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THOMAS HEURTEL LE SUCCESSEUR LÉO WESTERMANN LA RÉFORME TERRITORIALE AMEL BOUDERRA

N°832 - FÉVRIER2017 - WWW.FFBB.COM


THOMAS HEURTEL ANADOLU EFES ISTANBUL >

"EN NBA JE SERAIS PEUT-ÊTRE ENCORE PLUS À L’AISE" Propos recueillis par Julien Guérineau

Joueur majeur d’Euroleague depuis six saisons, Thomas Heurtel (1,89 m, 27 ans) vit une saison compliquée avec l’Anadolu Efes Istanbul. Nouvel entraîneur, nouveau style, nouveau rôle et résultats en dents de scie, le Biterrois, dans sa dernière année de contrat, a connu un début d’exercice compliqué avant de retrouver de sa superbe (12,7 pts, 5,5 pds). Il demeure plus que jamais le candidat numéro un à la succession de Tony Parker à la tête des Bleus.

12 BASKETBALLMAGAZINE

Les Américains, souvent sensibles sur le sujet, évoquent-ils régulièrement cette problématique ? Ils en parlent beaucoup dans le vestiaire. Mais il y a tellement d’argent dans le basket turc qu’ils en oublient la peur. Pour les joueurs tu constates qu’il y a beaucoup plus de mesures de sécurité, surtout avec le Final Four à venir, puis l’EuroBasket. Mais ça ne change rien à ton quotidien. Nous avons connu un départ, celui de Bryce Cotton. Au début il a expliqué qu’une personne de sa famille avait des problèmes de santé. Suite à l’explosion à Besiktas qui a visé des policiers il a décidé de ne pas revenir. Mais sa situation dans le club n’était pas facile et c’était sa première année à l’étranger. A quel point l’attentat du Reina a-t-il marqué les esprits ? C’est un endroit très connu. C’est LA boîte de nuit d’Istanbul, surtout pour les

Presse Sports / Lahalle

Presse Sports / Mounic

Quelle est l’atmosphère à Istanbul suite aux nombreux attentats qui ont frappé la ville ? Nous sommes privilégiés donc on ne ressent pas forcément les choses de la même façon. Bien évidemment les proches se posent des questions. Même si ça n’a pas changé notre mode de vie, c’est de tout de même inquiétant pour ma femme et ma fille, qui restent un peu plus à la maison que d’habitude. Si j’étais seul je serais moins inquiet.

étrangers. J’étais avec ma famille à deux rues du Reina pour fêter le nouvel An. On aurait très bien pu y terminer la soirée pour boire un verre. Dans ces cas-là tu te poses forcément des questions.

Revenons au sport. Le suivi populaire d’Anadolu Efes n’a pas grand-chose à voir avec celui des grands clubs multisports d’Istanbul. Comme l’analysezvous ?

FÉVRIER2017 13


THOMAS HEURTEL ANADOLU EFES ISTANBUL >

"EN NBA JE SERAIS PEUT-ÊTRE ENCORE PLUS À L’AISE" Propos recueillis par Julien Guérineau

Joueur majeur d’Euroleague depuis six saisons, Thomas Heurtel (1,89 m, 27 ans) vit une saison compliquée avec l’Anadolu Efes Istanbul. Nouvel entraîneur, nouveau style, nouveau rôle et résultats en dents de scie, le Biterrois, dans sa dernière année de contrat, a connu un début d’exercice compliqué avant de retrouver de sa superbe (12,7 pts, 5,5 pds). Il demeure plus que jamais le candidat numéro un à la succession de Tony Parker à la tête des Bleus.

12 BASKETBALLMAGAZINE

Les Américains, souvent sensibles sur le sujet, évoquent-ils régulièrement cette problématique ? Ils en parlent beaucoup dans le vestiaire. Mais il y a tellement d’argent dans le basket turc qu’ils en oublient la peur. Pour les joueurs tu constates qu’il y a beaucoup plus de mesures de sécurité, surtout avec le Final Four à venir, puis l’EuroBasket. Mais ça ne change rien à ton quotidien. Nous avons connu un départ, celui de Bryce Cotton. Au début il a expliqué qu’une personne de sa famille avait des problèmes de santé. Suite à l’explosion à Besiktas qui a visé des policiers il a décidé de ne pas revenir. Mais sa situation dans le club n’était pas facile et c’était sa première année à l’étranger. A quel point l’attentat du Reina a-t-il marqué les esprits ? C’est un endroit très connu. C’est LA boîte de nuit d’Istanbul, surtout pour les

Presse Sports / Lahalle

Presse Sports / Mounic

Quelle est l’atmosphère à Istanbul suite aux nombreux attentats qui ont frappé la ville ? Nous sommes privilégiés donc on ne ressent pas forcément les choses de la même façon. Bien évidemment les proches se posent des questions. Même si ça n’a pas changé notre mode de vie, c’est de tout de même inquiétant pour ma femme et ma fille, qui restent un peu plus à la maison que d’habitude. Si j’étais seul je serais moins inquiet.

étrangers. J’étais avec ma famille à deux rues du Reina pour fêter le nouvel An. On aurait très bien pu y terminer la soirée pour boire un verre. Dans ces cas-là tu te poses forcément des questions.

Revenons au sport. Le suivi populaire d’Anadolu Efes n’a pas grand-chose à voir avec celui des grands clubs multisports d’Istanbul. Comme l’analysezvous ?

