FÊTE NATIONALE DU MINIBASKET
LE BILAN NM3 ALEXANDRE CHASSANG
N°802 - MAI2014
LOONEY TUNES : TM & © Warner Bros. Entertainment Inc. (s14)
VALÉRIE GARNIER
MA CARRIÈRE PAR VALÉRIE GARNIER >
Propos recueillis par Julien Guérineau
Bellenger/IS/FFBB
Nommée entraîneur de l’Équipe de France féminine le 27 août dernier, Valérie Garnier aura la lourde tâche de succéder à Pierre Vincent. Une situation que l’ancienne internationale (61 sélections) a déjà vécue, avec réussite, à Bourges. Retour sur le parcours, la philosophie et les attentes de la nouvelle guide des Bleues.
En 2010, alors entraîneur de Toulouse lors de l'Open LFB
10 BASKETBALLMAGAZINE
Avec le tirage au sort du Championnat du Monde, avez-vous le sentiment d’être pleinement devenue l’entraîneur de l’Équipe de France ? J’avais tout de même attaqué les choses sérieuses avant le tirage. J’avais échangé à de nombreuses reprises avec Ivano Ballarini et Patrick Beesley à propos de l’organisation, avec le médical, la préparatrice physique. Il y avait un staff à construire et j’ai rapidement contacté les personnes avec qui je souhaitais travailler. Vos obligations vis-à-vis du club de Bourges ont-elles joué dans la construction de ce staff ? Pierre Vincent a surtout eu à gérer cette problématique lorsqu’il est passé chez les garçons. Chez les féminines il y a de l’enchaînement mais pas de chevauchement. J’ai surtout cherché à m’entourer de personnes qui me correspondent et avec lesquelles j’avais parfois déjà travaillé par le passé. Par rapport à Bourges, cela implique que mon assistant devra assumer (elle sourit). A Bourges nous avons beaucoup d’internationales chez les Françaises comme chez les étrangères donc on peut s’interroger sur celles qui seront disponibles pour débuter la préparation. Nous y verrons plus clair lorsque le recrutement sera fait. Aviez-vous une idée très arrêtée de ce que vous auriez fait si vous aviez accédé au poste d’entraîneur des Bleues ? J’essaye d’avoir le regard le plus objectif possible. J’ai eu la chance de travailler avec deux très grands entraîneurs : Alain Jardel et Pierre Vincent. Avec eux j’ai vu des choses, partagé des moments et j’ai ainsi pu me faire ma propre opinion. Aujourd’hui les compteurs sont à zéro. L’idée ne sera pas forcément de retenir les meilleures joueuses mais de trouver la meilleure équipe pour bien fonctionner. Ceci sachant que des doutes subsistent sur la présence de certaines ou l’arrivée tardive d’autres. Le statut de l’Équipe de France est réel. Mais il a été acquis par des joueuses qui ne seront pas forcément là.
En 1982 avec l’Équipe de France cadettes
En 1989 avec l’Équipe de France
VALÉRIE GARNIER REPÈRES 1965 Naissance à Cholet 1 988- Championne de 89-90 France avec Mirande 2011 Entraîneur du CJM Bourges Basket 012- 2 2013 JF Molliere/FFBB
"J’AI UNE CHANCE INCROYABLE D’AVOIR RÉALISÉ MES RÊVES D’ENFANT"
Championne de France avec Bourges
2013 Entraîneur de l'Équipe de France Féminines
En 2006 : Préparation au Mondial Féminin entourée d'Alain Boureaud (à g.), d'Alain Jardel et d'Ivano Ballarini
MAI2014
11
MA CARRIÈRE PAR VALÉRIE GARNIER >
Propos recueillis par Julien Guérineau
Bellenger/IS/FFBB
Nommée entraîneur de l’Équipe de France féminine le 27 août dernier, Valérie Garnier aura la lourde tâche de succéder à Pierre Vincent. Une situation que l’ancienne internationale (61 sélections) a déjà vécue, avec réussite, à Bourges. Retour sur le parcours, la philosophie et les attentes de la nouvelle guide des Bleues.
