OPEN LFB ANDRÉ BUFFIÈRE MONDIAL FÉMININ
FLORENT PIETRUS, UNE VIE EN BLEU N°807 - NOVEMBRE2014 - WWW.FFBB.COM
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
"JE SAIS QU’UN JOUR IL Y AURA UNE LISTE ET QUE JE N’Y SERAI PAS"
1997, Équipe de France U16 avec Fred Miguel et Ahmed Fellah
Avec son frère Mickaël
Propos recueillis par Julien Guérineau
A 33 ans, Florent Pietrus est désormais un monument du basket français. Après treize campagnes sous le maillot bleu, il a décroché le Graal en 2013 avec le titre de champion d’Europe. Revenu en France sous les couleurs du SLUC Nancy depuis un an, le guerrier ultime évoque son parcours, des Abymes au sommet.
Photos D.R.
"Je suis né à l’hôpital des Abymes en Guadeloupe. Puis j’ai déménagé au Gosier, une petite ville à côté de Pointe-àPitre. Vers 10 ans j’ai déménagé à Saint-Anne pour habiter chez ma grand-mère. Toute ma famille est là-bas. C’est là que j’ai touché mon premier ballon. Quand mon grand frère Rony Coco (ndlr : 8 ans plus âgé, 10 saisons en LNB) revenait en Guadeloupe il nous ramenait des affaires et mon premier survêtement c’était celui tout vert de l’Elan Béarnais. J’étais fier de le porter. Rony c’était une star pour nous, les gens le regardaient avec beaucoup de respect. Je n’avais pas d’autres repères basket. Je m’y suis intéressé tard et c’était seulement à cause de Rony. Pourtant je ne le voyais pas jouer. Je me rappelle vaguement de quelques minutes d’une finale Pau-Limoges et de Frédéric Fauthoux mais c’est tout. La NBA ? La Dream Team ? Jamais entendu parler.
DUNKER AVANT DE SHOOTER
10 BASKETBALLMAGAZINE
Bellenger / IS / FFBB
J’ai commencé comme Rony à la Juventus Saint-Anne, à 13 ans. Le terrain de basket était à deux minutes de chez ma grandmère. Ça a beaucoup joué. Si j’étais resté aux Abymes je pense que l’histoire aurait été différente. Avec le basket on ne peut pas parler de coup de foudre. J’allais à l’entraînement quand je le sentais. Le but c’était de s’amuser et dunker ! En Guadeloupe tu commences par dunker avant de shooter. Un basketteur c’est quelqu’un qui sait dunker. J’ai intégré le pôle et j’ai même fait une tournée en France, à Paris, avec la sélection GuyMarGua. C’était Vainqueur de l'Euro masculin 2013
Avec son frère Rony Coco
mon premier voyage en Métropole. Il y avait Claude Marquis et Luca Vébobe dans cette équipe. Mais je ne prenais toujours pas le basket très au sérieux. D’ailleurs la décision de partir à Pau, elle ne vient pas de moi. C’est Rony qui a fait ce choix. Un été il me dit : fais tes bagages, tu pars en France. Bagages c’est un grand mot, j’avais deux shorts et un t-shirt ! Il avait parlé de Mickaël et de moi aux dirigeants de l’Elan en leur disant que ça vaudrait le coup de jeter un coup d’œil. Ils respectaient beaucoup mon frère mais quand je suis descendu de l’avion c’est la première fois qu’ils me voyaient. Je suis arrivé à la rentrée 1996. C’est mon ancien agent, Jean-Pierre Cotellon, qui s’occupait de Jim Bilba, qui m’a récupéré à l’aéroport. Et le surlendemain j’étais au Palais des Sports pour une détection. Enfin on ne m’a jamais dit que c’était une détection. Peut-être aurais-je pu repartir aussitôt si je ne leur avais pas plu. Mais je n’en avais pas conscience. C’est Claude Bergeaud qui dirigeait l’entraînement avec Freddy Hufnagel. Apparemment ce que j’ai fait leur a
plu puisque je suis resté huit ans ! J’ai quand même eu un bon coup de blues pendant l’hiver. Il faisait super froid, j’étais tout seul puisque Mickaël était resté en Guadeloupe et que Rony Coco avait quitté l’Elan pour Montpellier. Et ça ce n’était pas au programme. Le pire c’était pendant les fêtes : Noël, la Toussaint. Tout le monde au centre de formation rentrait chez lui. Pas moi… Il y a eu plusieurs moments où j’ai voulu abandonner et rentrer.
28 POINTS ET 27 REBONDS J’ai commencé à jouer avec les cadets région de l’Elan pendant la première saison. C’est un très bon souvenir. On jouait tous les gros derbys dans les Landes et on gagne la Coupe du Sud Ouest dans les arènes de Pomarez. C’était le feu ! J’étais un joueur sans véritable poste. Je sautais partout mais le club avait vraiment confiance en moi. En décembre 1997, Claude Bergeaud prend en charge l’équipe professionnelle à la place de Jacques Monclar et décide de m’intégrer aux
FLORENT PIETRUS REPÈRES 1981 Naissance en Guadeloupe
1996 Arrivée à l'Élan Béarnais Pau-Orthez
2001 Première sélection Équipe de France
2011 2e au Championnat d'Europe
2012 6e aux JO 2013
Champion d’Europe
2014 3e de la Coupe du Monde
NOVEMBRE2014
11
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
"JE SAIS QU’UN JOUR IL Y AURA UNE LISTE ET QUE JE N’Y SERAI PAS"
1997, Équipe de France U16 avec Fred Miguel et Ahmed Fellah
Avec son frère Mickaël
Propos recueillis par Julien Guérineau
A 33 ans, Florent Pietrus est désormais un monument du basket français. Après treize campagnes sous le maillot bleu, il a décroché le Graal en 2013 avec le titre de champion d’Europe. Revenu en France sous les couleurs du SLUC Nancy depuis un an, le guerrier ultime évoque son parcours, des Abymes au sommet.
