CAUSEURTILLIE LA TOUCHE FRANÇAISE DE VITORIA
DOUMBOUYA/MALEDON LES BLEUES À L’EURO 2017 BENJAMINS À NEW YORK
N°822 - MARS2016 - WWW.FFBB.COM
FABIEN CAUSEUR >
"LES GENS NE ME CONNAISSENT PAS EN FRANCE" Propos recueillis par Julien Guérineau
Arrivé à Vitoria à l’été 2012, auréolé d’un trophée de MVP de Pro A, Fabien Causeur (1,93 m, 28 ans) est désormais un arrière reconnu en Euroleague. Il signe actuellement la meilleure saison de sa carrière et suscite les convoitises des plus grands clubs européens. En attendant de confirmer son nouveau statut avec l’Équipe de France.
Nous sommes une équipe qui ne fait pas de bruit. On a moins bien commencé la saison que d’autres mais on arrive en forme au meilleur moment de la saison. Avez-vous suivi l’élimination surprise de Valence en EuroCup après leur impressionnante série ?
Presse Sports / Faugère
Je regarde justement un match d’EuroCup pendant qu’on fait l’interview. J’adore ça et je suis accro. Quand il y a un match d’Euroleague à la télévision je ne le rate jamais. Ça a commencé avec mes parents avec PauOrthez, Limoges et l’ASVEL. Et j’ai continué même si désormais je le vis aussi quotidiennement.
10 BASKETBALLMAGAZINE
Considérez-vous qu’il est essentiel pour un joueur professionnel de suivre son sport avec attention ? Tout à fait. Quand tu n’es pas encore professionnel c’est important pour ton QI basket. La réussite c’est une question d’entraînement mais aussi de compréhension du jeu.
Plus tu regardes les matches plus tu comprends les coaches, certains changements tactiques. Parfois tu te demandes pourquoi on te fait faire tel ou tel exercice à l’entraînement. Et ensuite tu comprends. Par exemple j’ai toujours pensé, jeune, que faire du 5 contre 0 c’était chiant. Mais je le faisais en espoirs et je le fais encore avec Perasovic en Euroleague. Est-ce justement dans la compréhension du jeu que vous avez le plus progressé ? Sans vouloir passer pour un joueur prétentieux on m’a toujours dit que je comprenais bien le basket. Ensuite j’ai progressé tactiquement, notamment en évoluant avec certains joueurs. Un joueur comme Bourousis t’apprend beaucoup par exemple. 50% de réussite à deux-points, 43% à trois-points, 78% aux lancers-francs après 15 matches d’Euroleague. La justesse est-elle l’élément clé pour un joueur d’Euroleague ? C’est clair. L’efficacité à ce niveau-là est très importante. Tu joues avec de grands joueurs et il faut partager les minutes et les shoots. Donc quand tu as des tirs ouverts, tu ne dois pas les rater. Et ce n’est pas qu’en attaque… En défense on te demande de faire deuxtrois efforts consécutifs sans faire d’erreurs.
Ioannis Bourousis a été en contact avec des clubs français pendant l’été. Il a finalement rejoint Vitoria. Un pivot de hautniveau est-il indispensable pour nourrir des ambitions en Euroleague ? Sans lui nous n’aurions pas fait la même saison. Même si c’est le travail d’une équipe, il a été leader sur beaucoup de matches. C’est une pièce maîtresse de notre collectif. La pierre angulaire qui nous manquait. D e s pivots de ce niveau il y en a très peu en Euroleague.
MARS2016
11
Bacot / FFB B
En deux semaines fin janvier, Vitoria a mis à terre le CSKA, le Barça, le Real Madrid et Valence. L’équipe d’Antoine Diot a beaucoup fait parler d’elle en signant 28 victoires consécutives pour lancer sa saison mais finalement est-ce Vitoria le club du moment ?
FABIEN CAUSEUR >
"LES GENS NE ME CONNAISSENT PAS EN FRANCE" Propos recueillis par Julien Guérineau
Arrivé à Vitoria à l’été 2012, auréolé d’un trophée de MVP de Pro A, Fabien Causeur (1,93 m, 28 ans) est désormais un arrière reconnu en Euroleague. Il signe actuellement la meilleure saison de sa carrière et suscite les convoitises des plus grands clubs européens. En attendant de confirmer son nouveau statut avec l’Équipe de France.
Nous sommes une équipe qui ne fait pas de bruit. On a moins bien commencé la saison que d’autres mais on arrive en forme au meilleur moment de la saison. Avez-vous suivi l’élimination surprise de Valence en EuroCup après leur impressionnante série ?
Presse Sports / Faugère
Je regarde justement un match d’EuroCup pendant qu’on fait l’interview. J’adore ça et je suis accro. Quand il y a un match d’Euroleague à la télévision je ne le rate jamais. Ça a commencé avec mes parents avec PauOrthez, Limoges et l’ASVEL. Et j’ai continué même si désormais je le vis aussi quotidiennement.
10 BASKETBALLMAGAZINE
Considérez-vous qu’il est essentiel pour un joueur professionnel de suivre son sport avec attention ? Tout à fait. Quand tu n’es pas encore professionnel c’est important pour ton QI basket. La réussite c’est une question d’entraînement mais aussi de compréhension du jeu.
Plus tu regardes les matches plus tu comprends les coaches, certains changements tactiques. Parfois tu te demandes pourquoi on te fait faire tel ou tel exercice à l’entraînement. Et ensuite tu comprends. Par exemple j’ai toujours pensé, jeune, que faire du 5 contre 0 c’était chiant. Mais je le faisais en espoirs et je le fais encore avec Perasovic en Euroleague. Est-ce justement dans la compréhension du jeu que vous avez le plus progressé ? Sans vouloir passer pour un joueur prétentieux on m’a toujours dit que je comprenais bien le basket. Ensuite j’ai progressé tactiquement, notamment en évoluant avec certains joueurs. Un joueur comme Bourousis t’apprend beaucoup par exemple. 50% de réussite à deux-points, 43% à trois-points, 78% aux lancers-francs après 15 matches d’Euroleague. La justesse est-elle l’élément clé pour un joueur d’Euroleague ? C’est clair. L’efficacité à ce niveau-là est très importante. Tu joues avec de grands joueurs et il faut partager les minutes et les shoots. Donc quand tu as des tirs ouverts, tu ne dois pas les rater. Et ce n’est pas qu’en attaque… En défense on te demande de faire deuxtrois efforts consécutifs sans faire d’erreurs.