En 2010, alors entraîneur de Toulouse lors de l'Open LFB
10 BASKETBALLMAGAZINE
Avec le tirage au sort du Championnat du Monde, avez-vous le sentiment d’être pleinement devenue l’entraîneur de l’Équipe de France ? J’avais tout de même attaqué les choses sérieuses avant le tirage. J’avais échangé à de nombreuses reprises avec Ivano Ballarini et Patrick Beesley à propos de l’organisation, avec le médical, la préparatrice physique. Il y avait un staff à construire et j’ai rapidement contacté les personnes avec qui je souhaitais travailler. Vos obligations vis-à-vis du club de Bourges ont-elles joué dans la construction de ce staff ? Pierre Vincent a surtout eu à gérer cette problématique lorsqu’il est passé chez les garçons. Chez les féminines il y a de l’enchaînement mais pas de chevauchement. J’ai surtout cherché à m’entourer de personnes qui me correspondent et avec lesquelles j’avais parfois déjà travaillé par le passé. Par rapport à Bourges, cela implique que mon assistant devra assumer (elle sourit). A Bourges nous avons beaucoup d’internationales chez les Françaises comme chez les étrangères donc on peut s’interroger sur celles qui seront disponibles pour débuter la préparation. Nous y verrons plus clair lorsque le recrutement sera fait. Aviez-vous une idée très arrêtée de ce que vous auriez fait si vous aviez accédé au poste d’entraîneur des Bleues ? J’essaye d’avoir le regard le plus objectif possible. J’ai eu la chance de travailler avec deux très grands entraîneurs : Alain Jardel et Pierre Vincent. Avec eux j’ai vu des choses, partagé des moments et j’ai ainsi pu me faire ma propre opinion. Aujourd’hui les compteurs sont à zéro. L’idée ne sera pas forcément de retenir les meilleures joueuses mais de trouver la meilleure équipe pour bien fonctionner. Ceci sachant que des doutes subsistent sur la présence de certaines ou l’arrivée tardive d’autres. Le statut de l’Équipe de France est réel. Mais il a été acquis par des joueuses qui ne seront pas forcément là.
En 1982 avec l’Équipe de France cadettes
En 1989 avec l’Équipe de France
VALÉRIE GARNIER REPÈRES 1965 Naissance à Cholet 1 988- Championne de 89-90 France avec Mirande 2011 Entraîneur du CJM Bourges Basket 012- 2 2013 JF Molliere/FFBB
"J’AI UNE CHANCE INCROYABLE D’AVOIR RÉALISÉ MES RÊVES D’ENFANT"
Championne de France avec Bourges
2013 Entraîneur de l'Équipe de France Féminines
En 2006 : Préparation au Mondial Féminin entourée d'Alain Boureaud (à g.), d'Alain Jardel et d'Ivano Ballarini
MAI2014
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En 2008 Pierre Vincent a pris en main une Équipe de France qui sortait d’une grosse désillusion et avait manqué le rendez-vous olympique. La situation n’a plus rien à voir aujourd’hui…
12 BASKETBALLMAGAZINE
Ça ne veut pas dire que c’est plus facile… L’équipe a effectivement un standing à défendre. Les Jeux Olympiques ne sont pas si loin et pourtant c’était il y a longtemps. Plusieurs internationales ont arrêté depuis. Et pas des moindres. Ce Championnat du Monde est une compétition charnière pour construire un groupe. Après, les choses vont aller très vite. 15 jours après le Mondial le championnat de France reprendra. Un championnat raccourci pour enchaîner sur l’Euro en 2015. Cela fait trois compétitions
Comment percevez-vous le changement de statut des Bleues vis-à-vis du grand public ? (elle sourit) Ce n’est pas évident parce qu’il y a beaucoup d’attentes vis-à-vis de l’Équipe de France. Je le ressens chaque week-end en LFB. A chacun de nos déplacements il y a une centaine d’enfants, d’adultes qui attendent les Braqueuses pour avoir des autographes.
