Mag 788

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élodie GODIN épanouie EN ITALIE La génération 88-89 au pouvoir L'organisation fédérale 2013-2016 Le Challenge Benjamins en NBA

N°788 - février2013 - WWW.FFBB.COM


interview >

"Je ne serai pas à l’Euro" Propos recueillis par Audrey Canlet

Steenkeste/FFBB

À 27 ans et déjà 118 sélections en Équipe de France, Élodie Godin a décidé de faire une pause dans sa carrière internationale. Championne d’Europe 2009, vice-championne olympique 2012, l’intérieure de Schio, en Italie, évoque sa fatigue mentale et physique après des années à imposer son basket tout en dureté dans les raquettes du Continent. Elle parle également de son départ de France il y a six ans, des doutes qui l’ont assailli à Prague ou encore son passage épanouissant à Tarente. Passionnant.

10 BASKETBALLMAGAZINE

févrieR2013

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"Je ne serai pas à l’Euro" Propos recueillis par Audrey Canlet

Steenkeste/FFBB

À 27 ans et déjà 118 sélections en Équipe de France, Élodie Godin a décidé de faire une pause dans sa carrière internationale. Championne d’Europe 2009, vice-championne olympique 2012, l’intérieure de Schio, en Italie, évoque sa fatigue mentale et physique après des années à imposer son basket tout en dureté dans les raquettes du Continent. Elle parle également de son départ de France il y a six ans, des doutes qui l’ont assailli à Prague ou encore son passage épanouissant à Tarente. Passionnant.

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Cela vous a-t-il permis de vivre votre aventure à fond sans vous soucier du temps de jeu ? Après le tournoi préolympique, c’était normalement ce groupe-là qui devait partir aux Jeux, même si on n’est jamais sur de rien. Une fois que tu en fais partie, tu donnes ce que l’on attend de toi. C’est vrai que la pression s’en va à partir du moment où le sélectionneur annonce le groupe. Et là, tu vis ton aventure à fond.

12 BASKETBALLMAGAZINE

plus de manière générale, avec ou sans douleur, j’essaie toujours de terminer le match. C’est certain que je ne jouerai pas jusqu’à 35 ans parce que mon corps me dira stop bien avant. Il m’a déjà prévenu un peu l’été dernier en me montrant que d’enchaîner autant n’était pas bon pour moi. C’est sur que tout cela me fragilise d’autant plus avec le style de jeu que je propose. Je n’ai pas la technique d’une Sandrine Gruda ou d’autres joueuses intérieures mais je joue sur le physique, je me bats sur tous les ballons en défense et mon corps en ressent les séquelles. Mais pour l’instant je tiens encore debout.

Est-ce ces années à être présente sur tous les fronts qui vous ont fragilisé (ndlr : depuis 1999 avec les cadettes, première sélection chez les A en août 2003, à 18 ans) ? De toute manière, mon jeu est assez physique, je ne joue que là-dessus. Oui, mon corps en prend un coup, ça c’est sur. En

Vous avez connu quelques années de galère, des changements de clubs pas toujours bien vécus avant de vous épanouir totalement en Italie… J’ai passé trois années exceptionnelles à Bourges notamment avec Pierre Vincent.

"Je regrette mon année à Prague parce que je l’ai vraiment mal vécue, je n’étais pas bien et à la limite d’arrêter le basket. Mais grâce à cette aventure, j’ai trouvé Tarente"

La dernière année on décroche le titre, on a de nouveaux projets. Puis je suis partie à Valenciennes. Je l’ai vécu comme une année moyenne, j’avais perdu du temps de jeu. Mais le moment le plus difficile dans ma carrière reste Prague. A ce propos, Pierre Vincent évoquait des choix financiers qui avaient motivé votre départ notamment de Bourges… Quand on est jeune on fait des erreurs. Je suis partie de Bourges pour Valenciennes car on me proposait un contrat bien plus intéressant. Il se trouve qu’après cette année, j’ai eu une grosse offre de Prague et que Valenciennes, on ne savait pas trop où cela en était. Ils ont finalement coulé et j’ai décidé de vivre ma première expérience à

Bellenger/IS/FFBB

Malgré toutes les qualités que l’on vous connaît, votre place aux Jeux n’était pas garantie. Avez-vous eu peur d’être écartée ? J’ai eu peur d’autant plus que j’ai eu des petits problèmes physiques notamment au dos durant la préparation. À ce moment-là, avant même le Tournoi de Qualification, je me suis dis que c’était foutu, que je ne vivrai pas cette expérience. Heureusement, j’ai eu la chance de voir de bons spécialistes qui m’ont remis sur pied relativement vite. J’ai donc pu montrer au coach ce qu’il attendait de moi, c'est-à-dire d’être prête à un moment du match précis, de pouvoir donner mon maximum. J’ai eu chaud, ça c’est clair et j’ai stressé jusqu’à l’annonce de la sélection. J’ai vraiment eu peur de ne pas faire partie de l’aventure.