Ioannis Bourousis a été en contact avec des clubs français pendant l’été. Il a finalement rejoint Vitoria. Un pivot de hautniveau est-il indispensable pour nourrir des ambitions en Euroleague ? Sans lui nous n’aurions pas fait la même saison. Même si c’est le travail d’une équipe, il a été leader sur beaucoup de matches. C’est une pièce maîtresse de notre collectif. La pierre angulaire qui nous manquait. D e s pivots de ce niveau il y en a très peu en Euroleague.
MARS2016
11
Bacot / FFB B
En deux semaines fin janvier, Vitoria a mis à terre le CSKA, le Barça, le Real Madrid et Valence. L’équipe d’Antoine Diot a beaucoup fait parler d’elle en signant 28 victoires consécutives pour lancer sa saison mais finalement est-ce Vitoria le club du moment ?
En 2013/14 vous avez connu problème rénal. Avez-vous été inquiet quant à la suite de votre carrière ? Bien sûr. Je ne suis pas médecin et en tant que joueur, tu peux prendre peur. Les médecins sont parfois un peu extrêmes dans leur diagnostic et quand on m’a parlé d’arrêt de carrière, bien évidemment j’ai eu peur. Mais tout a été bien géré par le club et mes agents qui m’ont protégé. J’ai pu prendre d’autres avis médicaux et me remettre à me concentrer sur le basket. Un genou, une cheville ce n’est pas un rein. Ma famille a été inquiète et ce n’était pas évident à gérer. J’ai pu reprendre et aujourd’hui je n’y pense plus.
Darius Adams était considéré comme un soliste au SLUC Nancy. A Vitoria, est-il obligé de rentrer dans un cadre ? Un égoïste ou un joueur qui ne shoote pas, je suis persuadé qu’il peut se fondre dans un collectif. Cela dépend de la construction d’équipe. A Vitoria nous avons deux meneurs électriques qui peuvent scorer beaucoup mais également te faire du mal quand ils sont dans un mauvais jour. Ils se sont adaptés à l’effectif. Je suis un joueur qui n’a pas beaucoup besoin du ballon, Adam Hanga est dans le même registre. Tout est question d’équilibre. Darius Adams a les tickets shoots et quand il a un coup de chaud il peut changer le cours d’un match. Cette saison il a franchi un cap au niveau de la passe.
Vous avez connu six coaches différents en quatre ans. Etait-ce particulièrement compliqué ? Ce n’est pas évident parce que ça remet constamment tout en question par rapport à ton temps de jeu. Il y a eu du positif et du négatif pour moi. Avec Marco Crespi je ne jouais pas du tout et quand il est parti, l’assistant coach m’a tout de suite remis sur le terrain. Tout peut changer en bien comme en mal. C’est du business. Et il n’y a pas d’amour dans le business.
Photos Igor Martin
Estimez-vous pratiquer actuellement le meilleur basket de votre carrière ? Oui. En termes de maturité, d’efficacité et de résultats d’équipe. J’ai eu un mois de janvier en deçà de ce que j’ai fait en début de saison. Mais je sens que je reviens bien physiquement. Je n’ai que 28 ans et on dit que les meilleures années sont entre 28 et 32 donc j’ai sans doute de belles choses à faire.
12 BASKETBALLMAGAZINE
Depuis votre arrivée en 2012, Vitoria a connu une grande instabilité. Cette saison c’est tout le contraire… Complètement. Cette saison un seul joueur a rejoint le groupe, Kristjan Kangur, pour remplacer Tornike Shengelia blessé. Cette stabilité est primordiale. Une année j’ai vu passer 23-24 joueurs ! Impossible de développer un collectif. On arrivait parfois un lundi matin et un nouveau joueur était là. Sans que l’on soit au courant ou qu’on sache qui c’était. C’est spécial et pas évident à vivre. Tu sens que tout le monde est sur un siège éjectable.
Votre coéquipier, Kim Tillie, a dû passer par Murcie avant de rejoindre une plus grosse cylindrée. Etiez-vous surpris, en 2012, de signer directement avec un club aussi prestigieux que Vitoria ? A la fin de ma dernière saison à Cholet, pas mal d’équipes me suivaient. Valence, Malaga et surtout Bilbao. J’étais sur le point de signer avec eux. Pau Ribas a été vendu par Vitoria à Valence et une place s’est ouverte. Pourtant je n’avais eu aucun contact avec l’équipe. Cela s’est fait en une journée. Je me suis lancé malgré une certaine angoisse vis-à-vis du coach, Dusko Ivanovic. J’ai posé des questions à Florent Pietrus, Jim Bilba et Laurent Foirest. Ils m’ont tous dit que j’allais souffrir. Mais j’ai voulu tenter ma chance et il ne faut pas se mentir, il y avait un très beau contrat à la clé. Je pense que j’ai fait un très bon choix de carrière. Quel regard portent les Espagnols sur le championnat de France ? Les joueurs espagnols respectent beaucoup les joueurs qui viennent du championnat de France. Mais ils perçoivent surtout la Pro A comme un championnat où les joueurs se lancent. Ils savent que c’est toujours
Bellenger / IS / FFBB
Vous jouez 30 minutes par match en Euroleague. C’est bien plus que des stars comme Nando De Colo, Milos Teodosic ou Sergio Rodriguez. Comment l’expliquezvous ? Cela dépend du coach et de l’effectif. Nando, qui sera MVP de la saison selon moi, jouera 30 minutes sur un très gros match. A Vitoria on se considère comme une équipe moyenne/bonne de l’Euroleague. Nous ne sommes pas le Real, le Barça ou le CSKA. On joue une finale chaque semaine. Le coach a une grande confiance en moi et fait moins de rotations. Peut-être le paiera-t-on plus tard dans l’année mais chaque victoire est vraiment importante pour nous.