Vous parlez de rencontres, de chances, mais après deux titres consécutifs en LFB et deux participations au Final
Craignez-vous la fatigue qui ne manquera pas d’accompagner ces nouvelles fonctions ? Même si la fonction d’assistant n’a rien à avoir avec celle de l’entraîneur en chef, j’ai vécu l’enchaînement des compétitions. Cela va être compliqué, je le sais. Au retour du Mondial je donnerai quelques jours de repos aux internationales de Bourges mais moi je serai sur le terrain avec mon équipe dès le lendemain. Mais la double fonction est importante. Elle me permet de voir les joueuses en LFB, de croiser les expatriées en Euroligue et de scouter les adversaires. C’est une position stratégique. A ce sujet estimez-vous que la qualification de Bourges au Final Eight n’est pas appréciée à sa juste valeur ? Ce qui est impressionnant ce n’est pas forcément d’aller au Final Eight. C’est
la pérennité du club de Bourges au plus haut niveau européen depuis 18 ans. Aujourd’hui il y a une nette domination des clubs turcs et russes dans le basket féminin. A Ekaterinburg il y avait trois russes, trois turcs, un tchèque et nous. Bourges est le petit poucet de l’histoire. C’est très positif pour le basket français. Les cycles passent et le club est toujours là. Avez-vous déjà beaucoup discuté avec des internationales concernant votre futur mode de fonctionnement ? Tout à fait. J’ai par exemple longuement parlé avec Isabelle Ya c o u b o u et j’ai également échangé avec Sandrine Gruda. J’ai pu présenter le futur mode de fonctionnement et surtout j’ai posé d e s
B
Il peut y avoir des absences, des pauses, des envies de WNBA. Cela fait beaucoup d’incertitudes. Et un entraîneur ne peut pas dissuader des joueuses. On peut leur exposer un avis mais derrière les gens feront leurs choix.
Pensez-vous que le réservoir de joueuses de haut-niveau susceptible d’intégrer la sélection est important ? Nous avons chaque année des résultats dans les équipes de jeunes. Ce qui veut dire qu’il y a un potentiel à exploiter. Après ces compétitions n’ont rien à voir avec les compétitions seniors et il faudra mesurer comment les transitions vont se faire.
Avez-vous pris cette nomination comme un aboutissement ? On me pose souvent la question… J’ai toujours pris les choses comme elles viennent, sans forcément les provoquer. Un jour j’ai reçu un appel de Pierre Fosset alors que j’étais entraîneur de Toulouse et que nous étions derniers du championnat. Ça m’a surpris et c’était un sacré pari. Aller chercher quelqu’un alors que j’étais dans une situation qui ne faisait pas rêver grand monde. L’été dernier j’étais à la plage. Je n’avais pas fait de plans sur la comète. Il n’y a pas de calculs. J’ai la chance de faire de ma passion un métier. Enfant je voulais être joueuse professionnelle et ensuite entraîneur. J’ai une chance incroyable d’avoir réalisé mes rêves d’enfant.
Eight de l’Euroligue, il doit y avoir une bonne part de compétence dans votre réussite… Je ne peux pas vraiment répondre à ça. Je pense être quelqu’un qui travaille beaucoup. Je suis adepte de la discrétion. Et ce que je sais, c’est qu’un entraîneur sans joueuse ce n’est plus pareil. Ai-je vraiment changé entre l’entraîneur que j’étais à Toulouse et celui que je suis aujourd’hui à Bourges ? Oui parce que les grandes joueuses te rendent meilleur. Le basket comme la vie c’est un développement de chaque jour. Ce n’est pas quelque chose de figé. Je cherche à m’améliorer tous les jours.
/ FFB
En 2013 : Lors de l'Euro féminin, à Trélazé, entourée de Thierry Moullec, Pierre Vincent et François Brisson (de g. à dr.)
