Minimag 844

Page 1

Marine Johannes

N°844 - MARS2018 - WWW.FFBB.COM

Alexia Chartereau


DIAW LE PÈRE

A Nancy, la Belgique a payé pour voir, réduite à 17 petits points en deuxième mi-temps. Sa triplette d’arrières Serron-Obasohan-Tabu avait laissé une ardoise de 48 points à 19/35 aux tirs contre la Russie 36 heures plus tôt. Elle aura été limitée à 25 points à 8/27 sur le parquet de Gentilly. La pression défensive des extérieurs tricolores et les immenses segments de Moustapha Fall ont fait la différence malgré une absence d’adresse problématique. A Strasbourg, l’Équipe de France avait réussi à se sortir d’un périlleux face à face avec la Russie par la grâce de Boris Diaw. A bientôt 36 ans, l’intérieur de Levallois a livré sa prestation offensive la plus aboutie depuis l’EuroBasket 2005 et porté à bout de bras une escouade en manque d’options et de confiance (23 pts, 7 rbds, 7 pds). "Nous sommes sur le fil du rasoir et nous avons besoin de son leadership", a commenté Vincent Collet. "Il a été une plaque tournante et de façon presque exagérée. Mais nous avions tellement peu de solutions que

Par Julien Guérineau

L’Équipe de France est invaincue en qualification pour la Coupe du Monde 2019 et déjà qualifiée pour la seconde phase. A Strasbourg elle a été portée à bout de bras par son capitaine Boris Diaw puis guidée par Moustapha Fall à Nancy.

notre intérêt était de faire passer la balle par lui le plus souvent possible. On a la chance d’avoir un capitaine fantastique. Boris s’est comporté comme un père et on peut lui dire merci." En juin prochain, les Bleus boucleront la première phase de qualification par deux rencontres à l’extérieur en Bosnie puis en Russie. 21 joueurs appartenant au Team France et évoluant en Euroleague ou en NBA seront alors disponibles. Un véritable casse-tête pour le sélectionneur, d’autant plus que les soldats de l’hiver ont marqué des points : "L’engagement, l’intensité ne se sont jamais démentis lors de ces deuxièmes fenêtres", estime Vincent Collet. "Sur le basket nous avons des choses à améliorer mais pas dans l’état d’esprit. J’ai le sentiment que nous aurons beaucoup de possibilités pour construire l’équipe en juin. Mais je ne veux pas casser ce groupe. Les joueurs savent qu’ils sont potentiellement remplaçables, tout a été défini très clairement, mais ce n’est pas une raison. La dynamique doit compter pour la suite."

RÉSULTATS rance bat *Belgique 70-59 F *France bat Bosnie 84-65

*France bat Russie 75-74 * France bat Belgique 64-49

Programme

Classement

Presse Sports / Argueyrolles

9 juin : Bosnie - France 2 2 juillet : Russie - France

A l’issue des quatre premiers matches de qualification pour la Coupe du Monde 2019, l’Équipe de France peut déjà se projeter. Elle a remporté toutes ses rencontres, validé son billet pour la deuxième phase et ambitionne désormais de faire le plein de victoires en juin prochain, avec le renfort des joueurs NBA et Euroleague du Team France. Une perspective d’autant plus intéressante que tous les succès remportés en première phase, y compris face à la seule équipe éliminée, seront conservés au deuxième tour. Au moment de croiser avec trois des quatre équipes que sont la République Tchèque, l’Islande, la Finlande et la Bulgarie, un bilan immaculé constituerait un avantage considérable pour assurer très rapidement un laisser-passer pour la Chine. "On connaît la structure de cette qualification et l’importance d’engranger le plein

10 BASKETBALLMAGAZINE

de victoires. Si c’est le cas quand tu arrives à la deuxième phase tu es pratiquement qualifié derrière pour la Coupe du Monde", estimait ainsi Boris Diaw en quittant Nancy. Les 17 joueurs qui ont participé aux deux premières fenêtres de qualification ont parfaitement répondu aux attentes malgré des circonstances difficiles, notamment face à la Russie et à la Belgique où l’Équipe de France s’est présentée sans ses deux meilleurs marqueurs, Louis Labeyrie (blessé) et Edwin Jackson (passé de la Chine à Barcelone). Un nouveau coup dur qui, s’il s’est ressenti sur le plan offensif, n’a pas empêché les Bleus de continuer à verrouiller l’accès à leur cercle, confirmant son statut de meilleure défense des 32 équipes engagées dans la phase de qualification européenne. "Tout le monde se met au service de l’équipe", note Moustapha Fall. "On met nos

états d’âme de côté. Et surtout on défend dur et vu qu’on est beaucoup plus athlétique que les autres équipes… A défaut d’avoir tous nos joueurs les plus talentueux on sait qu’on a que des guerriers sur le terrain." Vincent Collet, qui avait fait de ce domaine la condition sine qua non des succès tricolores, affichait de son côté sa grande satisfaction quant au sérieux de ses troupes dans cet exercice : "La défense a été très bonne pendant quatre matches, bien meilleure que celle que nous avons présentée lors de l’EuroBasket l’été dernier. Il faudra la conserver. Les joueurs que nous allons ajouter vont nous donner des possibilités plus importantes et nous avons vu nos limites dans ce domaine, mais cela ne doit pas être au détriment de ce socle défensif qui est une marque de fabrique en Équipe de France et qui ne l’était plus l’an passé."

1 2 3 4

Pays France Russie Bosnie Belgique

V-D 4-0 2-2 2-2 0-4

Pour-Contre 293-247 296-278 271-283 247-282

Pour rappel les trois premiers de chaque poule sont qualifiés pour la seconde phase qui réunira 24 équipes réparties en quatre poules de six.

Statistiques cumulées Qualifications Joueur Louis Labeyrie Edwin Jackson Boris Diaw Paul Lacombe Moustapha Fall Hugo Invernizzi Alain Koffi Charles Kahudi Axel Bouteille Andrew Albicy Elie Okobo Jonathan Rousselle Axel Julien Mouhammadou Jaiteh Lahaou Konate William Howard Amine Noua

MJ

Min

Pct.

