Minimag 842

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OLIVIA EPOUPA

N°842 - JANVIER2018 - WWW.FFBB.COM

L’EXPATRIÉE

VINCENT POIRIER ET LES TGG AMINE NOUA ARBITRAGE AU FÉMININ


OLIVIA EPOUPA GALATASARAY >

"C’EST UN NOUVEAU DÉFI"

Au sortir d’une saison éprouvante à Villeneuve-d’Ascq, Olivia Epoupa (1,65 m, 23 ans) a fait le grand saut vers l’étranger et le club stambouliote de Galatasaray. Si les résultats sont mitigés, la meneuse des Bleues se distingue par son activité débordante. Elle est la deuxième meilleure rebondeuse de l’Euroligue !

Bellenger / IS / FFBB

Propos recueillis par Antoine Lessard

42 BASKETBALLMAGAZINE

JANVIER2018 43


OLIVIA EPOUPA GALATASARAY >

"C’EST UN NOUVEAU DÉFI"

Au sortir d’une saison éprouvante à Villeneuve-d’Ascq, Olivia Epoupa (1,65 m, 23 ans) a fait le grand saut vers l’étranger et le club stambouliote de Galatasaray. Si les résultats sont mitigés, la meneuse des Bleues se distingue par son activité débordante. Elle est la deuxième meilleure rebondeuse de l’Euroligue !

Bellenger / IS / FFBB

Propos recueillis par Antoine Lessard

42 BASKETBALLMAGAZINE

JANVIER2018 43


"JE DOIS ÉNORMÉMENT AU PB18" Olivia Epoupa, Diandra Tchatchouang, Hhadydia Minte. Trois joueuses de l’équipe de France ont été formées au Paris Basket 18, club de quartier du Nord parisien.

"Le Paris 18, c’est le club à qui je dois tout. C’est le club qui m’a fait émerger. Je n’oublie pas Anne ma maîtresse de sport, qui a détecté chez moi ce potentiel. Ensuite, Thomas Fondeur a con­ tinué ma formation au Paris Basket 18. C’est un club bosseur, qui continue de donner la possibilité à des filles issues d’un quartier compliqué de pouvoir développer leur potentiel. Un club qui accompagne les gamines sur le plan sportif et sur le plan scolaire. C’est important pour avoir de la stabilité. Je suis énormément reconnaissante. Je suis toujours en contact avec Agnès Sylvestre, la présidente du club. Cela me fait toujours plaisir d’échanger avec des filles plus jeunes, de pouvoir parler de nos expériences. Ce club a beaucoup de mérite. Ils ont sorti plusieurs joueuses qui sont en équipe de France mais il y a aussi d’autres joueuses qui sont sorti de ce quartier avec une stabilité émotionnelle et professionnelle, et arrivent à trouver leur chemin. C’est grand ce qu’ils font. Je n’oublierai jamais d’où je viens. Je suis fier d’être passé au PB 18, d’avoir grandi là-bas et d’être ressortie. Je dois énormément à ce club."

Bellenger / IS / FFBB

trouve mon compte. Mon intégration s’est très bien passée. Je m’épanouis. Je retrouve ce plaisir de jouer que j’avais un peu perdu à Villeneuve-d’Ascq. Je ne regrette pas du tout mon choix. Quels sont les plus gros changements par rapport à ce que vous avez connu auparavant en France ? Je découvre un nouveau pays, une nouvelle culture, de nouvelles personnes. Ce sont les plus gros changements. Parce que l’année dernière, j’ai déjà été confrontée à l’Euroligue. Simplement, là je suis dans un club

44 BASKETBALLMAGAZINE

plus prestigieux. Il y a plus d’attentes des managers et des fans. Vous jouez plus de 30 minutes par match en Euroligue. Votre épanouissement vient-il aussi des grandes responsabilités que vous donne votre coach, Marina Maljkovic ? Ce n’est pas une question d’être la meneuse numéro un. Au contraire, j’aime la concurrence. D’ailleurs je ne démarre pas tout le

Bellenger / IS / FFBB

“JE RETROUVE CE PLAISIR DE JOUER QUE J’AVAIS UN PEU PERDU...”