Vous avez remporté plusieurs titres avec les Bleues mais cela n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Pendant une période, vous avez enchaîné les blessures ou n’avez pas été retenue en sélection. Comment l’avez-vous vécu ? La période qui a été la plus difficile a été mon passage à Prague (2007-08), ma première expérience à l’étranger et effectivement cela s’est ressenti en Équipe de France. Je me suis présentée en sélection avec une mentalité autre, un gros manque de confiance en moi après avoir passé une année sans jouer. Cela a forcément eu un impact sur mon basket à ce moment là. Après au niveau des blessures, c’est vrai que j’ai enchaîné pas mal de problèmes de dos dans ma carrière mais j’ai su travailler

dessus. Finalement, je n’ai pas manqué beaucoup de matches.

Steenkeste/FFBB

Quel était votre état d’esprit au moment de rejoindre la sélection en mai dernier ? Le même que tous les ans. Je suis toujours l’une des dernières sélectionnées pour l’Équipe de France. Mon état d’esprit était simple : gagner ma place en montrant à Pierre Vincent que je pouvais faire partie de ce groupe.

Vous êtes une habituée des sélections nationales. Depuis les équipes jeunes, vous avez multiplié les campagnes, parfois plusieurs dans un même été. Comment arrive-t-on à enchaîner les compétitions ? Cette année a été un peu plus difficile car on n’a pas pu couper avec le basket. La préparation a été très longue du fait de notre passage par le TQO. Habituellement on a quand même un petit break entre le championnat et les campagnes Équipe de France. J’ai fais pas mal de sélections mais j’arrivais toujours à avoir un moment pour moi plus ou moins long.

Bellenger/IS/FFBB

Près de six mois après votre médaille d’argent, que reste-t-il de votre aventure olympique ? Contrairement aux autres joueuses qui sont en France et qui ont eu pas mal d’événements, notamment la première journée de championnat, je pense que le fait d’être repartie rapidement à l’étranger a un peu écourté l’euphorie post JO. Je ne vais pas dire que cela a vite été oublié mais en Italie on n’en parle pas et c’est normal car ce n’est pas le pays concerné. J’ai suivi ce qui s’est passé par Internet mais c’est vrai que par rapport aux autres filles j’ai été un peu en retrait de toutes les sollicitations parce que malheureusement je ne suis pas sur place.

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Cela vous a-t-il permis de vivre votre aventure à fond sans vous soucier du temps de jeu ? Après le tournoi préolympique, c’était normalement ce groupe-là qui devait partir aux Jeux, même si on n’est jamais sur de rien. Une fois que tu en fais partie, tu donnes ce que l’on attend de toi. C’est vrai que la pression s’en va à partir du moment où le sélectionneur annonce le groupe. Et là, tu vis ton aventure à fond.

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plus de manière générale, avec ou sans douleur, j’essaie toujours de terminer le match. C’est certain que je ne jouerai pas jusqu’à 35 ans parce que mon corps me dira stop bien avant. Il m’a déjà prévenu un peu l’été dernier en me montrant que d’enchaîner autant n’était pas bon pour moi. C’est sur que tout cela me fragilise d’autant plus avec le style de jeu que je propose. Je n’ai pas la technique d’une Sandrine Gruda ou d’autres joueuses intérieures mais je joue sur le physique, je me bats sur tous les ballons en défense et mon corps en ressent les séquelles. Mais pour l’instant je tiens encore debout.

Est-ce ces années à être présente sur tous les fronts qui vous ont fragilisé (ndlr : depuis 1999 avec les cadettes, première sélection chez les A en août 2003, à 18 ans) ? De toute manière, mon jeu est assez physique, je ne joue que là-dessus. Oui, mon corps en prend un coup, ça c’est sur. En

Vous avez connu quelques années de galère, des changements de clubs pas toujours bien vécus avant de vous épanouir totalement en Italie… J’ai passé trois années exceptionnelles à Bourges notamment avec Pierre Vincent.