Photos D.R.
"Je suis né à l’hôpital des Abymes en Guadeloupe. Puis j’ai déménagé au Gosier, une petite ville à côté de Pointe-àPitre. Vers 10 ans j’ai déménagé à Saint-Anne pour habiter chez ma grand-mère. Toute ma famille est là-bas. C’est là que j’ai touché mon premier ballon. Quand mon grand frère Rony Coco (ndlr : 8 ans plus âgé, 10 saisons en LNB) revenait en Guadeloupe il nous ramenait des affaires et mon premier survêtement c’était celui tout vert de l’Elan Béarnais. J’étais fier de le porter. Rony c’était une star pour nous, les gens le regardaient avec beaucoup de respect. Je n’avais pas d’autres repères basket. Je m’y suis intéressé tard et c’était seulement à cause de Rony. Pourtant je ne le voyais pas jouer. Je me rappelle vaguement de quelques minutes d’une finale Pau-Limoges et de Frédéric Fauthoux mais c’est tout. La NBA ? La Dream Team ? Jamais entendu parler.
DUNKER AVANT DE SHOOTER
10 BASKETBALLMAGAZINE
Bellenger / IS / FFBB
J’ai commencé comme Rony à la Juventus Saint-Anne, à 13 ans. Le terrain de basket était à deux minutes de chez ma grandmère. Ça a beaucoup joué. Si j’étais resté aux Abymes je pense que l’histoire aurait été différente. Avec le basket on ne peut pas parler de coup de foudre. J’allais à l’entraînement quand je le sentais. Le but c’était de s’amuser et dunker ! En Guadeloupe tu commences par dunker avant de shooter. Un basketteur c’est quelqu’un qui sait dunker. J’ai intégré le pôle et j’ai même fait une tournée en France, à Paris, avec la sélection GuyMarGua. C’était Vainqueur de l'Euro masculin 2013
Avec son frère Rony Coco
mon premier voyage en Métropole. Il y avait Claude Marquis et Luca Vébobe dans cette équipe. Mais je ne prenais toujours pas le basket très au sérieux. D’ailleurs la décision de partir à Pau, elle ne vient pas de moi. C’est Rony qui a fait ce choix. Un été il me dit : fais tes bagages, tu pars en France. Bagages c’est un grand mot, j’avais deux shorts et un t-shirt ! Il avait parlé de Mickaël et de moi aux dirigeants de l’Elan en leur disant que ça vaudrait le coup de jeter un coup d’œil. Ils respectaient beaucoup mon frère mais quand je suis descendu de l’avion c’est la première fois qu’ils me voyaient. Je suis arrivé à la rentrée 1996. C’est mon ancien agent, Jean-Pierre Cotellon, qui s’occupait de Jim Bilba, qui m’a récupéré à l’aéroport. Et le surlendemain j’étais au Palais des Sports pour une détection. Enfin on ne m’a jamais dit que c’était une détection. Peut-être aurais-je pu repartir aussitôt si je ne leur avais pas plu. Mais je n’en avais pas conscience. C’est Claude Bergeaud qui dirigeait l’entraînement avec Freddy Hufnagel. Apparemment ce que j’ai fait leur a
plu puisque je suis resté huit ans ! J’ai quand même eu un bon coup de blues pendant l’hiver. Il faisait super froid, j’étais tout seul puisque Mickaël était resté en Guadeloupe et que Rony Coco avait quitté l’Elan pour Montpellier. Et ça ce n’était pas au programme. Le pire c’était pendant les fêtes : Noël, la Toussaint. Tout le monde au centre de formation rentrait chez lui. Pas moi… Il y a eu plusieurs moments où j’ai voulu abandonner et rentrer.
28 POINTS ET 27 REBONDS J’ai commencé à jouer avec les cadets région de l’Elan pendant la première saison. C’est un très bon souvenir. On jouait tous les gros derbys dans les Landes et on gagne la Coupe du Sud Ouest dans les arènes de Pomarez. C’était le feu ! J’étais un joueur sans véritable poste. Je sautais partout mais le club avait vraiment confiance en moi. En décembre 1997, Claude Bergeaud prend en charge l’équipe professionnelle à la place de Jacques Monclar et décide de m’intégrer aux
FLORENT PIETRUS REPÈRES 1981 Naissance en Guadeloupe
1996 Arrivée à l'Élan Béarnais Pau-Orthez
2001 Première sélection Équipe de France
2011 2e au Championnat d'Europe
2012 6e aux JO 2013
Champion d’Europe
2014 3e de la Coupe du Monde
NOVEMBRE2014
11
12 BASKETBALLMAGAZINE
Presse Sports / Luttiau
Presse Sports / Steenkeste
"LA VICTOIRE EN COUPE DE FRANCE 1999 À BERCY ? JE FINIS À 28 POINTS ET 27 REBONDS. AUJOURD’HUI SI UN JEUNE FAISAIT CE GENRE DE MATCH IL SERAIT TOUT DE SUITE CATALOGUÉ SUPER PROSPECT NBA."
Novembre 2001, départ de Jim Bilba et 1ère sélection en Équipe de France
Novembre 2004, match Pau-Orthez-Malaga
craquer et qu’on rivalisait avec les meilleurs. Nous avions beaucoup de talent et surtout nous n’avions peur de rien.
