Mag 790

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Edwige LawsonWade Partir sur un titre Les paris sportifs La FFBB à l'hôpital

N°790 - AVRIL2013 - WWW.FFBB.COM


interview Edwige Lawson-wade >

"Je n’ai pas peur d’assumer ce statut de favori" Propos recueillis par Audrey Canlet, à Montpellier

La meneuse des Bleues et de Lattes Montpellier a levé le voile sur son avenir. A bientôt 34 ans, Edwige Lawson raccrochera ses baskets à la fin de la saison. Celle qui est passée par les plus grands clubs européens et a participé au championnat WNBA pendant 5 ans souhaite désormais fonder une famille. Quant à sa reconversion, elle ne l’imagine pas loin des terrains. Pour l’heure, la vice-championne olympique vise le titre européen en juin prochain. Une belle manière de tirer sa révérence chez les Bleues et de conclure une carrière au sommet.

Et puis cette compétition n’a pas été un long fleuve tranquille … Non, ce fut un long chemin qui a commencé très tôt, au Tournoi de Qualification. La médaille n’était pas forcément un objectif. On se disait on verra qui on rencontrera, il faudra essayer de passer… On ne s’est pas mis de grosse pression et c’est vrai

12 BASKETBALLMAGAZINE

"Quand on arrête c’est un sentiment que l’on a. Moi par exemple j’ai vraiment le sentiment que c’est maintenant." que cette médaille s’est révélée être une surprise. Une très belle surprise. Pierre Vincent s’est beaucoup rapproché de vous pour préparer cette compétition car vous étiez la seule à l’avoir déjà vécue. Vous disiez notamment ne pas avoir assez profité des Jeux en 2000. Comment avez-vous vécu ceux de Londres ?

J’en ai beaucoup plus profité. J’ai été voir d’autres sports, de l’athlétisme, de la natation, du hand et beaucoup de basket. Pierre nous a accordé énormément de liberté. A chaque jour de repos j’allais voir mon frère et ma sœur. Alors bien sûr il fallait aussi se reposer mais rien que de sortir un peu du rythme basket cela nous a fait beaucoup de bien. Là-dessus Pierre a été super car il a parfaitement compris qu’une sportive,

Steenkeste / FFBB

Près de six mois après votre médaille d’argent, que reste-t-il de cette deuxième aventure olympique ? Ce n’est pas complètement terminé parce que l’on surfe encore un peu sur la vague des Jeux. On est encore sollicitées, on parle encore souvent de nous dans les médias, surtout avec le Championnat d’Europe qui arrive à grands pas. Et puis il y a les associations qui se rapprochent de nous pour que l’on marraine des tournois. C’est ça l’effet olympique. De notre côté, on en garde des souvenirs magiques : tous les moments que l’on a vécus pendant 15 jours jusqu’à la remise de médaille sur le podium et l’arrivée sur les Champs Elysées... C’était vraiment beaucoup d’émotion.

avRil2013 13


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"Je n’ai pas peur d’assumer ce statut de favori" Propos recueillis par Audrey Canlet, à Montpellier

La meneuse des Bleues et de Lattes Montpellier a levé le voile sur son avenir. A bientôt 34 ans, Edwige Lawson raccrochera ses baskets à la fin de la saison. Celle qui est passée par les plus grands clubs européens et a participé au championnat WNBA pendant 5 ans souhaite désormais fonder une famille. Quant à sa reconversion, elle ne l’imagine pas loin des terrains. Pour l’heure, la vice-championne olympique vise le titre européen en juin prochain. Une belle manière de tirer sa révérence chez les Bleues et de conclure une carrière au sommet.

Et puis cette compétition n’a pas été un long fleuve tranquille … Non, ce fut un long chemin qui a commencé très tôt, au Tournoi de Qualification. La médaille n’était pas forcément un objectif. On se disait on verra qui on rencontrera, il faudra essayer de passer… On ne s’est pas mis de grosse pression et c’est vrai

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"Quand on arrête c’est un sentiment que l’on a. Moi par exemple j’ai vraiment le sentiment que c’est maintenant." que cette médaille s’est révélée être une surprise. Une très belle surprise. Pierre Vincent s’est beaucoup rapproché de vous pour préparer cette compétition car vous étiez la seule à l’avoir déjà vécue. Vous disiez notamment ne pas avoir assez profité des Jeux en 2000. Comment avez-vous vécu ceux de Londres ?