Bellenger/IS/FFBB
La défaite en finale de l’Euro sera-t-elle encore très présente dans les têtes des joueuses en 2014 ? Il en reste des traces et je ne sais pas ce qui pourra les effacer. Ce n’était pas la fin qu’elles souhaitaient. Elles ne s’imaginaient pas autre chose. Et tout le monde autour également. Cette situation est dangereuse parce qu’on tombe d’encore plus haut. A toutes les compétitions il y a des adversaires, ne l’oublions pas. Les matches il faut les jouer.
Avez-vous souvenir de la manière dont on vous a proposé le poste d’entraîneur de l’Équipe de France ? Un coup de fil de Patrick Beesley l’été dernier. J’arrivais de la plage… Ce n’est pas évident de déconnecter dans notre métier et j’avais décidé de couper complètement pendant 15 jours. Et bim ! Il y a eu un blanc dans la conversation et Patrick a dû se demander si j’étais encore au téléphone. Après on ne réfléchit pas longtemps. Simplement je n’étais pas seule à décider. J’ai un employeur à Bourges et il fallait l’accord de mon Président pour accepter.
ger / IS
en 10 mois. Cet été il faudra donc intégrer des jeunes mais aussi trouver un groupe élargi compétitif pour 2015.
En 2012 : Lors des JO de Londres aux côtés de François Brisson
Bellen e
"AI-JE VRAIMENT CHANGÉ ENTRE L’ENTRAÎNEUR QUE J’ÉTAIS À TOULOUSE ET CELUI QUE JE SUIS AUJOURD’HUI À BOURGES ? OUI PARCE QUE LES GRANDES JOUEUSES TE RENDENT MEILLEUR. LE BASKET COMME LA VIE C’EST UN DÉVELOPPEMENT DE CHAQUE JOUR."
Bellenger / IS / FFBB
En 2006 : Lors du Mondial féminin avec Céline Dumerc
Bellenger / IS / FFBB
MA CARRIÈRE PAR VALÉRIE GARNIER >
MAI2014 13
En 2008 Pierre Vincent a pris en main une Équipe de France qui sortait d’une grosse désillusion et avait manqué le rendez-vous olympique. La situation n’a plus rien à voir aujourd’hui…
12 BASKETBALLMAGAZINE
Ça ne veut pas dire que c’est plus facile… L’équipe a effectivement un standing à défendre. Les Jeux Olympiques ne sont pas si loin et pourtant c’était il y a longtemps. Plusieurs internationales ont arrêté depuis. Et pas des moindres. Ce Championnat du Monde est une compétition charnière pour construire un groupe. Après, les choses vont aller très vite. 15 jours après le Mondial le championnat de France reprendra. Un championnat raccourci pour enchaîner sur l’Euro en 2015. Cela fait trois compétitions
Comment percevez-vous le changement de statut des Bleues vis-à-vis du grand public ? (elle sourit) Ce n’est pas évident parce qu’il y a beaucoup d’attentes vis-à-vis de l’Équipe de France. Je le ressens chaque week-end en LFB. A chacun de nos déplacements il y a une centaine d’enfants, d’adultes qui attendent les Braqueuses pour avoir des autographes.