"LA RÉUSSITE C’EST UNE QUESTION D’ENTRAÎNEMENT MAIS AUSSI DE COMPRÉHENSION DU JEU. PLUS TU REGARDES LES MATCHES PLUS TU COMPRENDS LES COACHES, CERTAINS CHANGEMENTS TACTIQUES."
compliqué de jouer en France parce que ça court, avec du potentiel scoring et athlétique. Mais pour eux ce n’est pas du sérieux comme en Espagne ou en Turquie. S’ils respectent les individualités, c’est moins le cas du basket pratiqué. Depuis Laurent Foirest en 1999 beaucoup de joueurs français sont passés par Vitoria. Le club vous interroge-t-il sur les potentiels tricolores ? J’ai une très bonne relation avec Alfredo Salazar qui a recruté beaucoup de monde.
Il y a quelques jours il m’a cité six joueurs français en m’annonçant qu’ils seraient en NBA dans peu de temps. Il suit énormément les joueurs français. Il s’était renseigné sur Nobel Boungou Colo il y a deux ans, sur Antoine Diot cette année. Ça se passe bien pour les Français à Vitoria, pourquoi ne pas continuer ? 2 Américains, 2 Français, 1 Grec, 1 Slovène, 1 Hongrois, 1 Croate, 1 Géorgien, l’effectif de Vitoria est une vraie tour de Babel…
MARS2016 13
En 2013/14 vous avez connu problème rénal. Avez-vous été inquiet quant à la suite de votre carrière ? Bien sûr. Je ne suis pas médecin et en tant que joueur, tu peux prendre peur. Les médecins sont parfois un peu extrêmes dans leur diagnostic et quand on m’a parlé d’arrêt de carrière, bien évidemment j’ai eu peur. Mais tout a été bien géré par le club et mes agents qui m’ont protégé. J’ai pu prendre d’autres avis médicaux et me remettre à me concentrer sur le basket. Un genou, une cheville ce n’est pas un rein. Ma famille a été inquiète et ce n’était pas évident à gérer. J’ai pu reprendre et aujourd’hui je n’y pense plus.
Darius Adams était considéré comme un soliste au SLUC Nancy. A Vitoria, est-il obligé de rentrer dans un cadre ? Un égoïste ou un joueur qui ne shoote pas, je suis persuadé qu’il peut se fondre dans un collectif. Cela dépend de la construction d’équipe. A Vitoria nous avons deux meneurs électriques qui peuvent scorer beaucoup mais également te faire du mal quand ils sont dans un mauvais jour. Ils se sont adaptés à l’effectif. Je suis un joueur qui n’a pas beaucoup besoin du ballon, Adam Hanga est dans le même registre. Tout est question d’équilibre. Darius Adams a les tickets shoots et quand il a un coup de chaud il peut changer le cours d’un match. Cette saison il a franchi un cap au niveau de la passe.
Vous avez connu six coaches différents en quatre ans. Etait-ce particulièrement compliqué ? Ce n’est pas évident parce que ça remet constamment tout en question par rapport à ton temps de jeu. Il y a eu du positif et du négatif pour moi. Avec Marco Crespi je ne jouais pas du tout et quand il est parti, l’assistant coach m’a tout de suite remis sur le terrain. Tout peut changer en bien comme en mal. C’est du business. Et il n’y a pas d’amour dans le business.
Photos Igor Martin
Estimez-vous pratiquer actuellement le meilleur basket de votre carrière ? Oui. En termes de maturité, d’efficacité et de résultats d’équipe. J’ai eu un mois de janvier en deçà de ce que j’ai fait en début de saison. Mais je sens que je reviens bien physiquement. Je n’ai que 28 ans et on dit que les meilleures années sont entre 28 et 32 donc j’ai sans doute de belles choses à faire.
12 BASKETBALLMAGAZINE
Depuis votre arrivée en 2012, Vitoria a connu une grande instabilité. Cette saison c’est tout le contraire… Complètement. Cette saison un seul joueur a rejoint le groupe, Kristjan Kangur, pour remplacer Tornike Shengelia blessé. Cette stabilité est primordiale. Une année j’ai vu passer 23-24 joueurs ! Impossible de développer un collectif. On arrivait parfois un lundi matin et un nouveau joueur était là. Sans que l’on soit au courant ou qu’on sache qui c’était. C’est spécial et pas évident à vivre. Tu sens que tout le monde est sur un siège éjectable.
Votre coéquipier, Kim Tillie, a dû passer par Murcie avant de rejoindre une plus grosse cylindrée. Etiez-vous surpris, en 2012, de signer directement avec un club aussi prestigieux que Vitoria ? A la fin de ma dernière saison à Cholet, pas mal d’équipes me suivaient. Valence, Malaga et surtout Bilbao. J’étais sur le point de signer avec eux. Pau Ribas a été vendu par Vitoria à Valence et une place s’est ouverte. Pourtant je n’avais eu aucun contact avec l’équipe. Cela s’est fait en une journée. Je me suis lancé malgré une certaine angoisse vis-à-vis du coach, Dusko Ivanovic. J’ai posé des questions à Florent Pietrus, Jim Bilba et Laurent Foirest. Ils m’ont tous dit que j’allais souffrir. Mais j’ai voulu tenter ma chance et il ne faut pas se mentir, il y avait un très beau contrat à la clé. Je pense que j’ai fait un très bon choix de carrière. Quel regard portent les Espagnols sur le championnat de France ? Les joueurs espagnols respectent beaucoup les joueurs qui viennent du championnat de France. Mais ils perçoivent surtout la Pro A comme un championnat où les joueurs se lancent. Ils savent que c’est toujours
Bellenger / IS / FFBB
Vous jouez 30 minutes par match en Euroleague. C’est bien plus que des stars comme Nando De Colo, Milos Teodosic ou Sergio Rodriguez. Comment l’expliquezvous ? Cela dépend du coach et de l’effectif. Nando, qui sera MVP de la saison selon moi, jouera 30 minutes sur un très gros match. A Vitoria on se considère comme une équipe moyenne/bonne de l’Euroleague. Nous ne sommes pas le Real, le Barça ou le CSKA. On joue une finale chaque semaine. Le coach a une grande confiance en moi et fait moins de rotations. Peut-être le paiera-t-on plus tard dans l’année mais chaque victoire est vraiment importante pour nous.
