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CFBB PROMO 2015 LES AGENTS DE JOUEURS LUC LOUBAKI

ÉMILIE GOMIS L'AMOUR DU RISQUE N°808 - DÉCEMBRE2014 - WWW.FFBB.COM


MA CARRIÈRE PAR EMILIE GOMIS >

"J’AI ENVIE D’ÊTRE UN ÉLECTRON LIBRE" Propos recueillis par Julien Guérineau

"Du Sénégal il ne me reste rien, à part les choses qu’on a pu me raconter. D’ailleurs je ne suis jamais retournée où je suis née et je n’ai pas la double nationalité. Je suis partie à 3 ans. Donc l’arrivée en France, à Évreux, je ne m’en souviens pas. J’étais une fille très calme, réservée, tout le temps fourrée dans les jupes de sa mère. Je suis issue d’une famille nombreuse avec quatre frères et quatre sœurs. Mon père était un athlète, ceinture noire de karaté. Il avait pu voyager assez tôt et a toujours voulu venir en France. D’autres habitants de Ziguinchor, en Casa-mance, étaient venus s’installer sur Évreux. Dans les années 70 beaucoup de Sénégalais avaient émigré pour travailler et il y a pas mal de Gomis du côté d’Évreux, Mantes-laJolie. Nous sommes arrivés en deux temps et je faisais partie de la première vague étant une des plus jeunes de la fratrie. J’ai grandi dans le quartier de la Madeleine et très vite je me suis intéressée au basket.

Bellenger / IS / FFBB

GARÇON MANQUÉ

10 BASKETBALLMAGAZINE

Des terrains ont été construits et avec des potes on y allait tous les jours. A cette époque pas mal de tournois de streetball 3x3 s’organisaient. Dans ces tournois les paniers marqués par une fille valaient des points en plus. Donc les mecs avaient tout intérêt à me prendre dans leur équipe. Pour moi c’était normal de jouer avec les gars. Cela m’a forgé le caractère et même si j’étais fluette je me faisais respecter. En plus je n’avais rien d’une nana et ça énervait ma mère. Mon père lui m’a poussé à prendre une licence en club. A 9 ans j’ai rejoint l’Évreux AC. Moi ce que je

Catherine Steenkeste

À 31 ans, Émilie Gomis n’a pas débuté la saison 2014/15 de la Ligue Féminine. En rééducation à l’INSEP, cette cadre de l’Équipe de France (194 sélections, trois médailles européennes, une olympique) en a profiter pour revenir longuement sur son parcours. Jamais là où on l’attend, Miss Go assume pleinement ses choix de carrière et répète inlassablement son amour du maillot bleu pour lequel elle a pris tous les risques.

voulais savoir c’est si mes potes pouvaient venir. Mais là c’était juste pour les filles. Je trouvais ça nul. Heureusement ma copine Bintou Dieme m’a accompagnée. Je n’étais pas très motivée et j’ai pensé que la structure, le respect des règles, le coach, ce n’était pas fait pour moi. Finalement j’ai commencé à m’attacher aux filles de l’équipe. Et c’est la première fois que je me faisais des amies d’un autre milieu, plus aisé. Leurs parents venaient les chercher, elles avaient toutes leurs baskets et leurs tenues nickel. Moi je prenais le bus ou parfois je marchais 40 minutes pour aller à l’entraînement. J’étais débrouillarde et c’était normal pour moi. Ma mère n’avait ni voiture ni permis et mon père cumulait les boulots : ouvrier mécanicien, entraîneur

Émilie Gomis REPÈRES 1983 N aissance à Ziguinchor (Sénégal) 1998 Entrée au Centre Fédéral 2002 Première sélection Équipe de France 2009 Championne d’Europe 2012 Médaille d’argent aux Jeux Olympiques

DÉCEMBRE2014

11


MA CARRIÈRE PAR EMILIE GOMIS >

"J’AI ENVIE D’ÊTRE UN ÉLECTRON LIBRE" Propos recueillis par Julien Guérineau

"Du Sénégal il ne me reste rien, à part les choses qu’on a pu me raconter. D’ailleurs je ne suis jamais retournée où je suis née et je n’ai pas la double nationalité. Je suis partie à 3 ans. Donc l’arrivée en France, à Évreux, je ne m’en souviens pas. J’étais une fille très calme, réservée, tout le temps fourrée dans les jupes de sa mère. Je suis issue d’une famille nombreuse avec quatre frères et quatre sœurs. Mon père était un athlète, ceinture noire de karaté. Il avait pu voyager assez tôt et a toujours voulu venir en France. D’autres habitants de Ziguinchor, en Casa-mance, étaient venus s’installer sur Évreux. Dans les années 70 beaucoup de Sénégalais avaient émigré pour travailler et il y a pas mal de Gomis du côté d’Évreux, Mantes-laJolie. Nous sommes arrivés en deux temps et je faisais partie de la première vague étant une des plus jeunes de la fratrie. J’ai grandi dans le quartier de la Madeleine et très vite je me suis intéressée au basket.

