BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL
BRIA HARTLEY
MISSION ACCOMPLIE LES BLEUS IRONT À L’EUROBASKET 2022 LÉO WESTERMANN MICRO BASKET
N°877 - MARS 2021
Thomas Heurtel
5x5
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT du Zénith Saint-Petersbourg à Gran Canaria l’été dernier. Un renfort de poids car le meneur médaillé de bronze à la dernière Coupe du Monde en 2019, propulsé capitaine, a fait grand bien lors de ses quatre derniers matchs évitant ainsi aux Bleus "quelques problèmes." Comme d’autres grandes nations du basket européen, la France a bataillé pour gagner son précieux sésame pour la compétition. En battant le Monténégro dans un match que le coach des Bleus a qualifié de "match le plus dur et le plus intense des Qualifiers", l’Équipe de France a évité quelques sueurs froides. La Lituanie en battant le Danemark d’un point lors de son dernier match ou la Turquie, obligée
ON ESSAYE DE FAIRE
RETOUR EN GRANDE POMPE
LE MIEUX POSSIBLE DANS DES CONDITIONS
Isaïa Cordinier
Bellenger/IS/FFBB
COMPLIQUÉES.
Bellenger/IS/FFBB
Andrew Albicy
EDF MASCULINE
Deux mois après son dernier match avec le Barça, Thomas Heurtel a retrouvé les terrains avec le maillot de l’Équipe de France. Avec succès. Bellenger/IS/FFBB
EUROBASKET Par Clément Daniou
MISSION ACCOMPLIE Au Monténégro, l’Équipe de France a validé son ticket pour l’EuroBasket 2022 lors de la dernière fenêtre de qualification. "On est soulagé, c'est évident. Même si on avait encore une autre opportunité de se qualifier et on avait observé le match entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne. On savait qu’on devait gagner un des deux matches." Ces mots prononcés par Vincent Collet le lendemain de la courte victoire au Monténégro prennent aujourd’hui tout leur sens. Car cette dernière fenêtre de qualification n’aura pas été aussi rose que celle jouée au Palais des Sports de Pau en novembre dernier. D’abord bousculés par le pays-hôte pour leur première rencontre à la Bemax Arena de Podgorica, menés pendant 39 minutes avant d’arracher la victoire grâce au sang-froid de Thomas Heurtel et à la fougue d’Isaïa Cordinier, les Bleus ont ensuite buté face à la très séduisante Grande-Bretagne. Battues dans l’envie, la tête peut-être un peu ailleurs après avoir validé leur ticket pour l’Euro deux jours plus tôt, les coéquipiers d’Andrew Albicy terminent sur une mauvaise note, heureusement sans conséquence. Cependant, ce dernier couac ne doit pas faire oublier tout le travail effectué par Vincent Collet et ses hommes pendant plus d’un an. En devant faire sans ses meilleurs joueurs
34 BASKETBALL MAGAZINE
évoluant en NBA ou en EuroLeague, l’Équipe de France a dû se réinventer, encore. "On essaye de faire le mieux possible dans des conditions compliquées", rappelle Vincent Collet. "On retrouve un effectif et quatre jours après vous devez jouer. Le comportement des joueurs a été exemplaire. Tous les entraînements ont été sérieux, avec de l'engagement." Ainsi, 18 joueurs ont pris part aux six rencontres de qualification à l’EuroBasket 2022. Un chiffre inférieur à d’autres favoris comme l’Espagne ou la Serbie (24 joueurs utilisés) mais qui rappelle ô combien ces rassemblements demandent de l’énergie aux différents staffs techniques. Une situation parfois ubuesque que Vincent Collet prend très au sérieux, n’hésitant pas à fustiger le système en place. "C’est un système compliqué pour les équipes comme les nôtres car nos meilleurs joueurs ne peuvent pas nous rejoindre. Je ne trouve pas ça amusant. Le Monténégro par exemple ne sera pas à l’Euro et la formule n’y est pas étrangère." En effet, si Vincent Collet n’a pu compter sur ses meilleurs éléments, il a "eu la chance d’avoir Andrew Albicy" passé
LES QUALIFICATIONS EUROBASKET 2022 Allemagne bat France
83-69
Monténégro bat Grande-Bretagne
81-74
France bat Monténégro
85-66
Grande-Bretagne bat Allemagne
81-73
France bat Grande-Bretagne
79-56
Monténégro bat Allemagne
80-74
France bat Allemagne
86-74
Grande-Bretagne bat Monténégro
74-59
Grande-Bretagne bat Allemagne
83-81
France bat Monténégro
73-71
Grande-Bretagne bat France
94-73
Monténégro bat Allemagne
82-75
Classement
V
D
Pour
Contre
GA
France
4
2
465
444
+21
Grande-Bretagne
4
2
462
446
+16
Monténégro
3
3
439
455
-16
Allemagne
1
5
460
481
-21
Éloigné des parquets depuis deux mois, Thomas Heurtel a profité de la dernière fenêtre de qualification à l’EuroBasket 2022 pour revenir aux affaires. Pour la première fois depuis août 2019 et un match de préparation à la Coupe du Monde 2019 face à la Turquie, il a endossé le maillot Bleu. Heureux de retrouver les parquets, il est apparu en grande forme lors des premiers entraînements, distillant de nombreux caviars à ses coéquipiers ou en prenant le jeu à son compte comme il sait si bien le faire. Alors qu’il avait annoncé qu’il "serait opérationnel pour quelques minutes", Thomas Heurtel a eu un rôle prépondérant dans la qualification à l’EuroBasket 2022. Passant 22 minutes de moyenne sur le terrain, il a énormément pesé sur le jeu offensif des Bleus en tournant à 10,5 points et 6 passes décisives lors des deux rencontres jouées à la Bemax Arena. Principalement utilisé en relais d’Andrew Albicy, il a aussi joué poste 2 lorsque Vincent Collet prenait la décision de jouer petit sur le backcourt. Rapidement indispensable, il a marqué de son empreinte la courte victoire face au Monténégro, permettant aux Bleus d’obtenir leur qualification grâce à des shoots pleins de sang-froid dans le money-time. "Il a trouvé le deuxième souffle pour marquer les paniers décisifs" notait Vincent Collet le lendemain du match. Moins en vue comme la plupart des Bleus deux jours plus tard face à la Grande-Bretagne, il a malgré tout rappelé à tout le monde qu’il restait un meneur de très grande classe. Signataire d’un contrat jusqu’à la fin de la saison avec LDLC ASVEL, Thomas Heurtel a envoyé un message fort à quelques mois des Jeux Olympiques de Tokyo. "Je veux faire partie de l’aventure et faire une belle médaille" a-t-il déclaré. Étincelant à Rio en 2016, son retour au premier plan ne peut être qu’une bonne nouvelle pour l’Équipe de France.
