VINCENT COLLET LES SECRETS DU TECHNICIEN DES BLEUS
CYRILLE ELIEZER VANEROT GAËLLE SKRELA MONDIAL 1963 N°799 - FÉVRIER2014 - WWW.FFBB.COM
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
Patrick Gobbe / Presse Havraise
"L’HISTOIRE N’EST PAS FINIE" Propos recueillis par Julien Guérineau
Mon père a joué en Équipe de France B en 1948 ou 49. Il a arrêté sa carrière tôt, suite à une pneumonie et est devenu la cheville ouvrière du club de l’Amicale Laïque Montivilliers. Il n’a jamais été Président mais pour les gens de l’extérieur, il l’était. Une tribune porte son nom dans la salle et ce n’est pas cher payé. J’ai donné ma vie au basket mais il m’a tellement rendu. En termes d’exemplarité mon père est bien plus méritant. Et il faut associer ma mère à ce parcours. Quand j’étais gosse je me rappelle que le lundi on mangeait dans la cuisine. Et dans la cour il y avait 7-8 jeu de maillots que ma mère venait de laver et qui séchaient dehors. Le samedi j’allais à l’école le matin. Et le midi, impossible de manger tranquillement. Ça sonnait constamment à la porte : les gamins qui n’avaient pas regardé les horaires de convocation, les joueurs qui se garaient devant la maison puisque tous les départs avaient lieu de chez nous. Ensuite mon père prenait la direction de la salle : matches des jeunes, école de MiniBasket à 17h00, match des seniors le soir. Rebelote le dimanche. Il allait ouvrir la salle. Pas d’arbitre ? Il arbitrait, ce qui n’était pas bon signe pour les adversaires car il faut bien reconnaître qu’il était un peu chauvin. Tout le monde l’appelait Coco. Coco Collet. Je voyais mon père pendant les grandes vacances et à la salle. Bon, comme j’y étais souvent je le voyais beaucoup. J’ai une sœur qui a fait un rejet du basket. Elle était excédée. Mon père a aujourd’hui 87 ans et quand je prends des nouvelles, au bout d’une minute il me parle du match qu’il a vu la veille. Il a tout : BeIn Sport, Canal +… C’est sa raison de vivre. Mon fils Florian est pareil donc je n’ai aucun moyen de m’échapper… sauf avec ma femme.
Avec ses parents à Montivilliers
Musée du Basket
L’HOMMAGE AU PÈRE
L'équipe du SCM Le Mans en 1981-82
VINCENT COLLET
Face à Robert Smith en 1987 avec l'ASVEL
REPÈRES 1963 Naissance à Sainte-Adresse 1982 Champion de France avec Le Mans 2000 Nommé coach du MSB 2009 Nommé coach de l’Équipe de France
UNE JEUNESSE VICTORIEUSE
En septembre 2013, entre François Hollande, Valérie Fourneyron et Lionel Jospin (de dos)
10 BASKETBALLMAGAZINE
A Montivilliers j’ai eu la chance d’être dans une équipe de copains qui faisaient tout ensemble. Il n’y avait pas de consoles à l’époque et les vacances on les passait
Musée du Basket
Presse Sports / Lahalle
A 50 ans, Vincent Collet a tout gagné comme entraîneur dans le championnat de France. Coupe de France, Semaine des As, championnat. Et depuis l’été dernier, il s’est assuré une place dans l’histoire du basket français en guidant, pour la première fois, les Bleus au titre européen. L’apothéose pour un amoureux transi de notre sport. L’actuel entraîneur de la SIG revient sur un parcours qui l’a mené d’une petite ville de Haute-Normandie à la plus haute marche d’un podium continental. Passionnant.
2013 Champion d’Europe
FÉVRIER2014
11
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
Patrick Gobbe / Presse Havraise
"L’HISTOIRE N’EST PAS FINIE" Propos recueillis par Julien Guérineau
Mon père a joué en Équipe de France B en 1948 ou 49. Il a arrêté sa carrière tôt, suite à une pneumonie et est devenu la cheville ouvrière du club de l’Amicale Laïque Montivilliers. Il n’a jamais été Président mais pour les gens de l’extérieur, il l’était. Une tribune porte son nom dans la salle et ce n’est pas cher payé. J’ai donné ma vie au basket mais il m’a tellement rendu. En termes d’exemplarité mon père est bien plus méritant. Et il faut associer ma mère à ce parcours. Quand j’étais gosse je me rappelle que le lundi on mangeait dans la cuisine. Et dans la cour il y avait 7-8 jeu de maillots que ma mère venait de laver et qui séchaient dehors. Le samedi j’allais à l’école le matin. Et le midi, impossible de manger tranquillement. Ça sonnait constamment à la porte : les gamins qui n’avaient pas regardé les horaires de convocation, les joueurs qui se garaient devant la maison puisque tous les départs avaient lieu de chez nous. Ensuite mon père prenait la direction de la salle : matches des jeunes, école de MiniBasket à 17h00, match des seniors le soir. Rebelote le dimanche. Il allait ouvrir la salle. Pas d’arbitre ? Il arbitrait, ce qui n’était pas bon signe pour les adversaires car il faut bien reconnaître qu’il était un peu chauvin. Tout le monde l’appelait Coco. Coco Collet. Je voyais mon père pendant les grandes vacances et à la salle. Bon, comme j’y étais souvent je le voyais beaucoup. J’ai une sœur qui a fait un rejet du basket. Elle était excédée. Mon père a aujourd’hui 87 ans et quand je prends des nouvelles, au bout d’une minute il me parle du match qu’il a vu la veille. Il a tout : BeIn Sport, Canal +… C’est sa raison de vivre. Mon fils Florian est pareil donc je n’ai aucun moyen de m’échapper… sauf avec ma femme.
Avec ses parents à Montivilliers
Musée du Basket
L’HOMMAGE AU PÈRE
L'équipe du SCM Le Mans en 1981-82
VINCENT COLLET
Face à Robert Smith en 1987 avec l'ASVEL
REPÈRES 1963 Naissance à Sainte-Adresse 1982 Champion de France avec Le Mans 2000 Nommé coach du MSB 2009 Nommé coach de l’Équipe de France
UNE JEUNESSE VICTORIEUSE
En septembre 2013, entre François Hollande, Valérie Fourneyron et Lionel Jospin (de dos)
10 BASKETBALLMAGAZINE
A Montivilliers j’ai eu la chance d’être dans une équipe de copains qui faisaient tout ensemble. Il n’y avait pas de consoles à l’époque et les vacances on les passait
Musée du Basket
Presse Sports / Lahalle
A 50 ans, Vincent Collet a tout gagné comme entraîneur dans le championnat de France. Coupe de France, Semaine des As, championnat. Et depuis l’été dernier, il s’est assuré une place dans l’histoire du basket français en guidant, pour la première fois, les Bleus au titre européen. L’apothéose pour un amoureux transi de notre sport. L’actuel entraîneur de la SIG revient sur un parcours qui l’a mené d’une petite ville de Haute-Normandie à la plus haute marche d’un podium continental. Passionnant.
