La filière de détection LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL
Mam JaiteH Un temps d'avance
N°786 - DECemBRE2012 - WWW.FFBB.COM
Tirage au sort de l'Euro 2013 La relève chez les féminines
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Boulogne Boys Par Julien Guérineau, à Boulogne
"ce que je voulais c’est jouer face à des adultes pour acquérir de l’expérience et être constamment dans la difficulté. Je privilégiais ça avant tout."
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FIBA Europe / Martins Silis
Dans le Nord de la France, le SOM Boulogne a choisi de lancer dans le grand bain de jeunes joueurs français. A tout juste 18 ans, Mouhammadou Jaiteh (2,07 m) est tout simplement le meilleur tricolore de la division à l’évaluation. A ses côtés, cinq autres joueurs, âgés de 20 à 28 ans, ont tous porté le maillot de l’Équipe de France en sélections de jeunes.
Jean-Philippe Carlier
"Olivier, ce mec-là tu peux l’oublier, il ne viendra jamais chez nous." Le 25 février dernier, au cœur du Bois de Vincennes, Germain Castano, l’entraîneur de Boulogne-sur-Mer en Pro B, n’a pas hésité à livrer le fond de sa pensée à son General Manager, Olivier Bourgain. Les deux hommes, en compagnie de leur Président, JeanPierre Desgardin et de leur responsable communication, Olivier Colbaut, sont venus superviser Mouhammadou Jaiteh. Le pivot du CFBB est le prospect numéro un du pays et Castano a bien du mal à l’imaginer mettre le cap au Nord alors qu’il domine copieusement les raquettes de N1 (14,3 pts, 10,2 rbds). "Même en fin de saison je lui répétais : mets ton énergie dans un autre dossier, tu perds ton temps." Mais Bourgain s’entête. Ses concurrents sont de taille. Un aérophage de clubs de Pro A est sur les rangs. De même que de prestigieuses universités américaines. Jaiteh fait d’ailleurs un détour par les Etats-Unis pour visiter Gonzaga, l’ancienne fac de Ronny Turiaf, et Washington, avec les 10.000 places de son Alaska Airlines Arena comme produit d’appel. Et pourtant, le 29 septembre dernier, c’est sous le maillot du SOMB et sur le parquet de Bourg-en-Bresse que le jeune pivot lance sa carrière professionnelle. "J’étais optimiste", affirme Olivier Bourgain. "Je me disais : on va l’avoir parce que c’est un gars intelligent. Et quand on parle à un gars intelligent, ça limite les problèmes." Très vite Jaiteh avait en effet posé les bases de son projet. "Moi ce que je voulais c’est jouer face à des adultes pour acquérir de l’expérience et être constamment dans la difficulté. Je privilégiais ça avant tout." Malgré les sollicitations l’international junior n’a pas dévié de sa ligne de conduite et a finalement rejoint le Nord. Deux mois plus tard, il trône au sommet de la Pro B (meilleure évaluation française, 5e globale) avec 15,6 points et 10,6 rebonds de moyenne. "Maintenant on reçoit des scouts NBA à Damremont", sourit le General Manager. Une attention logique pour un joueur qui n’a que cinq années de basket derrière lui et dont l’impact au niveau professionnel a même surpris ceux qui l’avaient courtisé. "Je serais un menteur en disant que je m’attendais à ça", reconnaît Germain Castano. "Je pensais qu’il pouvait nous donner 1015 minutes en début de saison." Mais durant les matches de préparation, Jaiteh enchaîne les bonnes performances jusqu’à passer 23 points et 17 rebonds à Rouen. Ce sont désormais les deux Américains Kurt Cun-