FIBA

Après cinq saisons en Ligue Féminine et un titre de championne de France, vous avez décidé de partir à Galatasaray. Que recherchiez-vous à travers cette expérience à l’étranger ? Un nouveau challenge, le fait de se confronter à l’étranger en tant qu’étrangère, donc d’avoir une pression supplémentaire. Ici, on est dans une concurrence permanente. C’est un nouveau défi. Avec Marina Maljkovic, on doit prouver tous les jours, à chaque entraînement, à chaque match. On ne peut pas rester dans sa zone de confort. C’est un challenge en tant que joueuse et j’y

Hhadydia Minte et Olivia Epoupa

JANVIER2018 45


"JE DOIS ÉNORMÉMENT AU PB18" Olivia Epoupa, Diandra Tchatchouang, Hhadydia Minte. Trois joueuses de l’équipe de France ont été formées au Paris Basket 18, club de quartier du Nord parisien.

"Le Paris 18, c’est le club à qui je dois tout. C’est le club qui m’a fait émerger. Je n’oublie pas Anne ma maîtresse de sport, qui a détecté chez moi ce potentiel. Ensuite, Thomas Fondeur a con­ tinué ma formation au Paris Basket 18. C’est un club bosseur, qui continue de donner la possibilité à des filles issues d’un quartier compliqué de pouvoir développer leur potentiel. Un club qui accompagne les gamines sur le plan sportif et sur le plan scolaire. C’est important pour avoir de la stabilité. Je suis énormément reconnaissante. Je suis toujours en contact avec Agnès Sylvestre, la présidente du club. Cela me fait toujours plaisir d’échanger avec des filles plus jeunes, de pouvoir parler de nos expériences. Ce club a beaucoup de mérite. Ils ont sorti plusieurs joueuses qui sont en équipe de France mais il y a aussi d’autres joueuses qui sont sorti de ce quartier avec une stabilité émotionnelle et professionnelle, et arrivent à trouver leur chemin. C’est grand ce qu’ils font. Je n’oublierai jamais d’où je viens. Je suis fier d’être passé au PB 18, d’avoir grandi là-bas et d’être ressortie. Je dois énormément à ce club."

Bellenger / IS / FFBB

trouve mon compte. Mon intégration s’est très bien passée. Je m’épanouis. Je retrouve ce plaisir de jouer que j’avais un peu perdu à Villeneuve-d’Ascq. Je ne regrette pas du tout mon choix. Quels sont les plus gros changements par rapport à ce que vous avez connu auparavant en France ? Je découvre un nouveau pays, une nouvelle culture, de nouvelles personnes. Ce sont les plus gros changements. Parce que l’année dernière, j’ai déjà été confrontée à l’Euroligue. Simplement, là je suis dans un club

44 BASKETBALLMAGAZINE

plus prestigieux. Il y a plus d’attentes des managers et des fans. Vous jouez plus de 30 minutes par match en Euroligue. Votre épanouissement vient-il aussi des grandes responsabilités que vous donne votre coach, Marina Maljkovic ? Ce n’est pas une question d’être la meneuse numéro un. Au contraire, j’aime la concurrence. D’ailleurs je ne démarre pas tout le

Bellenger / IS / FFBB

“JE RETROUVE CE PLAISIR DE JOUER QUE J’AVAIS UN PEU PERDU...”

FIBA

Après cinq saisons en Ligue Féminine et un titre de championne de France, vous avez décidé de partir à Galatasaray. Que recherchiez-vous à travers cette expérience à l’étranger ? Un nouveau challenge, le fait de se confronter à l’étranger en tant qu’étrangère, donc d’avoir une pression supplémentaire. Ici, on est dans une concurrence permanente. C’est un nouveau défi. Avec Marina Maljkovic, on doit prouver tous les jours, à chaque entraînement, à chaque match. On ne peut pas rester dans sa zone de confort. C’est un challenge en tant que joueuse et j’y