2013 Champion d’Europe
FÉVRIER2014
11
Musée du Basket
LA SIGNATURE AU SCM
Le SCM champion de France en 1982
à la salle. Mes parents avaient la clé et nous n’étions pas victimes des nombreux gardiens qui empêchent aujourd’hui les gosses d’entrer dans les gymnases. Je dois beaucoup à Antoine Pisan, le père de Pascal et de Dominique. Il venait d’Oran et il était vraiment en avance sur l’apprentissage. C’est lui qui m’a appris le basket Il avait dit au maire que la chance de Montivilliers c’est que la salle était toujours ouverte. Pendant les vacances on faisait des matches en 300 points. Quand je suis parti, 3-4 de mes coéquipiers ont continué à jouer en Nationale 2. Nous avons été champions de France minimes en 1978 avec Gérard Talbot, un copain de mon père. La rivalité c’était avec Denain de Valéry Demory et Jean-Louis Hersin qu’on bat en minimes et en juniors mais qui nous élimine en cadets. Ce sont des souvenirs inoubliables qui te donnent goût à la victoire. J’ai dû perdre quatre ou cinq matches entre benjamins et juniors.
LE RÊVE AMÉRICAIN Carmine Calzonetti venait de St. John’s, l’école de Lou Carnesecca. C’était un formidable meneur gaucher qui jouait à l’ABC Nantes. Il est rentré coacher en
12 BASKETBALLMAGAZINE
"MES PARENTS M’AVAIENT CACHÉ QU’EN CADETS PREMIÈRE ANNÉE, JEAN GALLE VOULAIT ME RECRUTER POUR JOUER À CAEN. MON PÈRE NE M’EN A PAS PARLÉ. IL SAVAIT SANS DOUTE QUE J’AURAIS FUGUÉ ! LE BASKET C’ÉTAIT MA VIE."
université américaine mais participait aux camps SEJ de Jacky Chazalon. C’est lui qui dirigeait la manœuvre et qui nous introduisait aux fondamentaux américains. J’ai découvert des films sur St. John’s, Dean Smith, Bobby Knight et Dr. J des Sixers à la cinémathèque d’Istres Je commandais des matches NBA sur cassette
via la société Pontel. Le premier match NBA que j’ai vu c’est en 1980. Antenne 2 avait passé, en juillet, les matches 5 et 6 de la finale NBA Lakers-Sixers. Mon livre de chevet c’était "Ce Fabuleux Basket Américain." Je le connaissais par cœur. Peut-être mieux que son auteur, Thierry Bretagne. J’avais fait de Wilt Chamberlain
En 1980, comme tous les ans, mes parents m’emmènent voir le Tournoi de Noël à Paris, à Coubertin. Le SCM Le Mans souhaite me voir et profite de ce que je suis à Paris pour me convoquer un lundi matin. Le kiné du SCM, Marc Veaudor, qui est celui de l’Équipe de France, m’emmène au Mans le dimanche soir à la fin du tournoi et me dépose à l’hôtel. Comme je suis un peu timide je n’ose pas lui dire que je n’ai pas dîné et le lendemain matin je suis presque à jeun pour le test. Ce n’est pas l’idéal mais j’avais tellement envie d’y arriver ! Le basket n’était pas pro à l’époque. Je travaillais bien à l’école et mon grandpère, dont l’avis comptait beaucoup dans la famille, n’était pas d’accord avec mes parents qui me laissaient vivre ma passion à fond. Par contre ils m’avaient quand même caché qu’en cadets première année, Jean Galle voulait me recruter pour jouer à Caen. Mon père ne m’en a pas parlé. Il savait sans doute que j’aurais fugué ! Le basket c’était ma vie. Au Mans je ne touchais pas de salaire. J’avais les primes de match et des tickets restaurant. Mais j’étais tellement heureux de jouer au meilleur niveau avec des forts joueurs et des mecs que j’appréciais : les frères Beugnot, Jacky Lamothe, Bob Wymbs. On se voit toujours. Cette équipe du SCM avait vraiment quelque chose de spécial. C’est par exemple Patrice Fresnais et Catherine, sa compagne, qui m’ont permis de m’intégrer au Mans. Il n’y
Avec l'Équipe de France A' en 1985 à Coubertin
avait pas de centre de formation donc à 18 ans tu te retrouvais livré à toi-même. Ce sont les anciens qui s’occupaient de toi. J’en ai vraiment bénéficié et cela a compté dans la suite de ma carrière car j’ai essayé de faire pareil avec les jeunes et les Américains pour les guider.
LE MODÈLE CACHEMIRE Quand Jacques Cachemire est arrivé en Métropole pour faire son armée à Rouen, il évoluait avec l’ASPTT. Il affrontait l’équipe 2 de Montivilliers. On a vite repéré ce joueur qui sautait dans tous les sens et Cachemire est venu renforcer l’ALM en Nationale 2. Il lui fallait un endroit pour loger le week-end et il a fini chez mes parents. J’avais cinq ans. A Montivilliers nous avions également Jean-Pierre Galais, un excellent meneur qui compte une sélection en Équipe de France. Il ne mesurait qu’1,75 m mais nous cherchions tous à copier sa technique et son adresse exceptionnelles. Il évoluait avec le Bataillon de Joinville coaché par André Buffière. C’est comme ça que Buffière l’a repéré et qu’a débuté l’histoire Cachemire. A la maison c’était un Dieu vivant. Mes parents l’aimaient beaucoup et étaient très fiers de l’avoir vu réussir. Quand on m’a proposé qu’il remette les maillots avant les Jeux Olympiques, cela avait pour moi une double signification puisque c’était un grand joueur et qu’il a bercé mon enfance. Avoir la culture de son sport c’est extrêmement important. Et je trouve qu’en Équipe de France nous sommes plutôt bien lotis. Des joueurs comme Nicolas Batum, Nando De Colo,
JF Molliere / FFBB
mon idole, alors que je ne le connaissais pas. J’étais fan des Celtics. Les Américains m’ont impacté lors de mon arrivée en N1. C’était des joueurs qui avaient quelque chose en plus : Bill Cain, Floyd Allen, Tom Scheffler, Norris Bell, Willie Redden. Des joueurs exceptionnels. La caractéristique NBA de l’Équipe de France il ne fallait surtout pas en faire un obstacle. Qu’il y ait des choses à ajuster ne concernait pas que les joueurs NBA. Simplement il fallait se mettre en phase avec le jeu européen. Boris Diaw a toujours été dans les standards européens alors que des joueurs qui évoluent en France ne le sont pas. Nous avions un retard en matière de culture de jeu que l’on n’a pas encore totalement comblé. Si on veut rester au sommet il faut y arriver, sinon nous aurons du mal à gérer l’après Tony Parker. L’objectif est d’avoir, comme l’Espagne, un réservoir de 30 joueurs qui sont tous nourris aux standards européens.
Musée du Basket
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
En 1990, contre Paris et Freddy Hufnagel
Boris Diaw ou Tony Parker connaissent l’histoire du basket. C’est aussi la marque des grands joueurs. Quand tu n’a pas un minimum de passion pour ton sport, c’est compliqué. Il y a du travail à faire là-dessus car la connaissance de l’histoire c’est aussi la connaissance du jeu.
FÉVRIER2014 13
Musée du Basket
LA SIGNATURE AU SCM
Le SCM champion de France en 1982
à la salle. Mes parents avaient la clé et nous n’étions pas victimes des nombreux gardiens qui empêchent aujourd’hui les gosses d’entrer dans les gymnases. Je dois beaucoup à Antoine Pisan, le père de Pascal et de Dominique. Il venait d’Oran et il était vraiment en avance sur l’apprentissage. C’est lui qui m’a appris le basket Il avait dit au maire que la chance de Montivilliers c’est que la salle était toujours ouverte. Pendant les vacances on faisait des matches en 300 points. Quand je suis parti, 3-4 de mes coéquipiers ont continué à jouer en Nationale 2. Nous avons été champions de France minimes en 1978 avec Gérard Talbot, un copain de mon père. La rivalité c’était avec Denain de Valéry Demory et Jean-Louis Hersin qu’on bat en minimes et en juniors mais qui nous élimine en cadets. Ce sont des souvenirs inoubliables qui te donnent goût à la victoire. J’ai dû perdre quatre ou cinq matches entre benjamins et juniors.
