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JEAN-PIERRE SIUTAT RÉÉLU

N°829 - NOVEMBRE2016 - WWW.FFBB.COM

BILAN ET OBJECTIFS

NANDO DE COLO JOUEUR FRANÇAIS DE L'ANNÉE


JEAN-PIERRE SIUTAT >

"SI LA POLITIQUE EST MAUVAISE, LES GENS N’ADHÈRENT PAS" Propos recueillis par Julien Guérineau

Vous évoquez un soulagement. L’atmosphère dans laquelle s’est tenu le vote vous a-t-elle surprise ? Le mois qui a précédé l’élection a été pour moi une épreuve, un moment très difficile à vivre d’autant plus que je l’ai vécu autour d’une difficulté familiale. Je pense que ce que nous avions montré sur le terrain, notre proximité avec les Ligues, les Comités et les Clubs ne méritaient pas le type d’affrontement auquel nous avons assisté. C’est fait, passons à autre chose, je ne souhaite pas m’attarder dessus. L’important c’est de

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BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger / IS / FFBB

Quel bilan tirez-vous de l’Assemblée Générale élective qui s’est tenue le 15 octobre dernier à Dijon ? L’Assemblée Générale s’est très bien passée. Nous avons fait un bilan très factuel, que ce soit le trésorier, le secrétaire général ou moi-même. Ce bilan, même si nous n’avons pas tout réussi, est très positif. C’est une des plus belles olympiades du basket français. Les élections ont montré que l’ensemble des territoires, à une écrasante majorité, a validé la politique fédérale et fait confiance à une équipe renouvelée pour poursuivre cette action. C’est un grand soulagement et une grande satisfaction. On fait toujours preuve d’humilité, dans ces moments, car lorsqu’on obtient la confiance, il ne faut pas décevoir. Ça n’a pas été simple tous les jours mais je pense que nous avons réussi de très belle choses.

Bellenger / IS / FFBB

A l’issue de l’Assemblée Générale élective qui s’est déroulée au Palais des Congrès de Dijon, samedi 15 octobre, Jean-Pierre Siutat (57 ans) a été réélu à la présidence de la Fédération Française de BasketBall (FFBB), pour un mandat de quatre ans (2016-2020) par la très grande majorité des délégués représentants les licenciés.

parler du futur. Le choix a été fait de procéder à cette Assemblée Générale élective très tôt dans la saison parce qu’il y a du travail et que nous nous sommes engagés sur un calendrier de réforme territoriale très serré. Les interrogations autour du résultat de l’Équipe de France masculine aux Jeux Olympiques ou de l’engagement des

clubs français en Coupe d’Europe ont occupé une large place dans les débats pré-électoraux contrairement aux réalités quotidiennes des clubs sur le terrain. Qu’en pensez-vous ? Il ne faut pas dissocier le basket territorial, avec les difficultés d’un club au quotidien et le rayonnement qu’on peut avoir à haut niveau sur l’international. C’est un tout. Si l’Équipe de France réussit, les territoires

"ON FAIT TOUJOURS PREUVE D’HUMILITÉ, DANS CES MOMENTS, CAR LORSQU’ON OBTIENT LA CONFIANCE, IL NE FAUT PAS DÉCEVOIR. ÇA N’A PAS ÉTÉ SIMPLE TOUS LES JOURS MAIS JE PENSE QUE NOUS AVONS RÉUSSI DE TRÈS BELLE CHOSES."

en profitent. Et réciproquement. Mon rôle et celui de l’équipe dirigeante est de ne pas opposer les uns aux autres. Le bilan est global. Des choses très positives ont été faites sur le terrain, avec les équipes nationales, avec la LNB et la LFB. D’autres sujets sont plus délicats. Nous sommes contributeurs mais pas décideurs. Je prends l’exemple du calendrier des compétitions FIBA à partir de novembre 2017. J’étais un des seuls à

l’avoir combattu car il place le basket français dans une situation difficile. Le moment du débat passé, le calendrier a été adopté. A nous désormais de faciliter son exécution. Pour autant, à ce jour, nous ne savons pas si la plupart de nos joueurs internationaux seront libérés pour les fenêtres de qualification. Nous ne sommes pas décideurs et nous verrons ce qu’il en est d’ici novembre 2017.

Comment analysez-vous le résultat du vote et votre réélection avec 98,55% des voix ? J’en suis à 7.000 rendez-vous en quatre ans dont un tiers sur le terrain. J’aime aller à la rencontre des acteurs, les écouter ; pas dans un but électoraliste, cela fait partie de mes chromosomes. Nous avons mis en place des réunions d’information, sur tous les territoires, pour présenter simplement la politique fédérale. Il n’y en a jamais assez mais c’est important. Cela fait 20 ans que je suis membre du Bureau F é d é ra l et fut un temps où ce n’était pas une priorité. Après


JEAN-PIERRE SIUTAT >

"SI LA POLITIQUE EST MAUVAISE, LES GENS N’ADHÈRENT PAS" Propos recueillis par Julien Guérineau

Vous évoquez un soulagement. L’atmosphère dans laquelle s’est tenu le vote vous a-t-elle surprise ? Le mois qui a précédé l’élection a été pour moi une épreuve, un moment très difficile à vivre d’autant plus que je l’ai vécu autour d’une difficulté familiale. Je pense que ce que nous avions montré sur le terrain, notre proximité avec les Ligues, les Comités et les Clubs ne méritaient pas le type d’affrontement auquel nous avons assisté. C’est fait, passons à autre chose, je ne souhaite pas m’attarder dessus. L’important c’est de

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BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger / IS / FFBB

Quel bilan tirez-vous de l’Assemblée Générale élective qui s’est tenue le 15 octobre dernier à Dijon ? L’Assemblée Générale s’est très bien passée. Nous avons fait un bilan très factuel, que ce soit le trésorier, le secrétaire général ou moi-même. Ce bilan, même si nous n’avons pas tout réussi, est très positif. C’est une des plus belles olympiades du basket français. Les élections ont montré que l’ensemble des territoires, à une écrasante majorité, a validé la politique fédérale et fait confiance à une équipe renouvelée pour poursuivre cette action. C’est un grand soulagement et une grande satisfaction. On fait toujours preuve d’humilité, dans ces moments, car lorsqu’on obtient la confiance, il ne faut pas décevoir. Ça n’a pas été simple tous les jours mais je pense que nous avons réussi de très belle choses.

