RENATHAN ONA EMBO MOUHAMMADOU JAITEH MONDIAL 1954
UNE CHAMPIONNE ATYPIQUE
EMMELINE NDONGUE N째798 - JANVIER2014 - WWW.FFBB.COM
MA CARRIÈRE PAR EMMELINE NDONGUE >
"FAIRE DU BASKET C’EST BIEN, SAVOIR COMPTER C’EST MIEUX" A 30 ans seulement, Emmeline Ndongue (1,92 m) a décidé de prendre sa retraite internationale l’été dernier. La quintuple championne de France avec Bourges figure dans le top 20 des internationales au nombre de sélections (196) et des points marqués (1008). En bleu elle aura remporté trois médailles européennes et une médaille olympique. Un palmarès impressionnant pour une joueuse détectée sur le tard et qui a longtemps mené de front sport et études.
"Mes parents ont tous les deux fait du basket et j’ai commencé à cinq ans. Donc si ma détection a été tardive, mes débuts ne l’étaient pas. J’ai un grand frère et une grande sœur qui sont jumeaux et deux sœurs plus jeunes que moi. Tout le monde a fait du basket. Même si j’ai fait de la danse, de la gym, de la natation, de l’athlétisme il n’y a qu’en basket que j’ai persévéré. Ma tante, Rose Marie Sulewski, a fait du basket à haut niveau mais je n’étais pas au courant. Elle a arrêté jeune et je ne l’ai jamais vu jouer. J’ai commencé à Luzy dans la Nièvre puis à Imphy, Fourchambault et enfin Varennes-Vauzelles. Ensuite je suis partie à Chalon en sports-études avant d’arriver à Bourges à 16 ans. Je suis quelqu’un qui n’aime pas être montrée du doigt, qui n’aime pas être remarquée. Donc grande et métisse ce n’était pas évident en primaire et au collège dans des petites villes. Je sentais que j’étais différente. Quand je vois des personnes qui me regardent de haut en bas avec insistance, ça m’insupporte. Je suis grande ? Et alors tu es petit et je ne te dis rien. A 3 ans c’est normal. A 30 ou 40 ans ça ne l’est plus.
Steenkeste / FFBB
Camerouno-germanopolonaise
Mai 2013, préparation à l'Euro féminin 2013
10 BASKETBALLMAGAZINE
Mes origines sont germano-polonaises du côté de ma mère et camerounaises du côté de mon père. J’ai fait allemand première langue pour mon grand-père dont le parcours est étonnant. Il a fait la guerre, engagé de force dans l’armée allemande. Il a été prisonnier en France puis a travaillé à la reconstruction de Nevers, dans les mines en Saône-et-Loire où il a rencontré ma grand-mère. Un roman ! Mon père est né au Cameroun mais je n’y suis allée que deux fois, à 3 ans et 13 ans, à Douala. Avec l’Équipe de France je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner mais c’est prévu. Concernant mon nom à partir du moment où on a commencé à parler de moi dans les journaux, il a fallu insister, expliquer, épeler : Ndongue, prononcé Ndongué et sans apostrophe entre le N et le D.
Mai 1995 : Au palais de la Découverte à Paris
1998 : ASA Vauzelles Basket
1999 : Lycée, en 1ère S
En 1998
EMMELINE NDONGUE REPÈRES 1983 Naissance à Auxerre 1999 Arrivée à Bourges 2002 Première sélection Équipe de France 2009 Championne d’Europe Photos D.R.
Propos recueillis par Julien Guérineau
En 1983
2012 Vice-championne Olympique
JANVIER2014
11
MA CARRIÈRE PAR EMMELINE NDONGUE >
"FAIRE DU BASKET C’EST BIEN, SAVOIR COMPTER C’EST MIEUX" A 30 ans seulement, Emmeline Ndongue (1,92 m) a décidé de prendre sa retraite internationale l’été dernier. La quintuple championne de France avec Bourges figure dans le top 20 des internationales au nombre de sélections (196) et des points marqués (1008). En bleu elle aura remporté trois médailles européennes et une médaille olympique. Un palmarès impressionnant pour une joueuse détectée sur le tard et qui a longtemps mené de front sport et études.
"Mes parents ont tous les deux fait du basket et j’ai commencé à cinq ans. Donc si ma détection a été tardive, mes débuts ne l’étaient pas. J’ai un grand frère et une grande sœur qui sont jumeaux et deux sœurs plus jeunes que moi. Tout le monde a fait du basket. Même si j’ai fait de la danse, de la gym, de la natation, de l’athlétisme il n’y a qu’en basket que j’ai persévéré. Ma tante, Rose Marie Sulewski, a fait du basket à haut niveau mais je n’étais pas au courant. Elle a arrêté jeune et je ne l’ai jamais vu jouer. J’ai commencé à Luzy dans la Nièvre puis à Imphy, Fourchambault et enfin Varennes-Vauzelles. Ensuite je suis partie à Chalon en sports-études avant d’arriver à Bourges à 16 ans. Je suis quelqu’un qui n’aime pas être montrée du doigt, qui n’aime pas être remarquée. Donc grande et métisse ce n’était pas évident en primaire et au collège dans des petites villes. Je sentais que j’étais différente. Quand je vois des personnes qui me regardent de haut en bas avec insistance, ça m’insupporte. Je suis grande ? Et alors tu es petit et je ne te dis rien. A 3 ans c’est normal. A 30 ou 40 ans ça ne l’est plus.
Steenkeste / FFBB
Camerouno-germanopolonaise
Mai 2013, préparation à l'Euro féminin 2013
10 BASKETBALLMAGAZINE
Mes origines sont germano-polonaises du côté de ma mère et camerounaises du côté de mon père. J’ai fait allemand première langue pour mon grand-père dont le parcours est étonnant. Il a fait la guerre, engagé de force dans l’armée allemande. Il a été prisonnier en France puis a travaillé à la reconstruction de Nevers, dans les mines en Saône-et-Loire où il a rencontré ma grand-mère. Un roman ! Mon père est né au Cameroun mais je n’y suis allée que deux fois, à 3 ans et 13 ans, à Douala. Avec l’Équipe de France je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner mais c’est prévu. Concernant mon nom à partir du moment où on a commencé à parler de moi dans les journaux, il a fallu insister, expliquer, épeler : Ndongue, prononcé Ndongué et sans apostrophe entre le N et le D.