LE RÊVE AMÉRICAIN Carmine Calzonetti venait de St. John’s, l’école de Lou Carnesecca. C’était un formidable meneur gaucher qui jouait à l’ABC Nantes. Il est rentré coacher en
12 BASKETBALLMAGAZINE
"MES PARENTS M’AVAIENT CACHÉ QU’EN CADETS PREMIÈRE ANNÉE, JEAN GALLE VOULAIT ME RECRUTER POUR JOUER À CAEN. MON PÈRE NE M’EN A PAS PARLÉ. IL SAVAIT SANS DOUTE QUE J’AURAIS FUGUÉ ! LE BASKET C’ÉTAIT MA VIE."
université américaine mais participait aux camps SEJ de Jacky Chazalon. C’est lui qui dirigeait la manœuvre et qui nous introduisait aux fondamentaux américains. J’ai découvert des films sur St. John’s, Dean Smith, Bobby Knight et Dr. J des Sixers à la cinémathèque d’Istres Je commandais des matches NBA sur cassette
via la société Pontel. Le premier match NBA que j’ai vu c’est en 1980. Antenne 2 avait passé, en juillet, les matches 5 et 6 de la finale NBA Lakers-Sixers. Mon livre de chevet c’était "Ce Fabuleux Basket Américain." Je le connaissais par cœur. Peut-être mieux que son auteur, Thierry Bretagne. J’avais fait de Wilt Chamberlain
En 1980, comme tous les ans, mes parents m’emmènent voir le Tournoi de Noël à Paris, à Coubertin. Le SCM Le Mans souhaite me voir et profite de ce que je suis à Paris pour me convoquer un lundi matin. Le kiné du SCM, Marc Veaudor, qui est celui de l’Équipe de France, m’emmène au Mans le dimanche soir à la fin du tournoi et me dépose à l’hôtel. Comme je suis un peu timide je n’ose pas lui dire que je n’ai pas dîné et le lendemain matin je suis presque à jeun pour le test. Ce n’est pas l’idéal mais j’avais tellement envie d’y arriver ! Le basket n’était pas pro à l’époque. Je travaillais bien à l’école et mon grandpère, dont l’avis comptait beaucoup dans la famille, n’était pas d’accord avec mes parents qui me laissaient vivre ma passion à fond. Par contre ils m’avaient quand même caché qu’en cadets première année, Jean Galle voulait me recruter pour jouer à Caen. Mon père ne m’en a pas parlé. Il savait sans doute que j’aurais fugué ! Le basket c’était ma vie. Au Mans je ne touchais pas de salaire. J’avais les primes de match et des tickets restaurant. Mais j’étais tellement heureux de jouer au meilleur niveau avec des forts joueurs et des mecs que j’appréciais : les frères Beugnot, Jacky Lamothe, Bob Wymbs. On se voit toujours. Cette équipe du SCM avait vraiment quelque chose de spécial. C’est par exemple Patrice Fresnais et Catherine, sa compagne, qui m’ont permis de m’intégrer au Mans. Il n’y
Avec l'Équipe de France A' en 1985 à Coubertin
avait pas de centre de formation donc à 18 ans tu te retrouvais livré à toi-même. Ce sont les anciens qui s’occupaient de toi. J’en ai vraiment bénéficié et cela a compté dans la suite de ma carrière car j’ai essayé de faire pareil avec les jeunes et les Américains pour les guider.
LE MODÈLE CACHEMIRE Quand Jacques Cachemire est arrivé en Métropole pour faire son armée à Rouen, il évoluait avec l’ASPTT. Il affrontait l’équipe 2 de Montivilliers. On a vite repéré ce joueur qui sautait dans tous les sens et Cachemire est venu renforcer l’ALM en Nationale 2. Il lui fallait un endroit pour loger le week-end et il a fini chez mes parents. J’avais cinq ans. A Montivilliers nous avions également Jean-Pierre Galais, un excellent meneur qui compte une sélection en Équipe de France. Il ne mesurait qu’1,75 m mais nous cherchions tous à copier sa technique et son adresse exceptionnelles. Il évoluait avec le Bataillon de Joinville coaché par André Buffière. C’est comme ça que Buffière l’a repéré et qu’a débuté l’histoire Cachemire. A la maison c’était un Dieu vivant. Mes parents l’aimaient beaucoup et étaient très fiers de l’avoir vu réussir. Quand on m’a proposé qu’il remette les maillots avant les Jeux Olympiques, cela avait pour moi une double signification puisque c’était un grand joueur et qu’il a bercé mon enfance. Avoir la culture de son sport c’est extrêmement important. Et je trouve qu’en Équipe de France nous sommes plutôt bien lotis. Des joueurs comme Nicolas Batum, Nando De Colo,
JF Molliere / FFBB
mon idole, alors que je ne le connaissais pas. J’étais fan des Celtics. Les Américains m’ont impacté lors de mon arrivée en N1. C’était des joueurs qui avaient quelque chose en plus : Bill Cain, Floyd Allen, Tom Scheffler, Norris Bell, Willie Redden. Des joueurs exceptionnels. La caractéristique NBA de l’Équipe de France il ne fallait surtout pas en faire un obstacle. Qu’il y ait des choses à ajuster ne concernait pas que les joueurs NBA. Simplement il fallait se mettre en phase avec le jeu européen. Boris Diaw a toujours été dans les standards européens alors que des joueurs qui évoluent en France ne le sont pas. Nous avions un retard en matière de culture de jeu que l’on n’a pas encore totalement comblé. Si on veut rester au sommet il faut y arriver, sinon nous aurons du mal à gérer l’après Tony Parker. L’objectif est d’avoir, comme l’Espagne, un réservoir de 30 joueurs qui sont tous nourris aux standards européens.
Musée du Basket
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
En 1990, contre Paris et Freddy Hufnagel
Boris Diaw ou Tony Parker connaissent l’histoire du basket. C’est aussi la marque des grands joueurs. Quand tu n’a pas un minimum de passion pour ton sport, c’est compliqué. Il y a du travail à faire là-dessus car la connaissance de l’histoire c’est aussi la connaissance du jeu.
FÉVRIER2014 13
AUX PORTES DES BLEUS J’ai joué en Équipe de France A’. Je me rappelle très bien que nous devions partir en tournée au Mozambique en 1985 et que la tournée avait été annulée du fait des troubles sur place. En revanche on avait affronté la République Tchèque de Brabenec, Pospisil à Jouy-en-Josas et nous avions failli gagner. En 1984 Jean Luent m’avait pré-sélectionné avant les Jeux Olympiques et écarté, très justement, au profit de Patrick Cham. En 1988, suite à une cascade de blessures, mon nom avait été évoqué mais Jean Galle avait finalement rappelé Jacques Monclar. J’y serais allé en marchant sur les mains.