Bellenger / IS / FFBB

A l’issue de l’Assemblée Générale élective qui s’est déroulée au Palais des Congrès de Dijon, samedi 15 octobre, Jean-Pierre Siutat (57 ans) a été réélu à la présidence de la Fédération Française de BasketBall (FFBB), pour un mandat de quatre ans (2016-2020) par la très grande majorité des délégués représentants les licenciés.

parler du futur. Le choix a été fait de procéder à cette Assemblée Générale élective très tôt dans la saison parce qu’il y a du travail et que nous nous sommes engagés sur un calendrier de réforme territoriale très serré. Les interrogations autour du résultat de l’Équipe de France masculine aux Jeux Olympiques ou de l’engagement des

clubs français en Coupe d’Europe ont occupé une large place dans les débats pré-électoraux contrairement aux réalités quotidiennes des clubs sur le terrain. Qu’en pensez-vous ? Il ne faut pas dissocier le basket territorial, avec les difficultés d’un club au quotidien et le rayonnement qu’on peut avoir à haut niveau sur l’international. C’est un tout. Si l’Équipe de France réussit, les territoires

"ON FAIT TOUJOURS PREUVE D’HUMILITÉ, DANS CES MOMENTS, CAR LORSQU’ON OBTIENT LA CONFIANCE, IL NE FAUT PAS DÉCEVOIR. ÇA N’A PAS ÉTÉ SIMPLE TOUS LES JOURS MAIS JE PENSE QUE NOUS AVONS RÉUSSI DE TRÈS BELLE CHOSES."

en profitent. Et réciproquement. Mon rôle et celui de l’équipe dirigeante est de ne pas opposer les uns aux autres. Le bilan est global. Des choses très positives ont été faites sur le terrain, avec les équipes nationales, avec la LNB et la LFB. D’autres sujets sont plus délicats. Nous sommes contributeurs mais pas décideurs. Je prends l’exemple du calendrier des compétitions FIBA à partir de novembre 2017. J’étais un des seuls à

l’avoir combattu car il place le basket français dans une situation difficile. Le moment du débat passé, le calendrier a été adopté. A nous désormais de faciliter son exécution. Pour autant, à ce jour, nous ne savons pas si la plupart de nos joueurs internationaux seront libérés pour les fenêtres de qualification. Nous ne sommes pas décideurs et nous verrons ce qu’il en est d’ici novembre 2017.

Comment analysez-vous le résultat du vote et votre réélection avec 98,55% des voix ? J’en suis à 7.000 rendez-vous en quatre ans dont un tiers sur le terrain. J’aime aller à la rencontre des acteurs, les écouter ; pas dans un but électoraliste, cela fait partie de mes chromosomes. Nous avons mis en place des réunions d’information, sur tous les territoires, pour présenter simplement la politique fédérale. Il n’y en a jamais assez mais c’est important. Cela fait 20 ans que je suis membre du Bureau F é d é ra l et fut un temps où ce n’était pas une priorité. Après


JEAN-PIERRE SIUTAT >

Le Comité Directeur 2016-2020 compte 13 nouveaux visages sur 36. Vous attendiez-vous à de tels changements ? Au sein du Bureau Fédéral, trois personnages historiques avaient annoncé leur intention d’arrêter : Pierre Collomb, JeanMarc Jehanno et Jean-Yves Guincestre. Je les salue, ils ont été de grands serviteurs du basket français. Avec ces trois départs sur quatorze membres du Bureau Fédéral, on pouvait tabler sur une dizaine de changements au sein du Comité Directeur. Le premier Comité Directeur s’est réuni début novembre pour installer le nouveau Bureau Fédéral et l’ensemble des commissions. Il faut agir vite car si certaines activités connaîtront une vraie continuité, d’autres vont passer par une profonde mutation. Dès la fin du mois de novembre nous nous attaquerons à la réforme territoriale avec un grand séminaire à Paris et nous présenterons un mode de fonctionnement opérationnel qui correspondra au basket du futur. La réforme territoriale était déjà au cœur de votre discours en 2012. Diriez-vous que les choses ont avancé moins vite que prévu depuis ?

"DÈS LA FIN DU MOIS DE NOVEMBRE NOUS NOUS ATTAQUERONS À LA RÉFORME TERRITORIALE AVEC UN GRAND SÉMINAIRE À PARIS ET NOUS PRÉSENTERONS UN MODE DE FONCTIONNEMENT OPÉRATIONNEL QUI CORRESPONDRA AU BASKET DU FUTUR." Je ne pense pas. Quand nous avons débuté notre action en 2012, on ne parlait pas de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République). Nous avons fait le boulot. Créé des coopérations territoriales de clubs qui n’existaient pas et mis en place une vraie politique territoriale avec un soutien des structures. La loi promulguée en 2015 a perturbé les choses. Le débat était de savoir s’il fallait accélérer le

processus ou prendre notre temps. Je me suis battu pour retarder et murir notre projet de réforme territoriale. Les bénévoles sur le terrain sont inquiets. Si nous leur demandions, sous six mois, de travailler différemment, ils auraient certainement arrêté. J’ai sondé les territoires. En général, lors des élections dans les Comités et les Ligues, 70% des élus se présentent à nouveau. Nous sommes aujourd’hui plus proches des 50-60%. Certaines équipes sont d’ailleurs incomplètes.

Entouré de Céline Dumerc (à gauche) et d'Isabelle Yacoubou (à droite)

10 BASKETBALLMAGAZINE

Julien Bacot

Souhaitiez-vous dès lors vous écarter du calendrier administratif pour suivre un rythme différent ? C’est important. J’ai connu professionnellement des réformes, à l’époque de la décentralisation. Ingénieur d’état je suis parti dans une collectivité territoriale. C’était une mutation difficile et il a fallu beaucoup de pédagogie. Et on parlait de salariés, de personnes rémunérées pour faire un travail. Les bénévoles, si les choses ne sont pas bien expliquées, peuvent très bien rendre leur tablier. Le temps que nous avons passé à échanger va nous permettre de réussir notre réforme territoriale. Quel impact le passage de 27 à 18 régions va-t-il avoir sur le paysage du basket français ? Le Code du Sport nous oblige normalement à n’avoir qu’un seul représentant par région. Sauf dérogation. Ce sera réglé fin

Presse Sports / Martin

ce n’est pas suffisant. Si la politique est mauvaise, personne n’adhère.