Rb

PD

Pts

2 2 4 4 4 2 4 2 2 4 3 1 4 4 4 1 -

25 30 23 28 21 18 15 28 14 24 13 13 13 3 8 2 -

78,6 40,0 65,2 41,2 76,2 41,7 52,0 36,4 40,0 33,3 21,4 25,0 26,7 33,3 33,3 -

6,0 6,0 4,3 3,5 3,8 5,5 2,0 6,5 2,0 1,8 1,0 1,0 2,0 0,8 0,5 -

1,0 1,5 4,3 3,0 1,5 0,5 0,3 1,0 1,5 5,0 0,3 2,0 1,8 0,8 -

12,5 12,5 10,8 10,8 9,5 7,5 7,0 6,5 6,0 5,3 3,7 3,0 2,8 0,8 0,5 -

Bellenger / IS / FFBB

QUALIFICATIONS COUPE DU MONDE 2019 >

SOIRÉE MOUS Parti à Sakarya l’été dernier après un titre de champion de France avec Chalon, Moustapha Fall ne bénéficie pas d’une grande exposition avec le promu turc. Mais son efficacité (10,5 pts, 5,7 rbds, 2,1 pds, 1,8 cts en 23’), sa sélection au All-Star Game et l’intérêt que continue de lui porter les grands d’Europe, après son choix de ne pas rejoindre le Barça, sont autant de signes que le pivot des Bleus continue de progresser. Il l’a confirmé lors de la deuxième fenêtre des qualifications, écœurant totalement la Belgique avec un record offensif (23 pts à 10/10) et une présence défensive dissuasive (3 contres). Eddy Casteels, le coach vaincu, n’évoquait d’ailleurs que le "big guy" pour expliquer sa quatrième défaite. Un impact largement supérieur à celui affiché contre la Russie. "On a discuté avec Vincent Collet sur quelques détails par rapport à mon utilisation notamment la manière dont j’aime recevoir le ballon", précisait de son côté le héros de la soirée. La veille à l’entraînement l’entraîneur des Bleus avait insisté auprès de ses extérieurs sur la nécessité d’exploiter pleinement la présence d’une telle cible. Le message est parfaitement passé et Fall a laissé entrevoir un potentiel qui ne dépareillerait pas une fois les joueurs venus de NBA ou d’Euroleague réintégrés. "Ce serait un bel accomplissement", remarquait-il à propos de la prochaine fenêtre prévue au mois de juin. "Je savais qu’au regard de toutes les absences, j’allais faire partie de l’équipe. Être dans le groupe avec tous les joueurs ce serait une vraie satisfaction." Une perspective qui intéresse au plus haut point Vincent Collet, interrogé sur l’idée d’aligner Rudy Gobert et Fall dans la même équipe : "Je voulais les associer dès l’an passé à l’EuroBasket. Je considère que dans les compétitions internationales il faut deux pivots de très grande taille." A 26 ans, Moustapha Fall a sans doute signé un bail longue durée avec la sélection.

MARS2018

11


DIAW LE PÈRE

A Nancy, la Belgique a payé pour voir, réduite à 17 petits points en deuxième mi-temps. Sa triplette d’arrières Serron-Obasohan-Tabu avait laissé une ardoise de 48 points à 19/35 aux tirs contre la Russie 36 heures plus tôt. Elle aura été limitée à 25 points à 8/27 sur le parquet de Gentilly. La pression défensive des extérieurs tricolores et les immenses segments de Moustapha Fall ont fait la différence malgré une absence d’adresse problématique. A Strasbourg, l’Équipe de France avait réussi à se sortir d’un périlleux face à face avec la Russie par la grâce de Boris Diaw. A bientôt 36 ans, l’intérieur de Levallois a livré sa prestation offensive la plus aboutie depuis l’EuroBasket 2005 et porté à bout de bras une escouade en manque d’options et de confiance (23 pts, 7 rbds, 7 pds). "Nous sommes sur le fil du rasoir et nous avons besoin de son leadership", a commenté Vincent Collet. "Il a été une plaque tournante et de façon presque exagérée. Mais nous avions tellement peu de solutions que

Par Julien Guérineau

L’Équipe de France est invaincue en qualification pour la Coupe du Monde 2019 et déjà qualifiée pour la seconde phase. A Strasbourg elle a été portée à bout de bras par son capitaine Boris Diaw puis guidée par Moustapha Fall à Nancy.

notre intérêt était de faire passer la balle par lui le plus souvent possible. On a la chance d’avoir un capitaine fantastique. Boris s’est comporté comme un père et on peut lui dire merci." En juin prochain, les Bleus boucleront la première phase de qualification par deux rencontres à l’extérieur en Bosnie puis en Russie. 21 joueurs appartenant au Team France et évoluant en Euroleague ou en NBA seront alors disponibles. Un véritable casse-tête pour le sélectionneur, d’autant plus que les soldats de l’hiver ont marqué des points : "L’engagement, l’intensité ne se sont jamais démentis lors de ces deuxièmes fenêtres", estime Vincent Collet. "Sur le basket nous avons des choses à améliorer mais pas dans l’état d’esprit. J’ai le sentiment que nous aurons beaucoup de possibilités pour construire l’équipe en juin. Mais je ne veux pas casser ce groupe. Les joueurs savent qu’ils sont potentiellement remplaçables, tout a été défini très clairement, mais ce n’est pas une raison. La dynamique doit compter pour la suite."

RÉSULTATS rance bat *Belgique 70-59 F *France bat Bosnie 84-65

*France bat Russie 75-74 * France bat Belgique 64-49

Programme

Classement

Presse Sports / Argueyrolles

9 juin : Bosnie - France 2 2 juillet : Russie - France

A l’issue des quatre premiers matches de qualification pour la Coupe du Monde 2019, l’Équipe de France peut déjà se projeter. Elle a remporté toutes ses rencontres, validé son billet pour la deuxième phase et ambitionne désormais de faire le plein de victoires en juin prochain, avec le renfort des joueurs NBA et Euroleague du Team France. Une perspective d’autant plus intéressante que tous les succès remportés en première phase, y compris face à la seule équipe éliminée, seront conservés au deuxième tour. Au moment de croiser avec trois des quatre équipes que sont la République Tchèque, l’Islande, la Finlande et la Bulgarie, un bilan immaculé constituerait un avantage considérable pour assurer très rapidement un laisser-passer pour la Chine. "On connaît la structure de cette qualification et l’importance d’engranger le plein