En 2003, avec Jérôme Moïso
14 BASKETBALLMAGAZINE
Bellenger / IS / FFBB
UNE VOCATION PRÉCOCE Très vite j’ai su que j’allais entraîner. De 15 ans à 18 ans je participais comme joueur aux camps de Jacky Chazalon, les SEJ (Sport Elite Jeunes). Quand j’ai signé au Mans en 1981 j’ai même réussi l’exploit de passer trois semaines à Font-Romeu pour un stage avec l’Équipe de France juniors puis d’enchaîner sur une semaine à SEJ à Istres car j’avais réservé avant de savoir que j’allais être sélectionné. L’année
suivante Jacky m’a demandé de revenir… mais comme moniteur. J’ai fait ça pendant presque 20 ans ! C’est là que j’ai fait mes premières armes. J’ai passé le tronc commun du brevet d’état premier degré à 26 ans, en 1989 puis le spécifique en 1991 en juin, ce qui m’avait permis de jouer les playoffs avec Le Mans. Dans la foulée j’ai eu le tronc commun du BE2 en 1993 et le spécifique en 1994. J’ai toujours pensé que le diplôme ne faisait pas l’entraîneur. Plus que le diplôme c’est le chemin qui compte. Je ne voulais pas de session spéciale et de toute façon il n’en existait pas vraiment à l’époque. La chance que j’ai eue en les passant c’est d’avoir dû faire des efforts. Beaucoup d’efforts. Et c’était apprécié dans les jurys. Au début de ma carrière de joueurs je notais beaucoup de choses. Après moins. Quand j’ai commencé à entraîner j’ai beaucoup utilisé des exercices de Kenny Grant. Il était très précis, notamment sur ses principes d’attaque de zone. Bob Purkhiser, lui, faisait beaucoup d’entraînements basés sur le jeu : des un contre un, deux contre deux, tout terrain ! Des trois-trois sans dribble. Quand tu finis tu appelles le SAMU. Tom Becker préparait très bien ses matches et était en avance sur son temps. Je notais aussi les choses que je ne voulais pas reproduire. Sur certains exercices je me disais que le but recherché n’était pas atteint.
18 ANS DE CARRIÈRE Au Mans je m’étais inscrit en Langues Etrangères Appliquées à l’université. Ensuite j’avais demandé à faire une formation chef de rayons aux Comptoirs Modernes. En 1983, Montivilliers est remonté en Nationale 2 et j’ai eu envie de revenir. C’est pour ça que je suis touché par l’histoire de la JSF Nanterre et de Pascal Donnadieu. Quand j’étais gamin je rêvais de monter en Nationale 1 avec Montivilliers. Avec les copains on gagnait tout le temps donc on pensait faire la même chose au-dessus. Après le décès de Bob Purkhiser j’avais moins joué lors de ma deuxième saison au Mans. Donc j’ai pensé rentrer. Nous avions rencontré Christian Baltzer avec mon père et très calme il nous avait dit : si je pensais que c’est une bonne idée, je laisserais Vincent partir. En gage de bonne foi il m’avait donné une lettre de sortie pour l’année suivante. En 1985 Le Mans connaît des difficultés. Après les Beugnot, Stéphane Ostroswki quitte le club. Il est question que Bob Wymbs s’en aille pour Caen où Jacky
Presse Sports / Luttiau
J’ai souvent eu l’occasion de croiser de nouveau Cachemire. En 1979, je suis en Équipe de France cadets. Nous sommes en stage à côté de Toulouse. 12 joueurs sont retenus pour aller à un colloque d’entraîneurs organisé par la FFBB où l’intervenant principal est Alexander Gomelski, le coach de l’URSS championne d’Europe. Avec les cadets nous allons faire les cobayes avec quelques autres joueurs dont Cachemire. On nous avait dit : vous allez voir, c’est tranquille, au colloque ils ne font que parler. En fait il nous a massacrés avec notamment une explication de zone press faite sur un terrain de football ! A chaque fois que Gomeslki nous montrait un exercice, Cachemire me prenait à part pour le répéter. Et en 79 il était à son apogée. C’était un grand travailleur, extrêmement exigeant. Un précurseur. Ça m’avait marqué. La première fois que j’ai vraiment eu du temps de jeu dans un match important, c’était face à Tours, au Mans. Je n’aurais pas dû rentrer mais une bagarre avait éclaté entre Eric Beugnot et Wilbur Holland. Dans la mêlée, Greg Beugnot était venu au secours d’Eric et tous les deux s’étaient fait sortir. Je suis rentré à la 12e minute et je ne suis plus sorti. En face il y avait Jacques Cachemire qui est tout de suite venu me presser.
En 2006, avec Nicolas Batum en Euroleague
"LA FACILITÉ AURAIT ÉTÉ DE GAGNER ET DE DIRE STOP. MAIS C’ÉTAIT PETIT BRAS. JE SAIS QUE C’EST SE REMETTRE EN DANGER QUE DE CONTINUER MAIS CE GROUPE EST UN GROUPE À PART, SPORTIVEMENT ET HUMAINEMENT."
Lamothe devient coach. Ça traîne un peu et je rencontre Jacky qui me propose de venir. Ça tombe bien, j’ai une lettre de sortie en main, qui n’était pas destinée à ça. Le Mans voulait me confier le capitanat et cela a provoqué quelques remous. Je n’avais pas été très clair et je m’étais laissé convaincre par amitié. L’année n’a pas été très positive et nous avons d’ailleurs fini la saison sans être payés lors des quatre derniers mois. Alain Gilles me propose ensuite de rejoindre l’ASVEL en 1986. A la base c’était pour être la doublure de Jacques Monclar. Finalement
Jacques est parti et je me suis retrouvé premier meneur. Ces années à l’ASVEL (1986-90) sont les meilleures de ma carrière de basketteur. Celles de la maturité. Je suis ensuite retournée au Mans (199094) puis j’ai signé au STB Le Havre, coaché par Richard Billant en Pro B afin de retrouver du temps de jeu. En 1998, au Mans, Bob Sudre quitte le MSB pour la FFBB. Christian Baltzer et Alain Weisz ont pris trois jours pour choisir un assistant. C’est mon nom qui est sorti. Christian me connaissait depuis longtemps et Alain avait été mon examinateur à plusieurs
Presse Sports / Luttiau
En 2000, avec le MSB
JF Molliere / FFBB
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
En février 2006, avec Jermaine Guice
épreuves du BE2 et notamment l’épreuve d’info. Il m’avait mis 19/20 je crois et il avait voulu me faire venir comme joueur quand il entraînait Sceaux. Il me restait un an de contrat au Havre mais le club a été sympa. Je voyais bien qu’à 35 ans la fin était proche et que si je me faisais plaisir, ce n’était pas mon avenir. Je voulais rebondir et je souhaitais être assistant. Mais pas de n’importe qui. Je n’avais pas de plan de carrière précis et je pensais d’ailleurs rester assistant d’Alain bien plus longtemps que je ne l’ai été. C’est l’opportunité qui s’est présentée lorsqu’il est appelé en Équipe de France en 2000. Il m’avait prévenu qu’il allait militer pour que je prenne la suite. L’autre grand responsable c’est Christian Baltzer, le Président, qui a fait ce choix contre la vox populi.
FÉVRIER2014 15
AUX PORTES DES BLEUS J’ai joué en Équipe de France A’. Je me rappelle très bien que nous devions partir en tournée au Mozambique en 1985 et que la tournée avait été annulée du fait des troubles sur place. En revanche on avait affronté la République Tchèque de Brabenec, Pospisil à Jouy-en-Josas et nous avions failli gagner. En 1984 Jean Luent m’avait pré-sélectionné avant les Jeux Olympiques et écarté, très justement, au profit de Patrick Cham. En 1988, suite à une cascade de blessures, mon nom avait été évoqué mais Jean Galle avait finalement rappelé Jacques Monclar. J’y serais allé en marchant sur les mains.