novembre à la suite de notre séminaire. Quelle gouvernance mettre en place ? Qui fait quoi au niveau du partage des compétences entre les Comités et les Ligues ? Comment mettre en place des PST (Projets Sport et Territoire) afin que les Comités et Ligues travaillent ensemble ? Quel calendrier suivre ? Les clubs ont besoin d’avoir un service de proximité et doivent réduire leurs coûts de compétition où pèsent notamment les coûts de déplacement. Si demain, on propose à un club de la Nouvelle Aquitaine de se déplacer d’Anglet à Limoges, ce sera compliqué. Nous devons les rassurer. Le niveau championnat de France continuera d’être constitué par critères géographiques et le logiciel Optimouv’ va nous y aider. Au niveau régional, il faudra inventer des phases finales qui suivront, là aussi, des poules par secteurs. Et d’autres points sont à trancher comme le maintien de tous les pôles espoirs ou la vie de tous les jours. Si j’habite Dax et que le siège de la future Ligue Nouvelle Aquitaine est à Poitiers (c’est un exemple, bien sûr), devrais-je aller défendre un dossier disciplinaire sur place ? En quoi consistera le séminaire territoire du 26 novembre prochain ? C’est une consultation de l’ensemble des Présidents de Ligues et de Comités ainsi

que du Comité Directeur sur les compétences et le mode de gouvernance du basket français. Nous recueillerons le fruit des propositions de tous, nous présenterons, instantanément et de manière interactive, les tendances qui émergent et validerons des orientations.

et fonctionnels. Toutes les métropoles refusent du monde. Nous sommes donc pratiquement au maximum de nos capacités d’accueil, dans le contexte actuel, sur du 5x5. A nous d’aller chercher d’autres types de licenciés et c’est une réflexion qui va être menée sur ce que doit être un club dans les années à venir.

Ce mode de fonctionnement, déjà utilisé il y a quatre ans, avait-il eu des effets concrets sur la politique fédérale ? Complètement. Nous avions par exemple inventé les coopérations territoriales, travaillé sur l’orientation du 3x3. Cela permet à tout le monde de participer avec ses propres convictions. La feuille de route en découle et sera produite en janvier. Elle sera présentée à Troyes à tous les Présidents, secrétaires généraux et trésoriers des Ligues et Comités.

Quel impact peut avoir une éventuelle désignation de Paris comme ville hôte des Jeux Olympiques 2024 ? Sans Paris 2024, l’avenir sera plus difficile pour le sport. Les Jeux, ce ne sont pas deux fois 15 jours de compétition, mais un autre regard de la société vis-à-vis du sport. Si la France est choisie, je souhaite que le CNOSF travaille, avec chaque fédération, sur un modèle sportif différent et ambitieux. Des choses sont à inventer.

En 2012 vous évoquiez un point de rupture concernant le nombre de licenciés basket. Estimez-vous qu’il est aujourd’hui atteint ? Je ne le souhaite pas mais cela va être compliqué parce que désormais, il faut pousser les murs. Je siège au Conseil d’Administration du CNDS et je suis vice-Président du CNOSF en charge des territoires. Chaque fois que je le peux je rappelle que nous avons besoin d’équipements polyvalents

Après l’organisation de l’EuroBasket Women 2013, de l’EuroBasket 2015 et du TQO féminin 2016, les perspectives en matière d’événementiel sont-elles limitées pour la FFBB ? L’EuroBasket 2015 a dégagé un bénéfice net après impôt de 4,5 millions d’euros. C’est une somme qui va permettre de continuer à faire de l’événementiel déficitaire. L’Équipe de France masculine, depuis quelques années, a démontré sa capacité

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JEAN-PIERRE SIUTAT >

Le Comité Directeur 2016-2020 compte 13 nouveaux visages sur 36. Vous attendiez-vous à de tels changements ? Au sein du Bureau Fédéral, trois personnages historiques avaient annoncé leur intention d’arrêter : Pierre Collomb, JeanMarc Jehanno et Jean-Yves Guincestre. Je les salue, ils ont été de grands serviteurs du basket français. Avec ces trois départs sur quatorze membres du Bureau Fédéral, on pouvait tabler sur une dizaine de changements au sein du Comité Directeur. Le premier Comité Directeur s’est réuni début novembre pour installer le nouveau Bureau Fédéral et l’ensemble des commissions. Il faut agir vite car si certaines activités connaîtront une vraie continuité, d’autres vont passer par une profonde mutation. Dès la fin du mois de novembre nous nous attaquerons à la réforme territoriale avec un grand séminaire à Paris et nous présenterons un mode de fonctionnement opérationnel qui correspondra au basket du futur. La réforme territoriale était déjà au cœur de votre discours en 2012. Diriez-vous que les choses ont avancé moins vite que prévu depuis ?

"DÈS LA FIN DU MOIS DE NOVEMBRE NOUS NOUS ATTAQUERONS À LA RÉFORME TERRITORIALE AVEC UN GRAND SÉMINAIRE À PARIS ET NOUS PRÉSENTERONS UN MODE DE FONCTIONNEMENT OPÉRATIONNEL QUI CORRESPONDRA AU BASKET DU FUTUR." Je ne pense pas. Quand nous avons débuté notre action en 2012, on ne parlait pas de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République). Nous avons fait le boulot. Créé des coopérations territoriales de clubs qui n’existaient pas et mis en place une vraie politique territoriale avec un soutien des structures. La loi promulguée en 2015 a perturbé les choses. Le débat était de savoir s’il fallait accélérer le

processus ou prendre notre temps. Je me suis battu pour retarder et murir notre projet de réforme territoriale. Les bénévoles sur le terrain sont inquiets. Si nous leur demandions, sous six mois, de travailler différemment, ils auraient certainement arrêté. J’ai sondé les territoires. En général, lors des élections dans les Comités et les Ligues, 70% des élus se présentent à nouveau. Nous sommes aujourd’hui plus proches des 50-60%. Certaines équipes sont d’ailleurs incomplètes.

Entouré de Céline Dumerc (à gauche) et d'Isabelle Yacoubou (à droite)

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Julien Bacot

Souhaitiez-vous dès lors vous écarter du calendrier administratif pour suivre un rythme différent ? C’est important. J’ai connu professionnellement des réformes, à l’époque de la décentralisation. Ingénieur d’état je suis parti dans une collectivité territoriale. C’était une mutation difficile et il a fallu beaucoup de pédagogie. Et on parlait de salariés, de personnes rémunérées pour faire un travail. Les bénévoles, si les choses ne sont pas bien expliquées, peuvent très bien rendre leur tablier. Le temps que nous avons passé à échanger va nous permettre de réussir notre réforme territoriale. Quel impact le passage de 27 à 18 régions va-t-il avoir sur le paysage du basket français ? Le Code du Sport nous oblige normalement à n’avoir qu’un seul représentant par région. Sauf dérogation. Ce sera réglé fin

Presse Sports / Martin

ce n’est pas suffisant. Si la politique est mauvaise, personne n’adhère.