LA DRAFT : UNE DOULEUR
Presse Sports / Lablatinière
entraînements. Il avait dû voir quelque chose qui lui plaisait. Il venait me chercher lors des jours de repos pour me faire travailler. Mais il m’a fallu du temps pour penser devenir basketteur professionnel. Je continue à jouer avec les cadets et les espoirs. La victoire en Coupe de France 1999 à Bercy ? Je finis à 28 points et 27 rebonds. Ça parait invraisemblable ! C’est plus que du double-double. Aujourd’hui si un jeune faisait ce genre de match il serait tout de suite catalogué super prospect NBA. Moi j’étais toujours insouciant. A Pau on ne nous a jamais mis la pression, ils n’ont jamais précipité les choses. Cela nous a permis de rester humbles et de continuer à travailler. C’était le leitmotiv. Toujours garder les pieds sur terre. On le doit beaucoup à Claude Bergeaud qui est lui-même très humble et travailleur. Mes premiers matches pro c’est en 2000 et je signe mon premier contrat quelques semaines plus tard. Pour la saison 2000/01, Pierre Seillant avait parlé d’une année de transition. Le Président avait prévenu les supporters qu’avec l’intégration de quatre jeunes en équipe première (Florent et Mickaël Pietrus, Boris Diaw et Artur Drozdov), il fallait être patient. Je pense qu’il voulait se protéger au cas-où… Mais on a déjoué tous les pronostics puisqu’on remporte le titre dès la première année. Entre 2000 et 2004 nous avons écrit une belle page de l’histoire du club. Je me rappelle des soirées d’Euroleague quand le Palais était plein à
1999, Bercy, finale Coupe de France cadets
Juillet 2004, en Ligue d'été avec les Spurs
Quand Boris Diaw a signé, Mickaël et moi l’avons pris comme un petit défi. Boris sortait du Centre Fédéral avec une grosse réputation, il était champion d’Europe juniors, sa maman avait été internationale. On ne parlait que de lui. Donc on voulait voir s’il était si fort que ça et se mesurer à lui (il rigole). Mais Boris était un peu effacé à l’époque. Je lui rentrais dedans mais il ne répondait pas. Il se laissait aller… Il avait tellement de talent qu’il pensait qu’il n’avait pas besoin de forcer. Tu le vois nonchalant, tu as presque l’impression qu’il s’en fout. Ça me mettait la rage : bouge toi, énerve toi ! Mais sans lui je n’aurais pas connu autant de succès. Quand les scouts ont commencé à venir aux entraînements à Pau j’entendais beaucoup dire qu’il me faudrait me décaler à l’aile. Mais Claude Bergeaud était un malin. Il m’a toujours donné l’exemple de Malik Rose (ndlr : champion NBA 1999 et 2003 avec les Spurs) qui faisait à peine deux mètres. Il me disait : si lui peut jouer, toi aussi. Il n’a pas eu de mal à me convaincre puisque j’avais l’exemple sous les yeux. Ai-je bien fait de ne pas insister ? Quand je regarde mon palmarès je me dis oui. Mais peut-être aurais-je pu réussir d’autres choses. On ne saura jamais. En 2003 nous sommes champions de France. Boris Diaw et Mickaël sont draftés. Moi non… Cela a été encore plus difficile à vivre alors
En 2012, avec Valence
ACB
Derrière Pierre Seillant, Mickaël Pietrus, Boris Diaw et Florent en 2001
Photos JF Mollière / FFBB
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
NOVEMBRE2014 13
12 BASKETBALLMAGAZINE
Presse Sports / Luttiau
Presse Sports / Steenkeste
"LA VICTOIRE EN COUPE DE FRANCE 1999 À BERCY ? JE FINIS À 28 POINTS ET 27 REBONDS. AUJOURD’HUI SI UN JEUNE FAISAIT CE GENRE DE MATCH IL SERAIT TOUT DE SUITE CATALOGUÉ SUPER PROSPECT NBA."
Novembre 2001, départ de Jim Bilba et 1ère sélection en Équipe de France
Novembre 2004, match Pau-Orthez-Malaga
craquer et qu’on rivalisait avec les meilleurs. Nous avions beaucoup de talent et surtout nous n’avions peur de rien.
LA DRAFT : UNE DOULEUR
Presse Sports / Lablatinière
entraînements. Il avait dû voir quelque chose qui lui plaisait. Il venait me chercher lors des jours de repos pour me faire travailler. Mais il m’a fallu du temps pour penser devenir basketteur professionnel. Je continue à jouer avec les cadets et les espoirs. La victoire en Coupe de France 1999 à Bercy ? Je finis à 28 points et 27 rebonds. Ça parait invraisemblable ! C’est plus que du double-double. Aujourd’hui si un jeune faisait ce genre de match il serait tout de suite catalogué super prospect NBA. Moi j’étais toujours insouciant. A Pau on ne nous a jamais mis la pression, ils n’ont jamais précipité les choses. Cela nous a permis de rester humbles et de continuer à travailler. C’était le leitmotiv. Toujours garder les pieds sur terre. On le doit beaucoup à Claude Bergeaud qui est lui-même très humble et travailleur. Mes premiers matches pro c’est en 2000 et je signe mon premier contrat quelques semaines plus tard. Pour la saison 2000/01, Pierre Seillant avait parlé d’une année de transition. Le Président avait prévenu les supporters qu’avec l’intégration de quatre jeunes en équipe première (Florent et Mickaël Pietrus, Boris Diaw et Artur Drozdov), il fallait être patient. Je pense qu’il voulait se protéger au cas-où… Mais on a déjoué tous les pronostics puisqu’on remporte le titre dès la première année. Entre 2000 et 2004 nous avons écrit une belle page de l’histoire du club. Je me rappelle des soirées d’Euroleague quand le Palais était plein à
1999, Bercy, finale Coupe de France cadets
Juillet 2004, en Ligue d'été avec les Spurs