FÉVRIER2017 13


THOMAS HEURTEL ANADOLU EFES ISTANBUL >

Quand on joue Galatasaray, Fenerbahçe ou Besiktas la salle est remplie de fans de ces équipes. Chez nous il y a peu de supporters. Pour les matches de ligue turque il n’y a personne dans la salle et ce n’est pas évident à vivre. Il faut savoir que le sponsor est une marque de bière et dans un pays musulman ce n’est pas toujours bien vu. Efes reste un club historique puisque c’est le premier club turc à avoir gagné un titre européen. Mais l’engouement autour du football est tel que les gens suivent plutôt les clubs multisports.

Avez-vous été surpris d’avoir à refaire vos preuves avec l’arrivée de Velimir Perasovic à la tête du club ?

14 BASKETBALLMAGAZINE

Malgré tout ce que j’ai fait depuis plusieurs saisons en Euroleague ou en Équipe de France c’est effectivement ce que j’ai ressenti. En plus ce n’est plus du tout le même basket qu’avec Ivkovic.

pas forcément compris. Ce statut je pensais l’avoir et c’était une réalité vis-à-vis des autres équipes… mais pas la mienne. Mais j’ai un caractère de gladiateur et je pense que ça a payé. Ça va mieux aujourd’hui.

Ce n’est un secret pour personne que plusieurs pistes, notamment en Espagne, ont été évoquées l’été dernier. Cette période d’incertitudes a-t-elle été dure à vivre ? Pas tant que ça. J’étais sous contrat donc si les choses n’évoluaient pas j’allais rester à Efes, un club que je connais, où j’ai mes habitudes et où je suis à l’aise. La difficulté c’était qu’en revenant des Jeux Olympiques j’avais été relégué au second plan. Je n’ai

Vous avez évoqué la possibilité de signer en NBA dans un media grec. Quelle est votre position sur la question ? Ce que j’ai dit dans L’Equipe grecque c’est que si j’avais une possibilité l’été prochain, je l’envisagerai et j’en discuterai avec mon agent. C’est un été charnière. C’est la première fois que je suis agent libre. C’est une situation nouvelle mais je pense que ce que j’ai démontré ces dernières années me permet d’être confiant.

Bellenger / IS / FFBB

Début novembre vous vous étiez montré très virulent dans les colonnes de L’Equipe à propos de votre coach et de votre utilisation : "Quand il sera à sept défaites de suite, il se rendra peut-être compte qu'il a fait une erreur". Que s’est-il passé depuis ? Tout le monde a lu L’Equipe. Ça avait surpris et cela avait fait parler. Mais ma situation a changé depuis le début de saison. On a commencé la saison d’Euroleague par trois défaites consécutives. Au quatrième match, contre Darussafaka, Jayson Granger, l’autre meneur, s’est blessé et j’ai changé le match (15 pts, 9 pds). Le coach s’est peut-être rendu compte que j’étais intéressant pour l’équipe. Désormais j’ai un rôle bien défini.

“AU QUATRIÈME, CONTRE DARUSSAFAKA, JAYSON GRANGER, L’AUTRE MENEUR, S’EST BLESSÉ ET J’AI CHANGÉ LE MATCH (15 PTS, 9 PDS). LE COACH S’EST PEUT-ÊTRE RENDU COMPTE QUE J’ÉTAIS INTÉRESSANT POUR L’ÉQUIPE. DÉSORMAIS J’AI UN RÔLE BIEN DÉFINI.” Sergio Rodriguez, le meneur du Real Madrid a rejoint la NBA cette saison. Avez-vous suivi avec curiosité ses prestations ? Carrément. En plus j’ai un pote qui joue avec lui, Dario Saric. Donc je regarde souvent les matches des Sixers. Je me posais la question de savoir s’il pouvait jouer là-bas parce que nous avons un peu le même profil. Et il se débrouille plutôt bien. Donc pourquoi pas ? C’est un joueur très créatif. Moi aussi. En NBA je serais peut-être encore plus à l’aise quand on voit les espaces. Ça change un peu l’image que j’avais de la Ligue.

Presse Sports / Lahalle

Comment expliquer que, malgré ses moyens financiers, Anadolu Efes ne parviennent pas à s’imposer parmi les cadors de l’Euroleague ? La saison dernière le club avait monté une grosse équipe et Dusan Ivkovic avait mis sur pied un projet vraiment intéressant. Les individualités et le talent était impressionnants et nous avions clairement une équipe pour aller au Final Four. Mais, les General Managers et les Présidents des équipes turques, à part Fenerbahçe, ont tendance à changer le roster chaque année. C’est compliqué de construire dans ces conditions.

Bellenger / IS / FFBB

Regrettez-vous ce manque de passion autour du club ? Bien évidemment que ça manque. Quand tu vas jouer au Panathinaikos devant 15000 personnes qui hurlent ou à l’Etoile Rouge, c’est incroyable. Après, l’aspect financier ne peut pas être occulté, il faut être professionnel. Mais personnellement j’ai plutôt une bonne cote à Istanbul. Pour le All-Star Game j’ai été élu par les fans dans le cinq majeur et les gens m’aiment bien ici.

Vous faisiez-vous une montagne de la NBA avant de le voir s’y imposer ?

FÉVRIER2017 15


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Quand on joue Galatasaray, Fenerbahçe ou Besiktas la salle est remplie de fans de ces équipes. Chez nous il y a peu de supporters. Pour les matches de ligue turque il n’y a personne dans la salle et ce n’est pas évident à vivre. Il faut savoir que le sponsor est une marque de bière et dans un pays musulman ce n’est pas toujours bien vu. Efes reste un club historique puisque c’est le premier club turc à avoir gagné un titre européen. Mais l’engouement autour du football est tel que les gens suivent plutôt les clubs multisports.