J’en ai beaucoup plus profité. J’ai été voir d’autres sports, de l’athlétisme, de la natation, du hand et beaucoup de basket. Pierre nous a accordé énormément de liberté. A chaque jour de repos j’allais voir mon frère et ma sœur. Alors bien sûr il fallait aussi se reposer mais rien que de sortir un peu du rythme basket cela nous a fait beaucoup de bien. Là-dessus Pierre a été super car il a parfaitement compris qu’une sportive,

Steenkeste / FFBB

Près de six mois après votre médaille d’argent, que reste-t-il de cette deuxième aventure olympique ? Ce n’est pas complètement terminé parce que l’on surfe encore un peu sur la vague des Jeux. On est encore sollicitées, on parle encore souvent de nous dans les médias, surtout avec le Championnat d’Europe qui arrive à grands pas. Et puis il y a les associations qui se rapprochent de nous pour que l’on marraine des tournois. C’est ça l’effet olympique. De notre côté, on en garde des souvenirs magiques : tous les moments que l’on a vécus pendant 15 jours jusqu’à la remise de médaille sur le podium et l’arrivée sur les Champs Elysées... C’était vraiment beaucoup d’émotion.

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Bellenger / IS / FFBB

Je pense que Céline est à part, on n’a pas toutes le même engouement ni la même notoriété. Par contre il existe une notoriété qui est bien plus importante depuis cet été. On est beaucoup sollicitées, invitées sur des plateaux télé ou radio. On parle beaucoup plus de nous dans les médias qu’avant. Il y a vraiment eu un effet JO et ça se ressent dans les salles. Il y a toujours des photos, des posters des JO ou le livre des Braqueuses à signer, les écoles ou les clubs de basket qui viennent nous voir jouer. Et je vois bien qu’il y a un peu plus d’attention envers Emilie Gomis et moi parce qu’on fait partie du groupe des Braqueuses.

pour qu’elle soit bien dans ses baskets, il faut qu’elle soit bien dans sa tête aussi. En 2000 on s’était mis la pression toutes seules. On avait fait une très bonne préparation contre de grosses équipes donc on voulait jouer une médaille. Nous avions vécu cette compétition comme n’importe qu’elle autre alors que je pense que la magie des JO peut vraiment pousser un athlète à dépasser ses limites. Est-ce que l’engouement médiatique qu’a connu notamment Céline Dumerc à votre retour des Jeux s’est étendu au reste de l’équipe ?

"Je suis très optimiste pour l’Équipe de France. quand je vois les jeunes qui arrivent." 14 BASKETBALLMAGAZINE

A ce propos, vous avez eu deux carrières en Équipe de France. Comment s’est passé votre come-back chez les Bleues en 2011? Très bien. C’est vrai que j’étais, à l’époque, restée en contact régulièrement avec Pierre Vincent. Quand j’ai re-signé en France et que je savais que je ne retournerai pas en WNBA l’été je l’ai contacté. Tout de suite il m’a convoqué. C’était un comeback plutôt facile parce que les filles sont sympas, elles m’ont bien accueillie. Et puis Pierre est un coach qui sait exactement ce qu’il veut donc je n’ai pas eu à me poser de question concernant mon rôle. Pourtant, à votre retour vous arriviez sur la pointe des pieds… C’était un groupe qui avait très bien marché, qui avait fait de très bons résultats. J’ai essayé de venir avec beaucoup d’humilité et non en disant attention c’est moi Edwige Lawson voilà ce que je vais faire. J’ai voulu faire mon retour de manière très discrète et laisser les joueuses me connaître. Très vite une relation de confiance s’est instaurée et c’est à ce moment que j’ai pu me permettre de parler un peu plus. A 30 ans vous avez choisi de revenir en Équipe de France. Comment réagissezvous à propos des arrêts de certaines de vos coéquipières, notamment Florence Lepron, qui à 28 ans a fait le choix de mettre un terme à sa carrière de basketteuse ? Chaque personne est différente. Moi le basket, je suis vraiment à fond dedans, c’est ma passion et à 28 ans je n’aurais pas pu arrêter. De son côté, Florence a vécu ses expériences et a envie de vivre autre chose. Quand elle me l’a dit je ne la croyais pas. L’été dernier, quand on finissait l’entraînement elle prenait toujours un ballon