En 2003, avec Jérôme Moïso
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Bellenger / IS / FFBB
UNE VOCATION PRÉCOCE Très vite j’ai su que j’allais entraîner. De 15 ans à 18 ans je participais comme joueur aux camps de Jacky Chazalon, les SEJ (Sport Elite Jeunes). Quand j’ai signé au Mans en 1981 j’ai même réussi l’exploit de passer trois semaines à Font-Romeu pour un stage avec l’Équipe de France juniors puis d’enchaîner sur une semaine à SEJ à Istres car j’avais réservé avant de savoir que j’allais être sélectionné. L’année
suivante Jacky m’a demandé de revenir… mais comme moniteur. J’ai fait ça pendant presque 20 ans ! C’est là que j’ai fait mes premières armes. J’ai passé le tronc commun du brevet d’état premier degré à 26 ans, en 1989 puis le spécifique en 1991 en juin, ce qui m’avait permis de jouer les playoffs avec Le Mans. Dans la foulée j’ai eu le tronc commun du BE2 en 1993 et le spécifique en 1994. J’ai toujours pensé que le diplôme ne faisait pas l’entraîneur. Plus que le diplôme c’est le chemin qui compte. Je ne voulais pas de session spéciale et de toute façon il n’en existait pas vraiment à l’époque. La chance que j’ai eue en les passant c’est d’avoir dû faire des efforts. Beaucoup d’efforts. Et c’était apprécié dans les jurys. Au début de ma carrière de joueurs je notais beaucoup de choses. Après moins. Quand j’ai commencé à entraîner j’ai beaucoup utilisé des exercices de Kenny Grant. Il était très précis, notamment sur ses principes d’attaque de zone. Bob Purkhiser, lui, faisait beaucoup d’entraînements basés sur le jeu : des un contre un, deux contre deux, tout terrain ! Des trois-trois sans dribble. Quand tu finis tu appelles le SAMU. Tom Becker préparait très bien ses matches et était en avance sur son temps. Je notais aussi les choses que je ne voulais pas reproduire. Sur certains exercices je me disais que le but recherché n’était pas atteint.
18 ANS DE CARRIÈRE Au Mans je m’étais inscrit en Langues Etrangères Appliquées à l’université. Ensuite j’avais demandé à faire une formation chef de rayons aux Comptoirs Modernes. En 1983, Montivilliers est remonté en Nationale 2 et j’ai eu envie de revenir. C’est pour ça que je suis touché par l’histoire de la JSF Nanterre et de Pascal Donnadieu. Quand j’étais gamin je rêvais de monter en Nationale 1 avec Montivilliers. Avec les copains on gagnait tout le temps donc on pensait faire la même chose au-dessus. Après le décès de Bob Purkhiser j’avais moins joué lors de ma deuxième saison au Mans. Donc j’ai pensé rentrer. Nous avions rencontré Christian Baltzer avec mon père et très calme il nous avait dit : si je pensais que c’est une bonne idée, je laisserais Vincent partir. En gage de bonne foi il m’avait donné une lettre de sortie pour l’année suivante. En 1985 Le Mans connaît des difficultés. Après les Beugnot, Stéphane Ostroswki quitte le club. Il est question que Bob Wymbs s’en aille pour Caen où Jacky
Presse Sports / Luttiau
J’ai souvent eu l’occasion de croiser de nouveau Cachemire. En 1979, je suis en Équipe de France cadets. Nous sommes en stage à côté de Toulouse. 12 joueurs sont retenus pour aller à un colloque d’entraîneurs organisé par la FFBB où l’intervenant principal est Alexander Gomelski, le coach de l’URSS championne d’Europe. Avec les cadets nous allons faire les cobayes avec quelques autres joueurs dont Cachemire. On nous avait dit : vous allez voir, c’est tranquille, au colloque ils ne font que parler. En fait il nous a massacrés avec notamment une explication de zone press faite sur un terrain de football ! A chaque fois que Gomeslki nous montrait un exercice, Cachemire me prenait à part pour le répéter. Et en 79 il était à son apogée. C’était un grand travailleur, extrêmement exigeant. Un précurseur. Ça m’avait marqué. La première fois que j’ai vraiment eu du temps de jeu dans un match important, c’était face à Tours, au Mans. Je n’aurais pas dû rentrer mais une bagarre avait éclaté entre Eric Beugnot et Wilbur Holland. Dans la mêlée, Greg Beugnot était venu au secours d’Eric et tous les deux s’étaient fait sortir. Je suis rentré à la 12e minute et je ne suis plus sorti. En face il y avait Jacques Cachemire qui est tout de suite venu me presser.
En 2006, avec Nicolas Batum en Euroleague
"LA FACILITÉ AURAIT ÉTÉ DE GAGNER ET DE DIRE STOP. MAIS C’ÉTAIT PETIT BRAS. JE SAIS QUE C’EST SE REMETTRE EN DANGER QUE DE CONTINUER MAIS CE GROUPE EST UN GROUPE À PART, SPORTIVEMENT ET HUMAINEMENT."
Lamothe devient coach. Ça traîne un peu et je rencontre Jacky qui me propose de venir. Ça tombe bien, j’ai une lettre de sortie en main, qui n’était pas destinée à ça. Le Mans voulait me confier le capitanat et cela a provoqué quelques remous. Je n’avais pas été très clair et je m’étais laissé convaincre par amitié. L’année n’a pas été très positive et nous avons d’ailleurs fini la saison sans être payés lors des quatre derniers mois. Alain Gilles me propose ensuite de rejoindre l’ASVEL en 1986. A la base c’était pour être la doublure de Jacques Monclar. Finalement
Jacques est parti et je me suis retrouvé premier meneur. Ces années à l’ASVEL (1986-90) sont les meilleures de ma carrière de basketteur. Celles de la maturité. Je suis ensuite retournée au Mans (199094) puis j’ai signé au STB Le Havre, coaché par Richard Billant en Pro B afin de retrouver du temps de jeu. En 1998, au Mans, Bob Sudre quitte le MSB pour la FFBB. Christian Baltzer et Alain Weisz ont pris trois jours pour choisir un assistant. C’est mon nom qui est sorti. Christian me connaissait depuis longtemps et Alain avait été mon examinateur à plusieurs
Presse Sports / Luttiau
En 2000, avec le MSB
JF Molliere / FFBB
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
En février 2006, avec Jermaine Guice
épreuves du BE2 et notamment l’épreuve d’info. Il m’avait mis 19/20 je crois et il avait voulu me faire venir comme joueur quand il entraînait Sceaux. Il me restait un an de contrat au Havre mais le club a été sympa. Je voyais bien qu’à 35 ans la fin était proche et que si je me faisais plaisir, ce n’était pas mon avenir. Je voulais rebondir et je souhaitais être assistant. Mais pas de n’importe qui. Je n’avais pas de plan de carrière précis et je pensais d’ailleurs rester assistant d’Alain bien plus longtemps que je ne l’ai été. C’est l’opportunité qui s’est présentée lorsqu’il est appelé en Équipe de France en 2000. Il m’avait prévenu qu’il allait militer pour que je prenne la suite. L’autre grand responsable c’est Christian Baltzer, le Président, qui a fait ce choix contre la vox populi.
FÉVRIER2014 15
"QUAND ON PREND UNE ÉQUIPE ON ÉVALUE SON GROUPE. MAIS LES JOUEURS AUSSI T’ÉVALUENT. ET EN ÉQUIPE DE FRANCE ENCORE PLUS. FLORENT PIETRUS, BORIS DIAW OU TONY PARKER SONT LES MAÎTRES DES LIEUX DONC IL FAUT ÊTRE À LA HAUTEUR PARCE QU’ILS VONT TE JUGER."