Vous parlez de rencontres, de chances, mais après deux titres consécutifs en LFB et deux participations au Final
Craignez-vous la fatigue qui ne manquera pas d’accompagner ces nouvelles fonctions ? Même si la fonction d’assistant n’a rien à avoir avec celle de l’entraîneur en chef, j’ai vécu l’enchaînement des compétitions. Cela va être compliqué, je le sais. Au retour du Mondial je donnerai quelques jours de repos aux internationales de Bourges mais moi je serai sur le terrain avec mon équipe dès le lendemain. Mais la double fonction est importante. Elle me permet de voir les joueuses en LFB, de croiser les expatriées en Euroligue et de scouter les adversaires. C’est une position stratégique. A ce sujet estimez-vous que la qualification de Bourges au Final Eight n’est pas appréciée à sa juste valeur ? Ce qui est impressionnant ce n’est pas forcément d’aller au Final Eight. C’est
la pérennité du club de Bourges au plus haut niveau européen depuis 18 ans. Aujourd’hui il y a une nette domination des clubs turcs et russes dans le basket féminin. A Ekaterinburg il y avait trois russes, trois turcs, un tchèque et nous. Bourges est le petit poucet de l’histoire. C’est très positif pour le basket français. Les cycles passent et le club est toujours là. Avez-vous déjà beaucoup discuté avec des internationales concernant votre futur mode de fonctionnement ? Tout à fait. J’ai par exemple longuement parlé avec Isabelle Ya c o u b o u et j’ai également échangé avec Sandrine Gruda. J’ai pu présenter le futur mode de fonctionnement et surtout j’ai posé d e s
B
Il peut y avoir des absences, des pauses, des envies de WNBA. Cela fait beaucoup d’incertitudes. Et un entraîneur ne peut pas dissuader des joueuses. On peut leur exposer un avis mais derrière les gens feront leurs choix.
Pensez-vous que le réservoir de joueuses de haut-niveau susceptible d’intégrer la sélection est important ? Nous avons chaque année des résultats dans les équipes de jeunes. Ce qui veut dire qu’il y a un potentiel à exploiter. Après ces compétitions n’ont rien à voir avec les compétitions seniors et il faudra mesurer comment les transitions vont se faire.
Avez-vous pris cette nomination comme un aboutissement ? On me pose souvent la question… J’ai toujours pris les choses comme elles viennent, sans forcément les provoquer. Un jour j’ai reçu un appel de Pierre Fosset alors que j’étais entraîneur de Toulouse et que nous étions derniers du championnat. Ça m’a surpris et c’était un sacré pari. Aller chercher quelqu’un alors que j’étais dans une situation qui ne faisait pas rêver grand monde. L’été dernier j’étais à la plage. Je n’avais pas fait de plans sur la comète. Il n’y a pas de calculs. J’ai la chance de faire de ma passion un métier. Enfant je voulais être joueuse professionnelle et ensuite entraîneur. J’ai une chance incroyable d’avoir réalisé mes rêves d’enfant.
Eight de l’Euroligue, il doit y avoir une bonne part de compétence dans votre réussite… Je ne peux pas vraiment répondre à ça. Je pense être quelqu’un qui travaille beaucoup. Je suis adepte de la discrétion. Et ce que je sais, c’est qu’un entraîneur sans joueuse ce n’est plus pareil. Ai-je vraiment changé entre l’entraîneur que j’étais à Toulouse et celui que je suis aujourd’hui à Bourges ? Oui parce que les grandes joueuses te rendent meilleur. Le basket comme la vie c’est un développement de chaque jour. Ce n’est pas quelque chose de figé. Je cherche à m’améliorer tous les jours.
/ FFB
En 2013 : Lors de l'Euro féminin, à Trélazé, entourée de Thierry Moullec, Pierre Vincent et François Brisson (de g. à dr.)
Bellenger/IS/FFBB
La défaite en finale de l’Euro sera-t-elle encore très présente dans les têtes des joueuses en 2014 ? Il en reste des traces et je ne sais pas ce qui pourra les effacer. Ce n’était pas la fin qu’elles souhaitaient. Elles ne s’imaginaient pas autre chose. Et tout le monde autour également. Cette situation est dangereuse parce qu’on tombe d’encore plus haut. A toutes les compétitions il y a des adversaires, ne l’oublions pas. Les matches il faut les jouer.
Avez-vous souvenir de la manière dont on vous a proposé le poste d’entraîneur de l’Équipe de France ? Un coup de fil de Patrick Beesley l’été dernier. J’arrivais de la plage… Ce n’est pas évident de déconnecter dans notre métier et j’avais décidé de couper complètement pendant 15 jours. Et bim ! Il y a eu un blanc dans la conversation et Patrick a dû se demander si j’étais encore au téléphone. Après on ne réfléchit pas longtemps. Simplement je n’étais pas seule à décider. J’ai un employeur à Bourges et il fallait l’accord de mon Président pour accepter.
ger / IS
en 10 mois. Cet été il faudra donc intégrer des jeunes mais aussi trouver un groupe élargi compétitif pour 2015.
