Minimag 848

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LES ÉQUIPES DE FRANCE DE JEUNES COUPE DU MONDE 3X3

N°848 - JUILLET2018 - WWW.FFBB.COM

20 ANS LFB

EVAN FOURNIER

OBJECTIF COUPE DU MONDE


EVAN FOURNIER >

"J’AI ENVIE D’ÊTRE CHAMPION" Propos recueillis par Julien Guérineau

Le meilleur marqueur de l’Équipe de France au dernier EuroBasket et meilleur marqueur tricolore en NBA avec le Orlando Magic a disputé les deux rencontres de qualification à la Coupe du Monde le 28 juin en Bosnie puis le 2 juillet en Russie. Evan Fournier (1,99 m, 25 ans) évoque avec sincérité son obsession pour la gagne, ses ambitions pour les Bleus et offre une opinion tranchée sur les fenêtres FIBA qui reprendront en septembre.

10 BASKETBALLMAGAZINE

Étiez-vous inquiet quant aux résultats de l’Équipe de France ? J’avais zéro inquiétude. Et même si on avait perdu tous les matches je suis sûr qu’on aurait trouvé un moyen de magouiller pour que l’Équipe de France aille à la Coupe du Monde (il sourit). Ce n’est pas possible que des grosses nations manquent cette compétition juste à cause d’un format débile où le cœur de l’équipe n’est pas là parce que les joueurs évoluent en NBA ou en Euroleague. C’est inconcevable !

Est-il plus facile ou plus compliqué d’expliquer ce nouveau calendrier à sa franchise ? Moi, ma franchise m’a toujours laissé tranquille. Il y a beaucoup de fantasmes autour de cette question. Beaucoup de clichés. En NBA il y a un propriétaire clairement opposé aux compétitions FIBA. C’est Mark Cuban. Mais c’est le seul. Pour lui c’est mauvais pour son business. Moi on ne m’a jamais cassé les pieds. Boris on ne lui a jamais cassé les pieds. Après, bien évidemment si tu demandes à un GM s’il préfère que son joueur joue ou se repose…

Comment avez-vous suivi les quatre premiers matches de qualification des Bleus en novembre et février ? Je n’ai pas vu les matches. Seulement les highlights. J’avais des potes dans l’équipe donc je suivais les résultats à distance. J’étais souvent en contact avec Lahaou Konate. Mais ça s’arrête là.

ZUMA / Panoramic

Bellenger / IS / FFBB

C’est la première fois que vous retrouvez les Bleus pour des matches de qualification. Comment abordez-vous ce nouveau format ? Si je pouvais choisir je préférerais avoir une compétition ou ne rien avoir du tout. Nous sommes dans un objectif de qualification pour la Coupe du Monde mais la formule avec une qualification via un EuroBasket me plaisait beaucoup plus. Le problème n’est pas tant d’avoir deux matches. C’est le fait d’avoir trois entraînements et de partir au charbon derrière. C’est débile, mal fait. Je sais que c’est du business mais je trouve ça très égoïste. En tant que joueur tu ne réfléchis pas et tu donnes tout. Je fais très attention à la façon dont je m’entraîne et me prépare. Je n’ai pas joué de matches depuis mars mais avant de rejoindre l’Équipe de France j’ai fait sept semaines de préparation intensive. Pourtant au premier entraînement j’étais cuit. Mal au dos, mal aux genoux. Les conditions sont réunies pour se blesser. Dans le cadre d’une compétition, les matches amicaux ont un sens. Là c’est direct. Mais même si je trouve ça bidon, la situation est la même pour toutes les équipes.

JUILLET2018

11


EVAN FOURNIER >

"J’AI ENVIE D’ÊTRE CHAMPION" Propos recueillis par Julien Guérineau

Le meilleur marqueur de l’Équipe de France au dernier EuroBasket et meilleur marqueur tricolore en NBA avec le Orlando Magic a disputé les deux rencontres de qualification à la Coupe du Monde le 28 juin en Bosnie puis le 2 juillet en Russie. Evan Fournier (1,99 m, 25 ans) évoque avec sincérité son obsession pour la gagne, ses ambitions pour les Bleus et offre une opinion tranchée sur les fenêtres FIBA qui reprendront en septembre.