MARS 2021
35
5x5
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT du Zénith Saint-Petersbourg à Gran Canaria l’été dernier. Un renfort de poids car le meneur médaillé de bronze à la dernière Coupe du Monde en 2019, propulsé capitaine, a fait grand bien lors de ses quatre derniers matchs évitant ainsi aux Bleus "quelques problèmes." Comme d’autres grandes nations du basket européen, la France a bataillé pour gagner son précieux sésame pour la compétition. En battant le Monténégro dans un match que le coach des Bleus a qualifié de "match le plus dur et le plus intense des Qualifiers", l’Équipe de France a évité quelques sueurs froides. La Lituanie en battant le Danemark d’un point lors de son dernier match ou la Turquie, obligée
ON ESSAYE DE FAIRE
RETOUR EN GRANDE POMPE
LE MIEUX POSSIBLE DANS DES CONDITIONS
Isaïa Cordinier
Bellenger/IS/FFBB
COMPLIQUÉES.
Bellenger/IS/FFBB
Andrew Albicy
EDF MASCULINE
Deux mois après son dernier match avec le Barça, Thomas Heurtel a retrouvé les terrains avec le maillot de l’Équipe de France. Avec succès. Bellenger/IS/FFBB
EUROBASKET Par Clément Daniou
MISSION ACCOMPLIE Au Monténégro, l’Équipe de France a validé son ticket pour l’EuroBasket 2022 lors de la dernière fenêtre de qualification. "On est soulagé, c'est évident. Même si on avait encore une autre opportunité de se qualifier et on avait observé le match entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne. On savait qu’on devait gagner un des deux matches." Ces mots prononcés par Vincent Collet le lendemain de la courte victoire au Monténégro prennent aujourd’hui tout leur sens. Car cette dernière fenêtre de qualification n’aura pas été aussi rose que celle jouée au Palais des Sports de Pau en novembre dernier. D’abord bousculés par le pays-hôte pour leur première rencontre à la Bemax Arena de Podgorica, menés pendant 39 minutes avant d’arracher la victoire grâce au sang-froid de Thomas Heurtel et à la fougue d’Isaïa Cordinier, les Bleus ont ensuite buté face à la très séduisante Grande-Bretagne. Battues dans l’envie, la tête peut-être un peu ailleurs après avoir validé leur ticket pour l’Euro deux jours plus tôt, les coéquipiers d’Andrew Albicy terminent sur une mauvaise note, heureusement sans conséquence. Cependant, ce dernier couac ne doit pas faire oublier tout le travail effectué par Vincent Collet et ses hommes pendant plus d’un an. En devant faire sans ses meilleurs joueurs
34 BASKETBALL MAGAZINE
évoluant en NBA ou en EuroLeague, l’Équipe de France a dû se réinventer, encore. "On essaye de faire le mieux possible dans des conditions compliquées", rappelle Vincent Collet. "On retrouve un effectif et quatre jours après vous devez jouer. Le comportement des joueurs a été exemplaire. Tous les entraînements ont été sérieux, avec de l'engagement." Ainsi, 18 joueurs ont pris part aux six rencontres de qualification à l’EuroBasket 2022. Un chiffre inférieur à d’autres favoris comme l’Espagne ou la Serbie (24 joueurs utilisés) mais qui rappelle ô combien ces rassemblements demandent de l’énergie aux différents staffs techniques. Une situation parfois ubuesque que Vincent Collet prend très au sérieux, n’hésitant pas à fustiger le système en place. "C’est un système compliqué pour les équipes comme les nôtres car nos meilleurs joueurs ne peuvent pas nous rejoindre. Je ne trouve pas ça amusant. Le Monténégro par exemple ne sera pas à l’Euro et la formule n’y est pas étrangère." En effet, si Vincent Collet n’a pu compter sur ses meilleurs éléments, il a "eu la chance d’avoir Andrew Albicy" passé
LES QUALIFICATIONS EUROBASKET 2022 Allemagne bat France
83-69
Monténégro bat Grande-Bretagne
81-74
France bat Monténégro
85-66
Grande-Bretagne bat Allemagne
81-73
France bat Grande-Bretagne
79-56
Monténégro bat Allemagne
80-74
France bat Allemagne
86-74
Grande-Bretagne bat Monténégro
74-59
Grande-Bretagne bat Allemagne
83-81
France bat Monténégro
73-71
Grande-Bretagne bat France
94-73
Monténégro bat Allemagne
82-75
Classement
V
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France
4
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465
444
+21
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Monténégro