En 2012 : Lors des JO de Londres aux côtés de François Brisson
Bellen e
"AI-JE VRAIMENT CHANGÉ ENTRE L’ENTRAÎNEUR QUE J’ÉTAIS À TOULOUSE ET CELUI QUE JE SUIS AUJOURD’HUI À BOURGES ? OUI PARCE QUE LES GRANDES JOUEUSES TE RENDENT MEILLEUR. LE BASKET COMME LA VIE C’EST UN DÉVELOPPEMENT DE CHAQUE JOUR."
Bellenger / IS / FFBB
En 2006 : Lors du Mondial féminin avec Céline Dumerc
Bellenger / IS / FFBB
MA CARRIÈRE PAR VALÉRIE GARNIER >
MAI2014 13
Bellenger / IS / FFBB
MA CARRIÈRE PAR VALÉRIE GARNIER >
questions. Ce sont des joueuses qui sont en Équipe de France et qui peuvent parler de ce qu’elles ont plus ou moins aimé. Je l’ai fait avec des joueuses qui ont arrêté comme Edwige Lawson. Parfois cela concerne des situations anodines mais si cela peut être géré différemment, c’est intéressant. Je crois à l’échange, à la communication. Ce sont les joueuses qui sont sur le terrain, qui enchaînent les entraînements. On ne peut pas demander l’opinion de tout le monde mais il faut écouter les cadres qui ont un certain vécu. Auriez-vous fait le même parcours si, adolescente, vous n’aviez pas croisé Alain Jardel ? Je ne sais pas. Le hasard a fait qu’à 16 ans j’ai rencontré Alain sur une compétition entre les meilleures cadettes des Pays de la Loire face à celles de Midi-Pyrénées. J’ai beaucoup marqué ce jour-là (ndlr : 45 points) et Alain a commencé à me suivre. L’année suivante j’ai signé à NantesRezé en Nationale 2, la deuxième division de l’époque. Nous nous sommes de nouveau croisés et il est venu me chercher dans mon village du Maine-et-Loire en fin de saison pour rejoindre Mirande. Je voulais être basketteuse professionnelle mais il n’y avait aucune connotation financière dans cet espoir. Je voulais faire du basket et jouer au plus haut niveau. Donc le projet de Mirande m’a tout de suite plu. Nous faisions ce que fait Bourges aujourd’hui au niveau de la fréquence des entraînements. Quand je suis arrivée à Mirande à 18 ans, je me suis blessée. Opérée, opération ratée,
14 BASKETBALLMAGAZINE
cinq mois de rééducation, deux ans sans jouer. Et Alain Jardel m’a maintenu sa confiance. Nous sommes d’ailleurs restés très proches.
sportifs de haut niveau. J’aimais échanger avec Alain. J’aimais comprendre pourquoi. Et aujourd’hui j’aime avoir des joueuses ouvertes.
Le BAC Mirande ce sont notamment trois titres de champion en 1988, 89 et 90. Aviez-vous conscience à l’époque de l’aventure exceptionnelle que vous viviez ? Quant on montait à la capitale pour battre le Stade Français-Versailles ou le Racing Paris, cela représentait quelque chose. Ce village de 5.000 habitants vibrait aux couleurs bleu et blanc du BAC. Il en reste toujours quelque chose. Quand nous nous retrouvons il suffit d’un regard pour se rappeler par où nous sommes passées.
On a longtemps demandé à Pierre Vincent à quel moment il retrouverait le basket masculin. Vous pose-t-on la même question ? Oui, on me dit : vous allez suivre Pierre Vincent jusque chez les garçons. Ça ne m’a absolument pas traversé l’esprit. Je ne sais pas où la vie me mènera mais mes objectifs étaient d’être joueuse et entraîneur et je ne l’avais visualisé que chez les femmes.
