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QUALIFICATIONS COUPE DU MONDE 2019 LES BLEUS AU RENDEZ-VOUS

LES FÉMININES VERS L’EURO LE CFBB CUVÉE 2018 YAKUBA OUATTARA

N°841 - DÉCEMBRE2017 - WWW.FFBB.COM


EDFF QUALIFICATION À L’EURO 2019 >

UNE BALADE DE SANTÉ Sandrine Gruda L’idée c’est de pouvoir travailler. On va se voir très peu de temps et vu que chacune d’entre nous repart ensuite dans son club, les habitudes d’apprentissage qu’on a pu engranger dans cette semaine d’entraînement peuvent s’effacer. C’est pour cela que c’est très important de profiter de ces rencontres pour apprendre et travailler en synergie. On ne veut pas se contenter de 10 ou 15 points d’écart. On ne se concentre pas sur l’adversaire, mais sur nous-même", renchérissait Sandrine Gruda.

Helena Ciak, Marielle Amant, Sarah Michel et Valériane Ayayi Le suspense – s’il existait – n’aura duré que quelques instants. Un cinglant 14-0 pour commencer la partie contre la Finlande à Helsinki, un 27-15 dans le deuxième quart-temps contre la Roumanie à Villeneuve d’Ascq, et les Bleues se sont envolées à chaque fois au score pour s’offrir deux faciles victoires dans ces qualifications à l’Euro 2019. Face à des adversaires jugées plus faibles, les Bleues ont confirmé leur rang (cinq podiums d’affilée sur la scène continentale) mais surtout, elles ont marqué les esprits en imprimant un rythme d’enfer et en écrasant les deux proies qu’étaient les Finlandaises et les Roumaines. "C’était important pour nous de jouer juste. Quand on tombe dans la facilité, on a tendance à se laisser aller et à manquer de précision. Ça n’a

10 BASKETBALLMAGAZINE

pas été le cas lors de ces deux rencontres, on a joué notre basket contre la Finlande et la Roumanie en tachant de s’appliquer", confiait en conférence de presse Sandrine Gruda, de retour avec le maillot bleu à l’occasion de ces deux rencontres internationales.

APPRENDRE À DOMINER Si le résultat est une chose, la manière en est une autre. Lors des précédentes fenêtres de qualification, les Bleues s’étaient baladées avec six victoires en autant de matches. Mais elles n’avaient pas tué la partie et s’étaient souvent contentées d’un éclat sans enfoncer le clou (+22 par exemple à la pause en Estonie par exemple, et +29 à la fin de la rencontre). "Ce que je note contre la Finlande et

la Roumanie, c’est l’état d’esprit des joueuses et la volonté qu’elles ont eu de jouer de la première à la dernière seconde", se félicitait Valérie Garnier, l’entraîneur tricolore. "C’està-dire que l’on veut apprendre à gagner avec un écart, ce que nous n’étions pas forcément capable de faire par le passé. On va essayer de tendre vers cela. Dans tous les cas, et à chaque moment, on se doit de respecter l’adversaire, et d’essayer de prendre du plaisir dans la rigueur et l’intensité. Que ce soit dans les matches ou dans les entraînements qui ont été de très haute intensité." Le message est bien passé, à l’image des rotations tricolores qui n’ont pas fait perdre le rythme imposé et du banc qui aura marqué 41,5 points en moyenne sur les deux matches. "Nous ne sommes pas dans la suffisance.

Bellenger / IS / FFBB

UN APRÈS-DUMERC RÉUSSI L’illustre capitaine des Bleues, après avoir battu le nombre record de sélections pour le basket français (262), a tiré sa révérence l’été dernier. En novembre, les Bleues ont disputé la première campagne de l’après-Dumerc et vivent désormais sans leur meneuse emblématique. Sur le terrain, Olivia Epoupa (qui avait déjà remplacé Dumerc, blessée, lors des Jeux Olympiques de Rio 2016) a montré qu’elle avait toutes les qualités pour prendre les rênes du jeu. D’une intensité folle des deux côtés du terrain et dans tous les compartiments du jeu (9,5 passes, 6,0 passes, 2,5 interceptions), la nouvelle joueuse de Galatasaray a été exemplaire et a assuré pour lancer les Bleues de la meilleure des manières. Pas même un violent coup reçu au nez lors du match à Villeneuve d’Ascq ne l’empêchera de revenir sur le terrain et de briller. Même privées d’Endy Miyem, nouvelle capitaine tricolore (voire plus loin), et de Diandra Tchatchouang contre la Roumanie, les Tricolores se sont montrées intraitables.

LA SLOVÉNIE EN LIGNE DE MIRE Deux succès convaincants qui permettent aux Françaises de faire le plein de confiance avant de se retrouver à nouveau dans trois mois. En février prochain, les troupes de Valérie Garnier se déplaceront en Slovénie (10 février 2018) avec l’objectif de prendre les commandes de la poule E. Egalement invaincues de leur côté, les Slovènes tiennent tête jusqu’alors aux Tricolores au classement. "On va avoir cinq jours pour se préparer pour

Bellenger / IS / FFBB

Les Bleues n’ont pas tremblé pour commencer leur campagne de qualification à l’Euro 2019. Avec un état d’esprit irréprochable et une féroce volonté de marquer son territoire, l’Équipe de France féminine a surclassé la Finlande (+59) puis la Roumanie (+42).

Bellenger / IS / FFBB

Par Kevin Bosi

Olivia Epoupa

Résultats Samedi 11 novembre France bat *Finlande Mercredi 15 novembre *France bat Roumanie

103-44 87-45

Programme Samedi 10 février 2018 : Slovénie-France Mercredi 14 février 2018 : France-Finlande Samedi 17 novembre 2018 : Roumanie-France Mercredi 21 novembre 2018 : France-Slovénie Classement 1 - France (2V – 0D) 2 - Slovénie (2V – 0D) 3 - Roumanie (0V – 2D) 4 - Finlande (0V – 2D) Joueuse Sandrine Gruda Endy Miyem Marine Johannes Helena Ciak Alexia Chartereau Aby Gaye Hhadydia Minte Amel Bouderra Sarah Michel Olivia Epoupa Valériane Ayayi Diandra Tchatchouang Marielle Amant

MJ 2 1 2 2 2 2 2 2 2 2 2 1 1

ce match très important", prévenait Valérie Garnier. "C’est une équipe qui nous avait posé des difficultés lors du dernier Euro (ndlr, victoire 70-68). Une grosse partie de la qualification se jouera là-bas." La Slovénie n’affichera cependant pas le même visage qu’à Prague cet été. Maja Erkic et Sandra Prsic ont depuis pris leur retraite internationale. Mais surtout, la jeune et talentueuse

Min 24 20 21 16 15 10 17 15 18 24 19 8 13

Pct 56,7 70,0 60,0 60,0 43,8 71,4 44,4 55,6 50,0 37,5 12,5 50,0 25,0

Rb 8,0 7,0 3,5 2,0 3,5 1,5 2,5 1,5 4,5 6,0 4,5 4,0 4,0

PD 3,0 3,0 4,5 0,0 0,0 0,0 2,0 3,0 2,5 8,5 1,5 4,0 0,0

Pts 22,0 16,0 11,0 9,0 9,0 7,0 7,0 6,5 6,0 3,0 3,0 3,0 2,0

Eva Lisec s’est rompu le tendon d’Achille fin novembre avec Schio, une blessure synonyme de fin de saison. Une équipe décimée mais qui pourra tout de même compter sur Nika Baric, qui avait planté 18 points aux Bleues cet été. Mais au vu de la prestation des troupes de Valérie Garnier en novembre, difficile d’imaginer en février une sortie de route en Slovénie.