10 BASKETBALLMAGAZINE

de victoires. Si c’est le cas quand tu arrives à la deuxième phase tu es pratiquement qualifié derrière pour la Coupe du Monde", estimait ainsi Boris Diaw en quittant Nancy. Les 17 joueurs qui ont participé aux deux premières fenêtres de qualification ont parfaitement répondu aux attentes malgré des circonstances difficiles, notamment face à la Russie et à la Belgique où l’Équipe de France s’est présentée sans ses deux meilleurs marqueurs, Louis Labeyrie (blessé) et Edwin Jackson (passé de la Chine à Barcelone). Un nouveau coup dur qui, s’il s’est ressenti sur le plan offensif, n’a pas empêché les Bleus de continuer à verrouiller l’accès à leur cercle, confirmant son statut de meilleure défense des 32 équipes engagées dans la phase de qualification européenne. "Tout le monde se met au service de l’équipe", note Moustapha Fall. "On met nos

états d’âme de côté. Et surtout on défend dur et vu qu’on est beaucoup plus athlétique que les autres équipes… A défaut d’avoir tous nos joueurs les plus talentueux on sait qu’on a que des guerriers sur le terrain." Vincent Collet, qui avait fait de ce domaine la condition sine qua non des succès tricolores, affichait de son côté sa grande satisfaction quant au sérieux de ses troupes dans cet exercice : "La défense a été très bonne pendant quatre matches, bien meilleure que celle que nous avons présentée lors de l’EuroBasket l’été dernier. Il faudra la conserver. Les joueurs que nous allons ajouter vont nous donner des possibilités plus importantes et nous avons vu nos limites dans ce domaine, mais cela ne doit pas être au détriment de ce socle défensif qui est une marque de fabrique en Équipe de France et qui ne l’était plus l’an passé."

1 2 3 4

Pays France Russie Bosnie Belgique

V-D 4-0 2-2 2-2 0-4

Pour-Contre 293-247 296-278 271-283 247-282

Pour rappel les trois premiers de chaque poule sont qualifiés pour la seconde phase qui réunira 24 équipes réparties en quatre poules de six.

Statistiques cumulées Qualifications Joueur Louis Labeyrie Edwin Jackson Boris Diaw Paul Lacombe Moustapha Fall Hugo Invernizzi Alain Koffi Charles Kahudi Axel Bouteille Andrew Albicy Elie Okobo Jonathan Rousselle Axel Julien Mouhammadou Jaiteh Lahaou Konate William Howard Amine Noua

MJ

Min

Pct.

Rb

PD

Pts

2 2 4 4 4 2 4 2 2 4 3 1 4 4 4 1 -

25 30 23 28 21 18 15 28 14 24 13 13 13 3 8 2 -

78,6 40,0 65,2 41,2 76,2 41,7 52,0 36,4 40,0 33,3 21,4 25,0 26,7 33,3 33,3 -

6,0 6,0 4,3 3,5 3,8 5,5 2,0 6,5 2,0 1,8 1,0 1,0 2,0 0,8 0,5 -

1,0 1,5 4,3 3,0 1,5 0,5 0,3 1,0 1,5 5,0 0,3 2,0 1,8 0,8 -

12,5 12,5 10,8 10,8 9,5 7,5 7,0 6,5 6,0 5,3 3,7 3,0 2,8 0,8 0,5 -

Bellenger / IS / FFBB

QUALIFICATIONS COUPE DU MONDE 2019 >

SOIRÉE MOUS Parti à Sakarya l’été dernier après un titre de champion de France avec Chalon, Moustapha Fall ne bénéficie pas d’une grande exposition avec le promu turc. Mais son efficacité (10,5 pts, 5,7 rbds, 2,1 pds, 1,8 cts en 23’), sa sélection au All-Star Game et l’intérêt que continue de lui porter les grands d’Europe, après son choix de ne pas rejoindre le Barça, sont autant de signes que le pivot des Bleus continue de progresser. Il l’a confirmé lors de la deuxième fenêtre des qualifications, écœurant totalement la Belgique avec un record offensif (23 pts à 10/10) et une présence défensive dissuasive (3 contres). Eddy Casteels, le coach vaincu, n’évoquait d’ailleurs que le "big guy" pour expliquer sa quatrième défaite. Un impact largement supérieur à celui affiché contre la Russie. "On a discuté avec Vincent Collet sur quelques détails par rapport à mon utilisation notamment la manière dont j’aime recevoir le ballon", précisait de son côté le héros de la soirée. La veille à l’entraînement l’entraîneur des Bleus avait insisté auprès de ses extérieurs sur la nécessité d’exploiter pleinement la présence d’une telle cible. Le message est parfaitement passé et Fall a laissé entrevoir un potentiel qui ne dépareillerait pas une fois les joueurs venus de NBA ou d’Euroleague réintégrés. "Ce serait un bel accomplissement", remarquait-il à propos de la prochaine fenêtre prévue au mois de juin. "Je savais qu’au regard de toutes les absences, j’allais faire partie de l’équipe. Être dans le groupe avec tous les joueurs ce serait une vraie satisfaction." Une perspective qui intéresse au plus haut point Vincent Collet, interrogé sur l’idée d’aligner Rudy Gobert et Fall dans la même équipe : "Je voulais les associer dès l’an passé à l’EuroBasket. Je considère que dans les compétitions internationales il faut deux pivots de très grande taille." A 26 ans, Moustapha Fall a sans doute signé un bail longue durée avec la sélection.

MARS2018

11


ANDREW ALBICY >

"CHACUN SON CHEMIN" Propos recueillis par Julien Guérineau

International à 20 ans, Andrew Albicy n’avait plus fréquenté l’Équipe de France depuis la préparation des Jeux Olympiques 2012. De retour à l’occasion des fenêtres de qualification à la Coupe du Monde, le meneur d’Andorre veut prouver qu’il a grandi en Liga ACB.

La gestion d’un groupe incertain d’accéder à la compétition finale occupait beaucoup les esprits avant le lancement des fenêtres. Les joueurs semblent très bien gérer cette dimension… Pourquoi venir si c’est pour te plaindre après ? On sait à la base ce qui peut se passer. Si tu n’acceptes pas cette situation tu ne viens pas. Si tu l’acceptes tu te donnes à fond pour aller à la Coupe du Monde. Ce qui se passera ensuite c’est la vie. Sans ces fenêtres on ne serait peutêtre pas en Équipe de France. C’est une opportunité pour nous de montrer ce qu’on vaut. Et puis c’est une telle fierté de porter ce maillot. Avez-vous été inspiré par le parcours d’un Kim Tillie ou d’un Thomas Heurtel, passés par des équipes moyennes d’ACB avant d’accéder à l’Euroleague ? Chacun son chemin. Moi j’ai décidé de changer de pays, de culture, de style de jeu. C’est enrichissant et j’avais envie de nouveauté. Pour mon évolution j’en avais besoin et le championnat ACB est parfait pour moi. Tu joues dans une Ligue avec cinq équipes d’Euroleague donc le niveau est vraiment très haut. Est-ce plus aisé de se faire remarquer en ACB qu’en Pro A ?