Quand Boris Diaw a signé, Mickaël et moi l’avons pris comme un petit défi. Boris sortait du Centre Fédéral avec une grosse réputation, il était champion d’Europe juniors, sa maman avait été internationale. On ne parlait que de lui. Donc on voulait voir s’il était si fort que ça et se mesurer à lui (il rigole). Mais Boris était un peu effacé à l’époque. Je lui rentrais dedans mais il ne répondait pas. Il se laissait aller… Il avait tellement de talent qu’il pensait qu’il n’avait pas besoin de forcer. Tu le vois nonchalant, tu as presque l’impression qu’il s’en fout. Ça me mettait la rage : bouge toi, énerve toi ! Mais sans lui je n’aurais pas connu autant de succès. Quand les scouts ont commencé à venir aux entraînements à Pau j’entendais beaucoup dire qu’il me faudrait me décaler à l’aile. Mais Claude Bergeaud était un malin. Il m’a toujours donné l’exemple de Malik Rose (ndlr : champion NBA 1999 et 2003 avec les Spurs) qui faisait à peine deux mètres. Il me disait : si lui peut jouer, toi aussi. Il n’a pas eu de mal à me convaincre puisque j’avais l’exemple sous les yeux. Ai-je bien fait de ne pas insister ? Quand je regarde mon palmarès je me dis oui. Mais peut-être aurais-je pu réussir d’autres choses. On ne saura jamais. En 2003 nous sommes champions de France. Boris Diaw et Mickaël sont draftés. Moi non… Cela a été encore plus difficile à vivre alors
En 2012, avec Valence
ACB
Derrière Pierre Seillant, Mickaël Pietrus, Boris Diaw et Florent en 2001
Photos JF Mollière / FFBB
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
NOVEMBRE2014 13
Bellenger / IS / FFBB
Euro masculin 2009, match France-Allemagne
14 BASKETBALLMAGAZINE
qui que ce soit. Mais je suis agressif. J’ai envie que mon adversaire sache que je suis là et que pour gagner il va falloir se donner à 200%. Je joue dur, je pose de bons écrans, je fais de bons box-out. Et un joueur dur c’est chiant ! Moi non plus je n’aime pas ça. Quand je joue Felipe Reyes je sais que le gars ne donne pas sa part aux chiens. Il va se battre sur tous les ballons. Tu dois te préparer mentalement. Ça se respecte. J’ai la même mentalité. Avec mon parcours personnel, le fait d’avoir perdu ma mère très jeune, j’ai toujours dû me battre pour obtenir ce que je voulais. Personne ne m’a jamais rien donné.
LE MODÈLE GARBAJOSA
GAGNER ENCORE ET TOUJOURS
UNE VIE EN BLEU
Quand Garbajosa quitte Malaga en 2006 je me suis dit que c’était une saison pour moi. Mais Scariolo signe Carlos Jimenez, qui joue à l’aile, et le replace à l’intérieur. Et l’histoire recommençait. J’avais besoin de me retrouver, d’avoir un rôle plus important et après ma troisième saison je signe à Estudiantes Madrid qui m’offrait la possibilité de m’exprimer. Je crois que cette saison 2007/08 a été capitale pour moi (8,3 pts, 4,9 rbds en 27’). J’ai pu montrer que je savais jouer au basket et j’ai senti que le regard des gens avait changé. Cela était déjà le cas quand des joueurs me croisaient en Équipe de France. Je me rappelle de Prigioni venant me voir, surpris, après un match contre l’Argentine au Mondial au Japon et me demander pourquoi je ne faisais pas les mêmes choses avec Malaga.
A l’été 97 je suis sélectionné en Équipe de France cadets pour l’Euro avec comme meneurs Paccelis Morlende et un jeune surclassé… Tony Parker. Lucien Legrand était le coach et nous avons fini quatrièmes. Pourtant on bat la Yougoslavie (futur championne) en poule mais on perd en demi-finale contre la Russie d’Andreï Kirilenko. Je me rappelle qu’il se baladait avec des affaires Utah Jazz, à 16 ans. Je n’ai pas beaucoup eu l’occasion de rejouer en Équipe de France jeunes. J’ai fait les sélections avec les 80 pour l’Euro juniors 98 mais Pierre Vincent m’avait dit que je n’étais pas assez bon. Je m’en souviens bien de ce jour ! J’ai joué des qualifications avec les espoirs en 1999 mais je n’ai pas pu jouer l’Euro l’année suivante. C’est d’ailleurs à cette période que j’ai mon premier contact avec les A. J’étais dans un
La Fortitudo Bologne me voulait mais j’ai choisi Malaga à l’été 2004. Je voulais partir un an plus tôt mais ça ne s’est pas fait et j’ai terminé sur un titre de champion avec Pau, le troisième. En Espagne je suis le backup de Jorge Garbajosa, un 4 qui s’écarte en permanence. Et les systèmes ne changent pas quand je suis sur le terrain. Cela m’a beaucoup aidé finalement. Il était un des meilleurs à son poste en Europe et m’entraîner tous les jours avec lui m’a permis de gagner en confiance au niveau du shoot. Il me parlait souvent et le coach Sergio Scariolo était également persuadé que je pouvais être un bon shooteur. J’ai vraiment développé mon adresse à Malaga. La vie en Espagne m’a tout de suite plu. Le soleil, la plage, la façon de vivre, je me croyais aux Antilles. Et sportivement je savais que c’était là qu’il fallait être. Quand on regarde aujourd’hui les effectifs de l’époque, ils étaient composés de joueurs extraordinaires. Dès la première saison nous gagnons la Coupe du Roi contre le Real Madrid de Mickaël Gélabale et Moustapha Sonko. La seconde, le championnat ACB contre Vitoria, 3-0 en finale. En face il y avait Luis Scola, Tiago Splitter, Pablo Prigioni ! Mon temps de jeu est limité (15 puis 18 minutes par match) mais je le prends bien. Quand tu vois les joueurs devant toi, il n’y a rien à dire. J’avais 23 ans lors de mon arrivée donc je prenais ça avec beaucoup d’humilité. Jamais je ne me suis pris la tête. Par contre quand je retrouvais Garbajosa avec l’Équipe de France il savait bien que j’étais surmotivé. Les Espagnols ils me détestent quand je joue contre eux et ils m’adorent quand je joue avec eux. Comme tout le monde… Mais ils me respectent et savent que sur le terrain je n’ai pas d’amis. Un joueur méchant ? Non, je n’ai jamais cherché à blesser
"LES JEUX C’ÉTAIT UN MOMENT INOUBLIABLE ET JE POURRAIS ARRÊTER MAINTENANT. MAIS J’ESPÈRE LES CONNAÎTRE UNE DERNIÈRE FOIS. CE TITRE M’A REDONNÉ L’ENVIE DE GAGNER ENCORE, DE DOMINER."