MATCHES DE PRÉPARATION À L’EUROBASKET WOMEN 2013

pour faire quelques shoots en plus donc je ne voyais pas pourquoi elle arrêterait. Et finalement quand je ne l’ai pas vu revenir dans en club, je me suis dis qu’elle allait vraiment tourner la page. Mais ça il n'y a qu’une personne qui peut le faire c’est la joueuses concernée. Quand on arrête c’est un sentiment que l’on a. Moi par exemple j’ai vraiment le sentiment que c’est maintenant, que je suis prête à arrêter et je pense que pour Flo c’est la même chose. Ce sont des décisions qui n’ont rien à voir avec l’âge. Vous auriez pu, vous aussi et comme de nombreux sportifs, décider de prendre votre retraite après les Jeux. Était-ce pour vous un souhait de finir en France, à l’Euro ? Je ne me suis jamais demandé si j’allais vraiment mettre un terme à ma carrière après l’Euro ou non. Par rapport à l’Équipe de France, le championnat se joue chez nous, on veut vraiment avoir un résultat. Terminer là dessus serait une bonne chose. Mais plus globalement, je ne me suis jamais fixée de date quant à l’arrêt du basket. Je me suis toujours dis que j’arrêterai quand je sentirai que c’est le bon moment. Et là, c’est le cas. Et il y a surtout une raison extra-basket qui m’a poussé à cette décision : le désir de maternité. Mon mari et moi avons vraiment envie d’avoir des enfants et c’est ce qui a pesé dans la balance. Vous avez déjà eu la chance de disputer un championnat d’Europe en France. Comment l’avez-vous vécu ? C’était une de nos meilleures compétitions avec la génération précédente. On s’était éclaté et le fait que ce championnat se joue en France nous avait permis d’avoir un public dans toutes les salles. On voulait vraiment le titre, on avait gagné tous nos matches et avions développé un beau basket durant toute la compétition. Ce qui est génial c’est que, quand cela se joue en France, on peut le partager et le fêter avec tout le monde : notre famille, nos amis et le public français qui est présent toute la saison. Cela fait une grosse différence et en plus quand on gagne c’est vraiment multiplié par quinze. Comment percevez-vous celui à venir et le fait que l’Équipe de France y soit donnée favorite ? Il va falloir maintenant apprendre à jouer avec la pression. Ce titre de favoris il va falloir l’assumer d’autant qu’il y a des désistements, que l’équipe va un peu

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Je pense que Céline est à part, on n’a pas toutes le même engouement ni la même notoriété. Par contre il existe une notoriété qui est bien plus importante depuis cet été. On est beaucoup sollicitées, invitées sur des plateaux télé ou radio. On parle beaucoup plus de nous dans les médias qu’avant. Il y a vraiment eu un effet JO et ça se ressent dans les salles. Il y a toujours des photos, des posters des JO ou le livre des Braqueuses à signer, les écoles ou les clubs de basket qui viennent nous voir jouer. Et je vois bien qu’il y a un peu plus d’attention envers Emilie Gomis et moi parce qu’on fait partie du groupe des Braqueuses.

pour qu’elle soit bien dans ses baskets, il faut qu’elle soit bien dans sa tête aussi. En 2000 on s’était mis la pression toutes seules. On avait fait une très bonne préparation contre de grosses équipes donc on voulait jouer une médaille. Nous avions vécu cette compétition comme n’importe qu’elle autre alors que je pense que la magie des JO peut vraiment pousser un athlète à dépasser ses limites. Est-ce que l’engouement médiatique qu’a connu notamment Céline Dumerc à votre retour des Jeux s’est étendu au reste de l’équipe ?

"Je suis très optimiste pour l’Équipe de France. quand je vois les jeunes qui arrivent." 14 BASKETBALLMAGAZINE

A ce propos, vous avez eu deux carrières en Équipe de France. Comment s’est passé votre come-back chez les Bleues en 2011? Très bien. C’est vrai que j’étais, à l’époque, restée en contact régulièrement avec Pierre Vincent. Quand j’ai re-signé en France et que je savais que je ne retournerai pas en WNBA l’été je l’ai contacté. Tout de suite il m’a convoqué. C’était un comeback plutôt facile parce que les filles sont sympas, elles m’ont bien accueillie. Et puis Pierre est un coach qui sait exactement ce qu’il veut donc je n’ai pas eu à me poser de question concernant mon rôle. Pourtant, à votre retour vous arriviez sur la pointe des pieds… C’était un groupe qui avait très bien marché, qui avait fait de très bons résultats. J’ai essayé de venir avec beaucoup d’humilité et non en disant attention c’est moi Edwige Lawson voilà ce que je vais faire. J’ai voulu faire mon retour de manière très discrète et laisser les joueuses me connaître. Très vite une relation de confiance s’est instaurée et c’est à ce moment que j’ai pu me permettre de parler un peu plus. A 30 ans vous avez choisi de revenir en Équipe de France. Comment réagissezvous à propos des arrêts de certaines de vos coéquipières, notamment Florence Lepron, qui à 28 ans a fait le choix de mettre un terme à sa carrière de basketteuse ? Chaque personne est différente. Moi le basket, je suis vraiment à fond dedans, c’est ma passion et à 28 ans je n’aurais pas pu arrêter. De son côté, Florence a vécu ses expériences et a envie de vivre autre chose. Quand elle me l’a dit je ne la croyais pas. L’été dernier, quand on finissait l’entraînement elle prenait toujours un ballon