MICKAEL VAR (2,04 m, 22 ans) Parisiens ou nordistes, les joueurs français du SOMB ne sont pas très éloignés de leur port d’attache. Mickaël Var, lui, poursuit sa carrière à près de 10.000 kilomètres de chez lui. L’ancien du centre de formation de Pau-Orthez est en effet un des rares réunionnais à avoir percé dans le basket de haut niveau. Le handball a Jackson Richardson et Daniel Narcisse, le football Dimitri Payet, mais la balle orange a toujours peiné à trouver un chef de file. Avec un peu plus de 1.500 basketteurs et 700 basketteuses, le réservoir est limité. Var est parvenu à s’imposer en LNB, six ans après avoir quitté son île en compagnie de Nicolas Arline passé par Nantes et Bourg mais qui a depuis abandonné le basket. Malgré les difficultés et les déceptions, Var s’est accroché. A Pau (avec un détour d’une saison à Poitiers), il ne s’est jamais imposé et le club palois a fini par renoncer à un joueur sur lequel il avait misé. Le même sort réservé à Miguel Buval et Tanguy Ramassamy, les deux autres big men du centre de formation. "On se parle très souvent. Le club nous a conservés longtemps. Par rapport à leurs ambitions ils se sont dit que ça ne marcherait pas. Nous sommes partis les uns après les autres." Venu passer un essai à Boulogne, Var s’est engagé et passe désormais 14 minutes par match sur le terrain (4,5 pts, 3,5 rbds). Un changement radical comparé à sa faible implication dans le Béarn : "Quand ton équipe gagne ou qu’elle perd tu as cette étrange impression d’être extérieur au truc. Tu regardes tes coéquipiers en sueur et tu te dis que tu n’as pas de mérite. Ici j’ai la sensation de participer à l’aventure. Si je peux exploser comme Fernando Raposo l’a fait, ça serait parfait."
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(1,83 m, 28 ans) Au milieu du terrain, Germain Castano donne ses instructions. A ses côtés, Zainoul Bah fait office de traducteur. "C’est ma deuxième fonction", sourit le meneur du SOMB. "J’ai fait des études, je suis bilingue donc ça me sert." Bah pourrait également ajouter la fonction de chaperon à son curriculum vitae puisque c’est lui qui a pris sous son aile Mouhammadou Jaiteh. "Mam’ c’est mon petit. Je le taquine en l’appelant mon joueur NBA." Chauffeur officiel d’un garçon qui n’a pas le permis, conseiller alimentation pour un mineur qui n’a jamais fait ses courses seul, les tâches sont multiples. Mais Bah les effectue avec plaisir, lui dont le parcours professionnel est aussi tortueux qu’inattendu. Une arrivée dans un centre de formation à 17 ans seulement, une sélection en Équipe de France juniors un an plus tard aux côtés de Johan Petro ou encore Yannick Bokolo, un exil de deux ans aux Etats-Unis et un passage de quatre ans en Suisse après avoir remporté le titre en Pro B en 2006 avec Orléans. "Je n’étais pas assez professionnel dans mon attitude à l’époque", estime-t-il avec lucidité. "Je faisais le con. Résultat aujourd’hui je suis sérieux et Germain Castano me dit que je suis un des meilleurs professionnels qu’il ait côtoyé." Son détour helvète s’explique également par le désir de poursuivre des études (bachelor en business) et par les propositions financièrement tentantes de Lugano puis Nyon. Mais depuis trois ans, Bah a retrouvé sa place en Pro B et après avoir contribué à la montée en puissance de Fos-sur-Mer (demi-finaliste en 2011) il compte faire de même avec un SOMB passé en cinq ans de la N3 au playoffs de l’antichambre. "Je ne serais pas étonné si ce club était dans l’élite d’ici quelques années", conclut-il.