Avez-vous été surpris d’avoir à refaire vos preuves avec l’arrivée de Velimir Perasovic à la tête du club ?

14 BASKETBALLMAGAZINE

Malgré tout ce que j’ai fait depuis plusieurs saisons en Euroleague ou en Équipe de France c’est effectivement ce que j’ai ressenti. En plus ce n’est plus du tout le même basket qu’avec Ivkovic.

pas forcément compris. Ce statut je pensais l’avoir et c’était une réalité vis-à-vis des autres équipes… mais pas la mienne. Mais j’ai un caractère de gladiateur et je pense que ça a payé. Ça va mieux aujourd’hui.

Ce n’est un secret pour personne que plusieurs pistes, notamment en Espagne, ont été évoquées l’été dernier. Cette période d’incertitudes a-t-elle été dure à vivre ? Pas tant que ça. J’étais sous contrat donc si les choses n’évoluaient pas j’allais rester à Efes, un club que je connais, où j’ai mes habitudes et où je suis à l’aise. La difficulté c’était qu’en revenant des Jeux Olympiques j’avais été relégué au second plan. Je n’ai

Vous avez évoqué la possibilité de signer en NBA dans un media grec. Quelle est votre position sur la question ? Ce que j’ai dit dans L’Equipe grecque c’est que si j’avais une possibilité l’été prochain, je l’envisagerai et j’en discuterai avec mon agent. C’est un été charnière. C’est la première fois que je suis agent libre. C’est une situation nouvelle mais je pense que ce que j’ai démontré ces dernières années me permet d’être confiant.

Bellenger / IS / FFBB

Début novembre vous vous étiez montré très virulent dans les colonnes de L’Equipe à propos de votre coach et de votre utilisation : "Quand il sera à sept défaites de suite, il se rendra peut-être compte qu'il a fait une erreur". Que s’est-il passé depuis ? Tout le monde a lu L’Equipe. Ça avait surpris et cela avait fait parler. Mais ma situation a changé depuis le début de saison. On a commencé la saison d’Euroleague par trois défaites consécutives. Au quatrième match, contre Darussafaka, Jayson Granger, l’autre meneur, s’est blessé et j’ai changé le match (15 pts, 9 pds). Le coach s’est peut-être rendu compte que j’étais intéressant pour l’équipe. Désormais j’ai un rôle bien défini.

“AU QUATRIÈME, CONTRE DARUSSAFAKA, JAYSON GRANGER, L’AUTRE MENEUR, S’EST BLESSÉ ET J’AI CHANGÉ LE MATCH (15 PTS, 9 PDS). LE COACH S’EST PEUT-ÊTRE RENDU COMPTE QUE J’ÉTAIS INTÉRESSANT POUR L’ÉQUIPE. DÉSORMAIS J’AI UN RÔLE BIEN DÉFINI.” Sergio Rodriguez, le meneur du Real Madrid a rejoint la NBA cette saison. Avez-vous suivi avec curiosité ses prestations ? Carrément. En plus j’ai un pote qui joue avec lui, Dario Saric. Donc je regarde souvent les matches des Sixers. Je me posais la question de savoir s’il pouvait jouer là-bas parce que nous avons un peu le même profil. Et il se débrouille plutôt bien. Donc pourquoi pas ? C’est un joueur très créatif. Moi aussi. En NBA je serais peut-être encore plus à l’aise quand on voit les espaces. Ça change un peu l’image que j’avais de la Ligue.

Presse Sports / Lahalle

Comment expliquer que, malgré ses moyens financiers, Anadolu Efes ne parviennent pas à s’imposer parmi les cadors de l’Euroleague ? La saison dernière le club avait monté une grosse équipe et Dusan Ivkovic avait mis sur pied un projet vraiment intéressant. Les individualités et le talent était impressionnants et nous avions clairement une équipe pour aller au Final Four. Mais, les General Managers et les Présidents des équipes turques, à part Fenerbahçe, ont tendance à changer le roster chaque année. C’est compliqué de construire dans ces conditions.

Bellenger / IS / FFBB

Regrettez-vous ce manque de passion autour du club ? Bien évidemment que ça manque. Quand tu vas jouer au Panathinaikos devant 15000 personnes qui hurlent ou à l’Etoile Rouge, c’est incroyable. Après, l’aspect financier ne peut pas être occulté, il faut être professionnel. Mais personnellement j’ai plutôt une bonne cote à Istanbul. Pour le All-Star Game j’ai été élu par les fans dans le cinq majeur et les gens m’aiment bien ici.

Vous faisiez-vous une montagne de la NBA avant de le voir s’y imposer ?

FÉVRIER2017 15


LÉO WESTERMANN ZALGIRIS KAUNAS >

17 > 19 F É V R I E R

Les meilleures équipes du basket français à la Disney ® Events Arena !