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pour faire quelques shoots en plus donc je ne voyais pas pourquoi elle arrêterait. Et finalement quand je ne l’ai pas vu revenir dans en club, je me suis dis qu’elle allait vraiment tourner la page. Mais ça il n'y a qu’une personne qui peut le faire c’est la joueuses concernée. Quand on arrête c’est un sentiment que l’on a. Moi par exemple j’ai vraiment le sentiment que c’est maintenant, que je suis prête à arrêter et je pense que pour Flo c’est la même chose. Ce sont des décisions qui n’ont rien à voir avec l’âge. Vous auriez pu, vous aussi et comme de nombreux sportifs, décider de prendre votre retraite après les Jeux. Était-ce pour vous un souhait de finir en France, à l’Euro ? Je ne me suis jamais demandé si j’allais vraiment mettre un terme à ma carrière après l’Euro ou non. Par rapport à l’Équipe de France, le championnat se joue chez nous, on veut vraiment avoir un résultat. Terminer là dessus serait une bonne chose. Mais plus globalement, je ne me suis jamais fixée de date quant à l’arrêt du basket. Je me suis toujours dis que j’arrêterai quand je sentirai que c’est le bon moment. Et là, c’est le cas. Et il y a surtout une raison extra-basket qui m’a poussé à cette décision : le désir de maternité. Mon mari et moi avons vraiment envie d’avoir des enfants et c’est ce qui a pesé dans la balance. Vous avez déjà eu la chance de disputer un championnat d’Europe en France. Comment l’avez-vous vécu ? C’était une de nos meilleures compétitions avec la génération précédente. On s’était éclaté et le fait que ce championnat se joue en France nous avait permis d’avoir un public dans toutes les salles. On voulait vraiment le titre, on avait gagné tous nos matches et avions développé un beau basket durant toute la compétition. Ce qui est génial c’est que, quand cela se joue en France, on peut le partager et le fêter avec tout le monde : notre famille, nos amis et le public français qui est présent toute la saison. Cela fait une grosse différence et en plus quand on gagne c’est vraiment multiplié par quinze. Comment percevez-vous celui à venir et le fait que l’Équipe de France y soit donnée favorite ? Il va falloir maintenant apprendre à jouer avec la pression. Ce titre de favoris il va falloir l’assumer d’autant qu’il y a des désistements, que l’équipe va un peu

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“LES BRAQUEUSES” 96 PAGES POUR REVIVRE LES JO 2012 : LES PORTRAITS DES MÉDAILLÉES D’ARGENT ET DES GROS PLANS SUR QUELQUES-UNS DES MOMENTS LES PLUS INOUBLIABLES DE LEUR ÉPOPÉE.

Bellenger / IS / FFBB

changer et que pour certaines joueuses ce sera peut être leur première compétition. Il faudra se méfier et la prendre très sérieusement. Personnellement je veux jouer une finale et puis j’aimerais bien le gagner ce championnat d’Europe, c’est normal. Maintenant il faut voir quelle équipe on va construire. On est chez nous, on fait partie des meilleures équipes européennes donc je n’ai pas peur d’assumer ce statut de favori. Justement on parle des désistements, il va y avoir un gros processus de renouvellement des cadres à prendre en compte. êtes-vous plutôt optimiste ? Je suis très optimiste quand je vois les jeunes qui arrivent. Par exemple, à Basket Landes la petite meneuse Olivia Epoupa joue déjà très très bien en Ligue. Après, à l’intérieure on a beaucoup de joueuses qui attendent à la porte de l’équipe comme Ana-Maria Cata-Chitiga, Marielle Amand, Héléna Ciak, Christelle Diallo à Bourges… En France on a la chance d’avoir