Bellenger / IS / FFBB
"J’AI ENVIE QUE MON ADVERSAIRE SACHE QUE JE SUIS LÀ, JE JOUE DUR... ET UN JOUEUR DUR C’EST CHIANT !"
Après Estudiantes je voulais recommencer à gagner. Valence était une équipe qui montait en Espagne. J’aurais pu aller à San Sebastian, un promu. Mais faire des stats sans remporter de titres, ça ne m’intéresse pas. J’ai passé cinq ans là-bas. Quand je suis parti, que je me suis installé à la tribune pour la conférence de presse, j’ai réalisé que le temps avait passé très vite. Je pensais dire au revoir, merci et à bientôt mais en évoquant tous les gens qui m’ont aidé, je me suis rendu compte du chemin parcouru et j’ai pleuré. A l’été 2013 j’ai fait le choix de rentrer en France. Ça n’a pas été trop difficile. Quand j’ai su que Valence ne voulait pas me conserver, j’ai exprimé le souhait de rentrer. J’avais fait le tour en Espagne.
que j’avais plus d’impact sur l’équipe à l’époque. J’étais déçu, surtout que ça n’avait rien à voir avec mon jeu. C’était une question de centimètres. Je me consolais comme ça : ce n’est pas que je ne suis pas bon, c’est que je n’ai pas assez grandi. Par la suite j’ai fait deux summer leagues. Avec les Suns en 2003 et avec les Spurs en 2004. La morale c’est que ça ne me correspond pas du tout. Mais à l’époque je ne le savais pas. Je ne pouvais pas m’exprimer. Ça m’a appris à ne pas y retourner. Je prouvais chaque année face aux meilleurs joueurs intérieurs. Donc si la NBA voulait me voir, elle savait où me trouver.
DIEGO G.SOUTO
Euro masculin 2007, match France-Slovénie
Bellenger / IS / FFBB
Médaille de bronze du championnat d'Europe 2005 avec son frère Mickaël
Steenkeste / FFBB
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
Euro masculin 2009, match France-Croatie
Jeux Olympiques 2012, match France-Etats-Unis
NOVEMBRE2014 15
Bellenger / IS / FFBB
Euro masculin 2009, match France-Allemagne
14 BASKETBALLMAGAZINE
qui que ce soit. Mais je suis agressif. J’ai envie que mon adversaire sache que je suis là et que pour gagner il va falloir se donner à 200%. Je joue dur, je pose de bons écrans, je fais de bons box-out. Et un joueur dur c’est chiant ! Moi non plus je n’aime pas ça. Quand je joue Felipe Reyes je sais que le gars ne donne pas sa part aux chiens. Il va se battre sur tous les ballons. Tu dois te préparer mentalement. Ça se respecte. J’ai la même mentalité. Avec mon parcours personnel, le fait d’avoir perdu ma mère très jeune, j’ai toujours dû me battre pour obtenir ce que je voulais. Personne ne m’a jamais rien donné.
LE MODÈLE GARBAJOSA
GAGNER ENCORE ET TOUJOURS
UNE VIE EN BLEU
Quand Garbajosa quitte Malaga en 2006 je me suis dit que c’était une saison pour moi. Mais Scariolo signe Carlos Jimenez, qui joue à l’aile, et le replace à l’intérieur. Et l’histoire recommençait. J’avais besoin de me retrouver, d’avoir un rôle plus important et après ma troisième saison je signe à Estudiantes Madrid qui m’offrait la possibilité de m’exprimer. Je crois que cette saison 2007/08 a été capitale pour moi (8,3 pts, 4,9 rbds en 27’). J’ai pu montrer que je savais jouer au basket et j’ai senti que le regard des gens avait changé. Cela était déjà le cas quand des joueurs me croisaient en Équipe de France. Je me rappelle de Prigioni venant me voir, surpris, après un match contre l’Argentine au Mondial au Japon et me demander pourquoi je ne faisais pas les mêmes choses avec Malaga.
A l’été 97 je suis sélectionné en Équipe de France cadets pour l’Euro avec comme meneurs Paccelis Morlende et un jeune surclassé… Tony Parker. Lucien Legrand était le coach et nous avons fini quatrièmes. Pourtant on bat la Yougoslavie (futur championne) en poule mais on perd en demi-finale contre la Russie d’Andreï Kirilenko. Je me rappelle qu’il se baladait avec des affaires Utah Jazz, à 16 ans. Je n’ai pas beaucoup eu l’occasion de rejouer en Équipe de France jeunes. J’ai fait les sélections avec les 80 pour l’Euro juniors 98 mais Pierre Vincent m’avait dit que je n’étais pas assez bon. Je m’en souviens bien de ce jour ! J’ai joué des qualifications avec les espoirs en 1999 mais je n’ai pas pu jouer l’Euro l’année suivante. C’est d’ailleurs à cette période que j’ai mon premier contact avec les A. J’étais dans un
La Fortitudo Bologne me voulait mais j’ai choisi Malaga à l’été 2004. Je voulais partir un an plus tôt mais ça ne s’est pas fait et j’ai terminé sur un titre de champion avec Pau, le troisième. En Espagne je suis le backup de Jorge Garbajosa, un 4 qui s’écarte en permanence. Et les systèmes ne changent pas quand je suis sur le terrain. Cela m’a beaucoup aidé finalement. Il était un des meilleurs à son poste en Europe et m’entraîner tous les jours avec lui m’a permis de gagner en confiance au niveau du shoot. Il me parlait souvent et le coach Sergio Scariolo était également persuadé que je pouvais être un bon shooteur. J’ai vraiment développé mon adresse à Malaga. La vie en Espagne m’a tout de suite plu. Le soleil, la plage, la façon de vivre, je me croyais aux Antilles. Et sportivement je savais que c’était là qu’il fallait être. Quand on regarde aujourd’hui les effectifs de l’époque, ils étaient composés de joueurs extraordinaires. Dès la première saison nous gagnons la Coupe du Roi contre le Real Madrid de Mickaël Gélabale et Moustapha Sonko. La seconde, le championnat ACB contre Vitoria, 3-0 en finale. En face il y avait Luis Scola, Tiago Splitter, Pablo Prigioni ! Mon temps de jeu est limité (15 puis 18 minutes par match) mais je le prends bien. Quand tu vois les joueurs devant toi, il n’y a rien à dire. J’avais 23 ans lors de mon arrivée donc je prenais ça avec beaucoup d’humilité. Jamais je ne me suis pris la tête. Par contre quand je retrouvais Garbajosa avec l’Équipe de France il savait bien que j’étais surmotivé. Les Espagnols ils me détestent quand je joue contre eux et ils m’adorent quand je joue avec eux. Comme tout le monde… Mais ils me respectent et savent que sur le terrain je n’ai pas d’amis. Un joueur méchant ? Non, je n’ai jamais cherché à blesser
"LES JEUX C’ÉTAIT UN MOMENT INOUBLIABLE ET JE POURRAIS ARRÊTER MAINTENANT. MAIS J’ESPÈRE LES CONNAÎTRE UNE DERNIÈRE FOIS. CE TITRE M’A REDONNÉ L’ENVIE DE GAGNER ENCORE, DE DOMINER."