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EDFF QUALIFICATION À L’EURO 2019 >

UNE BALADE DE SANTÉ Sandrine Gruda L’idée c’est de pouvoir travailler. On va se voir très peu de temps et vu que chacune d’entre nous repart ensuite dans son club, les habitudes d’apprentissage qu’on a pu engranger dans cette semaine d’entraînement peuvent s’effacer. C’est pour cela que c’est très important de profiter de ces rencontres pour apprendre et travailler en synergie. On ne veut pas se contenter de 10 ou 15 points d’écart. On ne se concentre pas sur l’adversaire, mais sur nous-même", renchérissait Sandrine Gruda.

Helena Ciak, Marielle Amant, Sarah Michel et Valériane Ayayi Le suspense – s’il existait – n’aura duré que quelques instants. Un cinglant 14-0 pour commencer la partie contre la Finlande à Helsinki, un 27-15 dans le deuxième quart-temps contre la Roumanie à Villeneuve d’Ascq, et les Bleues se sont envolées à chaque fois au score pour s’offrir deux faciles victoires dans ces qualifications à l’Euro 2019. Face à des adversaires jugées plus faibles, les Bleues ont confirmé leur rang (cinq podiums d’affilée sur la scène continentale) mais surtout, elles ont marqué les esprits en imprimant un rythme d’enfer et en écrasant les deux proies qu’étaient les Finlandaises et les Roumaines. "C’était important pour nous de jouer juste. Quand on tombe dans la facilité, on a tendance à se laisser aller et à manquer de précision. Ça n’a

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pas été le cas lors de ces deux rencontres, on a joué notre basket contre la Finlande et la Roumanie en tachant de s’appliquer", confiait en conférence de presse Sandrine Gruda, de retour avec le maillot bleu à l’occasion de ces deux rencontres internationales.

APPRENDRE À DOMINER Si le résultat est une chose, la manière en est une autre. Lors des précédentes fenêtres de qualification, les Bleues s’étaient baladées avec six victoires en autant de matches. Mais elles n’avaient pas tué la partie et s’étaient souvent contentées d’un éclat sans enfoncer le clou (+22 par exemple à la pause en Estonie par exemple, et +29 à la fin de la rencontre). "Ce que je note contre la Finlande et

la Roumanie, c’est l’état d’esprit des joueuses et la volonté qu’elles ont eu de jouer de la première à la dernière seconde", se félicitait Valérie Garnier, l’entraîneur tricolore. "C’està-dire que l’on veut apprendre à gagner avec un écart, ce que nous n’étions pas forcément capable de faire par le passé. On va essayer de tendre vers cela. Dans tous les cas, et à chaque moment, on se doit de respecter l’adversaire, et d’essayer de prendre du plaisir dans la rigueur et l’intensité. Que ce soit dans les matches ou dans les entraînements qui ont été de très haute intensité." Le message est bien passé, à l’image des rotations tricolores qui n’ont pas fait perdre le rythme imposé et du banc qui aura marqué 41,5 points en moyenne sur les deux matches. "Nous ne sommes pas dans la suffisance.

Bellenger / IS / FFBB

UN APRÈS-DUMERC RÉUSSI L’illustre capitaine des Bleues, après avoir battu le nombre record de sélections pour le basket français (262), a tiré sa révérence l’été dernier. En novembre, les Bleues ont disputé la première campagne de l’après-Dumerc et vivent désormais sans leur meneuse emblématique. Sur le terrain, Olivia Epoupa (qui avait déjà remplacé Dumerc, blessée, lors des Jeux Olympiques de Rio 2016) a montré qu’elle avait toutes les qualités pour prendre les rênes du jeu. D’une intensité folle des deux côtés du terrain et dans tous les compartiments du jeu (9,5 passes, 6,0 passes, 2,5 interceptions), la nouvelle joueuse de Galatasaray a été exemplaire et a assuré pour lancer les Bleues de la meilleure des manières. Pas même un violent coup reçu au nez lors du match à Villeneuve d’Ascq ne l’empêchera de revenir sur le terrain et de briller. Même privées d’Endy Miyem, nouvelle capitaine tricolore (voire plus loin), et de Diandra Tchatchouang contre la Roumanie, les Tricolores se sont montrées intraitables.

LA SLOVÉNIE EN LIGNE DE MIRE Deux succès convaincants qui permettent aux Françaises de faire le plein de confiance avant de se retrouver à nouveau dans trois mois. En février prochain, les troupes de Valérie Garnier se déplaceront en Slovénie (10 février 2018) avec l’objectif de prendre les commandes de la poule E. Egalement invaincues de leur côté, les Slovènes tiennent tête jusqu’alors aux Tricolores au classement. "On va avoir cinq jours pour se préparer pour

Bellenger / IS / FFBB

Les Bleues n’ont pas tremblé pour commencer leur campagne de qualification à l’Euro 2019. Avec un état d’esprit irréprochable et une féroce volonté de marquer son territoire, l’Équipe de France féminine a surclassé la Finlande (+59) puis la Roumanie (+42).

Bellenger / IS / FFBB

Par Kevin Bosi

Olivia Epoupa

Résultats Samedi 11 novembre France bat *Finlande Mercredi 15 novembre *France bat Roumanie

103-44 87-45

Programme Samedi 10 février 2018 : Slovénie-France Mercredi 14 février 2018 : France-Finlande Samedi 17 novembre 2018 : Roumanie-France Mercredi 21 novembre 2018 : France-Slovénie Classement 1 - France (2V – 0D) 2 - Slovénie (2V – 0D) 3 - Roumanie (0V – 2D) 4 - Finlande (0V – 2D) Joueuse Sandrine Gruda Endy Miyem Marine Johannes Helena Ciak Alexia Chartereau Aby Gaye Hhadydia Minte Amel Bouderra Sarah Michel Olivia Epoupa Valériane Ayayi Diandra Tchatchouang Marielle Amant

MJ 2 1 2 2 2 2 2 2 2 2 2 1 1

ce match très important", prévenait Valérie Garnier. "C’est une équipe qui nous avait posé des difficultés lors du dernier Euro (ndlr, victoire 70-68). Une grosse partie de la qualification se jouera là-bas." La Slovénie n’affichera cependant pas le même visage qu’à Prague cet été. Maja Erkic et Sandra Prsic ont depuis pris leur retraite internationale. Mais surtout, la jeune et talentueuse

Min 24 20 21 16 15 10 17 15 18 24 19 8 13

Pct 56,7 70,0 60,0 60,0 43,8 71,4 44,4 55,6 50,0 37,5 12,5 50,0 25,0

Rb 8,0 7,0 3,5 2,0 3,5 1,5 2,5 1,5 4,5 6,0 4,5 4,0 4,0

PD 3,0 3,0 4,5 0,0 0,0 0,0 2,0 3,0 2,5 8,5 1,5 4,0 0,0

Pts 22,0 16,0 11,0 9,0 9,0 7,0 7,0 6,5 6,0 3,0 3,0 3,0 2,0

Eva Lisec s’est rompu le tendon d’Achille fin novembre avec Schio, une blessure synonyme de fin de saison. Une équipe décimée mais qui pourra tout de même compter sur Nika Baric, qui avait planté 18 points aux Bleues cet été. Mais au vu de la prestation des troupes de Valérie Garnier en novembre, difficile d’imaginer en février une sortie de route en Slovénie.