Mai 1995 : Au palais de la Découverte à Paris
1998 : ASA Vauzelles Basket
1999 : Lycée, en 1ère S
En 1998
EMMELINE NDONGUE REPÈRES 1983 Naissance à Auxerre 1999 Arrivée à Bourges 2002 Première sélection Équipe de France 2009 Championne d’Europe Photos D.R.
Propos recueillis par Julien Guérineau
En 1983
2012 Vice-championne Olympique
JANVIER2014
11
2003 : Bourges-Mondeville
12 BASKETBALLMAGAZINE
Photos Belleneger / IS / FFBB
Cette apostrophe m’agace. Ça m’insupporte. Quelqu’un m’a même dit en voyant mon maillot : tu as fait une faute à ton nom ! Mais si au Sénégal… Je ne suis pas d’origine sénégalaise. Cela me poursuit aujourd’hui puisque je reçois encore des courriers de la FFBB avec l’apostrophe. Et pourtant je le répète sans cesse. C’est pour ça que j’arrête l’Équipe de France (elle rigole). Jeune je n’étais pas plus douée qu’une autre mais j’étais très grande. Lors d’un Tournoi Inter Zone en 1998, Olivier Hirsch, l’entraîneur de Bourges, m’a dit que j’avais du potentiel. Je ne savais même pas ce que ce mot voulait dire. Bourges m’a fait peur puisque je m’entraînais une fois par semaine dans mon club et qu’on me proposait deux entraînements par jour. L’alternative c’était le sport-études de Chalon. L’opportunité se présentait, je pouvais rester avec des filles que je connaissais en équipe de Bourgogne. Et après mon année de première, sans savoir pourquoi, j’ai voulu tenter de rejoindre Bourges. C’est moi qui ai fait la démarche de contacter le club et on m’a convoqué pour une journée de détection. Je ne savais même pas que Bourges était champion d’Europe à l’époque. J’étais à mille lieux du basket professionnel. Ce n’est pas que ça ne m’intéressait pas. Simplement je ne savais même pas que ça existait. Quand on m’a demandé pourquoi je souhaitais intégrer le centre de formation, j’ai répondu : pour voir.
Un vrai sac d’os J’ai pris une sacrée claque en arrivant. La préparation physique je ne savais pas ce que c’était. Je me suis vite rendue compte que je détestais courir. En un
J’ai la larme facile Je ne suis pas une sportive dans le sens où on l’entend. Le sportif il doit aimer faire mal à son corps, il est tout le temps sur le terrain à la recherche de la perfection. Moi ce que je recherche c’est l’amusement, me faire plaisir, faire plaisir au public et à mes coéquipières. Ça passe par l’entraînement mais ne pas faire de sport pendant trois mois, ça ne me dérangera pas plus que ça… à part pour la prise de poids. A ma retraite j’arrêterai totalement le basket. Pour combler le manque je ferai sans doute du fitness. J’ai souvent ressenti un décalage avec les autres joueuses mais au niveau basket je me suis bien améliorée. Je me souviens de Cathy Melain qui m’avait fait la leçon, effarée que je ne sois pas capable de citer au moins la moitié des clubs de Pro A. Elle
Mondial féminin 2006 Quart de finale France-Australie
m’expliquait l’importance de connaître son environnement, l’histoire de son sport. Aujourd’hui, et de plus en plus, je regarde la Pro A, l’Euroleague. A Bourges on apprend assez vite à se faire une culture basket. On te rappelle l’histoire et tes responsabilités par rapport au palmarès du club. Au fur et à mesure j’ai appris à connaître Yannick Souvré, Cathy Melain. A cette époque les espoirs voyageaient avec les professionnelles. J’ai eu la chance de rapidement faire quelques entraînements avec elles et j’étais très impressionnée. Je ne mouftais pas. J’ai souvenir que c’était hyper dur et que je pleurais beaucoup. Avec Yannick et Cathy je me prenais parfois le ballon en pleine tête. Je me suis fait engueuler, reprendre. Cathy Melain aime me rappeler que je n’arrêtais pas de chialer. Tout le temps. Elle n’en pouvait plus. Il faut dire que j’ai la larme facile. Mais c’est ce qu’il me fallait à cette époque. Ces joueuses voulaient que je progresse et j’ai énormément appris. En avril 2001, à la fin de la deuxième saison à Bourges, alors que je fais la 10e joueuse en alternance avec Yacine Sene, je signe mon premier contrat pro. Je gagnais le SMIC et j’étais logée avec une colocataire au CROUS, puisqu’étudiante à la faculté. Basketteuse professionnelle ce n’était pas le grand luxe ! Je ne suis pas partie au Final Four en 2001, c’est Yacine qui était du déplacement. Donc sur le papier je suis vainqueur de l’Euroleague puisque je faisais partie de l’équipe cette année-là. Mais je n’ai pas eu la médaille. Sur le coup je ne mesurais pas ce que cela représentait.
En 2006, à Aix-en-Provence
Duel contre le Spartak de Moscou et Lisa Leslie
JANVIER2014 13
Belleneger / IS / FFBB
2002 : Bourges
Presse Sports / Francotte
"SI J’ÉTAIS BOSSEUSE ÇA NE S’ÉTENDAIT PAS EN MATIÈRE DE SPORT. LE SPORT POUR MOI C’EST UN JEU. JE JOUE AU BASKET. TOUS LES ENTRAÎNEURS VOUS DIRONT QUE LORSQU’ON ME VOIT À UN ENTRAÎNEMENT FACULTATIF, C’EST QUE QUELQUE CHOSE NE VA PAS."
mois j’ai pris 6-7 kilos de muscle ! J’étais un vrai sac d’os à mon arrivée. J’ai cru que j’allais mourir sur la piste. Ça m’a fait bizarre sportivement mais également au niveau des études. Je suis quelqu’un de très studieux, sans facilité particulière mais qui travaille beaucoup. Faute de temps je travaillais moins. Ma première note de physique c’était 5. La deuxième c’était 3. Je suis allée voir le coach en lui disant que j’avais besoin de travailler un peu plus et il m’a permis de sauter quelques entraînements. J’ai trouvé un équilibre et je suis passée en terminale. Puis j’ai eu mon bac avec un an d’avance. Ma mère m’avait bien spécifié qu’elle accepterait que j’aille à Bourges à condition que j’y trouve quelque chose à faire après le bac. Heureusement il y a une faculté de sciences ici. J’aime beaucoup les mathématiques et jusqu’à la signature de mon premier contrat pro, j’étais vraiment dans l’optique d’être prof de maths. Si j’étais bosseuse ça ne s’étendait pas en matière de sport. Le sport pour moi c’est un jeu. Je joue au basket. Tous les entraîneurs vous diront que lorsqu’on me voit à un entraînement facultatif, c’est que quelque chose ne va pas, que je suis énervée, agacée par mon manque de réussite. Et là je ne veux pas qu’on m’aide, c’est un rendez-vous avec moi-même. Je ne suis pas laxiste, je vais faire ce qu’on me demande. Mais j’irai rarement plus loin. J’aurais pu être plus forte, c’est possible. Mais je n’ai pas de regrets particuliers. Pierre Vincent m’a fait passer le message quand j’étais jeune parce qu’avec lui, entraînement facultatif ça n’existait pas. Avec mes études, en faire plus cela aurait été en faire trop.