Bellenger / IS / FFBB
"J’AI ENVIE QUE MON ADVERSAIRE SACHE QUE JE SUIS LÀ, JE JOUE DUR... ET UN JOUEUR DUR C’EST CHIANT !"
Après Estudiantes je voulais recommencer à gagner. Valence était une équipe qui montait en Espagne. J’aurais pu aller à San Sebastian, un promu. Mais faire des stats sans remporter de titres, ça ne m’intéresse pas. J’ai passé cinq ans là-bas. Quand je suis parti, que je me suis installé à la tribune pour la conférence de presse, j’ai réalisé que le temps avait passé très vite. Je pensais dire au revoir, merci et à bientôt mais en évoquant tous les gens qui m’ont aidé, je me suis rendu compte du chemin parcouru et j’ai pleuré. A l’été 2013 j’ai fait le choix de rentrer en France. Ça n’a pas été trop difficile. Quand j’ai su que Valence ne voulait pas me conserver, j’ai exprimé le souhait de rentrer. J’avais fait le tour en Espagne.
que j’avais plus d’impact sur l’équipe à l’époque. J’étais déçu, surtout que ça n’avait rien à voir avec mon jeu. C’était une question de centimètres. Je me consolais comme ça : ce n’est pas que je ne suis pas bon, c’est que je n’ai pas assez grandi. Par la suite j’ai fait deux summer leagues. Avec les Suns en 2003 et avec les Spurs en 2004. La morale c’est que ça ne me correspond pas du tout. Mais à l’époque je ne le savais pas. Je ne pouvais pas m’exprimer. Ça m’a appris à ne pas y retourner. Je prouvais chaque année face aux meilleurs joueurs intérieurs. Donc si la NBA voulait me voir, elle savait où me trouver.
DIEGO G.SOUTO
Euro masculin 2007, match France-Slovénie
Bellenger / IS / FFBB
Médaille de bronze du championnat d'Europe 2005 avec son frère Mickaël
Steenkeste / FFBB
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
Euro masculin 2009, match France-Croatie
Jeux Olympiques 2012, match France-Etats-Unis
NOVEMBRE2014 15
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
Euro masculin 2013, match France-Espagne
16 BASKETBALLMAGAZINE
Photos Bellenger / IS / FFBB
Le 27 novembre 2002 ? Mon record de point en bleu, c’est ça ? 27 points. J’ai pris 18 tirs ? Mais ça m’arrivait à Pau de prendre 18 tirs ! Dès que je suis arrivé en Équipe de France, je n’ai pas eu l’impression d’être un nouveau. Alain Weisz m’a tout de suite donné des responsabilités. Donc mon intégration a été facilitée par cette confiance qu’il me donnait. Et puis l’ancien qui occupait mon poste, je l’ai accompagné en dehors du terrain sur son trône pour ma première sélection ! Je ne sais pas si c’était fait exprès mais c’était symbolique de commencer au moment de la retraite de ce monument qu’est Jim Bilba. Mon premier EuroBasket c’est en Suède, en 2003. Nous avions une très bonne équipe mais nous n’avions sans doute pas la rage nécessaire pour aller chercher les matches importants. Après la défaite contre l’Italie dans le match pour la troisième place je ne me rends pas compte de ce que cela implique de ne pas aller aux Jeux. Quand tu as 22 ans tu ne mesures pas l’importance d’y participer et que chaque été il faut se donner les moyens d’y aller. On jouait un EuroBasket pour le gagner et les Jeux ce n’était pas un objectif. Pour moi la conquête de l’or a vraiment commencé en 2005 avec le shoot de Diamantidis en demi-finale de l’EuroBasket. Quand je vois les photos du podium avec mon frère je me dis que c’est dommage qu’il n’ait pas participé à la suite. Je suis toujours resté très mesuré sur ses rapports avec les Bleus. Je
L’ÉMOTION OLYMPIQUE Le plus pénible a été l’EuroBasket 2007. Une année cauchemardesque. Je voulais bien figurer en Espagne et là on finit 8e à 11h00 du matin dans une salle vide. C’était le pire. Mais en connaissant la fin du film je dirais que ça nous a servi de prendre quelques branlées. En 2009 on gagne nos 6 premiers matches donc on y croit. Mais l’Espagne, quand il faut bien jouer, elle joue bien. Je sais qu’on a beaucoup parlé de notre victoire contre la Grèce mais en jouant la veille nous n’avions pas la certitude de tomber sur l’Espagne en quart de finale en perdant. Et puis s’il faut perdre des matches, il ne faut pas que je sois sur le terrain. Moi je ne sais pas faire et j’espère ne jamais le faire. Je ne peux pas faire semblant. 2011 a été une grande émotion. Après la demi-finale j’étais vraiment heureux. J’avais tellement entendu parler des Jeux. C’est bien beau de regarder la cérémonie d’ouverture à la télévision mais pour un athlète il n’y a rien de plus beau que de défiler. Quand tu y es tu te rends compte du privilège que cela constitue. Tu fais partie d’un truc énorme. Toute la planète s’arrête pour cet évènement. C’était un moment inoubliable et je pourrais arrêter maintenant. Mais j’espère les connaître une dernière fois. Le titre de champion d’Europe m’a redonné l’envie de gagner encore, de dominer.