Avec Alain Digbeu Presse Sports / Mounic

Pas une montagne mais quand tu vois les athlètes qui y évoluent tu te dis que ça va être compliqué de reproduire en NBA ce que je fais ici. Après tu t’aperçois qu’il n’y a pas de vérité et que certains joueurs NBA qui viennent en Euroleague ont vraiment du mal à jouer. 18 points, 8 rebonds et 9 passes décisives contre les Etats-Unis aux Jeux Olympiques. Avez-vous été surpris de la "facilité" avec laquelle vous pouviez vous exprimer face à une équipe de cette dimension ? C’est vrai. Je ne sais pas s’ils jouaient à 100% mais ce jeu sans aides fait que c’est vraiment plus facile à jouer qu’en Euroleague. Ici tu passes ton joueur et trois

autres te tombent dessus. Là-bas tu passes ton joueur et tu es tout seul. Mais le plus compliqué c’est justement de défendre sur des mecs avec des qualités athlétiques hors du commun et des fondamentaux avec la balle absolument incroyables. Un gars comme Russell Westbrook il peut te sauter par-dessus. Que cela vous inspire-t-il de répondre à des questions sur la NBA alors qu’en 2009, l’ASVEL, qui vous avait signé, a préféré vous prêter deux saisons consécutives à Strasbourg puis Alicante ? (il sourit) Mon parcours est assez atypique. Mais j’avoue que je n’y pense pas trop. La priorité c’est de faire une grosse saison pour trouver une bonne situation économique et

A 29 ans, dans quel domaine du jeu pouvez-vous encore progresser ? La maturité dans le jeu et la capacité à gérer, à réagir face à des situations nouvelles. C’est l’expérience. Je n’aurais par exemple pas vécu ces derniers mois de la même façon si je n’avais pas justement cette expérience. Quel souvenir gardez-vous de la performance de l’Équipe de France aux derniers Jeux Olympiques ? Je ne sais toujours pas ce qui s’est passé. Personne ne sait. Où personne ne veut vraiment s’exprimer sur le sujet. En 2014 vous aviez été décisif en tant que titulaire dans la conquête du bronze mondial. Trois ans plus tard vous attendez-vous à évoluer dans un registre similaire à l’EuroBasket ? Si tout se passe bien je vais retrouver ce rôle. Je le recherche bien évidemment mais tout le monde veut être le premier meneur de son équipe nationale. Et encore plus en Équipe de France. Je serais vraiment fier de tenir ce rôle. L’été prochain nous aurons besoin de tout le monde et j’espère que chacun en est conscient.

©Disney

"TOUT LE MONDE VEUT ÊTRE LE PREMIER MENEUR DE SON ÉQUIPE NATIONALE. ET ENCORE PLUS EN ÉQUIPE DE FRANCE. JE SERAIS VRAIMENT FIER DE TENIR CE RÔLE."

sportive avec l’objectif de gagner des titres. J’ai vraiment envie d’être dans une équipe qui est certaine de disputer les playoffs et qui vise le Final Four.

16 BASKETBALLMAGAZINE

FÉVRIER2017 17 BALLON OFFICIEL


LÉO WESTERMANN ZALGIRIS KAUNAS >

17 > 19 F É V R I E R

Les meilleures équipes du basket français à la Disney ® Events Arena !

Avec Alain Digbeu Presse Sports / Mounic

Pas une montagne mais quand tu vois les athlètes qui y évoluent tu te dis que ça va être compliqué de reproduire en NBA ce que je fais ici. Après tu t’aperçois qu’il n’y a pas de vérité et que certains joueurs NBA qui viennent en Euroleague ont vraiment du mal à jouer. 18 points, 8 rebonds et 9 passes décisives contre les Etats-Unis aux Jeux Olympiques. Avez-vous été surpris de la "facilité" avec laquelle vous pouviez vous exprimer face à une équipe de cette dimension ? C’est vrai. Je ne sais pas s’ils jouaient à 100% mais ce jeu sans aides fait que c’est vraiment plus facile à jouer qu’en Euroleague. Ici tu passes ton joueur et trois

autres te tombent dessus. Là-bas tu passes ton joueur et tu es tout seul. Mais le plus compliqué c’est justement de défendre sur des mecs avec des qualités athlétiques hors du commun et des fondamentaux avec la balle absolument incroyables. Un gars comme Russell Westbrook il peut te sauter par-dessus. Que cela vous inspire-t-il de répondre à des questions sur la NBA alors qu’en 2009, l’ASVEL, qui vous avait signé, a préféré vous prêter deux saisons consécutives à Strasbourg puis Alicante ? (il sourit) Mon parcours est assez atypique. Mais j’avoue que je n’y pense pas trop. La priorité c’est de faire une grosse saison pour trouver une bonne situation économique et

A 29 ans, dans quel domaine du jeu pouvez-vous encore progresser ? La maturité dans le jeu et la capacité à gérer, à réagir face à des situations nouvelles. C’est l’expérience. Je n’aurais par exemple pas vécu ces derniers mois de la même façon si je n’avais pas justement cette expérience. Quel souvenir gardez-vous de la performance de l’Équipe de France aux derniers Jeux Olympiques ? Je ne sais toujours pas ce qui s’est passé. Personne ne sait. Où personne ne veut vraiment s’exprimer sur le sujet. En 2014 vous aviez été décisif en tant que titulaire dans la conquête du bronze mondial. Trois ans plus tard vous attendez-vous à évoluer dans un registre similaire à l’EuroBasket ? Si tout se passe bien je vais retrouver ce rôle. Je le recherche bien évidemment mais tout le monde veut être le premier meneur de son équipe nationale. Et encore plus en Équipe de France. Je serais vraiment fier de tenir ce rôle. L’été prochain nous aurons besoin de tout le monde et j’espère que chacun en est conscient.

