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BORIS DIAW MERCI POUR CES MOMENTS

N°850 - OCTOBRE2018 - WWW.FFBB.COM


UNE VIE EN BLEU >

BABAC MONUMENT BLEU 16 années passées sous le maillot de l’Équipe de France. 247 sélections. 5 médailles internationales. Une influence tout aussi grande sur le parquet qu’en dehors. C’est une légende bleue qui a tiré sa révérence.

PresseSPorts / Martin

Par Julien Guérineau

8

BASKETBALLMAGAZINE

OCTOBRE2018

9


UNE VIE EN BLEU >

BABAC MONUMENT BLEU 16 années passées sous le maillot de l’Équipe de France. 247 sélections. 5 médailles internationales. Une influence tout aussi grande sur le parquet qu’en dehors. C’est une légende bleue qui a tiré sa révérence.

PresseSPorts / Martin

Par Julien Guérineau

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BASKETBALLMAGAZINE

OCTOBRE2018

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"DANS CE MILIEU, IL AURAIT DÛ ÊTRE AUTREMENT" L’aventure a débuté le 23 janvier 2002 à Wloclawek lors des qualifications pour l’EuroBasket 2003. Diaw a 19 ans, dispute sa deuxième saison professionnelle avec

qui prive les Bleus des Jeux. La seconde, en 2005, est mémorable avec une médaille de bronze qui met fin à 46 ans de disette. Claude Bergeaud a pris place sur le banc et Diaw est élu dans le cinq du tournoi. Malgré une ahurissante crise de confiance aux lancers-francs, le futur joueur des Suns est partout à la fois et supplée un Tony Parker épuisé en début de compétition. Le tableau aurait pu être encore plus parfait sans une fin de match cauchemardesque face à la Grèce en demi-finale. 47 secondes restées dans les livres d’histoire du basket français. "On aurait été champion et il aurait été élu MVP", assène Claude Bergeaud. "Dirk Nowitzki était rôti en finale. Il l’aurait concassé avec Flo." La suite sera plus douloureuse pour l’Équipe de France mais Diaw, devenu capitaine, ne changera jamais de cap, fidèle parmi les fidèles. "Il est au cœur du basculement de l’arrivée de tous les Français en NBA. Mais au lieu d’être comme tous les autres, le scoring, le bling bling, il n’est rien de tout ça", savoure Claude Bergeaud. "Dans ce milieu, il aurait dû être autrement. Mais il a gardé son intégrité d’homme dans le basket... Il

"BORIS ADORE LES ÉLÉPHANTS", SOURIT VINCENT COLLET. "ET LUI C’EST UN ÉLÉPHANT. TU NE LE BOUGES PAS.” Pau-Orthez et côtoie quelques rescapés des Jeux Olympiques de Sydney (Foirest, Sciarra, Julian, Sonko). Alain Weisz est aux commandes et lance également Mickaël Pietrus à ses côtés. La France change alors d’univers et va désormais vivre au rythme de la NBA. La première expérience européenne en 2003 est douloureuse avec une quatrième place

10 BASKETBALLMAGAZINE

a tellement jeté le doute auprès de gens qui n’ont pas ses valeurs." En Équipe de France, Diaw a imposé un cadre, un système, un esprit. Il s’est pleinement investi dans le projet équipe nationale. Investi parfois au sens propre du terme. Les contrats faramineux signés par les stars NBA ont fait s’envoler les coûts d’assurance. Et lorsque des blessures

2002 ont encore accentué la problématique, le capitaine n’a pas hésité à mettre la main à la poche. Une situation inédite que les responsables fédéraux ont souhaité unique : "A chaque blocage il a proposé de participer financièrement", explique Patrick Beesley. "Il l’a fait une fois mais sinon la Fédération a toujours refusé. Qu’il le propose était déjà exceptionnel."

"IL A INVENTÉ LE CONCEPT DE LA DÉFENSE MARABOUT" Guide en dehors des terrain, Boris Diaw l’était également sur le parquet. Tantôt scoreur, tantôt défenseur, tantôt rebondeur, toujours passeur, il était au cœur du système de jeu de Vincent Collet dès sa prise de fonction en 2009. Plus meneur de jeu encore que le meneur de jeu, c’est souvent dans ses mains magiques que se sont développées les attaques tricolores. "Son intelligence de jeu est exceptionnelle", précise Vincent Collet. "Un staff regarde des vidéos, analyse. Mais lui voit tout ça en instantané. Mieux même, il voit des choses auxquelles tu n’aurais pas pensé. On voulait qu’il ait la balle." Avec les années, l’ailier aérien du milieu des années 2000 s’est mué en un intérieur aux doigts de fées et à la puissance dévastatrice. A 2,03 m, Diaw a rarement dominé son vis-à-vis en taille mais sa technique dos au panier et sa masse ont souvent fait