Bellenger / IS / FFBB

GARÇON MANQUÉ

10 BASKETBALLMAGAZINE

Des terrains ont été construits et avec des potes on y allait tous les jours. A cette époque pas mal de tournois de streetball 3x3 s’organisaient. Dans ces tournois les paniers marqués par une fille valaient des points en plus. Donc les mecs avaient tout intérêt à me prendre dans leur équipe. Pour moi c’était normal de jouer avec les gars. Cela m’a forgé le caractère et même si j’étais fluette je me faisais respecter. En plus je n’avais rien d’une nana et ça énervait ma mère. Mon père lui m’a poussé à prendre une licence en club. A 9 ans j’ai rejoint l’Évreux AC. Moi ce que je

Catherine Steenkeste

À 31 ans, Émilie Gomis n’a pas débuté la saison 2014/15 de la Ligue Féminine. En rééducation à l’INSEP, cette cadre de l’Équipe de France (194 sélections, trois médailles européennes, une olympique) en a profiter pour revenir longuement sur son parcours. Jamais là où on l’attend, Miss Go assume pleinement ses choix de carrière et répète inlassablement son amour du maillot bleu pour lequel elle a pris tous les risques.

voulais savoir c’est si mes potes pouvaient venir. Mais là c’était juste pour les filles. Je trouvais ça nul. Heureusement ma copine Bintou Dieme m’a accompagnée. Je n’étais pas très motivée et j’ai pensé que la structure, le respect des règles, le coach, ce n’était pas fait pour moi. Finalement j’ai commencé à m’attacher aux filles de l’équipe. Et c’est la première fois que je me faisais des amies d’un autre milieu, plus aisé. Leurs parents venaient les chercher, elles avaient toutes leurs baskets et leurs tenues nickel. Moi je prenais le bus ou parfois je marchais 40 minutes pour aller à l’entraînement. J’étais débrouillarde et c’était normal pour moi. Ma mère n’avait ni voiture ni permis et mon père cumulait les boulots : ouvrier mécanicien, entraîneur

Émilie Gomis REPÈRES 1983 N aissance à Ziguinchor (Sénégal) 1998 Entrée au Centre Fédéral 2002 Première sélection Équipe de France 2009 Championne d’Europe 2012 Médaille d’argent aux Jeux Olympiques

DÉCEMBRE2014

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MA CARRIÈRE PAR ÉMILIE GOMIS >

réseaux sociaux, les filles ont bien plus de références. Partager avec des joueurs comme Tony Parker, Boris Diaw, Ronny Turiaf j’ai adoré.

INTERNATIONALE À 18 ANS

Avec ses coéquipières minimes d'Evreux

En 1997, avec Evreux AC

12 BASKETBALLMAGAZINE

et mon entêtement. Vincent Lavandier me coachait et dès qu’il y avait trop de contraintes, de directives, je n’arrivais plus à jouer. Le basket j’aimais ça mais quand j’en avais envie. Heureusement que Vincent était là ! Même si ce n’était pas ce que je pensais sur le coup. C’est Pascal Pisan qui m’a approchée pour me proposer d’intégrer le CFBB. Je n’avais aucune idée de ce qu’était le pôle France. Il m’avait mis un petit coup de pression : "si tu viens tu as intérêt à te tenir à carreau." L’INSEP c’était un autre monde pour moi. Mais je ne me mettais pas de pression. Je pensais que si j’arrivais à passer les étapes dans les Équipes de France de jeunes, la suite viendrait naturellement. Et je l’ai fait : cadettes, juniors, espoirs. Nous n’avions aucun contact avec la LFB et dans les chambres, les posters, c’était ceux des garçons. Maintenant avec internet et les

Avec la séléction régionale minimes

Photos DR

Avec Emilie Maurice, future joueuse LFB

de karaté, vigile dans une boîte de nuit. Il a commencé à bosser à 8 ans comme cireur de chaussures et avoir plusieurs jobs c’est naturel pour lui. Aujourd’hui il est à la retraite et il déprime ! Ma culture basket était nulle. Je n’avais aucune référence mis à part les garçons de l’ALM Évreux qui sont montés en Pro A en 1995 et un peu la NBA. J’ai découvert le basket féminin et l’existence de l’Équipe de France en arrivant au Centre Fédéral en 1998. Donc je ne pensais absolument pas devenir professionnelle. Je profitais du moment présent avec mes copines. Même en quittant l’INSEP ce n’était toujours pas une évidence et j’avais d’ailleurs eu du mal à trouver un club. Très tôt j’ai été sélectionnée pour faire les tournois de zones et à 14 ans j’ai intégré le pôle espoirs à Rouen. Bintou Dieme était toujours avec moi. A l’époque on me reprochait beaucoup ma nonchalance

Je jouais à l’instinct, comme un mec. Et mentalement j’étais au-dessus. Je ne me plaignais jamais et je n’avais pas peur de la concurrence. Même si les coaches étaient durs avec moi, personne ne pouvait me briser. Pour devenir athlète de haut niveau il faut être un peu égoïste et avoir un mental de fou pour encaisser les échecs et savoir rebondir. C’est ma force numéro un. En 2001, à l’issue de ma dernière année, toutes les filles avaient trouvé un club… sauf moi. Pascal Pisan m’a mis en relation avec Tarbes et Jean-Pierre Siutat. J’ai passé des essais et j’ai signé mon premier contrat. 600 euros par mois je crois. En arrivant là-bas c’est la première fois que j’ai eu un petit coup de blues. Mais très vite je rejoins un super groupe et dès la première saison, Damien Leyrolles me donne du temps de jeu. C’est là que j’ai compris que basketteuse professionnelle, c’était fait pour moi ! Je découvre aussi les salles avec du public, l’après-match avec les VIP où il faut s’habiller. Les joueuses devenaient des femmes alors que les jeunes on restait en jogging. Ce sont des habitudes, des codes. Je me prends au jeu alors que je n’étais pas du tout féminine. Dès la fin de ma première saison, Alain Jardel m’a appelée en Équipe de France. Je sortais de l’Euro U20 et je suis allé à Saint-Brieuc rejoindre les A qui préparaient le Mondial en Chine. L’été précédent j’étais au Mans pour les voir devenir championnes d’Europe. En les regardant je me disais : "ça c’est mon rêve." En 2003 après le podium du Mondial U21, six joueuses sont allées avec les A pour la prépa de l’Euro. Cette fois ça ne rigolait plus et j’ai été retenue. Le même année j’ai quitté Tarbes pour Villeneuve d’Ascq, coaché par Marc Silvert. Je n’avais plus du tout le même salaire et je venais pour être une cadre de l’équipe. En plus je remontais dans le Nord. C’était l’occasion de prouver que je pouvais devenir une joueuse majeure en LFB. J’y suis restée trois ans. Mon parcours, le fait de n’avoir gagné qu’une fois le championnat de France ? Mes choix je les fais par rapport à ma vie personnelle. J’ai besoin d’être épanouie. Je ne veux pas mettre le basket au centre de ma vie. J’ai refusé trois fois d’aller à Bourges. J’avais mes raisons même