"LA RÉUSSITE C’EST UNE QUESTION D’ENTRAÎNEMENT MAIS AUSSI DE COMPRÉHENSION DU JEU. PLUS TU REGARDES LES MATCHES PLUS TU COMPRENDS LES COACHES, CERTAINS CHANGEMENTS TACTIQUES."
compliqué de jouer en France parce que ça court, avec du potentiel scoring et athlétique. Mais pour eux ce n’est pas du sérieux comme en Espagne ou en Turquie. S’ils respectent les individualités, c’est moins le cas du basket pratiqué. Depuis Laurent Foirest en 1999 beaucoup de joueurs français sont passés par Vitoria. Le club vous interroge-t-il sur les potentiels tricolores ? J’ai une très bonne relation avec Alfredo Salazar qui a recruté beaucoup de monde.
Il y a quelques jours il m’a cité six joueurs français en m’annonçant qu’ils seraient en NBA dans peu de temps. Il suit énormément les joueurs français. Il s’était renseigné sur Nobel Boungou Colo il y a deux ans, sur Antoine Diot cette année. Ça se passe bien pour les Français à Vitoria, pourquoi ne pas continuer ? 2 Américains, 2 Français, 1 Grec, 1 Slovène, 1 Hongrois, 1 Croate, 1 Géorgien, l’effectif de Vitoria est une vraie tour de Babel…
MARS2016 13
FABIEN CAUSEUR >
Avez-vous le sentiment d’évoluer dans un environnement à part dans le basket européen ? Clairement. Cette année nous avons battu le record historique d’entrées dans une salle ACB avec 15.544 spectateurs lors de la venue du Real Madrid. Contre Valence ou CSKA nous avons dépassé les 13.000 spectateurs. Vitoria est une ville de 240.000 habitants et remplir une salle comme ça c’est assez exceptionnel. Tu sens l’engouement en ville. Cela peut être également plus délicat puisque lors des saisons plus compliquées les gens ont eu la critique facile. Votre nom a circulé dans des rumeurs de transferts pour remplacer Rudy Fernandez au Real Madrid au moment de sa blessure. Comment avez-vous vécu ce moment ? J’étais content. Quand on parle de toi pour une équipe pareille c’est exceptionnel. Si j’avais déclaré au début de ma carrière que le Real Madrid s’intéresserait à moi… Pendant la saison je sentais qu’on parlait de plus en plus de moi. Cela ne s’est pas fait, le Real a signé KC Rivers mais ce n’est pas la seule équipe qui s’est renseignée et c’est valorisant. Le prenez-vous comme un avant-goût de l’été prochain ? J’essaye de ne pas trop y penser. Personne n’est à l’abri d’une blessure. Mais je sais que cet été sera intéressant puisque je serai libre de tout contrat. Jusqu’à présent, avec mes agents nous avons fait les bons choix. S’ils
Bellenger / IS / FFBB
Vous ne considérez pas les frères Diop comme espagnols ? Ils sont sénégalais. Ils jouent en sélection mais pour moi ils sont sénégalais. Je parle en français avec eux ! Dans le club on n’en parle pas mais les supporters des autres clubs critiquent beaucoup Vitoria en nous traitant de mercenaires. C’est ce qu’on lit sur les réseaux sociaux mais entre nous tout se passe très bien. Je suis très fier d’être le capitaine de cette équipe par rapport aux résultats et au rôle que je peux avoir. Je suis le premier à demander aux gars de garder la tête froide pour faire quelque chose cette année. On peut vite foutre en l’air tout le travail effectué jusqu’à présent.
me disent que le mérite me revient parce que j’ai travaillé je pense que des choix ou la confiance d’un coach peuvent chambouler une carrière. Votre premier match en Équipe de France remonte à 2010. Pourtant malgré votre participation au Mondial et aux Jeux Olympiques en 2012 le sentiment est que vous n’avez jamais vraiment lancé votre carrière en bleu… Absolument. Mon dernier match était il y a 4 ans. On a toujours envie d’avoir un rôle dans une équipe comme ça même si ce n’est pas facile, que la concurrence est très dure. Mais comme joueur tu souhaites toujours montrer des choses. Moi je n’ai jamais
eu de problèmes en Équipe de France avec Vincent Collet et j’aimerais en devenir un joueur important. J’étais surtout déçu de ne pas avoir pu poursuivre l’aventure l’été dernier avec mon problème à l’œil. Je voulais montrer que j’avais progressé et que je n’étais plus le même joueur. On verra cet été si je suis appelé dans le groupe. Avez-vous le sentiment de ne pas avoir montré quel est véritablement votre potentiel international ? Les gens ne me connaissent pas en France. Cet été, à Pau, à la sortie de l’entraînement j’entendais les jeunes dire "c’est qui lui ?". C’est étrange d’être plus connu en Espagne.
BPCE - Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 155 742 320 euros. Siège social : 50, avenue Pierre Mendès France - 75201 Paris Cedex 13 - RCS Paris n° 493 455 042. Crédit photo : Bellenger/IS/FFBB. PRO DIRECT MARKETING - RC 88B1179.