novembre à la suite de notre séminaire. Quelle gouvernance mettre en place ? Qui fait quoi au niveau du partage des compétences entre les Comités et les Ligues ? Comment mettre en place des PST (Projets Sport et Territoire) afin que les Comités et Ligues travaillent ensemble ? Quel calendrier suivre ? Les clubs ont besoin d’avoir un service de proximité et doivent réduire leurs coûts de compétition où pèsent notamment les coûts de déplacement. Si demain, on propose à un club de la Nouvelle Aquitaine de se déplacer d’Anglet à Limoges, ce sera compliqué. Nous devons les rassurer. Le niveau championnat de France continuera d’être constitué par critères géographiques et le logiciel Optimouv’ va nous y aider. Au niveau régional, il faudra inventer des phases finales qui suivront, là aussi, des poules par secteurs. Et d’autres points sont à trancher comme le maintien de tous les pôles espoirs ou la vie de tous les jours. Si j’habite Dax et que le siège de la future Ligue Nouvelle Aquitaine est à Poitiers (c’est un exemple, bien sûr), devrais-je aller défendre un dossier disciplinaire sur place ? En quoi consistera le séminaire territoire du 26 novembre prochain ? C’est une consultation de l’ensemble des Présidents de Ligues et de Comités ainsi

que du Comité Directeur sur les compétences et le mode de gouvernance du basket français. Nous recueillerons le fruit des propositions de tous, nous présenterons, instantanément et de manière interactive, les tendances qui émergent et validerons des orientations.

et fonctionnels. Toutes les métropoles refusent du monde. Nous sommes donc pratiquement au maximum de nos capacités d’accueil, dans le contexte actuel, sur du 5x5. A nous d’aller chercher d’autres types de licenciés et c’est une réflexion qui va être menée sur ce que doit être un club dans les années à venir.

Ce mode de fonctionnement, déjà utilisé il y a quatre ans, avait-il eu des effets concrets sur la politique fédérale ? Complètement. Nous avions par exemple inventé les coopérations territoriales, travaillé sur l’orientation du 3x3. Cela permet à tout le monde de participer avec ses propres convictions. La feuille de route en découle et sera produite en janvier. Elle sera présentée à Troyes à tous les Présidents, secrétaires généraux et trésoriers des Ligues et Comités.

Quel impact peut avoir une éventuelle désignation de Paris comme ville hôte des Jeux Olympiques 2024 ? Sans Paris 2024, l’avenir sera plus difficile pour le sport. Les Jeux, ce ne sont pas deux fois 15 jours de compétition, mais un autre regard de la société vis-à-vis du sport. Si la France est choisie, je souhaite que le CNOSF travaille, avec chaque fédération, sur un modèle sportif différent et ambitieux. Des choses sont à inventer.

En 2012 vous évoquiez un point de rupture concernant le nombre de licenciés basket. Estimez-vous qu’il est aujourd’hui atteint ? Je ne le souhaite pas mais cela va être compliqué parce que désormais, il faut pousser les murs. Je siège au Conseil d’Administration du CNDS et je suis vice-Président du CNOSF en charge des territoires. Chaque fois que je le peux je rappelle que nous avons besoin d’équipements polyvalents

Après l’organisation de l’EuroBasket Women 2013, de l’EuroBasket 2015 et du TQO féminin 2016, les perspectives en matière d’événementiel sont-elles limitées pour la FFBB ? L’EuroBasket 2015 a dégagé un bénéfice net après impôt de 4,5 millions d’euros. C’est une somme qui va permettre de continuer à faire de l’événementiel déficitaire. L’Équipe de France masculine, depuis quelques années, a démontré sa capacité

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D O N

A M I

M

K

N

W -YOR E

A I / O R L

Bellenger / IS / FFBB

à mobiliser et donc à générer des recettes que ce soit lors des tournées ou lors des matches à Paris. Un bon produit, bien marketé dans une vraie stratégie événementielle est rentable. Je me suis rapproché de la Fédération Française de Golf qui a un nombre très important de licenciés mais pas ou peu d’évènements. Elle a développé une stratégie CRM autour de cette situation car derrière chaque licencié se trouve un consommateur. Nous avons commencé à travailler sur ce sujet même si avec les grands événements que nous avons organisés, nous avons moins eu besoin de le développer. Lorsque le calendrier international et des clubs sera définitivement calé on pourra redémarrer sur une nouvelle stratégie entre aujourd’hui et 2024. On peut imaginer se positionner sur 2021 et une partie de l’EuroBasket puisque le modèle à plusieurs pays semble satisfaire tout le monde. Les fenêtres de qualification qui débuteront en 2017 doivent-elles être abordées comme des événements à part entière ? La réponse est oui. Mais il ne faut pas que ce soit des non événements et il faut une équipe qui tienne la route. C’est donc lié à la participation des joueurs d’Euroleague et d’EuroCup. On repart d’une feuille quasiment blanche mais cela reste déterminant de produire nos équipes nationales sur les territoires. Quel rapport entretient un Président de Fédération avec sa Direction Technique ?

12 BASKETBALLMAGAZINE

"LA RÉFORME TERRITORIALE DONT LA RÉUSSITE VA CONDITIONNER L’AVENIR DU BASKET DANS LES CLUBS. ENSUITE RÉUSSIR À QUALIFIER NOS ÉQUIPES DE FRANCE POUR LES JEUX OLYMPIQUES DE TOKYO EN 2020 SONT LES PRINCIPAUX DÉFIS."

Tout d’abord j’estime que la double casquette de Directeur Technique National et Directeur Général de la FFFB permet de simplifier le management et d’éviter le cloisonnement. J’ai une confiance absolue en Patrick Beesley et j’ai négocié avec son accord un prolongement de son action jusqu’à la fin 2017. Nous allons pouvoir lancer les bases d’une nouvelle olympiade avec des défis importants. L’un d’entre eux est la formation. Chez les filles on reste dans un projet collectif. Chez les garçons les projets sont plus individuels et peuvent ne pas passer par les équipes nationales. Tout le monde peut y perdre ; tous les acteurs,

joueurs, agents, clubs, territoires, doivent être sensibilisés. Je n’envisage pas la solution de laisser les jeunes partir en nombre en NCAA, comme d’autres pays (Australie ou Angleterre). Je suis pour une ligne de protection de la formation française. Alors que débute votre mandat, quel est selon vous le principal défi qui se présente à la FFBB ? La réforme territoriale dont la réussite va conditionner l’avenir du basket dans les clubs. Ensuite réussir à qualifier nos Équipes de France pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

réservez vos places sur

www.gate-one.fr NOVEMBRE2016 13


TROPHÉE ALAIN GILLES >

"J’AI LES RESPONSABILITÉS QUE J’AI TOUJOURS VOULU AVOIR" Propos recueillis par Julien Guérineau, à Athènes

Pour la deuxième année consécutive, Nando De Colo (1,95 m, 29 ans) remporte le trophée Alain Gilles décerné au meilleur basketteur français. Un quasi plébiscite pour le Nordiste, auteur d’une saison exceptionnelle avec le CSKA Moscou. Il y a un an vous déclariez qu’il ne fallait pas s’habituer aux récompenses individuelles. Après avoir été MVP de l’Euroleague, du Final Four, de la VTB League et du TQO, tenez-vous le même discours ? Il faut garder cette mentalité de toujours en vouloir plus. C’est une fois que tu gagnes tous ces trophées collectifs et ces récompenses individuelles que tu te rends compte que tout ce que tu as fait a payé.