Bellenger/IS/FFBB
MA CARRIÈRE PAR EMMELINE NDONGUE >
2003 : Bourges-Mondeville
12 BASKETBALLMAGAZINE
Photos Belleneger / IS / FFBB
Cette apostrophe m’agace. Ça m’insupporte. Quelqu’un m’a même dit en voyant mon maillot : tu as fait une faute à ton nom ! Mais si au Sénégal… Je ne suis pas d’origine sénégalaise. Cela me poursuit aujourd’hui puisque je reçois encore des courriers de la FFBB avec l’apostrophe. Et pourtant je le répète sans cesse. C’est pour ça que j’arrête l’Équipe de France (elle rigole). Jeune je n’étais pas plus douée qu’une autre mais j’étais très grande. Lors d’un Tournoi Inter Zone en 1998, Olivier Hirsch, l’entraîneur de Bourges, m’a dit que j’avais du potentiel. Je ne savais même pas ce que ce mot voulait dire. Bourges m’a fait peur puisque je m’entraînais une fois par semaine dans mon club et qu’on me proposait deux entraînements par jour. L’alternative c’était le sport-études de Chalon. L’opportunité se présentait, je pouvais rester avec des filles que je connaissais en équipe de Bourgogne. Et après mon année de première, sans savoir pourquoi, j’ai voulu tenter de rejoindre Bourges. C’est moi qui ai fait la démarche de contacter le club et on m’a convoqué pour une journée de détection. Je ne savais même pas que Bourges était champion d’Europe à l’époque. J’étais à mille lieux du basket professionnel. Ce n’est pas que ça ne m’intéressait pas. Simplement je ne savais même pas que ça existait. Quand on m’a demandé pourquoi je souhaitais intégrer le centre de formation, j’ai répondu : pour voir.
Un vrai sac d’os J’ai pris une sacrée claque en arrivant. La préparation physique je ne savais pas ce que c’était. Je me suis vite rendue compte que je détestais courir. En un
J’ai la larme facile Je ne suis pas une sportive dans le sens où on l’entend. Le sportif il doit aimer faire mal à son corps, il est tout le temps sur le terrain à la recherche de la perfection. Moi ce que je recherche c’est l’amusement, me faire plaisir, faire plaisir au public et à mes coéquipières. Ça passe par l’entraînement mais ne pas faire de sport pendant trois mois, ça ne me dérangera pas plus que ça… à part pour la prise de poids. A ma retraite j’arrêterai totalement le basket. Pour combler le manque je ferai sans doute du fitness. J’ai souvent ressenti un décalage avec les autres joueuses mais au niveau basket je me suis bien améliorée. Je me souviens de Cathy Melain qui m’avait fait la leçon, effarée que je ne sois pas capable de citer au moins la moitié des clubs de Pro A. Elle
Mondial féminin 2006 Quart de finale France-Australie
m’expliquait l’importance de connaître son environnement, l’histoire de son sport. Aujourd’hui, et de plus en plus, je regarde la Pro A, l’Euroleague. A Bourges on apprend assez vite à se faire une culture basket. On te rappelle l’histoire et tes responsabilités par rapport au palmarès du club. Au fur et à mesure j’ai appris à connaître Yannick Souvré, Cathy Melain. A cette époque les espoirs voyageaient avec les professionnelles. J’ai eu la chance de rapidement faire quelques entraînements avec elles et j’étais très impressionnée. Je ne mouftais pas. J’ai souvenir que c’était hyper dur et que je pleurais beaucoup. Avec Yannick et Cathy je me prenais parfois le ballon en pleine tête. Je me suis fait engueuler, reprendre. Cathy Melain aime me rappeler que je n’arrêtais pas de chialer. Tout le temps. Elle n’en pouvait plus. Il faut dire que j’ai la larme facile. Mais c’est ce qu’il me fallait à cette époque. Ces joueuses voulaient que je progresse et j’ai énormément appris. En avril 2001, à la fin de la deuxième saison à Bourges, alors que je fais la 10e joueuse en alternance avec Yacine Sene, je signe mon premier contrat pro. Je gagnais le SMIC et j’étais logée avec une colocataire au CROUS, puisqu’étudiante à la faculté. Basketteuse professionnelle ce n’était pas le grand luxe ! Je ne suis pas partie au Final Four en 2001, c’est Yacine qui était du déplacement. Donc sur le papier je suis vainqueur de l’Euroleague puisque je faisais partie de l’équipe cette année-là. Mais je n’ai pas eu la médaille. Sur le coup je ne mesurais pas ce que cela représentait.
En 2006, à Aix-en-Provence
Duel contre le Spartak de Moscou et Lisa Leslie
JANVIER2014 13
Belleneger / IS / FFBB
2002 : Bourges
Presse Sports / Francotte
"SI J’ÉTAIS BOSSEUSE ÇA NE S’ÉTENDAIT PAS EN MATIÈRE DE SPORT. LE SPORT POUR MOI C’EST UN JEU. JE JOUE AU BASKET. TOUS LES ENTRAÎNEURS VOUS DIRONT QUE LORSQU’ON ME VOIT À UN ENTRAÎNEMENT FACULTATIF, C’EST QUE QUELQUE CHOSE NE VA PAS."