En quatre ans j’ai vu défiler 70-80 joueurs. Je n’y fais plus attention. Cette saison nous n’avons qu’un joueur espagnol.
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14 BASKETBALLMAGAZINE
MARS2016 15 CBI FFB AP CB 210x285.indd 1
06/07/15 14:47
KIM TILLIE >
"IL FAUT PARFOIS ÊTRE ÉGOÏSTE" Propos recueillis par Julien Guérineau
Sans faire de bruit, Kim Tillie (2,07 m, 27 ans) s’est imposé dans la rotation d’une des meilleures équipes européennes. Une montée en gamme patiemment construite depuis sa signature en Liga ACB, à l’été 2012, avec Murcie.
Presse Sports / Faugère
16 BASKETBALLMAGAZINE
Comment définiriez-vous votre rôle au sein de l’équipe ? Mon job c’est d’apporter le plus possible en défense et de prendre les shoots ouverts. Le coach me dit d’ailleurs de tirer plus parce que je joue trop en équipe. Il a vraiment confiance en moi. Mon rôle a été très important pendant les deux premiers mois de la saison lorsque Shengelia était blessé. Je me suis retrouvé seul poste 4. A son retour mon temps de jeu a bien sûr un peu diminué. Depuis la mi-février Shengelia est à nouveau blessé. Par rapport à l’année dernière je suis plus responsabilisé. Même lorsque je n’étais pas dans le cinq majeur j’ai terminé
"MON JOB C’EST D’APPORTER LE PLUS POSSIBLE EN DÉFENSE ET DE PRENDRE LES SHOOTS OUVERTS. LE COACH ME DIT D’AILLEURS DE TIRER PLUS PARCE QUE JE JOUE TROP EN ÉQUIPE."
beaucoup de matches sur le terrain dans les moments chauds. Ça prouve quelque chose. Êtes-vous surpris des excellents résultats de Vitoria ? Ce n’est pas mal de partir du statut d’outsider. Les équipes nous sous estiment peut-être et on les surprend. Mais nous avons vraiment confiance en nous et on approche tous les matches comme si on allait les gagner. On joue très physique en défense et les équipes ont vraiment du mal contre nous. A Vitoria il y a pas mal de pression. On sent la tension lors des défaites. Il n’y a pas longtemps le club avait la réputation de couper facilement les joueurs. Ce n’était pas terrible comme environnement et je l’ai vécu la saison dernière.
BB
De l’extérieur Bourousis paraît bougon, râleur, une sorte d’ours gentil… Ours gentil, c’est exactement ça. De l’extérieur on peut penser qu’il râle beaucoup… et c’est vrai qu’il râle beaucoup
(il explose de rire). Mais dès qu’on sort du terrain il est très gentil, très sympa. Mais sur le terrain si tu rates une passe intérieur, il va te le faire savoir. Mais lui n’est pas un trou noir. Si tu lui passes la balle il va beaucoup ressortir. Il me trouve souvent sur des coupes au panier.
Bacot / FF
Aviez-vous des doutes quant à votre utilisation cette saison, alors que le profil exact de l’effectif de Vitoria ne s’est dessiné que tardivement cet été ? Le club avait rapidement signé deux postes 5 : Darko Planinic et O.D. Anosike. Donc je savais que j’allais jouer ailier-fort avec Tornike Shengelia. Finalement Anosike a été remplacé par Bourousis fin septembre. L’effectif a donc été finalisé tard et on ne savait pas trop ce qui allait se passer. Finalement on fait une super saison et grâce à Bourousis on gagne pas mal de matches. Je n’avais jamais joué avec un pivot aussi fort. Cela crée beaucoup d’espaces sur le terrain. Tout le monde est concentré sur lui et les opportunités sont là pour les autres.
Les joueurs évoquentils les tensions entre la FIBA et l’Euroleague et les incertitudes qui planent sur l’organisation des compétitions européennes la saison prochaine ?
MARS2016 17
KIM TILLIE >
"IL FAUT PARFOIS ÊTRE ÉGOÏSTE" Propos recueillis par Julien Guérineau
Sans faire de bruit, Kim Tillie (2,07 m, 27 ans) s’est imposé dans la rotation d’une des meilleures équipes européennes. Une montée en gamme patiemment construite depuis sa signature en Liga ACB, à l’été 2012, avec Murcie.
Presse Sports / Faugère
16 BASKETBALLMAGAZINE
Comment définiriez-vous votre rôle au sein de l’équipe ? Mon job c’est d’apporter le plus possible en défense et de prendre les shoots ouverts. Le coach me dit d’ailleurs de tirer plus parce que je joue trop en équipe. Il a vraiment confiance en moi. Mon rôle a été très important pendant les deux premiers mois de la saison lorsque Shengelia était blessé. Je me suis retrouvé seul poste 4. A son retour mon temps de jeu a bien sûr un peu diminué. Depuis la mi-février Shengelia est à nouveau blessé. Par rapport à l’année dernière je suis plus responsabilisé. Même lorsque je n’étais pas dans le cinq majeur j’ai terminé
"MON JOB C’EST D’APPORTER LE PLUS POSSIBLE EN DÉFENSE ET DE PRENDRE LES SHOOTS OUVERTS. LE COACH ME DIT D’AILLEURS DE TIRER PLUS PARCE QUE JE JOUE TROP EN ÉQUIPE."
beaucoup de matches sur le terrain dans les moments chauds. Ça prouve quelque chose. Êtes-vous surpris des excellents résultats de Vitoria ? Ce n’est pas mal de partir du statut d’outsider. Les équipes nous sous estiment peut-être et on les surprend. Mais nous avons vraiment confiance en nous et on approche tous les matches comme si on allait les gagner. On joue très physique en défense et les équipes ont vraiment du mal contre nous. A Vitoria il y a pas mal de pression. On sent la tension lors des défaites. Il n’y a pas longtemps le club avait la réputation de couper facilement les joueurs. Ce n’était pas terrible comme environnement et je l’ai vécu la saison dernière.