2003 JF Mollière / FFBB

la différence. L’arrivée en Équipe de France du phénomène Kevin Séraphin est à ce titre révélatrice : "Boris adore les éléphants", sourit Vincent Collet. "Et lui c’est un éléphant. Tu ne le bouges pas. En 2011 on a découvert Séraphin. Impressionnant physiquement contre Ronny Turiaf, Joakim Noah. Un jour, Boris lui a fait comprendre qu’il n’allait pas tout écraser. Il s’est occupé de son cas : Kevin n’a pas pu rentrer dans la raquette de toute la séance d’entraînement." Avec la présence de Tony Parker à ses côtés puis l’émergence de Nicolas Batum ou Nando De Colo, Diaw n’a jamais eu besoin de forcer sa nature. 10e marqueur de l’histoire il a cependant répondu présent au scoring lorsque le besoin s’en faisait sentir : "A ses débuts j’étais assistant. Je suis allé le chercher à la fin d’une séance. Les autres tiraient et lui était sur le côté", se rappelle Vincent Collet. "Je lui propose de faire du shoot. Il m’avait répondu : ce n’est pas que je suis pas adroit, c’est que tirer ne m’intéresse pas. Avec la maturité, il est resté fidèle à ses convictions. Mais quand il y avait besoin il était plus adapté

aux circonstances." Une adaptation également nécessaire de l’autre côté du terrain où la présence de plus en plus fréquente de postes 4 fuyants l’a parfois mis en difficulté. "Il pouvait défendre très fort. Jusqu’en 2013 il a livré des prestations exceptionnelles", remarque Vincent Collet. "Cela a été plus dur ensuite. Mais comme d’habitude il a été philosophe à ce propos. Il avait inventé le concept de la défense marabout. Comme il ne pouvait plus s’approcher, il maraboutait les mecs… et ça marchait parfois."

parfaitement leur phase de poule derrière les Etats-Unis. Dans l’autre groupe, l’Espagne sort la calculette, se saborde contre le Brésil pour éviter la partie de tableau des Américains et retrouve la France en quart de finale. Un duel de titans

2005

"FRANCE-ESPAGNE 2012, LE MATCH D’UNE VIE" Les Jeux Olympiques de Londres en 2012 constituent un moment majeur de la carrière de Boris Diaw en Équipe de France. Après les échecs de 2004 et 2008, les Bleus découvrent enfin l’univers olympique. La préparation est compliquée entre la blessure à un œil de Tony Parker et les problèmes d’assurance de Nicolas Batum. Les Bleus n’évoluent jamais au complet avant de rallier Londres mais négocient

Catherine Steenkeste

Une victoire pour débuter à 19 ans. Une victoire pour finir à 36. Un bon résumé de la carrière de Boris Diaw en Équipe de France. Au total, le troisième joueur le plus capé de l’histoire a remporté 70,0% des matches auxquels il a participé. Un chiffre rond et spectaculaire qui se traduit également par la conquête de cinq médailles internationales : le bronze à l’EuroBasket en 2005 et 2015, le bronze toujours à la Coupe du Monde 2014, l’argent à l’EuroBasket 2011 et l’or à l’EuroBasket 2013. Pendant 16 ans, Boris Diaw aura été d’une indéfectible fidélité à la sélection, ne ratant qu’une campagne, en 2008, bloqué par son dos. Au final, il aura pris part à 8 EuroBasket, 3 Coupes du Monde et 2 Jeux Olympiques. "Même quand il voulait donner cette impression il n’était pas léger dans tous les domaines", sourit Vincent Collet. "Le respect du maillot en est un."

Presse Sports / fablet

UNE VIE EN BLEU >

OCTOBRE2018

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"DANS CE MILIEU, IL AURAIT DÛ ÊTRE AUTREMENT" L’aventure a débuté le 23 janvier 2002 à Wloclawek lors des qualifications pour l’EuroBasket 2003. Diaw a 19 ans, dispute sa deuxième saison professionnelle avec

qui prive les Bleus des Jeux. La seconde, en 2005, est mémorable avec une médaille de bronze qui met fin à 46 ans de disette. Claude Bergeaud a pris place sur le banc et Diaw est élu dans le cinq du tournoi. Malgré une ahurissante crise de confiance aux lancers-francs, le futur joueur des Suns est partout à la fois et supplée un Tony Parker épuisé en début de compétition. Le tableau aurait pu être encore plus parfait sans une fin de match cauchemardesque face à la Grèce en demi-finale. 47 secondes restées dans les livres d’histoire du basket français. "On aurait été champion et il aurait été élu MVP", assène Claude Bergeaud. "Dirk Nowitzki était rôti en finale. Il l’aurait concassé avec Flo." La suite sera plus douloureuse pour l’Équipe de France mais Diaw, devenu capitaine, ne changera jamais de cap, fidèle parmi les fidèles. "Il est au cœur du basculement de l’arrivée de tous les Français en NBA. Mais au lieu d’être comme tous les autres, le scoring, le bling bling, il n’est rien de tout ça", savoure Claude Bergeaud. "Dans ce milieu, il aurait dû être autrement. Mais il a gardé son intégrité d’homme dans le basket... Il