Hhadydia Minte et Olivia Epoupa

JANVIER2018 45


OLIVIA EPOUPA GALATASARAY >

Comment jugez-vous le niveau de la ligue turque, qui comprend trois équipes évoluant en Euroligue ? Il est très élevé. D’autres équipes que ces trois-là pourraient prétendre à l’Euroligue. Chaque match de Turkish League est comme un match d’Euroligue parce qu’il y a pas mal de joueuses américaines qui jouent en WNBA. Il y a aussi des joueuses étrangères expérimentées. On ne peut pas se dire après un match d’Euroligue qu’on va se reposer le week-end. C’est aussi un challenge intéressant de devoir être constant deux fois par semaine. Justement, votre équipe a quasiment le même bilan en Euroligue et en championnat. Ce début de saison est-il inférieur à vos ambitions ?

Tout à fait. Il y a une rivalité. Ce ne sont pas des matches qu’on joue. Il faut gagner. On a perdu le premier derby contre Besiktas (6261). On a senti tout de suite la différence. La demande et les attentes étaient deux fois plus élevées autour de ce match. Sinon, il y a une vraie ferveur des supporters. Peu importe nos résultats, ils sont toujours là. Ils crient, ils chantent. Ils jouent vraiment le rôle d’un sixième homme. C’est vraiment une fierté de porter ce maillot de Galatasaray. Individuellement, vous noircissez toutes les colonnes statistiques. Vous êtes la meilleure intercepteuse et la deuxième meilleure rebondeuse de l’Euroligue. Ce début de saison répond-il à vos attentes ? (Elle hésite) Je me libère de plus en plus sur le terrain, mais je suis très exigeante envers moi-même donc je ne peux pas me satisfaire de ces statistiques. Je veux être encore plus performante et constante. J’ai déjà eu cette régularité quand je jouais à Toulouse, mais il n’y avait qu’un match par semaine. Je veux montrer que je suis

“JE VEUX ÊTRE ENCORE PLUS PERFORMANTE ET CONSTANTE.” Oui, on a commis malheureusement quelques erreurs de parcours. On a laissé passer deux matches importants en Euroligue. Mais la saison est encore longue. Tous les matches vont être importants pour rejoindre le Final Eight. En championnat, on a laissé filer des matches sur des erreurs de concentration. Il faut apprendre de nos erreurs et avancer. Galatasaray est un club ambitieux, encore plus cette année. Ce club ne peut pas se satisfaire de ce bilan. On veut plus. Est-ce que, comme chez les garçons, les derbys qui vous opposent au Fenerbahçe ou au Besiktas revêtent une importance particulière ?

46 BASKETBALLMAGAZINE

capable d’être performante et régulière sur deux compétitions. Hors terrain, vous avez la chance de vivre à Istanbul. Avez-vous eu le temps de visiter la ville ? La ville est très vaste et d’une diversité culturelle incroyable. Malheureusement, on est prises par les entraînements et les matches. On a un rythme très intense. Donc je suis plus axé sur le basket, la récupération. C’est le plus important. Mais je sais qu’il faut que je visite cette magnifique ville. Vous étiez présente au mois de novembre avec les Bleues pour la première fenêtre

FIBA

temps les matches. Je dois prouver tout le temps. Si je ne suis pas bonne, je ne joue pas. Mais surtout, je connais exactement mon rôle et j’ai la confiance de mon staff, notamment de la coach. Maintenant, c’est à moi de lui rendre sa confiance.

de qualification à l’Euro 2019. Que retenez-vous de ces deux premiers matches contre la Finlande et la Roumanie ? Le bilan de ces deux matches est très satisfaisant. On a fait preuve de sérieux, de rigueur et de beaucoup d’exigence. On s’est mis en tête avec le groupe et le staff qu’il fallait ne plus avoir de regret. Parce que le bilan qu’on peut faire des deux dernières compétitions (JO 2016 et Eurobasket 2017), c’est qu’il y a toujours ce sentiment de regret. En février, on va retrouver la Slovénie qui va être un adversaire plus coriace. Il va falloir s’en méfier parce qu’elles nous ont déjà posé des problèmes lors de nos dernières compétitions. Si on veut atteindre l’objectif qu’on s’est fixé, à savoir la première place du groupe, il va falloir garder en tête cette rigueur, cette concentration et cette exigence. Succéder à Céline Dumerc, l’une des meilleures joueuses de l’histoire, vous donne-t-il une pression supplémentaire en équipe de France ? Je ressens déjà la pression dans le sens où l’Équipe de France a un statut. Il faut répondre présent en termes de résultat parce que les objectifs sont élevés. Concernant Céline, il y a plusieurs joueuses à ce poste. Mon objectif est de faire partie de l’équipe qui jouera la prochaine compétition (la Coupe du Monde 2018). Je ne me focalise pas sur ce qui se passe autour. J’essaie d’abord de répondre aux attentes du staff.