BB
De l’extérieur Bourousis paraît bougon, râleur, une sorte d’ours gentil… Ours gentil, c’est exactement ça. De l’extérieur on peut penser qu’il râle beaucoup… et c’est vrai qu’il râle beaucoup
(il explose de rire). Mais dès qu’on sort du terrain il est très gentil, très sympa. Mais sur le terrain si tu rates une passe intérieur, il va te le faire savoir. Mais lui n’est pas un trou noir. Si tu lui passes la balle il va beaucoup ressortir. Il me trouve souvent sur des coupes au panier.
Bacot / FF
Aviez-vous des doutes quant à votre utilisation cette saison, alors que le profil exact de l’effectif de Vitoria ne s’est dessiné que tardivement cet été ? Le club avait rapidement signé deux postes 5 : Darko Planinic et O.D. Anosike. Donc je savais que j’allais jouer ailier-fort avec Tornike Shengelia. Finalement Anosike a été remplacé par Bourousis fin septembre. L’effectif a donc été finalisé tard et on ne savait pas trop ce qui allait se passer. Finalement on fait une super saison et grâce à Bourousis on gagne pas mal de matches. Je n’avais jamais joué avec un pivot aussi fort. Cela crée beaucoup d’espaces sur le terrain. Tout le monde est concentré sur lui et les opportunités sont là pour les autres.
Les joueurs évoquentils les tensions entre la FIBA et l’Euroleague et les incertitudes qui planent sur l’organisation des compétitions européennes la saison prochaine ?
MARS2016 17
Les Français de Vitoria
Presse Sports / Bardou
ACB
Kevin Seraphin
Joueur
Période
Matches
Points
Laurent Foirest
1999-2003
154
1499
Thomas Heurtel
2012-2015
124
829
Fabien Causeur
2012-…
121
1112
Kim Tillie
2014-…
57
419
Thierry Gadou
2002-2003
25
87
Florent Pietrus
2010-2011
3
12
2002-2003
3
5
2012-…
84
701
Jim Bilba
Euroleague
Presse Sports / Mao
Fabien Causeur Thomas Heurtel
2012-2015
69
524
Laurent Foirest
1999-2003
54
506
2014-…
41
232
Kevin Seraphin
2011-2012
7
62
Thierry Gadou
2002-2003
6
33
Jim Bilba
2002-2003
1
4
Kim Tillie
On n’en sait pas plus que le public. Nous ne sommes au courant de rien et on suit ce qui se dit dans la presse. Je suis simplement rassuré parce que Vitoria fait partie des 11 équipes qui sont engagées avec certitude en Euroleague. Étiez-vous certain il y a trois ans d’avoir besoin de passer par une équipe moyenne d’ACB pour parvenir à vous imposer dans ce championnat ? C’était le plan dès le début. Mon agent m’a conseillé de faire ça. A la fin de mon contrat à l’ASVEL je n’avais pas d’offres de gros clubs. Murcie est arrivé au milieu de l’été et j’ai sauté sur l’opportunité parce que je voulais jouer en ACB et m’acclimater à la Ligue. Le but était de progresser pour rejoindre une grosse équipe. J’ai signé deux ans et j’ai eu des offres à l’été 2014 mais le buyout était trop conséquent. J’ai été patient et j’ai passé deux très belles années à Murcie pendant lesquelles j’ai progressé. Je ne regrette vraiment pas d’être passé par là. Quand je suis arrivé j’étais inconnu et en plus les Français ont la réputation d’être softs. J’ai dû leur prouver le contraire.
18 BASKETBALLMAGAZINE
Bellenger / IS / FFBB
ACB
Avez-vous dû forcer votre nature pour vous mettre en avant et briller aux yeux des meilleures équipes ? Dans ce sport pour réussir sa carrière il faut parfois être égoïste. Lors de ma deuxième année à Murcie je prenais plus de shoots et j’ai ressenti que l’attention autour de moi augmentait. Mais ce n’est pas forcément dans mon caractère. Adrien Moerman et vous avez remporté le titre européen juniors en 2006. Vous êtes depuis quelques années aux portes de l’Équipe de France sans vraiment parvenir à vous y installer. Comment le vivez-vous ? Cela peut être frustrant parfois. Mais il faut savoir attendre son tour et travailler. C’est toujours un bonus de rejoindre l’Équipe de France l’été. Ce n’est jamais une perte de temps ou une contrainte. Simplement, à mon poste, c’est compliqué. Donc ma situation est particulière. Mais j’attends et on verra ce qui se passe. Adrien fait des stats complètement folles en EuroCup. On jouera peut-être ensemble dans le futur. On travaille dans l’ombre et on sera prêts quand ce sera notre heure.