mois j’ai pris 6-7 kilos de muscle ! J’étais un vrai sac d’os à mon arrivée. J’ai cru que j’allais mourir sur la piste. Ça m’a fait bizarre sportivement mais également au niveau des études. Je suis quelqu’un de très studieux, sans facilité particulière mais qui travaille beaucoup. Faute de temps je travaillais moins. Ma première note de physique c’était 5. La deuxième c’était 3. Je suis allée voir le coach en lui disant que j’avais besoin de travailler un peu plus et il m’a permis de sauter quelques entraînements. J’ai trouvé un équilibre et je suis passée en terminale. Puis j’ai eu mon bac avec un an d’avance. Ma mère m’avait bien spécifié qu’elle accepterait que j’aille à Bourges à condition que j’y trouve quelque chose à faire après le bac. Heureusement il y a une faculté de sciences ici. J’aime beaucoup les mathématiques et jusqu’à la signature de mon premier contrat pro, j’étais vraiment dans l’optique d’être prof de maths. Si j’étais bosseuse ça ne s’étendait pas en matière de sport. Le sport pour moi c’est un jeu. Je joue au basket. Tous les entraîneurs vous diront que lorsqu’on me voit à un entraînement facultatif, c’est que quelque chose ne va pas, que je suis énervée, agacée par mon manque de réussite. Et là je ne veux pas qu’on m’aide, c’est un rendez-vous avec moi-même. Je ne suis pas laxiste, je vais faire ce qu’on me demande. Mais j’irai rarement plus loin. J’aurais pu être plus forte, c’est possible. Mais je n’ai pas de regrets particuliers. Pierre Vincent m’a fait passer le message quand j’étais jeune parce qu’avec lui, entraînement facultatif ça n’existait pas. Avec mes études, en faire plus cela aurait été en faire trop.
Bellenger/IS/FFBB
MA CARRIÈRE PAR EMMELINE NDONGUE >
MA CARRIÈRE PAR EMMELINE NDONGUE >
14 BASKETBALLMAGAZINE
Blessure au tendon d'achille lors de l'Euro féminin 2011, sur le match France-Espagne
"LA RÉFLEXION CONCERNANT MA RETRAITE INTERNATIONALE A COMMENCÉ ASSEZ TÔT. JE PENSAIS ARRÊTER EN 2012 SI NOUS PARVENIONS À NOUS QUALIFIER POUR LES JEUX OLYMPIQUES. IL N’Y A PAS QUE LE BASKET DANS LA VIE ET TU PASSES À CÔTÉ DE TELLEMENT D’ÉVÈNEMENTS QU’À UN MOMENT TU EN AS MARRE." L’année suivante, en 2003, nous gagnons la médaille de bronze au Mondial espoirs. Nous sommes six à rejoindre les A pour la préparation à l’Euro (ndlr : Céline Dumerc, Elodie Godin, Emilie Gomis, Claire Tomaszewski, Sabrina Reghaissia et Emmeline Ndongue). Cette fois je voulais vraiment rester. Je fais ce qu’on me demande de faire, je le fais avec application. Quatre ans plus tôt je jouais en excellence région mais je ne mesurais pas la vitesse de mon évolution. La réflexion concernant ma retraite internationale a commencé assez tôt. Je pensais arrêter en 2012 si nous parvenions à nous qualifier pour les Jeux Olympiques. Il n’y a pas que le basket dans la vie et tu
passes à côté de tellement d’évènements qu’à un moment tu en as marre. A une période de ta vie, tous tes amis se marient en même temps, tous tes amis font des bébés en même temps. Donc tu loupes un mariage, deux mariages, une naissance… C’est idiot mais j’ai besoin, j’ai envie d’être proche de mes amis. Et le basket m’empêchait de faire tout ça. Il y avait des moments où je n’en pouvais plus. Donc si JO il y avait, c’était la fin. Indépendamment du résultat. Mais la France a été choisie pour organiser l’EuroBasket women et mon chéri m’a dit que ce serait trop con de rater ça. Et j’ai poussé une année de plus. J’espérais que ce serait une belle fête du basket féminin.
Bellenger / IS / FFBB
Même fascinée par les mathématiques je suis imperméable aux statistiques. Ce sont deux univers que je séparerai toujours. Une ligne de stats ne m’informe absolument pas sur ce qu’a été un match. Quand je lis certains commentaires… Une fille peut prendre 10 rebonds offensifs mais si elle vendange systématiquement… Cette ligne ne te dira jamais combien de fois tu es venue en aide, combien d’écrans tu as posés pour libérer ta coéquipière. A l’Euro l’été dernier un journaliste sportif m’a interviewée et tenait absolument à savoir pourquoi j’étais dans le cinq alors que mes chiffres traduisaient mon manque d’impact ! Dans ces moments-là il faut vraiment prendre sur soi. Marquer ne m’a longtemps même pas traversé l’esprit. Quand je recevais un ballon poste haut je regardais immédiatement à qui je pouvais le donner. Cela vient peutêtre du fait que je n’aime pas être mise en lumière mais j’adore faire une passe décisive. A Aix à force d’insister, on a fini par me persuader que je pouvais scorer. En 2006, au terme de ma deuxième saison avec Aix, j’ai signé avec les Los Angeles Sparks. La WNBA il fallait le tenter. Cela fait partie des opportunités qui se présentent une seule fois dans la vie. J’ai vu que ça ne me plaisait pas et je suis revenue. Mais c’est une chance d’avoir pu y aller. Les matches que j’avais faits avec Aix face à Lisa Leslie, ce n’était pas moi. Là-bas je n’étais pas une pièce maîtresse, je ne touchais plus les mêmes ballons, la façon de jouer n’était plus la même. Donc le contexte faisait que je ne pouvais pas reproduire la même chose. Je le savais, il faut être réaliste. L’Équipe de France débutait sa préparation et je ne pouvais pas me pointer une semaine avant le Mondial en ayant joué trois minutes par match en WNBA. Une fois je suis rentrée pour deux secondes de jeu avec pour consigne de changer sur tous les écrans. C’est une expérience. Lisa Leslie a mal pris le fait que je m’en aille puisque c’était elle qui m’avait fait venir. Je la comprends tout à fait.
J’ai fait mes débuts en Équipe de France en 2002. Je sortais d’un championnat d’Europe juniors et nous étions quelquesunes à prendre la voiture pour rejoindre les A en stage à Saint-Brieuc. Toutes les autres partaient en vacances. Et ça me faisait chier (elle explose de rire). Plus sérieusement j’étais très fière. Mais je n’ai pas été conservée pour le Mondial en Chine. Comme d’habitude je pleure. Et Yannick Souvré me dit que c’est bien qu’elle me voit touchée parce que cela signifie que ça me tenait à cœur. J’ai pris conscience de ce que représentait la sélection. En jeunes je ne l’avais pas pleinement intégré. Quand on est sur la sellette on comprend. Je sais que j’ai 196 sélections aujourd’hui. A quatre de 200 ! J’ai demandé à Valérie Garnier si je ne pouvais pas venir juste pour être sur la feuille en début de préparation l’été prochain et atteindre les 200.