MAI2017 47


OLIVIA EPOUPA GALATASARAY >

Comment jugez-vous le niveau de la ligue turque, qui comprend trois équipes évoluant en Euroligue ? Il est très élevé. D’autres équipes que ces trois-là pourraient prétendre à l’Euroligue. Chaque match de Turkish League est comme un match d’Euroligue parce qu’il y a pas mal de joueuses américaines qui jouent en WNBA. Il y a aussi des joueuses étrangères expérimentées. On ne peut pas se dire après un match d’Euroligue qu’on va se reposer le week-end. C’est aussi un challenge intéressant de devoir être constant deux fois par semaine. Justement, votre équipe a quasiment le même bilan en Euroligue et en championnat. Ce début de saison est-il inférieur à vos ambitions ?

Tout à fait. Il y a une rivalité. Ce ne sont pas des matches qu’on joue. Il faut gagner. On a perdu le premier derby contre Besiktas (6261). On a senti tout de suite la différence. La demande et les attentes étaient deux fois plus élevées autour de ce match. Sinon, il y a une vraie ferveur des supporters. Peu importe nos résultats, ils sont toujours là. Ils crient, ils chantent. Ils jouent vraiment le rôle d’un sixième homme. C’est vraiment une fierté de porter ce maillot de Galatasaray. Individuellement, vous noircissez toutes les colonnes statistiques. Vous êtes la meilleure intercepteuse et la deuxième meilleure rebondeuse de l’Euroligue. Ce début de saison répond-il à vos attentes ? (Elle hésite) Je me libère de plus en plus sur le terrain, mais je suis très exigeante envers moi-même donc je ne peux pas me satisfaire de ces statistiques. Je veux être encore plus performante et constante. J’ai déjà eu cette régularité quand je jouais à Toulouse, mais il n’y avait qu’un match par semaine. Je veux montrer que je suis

“JE VEUX ÊTRE ENCORE PLUS PERFORMANTE ET CONSTANTE.” Oui, on a commis malheureusement quelques erreurs de parcours. On a laissé passer deux matches importants en Euroligue. Mais la saison est encore longue. Tous les matches vont être importants pour rejoindre le Final Eight. En championnat, on a laissé filer des matches sur des erreurs de concentration. Il faut apprendre de nos erreurs et avancer. Galatasaray est un club ambitieux, encore plus cette année. Ce club ne peut pas se satisfaire de ce bilan. On veut plus. Est-ce que, comme chez les garçons, les derbys qui vous opposent au Fenerbahçe ou au Besiktas revêtent une importance particulière ?

46 BASKETBALLMAGAZINE

capable d’être performante et régulière sur deux compétitions. Hors terrain, vous avez la chance de vivre à Istanbul. Avez-vous eu le temps de visiter la ville ? La ville est très vaste et d’une diversité culturelle incroyable. Malheureusement, on est prises par les entraînements et les matches. On a un rythme très intense. Donc je suis plus axé sur le basket, la récupération. C’est le plus important. Mais je sais qu’il faut que je visite cette magnifique ville. Vous étiez présente au mois de novembre avec les Bleues pour la première fenêtre

FIBA

temps les matches. Je dois prouver tout le temps. Si je ne suis pas bonne, je ne joue pas. Mais surtout, je connais exactement mon rôle et j’ai la confiance de mon staff, notamment de la coach. Maintenant, c’est à moi de lui rendre sa confiance.