"L’INSEP C’ÉTAIT UN AUTRE MONDE POUR MOI. MAIS JE NE ME METTAIS PAS DE PRESSION. JE PENSAIS QUE SI J’ARRIVAIS À PASSER LES ÉTAPES DANS LES ÉQUIPES DE FRANCE DE JEUNES, LA SUITE VIENDRAIT NATURELLEMENT. ET JE L’AI FAIT : CADETTES, JUNIORS, ESPOIRS."

En 1999, au CFBB Bellenger / IS / FFBB

En 2003, finale LFB

En 2001, à Tarbes Bellenger / IS / FFBB

si les gens ne les comprennent pas. Moi j’ai envie d’être un électron libre. Je sais qu’à Bourges j’aurais eu des titres, de la visibilité et moins de problèmes que dans d’autres clubs. Mais j’assume pleinement tous mes choix. J’aurais par exemple pu trouver rapidement un club cette saison

Presse Sports / Pochat

mais j’ai besoin de repos parce que j’ai un objectif en tête : l’Euro 2015 puis les Jeux 2016. Et j’ai le luxe de pouvoir m’arrêter. Avoir le contrôle sur sa carrière j’ai toujours recherché ça. Même jouer en Ligue 2 ne me dérangerait pas tant que le cadre, l’environnement me plaît.

DÉCEMBRE2014 13


MA CARRIÈRE PAR ÉMILIE GOMIS >

réseaux sociaux, les filles ont bien plus de références. Partager avec des joueurs comme Tony Parker, Boris Diaw, Ronny Turiaf j’ai adoré.

INTERNATIONALE À 18 ANS

Avec ses coéquipières minimes d'Evreux

En 1997, avec Evreux AC

12 BASKETBALLMAGAZINE

et mon entêtement. Vincent Lavandier me coachait et dès qu’il y avait trop de contraintes, de directives, je n’arrivais plus à jouer. Le basket j’aimais ça mais quand j’en avais envie. Heureusement que Vincent était là ! Même si ce n’était pas ce que je pensais sur le coup. C’est Pascal Pisan qui m’a approchée pour me proposer d’intégrer le CFBB. Je n’avais aucune idée de ce qu’était le pôle France. Il m’avait mis un petit coup de pression : "si tu viens tu as intérêt à te tenir à carreau." L’INSEP c’était un autre monde pour moi. Mais je ne me mettais pas de pression. Je pensais que si j’arrivais à passer les étapes dans les Équipes de France de jeunes, la suite viendrait naturellement. Et je l’ai fait : cadettes, juniors, espoirs. Nous n’avions aucun contact avec la LFB et dans les chambres, les posters, c’était ceux des garçons. Maintenant avec internet et les

Avec la séléction régionale minimes

Photos DR

Avec Emilie Maurice, future joueuse LFB

de karaté, vigile dans une boîte de nuit. Il a commencé à bosser à 8 ans comme cireur de chaussures et avoir plusieurs jobs c’est naturel pour lui. Aujourd’hui il est à la retraite et il déprime ! Ma culture basket était nulle. Je n’avais aucune référence mis à part les garçons de l’ALM Évreux qui sont montés en Pro A en 1995 et un peu la NBA. J’ai découvert le basket féminin et l’existence de l’Équipe de France en arrivant au Centre Fédéral en 1998. Donc je ne pensais absolument pas devenir professionnelle. Je profitais du moment présent avec mes copines. Même en quittant l’INSEP ce n’était toujours pas une évidence et j’avais d’ailleurs eu du mal à trouver un club. Très tôt j’ai été sélectionnée pour faire les tournois de zones et à 14 ans j’ai intégré le pôle espoirs à Rouen. Bintou Dieme était toujours avec moi. A l’époque on me reprochait beaucoup ma nonchalance