10 BASKETBALLMAGAZINE

Étiez-vous inquiet quant aux résultats de l’Équipe de France ? J’avais zéro inquiétude. Et même si on avait perdu tous les matches je suis sûr qu’on aurait trouvé un moyen de magouiller pour que l’Équipe de France aille à la Coupe du Monde (il sourit). Ce n’est pas possible que des grosses nations manquent cette compétition juste à cause d’un format débile où le cœur de l’équipe n’est pas là parce que les joueurs évoluent en NBA ou en Euroleague. C’est inconcevable !

Est-il plus facile ou plus compliqué d’expliquer ce nouveau calendrier à sa franchise ? Moi, ma franchise m’a toujours laissé tranquille. Il y a beaucoup de fantasmes autour de cette question. Beaucoup de clichés. En NBA il y a un propriétaire clairement opposé aux compétitions FIBA. C’est Mark Cuban. Mais c’est le seul. Pour lui c’est mauvais pour son business. Moi on ne m’a jamais cassé les pieds. Boris on ne lui a jamais cassé les pieds. Après, bien évidemment si tu demandes à un GM s’il préfère que son joueur joue ou se repose…

Comment avez-vous suivi les quatre premiers matches de qualification des Bleus en novembre et février ? Je n’ai pas vu les matches. Seulement les highlights. J’avais des potes dans l’équipe donc je suivais les résultats à distance. J’étais souvent en contact avec Lahaou Konate. Mais ça s’arrête là.

ZUMA / Panoramic

Bellenger / IS / FFBB

C’est la première fois que vous retrouvez les Bleus pour des matches de qualification. Comment abordez-vous ce nouveau format ? Si je pouvais choisir je préférerais avoir une compétition ou ne rien avoir du tout. Nous sommes dans un objectif de qualification pour la Coupe du Monde mais la formule avec une qualification via un EuroBasket me plaisait beaucoup plus. Le problème n’est pas tant d’avoir deux matches. C’est le fait d’avoir trois entraînements et de partir au charbon derrière. C’est débile, mal fait. Je sais que c’est du business mais je trouve ça très égoïste. En tant que joueur tu ne réfléchis pas et tu donnes tout. Je fais très attention à la façon dont je m’entraîne et me prépare. Je n’ai pas joué de matches depuis mars mais avant de rejoindre l’Équipe de France j’ai fait sept semaines de préparation intensive. Pourtant au premier entraînement j’étais cuit. Mal au dos, mal aux genoux. Les conditions sont réunies pour se blesser. Dans le cadre d’une compétition, les matches amicaux ont un sens. Là c’est direct. Mais même si je trouve ça bidon, la situation est la même pour toutes les équipes.

JUILLET2018

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Bellenger / IS / FFBB

Estimez-vous que les fenêtres peuvent permettre de construire une cohésion, un style en prévision de 2019 ? Pas vraiment. Chaque année tu dois te réinventer. A titre individuel cela peut te servir mais collectivement je ne pense pas. Personnellement tu peux découvrir comment tu gères deux matches à l’extérieur dans un environnement particulier, avec peu de préparation. Mais c’est pour toi. Au niveau de l’équipe je ne suis pas certain. Vous avez déclaré ne plus penser à l’EuroBasket 2017 (12e place), est-ce vrai ? C’est vrai. Je ne suis pas menteur ! Je suis vite passé à autre chose parce que sur le dernier match de l’EuroBasket, je suis allé au bout de moi-même. J’ai donné tout ce que j’avais à donner. Je ne pouvais pas faire plus. Quand tu as ce sentiment-là, tu peux accepter plus facilement la défaite. Le soir-même je suis allé au restaurant avec ma femme et mes parents et c’était fini, je passais à la suite. J’ai toujours été capable de passer à un nouvel objectif. Même si parfois c’est plus dur que d’autres. La défaite contre l’Espagne en demi-finale de l’EuroBasket 2015, à Lille, j’ai mis du temps à digérer. Mais ce n’était pas le même type de regrets. Arrivez-vous à vous projeter vers la Chine et 2019 ? Carrément. En plus la Coupe du Monde j’en garde un souvenir superbe. D’ailleurs le seul point positif du nouveau format c’est qu’il va donner plus d’importance à cette compétition alors que souvent c’était l’année où les joueurs choisissaient de se reposer. Là tu dois être présent pour aller aux Jeux à Tokyo.

