le confinement ne soit pas une perte de temps. On a enchaîné beaucoup de matchs amicaux face à des grosses formations comme Blois, Orléans ou Poitiers. On a fait sept matchs en décembre, on a gardé le rythme pour revenir en janvier comme si la saison ne s’était jamais arrêtée." Schéma identique pour Vincent, capitaine exemplaire d’une équipe de Saint-Vallier qui attend son heure. "Depuis que je suis là, la montée en Pro B a toujours été l’objectif. On ne se cache pas, on le dit clairement. C’est dommage qu’on n’y soit toujours pas arrivé au bout de quatre ans, surtout qu’on n’est pas passé loin à plusieurs reprises." En gardant ce degré de motivation et de réussite, les frères Ateba pourraient bien évoluer en deuxième division l’an prochain. En attendant ils se retrouveront, sauf surprise, lors de la deuxième phase. Et le match dans le match a déjà commencé à distance lorsqu’on leur demande qui prendrait le dessus sur l’autre en un contre un. "Aujourd’hui, tous les jours c’est moi", prévient Fabien. "Je suis plus rapide que lui, il commence à vieillir." Une remarque qui ne manque pas de faire réagir Vincent. "Ça a toujours été moi qui gagnait, c’est comme ça. Il va dire que je vieillis mais lui aussi. Sur un ou deux dribbles je peux le tenir et c’est inenvisageable qu’il défende correctement sur le postup." Avant de terminer sur une note plus touchante en bon grand frère. "Je suis vraiment fier du joueur qu’est devenu Fabien. Ce n’était pas évident, il n’a pas eu le parcours classique. En Nationale 1, c’est un joueur respectable et respecté et je suis vraiment fier de ça." Pour Vincent et Fabien Ateba la famille c’est sacré, et ce n’est pas le basket qui viendra bouleverser l’ordre des choses.
Fabien Ateba
Olivier Barton
Laurent Peigue
grand frère en match officiel, c’était vraiment quelque chose de spécial. J’étais un peu stressé. Ce n’était pas la même sensation que lorsqu’on joue contre des amis mais j’avais envie de lui prouver des choses. Ok tu es parti aux États-Unis et avant tu me battais tout le temps mais aujourd’hui le petit frère prend la relève." Vincent a lui un peu de mal à se rappeler du score. "Hyères-Toulon, c’était un gros morceau du championnat. Avec Denain, on était une équipe moyenne. Je ne me souviens pas du résultat mais c’est là que j’ai vu que Fabien était fait pour le haut niveau. Il était déjà à l’aise dans l’équipe et il avait certaines responsabilités." Un premier duel qui en appellera d’autres les années suivantes, où le chambrage deviendra roi. "C’est resté maintenant. Toutes les fois où on s’est rencontré derrière, avant ou après le match il y avait du trashtalking", rigole Fabien.
JANVIER 2021
35
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
5x5
Vincent Ateba
PARCOURS
FABIEN ET VINCENT ATEBA Par Clément Daniou
AU NOM DU FRÈRE Fabien et Vincent Ateba sont frères, ont 29 et 35 ans et évoluent tous deux en Nationale 1. Malgré tout, leur parcours n’a rien de comparable. Une relation fraternelle peut parfois tanguer entre complicité et rivalité. Elle peut même être difficile à vivre lorsque les années d’écart sont trop nombreuses. Pour Fabien et Vincent Ateba, il n’en est rien. Aujourd’hui joueurs professionnels à Tours et SaintVallier en Nationale 1, ces deux frères nés à Argenteuil n’éprouvent aucune difficulté à évoquer leur relation, oscillant entre amour et respect. "C’était mon modèle. Après, j’ai quand même ma personnalité et ma vie mais ça reste quand même le modèle pour moi", note tout d’abord Fabien, le benjamin de la fratrie. Avant d’enchaîner, des étoiles dans les yeux. "Je voulais faire ce qu’il faisait. C’était vraiment mon idole." Petit, Vincent fait le choix de s’essayer au rugby avant de prendre sa première licence au basket, Fabien lui n’hésite pas avant de se lancer à la conquête de la balle orange, dès l’âge minimum requis. De six ans son aîné, Vincent a conscience que son parcours a nettement inspiré son frère. "Quand on voit son grand frère faire un sport, naturellement on a envie de faire pareil. Quand j’étais jeune, j’ai pu faire les sélections départementales ou régionales, ça a dû trotter dans sa tête à ce moment." Rendez-vous manqués Malgré l’adolescence et les bandes d’amis qui diffèrent, rien ne semble pouvoir entraver leur relation, même si le départ de Vincent à 19 ans pour un Junior College dans l’Illinois aux États-Unis 34 BASKETBALL MAGAZINE
n’est pas sans effet. "On ne s’appelait pas souvent, on se parlait quelques fois sur les réseaux sociaux mais c’était très rare avec le décalage horaire. J’étais plus jeune, je ne pouvais pas rester jusqu’à 3 ou 4h du matin debout. Quand je pouvais, je lui expliquais mon parcours et comment ça se passait pour moi. Il me disait de continuer, de garder la même ligne de conduite", admet Fabien. Pour Vincent, le fait de ne pas avoir pu jouer son rôle comme il le souhaitait lui reste toujours en travers de la gorge. "Il avait 14 ans quand je suis parti, le basket commençait à devenir sérieux pour lui. Je suis resté pendant quatre ans aux Etats-Unis et à mon retour, je n’étais plus sur Orléans donc je ne l’ai pas vu grandir dans le basket. Je n’ai pas pu le suivre comme j’aurais voulu dans son approche du jeu." Surtout que Fabien, qui se révèle sur le tard en espoirs à Hyères-Toulon, commence à faire son trou chez les professionnels. Après une première saison en Pro A où il n’a que peu de responsabilités, il prend la décision de descendre d’une division et signe à Rouen en Pro B. Vincent, lui, gagne le droit de rejoindre l’antichambre à Denain, en provenance de Sorgues Avignon en Nationale 1. Pour la première fois de leur carrière, les deux frères s’apprêtent alors à se rencontrer en match officiel. Celui-ci tourne à la correction, une victoire de 25 points de Hyères-Toulon. Un duel qu’ils ne sont pas prêts d’oublier, même huit ans après. "C’était un super souvenir parce qu’il y avait toute la famille, en plus on avait gagné le match", lance tout sourire Fabien. "Défendre sur le