"Je regrette mon année à Prague parce que je l’ai vraiment mal vécue, je n’étais pas bien et à la limite d’arrêter le basket. Mais grâce à cette aventure, j’ai trouvé Tarente"

La dernière année on décroche le titre, on a de nouveaux projets. Puis je suis partie à Valenciennes. Je l’ai vécu comme une année moyenne, j’avais perdu du temps de jeu. Mais le moment le plus difficile dans ma carrière reste Prague. A ce propos, Pierre Vincent évoquait des choix financiers qui avaient motivé votre départ notamment de Bourges… Quand on est jeune on fait des erreurs. Je suis partie de Bourges pour Valenciennes car on me proposait un contrat bien plus intéressant. Il se trouve qu’après cette année, j’ai eu une grosse offre de Prague et que Valenciennes, on ne savait pas trop où cela en était. Ils ont finalement coulé et j’ai décidé de vivre ma première expérience à

Bellenger/IS/FFBB

Malgré toutes les qualités que l’on vous connaît, votre place aux Jeux n’était pas garantie. Avez-vous eu peur d’être écartée ? J’ai eu peur d’autant plus que j’ai eu des petits problèmes physiques notamment au dos durant la préparation. À ce moment-là, avant même le Tournoi de Qualification, je me suis dis que c’était foutu, que je ne vivrai pas cette expérience. Heureusement, j’ai eu la chance de voir de bons spécialistes qui m’ont remis sur pied relativement vite. J’ai donc pu montrer au coach ce qu’il attendait de moi, c'est-à-dire d’être prête à un moment du match précis, de pouvoir donner mon maximum. J’ai eu chaud, ça c’est clair et j’ai stressé jusqu’à l’annonce de la sélection. J’ai vraiment eu peur de ne pas faire partie de l’aventure.

Vous avez remporté plusieurs titres avec les Bleues mais cela n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Pendant une période, vous avez enchaîné les blessures ou n’avez pas été retenue en sélection. Comment l’avez-vous vécu ? La période qui a été la plus difficile a été mon passage à Prague (2007-08), ma première expérience à l’étranger et effectivement cela s’est ressenti en Équipe de France. Je me suis présentée en sélection avec une mentalité autre, un gros manque de confiance en moi après avoir passé une année sans jouer. Cela a forcément eu un impact sur mon basket à ce moment là. Après au niveau des blessures, c’est vrai que j’ai enchaîné pas mal de problèmes de dos dans ma carrière mais j’ai su travailler

dessus. Finalement, je n’ai pas manqué beaucoup de matches.

Steenkeste/FFBB

Quel était votre état d’esprit au moment de rejoindre la sélection en mai dernier ? Le même que tous les ans. Je suis toujours l’une des dernières sélectionnées pour l’Équipe de France. Mon état d’esprit était simple : gagner ma place en montrant à Pierre Vincent que je pouvais faire partie de ce groupe.

Vous êtes une habituée des sélections nationales. Depuis les équipes jeunes, vous avez multiplié les campagnes, parfois plusieurs dans un même été. Comment arrive-t-on à enchaîner les compétitions ? Cette année a été un peu plus difficile car on n’a pas pu couper avec le basket. La préparation a été très longue du fait de notre passage par le TQO. Habituellement on a quand même un petit break entre le championnat et les campagnes Équipe de France. J’ai fais pas mal de sélections mais j’arrivais toujours à avoir un moment pour moi plus ou moins long.

Bellenger/IS/FFBB

Près de six mois après votre médaille d’argent, que reste-t-il de votre aventure olympique ? Contrairement aux autres joueuses qui sont en France et qui ont eu pas mal d’événements, notamment la première journée de championnat, je pense que le fait d’être repartie rapidement à l’étranger a un peu écourté l’euphorie post JO. Je ne vais pas dire que cela a vite été oublié mais en Italie on n’en parle pas et c’est normal car ce n’est pas le pays concerné. J’ai suivi ce qui s’est passé par Internet mais c’est vrai que par rapport aux autres filles j’ai été un peu en retrait de toutes les sollicitations parce que malheureusement je ne suis pas sur place.

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Est-ce que aujourd’hui vous regrettez votre choix ? Oui et non. Je regrette mon année à Prague parce que je l’ai vraiment mal vécue, je

Vous avez gagné de nombreux titres avec Tarente qui a relancé votre carrière internationale. Pour quelles raisons avez-vous dû quitter le club cet été ?

Cela n’a pas été trop difficile parce que Schio a aussi récupéré une joueuse qui jouait avec moi à Tarente, Giorgia Sottana. Il y a aussi Kathy Wambé qui faisait son retour en Italie. Du coup, quand tu arrives dans un club et que dans l’effectif il y a deux filles avec qui tu as déjà joué cela facilite les choses. Ils m’ont tout de suite intégré dans le groupe. Forcément au début, cela fait bizarre, parce qu’il y a toujours eu de la rivalité et de la concurrence entre Tarente et Schio. Mais finalement tout se passe bien. Quelles sont les ambitions du club en Euroligue ? Ils aimeraient bien refaire le Final Eight