Bellenger / IS / FFBB

A titre personnel quels souvenirs gardezvous de la Coupe du Monde ? Je n’ai jamais regardé une Coupe du Monde. A part en 2006 quand j’étais au Camp National au Temple-sur-Lot. La France jouait un huitième de finale contre l’Angola. C’est le seul match. J’avais donc cet a priori avant de participer. Mais ensuite tu ouvres les yeux. Ce n’est pas plus beau qu’un EuroBasket parce qu’un Euro tu fais ça depuis que tu es gamin. Mais c’est une compétition si particulière avec des pays que tu n’affrontes jamais. Et puis il y a les Américains. Cela donne une dynamique particulière. Au-delà de notre médaille, j’ai adoré cette Coupe du Monde.

12 BASKETBALLMAGAZINE

Vous faites partie des joueurs NBA présents pour la fenêtre de qualification. Vous semblez particulièrement fatigué d’avoir à répondre aux interrogations sur votre présence ou non en Équipe de France ?

PARIS COUBERTIN

7.8.9 SEPT.2018

TOURNOI ÉQUIPE DE FRANCE FÉMININE

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JUILLET2018 13


Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

C’est un challenge. Mais je sais qu’on est capable de le faire. Comment s’est passée votre préparation depuis la fin de la saison NBA ? Ma blessure au genou a changé la donne. J’essaye toujours de m’améliorer, d’étudier la façon dont je m’entraîne. Cette année j’ai quitté Orlando pour aller à Miami dans un centre spécialisé sur la bio mécanique avec des entraîneurs différents. Et au niveau basket j’ai fait du travail très spécifique sur le tir à mi-distance.

Bellenger / IS / FFBB

En six saisons NBA vous n’avez connu les playoffs que lors de votre année rookie. Comment conservez-vous la flamme ? C’est dur parfois.

Alors la question "est-ce que tu viens cet été", je n’en peux plus ! Ça me gonfle ! Soit c’est parce que tu cherches à faire ton titre, soit tu remets en question mon envie et mon implication en Équipe de France. On me le dit comme si j’avais déjà refusé les Bleus. On n’a pas voulu de moi deux fois mais perso j’étais là. L’autre question récurrente l’an passé concernait le statut de leader en Équipe de France. Quel est votre avis sur ce sujet ? Sur le leadership on ose moins me la poser. Lors de l’EuroBasket l’an passé c’était très présent. Mais c’est bidon. En NBA il y a effectivement une politique de mise en avant : les maillots, les social media, qui fait la couverture. Mais même en NBA, le terrain décide. Quand tu es joueur tu es dans ta compétition et tu essayes de performer le mieux possible. Ce n’est pas une question d’être leader ou pas. Tu veux jouer le mieux possible. Leader

14 BASKETBALLMAGAZINE

c’est quoi ? Tu parles à voix haute dans les vestiaires ? Mais non… En fin de carrière en Bleu, Tony Parker était obsédé à l’idée de gagner un titre. Pensezvous qu’en voyant les années passer vous aurez ce même état d’esprit ? Je l’ai déjà. J’ai été vice-champion d’Europe en U18. Troisième à l’Euro U20. Quand l’Équipe de France est championne d’Europe en 2013 je ne suis pas là. Ça me manque ! J’ai envie d’être champion. Champion. Champion ! Je le pense vraiment. Gagner une médaille d’argent à la Coupe du Monde ou aux Jeux Olympiques c’est une très belle performance. Mais tu n’es pas champion. Il y aura eu meilleur que toi et tu ne termines pas sur la meilleure des notes. Avec désormais un EuroBasket tous les quatre ans la tâche est encore plus rude… (il explose de rire) Ils font chier c’est vrai.