12 BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger / IS / FFBB

En quittant les Bleus en 2012, vous étiez-vous promis de revenir en sélection ? C’était toujours un objectif. Mais à mon poste il y a beaucoup de joueurs qui sont en Euroleague. Moi je ne suis encore qu’en EuroCup. Après je peux apporter des choses différentes à cette équipe, j’ai des qualités que d’autres n’ont pas. C’est là-dessus que j’ai mes chances. L’Équipe de France c’est un niveau que je veux connaître parce que c’est là que se trouvent les meilleurs joueurs et pour une carrière c’est très positif.

Forcément. Il y a beaucoup de meneurs avec mon profil en Pro A. C’est moins le cas en ACB. Petite taille, passeur, gros défenseur. Ce sont des aspects que j’arrive à montrer et je suis respecté par rapport à ça. Ressentez-vous une attention plus grande à vos performances en Espagne ? Clairement. Mes statistiques ne sont pas forcément meilleures qu’en Pro A. Mais le retour que j’ai des autres équipes, même des plus grandes, est différent. Ils sont très attentifs à ce que j’apporte et aux résultats : pourquoi Andorre était-il à la Copa del Rey l’an passé, pourquoi était-ce aussi serré quand on jouait le Real Madrid ? Ce sont des questions qu’ils se posent, ils analysent les matches et se disent que je pourrais faire de bonnes choses plus haut. Quand j’ai signé, j’ai entendu : que va-t-il faire dans cette petite équipe. Mais je savais exactement ce que je faisais et je ne regrette absolument pas mon choix.

Pensez-vous avoir beaucoup évolué dans votre rôle de meneur de jeu ? Aujourd’hui je me sens beaucoup plus mature dans le jeu, beaucoup plus posé. J’arrive à gérer une équipe, à savoir qui servir et quand. Sans mettre beaucoup de points on apprécie les meneurs qui savent contrôler les matches. Comment expliquez-vous les difficultés individuelles et collectives que vous avez rencontrées pour votre deuxième saison à Andorre (6,8 pts, 6,1 pds en 16/17, 7,9 pts, 3,9 pds en 17/18) ? L’équipe a changé. J’ai senti la différence dès le début de saison. L’an passé nous avions des soldats qui savaient exactement quel était leur rôle. Cette fois on avait plus de joueurs désireux de démontrer leur valeur. Cela commence à aller mieux, on a beaucoup parlé et la signature de mon ami Ada Sané rééquilibre l’équipe. On a compris que c’est en gagnant qu’on peut se montrer et tout le monde se fond dans le collectif.

MARS2018 13


LFB >

LA LIGUE FÉMININE A 20 ANS De la domination du duo mythique Yannick Souvré-Cathy Melain, aux débuts de Céline Dumerc puis Sandrine Gruda en passant par la révélation du talent d’Isabelle Yacoubou, la Ligue Féminine a vu défiler les joueuses qui ont porté le basket féminin français au sommet et connu 34 clubs dans l’élite.

CJM Bourges / Bourges Basket

Lattes Montpellier

Nantes Rezé Basket

US Valenciennes Olympic

SJS Reims

Union Hainaut

Aix-en-Provence /Pays d'Aix Basket 13

ESB Villeneuve d'Ascq

SO Armentières

Waïti Bordeaux

Istres

Toulouse Métrople Basket

Cavigal Nice Sports /CNB 06

Sceaux

Hainaut Basket

USO Mondeville

Clermont-Ferrand SCAB 63

Charleville-Mézières

Tarbes GB

Roubaix

Lyon BF / Lyon Basket / ASVEL Lyon

COB Calais

Mourenx

Perpignan

Toulouse Launaguet

Challes-les-Eaux Basket

UF Angers Basket 49

Limoges ABC

Saint-Amand-les-Eaux

Roche Vendée

Strasbourg

Arras

Rennes

Basket Landes

ÉVOLUTION DU LOGO

LE PLUS DE SAISONS EN LFB 20

Bourges

18

Villeneuve d'Ascq

10

Valenciennes

20

Mondeville

15

Aix-en-Provence

10

Arras

19

Tarbes

14

Nice

10

Basket Landes

18

Lattes Montpellier

14

Calais

10

Nantes Rezé

LES JOUEUSES LES PLUS "CAPÉS" (EN NOMBRE DE MATCHES JOUÉS) 432

Céline Dumerc

392

Aurélie Bonnan

344

Magali Lacroix

411

Gaëlle Skrela

358

Emmeline Ndongue

342

Yacine Sene

401

Paoline Salagnac

357

Fatimatou Sacko

328

Caroline Aubert

En 1999, Bourges premier champion LFB

32 BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger / IS / FFBB

LES CLUBS DE LFB DEPUIS 1998

Le Berry Républicain

Sur les 12 clubs présents sur la ligne de départ de la saison inaugurale de la Ligue Féminine de Basket en 1998/99, 4 sont aujourd’hui encore présents au sommet du basket français. Mais alors que Nice et Tarbes ont connu la relégation, Bourges et Mondeville n’ont jamais quitté l’élite. 20 ans de fidélité à voir défiler les adversaires mais également quelquesunes des joueuses les plus marquantes de l’histoire du basket français. Au cours de la période 1998-2018, l’Équipe de France féminine a remporté 8 médailles internationales et les Bleues ont constitué la plus belle publicité pour la qualité du jeu pratiqué en LFB. En 2001, lors du triomphe à l’EuroBasket, au Mans, 11 internationales sur 12 évoluent en LFB. En 2009, à l’occasion de la conquête de l’or, toujours à l’EuroBasket, à Riga, elles sont encore 9 à évoluer dans l’Hexagone. Un nombre identique sur le podium des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Malgré la montée en puissance financière des clubs russes et turques, la Ligue Féminine est demeurée majoritairement le terrain de jeu prioritaire des meilleures joueuses française. La plus iconique d’entre-elles, Céline Dumerc, est ainsi la recordwoman des matches joués en LFB avec 432. La LFB l’a vue grandir tout comme Isabelle Yacoubou, Emmeline Ndongue, Endy Miyem hier. Alexia Chartereau ou Marine Johannes aujourd’hui. Iliana Rupert et Marine Fauthoux demain. Le talent n’a pas fini de s’exprimer sur les parquets de LFB.