Champion de France 2009 avec l'ASVEL, avec Benjamin Dewar, Ali Traore et Pierre Tavano
Presse Sports / Mao
Je me souviens qu’à la suite de la victoire sur la Russie en quart de finale, un journaliste de BasketNews vient me voir pour évoquer la gestion parfaite de l’Euro par Alain Weisz. Prudent, je lui dis que nous attendrons la fin mais que je le ferai volontiers. Quand on voit la suite… Comme souvent il y a une forme d’injustice. J’y ai beaucoup pensé cette année quand nous étions dans la difficulté. Moi j’ai eu la chance d’avoir un groupe à maturité. Flo, Tony et Boris n’avaient pas, à l’époque, la capacité à avoir un vrai impact sur le groupe. Je ne suis pas loin de croire, et quand j’en parle avec Tony Parker il est d’accord, que c’est la plus forte Équipe de France de ces dernières années en termes de potentiel, avec 2011. Laurent Foirest brillait avec Vitoria, Tariq Abdul-Wahad était très fort, Jérôme Moïso pouvait être exceptionnel. Nous avions été effarants contre l’Italie en poule. Toutes les équipes ont haussé le ton depuis mais en 2003 notre niveau défensif était unique. Nous étions les seuls à pouvoir proposer ça. En demi-finale on mène encore 70-65 à quatre minutes de la fin avant de prendre un 0-9 avec une succession de coups de sifflet favorable à la Lituanie. Alain Weisz avait une perception remarquable de la situation. Il savait parfaitement ce qu’il risquait depuis le début. Mais il voulait gagner et savait qu’en allant à l’Euro avec une équipe moyenne, tout se passerait parfaitement mais on ne gagnerait pas. Les joueurs voulaient être champions d’Europe et n’ont pas su rebondir. Alain avait tellement anticipé qu’il avait évoqué la question avant même la demi-finale afin d’imprimer cette idée dans les têtes. Cet épisode m’a marqué et fait partie de ce qu’on réalise cette année. Boris l’a très bien exprimé en disant que la victoire s’appuyait sur les souffrances précédentes.
Presse Sports / Lablatinière
LE TRAUMATISME DE L’EURO 2003
Semaine des AS 2010, avec Gilles Moreton et Laurent Foirest
16 BASKETBALLMAGAZINE
Même si je n’étais pas en première ligne en 2003, j’étais quand même dans le mauvais wagon. L’Équipe de France je voulais y servir Alain Weisz à qui je dois beaucoup. Nous sortions par la petite porte et je n’y pensais plus particulièrement. On a commencé à parler de moi pour le poste en 2007. Mais je ne suis pas retenu. J’étais un fan intégral de Michel Gomez. Je pense qu’il a révolutionné le monde de l’entraînement en France. A Limoges ou Pau je voyais bien que
JF Molliere / FFBB / FIBA
Préparation du Mondial 2010, à New York
Steenkeste / FFBB
L’ARRIVÉE CHEZ LES BLEUS
A l'Euro 2011
FÉVRIER2014 17
"QUAND ON PREND UNE ÉQUIPE ON ÉVALUE SON GROUPE. MAIS LES JOUEURS AUSSI T’ÉVALUENT. ET EN ÉQUIPE DE FRANCE ENCORE PLUS. FLORENT PIETRUS, BORIS DIAW OU TONY PARKER SONT LES MAÎTRES DES LIEUX DONC IL FAUT ÊTRE À LA HAUTEUR PARCE QU’ILS VONT TE JUGER."
Champion de France 2009 avec l'ASVEL, avec Benjamin Dewar, Ali Traore et Pierre Tavano
Presse Sports / Mao
Je me souviens qu’à la suite de la victoire sur la Russie en quart de finale, un journaliste de BasketNews vient me voir pour évoquer la gestion parfaite de l’Euro par Alain Weisz. Prudent, je lui dis que nous attendrons la fin mais que je le ferai volontiers. Quand on voit la suite… Comme souvent il y a une forme d’injustice. J’y ai beaucoup pensé cette année quand nous étions dans la difficulté. Moi j’ai eu la chance d’avoir un groupe à maturité. Flo, Tony et Boris n’avaient pas, à l’époque, la capacité à avoir un vrai impact sur le groupe. Je ne suis pas loin de croire, et quand j’en parle avec Tony Parker il est d’accord, que c’est la plus forte Équipe de France de ces dernières années en termes de potentiel, avec 2011. Laurent Foirest brillait avec Vitoria, Tariq Abdul-Wahad était très fort, Jérôme Moïso pouvait être exceptionnel. Nous avions été effarants contre l’Italie en poule. Toutes les équipes ont haussé le ton depuis mais en 2003 notre niveau défensif était unique. Nous étions les seuls à pouvoir proposer ça. En demi-finale on mène encore 70-65 à quatre minutes de la fin avant de prendre un 0-9 avec une succession de coups de sifflet favorable à la Lituanie. Alain Weisz avait une perception remarquable de la situation. Il savait parfaitement ce qu’il risquait depuis le début. Mais il voulait gagner et savait qu’en allant à l’Euro avec une équipe moyenne, tout se passerait parfaitement mais on ne gagnerait pas. Les joueurs voulaient être champions d’Europe et n’ont pas su rebondir. Alain avait tellement anticipé qu’il avait évoqué la question avant même la demi-finale afin d’imprimer cette idée dans les têtes. Cet épisode m’a marqué et fait partie de ce qu’on réalise cette année. Boris l’a très bien exprimé en disant que la victoire s’appuyait sur les souffrances précédentes.
Presse Sports / Lablatinière
LE TRAUMATISME DE L’EURO 2003
Semaine des AS 2010, avec Gilles Moreton et Laurent Foirest
16 BASKETBALLMAGAZINE
Même si je n’étais pas en première ligne en 2003, j’étais quand même dans le mauvais wagon. L’Équipe de France je voulais y servir Alain Weisz à qui je dois beaucoup. Nous sortions par la petite porte et je n’y pensais plus particulièrement. On a commencé à parler de moi pour le poste en 2007. Mais je ne suis pas retenu. J’étais un fan intégral de Michel Gomez. Je pense qu’il a révolutionné le monde de l’entraînement en France. A Limoges ou Pau je voyais bien que
JF Molliere / FFBB / FIBA
Préparation du Mondial 2010, à New York
Steenkeste / FFBB
L’ARRIVÉE CHEZ LES BLEUS
A l'Euro 2011
FÉVRIER2014 17
JF Molliere / FFBB / FIBA
Bellenger / IS / FFBB
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
Avec Tony Parker à l'Euro 2013
J’ai lu lors de la présentation de l’Euro que j’étais le deuxième entraîneur au nombre de victoires à l’Euro derrière Robert Busnel. Il a encore quelques victoires d’avance sur moi (ndlr : 29 contre 25) mais puisque je vais faire le prochain en 2015, même si nous ne sommes pas bons, il devrait y avoir moyen de le rattraper (il sourit). Ça me fait plaisir bien sûr mais je relativise car ce sont des époques différentes. Je suis arrivé alors que l’Équipe de France est bien plus compétitive qu’à d’autres moments. Quand j’étais joueur Jean Galle a fait un pré-olympique avec une demi équipe. Nous n’avions parfois pas les meilleurs. Et il ne s’agissait pas de NBA… J’ai failli être sélectionné… c’est dire si ça descendait bas. Il est donc difficile de comparer. Ce qui est intéressant c’est la constance au niveau des résultats. Maintenant il faut continuer. Et puis le plus important ce sont les médailles, pas le pourcentage de victoires. Ce qu’on retient ce sont les titres et les podiums. En 2009 nous avons gagné 8 matches sur 9 à l’Euro et on termine cinquième alors que nous sommes champions en 2013 avec trois défaites. Tout est relatif.