En 1991, à 26 ans, vous quittez Mirande. Pour quelles raisons ? Je suis partie pour Aix-en-Provence. Je ne sais même pas pourquoi je suis partie. Ce qui est certain c’est que je n’ai jamais été ailleurs la joueuse que j’ai été avec Alain Jardel. Je suis restée deux ans à Aix puis une saison à Strasbourg qui s’est mal passée. Ensuite je suis passée à autre chose. J’ai pris ça comme un signe. Carqueiranne cherchait une joueuse. J’y ai signé pour jouer et coacher. En NF2 c’était gérable. Aviez-vous très jeune pensé entraîner ? A Mirande, très vite j’ai commencé à passer mes diplômes d’entraîneur, encouragée par Alain Jardel. A la fin de ma carrière de joueuse j’avais déjà mon BE2. Et sans l’avantage des équivalences pour les
Crédits photos : © BELLENGEr/is/FFBB — CoNCEptioN :
En 2012 : Lors de la finale de Coupe de France avec Bourges
Attachez-vous de l’importance au fait d’être une femme à la tête de l’Équipe de France ? Non parce que j’ai la chance d’être dans le plus grand club français avec un Président qui a fait confiance à une femme et dans une Fédération qui a fait de même. Quand on me parle de l’égalité homme-femme… Moi je ne suis pas pour les quotas mais pour la compétence. On me pose sans cesse la question : "pourquoi les femmes ne font pas ce métier". Peut-être y a-t-il un capital confiance insuffisant auprès des Présidents. Mais je suis mal placée pour en parler. Ensuite c’est une drôle de vie que celle d’entraîneur. Les jeunes femmes quand elles arrêtent ont envie de fonder une famille. Quand je demande à mes joueuses "qui veut être entraîneur", elles me répondent non merci. C’est un élément à prendre en compte.
MAI2014 15
Bellenger / IS / FFBB
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questions. Ce sont des joueuses qui sont en Équipe de France et qui peuvent parler de ce qu’elles ont plus ou moins aimé. Je l’ai fait avec des joueuses qui ont arrêté comme Edwige Lawson. Parfois cela concerne des situations anodines mais si cela peut être géré différemment, c’est intéressant. Je crois à l’échange, à la communication. Ce sont les joueuses qui sont sur le terrain, qui enchaînent les entraînements. On ne peut pas demander l’opinion de tout le monde mais il faut écouter les cadres qui ont un certain vécu. Auriez-vous fait le même parcours si, adolescente, vous n’aviez pas croisé Alain Jardel ? Je ne sais pas. Le hasard a fait qu’à 16 ans j’ai rencontré Alain sur une compétition entre les meilleures cadettes des Pays de la Loire face à celles de Midi-Pyrénées. J’ai beaucoup marqué ce jour-là (ndlr : 45 points) et Alain a commencé à me suivre. L’année suivante j’ai signé à NantesRezé en Nationale 2, la deuxième division de l’époque. Nous nous sommes de nouveau croisés et il est venu me chercher dans mon village du Maine-et-Loire en fin de saison pour rejoindre Mirande. Je voulais être basketteuse professionnelle mais il n’y avait aucune connotation financière dans cet espoir. Je voulais faire du basket et jouer au plus haut niveau. Donc le projet de Mirande m’a tout de suite plu. Nous faisions ce que fait Bourges aujourd’hui au niveau de la fréquence des entraînements. Quand je suis arrivée à Mirande à 18 ans, je me suis blessée. Opérée, opération ratée,
14 BASKETBALLMAGAZINE
cinq mois de rééducation, deux ans sans jouer. Et Alain Jardel m’a maintenu sa confiance. Nous sommes d’ailleurs restés très proches.
sportifs de haut niveau. J’aimais échanger avec Alain. J’aimais comprendre pourquoi. Et aujourd’hui j’aime avoir des joueuses ouvertes.