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nous l’emmènerons pour le dernier mois de la saison", avance Germain Castano, tandis qu’Olivier Bourgain résume le sentiment des dirigeants boulonnais : "Ce joueur n’est pas à nous. Il est au basket français." La sensibilité à la cause nationale de l’ancien shooteur d’élite du voisin gravelinois n’est pas à chercher bien loin. Assistant pendant plusieurs années sur les Équipes de France de jeunes, Bourgain était aux
"Des jeunes qui sont en attente, il ne faut pas les décevoir. Ils ont des limites mais ils ont compris les choses les plus importantes pour avancer." ses performances démontrent qu’il aurait pu passer directement par la case Pro A, Jaiteh balaye leurs arguments : "Maintenant que je joue beaucoup les gens viennent me dire : en Pro A tu aurais joué. Mais ce n’est pas si évident. Je me rappelle des 92 à leur sortie du CFBB qui m’expliquaient qu’ils allaient jouer, que le coach leur avait promis. Finalement rien. Les 93 qui m’expliquaient la même chose. Mais trois mois plus tard je les voyais sortir du banc pour une ou deux minutes…" A raison de 28 minutes par match l’ancien insepien progresse à marche forcée et sait déjà utiliser à merveille son sens du rebond et ses bras tentaculaires qui lui permettent de finir près du cercle avec autant d’aisance main droite que main gauche. Reste encore à développer une explosivité qui lui sera nécessaire pour rejoindre une NBA qui semble une ambition tout à fait raisonnable pour un tel potentiel. "Nous sommes encore à 100.000 lieux de ce qu’il peut faire. Je suis d’ailleurs assez curieux de voir où
Jean-Philippe Carlier
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ZAINOUL BAH
ningham et Ken Horton qui vont devoir, à tour de rôle, débuter les matches sur le banc. A l’écoute, travailleur, Jaiteh apprend les ficelles du métier face à des vétérans comme Sacha Giffa (Fos, 34 ans) et peaufine ses gammes à raison de trois séances individuelles supplémentaires par semaine. Du temps de jeu et un staff présent pour l’aider à progresser, les attentes du Parisien sont comblées. Quant à ceux qui estiment que
MARTIN LE PELLEC
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(1,98 m, 25 ans)
JONATHAN ROUSSELLE (1,90 m, 22 ans) Il y a un petit côté Pete Maravich chez Jonathan Rousselle. Ce pur produit de la formation nordiste (Lille, Gravelines) n’a pas froid aux yeux et ses inspirations géniales font bien souvent se lever Damremont. Et couler quelques sueurs froides dans le dos de son entraîneur. "Quand ça passe c’est magnifique. Quand ça ne passe pas tu as l’air très con. Mais je ne suis pas complètement cinglé tout de même", rigole le 6e marqueur français de Pro B après 11 journées (14,0 pts). Les chiffres lui donnent d’ailleurs raison. Plus souvent positionné en deuxième arrière qu’en meneur cette saison, Rousselle confirme les bonnes dispositions aperçues la saison passée et s’épanouit à quelques kilomètres du BCM qui l’a prêté à son voisin faute de pouvoir lui offrir un terrain d’expression. Dominateur en espoirs, ce combo au tir soyeux et au dribble déroutant a longtemps pris son mal en patience avant de se résoudre à l’exil : "Sur le coup je trouvais le temps long parce que rien ne remplace les matches. Quand je rentrais j’étais perdu. C’était dur à vivre. Je m’entraînais très bien, le coach me disait que je ne pouvais rien faire de plus mais devant moi il y avait Ben Woodside et Yannick Bokolo. J’étais face à un mur. Tout le monde était unanime : je pouvais jouer… mais pas ici. J’aurais pu continuer de me cacher à Gravelines. L’enfant du club qui ne coûte pas cher et qui s’entraîne dur. Mais tu n’es pas un joueur de Pro A si tu ne joues pas." Rousselle a finalement franchi le pas à l’été 2011 et ne regrette rien : "Le temps on l’a ici. C’est inestimable. Et maintenant j’ai trop apprécié le fait de jouer pour repartir quelque part où je ne vais pas être heureux." Champion d’Europe espoirs en 2010 avec Andrew Albicy, il goûte pleinement à ses minutes sur le terrain (19,0 pts de moyenne entre la 5e et la 10e journée) mais conserve une idée fixe dans un coin de sa tête : "Le BCM, ça reste un échec. Les gens voient que je ne jouais pas. Et donc qu’il y avait une raison. J’ai beau dire tout ce que je veux, mes fesses étaient posées sur le banc. La fierté en prend un coup. Donc l’objectif à moyen terme c’est de prouver que je peux le faire et m’imposer à Gravelines." décEMBRE2012 41