Avec Joakim Noah à l'Euro 2011
18 BASKETBALLMAGAZINE
COACHING PARTICIPATIF Je parle beaucoup aux joueurs individuellement. J’ai appris d’Alain Weisz mais c’est aussi ma façon d’être. J’ai besoin de ces entretiens individuels en permanence. Un coach sert à ça : à guider. Et ça ne se fait pas par l’opération du Saint-Esprit. Bien sûr c’est fondamental de savoir comment défendre le pick n’roll, comment s’organiser, faire bouger la balle. Mais ce n’est rien si psychologiquement on ne sait pas conduire un groupe. Avec certains c’est plus facile et dès lors il peut s’agir d’un échange. Quand je mets de nouveaux systèmes en place, j’alerte des joueurs. Quand on modifie une défense pick n’roll, je discute avec Florent Pietrus. En attaque je parle à Tony Parker, Nicolas Batum. Ces joueurs ont des expériences de très haut niveau. Ne pas s’en servir c’est une erreur. Je ne me sens pas affaibli si l’idée vient d’eux. L’important c’est qu’à la fin nous avons tous la même. C’est aussi le fruit d’échanges avec d’autres coaches et notamment Claude Onesta qui fait ça depuis très longtemps. Il délègue la partie technique. Au basket cela me paraît plus compliqué mais la partie participative est intéressante. Il y a
30 ans le coach était dans sa tour d’ivoire avec des exécutants. Et nous étions demandeurs. Nous attendions la becquée. La formation tactique des joueurs est plus forte aujourd’hui. La participation des joueurs c’est l’assurance de leur investissement.
EN CHARGE JUSQU’EN 2016 JF Molliere / FFBB
ce mec-là avait de l’avance. A l’inverse, lors de sa nomination en 2008 cela fait 10 ans que je suis dans le métier et cela me paraît improbable de revenir sur le banc après plusieurs années d’inactivité. J’ai été virulent et c’était maladroit. Cela n’a pas plu à Jean-Pierre De Vincenzi. L’ASVEL m’a aidé et notamment Anthony Thiodet pour retrouver les Bleus. Je ne regrette pas d’être allé à Villeurbanne. La première année tenait de la lune de miel et c’est grâce à ce passage que j’arrive en Équipe de France. Je ne sais pas exactement comment mais j’en suis convaincu. Je suis arrivé sur la pointe des pieds. Quand on prend une équipe on évalue son groupe. Mais les joueurs aussi t’évaluent. Et en Équipe de France encore plus. Florent Pietrus, Boris Diaw ou Tony Parker sont les maîtres des lieux donc il faut être à la hauteur parce qu’ils vont te juger. Il y a le respect institutionnel du coach mais le vrai respect se gagne sur le terrain. D’ailleurs j’ai beaucoup trop travaillé cette première année. Avec le staff nous sommes moins fous désormais, moins stakhanovistes. A la fin de l’Euro 2009 j’étais dans un état déplorable. Et ce manque d’énergie est négatif pour ton club.
Cet été j’ai discuté avec Jacky Commères avant le quart de finale. Je lui ai dit que si nous perdions ce match, j’arrêterais. Après notre victoire, Patrick Beesley demande à me voir. Nous avions décidé
Vid Ponikvar/EXPA/PRESSE SPORTS
SA RÉUSSITE AVEC LES BLEUS
qu’on se donnerait un mois après l’Euro pour la réflexion. Mais il me propose de continuer afin de l’annoncer à l’issue de l’EuroBasket, quoi qu’il arrive. Je n’avais pas prévu ça. Je devais en parler avec ma femme car il faut tout peser : la vie familiale, l’impact sur le club où j’ai besoin de temps pour imprimer les choses avec mes groupes. La facilité aurait été de gagner et de dire stop. Mais c’était petit bras (il sourit). Je sais que c’est se remettre en danger que de continuer mais ce groupe est un groupe à part, sportivement et humainement. Et l’histoire n’est
pas finie. L’envie de retourner aux Jeux est immense. 2012 nous a laissé un goût d’inachevé avec une préparation tronquée. Nous étions tellement près… Et un podium olympique dans la vie d’un sportif c’est incomparable, même avec un Euro, au niveau de l’impact. Nous avons été fascinés par tout ce qui se passe aux Jeux. Jamais je n’oublierai notre entrée dans l’O2 Arena avec tous ces drapeaux français. Tu joues pour ton peuple. Je ne peux même pas en parler, il faut le vivre. Inoubliable. Une médaille olympique, j’en rêve !
FÉVRIER2014 19
JF Molliere / FFBB / FIBA
Bellenger / IS / FFBB
MA CARRIÈRE PAR VINCENT COLLET >
Avec Tony Parker à l'Euro 2013
J’ai lu lors de la présentation de l’Euro que j’étais le deuxième entraîneur au nombre de victoires à l’Euro derrière Robert Busnel. Il a encore quelques victoires d’avance sur moi (ndlr : 29 contre 25) mais puisque je vais faire le prochain en 2015, même si nous ne sommes pas bons, il devrait y avoir moyen de le rattraper (il sourit). Ça me fait plaisir bien sûr mais je relativise car ce sont des époques différentes. Je suis arrivé alors que l’Équipe de France est bien plus compétitive qu’à d’autres moments. Quand j’étais joueur Jean Galle a fait un pré-olympique avec une demi équipe. Nous n’avions parfois pas les meilleurs. Et il ne s’agissait pas de NBA… J’ai failli être sélectionné… c’est dire si ça descendait bas. Il est donc difficile de comparer. Ce qui est intéressant c’est la constance au niveau des résultats. Maintenant il faut continuer. Et puis le plus important ce sont les médailles, pas le pourcentage de victoires. Ce qu’on retient ce sont les titres et les podiums. En 2009 nous avons gagné 8 matches sur 9 à l’Euro et on termine cinquième alors que nous sommes champions en 2013 avec trois défaites. Tout est relatif.
Avec Joakim Noah à l'Euro 2011
18 BASKETBALLMAGAZINE
COACHING PARTICIPATIF Je parle beaucoup aux joueurs individuellement. J’ai appris d’Alain Weisz mais c’est aussi ma façon d’être. J’ai besoin de ces entretiens individuels en permanence. Un coach sert à ça : à guider. Et ça ne se fait pas par l’opération du Saint-Esprit. Bien sûr c’est fondamental de savoir comment défendre le pick n’roll, comment s’organiser, faire bouger la balle. Mais ce n’est rien si psychologiquement on ne sait pas conduire un groupe. Avec certains c’est plus facile et dès lors il peut s’agir d’un échange. Quand je mets de nouveaux systèmes en place, j’alerte des joueurs. Quand on modifie une défense pick n’roll, je discute avec Florent Pietrus. En attaque je parle à Tony Parker, Nicolas Batum. Ces joueurs ont des expériences de très haut niveau. Ne pas s’en servir c’est une erreur. Je ne me sens pas affaibli si l’idée vient d’eux. L’important c’est qu’à la fin nous avons tous la même. C’est aussi le fruit d’échanges avec d’autres coaches et notamment Claude Onesta qui fait ça depuis très longtemps. Il délègue la partie technique. Au basket cela me paraît plus compliqué mais la partie participative est intéressante. Il y a
30 ans le coach était dans sa tour d’ivoire avec des exécutants. Et nous étions demandeurs. Nous attendions la becquée. La formation tactique des joueurs est plus forte aujourd’hui. La participation des joueurs c’est l’assurance de leur investissement.