"De mon côté, j’avais déjà dis non à pas mal d’offres pour rester à Tarente. J’étais complètement effondrée car je voulais vraiment rester là-bas. "

14 BASKETBALLMAGAZINE

Photos Bellenger / IS / FFBB

comme l’année dernière. Pour l’instant on Après trois saisons à Tarente, mon objectif était vraiment de poursuivre avec eux. Je m’y sentais super bien, j’avais la confiance du coach et pour moi c’était devenu ma deuxième famille. Cela a été mon coup de cœur au niveau du basket et l’endroit où je me suis sentie le mieux. En fin de saison, le club a eu de gros problèmes financiers. En Italie ce n’est pas comme en France où les clubs ont pleins de petits sponsors. Ici c’est le président qui apporte l’argent et le jour où il ne l’est plus, il n’y a plus de club. En fin de saison, il ne savait pas s’il allait repartir ou non. Moi de mon côté, j’avais déjà dis non à pas mal d’offres pour rester à Tarente. J’étais complètement effondrée car je voulais vraiment rester là-bas. J’étais même prête à faire un effort financier et baisser mon salaire. Le problème c’est qu’ils n’avaient rien à me proposer de concret, ni de contrat. J’ai beaucoup attendu et en fin de saison on sait que c’est une situation délicate pour une joueuse. J’ai repoussé l’échéance jusqu’au bout mais à un moment je n’avais plus le choix. Schio faisait le forcing depuis quelques années. Le président de Tarente m’a demandé d’attendre encore quelques mois mais je ne pouvais pas prendre le risque. Cela a été très difficile d’autant que j’étais en préparation et qu’il fallait gérer d’être dans l’équipe tout en assurant ma future saison. J’étais souvent en contact avec les deux clubs et c’était important pour moi de pouvoir partir avec l’Équipe de France plus sereine et éviter ce stress. Au final la décision a été difficile à prendre, j’ai beaucoup pleuré. Comment s’est passée la transition entre Tarente où vous avez passé trois ans et Schio ?

est première ex aequo, on est en bonne

Vous avez la réputation d’une joueuse de l’ombre, d’une guerrière, est-ce un rôle qui vous plaît ? Bien sûr, c’est mon type de jeu. Si je voulais marquer 20 points par match, je prendrais la balle et tirerais comme le font très bien certaine. Mon style de jeu me plait. Les gens disent souvent "Élodie Godin elle a des statistiques pas terribles" mais après, ceux qui connaissent le basket savent très bien que je fais mon boulot. C’est sur que je ne suis pas une scoreuse mais au-delà de ça je suis forte en défense et je prends des rebonds importants. C’est un rôle que j’ai endossé très jeune et qui me convient tout à fait.

Bellenger/IS/FFBB

n’étais pas bien et à la limite d’arrêter le basket. Mais grâce à cette aventure, j’ai trouvé Tarente et peut être que sans mon passage à Prague je ne me serais jamais retrouvée en Italie. Rien que pour cela je ne peux pas regretter parce que je me sens tellement bien en Italie que cette année de galère je la referais juste pour pouvoir vivre ce que je vis à l’heure actuelle.

Vous n’avez pas le même statut à Schio qu’en Équipe de France. Comment vous adaptez-vous ?

"J’espère un titre européen pour la France. Pour ma part, je n’y serai pas. J’ai parlé avec Pierre Vincent après les Jeux Olympiques et j’ai besoin de faire une pause parce que mentalement et physiquement je suis fatiguée."

position mais on sait très bien qu’en Euroligue ce n’est pas facile parce qu’il y a des gros clubs devant nous. Moi je ne l’ai jamais vécu, c’est quelque chose qui me manque dans mon palmarès donc c’est une motivation personnelle aussi. Votre coach vous a fait venir pour vos qualités défensives et votre sens du rebond. Êtes-vous cantonnée à ce rôle défensif ? Au cours des dernières années j’ai progressé sur mon tir à mi-distance, donc là il me demande de jouer un peu plus pour moi. Moi c’est vrai que je regarde avant tout la dernière passe plutôt que le tir mais il me force un peu plus à shooter, me pousse offensivement parce qu’il voit que j’en suis capable. Mais sincèrement ce n’est pas mon rôle. Je préfère faire une bonne passe décisive que marquer des points.