de qualification à l’Euro 2019. Que retenez-vous de ces deux premiers matches contre la Finlande et la Roumanie ? Le bilan de ces deux matches est très satisfaisant. On a fait preuve de sérieux, de rigueur et de beaucoup d’exigence. On s’est mis en tête avec le groupe et le staff qu’il fallait ne plus avoir de regret. Parce que le bilan qu’on peut faire des deux dernières compétitions (JO 2016 et Eurobasket 2017), c’est qu’il y a toujours ce sentiment de regret. En février, on va retrouver la Slovénie qui va être un adversaire plus coriace. Il va falloir s’en méfier parce qu’elles nous ont déjà posé des problèmes lors de nos dernières compétitions. Si on veut atteindre l’objectif qu’on s’est fixé, à savoir la première place du groupe, il va falloir garder en tête cette rigueur, cette concentration et cette exigence. Succéder à Céline Dumerc, l’une des meilleures joueuses de l’histoire, vous donne-t-il une pression supplémentaire en équipe de France ? Je ressens déjà la pression dans le sens où l’Équipe de France a un statut. Il faut répondre présent en termes de résultat parce que les objectifs sont élevés. Concernant Céline, il y a plusieurs joueuses à ce poste. Mon objectif est de faire partie de l’équipe qui jouera la prochaine compétition (la Coupe du Monde 2018). Je ne me focalise pas sur ce qui se passe autour. J’essaie d’abord de répondre aux attentes du staff.

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AMINE NOUA >

Par Julien Guérineau

“JE SAIS QUE CERTAINS ME CONSIDÈRENT TOUJOURS COMME UN ENFANT.”

48 BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger/IS/FFBB

Il n’était pas le prospect le plus réputé de sa génération. Pas assez athlétique, pas assez grand, pas assez adroit. Amine Noua (2,01 m, 20 ans) a tout entendu. Mais en 2017 l’enfant de l’ASVEL a remporté une médaille avec les U20, participé au All Star Game LNB et fêté sa première sélection en Équipe de France.

la saison et terminera meilleur marqueur de l’équipe espoirs avant de briller lors de l’Euro U20 en Finlande. Le rendez-vous continental tourne cependant à la Bérézina pour une Équipe de France décimée par les forfaits et les blessures. "On devait avoir une grosse équipe à la base… On a pris conscience très tard de la merde dans laquelle on s’était mis. Finalement on évite la catastrophe de très peu." 13e de l’Euro, les Bleuets sauvent leur place en première division dans le sillage de Noua et d’Elie Okobo. À cette époque, l’intérieur de l’ASVEL ne sait pas encore s’il restera dans son club formateur ou s’il fera l’objet d’un prêt à Rouen. C’est finalement Stéphane Gombauld qui sera envoyé en Pro B, à Saint-Chamond. Noua, lui, convainc JD Jackson de le lancer dans le grand bain. Saisissant la moindre opportunité, il devient une vraie option sur le banc (30 matches, 10 minutes de moyenne) et poursuit dans l’ombre un travail physique et technique (0/5 à trois-points sur la saison) qui vont payer pendant l’été puis depuis la reprise. "J’essaye d’apprendre tous les jours et

d’améliorer mes points faibles. Physiquement comme sur mon tir j’avais besoin de passer un cap. C’est ce que j’ai fait. Les résultats sont même venus plus tôt que prévu." Désormais, Amine Noua est titulaire sur un poste 4 dont il a pleinement intégré les codes (14-34 à troispoints lors des 11 premiers matches). Un impact qui lui a valu une intégration au Team France puis une première sélection face à la Belgique lors des qualifications à la Coupe du Monde 2019. "Je ne dirais pas que je suis installé", tempère le jeune homme. "J’ai un vrai rôle cette saison. Mais je sais que j’ai encore besoin de progresser et que je suis un jeune joueur. Même si je n’aime pas ce terme, sur le terrain ça ne veut plus rien dire. Je n’ai pas envie de tomber dans le confort." Resté sur le banc à Anvers, Noua a désormais en tête les deux rencontres de qualification à Strasbourg et Nancy. Avec un statut d’international qui va changer les regards. Sauf ceux des habitués de l’ASVEL : "Quand tu connais tout le monde dans les bureaux tu le ressens. Je sais que certains me considèrent toujours comme un enfant."