Bellenger / Panoramic
Imperméable aux statistiques
11 ans en bleu
Bellenger / IS / FFBB
2001 c’est aussi mes débuts en Équipe de France de jeunes, avec les juniors. J’ai eu la chance d’y aller avec Yacine, ce qui me permet de ne pas me retrouver seule puisque toutes les filles étaient au Centre Fédéral. Mon seul contact avec le CFBB datait d’une finale de Coupe de France cadettes à Nevers. Le coach fédéral y était. Mon entraîneur lui avait dit que j’étais grande et que je pouvais toucher le cercle. Moi j’étais en jean à vendre des nougats pour partir aux Etats-Unis avec l’équipe de Bourgogne. Il me dit touche le cercle. Trois tentatives, trois échecs. Je n’ai plus entendu parler du CFBB. Mon intégration s’est très bien passée. A partir de là j’ai passé tous mes étés en sélection jeunes ou seniors. Avec mon premier contrat je me rendais bien compte que si je faisais du basket mon métier, je ne pourrai pas en vivre toute ma vie. Donc je reste sur mon idée d’être prof de maths. Je continue à aller en cours autant que possible, à bosser dans le bus, à piquer du nez sur mes livres. Faire du basket c’est bien, savoir compter c’est mieux. Le club a été très réceptif sur ce point. Cependant j’étais bien plus fatiguée que ce que j’aurais dû être et cela m’a sûrement freiné dans mon évolution. Mais je suis contente parce que j’ai quand même eu mon DEUG. En rejoignant Aix en 2004 j’ai cherché à poursuivre en licence à Marseille mais c’était ingérable. J’ai encore tenté par correspondance, impossible. Je me suis présentée aux examens, sans succès. Même à mon retour à Bourges je me suis inscrite à la fac de Besançon. Je crois que je suis maso. Pierre Vincent et moi nous ne nous sommes pas compris au début. Et cela tombait à un moment où il était nécessaire pour moi de partir. J’avais envie de voir autre chose. Je suis dans l’amusement, avec cette capacité à rigoler et trente secondes après d’être totalement concentrée. Ce n’était pas bien perçu et je comprends. Je n’ai pas aimé qu’on me fasse ce reproche. Mais je n’ai eu aucun problème à le retrouver à mon retour. A Aix je ne partais pas dans l’inconnu puisque je rejoignais Sébastien Nivet qui était mon entraîneur en espoirs. Financièrement je n’avais également pas de raisons de rester. Mais ce n’était pas énorme non plus. Je négociais moi-même mes contrats. Je n’ai eu un agent qu’à mon passage en WNBA en 2006. Quand tu n’es pas au courant du marché tu te fais un peu avoir. Les filles ont du mal à évoquer les questions d’argent. Je suis
vieille donc au courant mais je doute que les plus jeunes maîtrisent ce sujet. Les salaires en Russie ou en Turquie ? Bien sûr que cela m’a tenté. Mais je n’avais pas envie de quitter mon petit confort. Je n’avais pas envie de me retrouver au fin fond de la Russie, au bout du banc. Je préfère avoir pris un crédit pour acheter ma maison à Bourges.
Bellenger / IS / FFBB
En 2009
Belleneger / IS / FFBB
Lors de l'Euro féminin 2007
Bellenger / IS / FFBB
Un DEUG de maths
Août 2012 : JO, Finale France-Etats Unis
Juin 2013 : Euro, finale perdue contre l'Espagne
2013 : Remise de l'Ordre National du Mérite
JANVIER2014 15
MA CARRIÈRE PAR EMMELINE NDONGUE >
14 BASKETBALLMAGAZINE
Blessure au tendon d'achille lors de l'Euro féminin 2011, sur le match France-Espagne
"LA RÉFLEXION CONCERNANT MA RETRAITE INTERNATIONALE A COMMENCÉ ASSEZ TÔT. JE PENSAIS ARRÊTER EN 2012 SI NOUS PARVENIONS À NOUS QUALIFIER POUR LES JEUX OLYMPIQUES. IL N’Y A PAS QUE LE BASKET DANS LA VIE ET TU PASSES À CÔTÉ DE TELLEMENT D’ÉVÈNEMENTS QU’À UN MOMENT TU EN AS MARRE." L’année suivante, en 2003, nous gagnons la médaille de bronze au Mondial espoirs. Nous sommes six à rejoindre les A pour la préparation à l’Euro (ndlr : Céline Dumerc, Elodie Godin, Emilie Gomis, Claire Tomaszewski, Sabrina Reghaissia et Emmeline Ndongue). Cette fois je voulais vraiment rester. Je fais ce qu’on me demande de faire, je le fais avec application. Quatre ans plus tôt je jouais en excellence région mais je ne mesurais pas la vitesse de mon évolution. La réflexion concernant ma retraite internationale a commencé assez tôt. Je pensais arrêter en 2012 si nous parvenions à nous qualifier pour les Jeux Olympiques. Il n’y a pas que le basket dans la vie et tu
passes à côté de tellement d’évènements qu’à un moment tu en as marre. A une période de ta vie, tous tes amis se marient en même temps, tous tes amis font des bébés en même temps. Donc tu loupes un mariage, deux mariages, une naissance… C’est idiot mais j’ai besoin, j’ai envie d’être proche de mes amis. Et le basket m’empêchait de faire tout ça. Il y avait des moments où je n’en pouvais plus. Donc si JO il y avait, c’était la fin. Indépendamment du résultat. Mais la France a été choisie pour organiser l’EuroBasket women et mon chéri m’a dit que ce serait trop con de rater ça. Et j’ai poussé une année de plus. J’espérais que ce serait une belle fête du basket féminin.