ISAAC FERRERA (C)2015
L’autre K. Tillie A 18 ans, Killian Tillie est l’un des meilleurs potentiels français. Et même européen. En 2014 il avait mené l’Équipe de France U16 au titre européen, écrasant tout sur son passage lors la demi-finale (16 pts, 17 rbds) puis la finale (25 pts, 18 rbds). "MVP de l’Euro U16... A 16 ans je ne savais pas mettre un pied devant l’autre", en rigole son grand frère, Kim. La performance est d’autant plus spectaculaire que quelques mois plus tôt, Tillie était cloué au sol par une blessure au genou. Un exercice 2012/13 blanche qui ne l’avait donc pas empêché d’exploser au plus haut niveau européen. Une ascension actuellement stoppé par une nouvelle blessure, toujours au genou. Tillie n’a en effet pas foulé les parquets de Nationale 1 cette saison. Touché lors de l’Euro U18 fin juillet, il a longtemps patienté avant de se résoudre à une opération à Noël pour traiter un problème de cartilage. "On est toujours un peu inquiet parce que c’est mon frère", reconnaît Kim. "Il a eu une croissance assez rapide et à cet âge cela crée des pépins physiques. Moi aussi j’étais tout le temps blessé de 16 à 20 ans. J’avais grandi très vite et j’étais faible. Avec l’âge et le physique ses problèmes vont se résoudre." Un physique que le jeune homme va développer bien loin de Paris, à Spokane, dans l’état de Washington. A la rentrée, Tillie portera le maillot de Gonzaga, en NCAA. Une expérience universitaire traditionnelle dans la famille puisque Kim et Kevin, international en volley, ont suivi la même voie. Avec succès et avec un spectaculaire changement physique. "J’ai gagné 15 kilos lors de ma première année en NCAA", se souvient un Kim Tillie. Voisin / FFBB
FIBA / Intime
Le club basque a longtemps exploité une filière sud-américaine qui lui a permis d’engranger les succès localement et sur la scène européenne. Après Marcelo Nicola et Juan Espil, deux professionnels argentins déjà référencés dans leur pays, Vitoria a révélé Luis Scola, Pablo Prigioni ou encore Andres Nocioni, ainsi que le Brésilien Tiago Splitter, tous partis en NBA. En Europe, c’est la France qui a le plus inspiré les recruteurs, suite à l’arrivée de Laurent Foirest en 1999. L’actuel coach de Quimper (N1) est encore aujourd’hui le meilleur marqueur tricolore du club en ACB. Il est peu probable que Fabien Causeur le rattrape, à moins de prolonger son bail à Vitoria cet été.
MARS2016 19
Les Français de Vitoria
Presse Sports / Bardou
ACB
Kevin Seraphin
Joueur
Période
Matches
Points
Laurent Foirest
1999-2003
154
1499
Thomas Heurtel
2012-2015
124
829
Fabien Causeur
2012-…
121
1112
Kim Tillie
2014-…
57
419
Thierry Gadou
2002-2003
25
87
Florent Pietrus
2010-2011
3
12
2002-2003
3
5
2012-…
84
701
Jim Bilba
Euroleague
Presse Sports / Mao
Fabien Causeur Thomas Heurtel
2012-2015
69
524
Laurent Foirest
1999-2003
54
506
2014-…
41
232
Kevin Seraphin
2011-2012
7
62
Thierry Gadou
2002-2003
6
33
Jim Bilba
2002-2003
1
4
Kim Tillie
On n’en sait pas plus que le public. Nous ne sommes au courant de rien et on suit ce qui se dit dans la presse. Je suis simplement rassuré parce que Vitoria fait partie des 11 équipes qui sont engagées avec certitude en Euroleague. Étiez-vous certain il y a trois ans d’avoir besoin de passer par une équipe moyenne d’ACB pour parvenir à vous imposer dans ce championnat ? C’était le plan dès le début. Mon agent m’a conseillé de faire ça. A la fin de mon contrat à l’ASVEL je n’avais pas d’offres de gros clubs. Murcie est arrivé au milieu de l’été et j’ai sauté sur l’opportunité parce que je voulais jouer en ACB et m’acclimater à la Ligue. Le but était de progresser pour rejoindre une grosse équipe. J’ai signé deux ans et j’ai eu des offres à l’été 2014 mais le buyout était trop conséquent. J’ai été patient et j’ai passé deux très belles années à Murcie pendant lesquelles j’ai progressé. Je ne regrette vraiment pas d’être passé par là. Quand je suis arrivé j’étais inconnu et en plus les Français ont la réputation d’être softs. J’ai dû leur prouver le contraire.
18 BASKETBALLMAGAZINE
Bellenger / IS / FFBB
ACB
Avez-vous dû forcer votre nature pour vous mettre en avant et briller aux yeux des meilleures équipes ? Dans ce sport pour réussir sa carrière il faut parfois être égoïste. Lors de ma deuxième année à Murcie je prenais plus de shoots et j’ai ressenti que l’attention autour de moi augmentait. Mais ce n’est pas forcément dans mon caractère. Adrien Moerman et vous avez remporté le titre européen juniors en 2006. Vous êtes depuis quelques années aux portes de l’Équipe de France sans vraiment parvenir à vous y installer. Comment le vivez-vous ? Cela peut être frustrant parfois. Mais il faut savoir attendre son tour et travailler. C’est toujours un bonus de rejoindre l’Équipe de France l’été. Ce n’est jamais une perte de temps ou une contrainte. Simplement, à mon poste, c’est compliqué. Donc ma situation est particulière. Mais j’attends et on verra ce qui se passe. Adrien fait des stats complètement folles en EuroCup. On jouera peut-être ensemble dans le futur. On travaille dans l’ombre et on sera prêts quand ce sera notre heure.
ISAAC FERRERA (C)2015
L’autre K. Tillie A 18 ans, Killian Tillie est l’un des meilleurs potentiels français. Et même européen. En 2014 il avait mené l’Équipe de France U16 au titre européen, écrasant tout sur son passage lors la demi-finale (16 pts, 17 rbds) puis la finale (25 pts, 18 rbds). "MVP de l’Euro U16... A 16 ans je ne savais pas mettre un pied devant l’autre", en rigole son grand frère, Kim. La performance est d’autant plus spectaculaire que quelques mois plus tôt, Tillie était cloué au sol par une blessure au genou. Un exercice 2012/13 blanche qui ne l’avait donc pas empêché d’exploser au plus haut niveau européen. Une ascension actuellement stoppé par une nouvelle blessure, toujours au genou. Tillie n’a en effet pas foulé les parquets de Nationale 1 cette saison. Touché lors de l’Euro U18 fin juillet, il a longtemps patienté avant de se résoudre à une opération à Noël pour traiter un problème de cartilage. "On est toujours un peu inquiet parce que c’est mon frère", reconnaît Kim. "Il a eu une croissance assez rapide et à cet âge cela crée des pépins physiques. Moi aussi j’étais tout le temps blessé de 16 à 20 ans. J’avais grandi très vite et j’étais faible. Avec l’âge et le physique ses problèmes vont se résoudre." Un physique que le jeune homme va développer bien loin de Paris, à Spokane, dans l’état de Washington. A la rentrée, Tillie portera le maillot de Gonzaga, en NCAA. Une expérience universitaire traditionnelle dans la famille puisque Kim et Kevin, international en volley, ont suivi la même voie. Avec succès et avec un spectaculaire changement physique. "J’ai gagné 15 kilos lors de ma première année en NCAA", se souvient un Kim Tillie. Voisin / FFBB
FIBA / Intime
Le club basque a longtemps exploité une filière sud-américaine qui lui a permis d’engranger les succès localement et sur la scène européenne. Après Marcelo Nicola et Juan Espil, deux professionnels argentins déjà référencés dans leur pays, Vitoria a révélé Luis Scola, Pablo Prigioni ou encore Andres Nocioni, ainsi que le Brésilien Tiago Splitter, tous partis en NBA. En Europe, c’est la France qui a le plus inspiré les recruteurs, suite à l’arrivée de Laurent Foirest en 1999. L’actuel coach de Quimper (N1) est encore aujourd’hui le meilleur marqueur tricolore du club en ACB. Il est peu probable que Fabien Causeur le rattrape, à moins de prolonger son bail à Vitoria cet été.