Je jouais à l’instinct, comme un mec. Et mentalement j’étais au-dessus. Je ne me plaignais jamais et je n’avais pas peur de la concurrence. Même si les coaches étaient durs avec moi, personne ne pouvait me briser. Pour devenir athlète de haut niveau il faut être un peu égoïste et avoir un mental de fou pour encaisser les échecs et savoir rebondir. C’est ma force numéro un. En 2001, à l’issue de ma dernière année, toutes les filles avaient trouvé un club… sauf moi. Pascal Pisan m’a mis en relation avec Tarbes et Jean-Pierre Siutat. J’ai passé des essais et j’ai signé mon premier contrat. 600 euros par mois je crois. En arrivant là-bas c’est la première fois que j’ai eu un petit coup de blues. Mais très vite je rejoins un super groupe et dès la première saison, Damien Leyrolles me donne du temps de jeu. C’est là que j’ai compris que basketteuse professionnelle, c’était fait pour moi ! Je découvre aussi les salles avec du public, l’après-match avec les VIP où il faut s’habiller. Les joueuses devenaient des femmes alors que les jeunes on restait en jogging. Ce sont des habitudes, des codes. Je me prends au jeu alors que je n’étais pas du tout féminine. Dès la fin de ma première saison, Alain Jardel m’a appelée en Équipe de France. Je sortais de l’Euro U20 et je suis allé à Saint-Brieuc rejoindre les A qui préparaient le Mondial en Chine. L’été précédent j’étais au Mans pour les voir devenir championnes d’Europe. En les regardant je me disais : "ça c’est mon rêve." En 2003 après le podium du Mondial U21, six joueuses sont allées avec les A pour la prépa de l’Euro. Cette fois ça ne rigolait plus et j’ai été retenue. Le même année j’ai quitté Tarbes pour Villeneuve d’Ascq, coaché par Marc Silvert. Je n’avais plus du tout le même salaire et je venais pour être une cadre de l’équipe. En plus je remontais dans le Nord. C’était l’occasion de prouver que je pouvais devenir une joueuse majeure en LFB. J’y suis restée trois ans. Mon parcours, le fait de n’avoir gagné qu’une fois le championnat de France ? Mes choix je les fais par rapport à ma vie personnelle. J’ai besoin d’être épanouie. Je ne veux pas mettre le basket au centre de ma vie. J’ai refusé trois fois d’aller à Bourges. J’avais mes raisons même

"L’INSEP C’ÉTAIT UN AUTRE MONDE POUR MOI. MAIS JE NE ME METTAIS PAS DE PRESSION. JE PENSAIS QUE SI J’ARRIVAIS À PASSER LES ÉTAPES DANS LES ÉQUIPES DE FRANCE DE JEUNES, LA SUITE VIENDRAIT NATURELLEMENT. ET JE L’AI FAIT : CADETTES, JUNIORS, ESPOIRS."

En 1999, au CFBB Bellenger / IS / FFBB

En 2003, finale LFB

En 2001, à Tarbes Bellenger / IS / FFBB

si les gens ne les comprennent pas. Moi j’ai envie d’être un électron libre. Je sais qu’à Bourges j’aurais eu des titres, de la visibilité et moins de problèmes que dans d’autres clubs. Mais j’assume pleinement tous mes choix. J’aurais par exemple pu trouver rapidement un club cette saison

Presse Sports / Pochat

mais j’ai besoin de repos parce que j’ai un objectif en tête : l’Euro 2015 puis les Jeux 2016. Et j’ai le luxe de pouvoir m’arrêter. Avoir le contrôle sur sa carrière j’ai toujours recherché ça. Même jouer en Ligue 2 ne me dérangerait pas tant que le cadre, l’environnement me plaît.

DÉCEMBRE2014 13


Bellenger / IS / FFBB

MA CARRIÈRE PAR ÉMILIE GOMIS >

En 2005, avec Villeneuve d'Ascq

Bellenger / IS / FFBB

En 2003, 1er Euro avec les Bleues

Presse Sports / Montingy

COUPÉE PAR PIERRE VINCENT

FIBA Europe

LES BLEUES PLUTÔT QUE LA WNBA

14 BASKETBALLMAGAZINE

En 2006 mon agent me propose d’aller en WNBA… à New York. C’était un rêve que j’avais en tête depuis quelques années. Je pensais que leur style de jeu était fait pour moi. C’était un contrat de trois ans que j’ai finalement rompu pour privilégier l’Équipe de France. C’était l’année du Mondial au Brésil et il fallait faire un choix. Et alors que je jouais peu jusqu’à présent, Alain Jardel m’a appelé pour me dire que ce serait mon été. Je suis donc parti en me disant que je reviendrai… Et je ne suis jamais revenue

parce qu’avec l’Équipe de France cela s’est toujours bien passé. Aucun regret à ce sujet. Mon départ à l’étranger en 2008 tient de la même logique. Je sortais de deux saisons avec Valenciennes, un club que j’avais envie de rejoindre pour viser le titre et pour l’entraîneur Laurent Buffard. Mon agent me dit qu’il a une opportunité en Turquie, au Fenerbahçe. Cela m’a fait un peu peur. Je ne savais pas si j’allais être capable de vivre seule à Istanbul. Je me suis rapidement liée d’amitié avec Tammy Sutton-Brown, la pivot canadienne. Et la ville ! C’est le souk mais c’est le top ! Après

En Équipe de France, avec Pierre Vincent on ne s’est pas compris au début. Nous sommes partis sur de mauvaises bases et cela aurait pu être la fin de l’histoire mais j’ai fait mon mea culpa. On sortait de l’Euro 2007, ma pire expérience en bleu. Une horreur. En 2008, lors de sa prise de fonction j’ai loupé le début de la préparation et physiquement je n’étais pas au top. Le groupe partait pour une phase de qualification avec beaucoup de matches dans les pays de l’Est. Et un matin, je venais à peine de me lever, il annonce la liste des 12. Je n’y suis pas. Parfois il y a des signes qui ne trompent pas, une altercation, quelque chose. Là rien… J’attendais qu’il vienne me voir. Je lui en ai voulu parce que je n’étais plus une petite jeune de 18 ans. Je pouvais comprendre qu’il ne me prenne pas, même si ça fait toujours mal, mais là je suis partie sans comprendre. Par fierté je ne suis pas allée le voir. Je suis partie en vacances, je n’ai pas donné d’interview, j’ai pris du recul. Quelques mois plus tard il m’a convoqué pour un stage à Monaco. Moi j’avais envie de porter ce maillot et j’aurais fait n’importe quoi pour être dans l’équipe. J’ai abandonné la WNBA pour les Bleues donc je ne m’imaginais pas finir l’histoire deux ans plus tard. Nous avons discuté.