MARS2018 33


LFB >

LA LIGUE FÉMININE A 20 ANS De la domination du duo mythique Yannick Souvré-Cathy Melain, aux débuts de Céline Dumerc puis Sandrine Gruda en passant par la révélation du talent d’Isabelle Yacoubou, la Ligue Féminine a vu défiler les joueuses qui ont porté le basket féminin français au sommet et connu 34 clubs dans l’élite.

CJM Bourges / Bourges Basket

Lattes Montpellier

Nantes Rezé Basket

US Valenciennes Olympic

SJS Reims

Union Hainaut

Aix-en-Provence /Pays d'Aix Basket 13

ESB Villeneuve d'Ascq

SO Armentières

Waïti Bordeaux

Istres

Toulouse Métrople Basket

Cavigal Nice Sports /CNB 06

Sceaux

Hainaut Basket

USO Mondeville

Clermont-Ferrand SCAB 63

Charleville-Mézières

Tarbes GB

Roubaix

Lyon BF / Lyon Basket / ASVEL Lyon

COB Calais

Mourenx

Perpignan

Toulouse Launaguet

Challes-les-Eaux Basket

UF Angers Basket 49

Limoges ABC

Saint-Amand-les-Eaux

Roche Vendée

Strasbourg

Arras

Rennes

Basket Landes

ÉVOLUTION DU LOGO

LE PLUS DE SAISONS EN LFB 20

Bourges

18

Villeneuve d'Ascq

10

Valenciennes

20

Mondeville

15

Aix-en-Provence

10

Arras

19

Tarbes

14

Nice

10

Basket Landes

18

Lattes Montpellier

14

Calais

10

Nantes Rezé

LES JOUEUSES LES PLUS "CAPÉS" (EN NOMBRE DE MATCHES JOUÉS) 432

Céline Dumerc

392

Aurélie Bonnan

344

Magali Lacroix

411

Gaëlle Skrela

358

Emmeline Ndongue

342

Yacine Sene

401

Paoline Salagnac

357

Fatimatou Sacko

328

Caroline Aubert

En 1999, Bourges premier champion LFB

32 BASKETBALLMAGAZINE

Bellenger / IS / FFBB

LES CLUBS DE LFB DEPUIS 1998

Le Berry Républicain

Sur les 12 clubs présents sur la ligne de départ de la saison inaugurale de la Ligue Féminine de Basket en 1998/99, 4 sont aujourd’hui encore présents au sommet du basket français. Mais alors que Nice et Tarbes ont connu la relégation, Bourges et Mondeville n’ont jamais quitté l’élite. 20 ans de fidélité à voir défiler les adversaires mais également quelquesunes des joueuses les plus marquantes de l’histoire du basket français. Au cours de la période 1998-2018, l’Équipe de France féminine a remporté 8 médailles internationales et les Bleues ont constitué la plus belle publicité pour la qualité du jeu pratiqué en LFB. En 2001, lors du triomphe à l’EuroBasket, au Mans, 11 internationales sur 12 évoluent en LFB. En 2009, à l’occasion de la conquête de l’or, toujours à l’EuroBasket, à Riga, elles sont encore 9 à évoluer dans l’Hexagone. Un nombre identique sur le podium des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Malgré la montée en puissance financière des clubs russes et turques, la Ligue Féminine est demeurée majoritairement le terrain de jeu prioritaire des meilleures joueuses française. La plus iconique d’entre-elles, Céline Dumerc, est ainsi la recordwoman des matches joués en LFB avec 432. La LFB l’a vue grandir tout comme Isabelle Yacoubou, Emmeline Ndongue, Endy Miyem hier. Alexia Chartereau ou Marine Johannes aujourd’hui. Iliana Rupert et Marine Fauthoux demain. Le talent n’a pas fini de s’exprimer sur les parquets de LFB.

MARS2018 33


LFB >

personne idoine, est-ce un choix par défaut ?" Les gens du milieu ont été polis (il rit). Ils m’ont très bien accueilli. Je connais les problématiques et finalement je m’y suis très bien fait. D’ailleurs du point de vue du technicien je prends beaucoup de plaisir à regarder le basket féminin où on perçoit vraiment le travail de l’entraîneur.

"DONNER UNE MÊME DIRECTION À TOUS" Propos recueillis par Julien Guérineau

Vice-Président de la FFBB, dirigeant historique du Hyères-Toulon Var Basket en Pro A, Philippe Legname est le Président de la Ligue Féminine de Basket depuis janvier 2013. Comment définiriez-vous le rôle d’une Ligue vis-à-vis de ses clubs ? Le rôle de la Ligue est d’organiser le championnat de Ligue Féminine, être d’un apport au niveau du marketing, de la communication, du rayonnement des clubs. Ensuite il y a un aspect humain avec les relations que l’on entretient avec les clubs. Chaque Président est une personnalité différente et ils ne s’entendent pas forcément. Quand les intérêts particuliers entrent en jeu, ils peuvent vite se désolidariser. Le rôle de la Ligue c’est de les fédérer et de donner une même direction à tous.

Quel rapport entretenez-vous personnellement avec les clubs féminins ? Je me déplace beaucoup. Dans l’année, j’ai vu pratiquement tous les clubs, et parfois plusieurs fois. En dehors de mon poste de Président de la LFB, j’assure aussi le haut niveau masculin NM1, la LF2 et j’ai mes missions de vice-Président de la FFBB. Sur une saison je fais 20 visites auprès des clubs. Le lien est permanent. La LFB a vu le jour 11 ans après la LNB. Quelle est la principale différence entre les deux entités ? La LNB est une ligue indépendante. Elle est gérée par les clubs professionnels qui

donnent 120.000€ (Pro A) et 60.000€ (Pro B) par an pour rémunérer le personnel de la LNB qui bénéficie, par ailleurs, des revenus du contrat télé et du marketing. La LFB n’a pas ses propres rentrées. C’est donc la FFBB qui assume les coûts de fonctionnement de la LFB. L’autonomie s’heurte donc à la réalité économique… Économiquement et même si les choses évoluent, les gros partenaires vont vers le sport masculin. Ce n’est pas la responsabilité de la LFB. Les ressources ne sont pas les mêmes. En revanche on entend un discours volontariste au niveau de l’Etat. Mais il faut faire évoluer les mentalités et séduire le public qui est moins nombreux dans les stades et les salles. Ce n’est pas évident, mis à part Bourges qui est un cas d’école. C’est un créneau pris dans une ville où il manquait d’un sport de haut niveau. Pierre Fosset a fait un travail extraordinaire en implantant le basket qui devenu le sport numéro un. C’est une réussite exceptionnelle. Charleville tend vers ça. J’ai assisté à un match de coupe d’Europe avec 2500 spectateurs dans la salle, 500 personnes au VIP derrière.