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Allemagne
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Éloigné des parquets depuis deux mois, Thomas Heurtel a profité de la dernière fenêtre de qualification à l’EuroBasket 2022 pour revenir aux affaires. Pour la première fois depuis août 2019 et un match de préparation à la Coupe du Monde 2019 face à la Turquie, il a endossé le maillot Bleu. Heureux de retrouver les parquets, il est apparu en grande forme lors des premiers entraînements, distillant de nombreux caviars à ses coéquipiers ou en prenant le jeu à son compte comme il sait si bien le faire. Alors qu’il avait annoncé qu’il "serait opérationnel pour quelques minutes", Thomas Heurtel a eu un rôle prépondérant dans la qualification à l’EuroBasket 2022. Passant 22 minutes de moyenne sur le terrain, il a énormément pesé sur le jeu offensif des Bleus en tournant à 10,5 points et 6 passes décisives lors des deux rencontres jouées à la Bemax Arena. Principalement utilisé en relais d’Andrew Albicy, il a aussi joué poste 2 lorsque Vincent Collet prenait la décision de jouer petit sur le backcourt. Rapidement indispensable, il a marqué de son empreinte la courte victoire face au Monténégro, permettant aux Bleus d’obtenir leur qualification grâce à des shoots pleins de sang-froid dans le money-time. "Il a trouvé le deuxième souffle pour marquer les paniers décisifs" notait Vincent Collet le lendemain du match. Moins en vue comme la plupart des Bleus deux jours plus tard face à la Grande-Bretagne, il a malgré tout rappelé à tout le monde qu’il restait un meneur de très grande classe. Signataire d’un contrat jusqu’à la fin de la saison avec LDLC ASVEL, Thomas Heurtel a envoyé un message fort à quelques mois des Jeux Olympiques de Tokyo. "Je veux faire partie de l’aventure et faire une belle médaille" a-t-il déclaré. Étincelant à Rio en 2016, son retour au premier plan ne peut être qu’une bonne nouvelle pour l’Équipe de France.
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Yakuba Ouattara
„On est soulagé, c'est évident... On savait qu’on devait gagner un des deux matches." Bellenger/IS/FFBB
Vincent Collet
de s’employer de toutes ses forces pour disposer de la Suède, allant même jusqu’à demander à l’Anadolu Efes Istanbul de libérer sa star Shane Larkin, naturalisé récemment, peuvent en témoigner. La qualification des Bleus n’est pas un exploit mais elle montre que rien ne doit être pris pour acquis aujourd’hui. Surtout quand on sait que les fenêtres de qualification à la Coupe du Monde 2023 reprendront leur droit en novembre prochain. "Il y a aura d'autres fenêtres", rappelle Vincent Collet. "On observe que certains leaders des qualifications précédentes ne sont plus dans l’équipe aujourd’hui. C'est un éternel recommencement." Malgré tout, ces rencontres offrent à la France un moyen de réaliser une revue d’effectif en situation réelle. Libre contractuellement, Thomas Heurtel, qui a depuis rejoint l’ASVEL, a profité de ces matches pour retrouver les parquets, lui qui n’avait plus joué depuis le mois de décembre en compétition officielle. "Vraiment fit et très en forme car physiquement audessus de ce qu'on pouvait attendre" selon Vincent Collet, le meneur aux 77 sélections a enfilé le maillot Bleu pour la
Joueur
première fois depuis août 2019. Toujours aussi dominant par séquences, il a été cherché la victoire face à Justin Cobbs et consorts, offrant ainsi la qualification à la France grâce à un money-time endiablé. Pour les médaillés de la dernière Coupe du Monde, Amath M’Baye, Mathias Lessort et Andrew Albicy, ces fenêtres auront permis de valider l’expérience acquise précédemment. À un degré moindre, elles auront offert à Isaïa Cordinier et Guerschon Yabusele l’opportunité de montrer sur la scène mondiale leur talent. Désormais, Vincent Collet va devoir se tourner vers la préparation aux Jeux Olympiques de Tokyo, un nouveau challenge pour le coach des Bleus. Et même si la majorité des joueurs présents lors de ces trois fenêtres ne devraient pas faire partie de la présélection pour les JO, certains pourraient bien s’y inviter. Que le casse-tête commence.