Bellenger / IS / FFBB

En 2003, avec Villeneuve d'Ascq

En 2007, Championne de France avec l'USVO

la rivalité entre les grands clubs multisports est spéciale. Lors du match contre Galatasaray par exemple il y avait 200 policiers. On arrivait dans des bus avec des vitres blindées, le match a été interrompu 45 minutes pour jets de projectiles. Les supporters sont malades et même les Présidents se battent entre eux. C’était une bonne expérience qui s’est terminée trop tôt. J’ai découvert ce que c’était d’être étrangère. Le club avait tout simplement envie de prendre une autre joueuse mais son quota d’étrangères était atteint. Il fallait en virer une. C’est tombé sur moi. Le prétexte était un souci de genou. Le club a coupé l’électricité dans mon appartement, changé les serrures, bloqué mon compte en banque et falsifié un certificat médical. Et cela m’a porté préjudice derrière car tous les clubs étaient persuadés que j’avais un problème. J’ai dû les attaquer et j’ai gagné le procès. Après un mois sans jouer j’ai rejoint Naples en février. Le club voulait simplement se maintenir. Là encore j’ai vu des choses incroyables. Donc tu te dis j’aime bien l’étranger mais on est quand même bien en France. Derrière j’ai signé trois ans à Villeneuve d’Ascq.

En 2007, avec l'USVO

"MES CHOIX JE LES FAIS PAR RAPPORT À MA VIE PERSONNELLE. J’AI BESOIN D’ÊTRE ÉPANOUIE. JE NE VEUX PAS METTRE LE BASKET AU CENTRE DE MA VIE. J’AI REFUSÉ TROIS FOIS D’ALLER À BOURGES. J’AVAIS MES RAISONS MÊME SI LES GENS NE LES COMPRENNENT PAS." DÉCEMBRE2014 15


Bellenger / IS / FFBB

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En 2005, avec Villeneuve d'Ascq

Bellenger / IS / FFBB

En 2003, 1er Euro avec les Bleues

Presse Sports / Montingy

COUPÉE PAR PIERRE VINCENT

FIBA Europe

LES BLEUES PLUTÔT QUE LA WNBA

14 BASKETBALLMAGAZINE

En 2006 mon agent me propose d’aller en WNBA… à New York. C’était un rêve que j’avais en tête depuis quelques années. Je pensais que leur style de jeu était fait pour moi. C’était un contrat de trois ans que j’ai finalement rompu pour privilégier l’Équipe de France. C’était l’année du Mondial au Brésil et il fallait faire un choix. Et alors que je jouais peu jusqu’à présent, Alain Jardel m’a appelé pour me dire que ce serait mon été. Je suis donc parti en me disant que je reviendrai… Et je ne suis jamais revenue

parce qu’avec l’Équipe de France cela s’est toujours bien passé. Aucun regret à ce sujet. Mon départ à l’étranger en 2008 tient de la même logique. Je sortais de deux saisons avec Valenciennes, un club que j’avais envie de rejoindre pour viser le titre et pour l’entraîneur Laurent Buffard. Mon agent me dit qu’il a une opportunité en Turquie, au Fenerbahçe. Cela m’a fait un peu peur. Je ne savais pas si j’allais être capable de vivre seule à Istanbul. Je me suis rapidement liée d’amitié avec Tammy Sutton-Brown, la pivot canadienne. Et la ville ! C’est le souk mais c’est le top ! Après

En Équipe de France, avec Pierre Vincent on ne s’est pas compris au début. Nous sommes partis sur de mauvaises bases et cela aurait pu être la fin de l’histoire mais j’ai fait mon mea culpa. On sortait de l’Euro 2007, ma pire expérience en bleu. Une horreur. En 2008, lors de sa prise de fonction j’ai loupé le début de la préparation et physiquement je n’étais pas au top. Le groupe partait pour une phase de qualification avec beaucoup de matches dans les pays de l’Est. Et un matin, je venais à peine de me lever, il annonce la liste des 12. Je n’y suis pas. Parfois il y a des signes qui ne trompent pas, une altercation, quelque chose. Là rien… J’attendais qu’il vienne me voir. Je lui en ai voulu parce que je n’étais plus une petite jeune de 18 ans. Je pouvais comprendre qu’il ne me prenne pas, même si ça fait toujours mal, mais là je suis partie sans comprendre. Par fierté je ne suis pas allée le voir. Je suis partie en vacances, je n’ai pas donné d’interview, j’ai pris du recul. Quelques mois plus tard il m’a convoqué pour un stage à Monaco. Moi j’avais envie de porter ce maillot et j’aurais fait n’importe quoi pour être dans l’équipe. J’ai abandonné la WNBA pour les Bleues donc je ne m’imaginais pas finir l’histoire deux ans plus tard. Nous avons discuté.