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SANDRINE GRUDA >

GRUDA IS BACK

S’ENGAGER DANS LA TRANSMISSION D’EXPÉRIENCE "Comme je le disais à Valérie, c’est très important pour une équipe d’avoir des vétérans qui s’engagent. Et c’est ce que j’essaie de faire", raconte l’intérieure tricolore. Et pour cause, la richesse de son passé en club et en Bleu lui permet d’encadrer une jeune génération en devenir, notamment à l’intérieure avec Alexia Chartereau, Aby Gaye ou bien Marième Badiane qu’elle côtoie aussi à Lyon. "En interview récemment, j’ai réalisé que j’étais la dernière rescapée de l’époque Alain Jardel (ndlr, entraîneur des Bleues de 1997 à 2006). Ça fait tout de même quelque chose. Effectivement je suis une vétéran mais j’estime que je suis encore jeune (30 ans). On a une Équipe de France renouvelée. Régulièrement, années après années, on a intégré de nouvelles joueuses très talentueuses", analyse Gruda. "Être disponible, transmettre sans attendre des questions, dans la spontanéité à l’entraînement ou à chaque fois qu’une occasion se présente, c’est ce que je m’attache à faire." Un rôle d’autant plus important dans un groupe qui poursuit son renouvellement, après les retraites internationales de Céline Dumerc et Gaëlle Skrela. "Céline était la capitaine de

Par Kevin Bosi

Double retour pour Sandrine Gruda (1,97 m, 30 ans). L’intérieure tricolore a retrouvé le maillot de l’Équipe de France, après une parenthèse à l’été 2017, ainsi que la Ligue Féminine avec l’ASVEL après dix ans passés à l’étranger.

12 BASKETBALLMAGAZINE

On a toujours le même objectif : gagner, point barre !", rappelle Gruda. "Certes mon palmarès est important, mais je me réveille tous les jours avec la même motivation, la même qu’il y a dix ans. Je fais tout de même des choix qui me permettent de rester en haleine. Comme le fait de venir à Lyon, dans un nouveau projet à bâtir, où j’ai une autre casquette que dans mes précédentes équipes. Je suis très loin de tomber dans la routine." Une détermination à toute épreuve, qui s’ajoute à la forte valeur ajoutée de la joueuse au sein du Groupe France. "Je pense que vous avez vu les mêmes choses que moi sur ces deux rencontres", souriait Valérie Garnier. "C’est quelqu’un qui nous amène énormément d’intensité physique, de la présence au rebond, qui est très efficace face au panier et à 4 mètres. Elle nous amène sa dureté, son expérience, et toutes ses qualités d’adresse. Bien sûr c’est un plus de la retrouver, cela change la donne. Avec Endy, nous avons deux joueuses au poste 4 d’un talent immense." Une force intérieure sur laquelle les Bleues s’appuieront évidemment lors de la prochaine fenêtre de qualification à l’Euro 2019 en février, et notamment face à la Slovénie pour aller chercher la première place du groupe E.

ENDY MIYEM, NOUVELLE CAPITAINE DES BLEUES

Photos Bellenger / IS / FFBB

Sandrine Gruda a marqué son comeback avec les Bleues d’une pierre blanche : 21 points en Finlande, 23 points quatre jours plus tard contre la Roumanie. Des performances qui rappellent combien l’intérieure tricolore est précieuse au scoring, elle qui pointe à la 7e place des meilleures marqueuses de tous les temps avec 2093 points inscrits. "J’ai eu des très bonnes sensations sur ces deux matches", raconte la Martiniquaise. "Je suis très contente d’être revenue. Si cet été je n’étais pas là physiquement, j’étais présente par l’esprit avec les filles à Prague. Je me suis éclipsé le temps d’un été pour pouvoir me marier, c’était important pour moi d’être présentes pour toutes les étapes de mon mariage. La camaraderie en Équipe de France m’a manquée, la compétition aussi. Maintenant, je suis de retour." Autre retour, celui qu’elle a effectué cette saison en Ligue Féminine. La Tricolore retrouve le championnat français avec l’ASVEL Féminin, après avoir connu le gratin du basket européen à Ekaterinbourg (Russie) et Fenerbahçe (Turquie), mais aussi le titre WNBA en 2016 avec les Sparks de Los Angeles. "Rien n’a été vraiment prémédité, ça s’est fait très vite. Ça a été une opportunité que j’ai saisie de revenir en France après dix ans à l’étranger. Je suis très contente de l’avoir fait. C’est quelque chose qui m’apporte beaucoup de bonheur de pouvoir être dans mon pays, d’évoluer au contact de mes fans et de rejouer en LFB", confie celle qui avait évolué avec Valenciennes entre 2005 et 2007, au sortir du Centre Fédéral. La Française a aussi marqué son retour de bien belle manière sur les parquets de LFB : deux double-doubles contre Roche Vendée et Nice, puis 28 points en 27 minutes contre le Hainaut fin novembre, Gruda compte bien poursuivre sa domination.

cette équipe. Elle a arrêté et Endy Miyem a repris le flambeau du capitanat (voir cicontre). Mais on compte énormément sur le partage d’expérience de Sandrine Gruda. Elle a un vécu important, elle fait partie des meilleures au monde à son poste et a évolué avec les plus grandes joueuses", analyse Valérie Garnier, l’entraîneur des Bleues. "Cela se fait naturellement, on observe. On n’est pas en train de dire aux joueuses : toi tu es une cadre tu dois parler, toi tu es jeune tu dois écouter. Tout le monde trouve son espace pour s’exprimer. Il y a beaucoup de respect dans cette équipe pour la hiérarchie. L’amalgame entre les anciennes et les jeunes est très intéressant, sur et en dehors du terrain. Elles vivent très bien ensemble. C’est pour moi quelque chose de très positif en tant qu’entraîneur, car cela se ressent ensuite sur le parquet." Cinq médailles avec les Bleues dont le sacre européen en 2009, des titres en France ou en Russie, la bague de championne WNBA avec les Sparks, l’armoire à trophée de la Martiniquaise est bien remplie. Pour autant, elle a débarqué en novembre avec le même appétit et une rage de vaincre intacte. "Fenêtres de qualification à l’Euro ? La Ligue Féminine ? Les Jeux Olympiques ? Peu importe la compétition.

Endy Miyem (1,88 m, 29 ans) est désormais la nouvelle capitaine de l'Équipe de France féminine. Joueuse la plus capée du Groupe France actuel (176 sélections), l'intérieure tricolore succède à l'emblématique Céline Dumerc. "Je suis contente et fière" a confié la nouvelle capitaine tricolore. "Après, c'est vrai que je ne réalise pas forcément ce que cela peut représenter. Je sais juste que mon père est très content (rires). C'est un rôle qui ne se refuse pas et que je vais essayer d'honorer le mieux possible, tout en continuant d'être moi-même, sans rien révolutionner." Fidèle aux Bleues depuis ses débuts le 10 juillet 2008 en amical à l'Alpe d'Huez contre la Turquie, Endy Miyem a été formée au Centre Fédéral. La joueuse de Schio (Italie) a remporté avec les Bleues l'or à l'Euro 2009, l'argent à l'Euro 2013,

2015 et 2017, et le bronze à l'Euro 2011. La Rémoise a également ramené la médaille d'argent des Jeux Olympiques de Londres

en 2012 avec les Braqueuses. Une fidélité sous le maillot tricolore que la française va utiliser dans son nouveau rôle. "Je ne serai jamais Céline Dumerc ou une autre. Je vais essayer de faire le lien entre les générations, et également entre le staff et les joueuses. À moi aussi d'inculquer aux jeunes les valeurs de cette Équipe de France et d'assurer une continuité dans tout ce qu'il se faisait avant". Elle est désormais la joueuse la plus capée du Groupe France (176 sélections), statut que l'intérieure peine encore à réaliser du haut de ses 29 ans seulement. "Cela fait bizarre, le temps passe vite. J'ai l'impression que je suis arrivée hier..."