16 BASKETBALLMAGAZINE

véritablement un grand vivier de joueuses. A l’aile aussi, avec Diandra Tchatchouang qui va arriver. Dans mon équipe il y a Lidija Turcinovic, Valeriane Ayayi à Basket Landes… Je pense qu’il y a vraiment beaucoup de très bonnes joueuses et que l’Équipe de France a de très belles années devant elle. Côté club, vous avez connu la montée en puissance de l’USVO dans les années 2000. Est-ce comparable avec ce que vous vivez à Montpellier ? Non parce que quand je suis arrivée à Valenciennes c’était déjà un grand club. Il y avait une salle qui était pleine à chaque match, elles avaient déjà gagné des titres auparavant et voulaient marquer de leur empreinte l’Euroligue. Il y a eu, à cette époque, une passation de pouvoir entre Bourges et Valenciennes. Montpellier c’est quand même beaucoup plus discret. Ils ont encore un cap à passer pour arriver au statut d’un club comme Valenciennes ou Bourges. Mais pour le moment cela

se passe très bien, on est premières du championnat. C’est une belle montée en puissance. Vous avez longtemps évolué en Russie, qui domine le basket des clubs. Les conditions de vie des basketteuses y sont en décalage total avec celles que l’on trouve en France. Cela a-t-il rendu difficile votre retour en France il y a deux ans ? La Russie c’est un autre monde donc il ne faut comparer avec aucun autre club ou pays. On a des chauffeurs particuliers, Ekaterinbourg a son propre jet privé, on est dans les beaux hôtels… Quand on se déplaçait en Coupe d’Europe, le staff demandait toujours quel était le meilleur restaurant de la ville et on déjeunait dans des restaurants gastronomiques. Tout était payé cash. Les budgets sont illimités. C’est une superbe expérience quand on est jeune, même si je pense que lorsque l’on est trop jeune, il faut faire attention parce que l’argent peut vite monter à la tête. Il

UN OUVRAGE EXCEPTIONNEL, RICHE EN PHOTOS ET COMMENTÉ PAR PIERRE VINCENT, L’ENTRAÎNEUR DES BLEUES DEPUIS 2008.

www.ffbbstore.com

À COMMANDER EN EXCLUSIVITÉ AU


“LES BRAQUEUSES” 96 PAGES POUR REVIVRE LES JO 2012 : LES PORTRAITS DES MÉDAILLÉES D’ARGENT ET DES GROS PLANS SUR QUELQUES-UNS DES MOMENTS LES PLUS INOUBLIABLES DE LEUR ÉPOPÉE.

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changer et que pour certaines joueuses ce sera peut être leur première compétition. Il faudra se méfier et la prendre très sérieusement. Personnellement je veux jouer une finale et puis j’aimerais bien le gagner ce championnat d’Europe, c’est normal. Maintenant il faut voir quelle équipe on va construire. On est chez nous, on fait partie des meilleures équipes européennes donc je n’ai pas peur d’assumer ce statut de favori. Justement on parle des désistements, il va y avoir un gros processus de renouvellement des cadres à prendre en compte. êtes-vous plutôt optimiste ? Je suis très optimiste quand je vois les jeunes qui arrivent. Par exemple, à Basket Landes la petite meneuse Olivia Epoupa joue déjà très très bien en Ligue. Après, à l’intérieure on a beaucoup de joueuses qui attendent à la porte de l’équipe comme Ana-Maria Cata-Chitiga, Marielle Amand, Héléna Ciak, Christelle Diallo à Bourges… En France on a la chance d’avoir

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véritablement un grand vivier de joueuses. A l’aile aussi, avec Diandra Tchatchouang qui va arriver. Dans mon équipe il y a Lidija Turcinovic, Valeriane Ayayi à Basket Landes… Je pense qu’il y a vraiment beaucoup de très bonnes joueuses et que l’Équipe de France a de très belles années devant elle. Côté club, vous avez connu la montée en puissance de l’USVO dans les années 2000. Est-ce comparable avec ce que vous vivez à Montpellier ? Non parce que quand je suis arrivée à Valenciennes c’était déjà un grand club. Il y avait une salle qui était pleine à chaque match, elles avaient déjà gagné des titres auparavant et voulaient marquer de leur empreinte l’Euroligue. Il y a eu, à cette époque, une passation de pouvoir entre Bourges et Valenciennes. Montpellier c’est quand même beaucoup plus discret. Ils ont encore un cap à passer pour arriver au statut d’un club comme Valenciennes ou Bourges. Mais pour le moment cela

se passe très bien, on est premières du championnat. C’est une belle montée en puissance. Vous avez longtemps évolué en Russie, qui domine le basket des clubs. Les conditions de vie des basketteuses y sont en décalage total avec celles que l’on trouve en France. Cela a-t-il rendu difficile votre retour en France il y a deux ans ? La Russie c’est un autre monde donc il ne faut comparer avec aucun autre club ou pays. On a des chauffeurs particuliers, Ekaterinbourg a son propre jet privé, on est dans les beaux hôtels… Quand on se déplaçait en Coupe d’Europe, le staff demandait toujours quel était le meilleur restaurant de la ville et on déjeunait dans des restaurants gastronomiques. Tout était payé cash. Les budgets sont illimités. C’est une superbe expérience quand on est jeune, même si je pense que lorsque l’on est trop jeune, il faut faire attention parce que l’argent peut vite monter à la tête. Il