Presse Sports / Martin

ENFANT DE L’ASTROBALLE

C’est un parcours qu’on retrouve dans les clubs qui font la saveur des championnats nationaux. Le gamin du coin biberonné depuis le baby basket et qui finit par intégrer l’équipe première en Nationale 2 ou Nationale 3. Ces histoires sont belles. Mais rarissimes dans le milieu professionnel. C’est pourtant celle d’Amine Noua, natif de Lyon, baby basketteur à Vénissieux et débarqué à l’ASVEL en 2008 en première année benjamins ! Ce fils de footballeur professionnel au Maroc a ensuite passé toutes les étapes : U13, U15, U18, espoirs avant de s’installer depuis le début de saison dans le cinq majeur du club le plus riche de France. Une performance d’autant plus remarquable que si Noua a toujours fait partie des meilleurs joueurs de sa génération, son profil ne poussait pas forcément à l’optimisme quant à sa capacité d’adaptation au plus haut niveau. International dès la catégorie U16, c’est véritablement à l’été 2014 qu’il se fait un nom. Au Mondial U17 à Dubaï, il termine 4e marqueur (18,7 pts) et 9e rebondeur (8,4 rbds) de la compétition. D’une régularité métronomique la qualité et la variété de ses mouvements dos au panier séduisent les observateurs. Dans un basket où l’art du post-up se perd, Noua détonne. Mais sa taille et son jeu peu aérien interrogent. "Quand je suis arrivé à l’ASVEL c’était l’époque où Ali Traore était au sommet de son art", sourit-il pour évoquer cette technique. "Tous ses hooks m’inspiraient. Je me disais qu’il serait bien de maîtriser tous ces petits gestes… Ce toucher je l’ai appris très jeune. J’ai joué poste 5 jusqu’en cadets. Puis Pierre Vincent m’a expliqué que pour atteindre le niveau pro il fallait s’écarter." Des conseils que Noua va pleinement mettre en pratique. À Dubaï, il s’était fendu d’un 1/7 à trois-points et d’un 6/14 aux lancers-francs en sept rencontres. Trois ans plus tard, alors qu’il termine l’Euro U20 avec une médaille de bronze autour du cou et une sélection dans le cinq idéal, il a signé un convaincant 6/13 à longue distance et affiche 80% de réussite aux lancers-francs. Une illustration d’une véritable évolution qui lui a permis de gagner sa place dans la rotation de l’ASVEL et de devenir le visage du projet jeunes initié par le Président Tony Parker. La concurrence était pourtant rude pour Noua. Au début de la saison 2015/16 le club rhodanien comptait en effet dans son effectif Elie Fedensieu, passé par le Centre Fédéral et Stéphane Gombauld, également pensionnaire du CFBB, meilleur marqueur de l’équipe de France U18 pendant l’été. Deux joueurs appelés à évoluer sur le même poste que Noua, qui vient de passer de longs mois à l’infirmerie. "Il y a eu une période de questionnements", admet-il. "Mais le club m’a aidé à travailler, à prendre soin de mon corps en me disant que l’opportunité viendrait." Il fera six apparitions en Pro A lors de

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AMINE NOUA >

Par Julien Guérineau

“JE SAIS QUE CERTAINS ME CONSIDÈRENT TOUJOURS COMME UN ENFANT.”

48 BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger/IS/FFBB

Il n’était pas le prospect le plus réputé de sa génération. Pas assez athlétique, pas assez grand, pas assez adroit. Amine Noua (2,01 m, 20 ans) a tout entendu. Mais en 2017 l’enfant de l’ASVEL a remporté une médaille avec les U20, participé au All Star Game LNB et fêté sa première sélection en Équipe de France.