Objectifs similaires Pourtant acteurs de la Nationale 1 depuis la saison 2015/2016, Fabien et Vincent Ateba ont quelque peu du mal à jouer l’un contre l’autre ces dernières années. En effet, depuis la réforme de la Nationale 1, les deux frères ne se retrouvent jamais dans la même poule lors de la première phase. Un véritable crève-cœur. "C’est vraiment frustrant", lance tout d’abord Vincent. "C’est dommage d’être dans la même division mais de ne pas pouvoir se rencontrer. On est constamment dans nos équipes toute l’année et se rencontrer, ce serait l’assurance de se voir deux week-ends de plus. C’est toujours sympa, il y a une vraie émulation entre nous deux." Sentiment partagé par Fabien, tout aussi déçu. "Avant que j’arrive à Tours j’étais toujours dans des équipes inférieures à Saint-Vallier donc il n’y avait pas de suspense. Je savais que j’allais l’affronter et que j’allais perdre. Là on a deux équipes qui ont les mêmes ambitions et qui sont premières de leur poule. Si cette année on ne se rencontre toujours pas ce serait décevant." Et pour cause, présentant un bilan de 5 victoires et 1 défaite après
En gardant ce degré de motivation et de réussite, les frères Ateba pourraient bien évoluer en deuxième division l’an prochain. En attendant ils se retrouveront, sauf surprise, lors de la deuxième phase.
six journées de Nationale 1, Tours et Saint-Vallier caracolent en tête. Les playoffs de fin de saison annulés, la seule façon de se rencontrer pour Fabien et Vincent Ateba sera de basculer dans le premier chapeau lors de la deuxième phase. Pour cela, il va falloir continuer à performer pour gagner un maximum de rencontres. Pas un problème pour Fabien, auteur d’un début de saison en boulet de canon avec 18 points de moyenne. Et ce, même après deux mois de trêve. "Le club a fait en sorte que le confinement ne soit pas une perte de temps. On a enchaîné beaucoup de matchs amicaux face à des grosses formations comme Blois, Orléans ou Poitiers. On a fait sept matchs en décembre, on a gardé le rythme pour revenir en janvier comme si la saison ne s’était jamais arrêtée." Schéma identique pour Vincent, capitaine exemplaire d’une équipe de Saint-Vallier qui attend son heure. "Depuis que je suis là, la montée en Pro B a toujours été l’objectif. On ne se cache pas, on le dit clairement. C’est dommage qu’on n’y soit toujours pas arrivé au bout de quatre ans, surtout qu’on n’est pas passé loin à plusieurs reprises." En gardant ce degré de motivation et de réussite, les frères Ateba pourraient bien évoluer en deuxième division l’an prochain. En attendant ils se retrouveront, sauf surprise, lors de la deuxième phase. Et le match dans le match a déjà commencé à distance lorsqu’on leur demande qui prendrait le dessus sur l’autre en un contre un. "Aujourd’hui, tous les jours c’est moi", prévient Fabien. "Je suis plus rapide que lui, il commence à vieillir." Une remarque qui ne manque pas de faire réagir Vincent. "Ça a toujours été moi qui gagnait, c’est comme ça. Il va dire que je vieillis mais lui aussi. Sur un ou deux dribbles je peux le tenir et c’est inenvisageable qu’il défende correctement sur le postup." Avant de terminer sur une note plus touchante en bon grand frère. "Je suis vraiment fier du joueur qu’est devenu Fabien. Ce n’était pas évident, il n’a pas eu le parcours classique. En Nationale 1, c’est un joueur respectable et respecté et je suis vraiment fier de ça." Pour Vincent et Fabien Ateba la famille c’est sacré, et ce n’est pas le basket qui viendra bouleverser l’ordre des choses.
Fabien Ateba
Olivier Barton
Laurent Peigue
grand frère en match officiel, c’était vraiment quelque chose de spécial. J’étais un peu stressé. Ce n’était pas la même sensation que lorsqu’on joue contre des amis mais j’avais envie de lui prouver des choses. Ok tu es parti aux États-Unis et avant tu me battais tout le temps mais aujourd’hui le petit frère prend la relève." Vincent a lui un peu de mal à se rappeler du score. "Hyères-Toulon, c’était un gros morceau du championnat. Avec Denain, on était une équipe moyenne. Je ne me souviens pas du résultat mais c’est là que j’ai vu que Fabien était fait pour le haut niveau. Il était déjà à l’aise dans l’équipe et il avait certaines responsabilités." Un premier duel qui en appellera d’autres les années suivantes, où le chambrage deviendra roi. "C’est resté maintenant. Toutes les fois où on s’est rencontré derrière, avant ou après le match il y avait du trashtalking", rigole Fabien.
JANVIER 2021
35