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GRUDA IS BACK

S’ENGAGER DANS LA TRANSMISSION D’EXPÉRIENCE "Comme je le disais à Valérie, c’est très important pour une équipe d’avoir des vétérans qui s’engagent. Et c’est ce que j’essaie de faire", raconte l’intérieure tricolore. Et pour cause, la richesse de son passé en club et en Bleu lui permet d’encadrer une jeune génération en devenir, notamment à l’intérieure avec Alexia Chartereau, Aby Gaye ou bien Marième Badiane qu’elle côtoie aussi à Lyon. "En interview récemment, j’ai réalisé que j’étais la dernière rescapée de l’époque Alain Jardel (ndlr, entraîneur des Bleues de 1997 à 2006). Ça fait tout de même quelque chose. Effectivement je suis une vétéran mais j’estime que je suis encore jeune (30 ans). On a une Équipe de France renouvelée. Régulièrement, années après années, on a intégré de nouvelles joueuses très talentueuses", analyse Gruda. "Être disponible, transmettre sans attendre des questions, dans la spontanéité à l’entraînement ou à chaque fois qu’une occasion se présente, c’est ce que je m’attache à faire." Un rôle d’autant plus important dans un groupe qui poursuit son renouvellement, après les retraites internationales de Céline Dumerc et Gaëlle Skrela. "Céline était la capitaine de

Par Kevin Bosi

Double retour pour Sandrine Gruda (1,97 m, 30 ans). L’intérieure tricolore a retrouvé le maillot de l’Équipe de France, après une parenthèse à l’été 2017, ainsi que la Ligue Féminine avec l’ASVEL après dix ans passés à l’étranger.

12 BASKETBALLMAGAZINE

On a toujours le même objectif : gagner, point barre !", rappelle Gruda. "Certes mon palmarès est important, mais je me réveille tous les jours avec la même motivation, la même qu’il y a dix ans. Je fais tout de même des choix qui me permettent de rester en haleine. Comme le fait de venir à Lyon, dans un nouveau projet à bâtir, où j’ai une autre casquette que dans mes précédentes équipes. Je suis très loin de tomber dans la routine." Une détermination à toute épreuve, qui s’ajoute à la forte valeur ajoutée de la joueuse au sein du Groupe France. "Je pense que vous avez vu les mêmes choses que moi sur ces deux rencontres", souriait Valérie Garnier. "C’est quelqu’un qui nous amène énormément d’intensité physique, de la présence au rebond, qui est très efficace face au panier et à 4 mètres. Elle nous amène sa dureté, son expérience, et toutes ses qualités d’adresse. Bien sûr c’est un plus de la retrouver, cela change la donne. Avec Endy, nous avons deux joueuses au poste 4 d’un talent immense." Une force intérieure sur laquelle les Bleues s’appuieront évidemment lors de la prochaine fenêtre de qualification à l’Euro 2019 en février, et notamment face à la Slovénie pour aller chercher la première place du groupe E.

ENDY MIYEM, NOUVELLE CAPITAINE DES BLEUES

Photos Bellenger / IS / FFBB

Sandrine Gruda a marqué son comeback avec les Bleues d’une pierre blanche : 21 points en Finlande, 23 points quatre jours plus tard contre la Roumanie. Des performances qui rappellent combien l’intérieure tricolore est précieuse au scoring, elle qui pointe à la 7e place des meilleures marqueuses de tous les temps avec 2093 points inscrits. "J’ai eu des très bonnes sensations sur ces deux matches", raconte la Martiniquaise. "Je suis très contente d’être revenue. Si cet été je n’étais pas là physiquement, j’étais présente par l’esprit avec les filles à Prague. Je me suis éclipsé le temps d’un été pour pouvoir me marier, c’était important pour moi d’être présentes pour toutes les étapes de mon mariage. La camaraderie en Équipe de France m’a manquée, la compétition aussi. Maintenant, je suis de retour." Autre retour, celui qu’elle a effectué cette saison en Ligue Féminine. La Tricolore retrouve le championnat français avec l’ASVEL Féminin, après avoir connu le gratin du basket européen à Ekaterinbourg (Russie) et Fenerbahçe (Turquie), mais aussi le titre WNBA en 2016 avec les Sparks de Los Angeles. "Rien n’a été vraiment prémédité, ça s’est fait très vite. Ça a été une opportunité que j’ai saisie de revenir en France après dix ans à l’étranger. Je suis très contente de l’avoir fait. C’est quelque chose qui m’apporte beaucoup de bonheur de pouvoir être dans mon pays, d’évoluer au contact de mes fans et de rejouer en LFB", confie celle qui avait évolué avec Valenciennes entre 2005 et 2007, au sortir du Centre Fédéral. La Française a aussi marqué son retour de bien belle manière sur les parquets de LFB : deux double-doubles contre Roche Vendée et Nice, puis 28 points en 27 minutes contre le Hainaut fin novembre, Gruda compte bien poursuivre sa domination.

cette équipe. Elle a arrêté et Endy Miyem a repris le flambeau du capitanat (voir cicontre). Mais on compte énormément sur le partage d’expérience de Sandrine Gruda. Elle a un vécu important, elle fait partie des meilleures au monde à son poste et a évolué avec les plus grandes joueuses", analyse Valérie Garnier, l’entraîneur des Bleues. "Cela se fait naturellement, on observe. On n’est pas en train de dire aux joueuses : toi tu es une cadre tu dois parler, toi tu es jeune tu dois écouter. Tout le monde trouve son espace pour s’exprimer. Il y a beaucoup de respect dans cette équipe pour la hiérarchie. L’amalgame entre les anciennes et les jeunes est très intéressant, sur et en dehors du terrain. Elles vivent très bien ensemble. C’est pour moi quelque chose de très positif en tant qu’entraîneur, car cela se ressent ensuite sur le parquet." Cinq médailles avec les Bleues dont le sacre européen en 2009, des titres en France ou en Russie, la bague de championne WNBA avec les Sparks, l’armoire à trophée de la Martiniquaise est bien remplie. Pour autant, elle a débarqué en novembre avec le même appétit et une rage de vaincre intacte. "Fenêtres de qualification à l’Euro ? La Ligue Féminine ? Les Jeux Olympiques ? Peu importe la compétition.

Endy Miyem (1,88 m, 29 ans) est désormais la nouvelle capitaine de l'Équipe de France féminine. Joueuse la plus capée du Groupe France actuel (176 sélections), l'intérieure tricolore succède à l'emblématique Céline Dumerc. "Je suis contente et fière" a confié la nouvelle capitaine tricolore. "Après, c'est vrai que je ne réalise pas forcément ce que cela peut représenter. Je sais juste que mon père est très content (rires). C'est un rôle qui ne se refuse pas et que je vais essayer d'honorer le mieux possible, tout en continuant d'être moi-même, sans rien révolutionner." Fidèle aux Bleues depuis ses débuts le 10 juillet 2008 en amical à l'Alpe d'Huez contre la Turquie, Endy Miyem a été formée au Centre Fédéral. La joueuse de Schio (Italie) a remporté avec les Bleues l'or à l'Euro 2009, l'argent à l'Euro 2013,

2015 et 2017, et le bronze à l'Euro 2011. La Rémoise a également ramené la médaille d'argent des Jeux Olympiques de Londres

en 2012 avec les Braqueuses. Une fidélité sous le maillot tricolore que la française va utiliser dans son nouveau rôle. "Je ne serai jamais Céline Dumerc ou une autre. Je vais essayer de faire le lien entre les générations, et également entre le staff et les joueuses. À moi aussi d'inculquer aux jeunes les valeurs de cette Équipe de France et d'assurer une continuité dans tout ce qu'il se faisait avant". Elle est désormais la joueuse la plus capée du Groupe France (176 sélections), statut que l'intérieure peine encore à réaliser du haut de ses 29 ans seulement. "Cela fait bizarre, le temps passe vite. J'ai l'impression que je suis arrivée hier..."

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JACKSON CHANGE DE PEAU

UN LANCEMENT IDÉAL Par Julien Guérineau

"ON VA À L’ÉCHAFAUD !". DANS LES VESTIAIRES DE LA LOTTO ARENA D’ANVERS, VINCENT COLLET LAISSE PARLER SA COLÈRE." 14 BASKETBALLMAGAZINE

Boris Diaw

Bellenger / IS / FFBB

Même privée de ses joueurs NBA et d’Euroleague, l’Equipe de France a assumé son rang lors des deux premiers matches de qualification pour la Coupe du Monde 2019.