Bellenger / IS / FFBB
Même fascinée par les mathématiques je suis imperméable aux statistiques. Ce sont deux univers que je séparerai toujours. Une ligne de stats ne m’informe absolument pas sur ce qu’a été un match. Quand je lis certains commentaires… Une fille peut prendre 10 rebonds offensifs mais si elle vendange systématiquement… Cette ligne ne te dira jamais combien de fois tu es venue en aide, combien d’écrans tu as posés pour libérer ta coéquipière. A l’Euro l’été dernier un journaliste sportif m’a interviewée et tenait absolument à savoir pourquoi j’étais dans le cinq alors que mes chiffres traduisaient mon manque d’impact ! Dans ces moments-là il faut vraiment prendre sur soi. Marquer ne m’a longtemps même pas traversé l’esprit. Quand je recevais un ballon poste haut je regardais immédiatement à qui je pouvais le donner. Cela vient peutêtre du fait que je n’aime pas être mise en lumière mais j’adore faire une passe décisive. A Aix à force d’insister, on a fini par me persuader que je pouvais scorer. En 2006, au terme de ma deuxième saison avec Aix, j’ai signé avec les Los Angeles Sparks. La WNBA il fallait le tenter. Cela fait partie des opportunités qui se présentent une seule fois dans la vie. J’ai vu que ça ne me plaisait pas et je suis revenue. Mais c’est une chance d’avoir pu y aller. Les matches que j’avais faits avec Aix face à Lisa Leslie, ce n’était pas moi. Là-bas je n’étais pas une pièce maîtresse, je ne touchais plus les mêmes ballons, la façon de jouer n’était plus la même. Donc le contexte faisait que je ne pouvais pas reproduire la même chose. Je le savais, il faut être réaliste. L’Équipe de France débutait sa préparation et je ne pouvais pas me pointer une semaine avant le Mondial en ayant joué trois minutes par match en WNBA. Une fois je suis rentrée pour deux secondes de jeu avec pour consigne de changer sur tous les écrans. C’est une expérience. Lisa Leslie a mal pris le fait que je m’en aille puisque c’était elle qui m’avait fait venir. Je la comprends tout à fait.
J’ai fait mes débuts en Équipe de France en 2002. Je sortais d’un championnat d’Europe juniors et nous étions quelquesunes à prendre la voiture pour rejoindre les A en stage à Saint-Brieuc. Toutes les autres partaient en vacances. Et ça me faisait chier (elle explose de rire). Plus sérieusement j’étais très fière. Mais je n’ai pas été conservée pour le Mondial en Chine. Comme d’habitude je pleure. Et Yannick Souvré me dit que c’est bien qu’elle me voit touchée parce que cela signifie que ça me tenait à cœur. J’ai pris conscience de ce que représentait la sélection. En jeunes je ne l’avais pas pleinement intégré. Quand on est sur la sellette on comprend. Je sais que j’ai 196 sélections aujourd’hui. A quatre de 200 ! J’ai demandé à Valérie Garnier si je ne pouvais pas venir juste pour être sur la feuille en début de préparation l’été prochain et atteindre les 200.
Bellenger / Panoramic
Imperméable aux statistiques
11 ans en bleu
Bellenger / IS / FFBB
2001 c’est aussi mes débuts en Équipe de France de jeunes, avec les juniors. J’ai eu la chance d’y aller avec Yacine, ce qui me permet de ne pas me retrouver seule puisque toutes les filles étaient au Centre Fédéral. Mon seul contact avec le CFBB datait d’une finale de Coupe de France cadettes à Nevers. Le coach fédéral y était. Mon entraîneur lui avait dit que j’étais grande et que je pouvais toucher le cercle. Moi j’étais en jean à vendre des nougats pour partir aux Etats-Unis avec l’équipe de Bourgogne. Il me dit touche le cercle. Trois tentatives, trois échecs. Je n’ai plus entendu parler du CFBB. Mon intégration s’est très bien passée. A partir de là j’ai passé tous mes étés en sélection jeunes ou seniors. Avec mon premier contrat je me rendais bien compte que si je faisais du basket mon métier, je ne pourrai pas en vivre toute ma vie. Donc je reste sur mon idée d’être prof de maths. Je continue à aller en cours autant que possible, à bosser dans le bus, à piquer du nez sur mes livres. Faire du basket c’est bien, savoir compter c’est mieux. Le club a été très réceptif sur ce point. Cependant j’étais bien plus fatiguée que ce que j’aurais dû être et cela m’a sûrement freiné dans mon évolution. Mais je suis contente parce que j’ai quand même eu mon DEUG. En rejoignant Aix en 2004 j’ai cherché à poursuivre en licence à Marseille mais c’était ingérable. J’ai encore tenté par correspondance, impossible. Je me suis présentée aux examens, sans succès. Même à mon retour à Bourges je me suis inscrite à la fac de Besançon. Je crois que je suis maso. Pierre Vincent et moi nous ne nous sommes pas compris au début. Et cela tombait à un moment où il était nécessaire pour moi de partir. J’avais envie de voir autre chose. Je suis dans l’amusement, avec cette capacité à rigoler et trente secondes après d’être totalement concentrée. Ce n’était pas bien perçu et je comprends. Je n’ai pas aimé qu’on me fasse ce reproche. Mais je n’ai eu aucun problème à le retrouver à mon retour. A Aix je ne partais pas dans l’inconnu puisque je rejoignais Sébastien Nivet qui était mon entraîneur en espoirs. Financièrement je n’avais également pas de raisons de rester. Mais ce n’était pas énorme non plus. Je négociais moi-même mes contrats. Je n’ai eu un agent qu’à mon passage en WNBA en 2006. Quand tu n’es pas au courant du marché tu te fais un peu avoir. Les filles ont du mal à évoquer les questions d’argent. Je suis
vieille donc au courant mais je doute que les plus jeunes maîtrisent ce sujet. Les salaires en Russie ou en Turquie ? Bien sûr que cela m’a tenté. Mais je n’avais pas envie de quitter mon petit confort. Je n’avais pas envie de me retrouver au fin fond de la Russie, au bout du banc. Je préfère avoir pris un crédit pour acheter ma maison à Bourges.