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premières loges pour juger des possibilités des joueurs : "J’ai eu la chance de faire cinq campagnes Équipe de France et j’adore ça. En Pro B j’estime qu’on a vocation à faire jouer les jeunes français. C’est tellement plus enrichissant de les faire travailler et de voir leur éclosion. C’est aussi le résultat d’une connivence entre Germain Castano et moi. Je ne peux pas lui imposer de prendre des jeunes s’il n’en a pas envie. Après, le jour où ça ne marche pas, ton club est en danger. Il ne faut pas se planter. La frustration est simplement de ne pas pouvoir les garder… Il faut les rendre." C’est à l’été 2010 que le SOMB se lance dans cette voie. Le club récupère alors Fernando Raposo, vice-champion d’Europe espoirs avec Edwin Jackson et Antoine Diot un an plus tôt. A Pau, celui-ci n’a pas réellement percé en Pro B (3,9 pts, 4,0 rbds en 13’). Deux ans plus tard, il est considéré comme l’un des meilleurs intérieurs de l’antichambre (10,8 pts, 6,9 rbds en 27’) et Orléans lui offre la possibilité de retrouver l’élite. "Quand il est parti j’étais fier ! Tous les deux on avait la larme à l’œil", se rappelle Germain Castano. Le filon a donc continué à être exploité : Rousselle, Bigote, Var, Jaiteh, autant de recrue de 22 ans ou moins. "L’avantage que l’on a désormais c’est que les jeunes savent qu’ils jouent ici. Ce ne sont pas des paroles en l’air", insiste Bourgain. "Ce n’est pas que financier, on a envie de le faire, devenir le club référent dans ce domaine en Pro B." "Nous le faisons avec sincérité. Si cela peut attirer d’autres joueurs, tant mieux", renchérit Castano. Le SOMB, qui travaille à la
Le vrai vétéran du SOMB, c’est lui. Malgré ses 25 ans seulement, Martin Le Pellec dispute actuellement sa huitième saison LNB ! L’expérience s’est parfois résumée à des bribes de matches avec le STB Le Havre puis le BCM Gravelines et une rupture des ligaments croisés l’a limité à une rencontre en 2010/11, mais le natif de Roubaix n’en reste pas moins une valeur sûre de la Pro B. Et son regard sur le parcours d’un jeune ailier parmi les plus doués de sa génération (Équipe de France juniors et espoirs) est particulièrement intéressant : "Quand tu sors d’espoirs, tu as beau mettre 20 points par match et être un leader, quand tu arrives en Pro B tu n’es plus personne. La marche est vraiment haute. Au niveau du rythme et du physique, tu as beau avoir une bonne technique, si tu es un peu frêle, tu ne peux pas jouer. Mon deuxième match de Pro B, j’ai joué 4 minutes… Bienvenue dans la réalité. Ça fait très mal. En jeunes c’est facile. Avec les pros tu ne peux plus te relâcher. Mentalement c’est difficile." Mais Le Pellec avait des arguments à faire valoir. Une patte gauche redoutable et des qualités athlétiques au-dessus de la moyenne qui lui ont permis de faire son trou à Rouen (montée en Pro A pour sa saison rookie), Évreux et Le Portel avant sa grave blessure. C’est pour se relancer qu’il a opté pour le SOMB. L’affaire est en bonne voie (7,7 pts, 2,8 rbds) et Le Pellec constate avec plaisir que la jeunesse boulonnaise a tendance à entraîner tout le monde dans son sillage : "Tout le monde a envie d’aller au plus haut niveau et je pense que ça pousse le groupe vers le haut. J’ai connu des équipes où cinq minutes après l’entraînement la salle était vide. Ici les gars shootent ou vont à la musculation. On a tous faim."