la saison et terminera meilleur marqueur de l’équipe espoirs avant de briller lors de l’Euro U20 en Finlande. Le rendez-vous continental tourne cependant à la Bérézina pour une Équipe de France décimée par les forfaits et les blessures. "On devait avoir une grosse équipe à la base… On a pris conscience très tard de la merde dans laquelle on s’était mis. Finalement on évite la catastrophe de très peu." 13e de l’Euro, les Bleuets sauvent leur place en première division dans le sillage de Noua et d’Elie Okobo. À cette époque, l’intérieur de l’ASVEL ne sait pas encore s’il restera dans son club formateur ou s’il fera l’objet d’un prêt à Rouen. C’est finalement Stéphane Gombauld qui sera envoyé en Pro B, à Saint-Chamond. Noua, lui, convainc JD Jackson de le lancer dans le grand bain. Saisissant la moindre opportunité, il devient une vraie option sur le banc (30 matches, 10 minutes de moyenne) et poursuit dans l’ombre un travail physique et technique (0/5 à trois-points sur la saison) qui vont payer pendant l’été puis depuis la reprise. "J’essaye d’apprendre tous les jours et

d’améliorer mes points faibles. Physiquement comme sur mon tir j’avais besoin de passer un cap. C’est ce que j’ai fait. Les résultats sont même venus plus tôt que prévu." Désormais, Amine Noua est titulaire sur un poste 4 dont il a pleinement intégré les codes (14-34 à troispoints lors des 11 premiers matches). Un impact qui lui a valu une intégration au Team France puis une première sélection face à la Belgique lors des qualifications à la Coupe du Monde 2019. "Je ne dirais pas que je suis installé", tempère le jeune homme. "J’ai un vrai rôle cette saison. Mais je sais que j’ai encore besoin de progresser et que je suis un jeune joueur. Même si je n’aime pas ce terme, sur le terrain ça ne veut plus rien dire. Je n’ai pas envie de tomber dans le confort." Resté sur le banc à Anvers, Noua a désormais en tête les deux rencontres de qualification à Strasbourg et Nancy. Avec un statut d’international qui va changer les regards. Sauf ceux des habitués de l’ASVEL : "Quand tu connais tout le monde dans les bureaux tu le ressens. Je sais que certains me considèrent toujours comme un enfant."

Presse Sports / Martin

ENFANT DE L’ASTROBALLE

C’est un parcours qu’on retrouve dans les clubs qui font la saveur des championnats nationaux. Le gamin du coin biberonné depuis le baby basket et qui finit par intégrer l’équipe première en Nationale 2 ou Nationale 3. Ces histoires sont belles. Mais rarissimes dans le milieu professionnel. C’est pourtant celle d’Amine Noua, natif de Lyon, baby basketteur à Vénissieux et débarqué à l’ASVEL en 2008 en première année benjamins ! Ce fils de footballeur professionnel au Maroc a ensuite passé toutes les étapes : U13, U15, U18, espoirs avant de s’installer depuis le début de saison dans le cinq majeur du club le plus riche de France. Une performance d’autant plus remarquable que si Noua a toujours fait partie des meilleurs joueurs de sa génération, son profil ne poussait pas forcément à l’optimisme quant à sa capacité d’adaptation au plus haut niveau. International dès la catégorie U16, c’est véritablement à l’été 2014 qu’il se fait un nom. Au Mondial U17 à Dubaï, il termine 4e marqueur (18,7 pts) et 9e rebondeur (8,4 rbds) de la compétition. D’une régularité métronomique la qualité et la variété de ses mouvements dos au panier séduisent les observateurs. Dans un basket où l’art du post-up se perd, Noua détonne. Mais sa taille et son jeu peu aérien interrogent. "Quand je suis arrivé à l’ASVEL c’était l’époque où Ali Traore était au sommet de son art", sourit-il pour évoquer cette technique. "Tous ses hooks m’inspiraient. Je me disais qu’il serait bien de maîtriser tous ces petits gestes… Ce toucher je l’ai appris très jeune. J’ai joué poste 5 jusqu’en cadets. Puis Pierre Vincent m’a expliqué que pour atteindre le niveau pro il fallait s’écarter." Des conseils que Noua va pleinement mettre en pratique. À Dubaï, il s’était fendu d’un 1/7 à trois-points et d’un 6/14 aux lancers-francs en sept rencontres. Trois ans plus tard, alors qu’il termine l’Euro U20 avec une médaille de bronze autour du cou et une sélection dans le cinq idéal, il a signé un convaincant 6/13 à longue distance et affiche 80% de réussite aux lancers-francs. Une illustration d’une véritable évolution qui lui a permis de gagner sa place dans la rotation de l’ASVEL et de devenir le visage du projet jeunes initié par le Président Tony Parker. La concurrence était pourtant rude pour Noua. Au début de la saison 2015/16 le club rhodanien comptait en effet dans son effectif Elie Fedensieu, passé par le Centre Fédéral et Stéphane Gombauld, également pensionnaire du CFBB, meilleur marqueur de l’équipe de France U18 pendant l’été. Deux joueurs appelés à évoluer sur le même poste que Noua, qui vient de passer de longs mois à l’infirmerie. "Il y a eu une période de questionnements", admet-il. "Mais le club m’a aidé à travailler, à prendre soin de mon corps en me disant que l’opportunité viendrait." Il fera six apparitions en Pro A lors de