MJ
Min
Tirs
3 pts
LF
Rb
PD
In
Co
BP
Pts
Guerschon Yabusele
2
19
61,1
3-5
60,0
4,0
1,0
1,5
0,5
1,0
14,0
Mathias Lessort
4
20
58,3
-
58,6
4,3
1,0
1,0
1,0
3,0
11,3
Thomas Heurtel
2
23
40,0
3-12
100,0
2,5
6,0
1,5
-
1,5
10,5
Yakuba Ouattara
6
18
47,9
6-18
88,9
3,2
1,2
0,7
-
0,8
10,0
Amath M’Baye
6
22
47,6
6-21
64,7
3,8
1,3
0,7
0,2
1,2
9,5
Moustapha Fall
2
21
80,0
-
50,0
7,0
1,5
0,5
2,5
2,0
9,0
Maxime Roos
1
12
100,0
2-2
100,0
-
-
2,0
-
2,0
9,0
Isaïa Cordinier
6
19
58,1
2-10
80,0
4,3
0,5
0,7
0,7
1,2
7,7
David Michineau
4
16
42,9
0-1
100,0
1,5
2,0
1,0
-
1,8
7,0
Axel Bouteille
6
20
27,0
8-24
85,7
2,7
1,0
0,7
0,3
0,2
5,7
Andrew Albicy
4
27
38,9
2-12
75,0
2,5
5,5
1,0
-
2,5
5,5
Alexandre Chassang
6
15
44,8
2-8
50,0
2,5
0,7
1,0
0,7
1,5
4,8
Jerry Boutsiele
4
15
44,4
-
42,9
2,0
0,8
0,3
0,5
1,5
4,8
Axel Julien
6
15
38,5
3-16
-
2,0
2,7
1,0
-
1,3
3,8
Lahaou Konate
6
10
37,5
2-5
100,0
2,2
-
0,5
-
0,5
3,3
Nicolas Lang
1
13
50,0
1-2
-
-
2,0
-
-
-
3,0
Hugo Invernizzi
2
6
20,0
1-4
-
1,5
-
0,5
-
0,5
1,5
Jonathan Rousselle
1
8
0,0
0-2
-
1,0
1,0
-
-
-
-
Entraîneur : Vincent Collet Assistants : Ruddy Nelhomme, Pascal Donnadieu, Laurent Foirest
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5x5
Yakuba Ouattara
„On est soulagé, c'est évident... On savait qu’on devait gagner un des deux matches." Bellenger/IS/FFBB
Vincent Collet
de s’employer de toutes ses forces pour disposer de la Suède, allant même jusqu’à demander à l’Anadolu Efes Istanbul de libérer sa star Shane Larkin, naturalisé récemment, peuvent en témoigner. La qualification des Bleus n’est pas un exploit mais elle montre que rien ne doit être pris pour acquis aujourd’hui. Surtout quand on sait que les fenêtres de qualification à la Coupe du Monde 2023 reprendront leur droit en novembre prochain. "Il y a aura d'autres fenêtres", rappelle Vincent Collet. "On observe que certains leaders des qualifications précédentes ne sont plus dans l’équipe aujourd’hui. C'est un éternel recommencement." Malgré tout, ces rencontres offrent à la France un moyen de réaliser une revue d’effectif en situation réelle. Libre contractuellement, Thomas Heurtel, qui a depuis rejoint l’ASVEL, a profité de ces matches pour retrouver les parquets, lui qui n’avait plus joué depuis le mois de décembre en compétition officielle. "Vraiment fit et très en forme car physiquement audessus de ce qu'on pouvait attendre" selon Vincent Collet, le meneur aux 77 sélections a enfilé le maillot Bleu pour la
Joueur
première fois depuis août 2019. Toujours aussi dominant par séquences, il a été cherché la victoire face à Justin Cobbs et consorts, offrant ainsi la qualification à la France grâce à un money-time endiablé. Pour les médaillés de la dernière Coupe du Monde, Amath M’Baye, Mathias Lessort et Andrew Albicy, ces fenêtres auront permis de valider l’expérience acquise précédemment. À un degré moindre, elles auront offert à Isaïa Cordinier et Guerschon Yabusele l’opportunité de montrer sur la scène mondiale leur talent. Désormais, Vincent Collet va devoir se tourner vers la préparation aux Jeux Olympiques de Tokyo, un nouveau challenge pour le coach des Bleus. Et même si la majorité des joueurs présents lors de ces trois fenêtres ne devraient pas faire partie de la présélection pour les JO, certains pourraient bien s’y inviter. Que le casse-tête commence.
MJ
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3 pts
LF
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Guerschon Yabusele
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4,0
1,0
1,5
0,5
1,0
14,0
Mathias Lessort
4
20
58,3
-
58,6
4,3
1,0
1,0
1,0
3,0
11,3
Thomas Heurtel
2
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40,0
3-12
100,0
2,5
6,0
1,5
-
1,5
10,5
Yakuba Ouattara
6
18
47,9
6-18
88,9
3,2
1,2
0,7
-
0,8
10,0
Amath M’Baye
6
22
47,6
6-21
64,7
3,8
1,3
0,7
0,2
1,2
9,5
Moustapha Fall
2
21
80,0
-
50,0
7,0
1,5
0,5
2,5
2,0
9,0
Maxime Roos
1
12
100,0
2-2
100,0
-
-
2,0
-
2,0
9,0
Isaïa Cordinier
6
19
58,1
2-10
80,0
4,3
0,5
0,7
0,7
1,2
7,7
David Michineau
4
16
42,9
0-1
100,0
1,5
2,0
1,0
-
1,8
7,0
Axel Bouteille
6
20
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8-24
85,7
2,7
1,0
0,7
0,3
0,2
5,7
Andrew Albicy
4
27
38,9
2-12
75,0
2,5
5,5
1,0
-
2,5
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Alexandre Chassang
6
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50,0
2,5
0,7
1,0
0,7
1,5
4,8
Jerry Boutsiele
4
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-
42,9
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0,8
0,3
0,5
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4,8
Axel Julien
6
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3-16
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2,0
2,7
1,0
-
1,3
3,8
Lahaou Konate
6
10
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2-5
100,0
2,2
-
0,5
-
0,5
3,3
Nicolas Lang
1
13
50,0
1-2
-
-
2,0
-
-
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3,0
Hugo Invernizzi
2
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1-4
-
1,5
-
0,5
-
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Jonathan Rousselle
1
8
0,0
0-2
-
1,0
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Entraîneur : Vincent Collet Assistants : Ruddy Nelhomme, Pascal Donnadieu, Laurent Foirest
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MARS 2021
37
LÉO WESTERMANN
INTERVIEW
“L’EUROLEAGUE, UN TITRE QUI M’OBSÈDE” Victor Salgado
5x5
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
Propos recueillis par Julien Guérineau
Début janvier, Léo Westermann (1,98 m, 28 ans) a rejoint le FC Barcelone. Un nouveau club mythique sur le CV de l’ancien élève du Pôle France passé par l’ASVEL, le Partizan, Limoges, le Zalgiris Kaunas, le CSKA Moscou et le Fenerbahçe Istanbul.