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Photos Bellenger / IS / FFBB

18 BASKETBALLMAGAZINE

Contrairement aux garçons qui en font leur objectif ultime, la WNBA ne constitue pas forcément un nirvana pour les joueuses françaises. Pourquoi à votre avis ? Tout le monde n’a pas l’opportunité d’y aller parce que les Américains ne se déplacent pas forcément donc ils ne connaissent que les joueuses européennes très connues. Moi ça s’est surtout fait quand je suis partie en Russie parce que je jouais avec des stars qui ont parlé de moi. Les joueuses repèrent pour leur propre équipe en fait. La coach de New York s’est déplacée et m’a vue, des joueuses contre qui je jouais en ont parlé à leur coach… Ça se fait souvent comme ça. Et c’est vrai

vice-présidente de la LFB. Préparezvous déjà votre reconversion ? Cela rentre vraiment dans un schéma de reconversion. C’est vrai que j’ai envie de rester dans le basket parce que c’est ce que j’aime et quand Jean-Pierre Siutat m’en a parlé cela m’a tout de suite intéressé. Je voudrais aussi passer mon diplôme de Général Manager à Limoges et travailler avec le club de Lattes. Du côté de la Fédération cela m’intéresse de pouvoir partager mon expérience en tant que joueuse, ce que j’ai vécu dans les pays différents et continuer à faire évoluer le

FFBB

Et que retenez-vous de votre expérience en WNBA ? La WNBA c’est difficile pour une européenne parce qu’on ne nous connaît pas, il faut gagner sa place et on ne joue pas. Il y a très peu de joueuses qui y jouent mais par contre le côté basket est super, le show, les meilleures joueuses, les meilleures équipes ! J’ai beaucoup aimé, et en même temps j’étais accompagnée par mon mari qui est américain donc on était chez nous. J’ai fait trois ans à San Antonio, ce sont mes années préférées parce que l’équipe était super, on gagnait et puis surtout je jouais. J’ai été patiente, j’ai fait 5 ans en WNBA et peu à peu j’ai gagné du temps de jeu. Les premières années étaient plus difficiles mais sur la fin j’ai pris énormément de plaisir. J’ai beaucoup progressé et cela m’a énormément apporté. C’est l’une des expériences qui a été la plus enrichissante parce que toutes les joueuses sont très dures, il faut rester solide et concentrée. J’ai eu des entraîneurs très bons qui m’ont permis de perfectionner mon jeu techniquement. Il y a des joueuses européennes qui n’ont pas besoin d’y aller parce qu’elles gagnent beaucoup d’argent toute l’année mais qui y vont simplement pour jouer contre les meilleures joueuses du monde.

Bellenger / IS / FFBB

ne faut pas être influencé par ça parce que ce n’est pas la vie réelle. Une fois que tout est bien intégré, c’est vraiment quelque chose à vivre quand on en a l’opportunité. Le retour en France n’a pas été difficile parce que j’ai commencé dans des petites salles en Ligue Féminine. Par contre des joueuses qui ont commencé là-bas, ça doit, à mon avis, faire drôle. C’est surréaliste. Dès qu’il te manque quelque chose chez toi, tu demandes au Général Manager et le lendemain tu l’as. C’est un peu la version européenne et féminine de la NBA.

Avec LeBron James lors de la Cérémonie d'ouverture des JO de Londres 2012 qu’en France, il y a beaucoup moins de joueuses stars qui jouent l’été en WNBA donc c’est plus difficile d’être repérée. Après il y a effectivement l’attachement à l’Équipe de France qui fait que certaines joueuses comme Emmeline Ndongue, ont tenté l’expérience WNBA mais sont vite revenues pour jouer en sélection nationale. C’est tout à fait compréhensible, et puis les Etats-Unis c’est un rythme particulier, il y a beaucoup de matches. Il n’y a pas non plus de vie d’équipe comme on a en Europe, à San Antonio on en avait une mais c’était rare et c’est aussi pour ça que je m’y suis plu. Mais je peux comprendre que des joueuses européennes ne voient pas l’intérêt d’y aller l’été. Vous avez intégré le comité directeur de la FFBB cette année et êtes

basket. Mes missions prendront leur ampleur l’année prochaine parce que c’était important pour moi de rester joueuse cette saison, surtout par rapport au poste à la Ligue Féminine. Je ne voulais pas mélanger les rôles donc j’ai préféré rester discrète cette année. J’apprends, on me transmet les infos mais je serai beaucoup plus active une fois que j’aurai arrêté de jouer. Je vais être novice dans ce milieu là donc comme pour mon retour en 2011 chez les Bleues je serai très humble et j’essaierai d’apprendre ce qu’il y a à apprendre.