Bellenger / IS / FFBB

Toujours Manager Général de HyèresToulon en Pro A vous avez toujours été associé au basket masculin. De quelle manière s’est passée votre arrivée à la présidence de la LFB ? Quand Jean-Pierre Siutat a été élu en 2012, il a rencontré les membres du Comité Directeur de la FFBB. J’étais responsable de la NM1 et il a souhaité me confier la LFB et le haut niveau. Je lui ai immédiatement demandé : "je suis un spécialiste du basket masculin, es-tu certain que je suis la

34 BASKETBALLMAGAZINE

Quelles étaient les axes prioritaires à votre arrivée ? Jean-Pierre Siutat a été le moteur du développement de la Ligue Féminine. Cet homme a une idée toutes les trois minutes et une capacité de création extraordinaire. Je n’ai pas cette capacité. Ce qui m’intéressait c’était de pérenniser la LFB au niveau économique. Ce qui était terrible c’est la disparition de bastions historiques comme Valenciennes ou Challes. C’est comme si la LNB perdait Limoges et Villeurbanne. Je crois beaucoup aux fondations. D’où la création du contrôle de gestion qui assure

beaucoup d’actions de l’ombre dont on ne parle pas mais qui sont indispensables. L’arrivée constante de jeunes joueuses au sein de la LFB comme Marine Johannes ou Alexia Chartereau vous rend-elle confiant quant à l’avenir de la Ligue ? Les filles sont plus précoces et quand elles arrivent à 18-19 ans, elles sont prêtes à jouer en Ligue Féminine. Le Centre Fédéral a fait ses preuves et sort chaque année des internationales chez les jeunes qui sont aptes à apporter aux clubs professionnels. Pourra-t-on les conserver ensuite ? Il y a quelques années, Bourges était le seul club au-dessus 1,5 million d’euros de budget. Ils sont 5-6 aujourd’hui. C’est un vrai marqueur de développement. Un Président de Ligue ne peut que se réjouir que la concurrence augmente. Cela veut dire de meilleures joueuses et un championnat de meilleure qualité.

THIERRY BALESTRIÈRE

"JE SUIS TOMBÉ DE MA CHAISE" L’actuel Secrétaire Général de la FFBB se souvient de sa prise de fonction à la présidence de la LFB. Un poste qu’il occupera pendant un peu plus de 4 ans. Quand Yvan Mainini a été réélu en 2008, il a positionné Jean-Pierre Siutat comme premier vice-Président de la FFBB. Dans cette logique il avait besoin de quelqu’un pour reprendre la Ligue Féminine. Quand ils m’ont demandé si ce challenge m’intéressait je suis tombé de ma chaise. Je ne connaissais pas le sport de haut niveau et encore moins le basket féminin de haut niveau. Je n’avais aucune pré-disposition pour ce poste. J’ai accepté la mission en la prenant comme une opportunité. Le plus difficile au départ était la situation économique des clubs de LFB. Tous les ans ou presque un club explosait en vol et la Commission de Contrôle de Gestion devait faire face à de nombreux problèmes pour engager les clubs. Il fallait impérativement que les clubs se structurent et tiennent la route économiquement. J’ai été très ferme sur le respect des règles et j’ai eu la chance de travailler en qualité avec la Commission de Contrôle de Gestion. Le deuxième chantier concernait le gentleman agreement quant à la place réservée aux joueuses étrangères dans les effectifs. Cela ne tenait que par un engagement verbal et les Bellenger / IS / FFBB

PHILIPPE LEGNAME PRÉSIDENT DE LA LFB

l’équité du championnat. Les subventions municipales sont appelées à terme à diminuer ou à disparaître. Les clubs féminins conservent une forte dépendance à ces subventions et nous les avons alertés sur ce sujet. Ensuite il fallait rendre le championnat plus attrayant et protéger les clubs disputant l’Euroligue. Globalement il s’est passé beaucoup de choses en 20 ans. La création de l’Open, les pré-Open, Championnes de Cœur, un système de championnat et de playoffs revus, la remise des trophées en commun avec les garçons dans quelques semaines. Nous avons une douzaine de matches télévisés et nous avons un très bon rapport avec SFR et David Cozette qui sont très favorables à ces diffusions. C’est le premier secteur sur lequel on travaille. Ensuite LFB TV diffuse une quinzaine de rencontres par saison. C’est un coût entièrement supporté par la Ligue Féminine. Pour moi c’est un juste retour vis-à-vis des clubs. Et il y a

réunions avec les Présidents étaient très compliquées. L’apparition des couleurs de licence nous a permis de donner un cadre

juridique à la situation et de résoudre la question. Le dernier point sur lequel nous avons travaillé c’est LFB TV pour convaincre les clubs de diffuser du basket féminin sur internet car nous n’aurions jamais ou trop peu de diffusion classique à la télévision. J’ai apporté ce que je sais faire : de la méthode, de la rigueur, notamment sur les sujets économiques. Et puis, modestement, j’ai essayé de faire travailler les clubs entre eux en simplifiant la gouvernance. Je voyais fréquemment un groupe de quatre Présidents pour avancer sur tous les sujets. Charge à eux ensuite d’avoir à leur tour d’autres Présidents auprès de qui décliner ou capter les informations. La période était favorable pour le basket féminin avec le titre de championne d’Europe de l’Equipe de France en 2009. Nous l’avions utilisé comme un fil conducteur toute la saison. Chaque fois qu’une championne d’Europe se déplaçait les joueuses étaient mises en avant dans les salles. Et l’effet encore plus important c’est 2012 et les Jeux Olympiques. L’Open LFB qui a suivi était extraordinaire. C’était l’émeute. La Ligue en a forcément tiré des bénéfices."