PORTRAIT Léo
Westermann
François Berthier
Vous signez pour la deuxième fois au Barça. Comment s’était déroulée votre vraie-fausse arrivée en 2014 ? J’étais au Partizan et je me suis blessé aux ligaments croisés. Pendant l’été 2014 le Barça me signe comme une draft. Le club me drafte avec la possibilité de me signer en priorité pendant les trois années suivantes. Ils voulaient voir comment j’allais revenir de ma blessure. Cela ne s’est finalement pas fait, toute l’équipe dirigeante a changé et ils ont pris d’autres directions.
44 BASKETBALL MAGAZINE
Prenez-vous cette signature comme une revanche personnelle ? Il n’y a pas de revanche. C’est la vie, c’est comme ça. J’ai eu une carrière tumultueuse notamment au niveau des blessures. Je suis juste content d’être là dans un club mythique, qui parle aux basketteurs mais pas que…
Le FC Barcelone c’est une institution à tous les points de vue. En faire partie me rend heureux et ça met également pas mal de pression. J’ai toujours su rebondir après de grosses blessures et des échecs. Après le CSKA, quand j’étais arrivé dans une équipe qui pouvait gagner l’Euroleague et où je sentais que je pouvais m’imposer, j’ai eu deux grosses blessures. Il a fallu repartir de zéro. C’est compliqué mais j’ai toujours eu l’envie de me battre pour mes objectifs. Et jusqu’à présent cela se passe plutôt bien.
Né le 24 juillet 1992 à Haguenau 1,98 m Poste 1 au FC Barcelone.
Comment s’est déroulé votre départ du Fenerbahçe ? Mon rôle, mon temps de jeu, je ne comprenais pas trop. Mais c’était un nouveau coach qui avait d’autres joueurs en tête, d’autres façons de voir les choses. Il faut le respecter.
MARS 2021
45
LÉO WESTERMANN
INTERVIEW
“L’EUROLEAGUE, UN TITRE QUI M’OBSÈDE” Victor Salgado
5x5
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
Propos recueillis par Julien Guérineau
Début janvier, Léo Westermann (1,98 m, 28 ans) a rejoint le FC Barcelone. Un nouveau club mythique sur le CV de l’ancien élève du Pôle France passé par l’ASVEL, le Partizan, Limoges, le Zalgiris Kaunas, le CSKA Moscou et le Fenerbahçe Istanbul.
PORTRAIT Léo
Westermann
François Berthier
Vous signez pour la deuxième fois au Barça. Comment s’était déroulée votre vraie-fausse arrivée en 2014 ? J’étais au Partizan et je me suis blessé aux ligaments croisés. Pendant l’été 2014 le Barça me signe comme une draft. Le club me drafte avec la possibilité de me signer en priorité pendant les trois années suivantes. Ils voulaient voir comment j’allais revenir de ma blessure. Cela ne s’est finalement pas fait, toute l’équipe dirigeante a changé et ils ont pris d’autres directions.
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Prenez-vous cette signature comme une revanche personnelle ? Il n’y a pas de revanche. C’est la vie, c’est comme ça. J’ai eu une carrière tumultueuse notamment au niveau des blessures. Je suis juste content d’être là dans un club mythique, qui parle aux basketteurs mais pas que…
Le FC Barcelone c’est une institution à tous les points de vue. En faire partie me rend heureux et ça met également pas mal de pression. J’ai toujours su rebondir après de grosses blessures et des échecs. Après le CSKA, quand j’étais arrivé dans une équipe qui pouvait gagner l’Euroleague et où je sentais que je pouvais m’imposer, j’ai eu deux grosses blessures. Il a fallu repartir de zéro. C’est compliqué mais j’ai toujours eu l’envie de me battre pour mes objectifs. Et jusqu’à présent cela se passe plutôt bien.
Né le 24 juillet 1992 à Haguenau 1,98 m Poste 1 au FC Barcelone.
Comment s’est déroulé votre départ du Fenerbahçe ? Mon rôle, mon temps de jeu, je ne comprenais pas trop. Mais c’était un nouveau coach qui avait d’autres joueurs en tête, d’autres façons de voir les choses. Il faut le respecter.
MARS 2021
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ACB
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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT
”Je veux gagner l’Euroleague et en étant un joueur qui compte dans l’équipe.” Léo Westermann
Joaquim Alberch / ACB
C’EST LA MEILLEURE COMPÉTITION.