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En 2003, avec Villeneuve d'Ascq

En 2007, Championne de France avec l'USVO

la rivalité entre les grands clubs multisports est spéciale. Lors du match contre Galatasaray par exemple il y avait 200 policiers. On arrivait dans des bus avec des vitres blindées, le match a été interrompu 45 minutes pour jets de projectiles. Les supporters sont malades et même les Présidents se battent entre eux. C’était une bonne expérience qui s’est terminée trop tôt. J’ai découvert ce que c’était d’être étrangère. Le club avait tout simplement envie de prendre une autre joueuse mais son quota d’étrangères était atteint. Il fallait en virer une. C’est tombé sur moi. Le prétexte était un souci de genou. Le club a coupé l’électricité dans mon appartement, changé les serrures, bloqué mon compte en banque et falsifié un certificat médical. Et cela m’a porté préjudice derrière car tous les clubs étaient persuadés que j’avais un problème. J’ai dû les attaquer et j’ai gagné le procès. Après un mois sans jouer j’ai rejoint Naples en février. Le club voulait simplement se maintenir. Là encore j’ai vu des choses incroyables. Donc tu te dis j’aime bien l’étranger mais on est quand même bien en France. Derrière j’ai signé trois ans à Villeneuve d’Ascq.

En 2007, avec l'USVO

"MES CHOIX JE LES FAIS PAR RAPPORT À MA VIE PERSONNELLE. J’AI BESOIN D’ÊTRE ÉPANOUIE. JE NE VEUX PAS METTRE LE BASKET AU CENTRE DE MA VIE. J’AI REFUSÉ TROIS FOIS D’ALLER À BOURGES. J’AVAIS MES RAISONS MÊME SI LES GENS NE LES COMPRENNENT PAS." DÉCEMBRE2014 15


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Fenerbahçe

En 2008, avec Fenerbahçe

parler de basket. Mentalement je n’en pouvais plus et après la défaite en finale il m’a fallu prendre du recul. Je n’avais plus envie de jouer, de m’entraîner, de faire partie d’une équipe professionnelle. Pendant six mois je n’ai pas touché un ballon. J’étais en mode femme de joueur et j’allais voir mon chéri, volleyeur à Montpellier. Je ne regardais pas les classements, je ne connaissais pas les compositions d’équipe. Cela m’a permis de déterminer si j’avais encore envie. Et ça a été le cas. Ce break était pour la tête, cette année mon break est pour les jambes.

l’Eurostar pour Londres sans avoir la certitude d’être dans les 12. Nous avons refait une IRM sur place. Je pouvais jouer avec un risque de rupture totale. Pas grave, je prends le risque. Même si derrière je n’avais plus joué au basket, ce n’était pas grave. Au moins j’aurais vécu les Jeux. Les médecins ne voulaient pas et j’ai signé une décharge. Quand la compétition a commencé le plan était de me faire débuter les matches parce qu’il ne fallait pas que je me refroidisse. Je rentrais dans le 5, je ne jouais pas le second quart-temps, je rentrais après l’échauffement de la mi-temps. Tout était programmé. Et finalement j’ai joué normalement et il n’était plus question de me laisser sur le banc. En rentrant une fibrose s’était formée, j’avais mal partout et j’ai été arrêtée deux mois. J’ai eu des problèmes toute la saison et le club de Montpellier n’était pas très content. Je comprends très bien celles qui ont arrêté leur carrière internationale après les Jeux. Derrière il faut pouvoir se relancer sur 4 ans. Quand physiquement tu subis, c’est terminé. Emmeline Ndongue était lessivée par exemple pendant sa dernière saison. Moi je suis arrivée à saturation après l’Euro 2013. Il ne fallait plus me

Championnes d'Europe 2009

En 2012, avec Montpellier

LES JEUX EN LIGNE DE MIRE Aujourd’hui je ne peux pas fixer une date précise quant à mon retour. C’est moi qui vais déterminer quand mon corps sera prêt. Je préfère louper une partie de la saison pour être présente l’été avec l’Équipe de France. Donc je prends mon temps. Je sais que j’ai le niveau pour rester en bleu mais il faut que je me prépare et il me faut du repos. Je me connais par cœur et je veux me donner les moyens d’être encore une joueuse cadre en club. J’ai soigné ma

Peut-être étais-je arrivée avec trop de confiance en moi, trop à l’aise. C’est ce qu’il avait perçu. Pourtant je n’ai jamais eu de problèmes avec mes coéquipières. J’ai mon caractère mais je ne suis pas une fouteuse de merde. Et cette année-là nous sommes championnes d’Europe.

16 BASKETBALLMAGAZINE

En 2009, en retour avec Villeneuve d'Ascq

Bellenger / IS / FFBB

Bellenger / IS / FFBB

"J’AI PRIS L’EUROSTAR POUR LONDRES SANS AVOIR LA CERTITUDE D’ÊTRE DANS LES 12. LES MÉDECINS NE VOULAIENT PAS ET J’AI SIGNÉ UNE DÉCHARGE. PAS GRAVE, JE PRENDS LE RISQUE. MÊME SI DERRIÈRE JE N’AVAIS PLUS JOUÉ AU BASKET, CE N’ÉTAIT PAS GRAVE. AU MOINS J’AURAIS VÉCU LES JEUX."