Les free-agents, la draft, est-ce ainsi que l’on trouve une nouvelle motivation ? Ça c’est le piège. C’est le meilleur moyen d’être déçu. Moi j’ai pris un vrai coup sur la tête en 2016 quand Serge Ibaka et Franck Vogel ont signé. J’ai pensé que ça irait mieux et finalement cela a été encore plus dur. Il faut se mettre dans une bulle et penser très égoïstement : je ne peux pas contrôler si l’équipe sera forte ou pas mais je peux contrôler comment je m’entraîne et quelle énergie je mets dans les matches. Et espérer que tout le monde pense de la même manière.

56

Comment juge-t-on une carrière NBA ? Je crois que le plus important c’est la longévité. Combien d’années tu as pu jouer et combien d’années tu as pu jouer en restant performant. Parce que si sur 10 ans tu en as passé 5 sans jouer ou presque… Ensuite quel était ton niveau de performance. Et enfin ta réussite collective. Tu ne peux pas dissocier les deux. Alors que vous souhaitez gagner plus que tout, quel est votre avis sur ces joueurs qui rejoignent des "super teams" pour mettre toute les chances de leur côté pour gagner un titre ? C’est au cas par cas et c’est aussi une question d’âge. Mais je pense que les médias ont une lourde responsabilité. On compare tellement les joueurs. Et l’argument au final c’est combien de titres a-t-il gagné. Si Kevin Durant est parti à Golden State c’est pour qu’on dise qu’il fait partie de cette catégorie de joueurs. Pour moi être le franchise player de son équipe, rester compétitif toute sa carrière avec sa franchise, cela a peut-être plus de valeur qu’un titre. Je pense à Damian Lillard à Portland. Il ne gagnera pas le titre mais il va laisser une trace, un héritage.

75,60 84,70

JUILLET2018 15


3X3 COUPE DU MONDE >

LES BLEUES EN BRONZE Par Fantine Tessereau, Photos FIBA

En l’absence de l’Équipe de France masculine, qui n’a pas eu l’opportunité de défendre sa médaille de bronze obtenue l’an passé, les Bleues ont réalisé une très belle performance en se hissant sur la troisième marche du podium lors de la Coupe du Monde 3x3 de Manille. C’est à Manille, lors de la cinquième édition de la Coupe du Monde 3x3 organisée du 8 au 12 juin, que les 20 meilleures sélections féminines et masculines ont eu l’occasion de promouvoir une discipline qui ne cesse de gagner en popularité avec son style de jeu rapide, intense et spectaculaire. Si le 3x3 n’est pas encore autant reconnu que la discipline mère, l’effervescence autour de cette nouvelle épreuve olympique grandit, principalement en raison du travail incroyable réalisé par la FIBA selon le sélectionneur français Richard Billant "La FIBA a très bien pensé le produit 3x3. Elle a fait un énorme lobbying pour vendre cette discipline qu’elle a rendu extraordinaire, très télégénique et

très suivie sur les réseaux sociaux. (…) C’est une discipline palpitante car pleine de surprise : tout le monde peut battre tout le monde et c’est pour ça qu’elle intéresse. C’est dans l’ère du temps que cette activité plaise et c’est loin d’être fini." Cette ferveur, l’Équipe de France l’a ressentie aux Philippines, même si les conditions de jeu étaient différentes dans une salle de 55.000 places, et non pas sur un terrain en extérieur. "Le site était exceptionnel, mais c’était très grand. Même s’il y avait du monde, c’était très disséminé et loin du terrain. On n’a pas eu la même atmosphère qu’avec les compétitions en extérieur, mais il y avait une très bonne ambiance : on ressent une