J’ai vite compris que je n’étais pas son style de joueur. Je le comprends. C’est naturel, chaque coach a sa manière de faire jouer son équipe et se repose sur des joueurs avec certaines caractéristiques. J’ai quand même essayé d’être professionnel. En décembre les transferts d’Euroleague sont actifs et j’avais envie de jouer ! J’ai déjà perdu assez de temps entre les blessures, la Covid, pour rester encore six mois sur le côté. Je voulais être dans un projet où je me sentais à l’aise avec des gens intéressés. Cela s’est fait très vite. Votre arrivée avait été annoncée avant d’être mise en suspens alors que le Barça était en conflit avec Thomas Heurtel. Comment avez-vous vécu cette période ? C’était compliqué. Je suis resté 10 jours sans contrat. Avec ma famille qui ne savait pas où on allait. Mais à 28 ans j’ai envie de jouer. J’ai des objectifs, je ne suis pas en fin de carrière. Je veux gagner l’Euroleague et en étant un joueur qui compte dans l’équipe. Je vais mettre toutes les chances de mon côté pour y parvenir. Était-ce particulier de prendre la place d’un compatriote et d’un ancien coéquipier en Équipe de France ? Je ne l’ai pas du tout vu comme ça. Numériquement évidemment. Mais je dois penser à moi, mes objectifs. L’Euroleague, les transferts, c’est un business. Ce n’est pas évident mais cela fait partie des contraintes de ce métier. Alors que vous disputez votre neuvième saison consécutive en Euroleague, avez-vous été tenté de signer dans un club de standing inférieur afin d’y jouer un plus grand rôle ? J’ai eu des offres de bonnes équipes d’Eurocup l’été dernier ou en décembre. Mais l’Euroleague reste quelque chose de spécial pour moi. C’est la meilleure compétition. Tant que je peux y avoir un rôle je ne vois pas pourquoi je partirais. Et jouer 15 minutes c’est déjà un très bon rôle. Au-delà du temps de jeu c’est aussi se sentir utile à l’équipe. Connaître son rôle, ce qui peut rendre l’équipe meilleure, ce que le coach veut. Et ici à Barcelone je l’ai trouvé.
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Aucune envie de démontrer que vous pouvez casser l’image de meneur gestionnaire qui vous colle à la peau ? Je m’en fiche totalement. Ce sont des avis qu’on peut avoir en France. Westermann vu de l’étranger et Westermann vu de France ce sont presque deux joueurs différents. Cela fait longtemps que je joue à l’étranger. Tout se passe très bien. J’ai rencontré un style de basket et des gens avec qui je me sens plus à l’aise. Je mène ma carrière sans réfléchir à ce que l’on pense de moi. Vous n’avez pas d’explication, de théorie pour expliquer ces différences de perception ? J’ai un avis (il sourit)… Compliqué à dire… Mais ça me passe au-dessus, je ne cherche plus à comprendre. Meneur de jeu, 1,98 m, lent, ne peut pas défendre sur un petit. En France on te met dans des cases sans chercher plus loin. C’est arrivé avec moi. Je sais qu’à l’étranger on me considère comme un bon défenseur pour une équipe. Et en France, quand tu demandes aux gens qui connaissent le basket, entre guillemets, ils vont dire que je suis un défenseur plus que médiocre. C’est un exemple parmi tant d’autres. Que dire ? La culture basket est peut-être différente dans d’autres pays qu’en France qui est plus tournée vers la NBA. Mais encore une fois, ça me passe au-dessus. L’ASVEL, le Partizan, Limoges, le CSKA, Fenerbahçe à quel point jouer pour ces institutions est important pour vous ? En grandissant j’ai toujours été un grand fan d’Euroleague, de tous ces clubs mythiques qui ont une fanbase ou une histoire incroyable. On sent l’importance du basket dans ces clubs et je m’éclate à jouer pour ces équipes. Donc logiquement en 2022 vous signerez au Real Madrid ou au Maccabi Tel-Aviv… (il sourit) Je ne vais pas tous les faire ! C’est vrai qu’on peut se dire mercenaire, tous les deux ans il change de club. C’est ma carrière qui veut ça. J’ai toujours essayé de chercher les
Fin janvier, à 28 ans vous aviez disputé 144 matches d’Euroleague. Thomas Heurtel et Nando De Colo compte entre 50 et 70 matches de plus. Espérez-vous les rattraper un jour ? Je n’y pense pas vraiment. On parle de joueurs qui ont une carrière exemplaire. Thomas est un des meilleurs passeurs de tous les temps. Nando sûrement le meilleur joueur d’Euroleague sur les 10 dernières années. Et s’imposer à Madrid comme Fabien c’est vraiment grand. Ce qui m’intéresse au-delà des matches c’est de jouer des matches qui comptent, des Final Four, des séries de playoffs. Ce n’est pas la quantité, c’est la qualité. Gagner l’Euroleague c’est pour ça que je me lève tous les matins. Depuis tout petit c’est une compétition et un titre qui m’obsède. On imagine dès lors que jouer à huis-clos vous pèse particulièrement… C’est très désagréable. Jouer dans des salles vides et entendre les chaussures grincer. L’Euroleague c’est le contraire, les salles pleines, les ambiances extraordinaires, l’adrénaline, les frissons. On ne peut pas dissocier les clubs de leurs fans. Ce n’est pas évident mais nous bénéficions de conditions qui font que nous sommes privilégiés par rapport à la Covid-19. À quel point votre familiarité avec le coach Sarunas Jasikevicius vous a-t-elle aidé ? J’ai quand même joué deux fois pour lui. C’est une réalité. Je connais son système. Pas forcément les systèmes mais les règles dans le jeu, sa façon dont il voit le basket. Et c’est le plus compliqué. Sinon un système ça s’apprend vite : un écran ici, un écran là. Et ils ne sont pas identiques si tu as Mirotic ou Jankunas dans ton équipe. Moi j’ai une avance sur certains joueurs même sur ceux qui étaient déjà au club. Est-il entendu que vous avez signé à Barcelone afin d’y être la doublure de Nick Calathes ? Présenter un temps de jeu ou une répartition de minutes ça n’existe quasiment pas en Europe. On te présente un projet et on te dit pourquoi tu es là. Si tu joues bien tu auras des minutes, si tu n’es pas bon tu seras sur le banc. La différence c’est que je connais parfaitement mon rôle ici. Et le coach a un grand éventail de possibilités. Vous n’avez plus évolué en Équipe de France depuis l’EuroBasket 2017. Est-ce une déception de ne pouvoir
Bellenger / IS / FFBB
L’EUROLEAGUE...