©Disney

"TOUT LE MONDE VEUT ÊTRE LE PREMIER MENEUR DE SON ÉQUIPE NATIONALE. ET ENCORE PLUS EN ÉQUIPE DE FRANCE. JE SERAIS VRAIMENT FIER DE TENIR CE RÔLE."

sportive avec l’objectif de gagner des titres. J’ai vraiment envie d’être dans une équipe qui est certaine de disputer les playoffs et qui vise le Final Four.

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FÉVRIER2017 17 BALLON OFFICIEL


LÉO WESTERMANN ZALGIRIS KAUNAS >

"LE BASKET EST UNE RELIGION ICI" Propos recueillis par Julien Guérineau

Après deux saisons avec le Limoges CSP, Léo Westermann (1,97 m, 24 ans) a rejoint le mythique club lituanien du Zalgiris Kaunas. Le médaillé de bronze de l’EuroBasket 2015 (14 sélections) y livre une solide campagne d’Euroleague (8,4 pts, 3,8 rbds, 4,9 pds en 25 minutes) et découvre la passion jamais démentie du pays balte pour le basket.

Lukas Balandis

Bellenger / IS / FFBB

Alors qu’il était champion de France le CSP ne s’est pas qualifié pour les playoffs la saison passée. Avez-vous été inquiet que ces résultats impactent les offres que vous auriez pu recevoir ? Pas forcément. Collectivement la saison avec le CSP a été très mauvaise. Individuellement, je ne vais pas me cacher, j’ai été bien meilleur

18 BASKETBALLMAGAZINE

qu’en 2014/15 quand je revenais de blessure. J’ai eu la chance que le Zalgiris Kaunas se présente. D’autres équipes étaient intéressées mais c’était la meilleure opportunité pour moi, et de loin. Vous avez évolué deux saisons avec le Partizan Belgrade dans une ambiance

passionnée autour du basket. Vous imaginiez-vous rejoindre un club aux moyens plus importants mais au soutien populaire limité ? Tout dépend des propositions, on ne va pas se cacher. Quand tu as une offre d’Anadolu Efes qui te permet de mettre ta famille à l’abri c’est un choix logique. Après, à contrat

égal, je préfère jouer dans un club avec une identité, une âme. J’adore me sentir concerné par le maillot que je porte. Je l’ai trouvé à l’ASVEL, au Partizan, à Limoges et désormais au Zalgiris. Ça me donne envie de jouer au basket au-delà de tous les aspects qu’on connaît dans le haut niveau. Le poids de la tradition est-il très présent à Kaunas ? Oui. Dès le début de saison nous avons eu une réunion spécifique sur le sujet, avec Powerpoint à l’appui. Ce que représente le Zalgiris Kaunas et le basket en Lituanie. Ce club est un monument. Les vestiaires et la salle d’entraînement sont décorés de photos de joueurs, des titres. Ça te met dans l’ambiance. Si quelqu’un marche sur le logo au

milieu du vestiaire tu dois faire dix pompes. L’emblème, l’institution on n’y touche pas et ils le rappellent à chaque joueur qui signe ici. Pouvez-vous faire une comparaison entre la passion pour le basket en Serbie et en Lituanie ? Le basket est une religion ici. C’est le sport numéro un et de loin. En Serbie le sentiment d’appartenance se développe autour du club. Si tu es fan du Partizan tu vas l’être au basket, au water-polo ou aux fléchettes. En Lituanie le basket est très lié à l’histoire du pays. Je me suis intéressé à la question et quand tu sais qu’à la chute de l’URSS les trois meilleurs joueurs étaient lituaniens (Sabonis, Marciulionis, Kurtinaitis) tu comprends l’origine de cette popularité. Les basketteurs sont

partout ici, sur les affiches, les produits, dans la presse. Les mouvements des basketteurs lituaniens sont vraiment épiés et ils représentent le pays partout où ils vont. Un club historique mais doté de la plus belle salle d’Europe selon les General Managers de l’Euroleague. Est-ce le passé qui rencontre le futur ? Déjà, en Lituanie, tu vas jouer dans des salles superbes de 5-6000 places qui ont été rénovées pour l’EuroBasket 2011. Au Zalgiris, le professionnalisme est poussé à l’extrême. On se rapproche des infrastructures NBA au niveau des salles d’entraînement, des salles de musculation à la pointe de la technologie. C’est vraiment agréable de travailler dans ces conditions.

FÉVRIER2017 19


LÉO WESTERMANN ZALGIRIS KAUNAS >

"LE BASKET EST UNE RELIGION ICI" Propos recueillis par Julien Guérineau

Après deux saisons avec le Limoges CSP, Léo Westermann (1,97 m, 24 ans) a rejoint le mythique club lituanien du Zalgiris Kaunas. Le médaillé de bronze de l’EuroBasket 2015 (14 sélections) y livre une solide campagne d’Euroleague (8,4 pts, 3,8 rbds, 4,9 pds en 25 minutes) et découvre la passion jamais démentie du pays balte pour le basket.