Ah non je n’ai pas du tout le même rôle (rires). Ici je joue entre 30 et 35 minutes par match, je me fais plaisir. Je sais que, contrairement à l’Équipe de France, si je fais une erreur je reste sur le terrain, ce qui est logique parce qu’en sélection il y a du monde derrière. Ici on est seulement trois intérieures. Je joue plus relâchée et je m’amuse vraiment. Quelle approche avez-vous du Championnat d’Europe 2013 pour lequel la France est donnée favorite ? J’espère un titre européen pour la France. Pour ma part, je n’y serai pas. J’ai parlé avec Pierre Vincent après les Jeux Olympiques et j’ai besoin de faire une pause parce que mentalement et physiquement je suis fatiguée. J’ai besoin de retrouver mes proches d’autant que le reste de

Jean-François Molliere

l’étranger. J’ai malheureusement vite compris que la situation de Prague n’était pas une situation pour moi. J’avais signé pour deux ans mais j’ai décidé de couper mon contrat en accord avec le club. Oui j’étais dans une situation financière très bonne mais cela ne me servait à rien d’avoir de l’argent et de ne pas jouer, ne pas évoluer ni faire évoluer mon basket.

l’année je suis à l’étranger et que je ne les vois pas souvent. J’ai besoin d’être près d’eux pour diverses raisons et j’ai donc décidé de faire un break. Je ne sais pas pour combien de temps. Et puis de toute façon, la liste est assez large en Équipe de France. J’ai parlé avec Marielle Amant parce qu’on était en balance sur la dernière compétition et je lui ai dis "écoute moi je fais des JO et après la place sera libre parce que j’ai besoin de souffler." Mais je serai derrière les Bleues. J’ai vraiment envie qu’elles fassent un bon résultat parce que c’est un bon groupe, elles ont fait rêver la France et elles le méritent.

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Est-ce que aujourd’hui vous regrettez votre choix ? Oui et non. Je regrette mon année à Prague parce que je l’ai vraiment mal vécue, je

Vous avez gagné de nombreux titres avec Tarente qui a relancé votre carrière internationale. Pour quelles raisons avez-vous dû quitter le club cet été ?

Cela n’a pas été trop difficile parce que Schio a aussi récupéré une joueuse qui jouait avec moi à Tarente, Giorgia Sottana. Il y a aussi Kathy Wambé qui faisait son retour en Italie. Du coup, quand tu arrives dans un club et que dans l’effectif il y a deux filles avec qui tu as déjà joué cela facilite les choses. Ils m’ont tout de suite intégré dans le groupe. Forcément au début, cela fait bizarre, parce qu’il y a toujours eu de la rivalité et de la concurrence entre Tarente et Schio. Mais finalement tout se passe bien. Quelles sont les ambitions du club en Euroligue ? Ils aimeraient bien refaire le Final Eight

"De mon côté, j’avais déjà dis non à pas mal d’offres pour rester à Tarente. J’étais complètement effondrée car je voulais vraiment rester là-bas. "

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Photos Bellenger / IS / FFBB

comme l’année dernière. Pour l’instant on Après trois saisons à Tarente, mon objectif était vraiment de poursuivre avec eux. Je m’y sentais super bien, j’avais la confiance du coach et pour moi c’était devenu ma deuxième famille. Cela a été mon coup de cœur au niveau du basket et l’endroit où je me suis sentie le mieux. En fin de saison, le club a eu de gros problèmes financiers. En Italie ce n’est pas comme en France où les clubs ont pleins de petits sponsors. Ici c’est le président qui apporte l’argent et le jour où il ne l’est plus, il n’y a plus de club. En fin de saison, il ne savait pas s’il allait repartir ou non. Moi de mon côté, j’avais déjà dis non à pas mal d’offres pour rester à Tarente. J’étais complètement effondrée car je voulais vraiment rester là-bas. J’étais même prête à faire un effort financier et baisser mon salaire. Le problème c’est qu’ils n’avaient rien à me proposer de concret, ni de contrat. J’ai beaucoup attendu et en fin de saison on sait que c’est une situation délicate pour une joueuse. J’ai repoussé l’échéance jusqu’au bout mais à un moment je n’avais plus le choix. Schio faisait le forcing depuis quelques années. Le président de Tarente m’a demandé d’attendre encore quelques mois mais je ne pouvais pas prendre le risque. Cela a été très difficile d’autant que j’étais en préparation et qu’il fallait gérer d’être dans l’équipe tout en assurant ma future saison. J’étais souvent en contact avec les deux clubs et c’était important pour moi de pouvoir partir avec l’Équipe de France plus sereine et éviter ce stress. Au final la décision a été difficile à prendre, j’ai beaucoup pleuré. Comment s’est passée la transition entre Tarente où vous avez passé trois ans et Schio ?

est première ex aequo, on est en bonne

Vous avez la réputation d’une joueuse de l’ombre, d’une guerrière, est-ce un rôle qui vous plaît ? Bien sûr, c’est mon type de jeu. Si je voulais marquer 20 points par match, je prendrais la balle et tirerais comme le font très bien certaine. Mon style de jeu me plait. Les gens disent souvent "Élodie Godin elle a des statistiques pas terribles" mais après, ceux qui connaissent le basket savent très bien que je fais mon boulot. C’est sur que je ne suis pas une scoreuse mais au-delà de ça je suis forte en défense et je prends des rebonds importants. C’est un rôle que j’ai endossé très jeune et qui me convient tout à fait.