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VALENTIN BIGOTE (1,96 m, 20 ans) Lorsque la possibilité d’être prêté au SOMB s’est présentée, Valentin Bigote a très vite su vers qui se tourner : "Jonathan Rousselle, c’est la première personne que j’ai appelée." Ce pur ch’ti avait sans doute besoin de l’avis de son compagnon de route chez les espoirs du BCM tant le défi proposé par Germain Castano et Olivier Bourgain semblait de taille : remplacer Tony Stanley, 35 ans et sept saisons LNB au compteur. Il n’a finalement pas hésité longtemps avant de quitter le confort du championnat espoirs (18,1 pts par match). "Le temps passe vite donc il ne faut pas perdre trop de saisons. Vu le budget du BCM je savais que ça serait compliqué et Boulogne est venu me voir très tôt. Ici on a du temps de jeu et de la liberté au niveau de la créativité." Après 11 journées, la greffe a parfaitement pris. Le frère de Mathieu (qui a rejoint Le Portel cet été), particulièrement agressif vers le cercle, passe 26 minutes par match sur les parquets pour 10,1 points, 3,6 rebonds et 2,6 passes décisives. Une vraie réussite pour un jeune homme dont le parcours atypique a façonné l’approche du professionnalisme : "J’ai joué en Nationale 3 à 16 ans donc forcément je suis sans doute plus respectueux des championnats inférieurs que ceux qui sont en espoirs et qui ne jurent que par la Pro A. Les niveaux je les connais. Quand j’ai reçu ma première convocation en Équipe de France j’étais vraiment surpris. Les autres joueurs se connaissaient et m’ont pas mal sous estimé. Ce n’était pas évident de s’intégrer la première année. On me prenait de haut en regardant les listes : Grande Synthe ? Mais il sort d’où ce joueur ? Moi je suis constamment dans l’optique de prouver." Un état d’esprit qui contribue aujourd’hui au succès de son prêt.
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création d’un centre de formation, a donc la ferme intention de se positionner à nouveau pour accueillir de jeunes pousses tricolores et son scouting s’en ressent fortement. "Quand j’étais à Besançon, je passais mes dimanches à suivre les Américains aux PaysBas par exemple, sur 2-3 années", explique le coach boulonnais. "Aujourd’hui je passe plus de temps sur le site de la FFBB à regarder les stats de NM1 et à télécharger des matches du championnat espoirs." Une politique de recrutement qui n’est pas sans conséquence sur le type de coaching utilisé par Castano : "Le curseur d’exigence est plus élevé que pour d’autres. D’un autre côté si à chaque erreur je les mettais sur le banc, je les tue. Parfois c’est tout bon ou tout mauvais. Il faut réussir à sortir un match minimum, trouver, quand ce n’est pas son soir, ce qui peut aider son équipe à gagner : une interception, une passe, un rebond. Mais franchement je suis encore plus content de faire mon métier cette année parce que je veux le faire pour ces joueurslà. Des jeunes qui sont en attente, il ne faut pas les décevoir. En Pro B j’ai connu des joueurs qui venaient à l’entraînement de 10 à 12 puis de 16 à 18, qui rentraient chez eux retrouver leur petite amie qui avait préparé à manger. Aucun investissement en plus. Ces jeunes ne sont pas dans cette médiocrité-là et ne rechignent pas au travail. Ils ont des limites mais ils ont compris les choses les plus importantes pour avancer." Après onze journées, la prise de risque du SOMB semblait payante avec un bilan positif (6-5), quelques trous d’air (-36 à Bourg, -25 à Pau) et des sorties brillantes (+35 face à Antibes). De quoi envisager de disputer les playoffs et valider définitivement son pari jeunesse."
" En Pro B j’estime qu’on a vocation à faire jouer les jeunes français. C’est tellement plus enrichissant de les faire travailler et de voir leur éclosion."