16 BASKETBALLMAGAZINE

vraie ferveur pour le basket à Manille." Alors que les nations ont les yeux rivés sur les prochains Jeux Olympiques au cours desquels le 3x3 fera son apparition, l’Équipe de France féminine a envoyé des signaux très positifs en effaçant cette décevante dixième place de la dernière édition. Malgré une défaite contre la Chine en poule, les Bleues ont remporté leur match couperet face à une très bonne équipe suisse pour atteindre les quarts. Après avoir écarté les Espagnoles, vicechampionnes d’Europe en titre, en prolongation (19-17), les Françaises ont vécu la situation inverse lors de la demi-finale face à la Russie, perdue sur deux lancers-francs (17-19). Même si les joueuses

tricolores peuvent nourrir quelques regrets, la médaille de bronze obtenue face à la Chine laisse entrevoir un futur très prometteur pour une équipe qui n’avait eu qu’une semaine de préparation ensemble. "Je suis très satisfait, à la fois sur le résultat et la manière. Les Russes étaient moins fortes sur le match et nous l’ont joué à l’expérience. Mais on a vraiment eu peur de perdre contre la Suisse ou même l’Espagne donc on ne peut être que satisfaits. Cette équipe à un très bel avenir, avec une énorme marge de progression." Composée d’Alice Nayo, seule joueuse présente l’année dernière, MarieEve Paget, Christelle Diallo et Johanna Tayeau, la sélection a été largement remaniée pour laisser place à la jeunesse. "On a renouvelé totalement les cadres en menant une politique d’ouverture pour préparer une équipe d’avenir. J’ai essayé de voir plusieurs joueuses sur un maximum de compétitions afin de faire mon choix. On se projette à court mais aussi à long terme car avec la nouvelle réglementation, obligeant les équipes à avoir a minima 2 joueurs dans le top 10 et 2 joueurs dans le top 50 national, nous devons faire des tournois haut rankés pour gagner des points." Les Équipes de France auront en effet fort à faire pour gagner leur place pour les prochaines compétitions internationales, dont le système de qualification est très stratégique et loin des standards habituels. "La stratégie de la FIBA est de mettre en place des règlements pour limiter le nombre de pays venant avec deux équipes. C’est

la logique de l’universalité : on va privilégier des pays plus petits, à l’image de la Mongolie cette année, ce qui ne serait pas possible en 5x5. Seuls les Pays-Bas, la Russie, exceptionnellement l’Indonésie et le pays organisateur, les Philippines, ont pu présenter leurs deux sélections." En effet, en plus des équipes du pays organisateur et championnes en titre, la qualification s’effectue suivant le classement des 100 meilleurs joueurs et joueuses au ranking FIBA au sein duquel les Bleus, 14e à l’heure actuelle, n’étaient pas assez bien placés. Si l’objectif de la qualification pour les JO de 2020 est affiché, le staff tricolore est conscient que les places seront chères. "Il faut être réaliste : ce sera très compliqué car il n’y aura que 8 équipes, avec le Japon. Il faudra y rentrer par le ranking, en étant dans le Top 3 ou 4 du classement des nations, soit en étant suffisamment bien classés pour participer au TQO (Tournoi de Qualification Olympique). On va tout

faire pour se qualifier pour Tokyo et aussi pour Paris 2024, mais c’est ce que tous les pays cherchent à faire maintenant. Si on y va avec une équipe, ça sera déjà une réussite." C’est désormais vers le Qualifier de Poitiers du 29 et 30 juin que les yeux des deux Équipes de France sont tournés, pour tenter de décrocher un billet pour le Championnat d’Europe 3x3 de Hongrie de juin 2019.