Lukas Balandis

Bellenger / IS / FFBB

Alors qu’il était champion de France le CSP ne s’est pas qualifié pour les playoffs la saison passée. Avez-vous été inquiet que ces résultats impactent les offres que vous auriez pu recevoir ? Pas forcément. Collectivement la saison avec le CSP a été très mauvaise. Individuellement, je ne vais pas me cacher, j’ai été bien meilleur

18 BASKETBALLMAGAZINE

qu’en 2014/15 quand je revenais de blessure. J’ai eu la chance que le Zalgiris Kaunas se présente. D’autres équipes étaient intéressées mais c’était la meilleure opportunité pour moi, et de loin. Vous avez évolué deux saisons avec le Partizan Belgrade dans une ambiance

passionnée autour du basket. Vous imaginiez-vous rejoindre un club aux moyens plus importants mais au soutien populaire limité ? Tout dépend des propositions, on ne va pas se cacher. Quand tu as une offre d’Anadolu Efes qui te permet de mettre ta famille à l’abri c’est un choix logique. Après, à contrat

égal, je préfère jouer dans un club avec une identité, une âme. J’adore me sentir concerné par le maillot que je porte. Je l’ai trouvé à l’ASVEL, au Partizan, à Limoges et désormais au Zalgiris. Ça me donne envie de jouer au basket au-delà de tous les aspects qu’on connaît dans le haut niveau. Le poids de la tradition est-il très présent à Kaunas ? Oui. Dès le début de saison nous avons eu une réunion spécifique sur le sujet, avec Powerpoint à l’appui. Ce que représente le Zalgiris Kaunas et le basket en Lituanie. Ce club est un monument. Les vestiaires et la salle d’entraînement sont décorés de photos de joueurs, des titres. Ça te met dans l’ambiance. Si quelqu’un marche sur le logo au

milieu du vestiaire tu dois faire dix pompes. L’emblème, l’institution on n’y touche pas et ils le rappellent à chaque joueur qui signe ici. Pouvez-vous faire une comparaison entre la passion pour le basket en Serbie et en Lituanie ? Le basket est une religion ici. C’est le sport numéro un et de loin. En Serbie le sentiment d’appartenance se développe autour du club. Si tu es fan du Partizan tu vas l’être au basket, au water-polo ou aux fléchettes. En Lituanie le basket est très lié à l’histoire du pays. Je me suis intéressé à la question et quand tu sais qu’à la chute de l’URSS les trois meilleurs joueurs étaient lituaniens (Sabonis, Marciulionis, Kurtinaitis) tu comprends l’origine de cette popularité. Les basketteurs sont

partout ici, sur les affiches, les produits, dans la presse. Les mouvements des basketteurs lituaniens sont vraiment épiés et ils représentent le pays partout où ils vont. Un club historique mais doté de la plus belle salle d’Europe selon les General Managers de l’Euroleague. Est-ce le passé qui rencontre le futur ? Déjà, en Lituanie, tu vas jouer dans des salles superbes de 5-6000 places qui ont été rénovées pour l’EuroBasket 2011. Au Zalgiris, le professionnalisme est poussé à l’extrême. On se rapproche des infrastructures NBA au niveau des salles d’entraînement, des salles de musculation à la pointe de la technologie. C’est vraiment agréable de travailler dans ces conditions.

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LÉO WESTERMANN ZALGIRIS KAUNAS >

"EN LITUANIE LE BASKET EST TRÈS LIÉ À L’HISTOIRE DU PAYS. QUAND TU SAIS QU’À LA CHUTE DE L’URSS LES TROIS MEILLEURS JOUEURS ÉTAIENT LITUANIENS (SABONIS, MARCIULIONIS, KURTINAITIS) TU COMPRENDS L’ORIGINE DE CETTE POPULARITÉ." Entre le championnat et l’Euroleague vous avez 66 matches de saison régulière à disputer, à quoi ressemblent vos déplacements à ce rythme ? On passe systématiquement par Vilnius qui est à une heure de route. Ensuite toutes les connexions sont assez simples pour les grandes villes européennes. Pour le championnat lituanien le voyage le plus long c’est deux heures de route. Tout est fait le jour même, cela permet de passer plus de temps en famille à la maison. Le championnat n’a

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que dix équipes mais on rencontre tout le monde quatre fois. Et si les équipes sont bonnes elles ne sont pas du niveau du championnat espagnol ou de VTB. Cela nous permet de nous consacrer à la préparation des matches d’Euroleague. Chaque joueur joue une vingtaine de minutes en championnat, le coach fait tourner. Est-ce particulier de disputer un championnat que vous êtes, a priori, certain de remporter ?

Comment jugez-vous la phase aller du Zalgiris en Euroleague (6 victoires, 10 défaites) ? Le Zalgiris se relève de graves problèmes financiers provoqués par un banquier russe véreux (ndlr : Vladimir Romanov, parti en février 2013) qui a laissé le club très endetté. C’était une période très dure. Le Zalgiris s’est restructuré et s’est redressé. Aujourd’hui il ne joue pas dans la cours des gros budgets comme le CSKA ou le Real. En début d’année les spécialistes disaient que notre équipe n’avait pas assez de talent et que nous finirions bons derniers d’Euroleague. Finalement on fait une saison très correcte. Peut-être peut-on viser les playoffs. Quel est votre ressenti sur la nouvelle formule de l’Euroleague en mode championnat intégral ? C’est extraordinaire. Toutes les semaines, parfois deux fois par semaine tu affrontes les meilleures équipes du Continent, les meilleurs joueurs dans des matches excitants où tout le monde peut battre tout le monde. C’est extrêmement intéressant. Votre rôle correspond-il à ce que vous avait annoncé Sarunas Jasikevicius lors de votre signature ? Complètement. Le coach m’avait dit qu’il comptait m’utiliser sur les postes de 1 à 3. C’est exactement ce que je fais. Il n’y a pas de postes définis quand je suis sur le terrain. Il m’avait parlé de sa période au Panathinaikos où, toutes proportions gardées, il jouait avec Diamantidis et