Julien Bacot

Cette philosophie explique-t-elle que vous êtes encore au CSKA Moscou aujourd’hui ? Bien sûr. Et cela a guidé mes choix dès mon départ de Valence. Cholet et Va l e n c e étaient de très bonnes équipes mais elles ne se disaient pas forcément en début de saison : on joue le titre dans chaque compétition. Cependant les effectifs étaient très bons et en bataillant nous avons su obtenir des résultats. Je cherchais un club dont le but unique était de gagner. J’étais donc très content de signer aux Spurs et ensuite

44 BASKETBALLMAGAZINE Ju

lie

n

Ba

co

t

de rejoindre le CSKA. Ici les objectifs sont simples et clairs : gagner la VTB League et viser le Final Four d’Euroleague. Quel était votre sentiment après avoir remporté le Final Four, une première pour un Français depuis Antoine Rigaudeau ? J’étais revenu pour ça. Retrouver dans un premier temps des responsabilités et des

opportunités. C’est ce qui s’est passé depuis deux ans. Et aller chercher le plus de titres possibles. Tout est venu assez rapidement. Pour être franc, après la victoire au Final Four, on ne se rend pas forcément compte de ce que l’on vient de réaliser. A Moscou, le basket n’est pas aussi médiatisé qu’ailleurs en Europe où la ville aurait été en fête, où l’engouement aurait été réel. Deux jours

"RETROUVER DANS UN PREMIER TEMPS DES RESPONSABILITÉS ET DES OPPORTUNITÉS. C’EST CE QUI S’EST PASSÉ DEPUIS DEUX ANS. ET ALLER CHERCHER LE PLUS DE TITRES POSSIBLES. TOUT EST VENU ASSEZ RAPIDEMENT. POUR ÊTRE FRANC, APRÈS LA VICTOIRE AU FINAL FOUR, ON NE SE REND PAS FORCÉMENT COMPTE DE CE QUE L’ON VIENT DE RÉALISER."

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TROPHÉE ALAIN GILLES >

"J’AI LES RESPONSABILITÉS QUE J’AI TOUJOURS VOULU AVOIR" Propos recueillis par Julien Guérineau, à Athènes

Pour la deuxième année consécutive, Nando De Colo (1,95 m, 29 ans) remporte le trophée Alain Gilles décerné au meilleur basketteur français. Un quasi plébiscite pour le Nordiste, auteur d’une saison exceptionnelle avec le CSKA Moscou. Il y a un an vous déclariez qu’il ne fallait pas s’habituer aux récompenses individuelles. Après avoir été MVP de l’Euroleague, du Final Four, de la VTB League et du TQO, tenez-vous le même discours ? Il faut garder cette mentalité de toujours en vouloir plus. C’est une fois que tu gagnes tous ces trophées collectifs et ces récompenses individuelles que tu te rends compte que tout ce que tu as fait a payé.

Julien Bacot

Cette philosophie explique-t-elle que vous êtes encore au CSKA Moscou aujourd’hui ? Bien sûr. Et cela a guidé mes choix dès mon départ de Valence. Cholet et Va l e n c e étaient de très bonnes équipes mais elles ne se disaient pas forcément en début de saison : on joue le titre dans chaque compétition. Cependant les effectifs étaient très bons et en bataillant nous avons su obtenir des résultats. Je cherchais un club dont le but unique était de gagner. J’étais donc très content de signer aux Spurs et ensuite

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de rejoindre le CSKA. Ici les objectifs sont simples et clairs : gagner la VTB League et viser le Final Four d’Euroleague. Quel était votre sentiment après avoir remporté le Final Four, une première pour un Français depuis Antoine Rigaudeau ? J’étais revenu pour ça. Retrouver dans un premier temps des responsabilités et des

opportunités. C’est ce qui s’est passé depuis deux ans. Et aller chercher le plus de titres possibles. Tout est venu assez rapidement. Pour être franc, après la victoire au Final Four, on ne se rend pas forcément compte de ce que l’on vient de réaliser. A Moscou, le basket n’est pas aussi médiatisé qu’ailleurs en Europe où la ville aurait été en fête, où l’engouement aurait été réel. Deux jours

"RETROUVER DANS UN PREMIER TEMPS DES RESPONSABILITÉS ET DES OPPORTUNITÉS. C’EST CE QUI S’EST PASSÉ DEPUIS DEUX ANS. ET ALLER CHERCHER LE PLUS DE TITRES POSSIBLES. TOUT EST VENU ASSEZ RAPIDEMENT. POUR ÊTRE FRANC, APRÈS LA VICTOIRE AU FINAL FOUR, ON NE SE REND PAS FORCÉMENT COMPTE DE CE QUE L’ON VIENT DE RÉALISER."

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Comment perceviez-vous la malédiction qui semblait poursuivre le CSKA dans la compétition européenne ? On sait que lorsqu’on arrive en playoffs de VTB League notre effectif va nous permettre de faire la différence sur plusieurs matches. Quand tout se joue sur un seul match, rien n’est facile. Le CSKA a participé 13 fois au Final Four en 14 saisons et n’a gagné que deux fois (ndlr : 2006 et 2008). On peut vite se dire qu’il y a une malédiction. Après la défaite en demi-finale en 2015, en regardant les visages de ceux qui ont souvent connu cette situation, je me disais : j’espère que ça ne va pas m’arriver plus d’une fois. C’est un travail à faire pendant toute la saison afin d’être prêt le jour J. Toute l’équipe savait dès la préparation, qu’on irait au bout et a tout fait pour s’améliorer au fil des semaines. Mais face au Fenerbahçe, il a fallu un quasi miracle pour ne pas s’effondrer à nouveau…

Votre situation contractuelle a été au cœur de toutes les rumeurs en fin de saison dernière. Comment s’est fait le choix de prolonger au CSKA ? Cela a été plutôt facile. En NBA il faut attendre le mois de juillet pour avoir de vraies offres. Même si j’avais des contacts, plus ou moins sérieux. En Europe c’est plus rapide. Je n’avais pas vraiment de doutes. Je suis à un moment de ma carrière où tout se passe très bien au CSKA. J’ai les responsabilités que j’ai toujours voulu avoir. Je suis un des leaders d’un club qui chasse les titres. C’est le plus important aujourd’hui. Ma signature a été annoncée mi-juin mais nous avions trouvé un accord avant la fin de la saison de VTB League. Les gens s’interrogeaient mais en fait c’était réglé. Le CSKA voulait rapidement finaliser si les choses étaient claires. C’était le cas. Le fait que les Raptors aient conservé vos droits en NBA a-t-il joué dans votre décision ? Pas forcément. En plus je ne l’ai appris que très tard. Toronto est une ville qui m’avait beaucoup plu. Y retourner ne m’aurait pas dérangé. Mais je n’y pensais pas plus que ça. Ma seule certitude par rapport à la NBA c’était que je n’y retournerais pas pour gagner 20 matches sur la saison.