Bellenger / IS / FFBB

Depuis les Jeux Olympiques je n’ai plus été en pleine possession de mes moyens. Et ces Jeux j’ai bien failli ne pas les faire. Je remercie encore Pierre Vincent de m’avoir laissé participer. Juste avant de partir pour Londres nous avons disputé un tournoi à Villeneuve d’Ascq. Et à l’issue du dernier match j’ai senti que mon mollet me lançait. Le lendemain je ne pouvais plus marcher. J’attendais les résultats de l’examen avec le staff médical : déchirure. A l’hôpital, le médecin me dit que j’en avais pour deux mois. On partait dans deux jours ! J’ai pleuré sur tout le chemin du retour vers l’hôtel. Pierre Vincent vient me voir dans ma chambre. J’étais dans un état second. J’ai supplié Pierre. Il fallait trouver une solution : me faire jouer deux minutes, juste m’emmener avec eux. J’attendais ça depuis tellement longtemps. J’ai pris

Presse Sports

L’USURE PHYSIQUE

DÉCEMBRE2014 17


MA CARRIÈRE PAR ÉMILIE GOMIS >

Fenerbahçe

En 2008, avec Fenerbahçe

parler de basket. Mentalement je n’en pouvais plus et après la défaite en finale il m’a fallu prendre du recul. Je n’avais plus envie de jouer, de m’entraîner, de faire partie d’une équipe professionnelle. Pendant six mois je n’ai pas touché un ballon. J’étais en mode femme de joueur et j’allais voir mon chéri, volleyeur à Montpellier. Je ne regardais pas les classements, je ne connaissais pas les compositions d’équipe. Cela m’a permis de déterminer si j’avais encore envie. Et ça a été le cas. Ce break était pour la tête, cette année mon break est pour les jambes.

l’Eurostar pour Londres sans avoir la certitude d’être dans les 12. Nous avons refait une IRM sur place. Je pouvais jouer avec un risque de rupture totale. Pas grave, je prends le risque. Même si derrière je n’avais plus joué au basket, ce n’était pas grave. Au moins j’aurais vécu les Jeux. Les médecins ne voulaient pas et j’ai signé une décharge. Quand la compétition a commencé le plan était de me faire débuter les matches parce qu’il ne fallait pas que je me refroidisse. Je rentrais dans le 5, je ne jouais pas le second quart-temps, je rentrais après l’échauffement de la mi-temps. Tout était programmé. Et finalement j’ai joué normalement et il n’était plus question de me laisser sur le banc. En rentrant une fibrose s’était formée, j’avais mal partout et j’ai été arrêtée deux mois. J’ai eu des problèmes toute la saison et le club de Montpellier n’était pas très content. Je comprends très bien celles qui ont arrêté leur carrière internationale après les Jeux. Derrière il faut pouvoir se relancer sur 4 ans. Quand physiquement tu subis, c’est terminé. Emmeline Ndongue était lessivée par exemple pendant sa dernière saison. Moi je suis arrivée à saturation après l’Euro 2013. Il ne fallait plus me

Championnes d'Europe 2009

En 2012, avec Montpellier

LES JEUX EN LIGNE DE MIRE Aujourd’hui je ne peux pas fixer une date précise quant à mon retour. C’est moi qui vais déterminer quand mon corps sera prêt. Je préfère louper une partie de la saison pour être présente l’été avec l’Équipe de France. Donc je prends mon temps. Je sais que j’ai le niveau pour rester en bleu mais il faut que je me prépare et il me faut du repos. Je me connais par cœur et je veux me donner les moyens d’être encore une joueuse cadre en club. J’ai soigné ma

Peut-être étais-je arrivée avec trop de confiance en moi, trop à l’aise. C’est ce qu’il avait perçu. Pourtant je n’ai jamais eu de problèmes avec mes coéquipières. J’ai mon caractère mais je ne suis pas une fouteuse de merde. Et cette année-là nous sommes championnes d’Europe.

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En 2009, en retour avec Villeneuve d'Ascq

Bellenger / IS / FFBB

Bellenger / IS / FFBB

"J’AI PRIS L’EUROSTAR POUR LONDRES SANS AVOIR LA CERTITUDE D’ÊTRE DANS LES 12. LES MÉDECINS NE VOULAIENT PAS ET J’AI SIGNÉ UNE DÉCHARGE. PAS GRAVE, JE PRENDS LE RISQUE. MÊME SI DERRIÈRE JE N’AVAIS PLUS JOUÉ AU BASKET, CE N’ÉTAIT PAS GRAVE. AU MOINS J’AURAIS VÉCU LES JEUX."

Bellenger / IS / FFBB

Depuis les Jeux Olympiques je n’ai plus été en pleine possession de mes moyens. Et ces Jeux j’ai bien failli ne pas les faire. Je remercie encore Pierre Vincent de m’avoir laissé participer. Juste avant de partir pour Londres nous avons disputé un tournoi à Villeneuve d’Ascq. Et à l’issue du dernier match j’ai senti que mon mollet me lançait. Le lendemain je ne pouvais plus marcher. J’attendais les résultats de l’examen avec le staff médical : déchirure. A l’hôpital, le médecin me dit que j’en avais pour deux mois. On partait dans deux jours ! J’ai pleuré sur tout le chemin du retour vers l’hôtel. Pierre Vincent vient me voir dans ma chambre. J’étais dans un état second. J’ai supplié Pierre. Il fallait trouver une solution : me faire jouer deux minutes, juste m’emmener avec eux. J’attendais ça depuis tellement longtemps. J’ai pris

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En 2012, JO de Londres, finale France / USA Presse Sports / Lahalle

"AUJOURD’HUI JE NE PEUX PAS FIXER UNE DATE PRÉCISE QUANT À MON RETOUR. C’EST MOI QUI VAIS DÉTERMINER QUAND MON CORPS SERA PRÊT. JE PRÉFÈRE LOUPER UNE PARTIE DE LA SAISON POUR ÊTRE PRÉSENTE L’ÉTÉ AVEC L’ÉQUIPE DE FRANCE."