Bellenger/IS/FFBB

n’étais pas bien et à la limite d’arrêter le basket. Mais grâce à cette aventure, j’ai trouvé Tarente et peut être que sans mon passage à Prague je ne me serais jamais retrouvée en Italie. Rien que pour cela je ne peux pas regretter parce que je me sens tellement bien en Italie que cette année de galère je la referais juste pour pouvoir vivre ce que je vis à l’heure actuelle.

Vous n’avez pas le même statut à Schio qu’en Équipe de France. Comment vous adaptez-vous ?

"J’espère un titre européen pour la France. Pour ma part, je n’y serai pas. J’ai parlé avec Pierre Vincent après les Jeux Olympiques et j’ai besoin de faire une pause parce que mentalement et physiquement je suis fatiguée."

position mais on sait très bien qu’en Euroligue ce n’est pas facile parce qu’il y a des gros clubs devant nous. Moi je ne l’ai jamais vécu, c’est quelque chose qui me manque dans mon palmarès donc c’est une motivation personnelle aussi. Votre coach vous a fait venir pour vos qualités défensives et votre sens du rebond. Êtes-vous cantonnée à ce rôle défensif ? Au cours des dernières années j’ai progressé sur mon tir à mi-distance, donc là il me demande de jouer un peu plus pour moi. Moi c’est vrai que je regarde avant tout la dernière passe plutôt que le tir mais il me force un peu plus à shooter, me pousse offensivement parce qu’il voit que j’en suis capable. Mais sincèrement ce n’est pas mon rôle. Je préfère faire une bonne passe décisive que marquer des points.

Ah non je n’ai pas du tout le même rôle (rires). Ici je joue entre 30 et 35 minutes par match, je me fais plaisir. Je sais que, contrairement à l’Équipe de France, si je fais une erreur je reste sur le terrain, ce qui est logique parce qu’en sélection il y a du monde derrière. Ici on est seulement trois intérieures. Je joue plus relâchée et je m’amuse vraiment. Quelle approche avez-vous du Championnat d’Europe 2013 pour lequel la France est donnée favorite ? J’espère un titre européen pour la France. Pour ma part, je n’y serai pas. J’ai parlé avec Pierre Vincent après les Jeux Olympiques et j’ai besoin de faire une pause parce que mentalement et physiquement je suis fatiguée. J’ai besoin de retrouver mes proches d’autant que le reste de

Jean-François Molliere

l’étranger. J’ai malheureusement vite compris que la situation de Prague n’était pas une situation pour moi. J’avais signé pour deux ans mais j’ai décidé de couper mon contrat en accord avec le club. Oui j’étais dans une situation financière très bonne mais cela ne me servait à rien d’avoir de l’argent et de ne pas jouer, ne pas évoluer ni faire évoluer mon basket.

l’année je suis à l’étranger et que je ne les vois pas souvent. J’ai besoin d’être près d’eux pour diverses raisons et j’ai donc décidé de faire un break. Je ne sais pas pour combien de temps. Et puis de toute façon, la liste est assez large en Équipe de France. J’ai parlé avec Marielle Amant parce qu’on était en balance sur la dernière compétition et je lui ai dis "écoute moi je fais des JO et après la place sera libre parce que j’ai besoin de souffler." Mais je serai derrière les Bleues. J’ai vraiment envie qu’elles fassent un bon résultat parce que c’est un bon groupe, elles ont fait rêver la France et elles le méritent.

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Dieu existe, je l’ai arbitré Propos recueillis par Julien Guérineau

Ancien arbitre international, Philippe Manassero (57 ans) a eu l’immense honneur de siffler la Dream Team lors de son passage à Monaco en 1992. Aujourd’hui le lieutenant Manassero est Président de l’AS Sapeurs Pompiers de Nice, une équipe qui dispute la Coupe de France Basket Entreprise dont les prochains plateaux auront lieu au Havre et à Lyon les 9 et 10 mars prochains.