Spanoulis. Tout le monde pouvait créer du jeu et c’est ce qu’il aime. J’ai très bien débuté la saison. En décembre j’étais dans le dur mais une saison dure 10 mois et je sais que je vais rebondir. Je suis un étranger et j’ai la pression. Il faut que je produise et que le coach apprécie ce que je fais. Jasikevicius était un joueur exceptionnel au caractère de feu, à quoi ressemble-t-il comme entraîneur ? Il travaille énormément. Toujours à la salle, toujours à regarder des vidéos pour essayer de progresser même s’il est déjà très impressionnant dans des situations de tensions, dans sa connaissance tactique. Il a le même caractère que quand il jouait. Il déteste perdre et il est chaud bouillant. A coup sûr il va devenir un grand coach. Vous aviez déclaré par le passé ne pas vouloir évoquer l’Équipe de France pour vous focaliser sur vos prestations en club. En septembre les Bleus débuteront un nouveau cycle qui doit les mener à Tokyo en 2020. Quelle est votre position vis-à-vis de la sélection ? Je disais ça parce que j’avais été très déçu de ma non-sélection à l’Euro 2013. Mais bien sûr l’Équipe de France est toujours dans un coin de ma tête. Maintenant advienne que pourra, Vincent Collet fera ses choix et il a l’embarras du choix, beaucoup de joueurs réalisent une grande saison. Mais j’aspire à en faire partie.

Bellenger / IS / FFBB

Lukas Balandis

Dans ces conditions que s’est-il passé lors de la première journée de LKL ? Effectivement nous sommes battus par Lietkabelis Panevezys. C’est une très bonne équipe qui joue en EuroCup avec les frères Lavrinovic et Mindaugas Lukauskis qui a joué à l’ASVEL. Ils ont battu Ulm au Top 16, qui est premier et invaincu du championnat allemand. Ils ont fait le match de leur vie contre nous. Au retour on a gagné d’une dizaine de points. En LKL il y a tout de même 4-5 équipes très sérieuses.

Rokas Lukosevicius

Ce n’est pas du foot avec ses surprises, c’est sûr. Après ça reste du sport. Le talent fait la différence mais il faut jouer avec intensité. Parfois c’est bizarre de rentrer sur le terrain en disant qu’avec un peu de sérieux la victoire sera au bout. Mais c’est aussi un bon sentiment.

FÉVRIER2017 21


LÉO WESTERMANN ZALGIRIS KAUNAS >

"EN LITUANIE LE BASKET EST TRÈS LIÉ À L’HISTOIRE DU PAYS. QUAND TU SAIS QU’À LA CHUTE DE L’URSS LES TROIS MEILLEURS JOUEURS ÉTAIENT LITUANIENS (SABONIS, MARCIULIONIS, KURTINAITIS) TU COMPRENDS L’ORIGINE DE CETTE POPULARITÉ." Entre le championnat et l’Euroleague vous avez 66 matches de saison régulière à disputer, à quoi ressemblent vos déplacements à ce rythme ? On passe systématiquement par Vilnius qui est à une heure de route. Ensuite toutes les connexions sont assez simples pour les grandes villes européennes. Pour le championnat lituanien le voyage le plus long c’est deux heures de route. Tout est fait le jour même, cela permet de passer plus de temps en famille à la maison. Le championnat n’a

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que dix équipes mais on rencontre tout le monde quatre fois. Et si les équipes sont bonnes elles ne sont pas du niveau du championnat espagnol ou de VTB. Cela nous permet de nous consacrer à la préparation des matches d’Euroleague. Chaque joueur joue une vingtaine de minutes en championnat, le coach fait tourner. Est-ce particulier de disputer un championnat que vous êtes, a priori, certain de remporter ?

Comment jugez-vous la phase aller du Zalgiris en Euroleague (6 victoires, 10 défaites) ? Le Zalgiris se relève de graves problèmes financiers provoqués par un banquier russe véreux (ndlr : Vladimir Romanov, parti en février 2013) qui a laissé le club très endetté. C’était une période très dure. Le Zalgiris s’est restructuré et s’est redressé. Aujourd’hui il ne joue pas dans la cours des gros budgets comme le CSKA ou le Real. En début d’année les spécialistes disaient que notre équipe n’avait pas assez de talent et que nous finirions bons derniers d’Euroleague. Finalement on fait une saison très correcte. Peut-être peut-on viser les playoffs. Quel est votre ressenti sur la nouvelle formule de l’Euroleague en mode championnat intégral ? C’est extraordinaire. Toutes les semaines, parfois deux fois par semaine tu affrontes les meilleures équipes du Continent, les meilleurs joueurs dans des matches excitants où tout le monde peut battre tout le monde. C’est extrêmement intéressant. Votre rôle correspond-il à ce que vous avait annoncé Sarunas Jasikevicius lors de votre signature ? Complètement. Le coach m’avait dit qu’il comptait m’utiliser sur les postes de 1 à 3. C’est exactement ce que je fais. Il n’y a pas de postes définis quand je suis sur le terrain. Il m’avait parlé de sa période au Panathinaikos où, toutes proportions gardées, il jouait avec Diamantidis et