LES BLEUS AU MONDIAL 3X3 Année

Lieu

Masculins

Féminines

2012

Athènes (Grèce)

Argent

Argent

2014

Moscou (Russie)

NQ

5e

2016

Canton (Chine)

NQ

5e

2017

Nantes (France)

2018

Manille (Philippines)

Bronze NQ

10e Bronze

*NQ (Non Qualifiés)

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3X3 COUPE DU MONDE >

LES BLEUES EN BRONZE Par Fantine Tessereau, Photos FIBA

En l’absence de l’Équipe de France masculine, qui n’a pas eu l’opportunité de défendre sa médaille de bronze obtenue l’an passé, les Bleues ont réalisé une très belle performance en se hissant sur la troisième marche du podium lors de la Coupe du Monde 3x3 de Manille. C’est à Manille, lors de la cinquième édition de la Coupe du Monde 3x3 organisée du 8 au 12 juin, que les 20 meilleures sélections féminines et masculines ont eu l’occasion de promouvoir une discipline qui ne cesse de gagner en popularité avec son style de jeu rapide, intense et spectaculaire. Si le 3x3 n’est pas encore autant reconnu que la discipline mère, l’effervescence autour de cette nouvelle épreuve olympique grandit, principalement en raison du travail incroyable réalisé par la FIBA selon le sélectionneur français Richard Billant "La FIBA a très bien pensé le produit 3x3. Elle a fait un énorme lobbying pour vendre cette discipline qu’elle a rendu extraordinaire, très télégénique et

très suivie sur les réseaux sociaux. (…) C’est une discipline palpitante car pleine de surprise : tout le monde peut battre tout le monde et c’est pour ça qu’elle intéresse. C’est dans l’ère du temps que cette activité plaise et c’est loin d’être fini." Cette ferveur, l’Équipe de France l’a ressentie aux Philippines, même si les conditions de jeu étaient différentes dans une salle de 55.000 places, et non pas sur un terrain en extérieur. "Le site était exceptionnel, mais c’était très grand. Même s’il y avait du monde, c’était très disséminé et loin du terrain. On n’a pas eu la même atmosphère qu’avec les compétitions en extérieur, mais il y avait une très bonne ambiance : on ressent une

16 BASKETBALLMAGAZINE

vraie ferveur pour le basket à Manille." Alors que les nations ont les yeux rivés sur les prochains Jeux Olympiques au cours desquels le 3x3 fera son apparition, l’Équipe de France féminine a envoyé des signaux très positifs en effaçant cette décevante dixième place de la dernière édition. Malgré une défaite contre la Chine en poule, les Bleues ont remporté leur match couperet face à une très bonne équipe suisse pour atteindre les quarts. Après avoir écarté les Espagnoles, vicechampionnes d’Europe en titre, en prolongation (19-17), les Françaises ont vécu la situation inverse lors de la demi-finale face à la Russie, perdue sur deux lancers-francs (17-19). Même si les joueuses

tricolores peuvent nourrir quelques regrets, la médaille de bronze obtenue face à la Chine laisse entrevoir un futur très prometteur pour une équipe qui n’avait eu qu’une semaine de préparation ensemble. "Je suis très satisfait, à la fois sur le résultat et la manière. Les Russes étaient moins fortes sur le match et nous l’ont joué à l’expérience. Mais on a vraiment eu peur de perdre contre la Suisse ou même l’Espagne donc on ne peut être que satisfaits. Cette équipe à un très bel avenir, avec une énorme marge de progression." Composée d’Alice Nayo, seule joueuse présente l’année dernière, MarieEve Paget, Christelle Diallo et Johanna Tayeau, la sélection a été largement remaniée pour laisser place à la jeunesse. "On a renouvelé totalement les cadres en menant une politique d’ouverture pour préparer une équipe d’avenir. J’ai essayé de voir plusieurs joueuses sur un maximum de compétitions afin de faire mon choix. On se projette à court mais aussi à long terme car avec la nouvelle réglementation, obligeant les équipes à avoir a minima 2 joueurs dans le top 10 et 2 joueurs dans le top 50 national, nous devons faire des tournois haut rankés pour gagner des points." Les Équipes de France auront en effet fort à faire pour gagner leur place pour les prochaines compétitions internationales, dont le système de qualification est très stratégique et loin des standards habituels. "La stratégie de la FIBA est de mettre en place des règlements pour limiter le nombre de pays venant avec deux équipes. C’est