Un parcours sans faute "A ma sortie de l’INSEP j’ai fait mes premiers pas en Ligue féminine à Bordeaux et puis j’ai essayé de progresser en me fixant de nouveaux challenges. J’ai ensuite été à Aix, une équipe qui essayait de jouer le titre mais qui avait surtout une ambition européenne. Quand je suis arrivée à Valenciennes en 2001, cela a été un grand pas en avant. On a gagné pas mal de titres mais il y avait surtout l’Euroligue. Après je suis partie à l’étranger pour tenter de nouvelles choses en essayant toujours de jouer dans de bonnes équipes d’envergures européennes. J’ai commencé en Russie au CSKA Moscou, puis au Spartak et avant de revenir en France j’ai fait une dernière pige à l’étranger, à Valence en Espagne. J’ai voulu aller un peu partout, sans oublier la WNBA l’été parce que j’avais envie de vivre au maximum ma carrière." 193 sélections en Équipe de France 3 victoires en Euroligue 3 fois championne de France 5 Coupes de France 4 médailles internationales avec les Bleues

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Contrairement aux garçons qui en font leur objectif ultime, la WNBA ne constitue pas forcément un nirvana pour les joueuses françaises. Pourquoi à votre avis ? Tout le monde n’a pas l’opportunité d’y aller parce que les Américains ne se déplacent pas forcément donc ils ne connaissent que les joueuses européennes très connues. Moi ça s’est surtout fait quand je suis partie en Russie parce que je jouais avec des stars qui ont parlé de moi. Les joueuses repèrent pour leur propre équipe en fait. La coach de New York s’est déplacée et m’a vue, des joueuses contre qui je jouais en ont parlé à leur coach… Ça se fait souvent comme ça. Et c’est vrai

vice-présidente de la LFB. Préparezvous déjà votre reconversion ? Cela rentre vraiment dans un schéma de reconversion. C’est vrai que j’ai envie de rester dans le basket parce que c’est ce que j’aime et quand Jean-Pierre Siutat m’en a parlé cela m’a tout de suite intéressé. Je voudrais aussi passer mon diplôme de Général Manager à Limoges et travailler avec le club de Lattes. Du côté de la Fédération cela m’intéresse de pouvoir partager mon expérience en tant que joueuse, ce que j’ai vécu dans les pays différents et continuer à faire évoluer le

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Et que retenez-vous de votre expérience en WNBA ? La WNBA c’est difficile pour une européenne parce qu’on ne nous connaît pas, il faut gagner sa place et on ne joue pas. Il y a très peu de joueuses qui y jouent mais par contre le côté basket est super, le show, les meilleures joueuses, les meilleures équipes ! J’ai beaucoup aimé, et en même temps j’étais accompagnée par mon mari qui est américain donc on était chez nous. J’ai fait trois ans à San Antonio, ce sont mes années préférées parce que l’équipe était super, on gagnait et puis surtout je jouais. J’ai été patiente, j’ai fait 5 ans en WNBA et peu à peu j’ai gagné du temps de jeu. Les premières années étaient plus difficiles mais sur la fin j’ai pris énormément de plaisir. J’ai beaucoup progressé et cela m’a énormément apporté. C’est l’une des expériences qui a été la plus enrichissante parce que toutes les joueuses sont très dures, il faut rester solide et concentrée. J’ai eu des entraîneurs très bons qui m’ont permis de perfectionner mon jeu techniquement. Il y a des joueuses européennes qui n’ont pas besoin d’y aller parce qu’elles gagnent beaucoup d’argent toute l’année mais qui y vont simplement pour jouer contre les meilleures joueuses du monde.

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ne faut pas être influencé par ça parce que ce n’est pas la vie réelle. Une fois que tout est bien intégré, c’est vraiment quelque chose à vivre quand on en a l’opportunité. Le retour en France n’a pas été difficile parce que j’ai commencé dans des petites salles en Ligue Féminine. Par contre des joueuses qui ont commencé là-bas, ça doit, à mon avis, faire drôle. C’est surréaliste. Dès qu’il te manque quelque chose chez toi, tu demandes au Général Manager et le lendemain tu l’as. C’est un peu la version européenne et féminine de la NBA.