MARS2016 19
Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.
à une forte pression défensive, toute nouvelle pour elles, puis l’adversité proposée dans le jeu intérieur. Nos joueuses de grande taille trouvent en NF1 un terrain idéal d’expression. Nos joueurs engagés dans le championnat de France U18 Elite rencontrent également des oppositions qui permettent d’évaluer sans complaisance le travail fourni à l’entraînement. La potentialité révélée en catégorie minime pour nos joueurs se retrouve face à plusieurs problématiques à résoudre : l’engagement supérieur à fournir à chaque match, les conditions d’efficacité défensive à remplir, tant sur le plan individuel que collectif, la première remise en cause de ses propres savoirfaire offensifs dans une vitesse d’exécution qui s’accélère. Il est donc fort rare que notre équipe cadets, malgré la grande qualité technique de certains de nos joueurs, puisse se voir ouvrir les portes du Final Four en fin de saison. Nos joueuses et joueurs estampillés "juniors", nés en 1998 et 1999, sont confrontés à deux championnats professionnels très concurrentiels. Le bénéfice est très grand pour nos jeunes qui trouvent dans ces championnats tous les registres de la performance qui sont impliqués au haut-niveau. Ce sont des championnats qui accélèrent indiscutablement la maturité de nos joueuses et joueurs. Le rapport de force entre nos joueuses et les adversaires de Ligue 2 est moindre que l’écart existant entre nos joueurs et les joueurs de NM1. Cette différence marquante entre les aptitudes physiques associées aux qualités techniques des joueurs de NM1 créent des écarts au score souvent importants.
32 BASKETBALLMAGAZINE
La Ligue 2 permet de voir éclore des joueuses du CFBB qui sont susceptibles d’être, à 18 ans, engagées dans des équipes professionnelles avec un vrai rôle. Au-delà du travail à l’entraînement cette compétition est une répétition générale hebdomadaire qui va dans le sens de ce qui attend les joueuses à la sortie du CFBB. La division de NM1 présente des équipes dont l’organisation, les stratégies utilisées, l’impact physique, placent les joueurs du CFBB dans un niveau d’exigence lié aux attentes du hautniveau. Il est en effet pas rare en NM1 de rencontrer des joueurs ayant évolué en Pro A et en Pro B. La nouveauté pour le CFBB version 20152016 est symbolisée par la participation sous licence AS de Vincent Poirier (Paris-Levallois). Sa présence au cœur de notre équipe lui a permis d’évoluer en toute confiance dans un cadre de compétition très intéressant pour son poste de jeu (joueur intérieur) et contribuer à sa progression actuelle en Pro A. Son rôle a aussi bonifié l’équipe du CFBB et augmenté la qualité de l’expression individuelle des joueurs en relation défensive ou offensive avec lui.
MENTAL HAUT POUR PERFORMANCE BASSE ? Aujourd’hui, ces compétitions au niveau relevé ne placent pas les joueuses et joueurs du CFBB dans des conditions susceptibles de prétendre à la victoire dans des proportions normales. Nous sommes conscients des commentaires qui n’échappent pas d’ailleurs à nos interrogations afin d’améliorer notre
système de formation. Comment peut-on apprendre à gagner en perdant systématiquement ? Comment développer des états d’esprit de vainqueurs ? Pour l’instant, le premier repère que nous nous sommes fixés est le niveau de compétition joué, qui doit être préparatoire d’une part, à la confrontation avec les équipes nationales dans les championnats d’Europe et du Monde qui nous attendent chaque été, et d’autre part à l’entrée dans le monde professionnel. Il se trouve également, que "vu de l’intérieur", nos joueuses et nos joueurs ne se morfondent pas lorsque l’adversaire est fort. Tout au contraire, rencontrer une équipe avec, dans son effectif, des adversaires de grande qualité constitue un challenge excitant pour nos jeunes. La richesse de l’expérience du terrain recueillie à chaque match est incontestable. Individuellement, défensivement ou offensivement, parvenir à répéter des actions de jeu positives est à la fois une victoire sur l’autre et sur soi-même. Collectivement, dominer une période de jeu, être en phase avec les attentes des coaches sur des secteurs identifiés, être performant dans des coordinations spécifiques mises en place à l’entraînement, c’est d’autant plus positif que rien ne se produit dans la facilité. Les progrès entrevus sont tous d’une grande valeur. Les plus forts de nos "sortants" du CFBB témoignent positivement des oppositions qu’ils ont vécu dans les championnats de Ligue 2 et de NM1. Ces championnats restent, pour l’instant dans les choix pris, des compétitions qui présentent plus d’avantages dans la formation vers l’élite que de contre-indications.
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75,60 84,70
MARS2016 33