MARS2018 MARS2018 35 35


LFB >

personne idoine, est-ce un choix par défaut ?" Les gens du milieu ont été polis (il rit). Ils m’ont très bien accueilli. Je connais les problématiques et finalement je m’y suis très bien fait. D’ailleurs du point de vue du technicien je prends beaucoup de plaisir à regarder le basket féminin où on perçoit vraiment le travail de l’entraîneur.

"DONNER UNE MÊME DIRECTION À TOUS" Propos recueillis par Julien Guérineau

Vice-Président de la FFBB, dirigeant historique du Hyères-Toulon Var Basket en Pro A, Philippe Legname est le Président de la Ligue Féminine de Basket depuis janvier 2013. Comment définiriez-vous le rôle d’une Ligue vis-à-vis de ses clubs ? Le rôle de la Ligue est d’organiser le championnat de Ligue Féminine, être d’un apport au niveau du marketing, de la communication, du rayonnement des clubs. Ensuite il y a un aspect humain avec les relations que l’on entretient avec les clubs. Chaque Président est une personnalité différente et ils ne s’entendent pas forcément. Quand les intérêts particuliers entrent en jeu, ils peuvent vite se désolidariser. Le rôle de la Ligue c’est de les fédérer et de donner une même direction à tous.

Quel rapport entretenez-vous personnellement avec les clubs féminins ? Je me déplace beaucoup. Dans l’année, j’ai vu pratiquement tous les clubs, et parfois plusieurs fois. En dehors de mon poste de Président de la LFB, j’assure aussi le haut niveau masculin NM1, la LF2 et j’ai mes missions de vice-Président de la FFBB. Sur une saison je fais 20 visites auprès des clubs. Le lien est permanent. La LFB a vu le jour 11 ans après la LNB. Quelle est la principale différence entre les deux entités ? La LNB est une ligue indépendante. Elle est gérée par les clubs professionnels qui

donnent 120.000€ (Pro A) et 60.000€ (Pro B) par an pour rémunérer le personnel de la LNB qui bénéficie, par ailleurs, des revenus du contrat télé et du marketing. La LFB n’a pas ses propres rentrées. C’est donc la FFBB qui assume les coûts de fonctionnement de la LFB. L’autonomie s’heurte donc à la réalité économique… Économiquement et même si les choses évoluent, les gros partenaires vont vers le sport masculin. Ce n’est pas la responsabilité de la LFB. Les ressources ne sont pas les mêmes. En revanche on entend un discours volontariste au niveau de l’Etat. Mais il faut faire évoluer les mentalités et séduire le public qui est moins nombreux dans les stades et les salles. Ce n’est pas évident, mis à part Bourges qui est un cas d’école. C’est un créneau pris dans une ville où il manquait d’un sport de haut niveau. Pierre Fosset a fait un travail extraordinaire en implantant le basket qui devenu le sport numéro un. C’est une réussite exceptionnelle. Charleville tend vers ça. J’ai assisté à un match de coupe d’Europe avec 2500 spectateurs dans la salle, 500 personnes au VIP derrière.

Bellenger / IS / FFBB

Toujours Manager Général de HyèresToulon en Pro A vous avez toujours été associé au basket masculin. De quelle manière s’est passée votre arrivée à la présidence de la LFB ? Quand Jean-Pierre Siutat a été élu en 2012, il a rencontré les membres du Comité Directeur de la FFBB. J’étais responsable de la NM1 et il a souhaité me confier la LFB et le haut niveau. Je lui ai immédiatement demandé : "je suis un spécialiste du basket masculin, es-tu certain que je suis la

34 BASKETBALLMAGAZINE

Quelles étaient les axes prioritaires à votre arrivée ? Jean-Pierre Siutat a été le moteur du développement de la Ligue Féminine. Cet homme a une idée toutes les trois minutes et une capacité de création extraordinaire. Je n’ai pas cette capacité. Ce qui m’intéressait c’était de pérenniser la LFB au niveau économique. Ce qui était terrible c’est la disparition de bastions historiques comme Valenciennes ou Challes. C’est comme si la LNB perdait Limoges et Villeurbanne. Je crois beaucoup aux fondations. D’où la création du contrôle de gestion qui assure

beaucoup d’actions de l’ombre dont on ne parle pas mais qui sont indispensables. L’arrivée constante de jeunes joueuses au sein de la LFB comme Marine Johannes ou Alexia Chartereau vous rend-elle confiant quant à l’avenir de la Ligue ? Les filles sont plus précoces et quand elles arrivent à 18-19 ans, elles sont prêtes à jouer en Ligue Féminine. Le Centre Fédéral a fait ses preuves et sort chaque année des internationales chez les jeunes qui sont aptes à apporter aux clubs professionnels. Pourra-t-on les conserver ensuite ? Il y a quelques années, Bourges était le seul club au-dessus 1,5 million d’euros de budget. Ils sont 5-6 aujourd’hui. C’est un vrai marqueur de développement. Un Président de Ligue ne peut que se réjouir que la concurrence augmente. Cela veut dire de meilleures joueuses et un championnat de meilleure qualité.

THIERRY BALESTRIÈRE

"JE SUIS TOMBÉ DE MA CHAISE" L’actuel Secrétaire Général de la FFBB se souvient de sa prise de fonction à la présidence de la LFB. Un poste qu’il occupera pendant un peu plus de 4 ans. Quand Yvan Mainini a été réélu en 2008, il a positionné Jean-Pierre Siutat comme premier vice-Président de la FFBB. Dans cette logique il avait besoin de quelqu’un pour reprendre la Ligue Féminine. Quand ils m’ont demandé si ce challenge m’intéressait je suis tombé de ma chaise. Je ne connaissais pas le sport de haut niveau et encore moins le basket féminin de haut niveau. Je n’avais aucune pré-disposition pour ce poste. J’ai accepté la mission en la prenant comme une opportunité. Le plus difficile au départ était la situation économique des clubs de LFB. Tous les ans ou presque un club explosait en vol et la Commission de Contrôle de Gestion devait faire face à de nombreux problèmes pour engager les clubs. Il fallait impérativement que les clubs se structurent et tiennent la route économiquement. J’ai été très ferme sur le respect des règles et j’ai eu la chance de travailler en qualité avec la Commission de Contrôle de Gestion. Le deuxième chantier concernait le gentleman agreement quant à la place réservée aux joueuses étrangères dans les effectifs. Cela ne tenait que par un engagement verbal et les Bellenger / IS / FFBB