"On va à l’échafaud !". Dans les vestiaires de la Lotto Arena d’Anvers, Vincent Collet laisse parler sa colère. L’Équipe de France vient de livrer 20 minutes pathétiques face à la Belgique pour lancer la première phase des fenêtres FIBA de qualification à la Coupe du Monde 2019. Un rendez-vous que le basket français attendait avec angoisse. A -13 à la pause, contre une équipe qui déplorait elle aussi des absences importantes, l’angoisse laissait place à la peur. La vraie. Mais les Bleus, transfigurés ont ensuite totalement renversé la vapeur, infligeant un 45-21 aux Belges sur deux quart-temps puis poursuivant sur leur lancée trois jours plus tard contre la Bosnie, à Rouen. Le chiffre vertigineux des absents poussait à s’interroger sur la qualité du réservoir du basket tricolore. Les deux premières sorties d’une escouade où figuraient six éléments sans aucune sélection poussent à l’optimisme. "On ne se contente pas de jouer pour gagner les matches mais aussi pour continuer à faire vivre cette Équipe de France", souligne Vincent Collet. "Dans ces conditions et je me suis déjà exprimé sur ce que je pensais de ces fenêtres, les gars ont un fait boulot magnifique et la Pro A peut être fière de ce qu’elle a produit sur cette semaine. On a pu découvrir d’autres talents. Sans doute pas au même niveau que les précédents. Mais avec de la solidarité on a pu pratiquer un bon basket." Pour plusieurs joueurs l’opportunité de revêtir le maillot bleu était exceptionnelle. La dose de stress liée aux enjeux d’une qualification à la Coupe du Monde elle-même qualificative pour les Jeux Olympiques de Tokyo s’est clairement fait sentir mais largement compensée par un investissement de tous les instants et une adhésion totale au concept de mission commando présentée par le staff. "Cela a été un plaisir de les voir s’entraîner et de voir à quel point ils étaient contents d’être là", remarque Vincent Collet. "L’engagement, la réceptivité dont ils ont fait preuve étaient très agréables et sympas. Mais nous n’étions pas là pour être sympas mais pour gagner." Pour mettre en place une attaque performante c’est en semaines qu’il faut compter. Les Bleus version fenêtre ont eu droit à 8 entraînements avant de se jeter dans la compétition. "Du point de vue d’un technicien, c’est une hérésie", souffle Vincent Collet. "Nous avons profité de chaque minute pour progresser ensemble." En terrain inconnu, l’Équipe de France a pourtant retrouvé une vieille amie qu’elle semblait avoir perdu de vue ces deux dernières campagnes : la défense. Si la Belgique et la Bosnie ne sont pas du standing des nations affrontées aux Jeux

Bellenger / IS / FFBB

EDFM MATCHES QUALIFICATIFS >

Florent Pietrus remet le trophée de MVP à Edwin Jackson

10.000 kilomètres à parcourir. 15 heures de vol pour rallier Lille et l’Équipe de France. Edwin Jackson a largement abimé son bilan carbone. Il a en revanche réaffirmé son attachement au maillot. L’épisode de sa retraite internationale précipitamment annoncée sur les réseaux sociaux il y a deux ans est désormais un lointain souvenir et l’arrière des Guangdong Southern Tigers s’est glissé avec aisance dans un rôle de leader que son potentiel offensif et ses 49 sélections lui imposaient, dans un contexte particulier. En échec lors des premières minutes du match contre la Belgique, il a ensuite réglé la mire pour terminer avec 14 points, meilleur marqueur des Bleus. Trois jours plus tard, à Rouen, Jackson a livré une partition encore plus complète avec 11 points, 8 rebonds, 3 passes et une défense étouffante sur le danger numéro un des Bosniens, Dzanan Musa, totalement rayé de la carte (0/8 en 24 minutes). "C’est bien de voir tout le monde content, tout le monde sourire", se réjouissait l’ancien champion d’Europe juniors avant de reprendre l’avion. "Tous les nouveaux qui contribuent fortement à la victoire c’est idéal pour février. Ils reviendront confiants et c’est positif d’avoir gagné de cette manière." Depuis ses débuts internationaux, à 20 ans seulement, Edwin Jackson n’avait eu l’occasion qu’à 5 reprises de dépasser la barre des 10 unités. Les circonstances l’ont fait passer du statut de joker et d’homme de missions ponctuelles à celui de cadre. Le joueur aime la lumière des projecteurs, l’assume avec gourmandise et a répondu aux attentes pendant sa semaine avec les Bleus, persuadé de sa force et des capacités de ce groupe new-look : "Quand il y a des stars dans une équipe cela ne veut pas dire que leur remplaçant est un mauvais joueur. Bien sûr le niveau de talent n’est pas le même que lorsque nous sommes au complet. Mais je trouve qu’on a des qualités différentes, qu’on est sans doute plus travailleurs. Les joueurs sont restés dans ce qu’ils savent faire et c’est pour cette raison qu’ils ont performé."

ou à l’Euro, limiter la première à 59 points et la deuxième à 65 témoigne d’un état d’esprit irréprochable dans ce domaine. "L’équipe de cet été pouvait exister avec un investissement défensif parfois en demi-teinte. Celle-ci ne pouvait pas ne pas défendre", insiste son coach. De l’autre côté du terrain, les Bleus se sont appuyés sur les trois rescapés de l’EuroBasket 2017, Boris Diaw, Louis Labeyrie et Edwin Jackson, ainsi que sur l’apport déterminant de Paul Lacombe. Les 22 passes décisives délivrées contre la Bosnie sont en outre un

indicateur d’une véritable complicité qui ne peut s’expliquer par le respect des systèmes. "Ce n’est pas forcément qu’on a un basket très huilé. Simplement c’est la volonté de se passer la balle. C’est aussi simple que ça", sourit Edwin Jackson. "Parfois on cherche des choses compliquées mais en fait c’est l’envie de passer le ballon au copain s’il est mieux placé… Le plus positif dans ces deux victoires c’est la manière. Je trouve que l’équipe est déjà bien hiérarchisée, tout le monde a accepté son rôle. Les actes ont suivi derrière les mots."

DÉCEMBRE2017 15


JACKSON CHANGE DE PEAU

UN LANCEMENT IDÉAL Par Julien Guérineau

"ON VA À L’ÉCHAFAUD !". DANS LES VESTIAIRES DE LA LOTTO ARENA D’ANVERS, VINCENT COLLET LAISSE PARLER SA COLÈRE." 14 BASKETBALLMAGAZINE

Boris Diaw

Bellenger / IS / FFBB

Même privée de ses joueurs NBA et d’Euroleague, l’Equipe de France a assumé son rang lors des deux premiers matches de qualification pour la Coupe du Monde 2019.