meilleures équipes. Et chez les meilleurs j’ai des contrats plus courte durée. Forcément la concurrence est rude. Quand tu parles du gratin du basket européen, tous les joueurs voudraient être à notre place. Je suis fier de ma carrière mais cela n’empêche pas que j’aimerais m’installer et construire un projet sur plusieurs années.
participer aux phases de qualification de la Coupe du Monde ou de l’EuroBasket, les joueurs d’Euroleague n’étant pas disponibles ? C’est très frustant de ne pas pouvoir être éligible. Mais j’imagine que c’est aussi très frustrant pour les fans et le sélectionneur de ne pas avoir les meilleurs joueurs de NBA et d’Euroleague à disposition. Mais cela permet à beaucoup de joueurs de toucher à ce maillot, de se montrer et c’est important pour le réservoir du basket français, les voir s’arracher et tout donner pour assurer les qualifications. C’est beau à voir. Malgré tout nourrissez-vous encore des ambitions avec les Bleus ? Bien sûr. L’Équipe de France reste importante pour moi. Ces dernières années entre les blessures et la concurrence, qui est rude, c’était plus compliqué. Quand on va en Équipe de France c’est pour gagner ou faire une médaille. On en revient toujours au même point : le coach prend ses décisions en fonction de sa façon de voir les choses. Mais ça reste un objectif de faire les Jeux Olympiques, une Coupe du Monde et gagner une nouvelle médaille avec les A.
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”Je veux gagner l’Euroleague et en étant un joueur qui compte dans l’équipe.” Léo Westermann
Joaquim Alberch / ACB
C’EST LA MEILLEURE COMPÉTITION.
J’ai vite compris que je n’étais pas son style de joueur. Je le comprends. C’est naturel, chaque coach a sa manière de faire jouer son équipe et se repose sur des joueurs avec certaines caractéristiques. J’ai quand même essayé d’être professionnel. En décembre les transferts d’Euroleague sont actifs et j’avais envie de jouer ! J’ai déjà perdu assez de temps entre les blessures, la Covid, pour rester encore six mois sur le côté. Je voulais être dans un projet où je me sentais à l’aise avec des gens intéressés. Cela s’est fait très vite. Votre arrivée avait été annoncée avant d’être mise en suspens alors que le Barça était en conflit avec Thomas Heurtel. Comment avez-vous vécu cette période ? C’était compliqué. Je suis resté 10 jours sans contrat. Avec ma famille qui ne savait pas où on allait. Mais à 28 ans j’ai envie de jouer. J’ai des objectifs, je ne suis pas en fin de carrière. Je veux gagner l’Euroleague et en étant un joueur qui compte dans l’équipe. Je vais mettre toutes les chances de mon côté pour y parvenir. Était-ce particulier de prendre la place d’un compatriote et d’un ancien coéquipier en Équipe de France ? Je ne l’ai pas du tout vu comme ça. Numériquement évidemment. Mais je dois penser à moi, mes objectifs. L’Euroleague, les transferts, c’est un business. Ce n’est pas évident mais cela fait partie des contraintes de ce métier. Alors que vous disputez votre neuvième saison consécutive en Euroleague, avez-vous été tenté de signer dans un club de standing inférieur afin d’y jouer un plus grand rôle ? J’ai eu des offres de bonnes équipes d’Eurocup l’été dernier ou en décembre. Mais l’Euroleague reste quelque chose de spécial pour moi. C’est la meilleure compétition. Tant que je peux y avoir un rôle je ne vois pas pourquoi je partirais. Et jouer 15 minutes c’est déjà un très bon rôle. Au-delà du temps de jeu c’est aussi se sentir utile à l’équipe. Connaître son rôle, ce qui peut rendre l’équipe meilleure, ce que le coach veut. Et ici à Barcelone je l’ai trouvé.