Bellenger / IS / FFBB
LA LONGUE QUÊTE
ne veux pas parler à sa place. Mais c’est sûr que j’aurais aimé qu’il soit avec nous. J’ai fait la même chose avec les forfaits des uns ou des autres. Chacun ses raisons, ses objectifs personnels. Je respecte les décisions même si au fond de moi, cet été par exemple, je sentais qu’on risquait de passer à côté de quelque chose. Vincent Collet avait raison de dire qu’il a fallu se convaincre qu’on pouvait gagner l’EuroBasket. Personnellement je n’étais pas très optimiste. Après les Jeux de Londres on s’était promis de revenir pour décrocher l’or. Plus on avançait plus les possibilités s’amenuisaient. Mais jamais je n’ai pensé à ne pas venir. Moi c’est automatique, je ne me pose pas de questions.
Euro masculin 2013, match France-Espagne
LA CONSÉCRATION Contre l’Espagne en demi-finale de l’EuroBasket cet été, tout le monde est possédé. C’était la rage qui parlait. Cette équipe nous a privés de pas mal de titres. Et elle les méritait. Gagner avec un scenario comme celuilà c’était encore mieux. Vincent Collet avait dit qu’on les battrait au meilleur moment, il avait raison. C’est le plus beau match de ma
Bellenger / IS / FFBB
Quick à Nancy et j’ai reçu un appel pour faire le sparring partner parce qu’il y avait des blessés lors de la préparation des Jeux Olympiques. J’ai dit non ! Je n’ai raté qu’une campagne en Equipe de France : les qualifications pour l’EuroBasket, en 2008. J’avais une tendinite que j’avais traîné toute la saison et qu’il fallait soigner. Quand je vois les photos de mes débuts en Équipe de France (ndlr : 21 novembre 2001) je me dis : qu’est ce que je suis sec ! Je devais peser 94 kilos. Aujourd’hui je fais 104 kilos ce qui n’est pas énorme mais nécessaire parce que les intérieurs sont de plus en plus grands, de plus en plus costauds. D’ailleurs il faut que je montre les photos de mes premières sélections à Tony Parker pour qu’il voie que c’est moi qui portais le numéro 9. J’ai pris le 11 plus tard en hommage à Antoine Rigaudeau qui le portait à Pau-Orthez. Je l’adorais. Quand il met 16 points en prolongation contre le Kinder Bologne en Euroleague, ouah ! Il m’avait marqué. Ce numéro m’a suivi depuis.
Euro masculin 2013, après la finale
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MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
Euro masculin 2013, match France-Espagne
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Le 27 novembre 2002 ? Mon record de point en bleu, c’est ça ? 27 points. J’ai pris 18 tirs ? Mais ça m’arrivait à Pau de prendre 18 tirs ! Dès que je suis arrivé en Équipe de France, je n’ai pas eu l’impression d’être un nouveau. Alain Weisz m’a tout de suite donné des responsabilités. Donc mon intégration a été facilitée par cette confiance qu’il me donnait. Et puis l’ancien qui occupait mon poste, je l’ai accompagné en dehors du terrain sur son trône pour ma première sélection ! Je ne sais pas si c’était fait exprès mais c’était symbolique de commencer au moment de la retraite de ce monument qu’est Jim Bilba. Mon premier EuroBasket c’est en Suède, en 2003. Nous avions une très bonne équipe mais nous n’avions sans doute pas la rage nécessaire pour aller chercher les matches importants. Après la défaite contre l’Italie dans le match pour la troisième place je ne me rends pas compte de ce que cela implique de ne pas aller aux Jeux. Quand tu as 22 ans tu ne mesures pas l’importance d’y participer et que chaque été il faut se donner les moyens d’y aller. On jouait un EuroBasket pour le gagner et les Jeux ce n’était pas un objectif. Pour moi la conquête de l’or a vraiment commencé en 2005 avec le shoot de Diamantidis en demi-finale de l’EuroBasket. Quand je vois les photos du podium avec mon frère je me dis que c’est dommage qu’il n’ait pas participé à la suite. Je suis toujours resté très mesuré sur ses rapports avec les Bleus. Je
L’ÉMOTION OLYMPIQUE Le plus pénible a été l’EuroBasket 2007. Une année cauchemardesque. Je voulais bien figurer en Espagne et là on finit 8e à 11h00 du matin dans une salle vide. C’était le pire. Mais en connaissant la fin du film je dirais que ça nous a servi de prendre quelques branlées. En 2009 on gagne nos 6 premiers matches donc on y croit. Mais l’Espagne, quand il faut bien jouer, elle joue bien. Je sais qu’on a beaucoup parlé de notre victoire contre la Grèce mais en jouant la veille nous n’avions pas la certitude de tomber sur l’Espagne en quart de finale en perdant. Et puis s’il faut perdre des matches, il ne faut pas que je sois sur le terrain. Moi je ne sais pas faire et j’espère ne jamais le faire. Je ne peux pas faire semblant. 2011 a été une grande émotion. Après la demi-finale j’étais vraiment heureux. J’avais tellement entendu parler des Jeux. C’est bien beau de regarder la cérémonie d’ouverture à la télévision mais pour un athlète il n’y a rien de plus beau que de défiler. Quand tu y es tu te rends compte du privilège que cela constitue. Tu fais partie d’un truc énorme. Toute la planète s’arrête pour cet évènement. C’était un moment inoubliable et je pourrais arrêter maintenant. Mais j’espère les connaître une dernière fois. Le titre de champion d’Europe m’a redonné l’envie de gagner encore, de dominer.