le 21 juillet 1992

"L’AS Pompiers de Nice existe depuis très longtemps. J’y ai pris ma première licence il y a 50 ans. La culture basket est donc très forte chez les pompiers. Nous avons relancé la section en 1992 alors que l’activité avait un peu périclité. Depuis nous sommes toujours là, en fonction des générations qui arrivent et qui partent à la retraite. Dernièrement nous avons commencé à renouveler l’équipe. Le rajeunissement se poursuit aujourd’hui tout en gardant l’esprit des pompiers : se faire plaisir, le travail d’équipe, la cohésion. Même sorti du cadre professionnel, lorsqu’on porte un maillot des pompiers, nous avons des obligations. Dans le département des Alpes-Maritimes il y a de plus en plus de pompiers professionnels ou de pompiers volontaires qui aiment le basket. On vient par exemple de me parler d’un pompier de Biot qui a un niveau Nationale 3. Ça m’intéresse et je vais aller voir. Ensuite nous avons accueilli deux renforts extérieurs qui jouent en N2 et N3 et qui ont 20 ans… L’équipe joue deux compétitions : la Coupe de France Basket Entreprise et le championnat de France des sapeurs pompiers que j’ai créée en 1996. Il aura lieu

à Cherbourg cette année. La difficulté pour nous vient des contraintes professionnelles des pompiers. Avant de nous rendre à Chalon pour le premier plateau basket entreprise l’équipe ne s’était jamais entraînée ensemble. Sur place nous étions six joueurs, un coach et le vieux monsieur que je suis qui rentre si un mec se pète. Si nos deux meneurs, qui étaient absents, nous rejoignent avec ce grand de Biot, je me dis pourquoi pas faire un résultat, sachant que nous avons bien résisté contre la CUS Strasbourg qui a eu une réussite exceptionnelle (101-117). Cette photo avec Michael Jordan est dans mon bureau à la caserne. J’en ai une autre en compagnie de Tony Parker et une dernière dédicacée avec Jordan, Magic Johnson, David Robinson, mon épouse et moi. Quand les gars rentrent, ceux qui ne connaissent pas l’histoire, je vois leurs yeux aller de la photo à moi, de moi à la photo. Et là, respect. Le contact est tout de suite différent, surtout quand ils viennent se faire tirer les oreilles. Jordan je l’avais déjà sifflé en 1990 lorsqu’il était venu en tournée à Paris, au stade Géo André. On avait frôlé l’émeute et avant d’arbitrer, j’ai fait le pompier. Un mini plan rouge pour évacuer des

personnes évanouies. Cette anecdote sur la Dream Team, je ne sais plus combien de fois je l’ai racontée. 20 ans que je raconte la même histoire : Dieu existe, je l’ai arbitré. Quand Magic Johnson, sur un parking d’Antibes deux ans après la Dream Team, me reconnaît et vient me faire la bise, il n’y a que le sport pour apporter ce type d’émotions. Je ne me lasserai jamais de raconter cette histoire même si intérieurement je me dis que j’ai fait d’autres choses dans ma vie. Mais quand je fais des colloques sur l’arbitrage pour intéresser les jeunes à la pratique, je leur demande qui est le meilleur joueur de tous les temps et qui est leur joueur français préféré. En général Jordan et Parker sont les deux réponses. Et là je leur montre mes photos avec eux. Soit on devient une star, soit on peut aborder une star. Joueur je n’aurais jamais pu les côtoyer mais l’arbitrage m’a permis de le faire. Alors, à force de travail, pourquoi pas eux ?"

"Joueur je n’aurais jamais pu les côtoyer mais l’arbitrage m’a permis de le faire. Alors, à force de travail, pourquoi pas eux ?"

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Dieu existe, je l’ai arbitré Propos recueillis par Julien Guérineau

Ancien arbitre international, Philippe Manassero (57 ans) a eu l’immense honneur de siffler la Dream Team lors de son passage à Monaco en 1992. Aujourd’hui le lieutenant Manassero est Président de l’AS Sapeurs Pompiers de Nice, une équipe qui dispute la Coupe de France Basket Entreprise dont les prochains plateaux auront lieu au Havre et à Lyon les 9 et 10 mars prochains.

le 21 juillet 1992

"L’AS Pompiers de Nice existe depuis très longtemps. J’y ai pris ma première licence il y a 50 ans. La culture basket est donc très forte chez les pompiers. Nous avons relancé la section en 1992 alors que l’activité avait un peu périclité. Depuis nous sommes toujours là, en fonction des générations qui arrivent et qui partent à la retraite. Dernièrement nous avons commencé à renouveler l’équipe. Le rajeunissement se poursuit aujourd’hui tout en gardant l’esprit des pompiers : se faire plaisir, le travail d’équipe, la cohésion. Même sorti du cadre professionnel, lorsqu’on porte un maillot des pompiers, nous avons des obligations. Dans le département des Alpes-Maritimes il y a de plus en plus de pompiers professionnels ou de pompiers volontaires qui aiment le basket. On vient par exemple de me parler d’un pompier de Biot qui a un niveau Nationale 3. Ça m’intéresse et je vais aller voir. Ensuite nous avons accueilli deux renforts extérieurs qui jouent en N2 et N3 et qui ont 20 ans… L’équipe joue deux compétitions : la Coupe de France Basket Entreprise et le championnat de France des sapeurs pompiers que j’ai créée en 1996. Il aura lieu