"On va à l’échafaud !". Dans les vestiaires de la Lotto Arena d’Anvers, Vincent Collet laisse parler sa colère. L’Équipe de France vient de livrer 20 minutes pathétiques face à la Belgique pour lancer la première phase des fenêtres FIBA de qualification à la Coupe du Monde 2019. Un rendez-vous que le basket français attendait avec angoisse. A -13 à la pause, contre une équipe qui déplorait elle aussi des absences importantes, l’angoisse laissait place à la peur. La vraie. Mais les Bleus, transfigurés ont ensuite totalement renversé la vapeur, infligeant un 45-21 aux Belges sur deux quart-temps puis poursuivant sur leur lancée trois jours plus tard contre la Bosnie, à Rouen. Le chiffre vertigineux des absents poussait à s’interroger sur la qualité du réservoir du basket tricolore. Les deux premières sorties d’une escouade où figuraient six éléments sans aucune sélection poussent à l’optimisme. "On ne se contente pas de jouer pour gagner les matches mais aussi pour continuer à faire vivre cette Équipe de France", souligne Vincent Collet. "Dans ces conditions et je me suis déjà exprimé sur ce que je pensais de ces fenêtres, les gars ont un fait boulot magnifique et la Pro A peut être fière de ce qu’elle a produit sur cette semaine. On a pu découvrir d’autres talents. Sans doute pas au même niveau que les précédents. Mais avec de la solidarité on a pu pratiquer un bon basket." Pour plusieurs joueurs l’opportunité de revêtir le maillot bleu était exceptionnelle. La dose de stress liée aux enjeux d’une qualification à la Coupe du Monde elle-même qualificative pour les Jeux Olympiques de Tokyo s’est clairement fait sentir mais largement compensée par un investissement de tous les instants et une adhésion totale au concept de mission commando présentée par le staff. "Cela a été un plaisir de les voir s’entraîner et de voir à quel point ils étaient contents d’être là", remarque Vincent Collet. "L’engagement, la réceptivité dont ils ont fait preuve étaient très agréables et sympas. Mais nous n’étions pas là pour être sympas mais pour gagner." Pour mettre en place une attaque performante c’est en semaines qu’il faut compter. Les Bleus version fenêtre ont eu droit à 8 entraînements avant de se jeter dans la compétition. "Du point de vue d’un technicien, c’est une hérésie", souffle Vincent Collet. "Nous avons profité de chaque minute pour progresser ensemble." En terrain inconnu, l’Équipe de France a pourtant retrouvé une vieille amie qu’elle semblait avoir perdu de vue ces deux dernières campagnes : la défense. Si la Belgique et la Bosnie ne sont pas du standing des nations affrontées aux Jeux

Bellenger / IS / FFBB

EDFM MATCHES QUALIFICATIFS >

Florent Pietrus remet le trophée de MVP à Edwin Jackson

10.000 kilomètres à parcourir. 15 heures de vol pour rallier Lille et l’Équipe de France. Edwin Jackson a largement abimé son bilan carbone. Il a en revanche réaffirmé son attachement au maillot. L’épisode de sa retraite internationale précipitamment annoncée sur les réseaux sociaux il y a deux ans est désormais un lointain souvenir et l’arrière des Guangdong Southern Tigers s’est glissé avec aisance dans un rôle de leader que son potentiel offensif et ses 49 sélections lui imposaient, dans un contexte particulier. En échec lors des premières minutes du match contre la Belgique, il a ensuite réglé la mire pour terminer avec 14 points, meilleur marqueur des Bleus. Trois jours plus tard, à Rouen, Jackson a livré une partition encore plus complète avec 11 points, 8 rebonds, 3 passes et une défense étouffante sur le danger numéro un des Bosniens, Dzanan Musa, totalement rayé de la carte (0/8 en 24 minutes). "C’est bien de voir tout le monde content, tout le monde sourire", se réjouissait l’ancien champion d’Europe juniors avant de reprendre l’avion. "Tous les nouveaux qui contribuent fortement à la victoire c’est idéal pour février. Ils reviendront confiants et c’est positif d’avoir gagné de cette manière." Depuis ses débuts internationaux, à 20 ans seulement, Edwin Jackson n’avait eu l’occasion qu’à 5 reprises de dépasser la barre des 10 unités. Les circonstances l’ont fait passer du statut de joker et d’homme de missions ponctuelles à celui de cadre. Le joueur aime la lumière des projecteurs, l’assume avec gourmandise et a répondu aux attentes pendant sa semaine avec les Bleus, persuadé de sa force et des capacités de ce groupe new-look : "Quand il y a des stars dans une équipe cela ne veut pas dire que leur remplaçant est un mauvais joueur. Bien sûr le niveau de talent n’est pas le même que lorsque nous sommes au complet. Mais je trouve qu’on a des qualités différentes, qu’on est sans doute plus travailleurs. Les joueurs sont restés dans ce qu’ils savent faire et c’est pour cette raison qu’ils ont performé."

ou à l’Euro, limiter la première à 59 points et la deuxième à 65 témoigne d’un état d’esprit irréprochable dans ce domaine. "L’équipe de cet été pouvait exister avec un investissement défensif parfois en demi-teinte. Celle-ci ne pouvait pas ne pas défendre", insiste son coach. De l’autre côté du terrain, les Bleus se sont appuyés sur les trois rescapés de l’EuroBasket 2017, Boris Diaw, Louis Labeyrie et Edwin Jackson, ainsi que sur l’apport déterminant de Paul Lacombe. Les 22 passes décisives délivrées contre la Bosnie sont en outre un

indicateur d’une véritable complicité qui ne peut s’expliquer par le respect des systèmes. "Ce n’est pas forcément qu’on a un basket très huilé. Simplement c’est la volonté de se passer la balle. C’est aussi simple que ça", sourit Edwin Jackson. "Parfois on cherche des choses compliquées mais en fait c’est l’envie de passer le ballon au copain s’il est mieux placé… Le plus positif dans ces deux victoires c’est la manière. Je trouve que l’équipe est déjà bien hiérarchisée, tout le monde a accepté son rôle. Les actes ont suivi derrière les mots."

DÉCEMBRE2017 15


EDFM MATCHES QUALIFICATIFS >

PAUL LACOMBE

"CE MAILLOT A UNE HISTOIRE" A 27 ans, Paul Lacombe n’a pas raté ses grands débuts internationaux. Le nouvel arrière de Monaco a effectué deux sorties à plus de dix points pour le lancement des fenêtres FIBA. Quel était votre état d’esprit avant de rejoindre pour la première fois l’Équipe de France ? Nous sommes nombreux à être très contents d’être là parce qu’on sait que sans ces fenêtres, on n’aurait pas porté le maillot bleu aujourd’hui… voire jamais. En plus on a vu qu’on pouvait présenter une équipe compétitive avec la chance de posséder un bon réservoir en France. Si on parvient à garder cette dynamique et à qualifier l’Équipe de France avec ce groupe, ce sera bénéfique pour tout le monde : les joueurs concernés et le basket français.

Louis Labeyrie Bellenger / IS / FFBB

STATISTIQUES CUMULÉES Joueur Louis Labeyrie Edwin Jackson Paul Lacombe Boris Diaw Andrew Albicy Alain Koffi Axel Bouteille Moustapha Fall Axel Julien Lahaou Konate Mouhammadou Jaiteh Elie Okobo Amine Noua

MJ 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 1 -

Min 25 30 26 20 20 15 14 18 16 12 2 3 -

Pct. 78,6 40,0 50,0 70,0 55,6 50,0 40,0 50,0 33,3 33,3 50,0 0,0 -

Pct. 78,6 6,0 3,5 2,0 1,5 1,5 2,0 5,0 2,0 0,5 -

Pct. 78,6 1,5 2,5 4,0 3,5 0,5 1,5 1,5 2,5 1,0 -

Rb 6,0 12,5 12,0 8,0 7,5 7,0 6,0 5,0 4,5 1,0 1,0 -

Quel regard posiez-vous sur les Bleus jusqu’à présent ? Le regard d’un spectateur, d’un fan. On vit avec eux. Content quand ils gagnent. Triste quand ils perdent. En plus je connaissais quasiment tous les joueurs. Donc c’était assez particulier.

70-59

*France bat Bosnie

84-65

Pour un pro justement, quelle est la plus grande différence à effectuer un stage international ? C’est avant tout le poids de ce maillot. Ce maillot a une histoire. Il a vu passer beaucoup de joueurs. Et aujourd’hui il a une valeur au niveau mondial. Quand on le porte on a l’impression que tout nous tombe dessus. Ce n’est pas facile.

A venir 2 3 février France-Russie (Strasbourg) 2 5 février France-Belgique (Nancy) 2 9 juin Bosnie-France

CLASSEMENT 2v–0d

Bosnie

1v–1d

Russie

1v–1d

Belgique

0v–2d

16 BASKETBALLMAGAZINE

Andrew Albicy

Bellenger / IS / FFBB

2 juillet Russie-France

France

La demi-finale de cette compétition contre l’Espagne reste-t-elle votre plus grand moment, individuellement ? C’était incroyable ! J’ai atteint un niveau… J’étais capable de faire ce que je voulais sur le terrain. Shooter, driver, dribble dans le dos… tout. Je m’en souviens encore. Ça fait 7 ans et je n’ai jamais connu ça de nouveau. C’était le destin.