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Aucune envie de démontrer que vous pouvez casser l’image de meneur gestionnaire qui vous colle à la peau ? Je m’en fiche totalement. Ce sont des avis qu’on peut avoir en France. Westermann vu de l’étranger et Westermann vu de France ce sont presque deux joueurs différents. Cela fait longtemps que je joue à l’étranger. Tout se passe très bien. J’ai rencontré un style de basket et des gens avec qui je me sens plus à l’aise. Je mène ma carrière sans réfléchir à ce que l’on pense de moi. Vous n’avez pas d’explication, de théorie pour expliquer ces différences de perception ? J’ai un avis (il sourit)… Compliqué à dire… Mais ça me passe au-dessus, je ne cherche plus à comprendre. Meneur de jeu, 1,98 m, lent, ne peut pas défendre sur un petit. En France on te met dans des cases sans chercher plus loin. C’est arrivé avec moi. Je sais qu’à l’étranger on me considère comme un bon défenseur pour une équipe. Et en France, quand tu demandes aux gens qui connaissent le basket, entre guillemets, ils vont dire que je suis un défenseur plus que médiocre. C’est un exemple parmi tant d’autres. Que dire ? La culture basket est peut-être différente dans d’autres pays qu’en France qui est plus tournée vers la NBA. Mais encore une fois, ça me passe au-dessus. L’ASVEL, le Partizan, Limoges, le CSKA, Fenerbahçe à quel point jouer pour ces institutions est important pour vous ? En grandissant j’ai toujours été un grand fan d’Euroleague, de tous ces clubs mythiques qui ont une fanbase ou une histoire incroyable. On sent l’importance du basket dans ces clubs et je m’éclate à jouer pour ces équipes. Donc logiquement en 2022 vous signerez au Real Madrid ou au Maccabi Tel-Aviv… (il sourit) Je ne vais pas tous les faire ! C’est vrai qu’on peut se dire mercenaire, tous les deux ans il change de club. C’est ma carrière qui veut ça. J’ai toujours essayé de chercher les
Fin janvier, à 28 ans vous aviez disputé 144 matches d’Euroleague. Thomas Heurtel et Nando De Colo compte entre 50 et 70 matches de plus. Espérez-vous les rattraper un jour ? Je n’y pense pas vraiment. On parle de joueurs qui ont une carrière exemplaire. Thomas est un des meilleurs passeurs de tous les temps. Nando sûrement le meilleur joueur d’Euroleague sur les 10 dernières années. Et s’imposer à Madrid comme Fabien c’est vraiment grand. Ce qui m’intéresse au-delà des matches c’est de jouer des matches qui comptent, des Final Four, des séries de playoffs. Ce n’est pas la quantité, c’est la qualité. Gagner l’Euroleague c’est pour ça que je me lève tous les matins. Depuis tout petit c’est une compétition et un titre qui m’obsède. On imagine dès lors que jouer à huis-clos vous pèse particulièrement… C’est très désagréable. Jouer dans des salles vides et entendre les chaussures grincer. L’Euroleague c’est le contraire, les salles pleines, les ambiances extraordinaires, l’adrénaline, les frissons. On ne peut pas dissocier les clubs de leurs fans. Ce n’est pas évident mais nous bénéficions de conditions qui font que nous sommes privilégiés par rapport à la Covid-19. À quel point votre familiarité avec le coach Sarunas Jasikevicius vous a-t-elle aidé ? J’ai quand même joué deux fois pour lui. C’est une réalité. Je connais son système. Pas forcément les systèmes mais les règles dans le jeu, sa façon dont il voit le basket. Et c’est le plus compliqué. Sinon un système ça s’apprend vite : un écran ici, un écran là. Et ils ne sont pas identiques si tu as Mirotic ou Jankunas dans ton équipe. Moi j’ai une avance sur certains joueurs même sur ceux qui étaient déjà au club. Est-il entendu que vous avez signé à Barcelone afin d’y être la doublure de Nick Calathes ? Présenter un temps de jeu ou une répartition de minutes ça n’existe quasiment pas en Europe. On te présente un projet et on te dit pourquoi tu es là. Si tu joues bien tu auras des minutes, si tu n’es pas bon tu seras sur le banc. La différence c’est que je connais parfaitement mon rôle ici. Et le coach a un grand éventail de possibilités. Vous n’avez plus évolué en Équipe de France depuis l’EuroBasket 2017. Est-ce une déception de ne pouvoir
Bellenger / IS / FFBB
L’EUROLEAGUE...
meilleures équipes. Et chez les meilleurs j’ai des contrats plus courte durée. Forcément la concurrence est rude. Quand tu parles du gratin du basket européen, tous les joueurs voudraient être à notre place. Je suis fier de ma carrière mais cela n’empêche pas que j’aimerais m’installer et construire un projet sur plusieurs années.
participer aux phases de qualification de la Coupe du Monde ou de l’EuroBasket, les joueurs d’Euroleague n’étant pas disponibles ? C’est très frustant de ne pas pouvoir être éligible. Mais j’imagine que c’est aussi très frustrant pour les fans et le sélectionneur de ne pas avoir les meilleurs joueurs de NBA et d’Euroleague à disposition. Mais cela permet à beaucoup de joueurs de toucher à ce maillot, de se montrer et c’est important pour le réservoir du basket français, les voir s’arracher et tout donner pour assurer les qualifications. C’est beau à voir. Malgré tout nourrissez-vous encore des ambitions avec les Bleus ? Bien sûr. L’Équipe de France reste importante pour moi. Ces dernières années entre les blessures et la concurrence, qui est rude, c’était plus compliqué. Quand on va en Équipe de France c’est pour gagner ou faire une médaille. On en revient toujours au même point : le coach prend ses décisions en fonction de sa façon de voir les choses. Mais ça reste un objectif de faire les Jeux Olympiques, une Coupe du Monde et gagner une nouvelle médaille avec les A.
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