Bellenger / IS / FFBB
En 2009
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Lors de l'Euro féminin 2007
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Un DEUG de maths
Août 2012 : JO, Finale France-Etats Unis
Juin 2013 : Euro, finale perdue contre l'Espagne
2013 : Remise de l'Ordre National du Mérite
JANVIER2014 15
16 BASKETBALLMAGAZINE
Bellenger / IS / FFBB
2013 : Lors de la remise de l'Ordre National du Mérite
Bellenger / IS / FFBB
Sur le podium de l’Euro je pleure parce que nous avons perdu en finale. Je pleure parce qu’on vient de perdre un match d’un point et que tu repasses tout ce que tu aurais pu faire différemment. Je pleure parce que nous n’avions pas imaginé une seule seconde perdre même si nous n’étions pas sereines contre l’Espagne. Le fait que cela soit fini passe au second plan. Au-delà des résultats, les gens nous aimaient. Nous représentions de vraies valeurs collectives, l’amour du maillot. Et ça, ça ne se perd pas. J’espère que les filles le conserveront. Quand nous perdons j’étais effondrée pour tous ceux qui nous avaient soutenues et suivies. Ça me faisait mal. Ils ont cru en nous et pour un point j’avais la sensation de les avoir déçus. D’ailleurs nous étions tellement tristes que nous n’avons pas fait un tour d’honneur à la fin pour remercier le public. Et pourtant merci ! Mais nous étions ailleurs, absentes. J’ai un vague souvenir d’une interview que je donne et où les seuls mots que je pouvais prononcer étaient : je ne sais pas quoi dire. L’impact que nous avons pu avoir grâce aux Jeux m’a sidéré. D’ailleurs la réception à l’Elysée suite à la médaille d’argent c’est un moment dont je suis très fière. La première fois que j’ai été retenue, je m’étais dit que sur toutes les filles qui faisaient du basket, je faisais partie des 12 retenues en Équipe de France. C’était classe. Se retrouver à l’Elysée cela signifiait que j’avais tellement bien représentée la France qu’on m’honorait pour ça. Je trouve ça génial. J’ai pu amener ma maman. Bien sûr cela ne fait pas oublier les moments difficiles. Ils restent gravés. Et souvent plus longtemps que les moments joyeux. Et il y en a eu en Équipe de France. L’Euro 2007 où nous finissons 8e en fait partie. L’entraîneur n’y pouvait rien et je sais pourtant que Jacky Commères en a été très marqué. Cela me fait de la peine car c’est un mec génial qui est arrivé au mauvais endroit au mauvais moment. L’équilibre dans l’équipe n’était pas bon et la transition anciennes-jeunes ne s’est pas bien faite. Je ne suis pas une langue de vipère donc je ne vais pas balancer mais mon Dieu ce que j’en ai envie ! Disons très simplement que l’osmose ne s’est pas faite, que l’individu a pris le dessus sur le groupe et que cela a pourri le groupe. Pourtant l’entente n’est pas toujours cordiale dans un groupe. Loin de là. C’était le cas aux Jeux par exemple mais parfois
Juin 2013, Euro féminin France-Biélorussie
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"A LONDRES SI ON NE S’ENTENDAIT PAS ON NE SE VOYAIT PAS MAIS SUR LE TERRAIN ON FAISAIT LE BOULOT. C’EST COMME DANS UNE ENTREPRISE, ON NE PEUT PAS AIMER TOUS SES COLLÈGUES."
Christophe Elise / FFBB
Entente pas toujours cordiale dans un groupe
Octobre 2013, lors de l'Open LFB
JANVIER2014 17
16 BASKETBALLMAGAZINE
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2013 : Lors de la remise de l'Ordre National du Mérite
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Sur le podium de l’Euro je pleure parce que nous avons perdu en finale. Je pleure parce qu’on vient de perdre un match d’un point et que tu repasses tout ce que tu aurais pu faire différemment. Je pleure parce que nous n’avions pas imaginé une seule seconde perdre même si nous n’étions pas sereines contre l’Espagne. Le fait que cela soit fini passe au second plan. Au-delà des résultats, les gens nous aimaient. Nous représentions de vraies valeurs collectives, l’amour du maillot. Et ça, ça ne se perd pas. J’espère que les filles le conserveront. Quand nous perdons j’étais effondrée pour tous ceux qui nous avaient soutenues et suivies. Ça me faisait mal. Ils ont cru en nous et pour un point j’avais la sensation de les avoir déçus. D’ailleurs nous étions tellement tristes que nous n’avons pas fait un tour d’honneur à la fin pour remercier le public. Et pourtant merci ! Mais nous étions ailleurs, absentes. J’ai un vague souvenir d’une interview que je donne et où les seuls mots que je pouvais prononcer étaient : je ne sais pas quoi dire. L’impact que nous avons pu avoir grâce aux Jeux m’a sidéré. D’ailleurs la réception à l’Elysée suite à la médaille d’argent c’est un moment dont je suis très fière. La première fois que j’ai été retenue, je m’étais dit que sur toutes les filles qui faisaient du basket, je faisais partie des 12 retenues en Équipe de France. C’était classe. Se retrouver à l’Elysée cela signifiait que j’avais tellement bien représentée la France qu’on m’honorait pour ça. Je trouve ça génial. J’ai pu amener ma maman. Bien sûr cela ne fait pas oublier les moments difficiles. Ils restent gravés. Et souvent plus longtemps que les moments joyeux. Et il y en a eu en Équipe de France. L’Euro 2007 où nous finissons 8e en fait partie. L’entraîneur n’y pouvait rien et je sais pourtant que Jacky Commères en a été très marqué. Cela me fait de la peine car c’est un mec génial qui est arrivé au mauvais endroit au mauvais moment. L’équilibre dans l’équipe n’était pas bon et la transition anciennes-jeunes ne s’est pas bien faite. Je ne suis pas une langue de vipère donc je ne vais pas balancer mais mon Dieu ce que j’en ai envie ! Disons très simplement que l’osmose ne s’est pas faite, que l’individu a pris le dessus sur le groupe et que cela a pourri le groupe. Pourtant l’entente n’est pas toujours cordiale dans un groupe. Loin de là. C’était le cas aux Jeux par exemple mais parfois
Juin 2013, Euro féminin France-Biélorussie
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"A LONDRES SI ON NE S’ENTENDAIT PAS ON NE SE VOYAIT PAS MAIS SUR LE TERRAIN ON FAISAIT LE BOULOT. C’EST COMME DANS UNE ENTREPRISE, ON NE PEUT PAS AIMER TOUS SES COLLÈGUES."
Christophe Elise / FFBB
Entente pas toujours cordiale dans un groupe
Octobre 2013, lors de l'Open LFB
JANVIER2014 17
“CHAMPIONS”
MA CARRIÈRE PAR EMMELINE NDONGUE >
Bellenger / IS / FFBB
LE LIVRE OFFICIEL
18 BASKETBALLMAGAZINE
L’ÉQUIPE DE FRANCE DE BASKET AU SOMMET
128 PAGES POUR REVIVRE L’EURO 2013 LES PORTRAITS DES CHAMPIONS D’EUROPE, UN RETOUR SUR L’EURO ET LES MOMENTS FORTS DE L’ÉPOPÉE DES BLEUS DE 2003 À 2013.