Spanoulis. Tout le monde pouvait créer du jeu et c’est ce qu’il aime. J’ai très bien débuté la saison. En décembre j’étais dans le dur mais une saison dure 10 mois et je sais que je vais rebondir. Je suis un étranger et j’ai la pression. Il faut que je produise et que le coach apprécie ce que je fais. Jasikevicius était un joueur exceptionnel au caractère de feu, à quoi ressemble-t-il comme entraîneur ? Il travaille énormément. Toujours à la salle, toujours à regarder des vidéos pour essayer de progresser même s’il est déjà très impressionnant dans des situations de tensions, dans sa connaissance tactique. Il a le même caractère que quand il jouait. Il déteste perdre et il est chaud bouillant. A coup sûr il va devenir un grand coach. Vous aviez déclaré par le passé ne pas vouloir évoquer l’Équipe de France pour vous focaliser sur vos prestations en club. En septembre les Bleus débuteront un nouveau cycle qui doit les mener à Tokyo en 2020. Quelle est votre position vis-à-vis de la sélection ? Je disais ça parce que j’avais été très déçu de ma non-sélection à l’Euro 2013. Mais bien sûr l’Équipe de France est toujours dans un coin de ma tête. Maintenant advienne que pourra, Vincent Collet fera ses choix et il a l’embarras du choix, beaucoup de joueurs réalisent une grande saison. Mais j’aspire à en faire partie.

Bellenger / IS / FFBB

Lukas Balandis

Dans ces conditions que s’est-il passé lors de la première journée de LKL ? Effectivement nous sommes battus par Lietkabelis Panevezys. C’est une très bonne équipe qui joue en EuroCup avec les frères Lavrinovic et Mindaugas Lukauskis qui a joué à l’ASVEL. Ils ont battu Ulm au Top 16, qui est premier et invaincu du championnat allemand. Ils ont fait le match de leur vie contre nous. Au retour on a gagné d’une dizaine de points. En LKL il y a tout de même 4-5 équipes très sérieuses.

Rokas Lukosevicius

Ce n’est pas du foot avec ses surprises, c’est sûr. Après ça reste du sport. Le talent fait la différence mais il faut jouer avec intensité. Parfois c’est bizarre de rentrer sur le terrain en disant qu’avec un peu de sérieux la victoire sera au bout. Mais c’est aussi un bon sentiment.

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LENS ABOUDOU LA CHARITÉ >

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

Par Jérémy Barbier

LE GRAND ÉCART Remplaçant de devoir depuis plusieurs saisons dans les divisions professionnelles, l’arrière Lens Aboudou (1,87 m, 26 ans) veut donner en nouvel élan à sa carrière en N2 avec La Charité.

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56 "POURQUOI NE PAS GRAVIR LES ÉCHELONS ICI ? JE PRENDS BEAUCOUP DE PLAISIR ET JE SAIS QUE NOUS AVONS UN BON COUP À JOUER."

parfois être dépendants de mes performances, c’est ce que je recherchais." A ce titre, le classement de la Charité à la trêve était flatteur pour son arrière vedette. Avec un seul faux pas lors de ses 11 premières sorties, le club nivernais est devenu l’ennemi public n°1 de la poule B. "Malgré de nombreux changements à l’intersaison,

Fos-sur-Mer

Un peu moins de dix minutes par match en moyenne et des responsabilités clairsemées, Lens Aboudou n’y trouvait plus son compte. A Antibes puis Fos-sur-Mer la saison dernière, le Dijonnais de formation (JDA entre 2009 et 2014) n’a pu se défaire en Pro B de ce costume de joueur de bout de banc (2,1 points et 1,4 rebond). "Cette dernière saison m’a confirmé que je ne souhaitais pas repartir sur un projet de ce type", explique l’arrière. "Je voulais un club où j’allais retrouver du plaisir." Les propositions venues de Pro B ou N1 pendant l’été ne répondaient pas à cette attente. "Les clubs étaient sur d’autres joueurs et moi, c’était au cas où le joueur en question ne vienne pas. Je voulais être la première option." Fabien Anthonioz, nouvellement nommé entraîneur de La Charité, va lui proposer ce rôle au début de l’été. Assistant coach à Dijon du temps où Aboudou s’entraînait avec les pros, le technicien avait toujours gardé un œil sur cet ancien protégé. "J’étais un peu réticent car après avoir connu la Pro A et la coupe d’Europe, je me disais qu’il était peut-être tôt pour aller en N2. Mais le plus important était de jouer et je connaissais bien Fabien. J’étais persuadé que cela se passerait bien. Au final, c’est la meilleure décision que j’ai pu prendre." Au sein d’un championnat un peu plus fort chaque année, Lens Aboudou a vite compris qu’il ne s’agirait pas d’une saison sabbatique. "Dans notre poule, énormément de joueurs ont évolué en Pro A ou Pro B : Patch Morlende et Cédric Ferchaud (Pornic), Amadi McKenzie (Gravenchon), Aurélien Toto N’kote (Les Sables-d’Olonne), Guillaume Constentin (La Rochelle), Julien Lesieu (Tours), Mamadou Sy et Issif Soumahoro (Brissac), Rochel Chery (Cognac)…" La liste s’allonge régulièrement, au grand plaisir d’un arrière qui voit en cette adversité le moyen de prouver sa valeur. "Je suis venu ici parce que je veux continuer à progresser. J’ai beaucoup à apprendre sauf qu’aujourd’hui, je le fais sur le terrain. Les résultats de l’équipe vont

l’alchimie a tout de suite opéré", explique la recrue majeure. De là à imaginer la Charité se battre pour une place en N1 dès le printemps, il n’y a qu’un double pas que Lens Aboudou franchit aisément. "Pourquoi ne pas gravir les échelons ici ? Je prends beaucoup de plaisir et je sais que nous avons un bon coup à jouer."

75,60 84,70

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