PHILIPPE LEGNAME PRÉSIDENT DE LA LFB

l’équité du championnat. Les subventions municipales sont appelées à terme à diminuer ou à disparaître. Les clubs féminins conservent une forte dépendance à ces subventions et nous les avons alertés sur ce sujet. Ensuite il fallait rendre le championnat plus attrayant et protéger les clubs disputant l’Euroligue. Globalement il s’est passé beaucoup de choses en 20 ans. La création de l’Open, les pré-Open, Championnes de Cœur, un système de championnat et de playoffs revus, la remise des trophées en commun avec les garçons dans quelques semaines. Nous avons une douzaine de matches télévisés et nous avons un très bon rapport avec SFR et David Cozette qui sont très favorables à ces diffusions. C’est le premier secteur sur lequel on travaille. Ensuite LFB TV diffuse une quinzaine de rencontres par saison. C’est un coût entièrement supporté par la Ligue Féminine. Pour moi c’est un juste retour vis-à-vis des clubs. Et il y a

réunions avec les Présidents étaient très compliquées. L’apparition des couleurs de licence nous a permis de donner un cadre

juridique à la situation et de résoudre la question. Le dernier point sur lequel nous avons travaillé c’est LFB TV pour convaincre les clubs de diffuser du basket féminin sur internet car nous n’aurions jamais ou trop peu de diffusion classique à la télévision. J’ai apporté ce que je sais faire : de la méthode, de la rigueur, notamment sur les sujets économiques. Et puis, modestement, j’ai essayé de faire travailler les clubs entre eux en simplifiant la gouvernance. Je voyais fréquemment un groupe de quatre Présidents pour avancer sur tous les sujets. Charge à eux ensuite d’avoir à leur tour d’autres Présidents auprès de qui décliner ou capter les informations. La période était favorable pour le basket féminin avec le titre de championne d’Europe de l’Equipe de France en 2009. Nous l’avions utilisé comme un fil conducteur toute la saison. Chaque fois qu’une championne d’Europe se déplaçait les joueuses étaient mises en avant dans les salles. Et l’effet encore plus important c’est 2012 et les Jeux Olympiques. L’Open LFB qui a suivi était extraordinaire. C’était l’émeute. La Ligue en a forcément tiré des bénéfices."

MARS2018 MARS2018 35 35


Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

Photo 4

Photo 5

Dans un souci de formation, le choix de l’enseignement d’une défense agressive telle que le step out est intéressant. Il sera plus facile pédagogiquement par la suite de mettre en place des stratégies moins volontaristes. Le code de communication pour l’enclenchement collectif de cette défense est : "ROUGE".

Photo 6

- Le défenseur du porteur de balle devra passer au-dessus de l’écran avec pour objectif une reprise de son joueur le plus vite possible. Il est primordial que cette reprise se fasse de façon agressive avec un volume de bras important (zone bleue) ; l’objectif étant de rendre les possibilités de passe les plus difficiles possible. (cf. schémas 48 et 49 et Photo 6)

2

- Le défenseur du poseur d’écran devra annoncer "ROUGE" pour alerter ses coéquipiers de l’intention de son attaquant d’aller poser un écran. Cette annonce sera très précoce, avec un haut volume de voix et répétitive pendant toute la course du poseur. Il devra ensuite se positionner afin de pouvoir sortir en step out. Il effectuera alors un arrêt alternatif engagé avec une orientation perpendiculaire à la ligne d’épaules du porteur de balle. Techniquement il posera son pied de pivot à hauteur de l’appui le plus haut du porteur d’écran. Il sera fléchi au contact du poseur et son autre main prête à chasser le ballon.

2

5

4

5 1

4

1

- Les deux défenseurs des attaquants à une passe devront se positionner sur les lignes de passes pour jouer le rôle d’intercepteurs ; leurs joueurs représentant les opportunités de passes les plus simples pour le porteur. (cf. schéma 50)

schéma 50

5

5

- A l’annonce "ROUGE", le défenseur du porteur de balle devra alors monter en pression en orientant l’attaquant dans l’écran. Techniquement il devra avancer en premier le pied le plus éloigné de l’écran. Cette agressivité sur la balle enclenchera une action de recul du porteur et augmentera la distance à parcourir pour le poseur. (cf. schéma 47 et Photos 4 et 5)

ROUGE

1 1

schéma 47

Lorsque le porteur de balle utilise le pick : - Le défenseur du poseur d’écran enclenchera deux appuis vers la ligne médiane pour faire reculer et stopper le porteur de balle. Une fois ce premier objectif réalisé il devra reprendre en sprint son joueur sur la ligne de passe.

3

1

1 1

schéma 51

3

2

3 5

4

2

5

1 1

1

5 1

5

1

schéma 48

schéma 49

En bleu zone de pression balle

- Le défenseur du joueur à 2 passes devra jouer le rôle de safety car son joueur représente l’opportunité de passe la plus complexe pour le porteur. Ce sera toujours le défenseur dont le joueur se trouve le plus bas et du côté où il y a 2 attaquants. Il ne doit pas hésiter à se positionner le plus haut possible. (cf. schéma 51)

5

5

4

5 5

3

schéma 52

56

Cette stratégie défensive respecte les principes de la défense à hauteur. (cf. schéma 52) : - Agressivité sur le porteur de balle - Couper les lignes de passes - Les aides positionnelles - Activation d’une collaboration défensive qui autorise la passe la plus difficile

Afin de développer chez les jeunes joueurs, la reconnaissance des différentes situations, nous vous recommandons d’installer durant la saison au moins deux types de défenses sur pick and roll. (Le step out et le switch par exemple).

75,60 84,70

CONCLUSION Pour résumé la défense à hauteur c’est : - De la pression sur la balle - Des défenseurs non porteurs sur les lignes de passes - Des stratégies collectives volontaristes C’est une défense qui demande une énorme dépense d’énergie, elle est indissociable d’un travail de préparation physique régulier.

28 BASKETBALLMAGAZINE

Pour conclure, la défense à hauteur est une organisation défensive ambitieuse qui doit se construire dès les jeunes catégories. Elle permet de sensibiliser très tôt sur la notion de responsabilité individuelle et l’enjeu majeur de notre formation repose sur la compréhension de nos jeunes joueurs à défendre en avançant. Ce challenge est important pour tous les entraîneurs, car la défense à hauteur est et sera la défense du haut niveau international.

MARS2018 29


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.