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Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

BILAN DU 2E TABLEAU : ’Espagne est championne d’Europe en 2013, avec un bilan de 7 victoires et 2 défaites. L Équipe qui a remporté plusieurs matches très serrés, qui a perdu très peu de ballons et qui a battu la Serbie 65-63 en finale après prolongation : on peut parler de surprise... La Croatie présentait une équipe sur le papier hors norme : Bender, Mazalin, Slavica, Zubac, Zizic, ... La Bosnie est championne d’Europe en 2015, avec le même bilan de 7 victoires et 2 défaites. Très bon rendement offensif une nouvelle fois, un joueur exceptionnel Musa, bien entouré de Campana, Sikiras notamment… L’Espagne est championne d’Europe en 2016 avec un bilan de 7 victoires en 7 matches. Elle remporte la finale contre la Lituanie à domicile 74-72 avec un intérieur dominant Garuba né en 2002 et de bons joueurs autour de lui : Alocen, Cuevas, Gonzalez, Parra. Un très bon rendement offensif une fois encore, 1er à l’adresse T3 et T2, et un bon rendement défensif également avec notamment un pourcentage élevé de balles perdues adverses...

CHAMPION : Espagne

CHAMPION : France

CHAMPION : Bosnie

CHAMPION : Espagne

CHAMPION : France

ATT

628 pts soit 69,8 par match : 4e

695 pts soit 77,2 par match : 3e

561 pts soit 80,1 par match : 2e

DEF

583 pts soit 64,77 par match : 5e

611 pts soit 67,88 par match : 5e

450pts soit 64,28 par match : 4e

TT

225/610 soit 36,9% : 11e

270/626 soit 41,5% : 2e

210/498 soit 42,2% : 1er

T2

172/405 soit 42,5% : 11e

211/465 soit 45,4% : 3e

155/288 soit 53,8% : 1er

T3

53/205 soit 25,9% : 11e

49/161 soit 30,4% : 3e

55/210 soit 26,2% : 9e

LF

125/198 soit 63,1% : 11e

126:211 soit 59,7% : 10e

86/175 soit 49,1% : 16e

REND OFF

0,88

0,91

0,98

REND DEF

0,83

0,8

0,8

BP

18,53%

23,07%

20,35%

POSS

79

85

81

BP ADVERSE

22,75%

19,57%

26,07%

56

CONCLUSION Bien sûr les chiffres ne disent pas tout et rien ne remplace le travail pour mettre en place un effectif capable de relever le défi. Il n’y a pas de recette pour gagner des médailles. On sait, en revanche, que de nombreux facteurs peuvent aider à la performance : un staff technique compétent et soudé, un staff médical investi prenant en charge les soins, la récupération, la diététique aussi bien en préparation qu’à la compétition, des joueurs à l’écoute sur et en dehors du terrain qui se partagent le ballon et qui sont prêts à donner avant de recevoir… Au final, beaucoup de sueur, beaucoup d’investissement : la médaille d’or est à ce prix !

75,60 84,70

JANVIER2018 31


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