FIBA

" LE SCÉNARIO OÙ TU MÈNES RAPIDEMENT DE 20 POINTS EST LE PLUS COMPLIQUÉ À MAÎTRISER. TU TE RELÂCHES, LES AUTRES MONTENT EN AGRESSIVITÉ. LA CHANCE ÉTAIT DE NOTRE CÔTÉ... "

46 BASKETBALLMAGAZINE

Joueur Nando De Colo Thomas Heurtel Evan Fournier Marine Johannes Isabelle Yacoubou Olivia Epoupa Tony Parker Charles Kahudi

Points

1ère place

117 36 29 27 19 19 12 5

11 1 -

Thomas Heurtel

Evan Fournier

Le jury 2016 : Jean-Pierre Siutat (représentant FFBB), Alain Béral (représentant LNB), Patrick Beesley (DTN), Philippe Legname (représentant LFB), Claude Bergeaud (personnalité du basket français), Isabelle Fijalkowski (Club des Internationaux), Liliane Trévisan (l’Equipe), Ludovic Luppino (AFP), Yann Casseville (Basket), Régis Schneider (DNA), Luc Paganon (le Progrès), le public.

Les montants spectaculaires des contrats signés en NBA cet été, y compris par des joueurs loin d’être des superstars vous a-t-il fait douter ? 7-8 millions de dollars en NBA cela peut correspondre à 3-4 millions en Europe si le club prend en charge les impôts. Ce ne sont pas que les chiffres bruts qu’il faut prendre en compte. Evidemment l’été dernier les contrats ont explosé avec les nouveaux droits de télévision. Mais je pense qu’avec le système actuel, les franchises n’auraient pas offert autant d’argent à un joueur venu d’Europe qu’à un joueur déjà sur place. Moi j’étais content de ce qu’on me proposait ici, à Moscou. J’ai donc prolongé au CSKA jusqu’en 2019. Ressentez-vous une évolution non seulement technique mais également physique depuis deux ans ? Je ne sais pas. Je ne fais pas attention à mon physique. Ce que j’essaye de faire c’est de travailler régulièrement pour rester en

FIBA

Bellenger / IS / FFBB

Cette absence de passion, de soutien populaire autour du club aurait-il pu peser dans la balance à l’heure de faire un choix de carrière ? Evidemment si je pouvais jouer tous les week-ends devant 20.000 personnes… Tous les sportifs le souhaiteraient. Le quart de finale d’Euroleague l’an passé contre l’Etoile Rouge de Belgrade a été une expérience exceptionnelle. Je n’avais jamais vu ça. Mais on ne peut pas tout avoir. Je préfère gagner l’Euroleague devant un public plus réduit. Dans dix ans on se souviendra des titres et pas de qui était dans les tribunes.

C’était très compliqué. Je l’avais dit à la mitemps, le scénario où tu mènes rapidement de 20 points est le plus compliqué à maîtriser. Tu te relâches, les autres montent en agressivité. La chance était de notre côté et ça fait partie du jeu avec la claquette de Viktor Khryapa. Une fois en prolongation, il y a eu de nouveau un déclic. Ce match était pour nous. Cela rend la victoire encore plus belle.

© Chris Elise

après le titre, à l’entraînement, j’avais un sentiment bizarre : c’est comme si rien ne s’était passé.

C’est un plébiscite, ou presque. Nando De Colo a recueilli 117 points sur 120 possibles lors du vote organisé le 7 septembre au siège de la FFBB. Nouveauté de la saison, le public avait son mot à dire et a voté. Chaque membre était invité à présenter son tiercé de tête afin de distribuer les 10 points (1ère place), 7 points (2e place) et 5 points (3e place). Les performances des joueurs et des joueuses lors de la saison de club 2015/16 et lors des compétitions internationales 2016 sont prises en compte pour déterminer l’identité du lauréat. Derrière l’intouchable De Colo, Thomas Heurtel a marqué les esprits grâce à ses performances en Euroleague (meilleur passeur) et lors de la campagne de l’Équipe de France. Non retenu pour les Jeux Olympiques, le "titre" de meilleur marqueur français de NBA d’Evan Fournier a également convaincu les votants. Derrière ce trio, le péril jeune des Bleues, Marine JohannesOlivia Epoupa a séduit tandis que le succès en club d’Isabelle Yacoubou, irréprochable capitaine de la sélection à Rio, aura été salué.

Presse Sports / Luttiau

TROPHÉE ALAIN GILLES 2016

TROPHÉE ALAIN GILLES >

forme sans altérer certaines de mes qualités. Je suis attentif à mon corps, au respect des mes routines avant les entraînements et au suivi des traitements. J’ai toujours

été comme ça. A Cholet j’arrivais une heure avant pour shooter et faire des exercices. Parfois c’est moi qui allumais la salle. C’est une question de caractère.

NOVEMBRE2016 47


Comment perceviez-vous la malédiction qui semblait poursuivre le CSKA dans la compétition européenne ? On sait que lorsqu’on arrive en playoffs de VTB League notre effectif va nous permettre de faire la différence sur plusieurs matches. Quand tout se joue sur un seul match, rien n’est facile. Le CSKA a participé 13 fois au Final Four en 14 saisons et n’a gagné que deux fois (ndlr : 2006 et 2008). On peut vite se dire qu’il y a une malédiction. Après la défaite en demi-finale en 2015, en regardant les visages de ceux qui ont souvent connu cette situation, je me disais : j’espère que ça ne va pas m’arriver plus d’une fois. C’est un travail à faire pendant toute la saison afin d’être prêt le jour J. Toute l’équipe savait dès la préparation, qu’on irait au bout et a tout fait pour s’améliorer au fil des semaines. Mais face au Fenerbahçe, il a fallu un quasi miracle pour ne pas s’effondrer à nouveau…

Votre situation contractuelle a été au cœur de toutes les rumeurs en fin de saison dernière. Comment s’est fait le choix de prolonger au CSKA ? Cela a été plutôt facile. En NBA il faut attendre le mois de juillet pour avoir de vraies offres. Même si j’avais des contacts, plus ou moins sérieux. En Europe c’est plus rapide. Je n’avais pas vraiment de doutes. Je suis à un moment de ma carrière où tout se passe très bien au CSKA. J’ai les responsabilités que j’ai toujours voulu avoir. Je suis un des leaders d’un club qui chasse les titres. C’est le plus important aujourd’hui. Ma signature a été annoncée mi-juin mais nous avions trouvé un accord avant la fin de la saison de VTB League. Les gens s’interrogeaient mais en fait c’était réglé. Le CSKA voulait rapidement finaliser si les choses étaient claires. C’était le cas. Le fait que les Raptors aient conservé vos droits en NBA a-t-il joué dans votre décision ? Pas forcément. En plus je ne l’ai appris que très tard. Toronto est une ville qui m’avait beaucoup plu. Y retourner ne m’aurait pas dérangé. Mais je n’y pensais pas plus que ça. Ma seule certitude par rapport à la NBA c’était que je n’y retournerais pas pour gagner 20 matches sur la saison.