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La relève Par Julien Guérineau et Audrey Canlet
Catherine steenkeste / Ffbb
L’Équipe de France féminine repart sur un nouveau cycle olympique. Elle le fera avec une partie des médaillées d’argent de Londres. Mais une nouvelle génération ne manquera pas de venir renforcer le groupe France. Quelles sont les candidates au maillot bleu ?
Marielle Amant et Diandra Tchatchouang Lorsque Pierre Vincent prend en main l’Équipe de France féminine à l’été 2008, il se repose sur quelques cadres incontournables (Céline Dumerc, Emmeline Ndongue) mais également sur de très jeunes joueuses qui vont constituer la colonne vertébrale du groupe qui montera sur la deuxième marche du podium
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olympique quatre ans plus tard. Isabelle Yacoubou n’a que 22 ans, Jennifer Digbeu 21 ans, Endéné Miyem 20 ans. Par la suite, l’entraîneur tricolore n’hésitera pas à entrouvrir les portes de la sélection lors des stages de préparation aux différentes compétitions internationales. Mais son ossature variera relativement peu. Miyem,
la cadette de l’équipe en 2008, l’était encore en 2012. Jean-Pierre de Vincenzi l’a annoncé, de nouvelles têtes ne vont pas tarder à faire leur apparition. S’il estime que c’est la Coupe du Monde 2014 qui sera la plus importante en matière d’expérimentation le Directeur Technique National se repose sur l’histoire récente
1987 Ces trois joueuses figuraient dans la présélection de Pierre Vincent pour les Jeux Olympiques avec des expériences en bleu diverses. Lardy a remporté le titre européen en 2009 avec les Braqueuses, JannaultLo a participé au Mondial 2010 tandis que Kamba est une habituée des podiums chez les jeunes. aetitia Kamba L Pauline Jannault-Lo Anael Lardy
1,87 Mondeville 1,92 Perpignan 1,70 USK Prague
1989 Attention, centimètres sous la toise. Cata Chitiga et Amant connaissent bien les rassemblements Équipe de France et cette dernière était à deux doigts de faire partie de l’aventure olympique. Ciak a longtemps évolué dans les divisions inférieures mais ne cessent de progresser et son gabarit ne laisse pas insensible. Les blessures ont ralenti Michel mais sa polyvalence est intéressante. arielle Amant M Héléna Ciak Ana Maria Cata Chitiga Sarah Michel
1,90 Nantes Rezé 1,97 Perpignan 1,95 Montpellier 1,80 Nantes Rezé
1991 Il y a 5 ans, au sortir d’un titre européen en U16, elles étaient les deux plus grands espoirs du basket français. Toutes les
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pour orienter la future politique sportive : "Il faut être prudent car nous avions commis une erreur après les Jeux de Sydney en 2000. En 2001 l’Euro était en France avec un titre à la clé. 2002, au Mondial, le même groupe était au rendez-vous. C’était une forme de récompense. Mais nous avons ensuite galéré dix ans pour revenir aux Jeux en renouvelant l’équipe en 2003, l’année de la qualification olympique pour Athènes." De 2004 à 2009, l’Équipe de France U20 a systématiquement terminé sur le podium de son Euro. L’été dernier, les U18 ont remporté la médaille d’or européenne. Chez les jeunes le potentiel est donc bien là et si la marche avec le très haut niveau est incontestablement très haute, un coup d’œil à la composition de l’équipe médaillée de bronze au Mondial 20 ans et moins en 2003 laisse à penser que les résultats dans les catégories de jeunes ne sont pas sans incidences sur la suite : Céline Dumerc, Emmeline Ndongue, Florence Lepron, Élodie Godin, Emilie Gomis !
Pauline Jannault-Lo
deux ont choisi les Etats-Unis et la NCAA pour poursuivre leur formation, avec des résultats sportifs mitigés. Gênée par les blessures, Tchatchouang a fait son retour en LFB (5,2 pts) et Pierre Vincent l’a longuement testé l’été dernier. Vernerey termine actuellement son cursus universitaire à Duke (5,3 pts l’an passé).