Y a-t-il une difficulté à justement sortir de ce statut de spectateur ? C’est un peu ce qui s’est passé contre la Belgique. Mais je le répète, on se retrouve dans une configuration où je n’aurais peutêtre jamais eu la chance de porter ce maillot. Donc c’est difficile de basculer très rapidement parce qu’on est sur un petit nuage. La première mi-temps face aux Belges était pénible pour tout le monde. On avait l’impression qu’on ne savait plus du tout jouer au basket. Ensuite on a commencé à jouer comme de vrais basketteurs, de vrais professionnels.

RÉSULTATS France bat *Belgique

En 2010 vous avez remporté l’Euro U20 avec Andrew Albicy. En 2017 vous êtes réunis à nouveau en Équipe de France. Tout est question de patience… C’est vrai… Nous étions les deux meilleurs marqueurs et aujourd’hui nous sommes en Équipe de France. Mais notre force

c’était l’équipe à l’époque. Notre génération a énormément de joueurs qui sont toujours en pro mais aucune star : Nicolas Lang, Alexandre Gavrilovic, Alexis Tanghe, Ferdinand Prénom, Christophe Léonard, Jonathan Rousselle, Maxime Courby.

Suiviez-vous avec attention l’évolution du conflit entre la FIBA et l’Euroleague ? A mon poste il y a un vivier exceptionnel. Donc si les joueurs d’Euroleague avaient été là je n’aurais sans doute pas joué. Ce qui aurait été normal. Je ne voulais pas trop me prendre la tête là-dessus. Pas trop me projeter. Pour ne pas être déçu.

Bellenger / IS / FFBB

Sans certitude avant de se lancer dans l’aventure des fenêtres, l’Équipe de France peut désormais ambitionner de verrouiller sa qualification pour la deuxième phase dès le mois de février et profiter de deux rencontres à domicile pour prendre une option sur la première place du groupe. La Coupe du Monde en Chine est encore loin mais les observations de novembre auront sans aucun doute un impact sur les choix futurs du sélectionneur. "J’ai dit aux joueurs qu’on ne leur ferait pas de fausses promesses, que des absents reviendront, d’autant qu’ils subissent une situation qu’ils n’ont pas choisie", précise Vincent Collet. "Mais cette période laissera des traces. Je suis persuadé que des joueurs de ces qualifications iront à la Coupe du Monde, si on s’y qualifie." Rendez-vous dans trois mois pour le deuxième acte.

Je me fais pas mal chambrer à Monaco à ce sujet. Mes coéquipiers me font remarquer que je ne peux pas jouer ailier. Et pourtant j’ai fait ma meilleure saison à Strasbourg l’an passé en jouant sur ce poste. J’ai cette polyvalence et si je vais avoir des difficultés sur des 3 costauds eux aussi ont du mal à défendre sur moi. C’est ce qui s’est passé contre la Belgique.

A quel point votre polyvalence est essentielle à votre réussite en Bleu ?

DÉCEMBRE2017 17


EDFM MATCHES QUALIFICATIFS >

PAUL LACOMBE

"CE MAILLOT A UNE HISTOIRE" A 27 ans, Paul Lacombe n’a pas raté ses grands débuts internationaux. Le nouvel arrière de Monaco a effectué deux sorties à plus de dix points pour le lancement des fenêtres FIBA. Quel était votre état d’esprit avant de rejoindre pour la première fois l’Équipe de France ? Nous sommes nombreux à être très contents d’être là parce qu’on sait que sans ces fenêtres, on n’aurait pas porté le maillot bleu aujourd’hui… voire jamais. En plus on a vu qu’on pouvait présenter une équipe compétitive avec la chance de posséder un bon réservoir en France. Si on parvient à garder cette dynamique et à qualifier l’Équipe de France avec ce groupe, ce sera bénéfique pour tout le monde : les joueurs concernés et le basket français.

Louis Labeyrie Bellenger / IS / FFBB

STATISTIQUES CUMULÉES Joueur Louis Labeyrie Edwin Jackson Paul Lacombe Boris Diaw Andrew Albicy Alain Koffi Axel Bouteille Moustapha Fall Axel Julien Lahaou Konate Mouhammadou Jaiteh Elie Okobo Amine Noua

MJ 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 1 -

Min 25 30 26 20 20 15 14 18 16 12 2 3 -

Pct. 78,6 40,0 50,0 70,0 55,6 50,0 40,0 50,0 33,3 33,3 50,0 0,0 -

Pct. 78,6 6,0 3,5 2,0 1,5 1,5 2,0 5,0 2,0 0,5 -

Pct. 78,6 1,5 2,5 4,0 3,5 0,5 1,5 1,5 2,5 1,0 -

Rb 6,0 12,5 12,0 8,0 7,5 7,0 6,0 5,0 4,5 1,0 1,0 -

Quel regard posiez-vous sur les Bleus jusqu’à présent ? Le regard d’un spectateur, d’un fan. On vit avec eux. Content quand ils gagnent. Triste quand ils perdent. En plus je connaissais quasiment tous les joueurs. Donc c’était assez particulier.

70-59

*France bat Bosnie

84-65

Pour un pro justement, quelle est la plus grande différence à effectuer un stage international ? C’est avant tout le poids de ce maillot. Ce maillot a une histoire. Il a vu passer beaucoup de joueurs. Et aujourd’hui il a une valeur au niveau mondial. Quand on le porte on a l’impression que tout nous tombe dessus. Ce n’est pas facile.

A venir 2 3 février France-Russie (Strasbourg) 2 5 février France-Belgique (Nancy) 2 9 juin Bosnie-France

CLASSEMENT 2v–0d

Bosnie

1v–1d

Russie

1v–1d

Belgique

0v–2d

16 BASKETBALLMAGAZINE

Andrew Albicy

Bellenger / IS / FFBB

2 juillet Russie-France

France

La demi-finale de cette compétition contre l’Espagne reste-t-elle votre plus grand moment, individuellement ? C’était incroyable ! J’ai atteint un niveau… J’étais capable de faire ce que je voulais sur le terrain. Shooter, driver, dribble dans le dos… tout. Je m’en souviens encore. Ça fait 7 ans et je n’ai jamais connu ça de nouveau. C’était le destin.

Y a-t-il une difficulté à justement sortir de ce statut de spectateur ? C’est un peu ce qui s’est passé contre la Belgique. Mais je le répète, on se retrouve dans une configuration où je n’aurais peutêtre jamais eu la chance de porter ce maillot. Donc c’est difficile de basculer très rapidement parce qu’on est sur un petit nuage. La première mi-temps face aux Belges était pénible pour tout le monde. On avait l’impression qu’on ne savait plus du tout jouer au basket. Ensuite on a commencé à jouer comme de vrais basketteurs, de vrais professionnels.

RÉSULTATS France bat *Belgique

En 2010 vous avez remporté l’Euro U20 avec Andrew Albicy. En 2017 vous êtes réunis à nouveau en Équipe de France. Tout est question de patience… C’est vrai… Nous étions les deux meilleurs marqueurs et aujourd’hui nous sommes en Équipe de France. Mais notre force

c’était l’équipe à l’époque. Notre génération a énormément de joueurs qui sont toujours en pro mais aucune star : Nicolas Lang, Alexandre Gavrilovic, Alexis Tanghe, Ferdinand Prénom, Christophe Léonard, Jonathan Rousselle, Maxime Courby.