Réception à l'Élysée en 2012, entourant François Hollande

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Presidence de la Republique

pathologie du genou pendant 4 semaines à Capbreton en juillet pour être prête pour le Mondial et j’ai choisi l’INSEP pour terminer correctement ma rééducation. En plus j’ai un jeu qui ne me permet pas de tricher. Les Jeux 2016 c’est mon dernier objectif avec l’Équipe de France. Après je souhaite passer à autre chose. En club je ne me fixe pas de limites, cela dépendra de mon physique. Pourrai-je tenir 8-9 mois de suite ? L’amour du basket je l’aurai mais tenir le rythme pro ? Surtout que la question des enfants va se poser. Je veux fonder une famille et cela prendra peut-être le dessus. Je ne veux pas être obligée de continuer mais bien préparer ma sortie. En regardant mes photos au fil des années je me dis que pour se trouver il faut se chercher. Je ne regrette rien. Je suis devenue la nana que je voulais être. Mon image je n’y attachais aucune importance quand j’étais jeune, je voulais qu’on me dise que je joue comme un mec. Aujourd’hui quand Nicolas Batum le dit je le prends toujours comme un compliment mais ce n’est que mon jeu, en dehors je suis une femme. Les tenues vestimentaires, mon style capillaire c’est un moyen de montrer que je m’assume pleinement. Je fais ce que je veux ! J’aime changer et je m’amuse. Je m’exprime sur le terrain et en dehors. J’existe !"

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CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR JEU PLACÉ DEMI-TERRAIN

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

LE TRAVAIL EN JEU RÉDUIT, APPRENTISSAGE DU JEU AUTOUR D’UN ÉCRAN NON PORTEUR 4. Les objectifs précédents sont toujours d’actualité en y ajoutant la capacité à lire l’option défensive. Les options défensives simples sont maintenant mélangées. Le passeur dans un premier temps n’a pas de défenseur, dans le but de faciliter sa lecture donc anticiper sa passe en modulant son placement. Il est important sur cette étape de pousser les joueuses à prendre le temps de regarder (de plus en plus rapidement) et avoir des actions franches avec beaucoup de vitesse (rupture de rythme).

E

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I P

Un des temps de lecture est au niveau de l’écran. Il faut chercher à repérer où se trouve la défense : Dans son dos donc grande probabilité que la défense suive. La défense a déjà décroché donc probablement la défense va glisser sur l’écran. Après cette prise d’information, l’utilisateur doit engager sa réponse avec une grande vitesse.

E

E

9. E xactement le même travail en rajoutant un défenseur sur le passeur, afin d’apprendre à s’organiser pour répondre à la situation.

PÉDAGOGIQUEMENT Le temps d’apprentissage sur une phase n’est surtout pas figé et dépendra de la vitesse d’assimilation des joueuses associées au timing de mise en place de ce travail dans le cursus de formation de la joueuse. Il est inutile d’accélérer la progression des apprentissages tant que ces derniers ne sont pas suffisamment maîtrisés, cela faussera les futurs apports. Apprendre par exemple, à utiliser un écran selon l’option défensive, ne sert à rien si déjà l’écran n’est pas de qualité. Pour finir et en rappel, les points à prendre en compte quelque soit le travail mis en place sont : a façon d’utiliser un écran certes, mais utiliser l’écran (la réalité L nous montre qu’il existe beaucoup de cas où l’écran n’est pas efficace à cause de l’utilisateur). a volonté forte de toucher, sans s’ouvrir juste à l’arrivée du défenL seur, et une fois le toucher effectué avoir une action (ouverture) à la balle.

I

I

premier temps, le passeur n’aura pas de défense face à lui. Attention à toujours maintenir la volonté de poser un écran de qualité et ne oublier cet incontournable.

P P

e passeur doit lire lui aussi et anticiper sa future passe (ce n’est L pas une fois que la sortie est effectuée qu’il faut agir).

Le passeur pour améliorer sa qualité de passe doit lui aussi lire le choix défensif. Il doit ajuster son placement pour trouver un angle de passe approprié pour la sortie future.

CONCLUSION

5. E xactement le même travail en rajoutant un défenseur sur le passeur, afin d’apprendre à s’organiser pour répondre à la situation.

Voici une méthode d’apprentissage qui me semble très intéressante à mettre en place afin de préparer les joueuses aux futures coordinations collectives et apporter une lecture commune. L’objectif est de parler le même langage et rechercher une efficacité collective. Développer les connaissances générales et pousser les joueuses à comprendre ce qu’il se passe, amènera une intelligence basket en plus des qualités déjà présentes. L’exposé effectué du jeu réduit sur les écrans non porteurs est transposable sur n’importe quelle situation de jeu à 2 ou 3 en attaque, mais aussi envisagé en défense.

6. N ous passons sur des défenses plus "complexes", comme par exemple changer entre les 2 défenseurs ou avoir une contestation dans la prise d’écran. Le passeur dans un premier temps n’a toujours pas de défense face à lui. Une répétition dans un premier temps des solutions possibles par défense sont à privilégier. 7. Exactement le même travail en rajoutant un défenseur sur le passeur, afin d’apprendre à s’organiser pour répondre à la situation. 8. D ans cette étape, nous pouvons maintenant mélanger 2 options défensives avec au choix 1 option simple + 1 option complexe ou 2 options complexes par exemple. L’objectif sera de nouveau la capacité à lire dans la situation. Dans un

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Amenons une intelligence basket à nos joueuses, un objectif ambitieux qui nous permettra de les amener vers plus d’autonomie sur le terrain et dans le jeu.

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