FIBA

" LE SCÉNARIO OÙ TU MÈNES RAPIDEMENT DE 20 POINTS EST LE PLUS COMPLIQUÉ À MAÎTRISER. TU TE RELÂCHES, LES AUTRES MONTENT EN AGRESSIVITÉ. LA CHANCE ÉTAIT DE NOTRE CÔTÉ... "

46 BASKETBALLMAGAZINE

Joueur Nando De Colo Thomas Heurtel Evan Fournier Marine Johannes Isabelle Yacoubou Olivia Epoupa Tony Parker Charles Kahudi

Points

1ère place

117 36 29 27 19 19 12 5

11 1 -

Thomas Heurtel

Evan Fournier

Le jury 2016 : Jean-Pierre Siutat (représentant FFBB), Alain Béral (représentant LNB), Patrick Beesley (DTN), Philippe Legname (représentant LFB), Claude Bergeaud (personnalité du basket français), Isabelle Fijalkowski (Club des Internationaux), Liliane Trévisan (l’Equipe), Ludovic Luppino (AFP), Yann Casseville (Basket), Régis Schneider (DNA), Luc Paganon (le Progrès), le public.

Les montants spectaculaires des contrats signés en NBA cet été, y compris par des joueurs loin d’être des superstars vous a-t-il fait douter ? 7-8 millions de dollars en NBA cela peut correspondre à 3-4 millions en Europe si le club prend en charge les impôts. Ce ne sont pas que les chiffres bruts qu’il faut prendre en compte. Evidemment l’été dernier les contrats ont explosé avec les nouveaux droits de télévision. Mais je pense qu’avec le système actuel, les franchises n’auraient pas offert autant d’argent à un joueur venu d’Europe qu’à un joueur déjà sur place. Moi j’étais content de ce qu’on me proposait ici, à Moscou. J’ai donc prolongé au CSKA jusqu’en 2019. Ressentez-vous une évolution non seulement technique mais également physique depuis deux ans ? Je ne sais pas. Je ne fais pas attention à mon physique. Ce que j’essaye de faire c’est de travailler régulièrement pour rester en

FIBA

Bellenger / IS / FFBB

Cette absence de passion, de soutien populaire autour du club aurait-il pu peser dans la balance à l’heure de faire un choix de carrière ? Evidemment si je pouvais jouer tous les week-ends devant 20.000 personnes… Tous les sportifs le souhaiteraient. Le quart de finale d’Euroleague l’an passé contre l’Etoile Rouge de Belgrade a été une expérience exceptionnelle. Je n’avais jamais vu ça. Mais on ne peut pas tout avoir. Je préfère gagner l’Euroleague devant un public plus réduit. Dans dix ans on se souviendra des titres et pas de qui était dans les tribunes.

C’était très compliqué. Je l’avais dit à la mitemps, le scénario où tu mènes rapidement de 20 points est le plus compliqué à maîtriser. Tu te relâches, les autres montent en agressivité. La chance était de notre côté et ça fait partie du jeu avec la claquette de Viktor Khryapa. Une fois en prolongation, il y a eu de nouveau un déclic. Ce match était pour nous. Cela rend la victoire encore plus belle.

© Chris Elise

après le titre, à l’entraînement, j’avais un sentiment bizarre : c’est comme si rien ne s’était passé.

C’est un plébiscite, ou presque. Nando De Colo a recueilli 117 points sur 120 possibles lors du vote organisé le 7 septembre au siège de la FFBB. Nouveauté de la saison, le public avait son mot à dire et a voté. Chaque membre était invité à présenter son tiercé de tête afin de distribuer les 10 points (1ère place), 7 points (2e place) et 5 points (3e place). Les performances des joueurs et des joueuses lors de la saison de club 2015/16 et lors des compétitions internationales 2016 sont prises en compte pour déterminer l’identité du lauréat. Derrière l’intouchable De Colo, Thomas Heurtel a marqué les esprits grâce à ses performances en Euroleague (meilleur passeur) et lors de la campagne de l’Équipe de France. Non retenu pour les Jeux Olympiques, le "titre" de meilleur marqueur français de NBA d’Evan Fournier a également convaincu les votants. Derrière ce trio, le péril jeune des Bleues, Marine JohannesOlivia Epoupa a séduit tandis que le succès en club d’Isabelle Yacoubou, irréprochable capitaine de la sélection à Rio, aura été salué.

Presse Sports / Luttiau

TROPHÉE ALAIN GILLES 2016

TROPHÉE ALAIN GILLES >

forme sans altérer certaines de mes qualités. Je suis attentif à mon corps, au respect des mes routines avant les entraînements et au suivi des traitements. J’ai toujours

été comme ça. A Cholet j’arrivais une heure avant pour shooter et faire des exercices. Parfois c’est moi qui allumais la salle. C’est une question de caractère.

NOVEMBRE2016 47


Bellenger / IS /FFBB

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

Y a-t-il encore des domaines dans lesquels vous voyez une marge de progression ? Partout. Il y a toujours plein de choses à améliorer. C’était le leadership auparavant. Bien sûr ça ne se verra pas forcément d’une saison à l’autre. Mais ce sont des détails qui te rendent meilleur. Pénétrez-vous sur le terrain aujourd’hui avec la certitude que vous êtes le meilleur ? Le passé reste le passé. Tu as beau avoir gagné plein de récompenses individuelles tout se joue sur le terrain. Après quand tu as envie de gagner tu dois te persuader que tu es meilleur que l’adversaire. Au CSKA chacun connaît son rôle et derrière cela me permet d’évoluer à un niveau supérieur. Tous les observateurs s’accordent à souligner votre évolution en dehors du terrain. La ressentez-vous également ? Le fait de pouvoir communiquer avec les joueurs, les coaches, les différentes personnes qui interviennent dans l’environnement de l’équipe cela rend ta vie plus facile. En regardant un joueur comme Milos Teodosic ou Aaron Jackson qui ont une grande facilité à exprimer ce qu’ils ressentent et qu’ils souhaitent, tu apprends rapidement. C’est une grande force d’une équipe que de pouvoir échanger pour avancer. Je ne m’énerve pas dès la première erreur. Mais quand elle se répète et que personne n’ose dire les choses, je vais intervenir. On ne peut pas se cacher derrière les autres. Quand c’est un jeune joueur tu expliques dans un premier temps. Et si ça ne passe pas il faut soulever la voix. Mais c’est toujours pour le bien de l’équipe. J’essaye de le reproduire en Équipe de France. Au fil des années, tu connais mieux les personnes et c’est plus facile de dire les choses.