Suiviez-vous avec attention l’évolution du conflit entre la FIBA et l’Euroleague ? A mon poste il y a un vivier exceptionnel. Donc si les joueurs d’Euroleague avaient été là je n’aurais sans doute pas joué. Ce qui aurait été normal. Je ne voulais pas trop me prendre la tête là-dessus. Pas trop me projeter. Pour ne pas être déçu.

Bellenger / IS / FFBB

Sans certitude avant de se lancer dans l’aventure des fenêtres, l’Équipe de France peut désormais ambitionner de verrouiller sa qualification pour la deuxième phase dès le mois de février et profiter de deux rencontres à domicile pour prendre une option sur la première place du groupe. La Coupe du Monde en Chine est encore loin mais les observations de novembre auront sans aucun doute un impact sur les choix futurs du sélectionneur. "J’ai dit aux joueurs qu’on ne leur ferait pas de fausses promesses, que des absents reviendront, d’autant qu’ils subissent une situation qu’ils n’ont pas choisie", précise Vincent Collet. "Mais cette période laissera des traces. Je suis persuadé que des joueurs de ces qualifications iront à la Coupe du Monde, si on s’y qualifie." Rendez-vous dans trois mois pour le deuxième acte.

Je me fais pas mal chambrer à Monaco à ce sujet. Mes coéquipiers me font remarquer que je ne peux pas jouer ailier. Et pourtant j’ai fait ma meilleure saison à Strasbourg l’an passé en jouant sur ce poste. J’ai cette polyvalence et si je vais avoir des difficultés sur des 3 costauds eux aussi ont du mal à défendre sur moi. C’est ce qui s’est passé contre la Belgique.

A quel point votre polyvalence est essentielle à votre réussite en Bleu ?

DÉCEMBRE2017 17


DTBN CAHIERS TECHNIQUES >

Son objectif principal de la séance : - Le sentiment d’avoir atteint son objectif (coté de 1 à 10). - Le sentiment de s’être engager au maximum pour l’atteindre (côté de 1 à 10). - Les points de satisfaction de sa séance. - Les axes de progrès. •Contenus prioritaires enseignés : L’idée générale est d’aider l’athlète à développer ses ressources pour s’adapter aux contraintes de la pratique du sport de haut niveau. Le tronc commun de formation (identique pour toutes les joueuses) s’appuie : - Sur la pleine conscience. - Sur la fixation d’objectifs. • La pleine conscience : "La clé pour réussir… est d’apprendre à gérer vos émotions et à garder votre esprit concentré sur le match… rester calme sous la pression et conserver votre sérénité après des défaites écrasantes ou des victoires triomphales" Phil Jackson. L’émotion doit être utile à la performance, qu’elle soit positive ou négative. Ceci permettra d’exploiter pleinement ses capacités du moment. "Tu dois continuer à rester dans le moment présent. Quand tu centres ton attention sur le moment présent, des choses positives arrivent pour ton équipe" Stephen Curry. • La fixation d’objectifs : SMART La fixation et la construction des buts est essentiels dans le projet de vie, de formation et de performance d’un athlète. Les buts servent à créer un cadre où la joueuse a le sentiment d’avoir le choix dans ses objectifs. Il est prouvé que plus ils sont librement acceptés (autonomie/motivation intrinsèque et personnelle) plus ils favorisent l’engagement dans le projet. Cela permet aux jeunes athlètes de se sentir à l’origine de leurs décisions, de leurs actions, et le bénéfice motivationnel peut être intéressant pour performer. Nous tentons d’éduquer nos joueuses, à formuler des objectifs pertinents et efficaces. Pour cela les principes de Weinberg et Gould (1999) peuvent être intéressant à signaler. Un objectif à plus de chance d’être réalisé en comportant les caractéristiques suivantes : • Spécifique : c’est-à-dire le plus précis et détaillé possible au regard de la séance d’entraînement.

30 BASKETBALLMAGAZINE

• Mesurable : avec des critères d’atteinte pour pouvoir observer et mesurer ses progrès. • Atteignable : avec un niveau de difficulté qui challenge, ce qui est préférable à un objectif trop facile ou trop difficile. • Réaliste : c’est-à-dire possible pour l’athlète de l’atteindre en fonction de son profil, de ses points forts. • Temporel : avec des contraintes de temps, c’est-à-dire identifier combien de temps l’athlète peut avoir besoin pour travailler à réaliser son objectif (planifier).

Un objectif clair va permettre à une joueuse : ➤ de diriger son attention sur "ce qu’elle doit faire" dans le moment présent (jouer au lieu de penser…) ➤ d’ajuster ses efforts pour être à 100 % de ces capacités du moment (on parle souvent du bien mal jouer, de régularité, de niveau minimum en dessous duquel il ne faut pas descendre pour ne pas mettre en péril la performance de son équipe). ➤ de maintenir son engagement maximum malgré les obstacles et difficultés rencontrés (persévérance). ➤ de développer des stratégies efficaces pour atteindre son objectif (adaptation). Caractéristiques des objectifs et intérêt pour l’équipe : Dans la construction d’une équipe, il est intéressant de confronter les objectifs personnels de chaque athlète, avec le ou les objectifs collectifs de l’équipe. L’objectif commun est souvent le ciment d’un projet collectif. Il y a souvent un grand intérêt à co-constuire (staff-joueuses) les objectifs de l’équipe et les moyens pour les réaliser.

Les buts peuvent ainsi être classés de la manière suivante : ➤ Les buts de résultats (recherche de la victoire, vouloir être championne d’europe, du monde…) ➤ Les buts de performances (indépendance relative par rapport à la victoire, style de jeu, notion de plaisir, bien communiquer, attitudes, cohésion…) On est sur le comment réaliser l’objectif et du qualitatif. ➤ Les buts de processus (le chemin, étape par étape, s’entraîner dur, défendre dur, contrôler son rebond, finir 1er de poule, processus 1/4-1/2-Finale… Il s’agit de buts étapes et ou de buts de maîtrise très spécifiques). Une stratégie à buts multiples semble être la meilleure. A l’inverse de se centrer uniquement sur un objectif de résultat, ce qui peut s’avérer moins efficace, voire dangereux. La combinaison des 3 types de buts est idéale

pour développer des habiletés mentales et améliorer les performances d’une équipe. Pour un staff technique et son collectif de joueuses, l’essentiel est de bien faire la différence entre les 3 types de buts, car souvent un résultat n’est que la conséquence de ce qu’on a bien maîtrisé sur le terrain dans l’action. La notion de plaisir et de jeu (s’amuser sur le terrain) doit et peut être centrale aussi.

CONCLUSION • Dans la formation d’une future joueuse de haut niveau, les aspects mentaux doivent être abordés. Plus ils seront abordé tôt et clairement dans un cursus et une filière de formation, plus ils auront un impact positif sur la carrière d’une joueuse. On constate que les meilleures joueuses ont souvent les meilleurs fondamentaux techniques (Diana Taurasi, …), et c’est un peu la même idée avec les fondamentaux mentaux. L’athlète doit être sensibilisé tôt et simplement sur ses aspects pour avoir des outils plus tard, afin de performer dans les plus grandes compétitions continentales et mondiales. • Dans les années à venir, à l’instar du chemin emprunté pour les contenus physiques, les programmes de formations mentales intégrées à l’entrainement vont certainement se développer fortement, car l’approche éducative et préventive de ses aspects est primordiale pour développer une joueuse complète. • Cet éclairage professionnel témoigne de l’importance d’incorporer les aspects mentaux dans la détection, l’accompagnement individuel (besoin individuel) et la formation des athlètes d’aujourd’hui. • L’enjeu pour nous, entraîneurs formateurs de sports collectifs, est aussi de mieux prendre en compte les besoins individuels de chaque joueuse (projet individuel) au sein d’un projet collectif.

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75,60 84,70

F. Pietrzak

• Carnet d’entraînement : Le suivi du ressenti de l’athlète et de son avis sur sa performance est archivé de manière quotidienne et hebdomadaire. La joueuse note des informations très simple comme :

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

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