la logique de l’universalité : on va privilégier des pays plus petits, à l’image de la Mongolie cette année, ce qui ne serait pas possible en 5x5. Seuls les Pays-Bas, la Russie, exceptionnellement l’Indonésie et le pays organisateur, les Philippines, ont pu présenter leurs deux sélections." En effet, en plus des équipes du pays organisateur et championnes en titre, la qualification s’effectue suivant le classement des 100 meilleurs joueurs et joueuses au ranking FIBA au sein duquel les Bleus, 14e à l’heure actuelle, n’étaient pas assez bien placés. Si l’objectif de la qualification pour les JO de 2020 est affiché, le staff tricolore est conscient que les places seront chères. "Il faut être réaliste : ce sera très compliqué car il n’y aura que 8 équipes, avec le Japon. Il faudra y rentrer par le ranking, en étant dans le Top 3 ou 4 du classement des nations, soit en étant suffisamment bien classés pour participer au TQO (Tournoi de Qualification Olympique). On va tout

faire pour se qualifier pour Tokyo et aussi pour Paris 2024, mais c’est ce que tous les pays cherchent à faire maintenant. Si on y va avec une équipe, ça sera déjà une réussite." C’est désormais vers le Qualifier de Poitiers du 29 et 30 juin que les yeux des deux Équipes de France sont tournés, pour tenter de décrocher un billet pour le Championnat d’Europe 3x3 de Hongrie de juin 2019.

LES BLEUS AU MONDIAL 3X3 Année

Lieu

Masculins

Féminines

2012

Athènes (Grèce)

Argent

Argent

2014

Moscou (Russie)

NQ

5e

2016

Canton (Chine)

NQ

5e

2017

Nantes (France)

2018

Manille (Philippines)

Bronze NQ

10e Bronze

*NQ (Non Qualifiés)

JUILLET2018 17


CHAMPION DE FRANCE PROA >

LE MANS CHAMPI ON DU SUSPENSE Pour la troisième année consécutive le titre de champion de France s’est joué sur un cinquième match décisif. Troisième de la saison régulière, Le Mans Sarthe Basket a déjoué tous les pronostics en sortant tous les favoris : l’ASVEL (2-1), Strasbourg (3-2) et enfin Monaco (3-2). Un cinquième titre national pour le MSB et le premier depuis 2006. Romeo Travis a été élu MVP des finales.

18 BASKETBALLMAGAZINE

Pape Sy et Eric Bartelecky

Presse Sports / Reau

LNB / Lecoq LNB / Lecoq

DJ stephens

Presse Sports / Reau

LNB / Lecoq

Presse Sports / Reau

Romeo Travis

LNB / Lecoq

Romeo Travis contre Ali Traore

Antoine Eito

JUILLET2018 19


CHAMPION DE FRANCE PROA >

LE MANS CHAMPI ON DU SUSPENSE Pour la troisième année consécutive le titre de champion de France s’est joué sur un cinquième match décisif. Troisième de la saison régulière, Le Mans Sarthe Basket a déjoué tous les pronostics en sortant tous les favoris : l’ASVEL (2-1), Strasbourg (3-2) et enfin Monaco (3-2). Un cinquième titre national pour le MSB et le premier depuis 2006. Romeo Travis a été élu MVP des finales.

18 BASKETBALLMAGAZINE

Pape Sy et Eric Bartelecky

Presse Sports / Reau

LNB / Lecoq LNB / Lecoq

DJ stephens

Presse Sports / Reau

LNB / Lecoq

Presse Sports / Reau

Romeo Travis

LNB / Lecoq

Romeo Travis contre Ali Traore

Antoine Eito

JUILLET2018 19


Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

C’est un challenge. Mais je sais qu’on est capable de le faire. Comment s’est passée votre préparation depuis la fin de la saison NBA ? Ma blessure au genou a changé la donne. J’essaye toujours de m’améliorer, d’étudier la façon dont je m’entraîne. Cette année j’ai quitté Orlando pour aller à Miami dans un centre spécialisé sur la bio mécanique avec des entraîneurs différents. Et au niveau basket j’ai fait du travail très spécifique sur le tir à mi-distance.