48 BASKETBALLMAGAZINE

"L’ÉQUIPE DE FRANCE ARRIVE À UN MOMENT IMPORTANT. IL EST PRIMORDIAL QUE LES CADRES SOIENT PRÉSENTS POUR REPARTIR SUR DE BONNES BASES D’AUTANT PLUS QU’IL N’Y AURA PAS DE COMPÉTITION INTERNATIONALE EN 2018." A Rio, l’Équipe de France a semblé manquer de "vie". Comprenez-vous ce sentiment étrange dégagé par un groupe qui se connaissait pourtant par cœur ? En dehors du terrain on aimait passer des moments ensemble. Mais sur le parquet il manquait de la passion, une flamme pour le jeu, la raison première pour laquelle nous étions là. Je pense que l’été a été très long. Une fois la qualification acquise, on a cru que le plus dur était fait, que ça allait venir en claquant des doigts une fois à Rio. Donc nous ne nous sommes pas préparés comme il l’aurait fallu. Vincent Collet nous avait prévenus en notant un certain relâchement par rapport à la concentration qu’on avait affiché avant les Philippines. Les Bleus s’apprêtent à vivre une année déterminante pour lancer un nouveau cycle olympique. Comment voyez-vous ce rendez-vous ? Ce n’est pas toute une génération qui s’en va. Des cadres restent en place. Les jeunes

56

qui arrivent, c’est ce qui a fait la force de l’Équipe de France ces dernières années. Je pense qu’il va falloir remettre les choses à plat pour créer un nouveau groupe. La clé sera la communication pour intégrer les entrants de la meilleure des façons. L’Équipe de France arrive à un moment important. Il est primordial que les cadres soient présents pour repartir sur de bonnes bases d’autant plus qu’il n’y aura pas de compétition internationale en 2018. Si je suis en forme, je serai avec les Bleus à l’EuroBasket 2017. Quelqu’un ou quelque chose peut-il aujourd’hui vous empêcher de remporter un troisième trophée Alain Gilles consécutif en 2017 ? Rien j’espère. J’espère que le CSKA ira au bout et qu’on gagnera l’Euroleague. Qui ? Beaucoup de monde. La France a énormément de bons joueurs et à la fin, ce sont les trophées qui feront la différence.

75,60 84,70


Bellenger / IS /FFBB

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

Y a-t-il encore des domaines dans lesquels vous voyez une marge de progression ? Partout. Il y a toujours plein de choses à améliorer. C’était le leadership auparavant. Bien sûr ça ne se verra pas forcément d’une saison à l’autre. Mais ce sont des détails qui te rendent meilleur. Pénétrez-vous sur le terrain aujourd’hui avec la certitude que vous êtes le meilleur ? Le passé reste le passé. Tu as beau avoir gagné plein de récompenses individuelles tout se joue sur le terrain. Après quand tu as envie de gagner tu dois te persuader que tu es meilleur que l’adversaire. Au CSKA chacun connaît son rôle et derrière cela me permet d’évoluer à un niveau supérieur. Tous les observateurs s’accordent à souligner votre évolution en dehors du terrain. La ressentez-vous également ? Le fait de pouvoir communiquer avec les joueurs, les coaches, les différentes personnes qui interviennent dans l’environnement de l’équipe cela rend ta vie plus facile. En regardant un joueur comme Milos Teodosic ou Aaron Jackson qui ont une grande facilité à exprimer ce qu’ils ressentent et qu’ils souhaitent, tu apprends rapidement. C’est une grande force d’une équipe que de pouvoir échanger pour avancer. Je ne m’énerve pas dès la première erreur. Mais quand elle se répète et que personne n’ose dire les choses, je vais intervenir. On ne peut pas se cacher derrière les autres. Quand c’est un jeune joueur tu expliques dans un premier temps. Et si ça ne passe pas il faut soulever la voix. Mais c’est toujours pour le bien de l’équipe. J’essaye de le reproduire en Équipe de France. Au fil des années, tu connais mieux les personnes et c’est plus facile de dire les choses.

48 BASKETBALLMAGAZINE

"L’ÉQUIPE DE FRANCE ARRIVE À UN MOMENT IMPORTANT. IL EST PRIMORDIAL QUE LES CADRES SOIENT PRÉSENTS POUR REPARTIR SUR DE BONNES BASES D’AUTANT PLUS QU’IL N’Y AURA PAS DE COMPÉTITION INTERNATIONALE EN 2018." A Rio, l’Équipe de France a semblé manquer de "vie". Comprenez-vous ce sentiment étrange dégagé par un groupe qui se connaissait pourtant par cœur ? En dehors du terrain on aimait passer des moments ensemble. Mais sur le parquet il manquait de la passion, une flamme pour le jeu, la raison première pour laquelle nous étions là. Je pense que l’été a été très long. Une fois la qualification acquise, on a cru que le plus dur était fait, que ça allait venir en claquant des doigts une fois à Rio. Donc nous ne nous sommes pas préparés comme il l’aurait fallu. Vincent Collet nous avait prévenus en notant un certain relâchement par rapport à la concentration qu’on avait affiché avant les Philippines. Les Bleus s’apprêtent à vivre une année déterminante pour lancer un nouveau cycle olympique. Comment voyez-vous ce rendez-vous ? Ce n’est pas toute une génération qui s’en va. Des cadres restent en place. Les jeunes

56

qui arrivent, c’est ce qui a fait la force de l’Équipe de France ces dernières années. Je pense qu’il va falloir remettre les choses à plat pour créer un nouveau groupe. La clé sera la communication pour intégrer les entrants de la meilleure des façons. L’Équipe de France arrive à un moment important. Il est primordial que les cadres soient présents pour repartir sur de bonnes bases d’autant plus qu’il n’y aura pas de compétition internationale en 2018. Si je suis en forme, je serai avec les Bleus à l’EuroBasket 2017. Quelqu’un ou quelque chose peut-il aujourd’hui vous empêcher de remporter un troisième trophée Alain Gilles consécutif en 2017 ? Rien j’espère. J’espère que le CSKA ira au bout et qu’on gagnera l’Euroleague. Qui ? Beaucoup de monde. La France a énormément de bons joueurs et à la fin, ce sont les trophées qui feront la différence.

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