Fonder une famille Avec Bourges nous avons gagné cinq fois le titre de champion de France. Chaque saison a sa propre histoire et pas un titre ne ressemble à un autre. Pour le public en revanche gagner est devenu la norme. Les gens ne comprennent pas qu’on puisse perdre une rencontre et n’accepteront pas une baisse de forme. Et pourtant toutes les équipes veulent nous tuer. Mais en règle générale on ne nous passe
2013
rien. Avant d’arrêter j’aimerais encore être championne de France et gagner la coupe de France parce que cela fait un petit moment que ce n’est pas arrivé. Ensuite il sera temps de construire une famille et profiter de la vie comme je l’entends.".
normalement mais en début de troisième quart-temps je dis que je veux essayer de jouer. Le docteur me dit de me calmer. J’insiste et on fait un petit test sur le banc. Sur les talons, pas de problème, sur la pointe des pieds, douleur vive. Dans les vestiaires il m’ausculte au niveau du mollet. Rien ne réagit. Il me donne le verdict et tout s’effondre surtout que je dois rentrer immédiatement en France me faire opérer. Rapatriement, opération et trois jours plus tard, un peu folle, je reprends l’avion pour rejoindre le groupe. Je ne me voyais pas abandonner les filles alors que la compétition était compliquée et que je savais l’impact que les blessures peuvent avoir sur un groupe.
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les joueuses sont assez intelligentes pour gérer les choses, parfois non. A Londres il y avait un objectif commun et j’aime bien dire que si les Jeux avaient duré une semaine de plus, cela aurait été très compliqué. Cela faisait tellement longtemps que nous étions ensemble. Trois mois et demi ce n’était vraiment pas facile. Mais on savait ce qu’on voulait aller chercher. Et Pierre Vincent a eu l’intelligence de nous laisser vivre ce qu’on voulait au village olympique à l’exception de quelques rendez-vous précis. C’était parfait, si on ne s’entendait pas on ne se voyait pas mais sur le terrain on faisait le boulot. C’est comme dans une entreprise, on ne peut pas aimer tous ses collègues mais quand il faut travailler ensemble on le fait. En 2011 je me romps le tendon d’Achille à l’Euro, contre l’Espagne. Sur le coup je suis persuadée que quelqu’un me donne un coup de pied dans le tendon. Je me retourne, personne… Je m’écroule et je ne sens plus rien. Dans mon malheur, ma chance c’est de ne pas avoir eu mal. Il parait qu’habituellement c’est hyper douloureux. Je n’avais pas de référentiel par rapport à cette blessure donc à la mitemps je dis simplement que j’ai reçu un coup. On me glace. Je ne marchais pas
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CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR "MOINS VITE, MOINS HAUT, MOINS FORT !"
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LA PLUS HAUTE EXPERTISE N’EST PAS TANT LA VITESSE, LA DÉTENTE OU LA FORCE MAIS PLUTÔT LA MAÎTRISE TECHNIQUE ET L’EFFICACITÉ ASSOCIÉES À CES QUALITÉS
"Tout est relatif"
"Temps partiel
En basket, la vitesse absolue n’existe pas. Il n’y a que des différences de vitesse. C’est cette différence de vitesse ou changement de rythme qui crée un avantage. Quelqu’un qui dribble ou se déplace à une vitesse de 10 km/h, qui ralentit à 5 km pour ensuite replacer une accélération tout en contrôlant le ballon et/ou son corps n’est pas moins efficace que celui qui passe de 15 km/h à 10km/h à partir du moment où il joue dans son registre de jeu. Pas plus vite. Dejan Bodiroga en était l’exemple parfait.
Sur un terrain de basket, les joueurs passent 70% du temps au sol ; Passer plus de temps pour gagner en efficacité sur ces 70% semble être un meilleur investissement que de travailler sur les 30% restants même s’ils ne sont pas à négliger. Le secteur du rebond est un très bon exemple.
"Arrête-moi si tu peux" Cette différence de vitesse se retrouve notamment dans le jeu sans ballon autour des écrans. Sur la figure 3, le joueur 2 bénéficie d’une cascade d’écrans. Il va prendre de la vitesse (la "sienne"), ralentir légèrement à hauteur de l’écran de 5 pour prendre des informations sur l’option prise par le défenseur, et enfin accélérer à nouveau jusqu’à atteindre sa vitesse optimale qui lui permet d’enchaîner une action (tir, attaque en dribble, passe) tout en gardant le contrôle. C’est ce changement de rythme qui va lui permettre de prendre un avantage ; en effet, il est toujours plus facile pour le défenseur de suivre l’attaquant en se "calant" sur sa vitesse que d’être obligé de ralentir car, même si parfois on peut deviner ce que va faire l’attaquant, on ne sait pas toujours à quel moment il va le faire !
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Figure 3 28 BASKETBALLMAGAZINE
Moins vite
Les meilleurs rebondeurs vous diront que la bataille se gagne d’abord au sol, que ce soit dans l’espace à occuper ou dans un rapport de force de type "écran retard". Il s’agit de sauter dans le bon timing plutôt que de sauter haut sans avoir évalué au préalable la trajectoire et l’espace de réception probable. C’est pourquoi, certains joueurs ou certaines joueuses sont très performants malgré une taille ou une verticalité quelconque (Florent PIETRUS, Dennis RODMAN pour les nostalgiques, Elodie GODIN). Dans la formation, il est donc important de valoriser les individus qui jouent dans le bon timing, quel que soit leur profil physique et athlétique.
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Maintenant, lorsque l’on est grand, que l’on saute haut, au bon endroit et au bon moment, la vie est plus facile !
CONCLUSION : Dans la formation, il est parfois difficile de faire comprendre à un jeune de prendre son temps ou de garder les appuis au sol car cela n’a pas toujours de conséquences négatives et surtout, c’est moins fun ! Néanmoins, pour tous ceux qui aspirent à devenir des basketteurs confirmés, cela s’avère indispensable car c’est le niveau de maîtrise qui distingue les bons des moins bons. Trouver le bon compromis entre la vitesse d’exécution et l’efficacité n’est pas chose facile avec des jeunes joueurs car cela demande un peu d’expérience et parfois de jouer contre nature ! Attirer leur attention sur l’importance de la possession du ballon et sur le contrôle en général ne signifie pas renoncer au jeu rapide, tout faire à 2 à l’heure, ne jamais sauter ou ne prendre aucune initiative ; au contraire, il faut même souvent explorer voire dépasser ses limites pour mieux se connaître et savoir jusqu’où l’on peut aller. Certaines pertes de balle ou tirs manqués seront acceptables voire inévitables pour progresser. La question est de savoir ce que l’on met en œuvre pour ne pas toujours reproduire les mêmes erreurs ! Tout l’art de l’entraîneur est donc de faire prendre conscience à un individu ou à un groupe d’individus sa zone d’efficacité.
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