20 minutes par match sur les parquets professionnels apportant une pression défensive de tous les instants (Epoupa, 6,3 pts, 3,5 rbds) ou une adresse redoutable à l’aile (Ayayi, 7,9 pts, 4,8 rbds). "Deux très gros potentiels", estime Grégory Halin. Olivia Epoupa 1,65 Basket Landes alérianne Ayayi 1,84 Basket Landes V
Diandra Tchatchouang 1,86 Perpignan llison Vernerey A 1,91 Duke
1993 Deux profils radicalement différents. La France est souvent à la recherche de shooteuse et Sara Chevaugeon rentre incontestablement dans cette catégorie (19/38 à trois-points au dernier Euro). "Elle fait partie des joueuses les plus adroites que j’ai rencontré dans ma carrière", souffle Grégory Halin impressionné également par le rapport taille/qualités athlétiques de Diallo qui dépasse déjà les 10 minutes de temps de jeu à Bourges. Sara Chevaugeon hristelle Diallo C
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Lyon Bourges
1994 Les deux rookies de Basket Landes n’ont pas raté leur entrée en LFB. Quelques semaines seulement après avoir remporté l’or européen en U18 elles se sont immédiatement imposées chez les professionnels. Elles passent environ
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CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR L'intégration des TGG
Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.
Éléments pour la prise en compte des grands dans l’entraînement d’un groupe du jeu autour de fixation, et ce, sans subir toutes les contestations de déplacement sans ballon qui posent beaucoup de problèmes au TGG en match. Il devra aussi s’adapter aux situations d’aide défensive sur lui, pour passer le ballon. ➔P ossibilité pour le grand de jouer le rebond offensif. ➔S i l’on n’a qu’un TGG ou intérieur celui-ci peut rester en attaque continuellement.
Conclusion
Les défenseurs n’ont aucune contrainte de déplacement.
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Une fois le tir effectué en attaque, si le panier est marqué, les attaquants gardent le même statut ; si le tir est manqué, ils passent défenseurs.
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Fig. 12 Les attaquants extérieurs sont fixes (ils ne coupent pas, mais néanmoins ils peuvent se déplacer d’un mètre dans leur secteur dévolution), le TGG ou joueur intérieur se déplace uniquement dans la zone restrictive. Une fois le porteur de balle touché, celuici ne peut plus tirer.
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Cette situation permet de perfectionner les passes (lecture et technique), le tir, et notamment, la préparation de celui-ci sans ballon. Le grand doit anticiper ses poses d’appuis pour tirer rapidement, mais aussi prendre les informations sur le jeu pour passer rapidement au joueur libre. Variations pédagogiques : ➔ Types de défenses "toucher ou réelle" : les attaquants n’ont plus l’interdiction de tirer s’ils sont touchés. Cette variante est intéressante, notamment en appliquant toujours la règle du touché pour les extérieurs et défense "classique" sur l’intérieur. En effet, le joueur intérieur devra gérer les contacts des joueurs arrivant sur lui lors de ses tirs comme souvent lors
Nous avons vu ici, quelques situations qui permettent d’intégrer un TGG à l’entraînement, et notamment dans les phases de travail des fondamentaux, tout en prenant en compte les éléments techniques propres aux grands, ainsi que la spécificité des relations de passe avec ce joueur. Il est cependant nécessaire de garder à l’esprit que, lorsque l’on a un joueur de très grande taille dans son équipe, un travail individualisé avec l’entraîneur reste indispensable. Enfin, il ne faut pas tomber dans le travers de l’isolement du grand aux moments des phases jouées. En effet, trop souvent encore, le TGG est cantonné sur le banc, sous couvert de l’opérationnalité du joueur et de la performance de l’équipe ; si, en plus lors des phases jouées à l’entraînement il est sorti du groupe pour effectuer un travail différent, il ne pourra jamais être productif en match !
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