Bellenger / IS / FFBB
LA LONGUE QUÊTE
ne veux pas parler à sa place. Mais c’est sûr que j’aurais aimé qu’il soit avec nous. J’ai fait la même chose avec les forfaits des uns ou des autres. Chacun ses raisons, ses objectifs personnels. Je respecte les décisions même si au fond de moi, cet été par exemple, je sentais qu’on risquait de passer à côté de quelque chose. Vincent Collet avait raison de dire qu’il a fallu se convaincre qu’on pouvait gagner l’EuroBasket. Personnellement je n’étais pas très optimiste. Après les Jeux de Londres on s’était promis de revenir pour décrocher l’or. Plus on avançait plus les possibilités s’amenuisaient. Mais jamais je n’ai pensé à ne pas venir. Moi c’est automatique, je ne me pose pas de questions.
Euro masculin 2013, match France-Espagne
LA CONSÉCRATION Contre l’Espagne en demi-finale de l’EuroBasket cet été, tout le monde est possédé. C’était la rage qui parlait. Cette équipe nous a privés de pas mal de titres. Et elle les méritait. Gagner avec un scenario comme celuilà c’était encore mieux. Vincent Collet avait dit qu’on les battrait au meilleur moment, il avait raison. C’est le plus beau match de ma
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Quick à Nancy et j’ai reçu un appel pour faire le sparring partner parce qu’il y avait des blessés lors de la préparation des Jeux Olympiques. J’ai dit non ! Je n’ai raté qu’une campagne en Equipe de France : les qualifications pour l’EuroBasket, en 2008. J’avais une tendinite que j’avais traîné toute la saison et qu’il fallait soigner. Quand je vois les photos de mes débuts en Équipe de France (ndlr : 21 novembre 2001) je me dis : qu’est ce que je suis sec ! Je devais peser 94 kilos. Aujourd’hui je fais 104 kilos ce qui n’est pas énorme mais nécessaire parce que les intérieurs sont de plus en plus grands, de plus en plus costauds. D’ailleurs il faut que je montre les photos de mes premières sélections à Tony Parker pour qu’il voie que c’est moi qui portais le numéro 9. J’ai pris le 11 plus tard en hommage à Antoine Rigaudeau qui le portait à Pau-Orthez. Je l’adorais. Quand il met 16 points en prolongation contre le Kinder Bologne en Euroleague, ouah ! Il m’avait marqué. Ce numéro m’a suivi depuis.
Euro masculin 2013, après la finale
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Août 2013, avec Tony Parker pour fêter la médaille d'argent des Bleus
Bellenger / IS / FFBB
MA CARRIÈRE PAR FLORENT PIETRUS >
carrière. Après la victoire en finale, lors de la remise du trophée, le protocole appelle Boris Diaw, le capitaine. Je suis descendu avec lui… (il hésite) Ça nous appartenait… Je voulais vivre cet instant-là, soulever ce trophée. Quand je revois les photos je me dis : ce n’est pas rien, il n’y a d’équipe meilleure que la tienne en Europe. On a connu des hauts, des bas, des étés catastrophiques, d’autres meilleurs. Mais jamais nous n’avons abandonné notre rêve commun. Quand les rêves se réalisent il faut se trouver d’autres challenges. C’est possible. Il faut installer l’Équipe de France de manière permanente au sommet. J’ai toujours envie de porter le maillot si le sélectionneur estime que je peux aider l’équipe. La fin ? J’y pense. Je sais qu’un jour il y aura une liste et que je n’y serai pas. Le temps a passé très vite. Je me vois toujours jeune débutant et j’ai du mal à imaginer la fin de l’Équipe de France. J’aimerais que ça vienne de moi. Je pense qu’avec Mickaël Gélabale, Tony Parker et Boris Diaw, nous avons gagné le droit de partir, entre guillemets, quand on le souhaitera." La biographie de Florent Pietrus, "Je n’ai jamais été petit" est toujours disponible aux éditions Du Moment.
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Coupe du Monde 2014
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CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR PRÉVENIR LES BLESSURES
Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.
LA PRÉVENTION DES BLESSURES, UNE AUTRE APPROCHE DE L’ÉCHAUFFEMENT c) Les exercices dynamiques Du stable : Sauts en contre haut avec contrôle des alignements au niveau des membres inférieurs
Vous comprendrez aisément qu’une liste plus vaste d’exercices seraient inutile tant l’intérêt de cet article est de vous sensibiliser sur la nécessité de percevoir vos entrées de séance d’une façon différente.
CONCLUSION Véritable sas de préparation à l’exercice intense, l’échauffement à travers les postures de gainage doit permettre à vos joueurs et joueuses de corriger progressivement les déséquilibres ou autres instabilités, ainsi que de préparer les différentes ceintures et chaînes musculaires à l’intensité du travail qui va suivre. Associé à un travail cardio-pulmonaire de corde à sauter, il préparera idéalement à toute forme d’entraînement ou de jeu à haute intensité.
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Déjà conçu pour répondre aux besoins personnels de vos athlètes en terme de correction des instabilités, le travail de gainage sera aisément associer au thème de la séance qu’il précède. Rien n’empêchera alors de remplacer le travail de corde par de la manipulation de balle pour précéder une séance de travail technique, peu intense.
Photo 5
A l’instable : Pompes sur swiss-ball
Photo 6
Les possibilités sont nombreuses et les clés méthodologiques précédemment évoquées doivent permettre à chaque entraîneur de bénéficier d’une grande liberté de création car comme le dit Frédéric Aubert : "La préparation physique est à la performance ce que la grammaire est à la poésie." Alors à nous de jouer… !
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