EN CHARGE JUSQU’EN 2016 JF Molliere / FFBB
ce mec-là avait de l’avance. A l’inverse, lors de sa nomination en 2008 cela fait 10 ans que je suis dans le métier et cela me paraît improbable de revenir sur le banc après plusieurs années d’inactivité. J’ai été virulent et c’était maladroit. Cela n’a pas plu à Jean-Pierre De Vincenzi. L’ASVEL m’a aidé et notamment Anthony Thiodet pour retrouver les Bleus. Je ne regrette pas d’être allé à Villeurbanne. La première année tenait de la lune de miel et c’est grâce à ce passage que j’arrive en Équipe de France. Je ne sais pas exactement comment mais j’en suis convaincu. Je suis arrivé sur la pointe des pieds. Quand on prend une équipe on évalue son groupe. Mais les joueurs aussi t’évaluent. Et en Équipe de France encore plus. Florent Pietrus, Boris Diaw ou Tony Parker sont les maîtres des lieux donc il faut être à la hauteur parce qu’ils vont te juger. Il y a le respect institutionnel du coach mais le vrai respect se gagne sur le terrain. D’ailleurs j’ai beaucoup trop travaillé cette première année. Avec le staff nous sommes moins fous désormais, moins stakhanovistes. A la fin de l’Euro 2009 j’étais dans un état déplorable. Et ce manque d’énergie est négatif pour ton club.
Cet été j’ai discuté avec Jacky Commères avant le quart de finale. Je lui ai dit que si nous perdions ce match, j’arrêterais. Après notre victoire, Patrick Beesley demande à me voir. Nous avions décidé
Vid Ponikvar/EXPA/PRESSE SPORTS
SA RÉUSSITE AVEC LES BLEUS
qu’on se donnerait un mois après l’Euro pour la réflexion. Mais il me propose de continuer afin de l’annoncer à l’issue de l’EuroBasket, quoi qu’il arrive. Je n’avais pas prévu ça. Je devais en parler avec ma femme car il faut tout peser : la vie familiale, l’impact sur le club où j’ai besoin de temps pour imprimer les choses avec mes groupes. La facilité aurait été de gagner et de dire stop. Mais c’était petit bras (il sourit). Je sais que c’est se remettre en danger que de continuer mais ce groupe est un groupe à part, sportivement et humainement. Et l’histoire n’est
pas finie. L’envie de retourner aux Jeux est immense. 2012 nous a laissé un goût d’inachevé avec une préparation tronquée. Nous étions tellement près… Et un podium olympique dans la vie d’un sportif c’est incomparable, même avec un Euro, au niveau de l’impact. Nous avons été fascinés par tout ce qui se passe aux Jeux. Jamais je n’oublierai notre entrée dans l’O2 Arena avec tous ces drapeaux français. Tu joues pour ton peuple. Je ne peux même pas en parler, il faut le vivre. Inoubliable. Une médaille olympique, j’en rêve !
FÉVRIER2014 19
CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR LE TRAVAIL INDIVIDUALISÉ AU SEIN D'UNE ÉQUIPE DE FRANCE
Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.
APPORTER DES CONTENUS EN ACCORD AVEC LES BESOINS DE LA JOUEUSE POUR OPTIMISER SES CAPACITÉS Olivia : exemples de situations autour du tir après dribble et les ruptures de rythme Travail autour du dribble/tir sur un P&R. Ex. : Défense en Step-Out et sur défense non organisée (temps de repli défensif, utilisation de partenaire comme écran).
Travail autour du dribble/tir sur un P&R. Ex. : Défense qui glisse avec Pick et re-pick, et défense en aide latérale (attaque au large ou changement de direction).
Séquence sur les ruptures de rythmes. Installation de cônes sur le chemin de la joueuse, varier les commandes de vitesse entre chaque cônes et la distance du tir. Commande avant de commencer ou pendant que la joueuse avance. Exemples de situations en commun autour de l’enchainement d’actions et le décisionnel Situation d’enchaînement d’actions autour des principes de jeu de l’équipe. Le porteur de balle va fixer l’aide défensive (Coach), sortie de balle et replacement. Le type de tir varie entre l’attraper/tirer et la prise d’une intervalle en dribble. Variante : l’aide défensive est effectuée par une joueuse, qui intervient ensuite sur la sortie pour tir en décisionnel, voir 1c1.
C
C
28 BASKETBALLMAGAZINE
C
Situation de tir avec défense (en décisionnel dans un premier temps puis peut être envisagé sur du 1c1) L’attaquant part au moment de la passe, le défenseur enchaine après sa passe vers l’attaquant en proposant une option défensive (loin ou proche, orientation fond ou milieu…) Varier la situation de départ de l’attaquant, pour avoir une prise d’information et une organisation différentes. B- La vidéo Lors de ces séances d’entrainement individualisé, 2 modalités de retour vidéo ont été utilisées : En direct : Selon le travail effectué et les sensations de la joueuse, le retour vidéo dans la séquence fut mis en place. A l’aide d’une tablette, le coach filme l’exécution et fait un retour sur l’instant à la joueuse par l’image. Cette alternance entre l’action et la vidéo permet notamment aux joueuses de modifier plus rapidement un geste technique. Cette modalité est, par exemple, adaptée au tir (la gestuelle, les appuis, la coordination…) En différé : La séance peut être filmée entièrement, sur demande du coach et/ ou de la joueuse. Le séquençage et le montage sont ensuite effectués par Guillaume, en collaboration avec le coach, sur un point spécifique. Ensuite la joueuse et le coach visualisent le montage ensemble, pour commenter et envisager des modifications sur les prochaines séquences. C- La discussion A la fin de chaque séance, un retour de la joueuse est systématiquement réalisé concernant l’organisation de la séance et les exercices mis en place. La grande majorité des retours portait sur la durée d’un exercice par rapport à un autre, selon l’état d’esprit du moment et le niveau de confiance. En complément de ces retours, des discussions pouvaient avoir lieu suite aux séances collectives et les matches, quand ceux-ci ont commencé. En plus d’éventuelles modifications à apporter dans l’organisation des séances, ces temps de partage portaient également sur les sensations de la joueuse et/ou la facilité de transférer les points travaillés.
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CONCLUSION : Pour conclure, après un retour sur les événements et l’organisation mise en place, nous pouvons conclure que cette approche des entraînements individualisés fut globalement très satisfaisante. Nous pouvons noter des effets très positifs en compétition dont par exemple : - Un niveau de confiance individuelle stable. - Un état de forme correct pour la majorité du groupe. - Une connaissance d’elle même et de la joueuse par le staff améliorées; une confiance en son ou ses points forts facilitée, un transfert de ses capacités et son utilisation dans le collectif amélioré, un relationnel au quotidien et une collaboration avec le staff plus efficace dans le temps (réduit) d’une équipe de France. - Une acceptation plus grande de son rôle dans le collectif, quel qu’il soit, et par conséquence une meilleure efficacité. - Une autonomie améliorée. A contrario, dans le temps d’une équipe de France, il est à noter que les effets sur les aspects techniques sont très réduits. Dans ce cadre là, nous devons nous limiter à une amélioration des acquis et nous devons mettre de côté un apport ou un changement de l’arsenal de la joueuse. Le constat est que le temps de travail en direct avec la joueuse n’est pas suffisant pour atteindre cet objectif. Enfin il est à noter que pour répondre à cette méthode d’entraînement, comme nous avons pu avoir la chance d’en bénéficier, il est nécessaire d’avoir : - Un staff élargi - Une organisation très précise - Des structures adaptées en terme d’espace - Une préparation "longue", permettant de dédier une partie des séquences à ce travail sans toucher à la construction collective.
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