Avec LeBron James lors de la Cérémonie d'ouverture des JO de Londres 2012 qu’en France, il y a beaucoup moins de joueuses stars qui jouent l’été en WNBA donc c’est plus difficile d’être repérée. Après il y a effectivement l’attachement à l’Équipe de France qui fait que certaines joueuses comme Emmeline Ndongue, ont tenté l’expérience WNBA mais sont vite revenues pour jouer en sélection nationale. C’est tout à fait compréhensible, et puis les Etats-Unis c’est un rythme particulier, il y a beaucoup de matches. Il n’y a pas non plus de vie d’équipe comme on a en Europe, à San Antonio on en avait une mais c’était rare et c’est aussi pour ça que je m’y suis plu. Mais je peux comprendre que des joueuses européennes ne voient pas l’intérêt d’y aller l’été. Vous avez intégré le comité directeur de la FFBB cette année et êtes

basket. Mes missions prendront leur ampleur l’année prochaine parce que c’était important pour moi de rester joueuse cette saison, surtout par rapport au poste à la Ligue Féminine. Je ne voulais pas mélanger les rôles donc j’ai préféré rester discrète cette année. J’apprends, on me transmet les infos mais je serai beaucoup plus active une fois que j’aurai arrêté de jouer. Je vais être novice dans ce milieu là donc comme pour mon retour en 2011 chez les Bleues je serai très humble et j’essaierai d’apprendre ce qu’il y a à apprendre.

Un parcours sans faute "A ma sortie de l’INSEP j’ai fait mes premiers pas en Ligue féminine à Bordeaux et puis j’ai essayé de progresser en me fixant de nouveaux challenges. J’ai ensuite été à Aix, une équipe qui essayait de jouer le titre mais qui avait surtout une ambition européenne. Quand je suis arrivée à Valenciennes en 2001, cela a été un grand pas en avant. On a gagné pas mal de titres mais il y avait surtout l’Euroligue. Après je suis partie à l’étranger pour tenter de nouvelles choses en essayant toujours de jouer dans de bonnes équipes d’envergures européennes. J’ai commencé en Russie au CSKA Moscou, puis au Spartak et avant de revenir en France j’ai fait une dernière pige à l’étranger, à Valence en Espagne. J’ai voulu aller un peu partout, sans oublier la WNBA l’été parce que j’avais envie de vivre au maximum ma carrière." 193 sélections en Équipe de France 3 victoires en Euroligue 3 fois championne de France 5 Coupes de France 4 médailles internationales avec les Bleues

avRil2013 19


CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR Le 3x3 et la dimension psychologique

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

Partage d’expérience autour des Championnats du Monde senior 2012 - Préparation et compétition

conclusion

du match prend toute son importance pour les joueurs (ses) qui vont être par la suite en totale autonomie. Ce resserrement des liens peut se définir par le fait que les deux parties ont besoin l’une de l’autre et que le lien hiérarchique entre les joueurs (ses) et le staff technique n’est plus semblable à ce que nous connaissons du 5x5. En dernier lieu, la compétition mixte permettant la constitution d’une "3ème équipe" a littéralement gommé les dernières frontières, chacun ayant une place/un rôle à jouer sur et en dehors du terrain. Le parcours de l’équipe mixte a amplifié fortement cette unité préexistante entre le groupe féminin et masculin achevant de former définitivement l’Équipe de France de 3x3.

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Nous retiendrons que cette campagne a davantage éclairé le staff technique sur les caractéristiques mentales dont les joueurs de 3x3 de haut niveau devaient faire preuve. La principale et incontournable qualité est la stabilité émotionnelle. La vitesse des enchaînements ainsi que la dureté du jeu supposent que le joueur (se) transite très rapidement d’un point de vue mental dans la gestion des émotions ainsi que dans l’acceptation de ce qu’il pourrait considérer comme des injustices (décisions émanant du corps arbitral). La durée des rencontres (10 minutes) favorise un nivellement entre les équipes dans la mesure où l’issue est plus ouverte qu’au 5x5. En revanche, la brièveté des attaques augmente le nombre de possession et rend possible des retours fulgurants au score (Cf. finale masculine contre la Serbie). Le niveau de concentration est donc déterminant au début des rencontres si l’on ne veut pas se faire surprendre par son adversaire mais également tout au long du jeu si l’on considère l’augmentation de la fatigue physique. Enfin, l’humilité, la détermination et l’autonomie du joueur (se) dans la capacité à aborder TOUS les matches sont les caractéristiques supplémentaires à développer.

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