Le BAC Mirande ce sont notamment trois titres de champion en 1988, 89 et 90. Aviez-vous conscience à l’époque de l’aventure exceptionnelle que vous viviez ? Quant on montait à la capitale pour battre le Stade Français-Versailles ou le Racing Paris, cela représentait quelque chose. Ce village de 5.000 habitants vibrait aux couleurs bleu et blanc du BAC. Il en reste toujours quelque chose. Quand nous nous retrouvons il suffit d’un regard pour se rappeler par où nous sommes passées.
On a longtemps demandé à Pierre Vincent à quel moment il retrouverait le basket masculin. Vous pose-t-on la même question ? Oui, on me dit : vous allez suivre Pierre Vincent jusque chez les garçons. Ça ne m’a absolument pas traversé l’esprit. Je ne sais pas où la vie me mènera mais mes objectifs étaient d’être joueuse et entraîneur et je ne l’avais visualisé que chez les femmes.
En 1991, à 26 ans, vous quittez Mirande. Pour quelles raisons ? Je suis partie pour Aix-en-Provence. Je ne sais même pas pourquoi je suis partie. Ce qui est certain c’est que je n’ai jamais été ailleurs la joueuse que j’ai été avec Alain Jardel. Je suis restée deux ans à Aix puis une saison à Strasbourg qui s’est mal passée. Ensuite je suis passée à autre chose. J’ai pris ça comme un signe. Carqueiranne cherchait une joueuse. J’y ai signé pour jouer et coacher. En NF2 c’était gérable. Aviez-vous très jeune pensé entraîner ? A Mirande, très vite j’ai commencé à passer mes diplômes d’entraîneur, encouragée par Alain Jardel. A la fin de ma carrière de joueuse j’avais déjà mon BE2. Et sans l’avantage des équivalences pour les
Crédits photos : © BELLENGEr/is/FFBB — CoNCEptioN :
En 2012 : Lors de la finale de Coupe de France avec Bourges
Attachez-vous de l’importance au fait d’être une femme à la tête de l’Équipe de France ? Non parce que j’ai la chance d’être dans le plus grand club français avec un Président qui a fait confiance à une femme et dans une Fédération qui a fait de même. Quand on me parle de l’égalité homme-femme… Moi je ne suis pas pour les quotas mais pour la compétence. On me pose sans cesse la question : "pourquoi les femmes ne font pas ce métier". Peut-être y a-t-il un capital confiance insuffisant auprès des Présidents. Mais je suis mal placée pour en parler. Ensuite c’est une drôle de vie que celle d’entraîneur. Les jeunes femmes quand elles arrêtent ont envie de fonder une famille. Quand je demande à mes joueuses "qui veut être entraîneur", elles me répondent non merci. C’est un élément à prendre en compte.
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CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR ATTAQUE DES DÉFENSES DE ZONE - 1ÈRE PARTIE
Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.
PERFECTIONNER LA PRISE DE DÉCISION SANS BALLON
C. R ECHERCHER LA SITUATION HIGH-LOW AVANT DE TRANSFÉRER 5
5
3
4 4
3
2
2
1 1
Utilisation de 3 au poste haut
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1
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Enfin ce mouvement se ponctue par l’utilisation du surnombrement par la périphérie et d’un jeu de permutation d’espace dans le secteur intérieur.
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Utilisation de 5 au poste haut
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2
42
L’objectif de ces d é p l a ce m e n t s à l’intérieur est de favoriser la dépression pour 5 grâce à la montée au poste haut de 4.
3
3
2
1
L’enchaînement d’actions proposé dans ce mouvement amène les joueuses à faire voyager le ballon d’un côté à un autre en utilisant le plus souvent possible le cœur de la raquette et le poste haut afin de retrouver une relation poste haut/poste bas déterminante dans l’attaque des défenses de zone.
D. T RANSFERT, SURNOMBRE ET MOBILITÉ DANS LE JEU INTÉRIEUR
1 74,20
3
Utilisation de 5 au poste haut
28 BASKETBALLMAGAZINE
3
Utilisation de 5 au poste haut
83,50