Bellenger / IS / FFBB

En six saisons NBA vous n’avez connu les playoffs que lors de votre année rookie. Comment conservez-vous la flamme ? C’est dur parfois.

Alors la question "est-ce que tu viens cet été", je n’en peux plus ! Ça me gonfle ! Soit c’est parce que tu cherches à faire ton titre, soit tu remets en question mon envie et mon implication en Équipe de France. On me le dit comme si j’avais déjà refusé les Bleus. On n’a pas voulu de moi deux fois mais perso j’étais là. L’autre question récurrente l’an passé concernait le statut de leader en Équipe de France. Quel est votre avis sur ce sujet ? Sur le leadership on ose moins me la poser. Lors de l’EuroBasket l’an passé c’était très présent. Mais c’est bidon. En NBA il y a effectivement une politique de mise en avant : les maillots, les social media, qui fait la couverture. Mais même en NBA, le terrain décide. Quand tu es joueur tu es dans ta compétition et tu essayes de performer le mieux possible. Ce n’est pas une question d’être leader ou pas. Tu veux jouer le mieux possible. Leader

14 BASKETBALLMAGAZINE

c’est quoi ? Tu parles à voix haute dans les vestiaires ? Mais non… En fin de carrière en Bleu, Tony Parker était obsédé à l’idée de gagner un titre. Pensezvous qu’en voyant les années passer vous aurez ce même état d’esprit ? Je l’ai déjà. J’ai été vice-champion d’Europe en U18. Troisième à l’Euro U20. Quand l’Équipe de France est championne d’Europe en 2013 je ne suis pas là. Ça me manque ! J’ai envie d’être champion. Champion. Champion ! Je le pense vraiment. Gagner une médaille d’argent à la Coupe du Monde ou aux Jeux Olympiques c’est une très belle performance. Mais tu n’es pas champion. Il y aura eu meilleur que toi et tu ne termines pas sur la meilleure des notes. Avec désormais un EuroBasket tous les quatre ans la tâche est encore plus rude… (il explose de rire) Ils font chier c’est vrai.

Les free-agents, la draft, est-ce ainsi que l’on trouve une nouvelle motivation ? Ça c’est le piège. C’est le meilleur moyen d’être déçu. Moi j’ai pris un vrai coup sur la tête en 2016 quand Serge Ibaka et Franck Vogel ont signé. J’ai pensé que ça irait mieux et finalement cela a été encore plus dur. Il faut se mettre dans une bulle et penser très égoïstement : je ne peux pas contrôler si l’équipe sera forte ou pas mais je peux contrôler comment je m’entraîne et quelle énergie je mets dans les matches. Et espérer que tout le monde pense de la même manière.

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Comment juge-t-on une carrière NBA ? Je crois que le plus important c’est la longévité. Combien d’années tu as pu jouer et combien d’années tu as pu jouer en restant performant. Parce que si sur 10 ans tu en as passé 5 sans jouer ou presque… Ensuite quel était ton niveau de performance. Et enfin ta réussite collective. Tu ne peux pas dissocier les deux. Alors que vous souhaitez gagner plus que tout, quel est votre avis sur ces joueurs qui rejoignent des "super teams" pour mettre toute les chances de leur côté pour gagner un titre ? C’est au cas par cas et c’est aussi une question d’âge. Mais je pense que les médias ont une lourde responsabilité. On compare tellement les joueurs. Et l’argument au final c’est combien de titres a-t-il gagné. Si Kevin Durant est parti à Golden State c’est pour qu’on dise qu’il fait partie de cette catégorie de joueurs. Pour moi être le franchise player de son équipe, rester compétitif toute sa carrière avec sa franchise, cela a peut-être plus de valeur qu’un titre. Je pense à Damian Lillard à Portland. Il ne gagnera pas le titre mais il va laisser une trace, un héritage.

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