à Cherbourg cette année. La difficulté pour nous vient des contraintes professionnelles des pompiers. Avant de nous rendre à Chalon pour le premier plateau basket entreprise l’équipe ne s’était jamais entraînée ensemble. Sur place nous étions six joueurs, un coach et le vieux monsieur que je suis qui rentre si un mec se pète. Si nos deux meneurs, qui étaient absents, nous rejoignent avec ce grand de Biot, je me dis pourquoi pas faire un résultat, sachant que nous avons bien résisté contre la CUS Strasbourg qui a eu une réussite exceptionnelle (101-117). Cette photo avec Michael Jordan est dans mon bureau à la caserne. J’en ai une autre en compagnie de Tony Parker et une dernière dédicacée avec Jordan, Magic Johnson, David Robinson, mon épouse et moi. Quand les gars rentrent, ceux qui ne connaissent pas l’histoire, je vois leurs yeux aller de la photo à moi, de moi à la photo. Et là, respect. Le contact est tout de suite différent, surtout quand ils viennent se faire tirer les oreilles. Jordan je l’avais déjà sifflé en 1990 lorsqu’il était venu en tournée à Paris, au stade Géo André. On avait frôlé l’émeute et avant d’arbitrer, j’ai fait le pompier. Un mini plan rouge pour évacuer des

personnes évanouies. Cette anecdote sur la Dream Team, je ne sais plus combien de fois je l’ai racontée. 20 ans que je raconte la même histoire : Dieu existe, je l’ai arbitré. Quand Magic Johnson, sur un parking d’Antibes deux ans après la Dream Team, me reconnaît et vient me faire la bise, il n’y a que le sport pour apporter ce type d’émotions. Je ne me lasserai jamais de raconter cette histoire même si intérieurement je me dis que j’ai fait d’autres choses dans ma vie. Mais quand je fais des colloques sur l’arbitrage pour intéresser les jeunes à la pratique, je leur demande qui est le meilleur joueur de tous les temps et qui est leur joueur français préféré. En général Jordan et Parker sont les deux réponses. Et là je leur montre mes photos avec eux. Soit on devient une star, soit on peut aborder une star. Joueur je n’aurais jamais pu les côtoyer mais l’arbitrage m’a permis de le faire. Alors, à force de travail, pourquoi pas eux ?"

"Joueur je n’aurais jamais pu les côtoyer mais l’arbitrage m’a permis de le faire. Alors, à force de travail, pourquoi pas eux ?"

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CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR La défense - 1ère partie

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

Approche défensive de l’Équipe de France Féminine

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Photos Jean-Paul Thomas / FFBB

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Fig. 5

➔ 2. Pression sur porteur de balle

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l Rôle des bras, feinter avec les mains (conserver le porteur sous pression),

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l Prise de volume avec les bras, l Chercher à surprendre, faire "douter" l’adversaire. ➔3 . Rechercher les "lignes de passes"… tout en étant capable d’aider :

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Fig. 6

l Être sur les lignes de passe, l Voir le ballon quelque soit la position, l Adapter son aide selon le besoin : si le porteur de balle n’est pas agressif : prendre la ligne de passe sans venir aider ou en faisant un "aider – reprendre" (feinter d’aider sur le PB puis reprendre la ligne de passe à l’aide de sa position et de ses bras), l Avoir une aide "active" :

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La position de D4 est à chaque fois en aide "positionnelle" sur la possible attaque en dribble de 5 mais il y a des différences importantes dans le confort de réception que 4 peut avoir ou non : sur la première situation 4 peut recevoir la balle facilement (et 5 peut faire une passe facile) et anticiper son action future (tir très certainement ou feinte de tir et départ à l’opposé), sur le second schéma on observe que la position de D4 oblige 4 à se déplacer pour recevoir la balle vers sa gauche ou vers le panier. Sur le dernier schéma on voit une position ouverte du défenseur D4 qui oppresse encore plus l’attaquant 5 tout en étant très présent sur la ligne de passe avec le bras gauche, la réponse de 4 est très souvent de couper dans le dos de son défenseur. ➔ 4. Construire les relations entre joueurs : les collaborations

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Fig. 4

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fin de matérialiser ce thème nous en ferons un chapitre entier A en prenant un exemple de forme de jeu que nous utilisons. Nous montrerons les exigences que nous avons vis-à-vis des joueuses sur le plan défensif.

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