"BORIS ADORE LES ÉLÉPHANTS", SOURIT VINCENT COLLET. "ET LUI C’EST UN ÉLÉPHANT. TU NE LE BOUGES PAS.” Pau-Orthez et côtoie quelques rescapés des Jeux Olympiques de Sydney (Foirest, Sciarra, Julian, Sonko). Alain Weisz est aux commandes et lance également Mickaël Pietrus à ses côtés. La France change alors d’univers et va désormais vivre au rythme de la NBA. La première expérience européenne en 2003 est douloureuse avec une quatrième place

10 BASKETBALLMAGAZINE

a tellement jeté le doute auprès de gens qui n’ont pas ses valeurs." En Équipe de France, Diaw a imposé un cadre, un système, un esprit. Il s’est pleinement investi dans le projet équipe nationale. Investi parfois au sens propre du terme. Les contrats faramineux signés par les stars NBA ont fait s’envoler les coûts d’assurance. Et lorsque des blessures

2002 ont encore accentué la problématique, le capitaine n’a pas hésité à mettre la main à la poche. Une situation inédite que les responsables fédéraux ont souhaité unique : "A chaque blocage il a proposé de participer financièrement", explique Patrick Beesley. "Il l’a fait une fois mais sinon la Fédération a toujours refusé. Qu’il le propose était déjà exceptionnel."

"IL A INVENTÉ LE CONCEPT DE LA DÉFENSE MARABOUT" Guide en dehors des terrain, Boris Diaw l’était également sur le parquet. Tantôt scoreur, tantôt défenseur, tantôt rebondeur, toujours passeur, il était au cœur du système de jeu de Vincent Collet dès sa prise de fonction en 2009. Plus meneur de jeu encore que le meneur de jeu, c’est souvent dans ses mains magiques que se sont développées les attaques tricolores. "Son intelligence de jeu est exceptionnelle", précise Vincent Collet. "Un staff regarde des vidéos, analyse. Mais lui voit tout ça en instantané. Mieux même, il voit des choses auxquelles tu n’aurais pas pensé. On voulait qu’il ait la balle." Avec les années, l’ailier aérien du milieu des années 2000 s’est mué en un intérieur aux doigts de fées et à la puissance dévastatrice. A 2,03 m, Diaw a rarement dominé son vis-à-vis en taille mais sa technique dos au panier et sa masse ont souvent fait

2003 JF Mollière / FFBB

la différence. L’arrivée en Équipe de France du phénomène Kevin Séraphin est à ce titre révélatrice : "Boris adore les éléphants", sourit Vincent Collet. "Et lui c’est un éléphant. Tu ne le bouges pas. En 2011 on a découvert Séraphin. Impressionnant physiquement contre Ronny Turiaf, Joakim Noah. Un jour, Boris lui a fait comprendre qu’il n’allait pas tout écraser. Il s’est occupé de son cas : Kevin n’a pas pu rentrer dans la raquette de toute la séance d’entraînement." Avec la présence de Tony Parker à ses côtés puis l’émergence de Nicolas Batum ou Nando De Colo, Diaw n’a jamais eu besoin de forcer sa nature. 10e marqueur de l’histoire il a cependant répondu présent au scoring lorsque le besoin s’en faisait sentir : "A ses débuts j’étais assistant. Je suis allé le chercher à la fin d’une séance. Les autres tiraient et lui était sur le côté", se rappelle Vincent Collet. "Je lui propose de faire du shoot. Il m’avait répondu : ce n’est pas que je suis pas adroit, c’est que tirer ne m’intéresse pas. Avec la maturité, il est resté fidèle à ses convictions. Mais quand il y avait besoin il était plus adapté

aux circonstances." Une adaptation également nécessaire de l’autre côté du terrain où la présence de plus en plus fréquente de postes 4 fuyants l’a parfois mis en difficulté. "Il pouvait défendre très fort. Jusqu’en 2013 il a livré des prestations exceptionnelles", remarque Vincent Collet. "Cela a été plus dur ensuite. Mais comme d’habitude il a été philosophe à ce propos. Il avait inventé le concept de la défense marabout. Comme il ne pouvait plus s’approcher, il maraboutait les mecs… et ça marchait parfois."

parfaitement leur phase de poule derrière les Etats-Unis. Dans l’autre groupe, l’Espagne sort la calculette, se saborde contre le Brésil pour éviter la partie de tableau des Américains et retrouve la France en quart de finale. Un duel de titans

2005

"FRANCE-ESPAGNE 2012, LE MATCH D’UNE VIE" Les Jeux Olympiques de Londres en 2012 constituent un moment majeur de la carrière de Boris Diaw en Équipe de France. Après les échecs de 2004 et 2008, les Bleus découvrent enfin l’univers olympique. La préparation est compliquée entre la blessure à un œil de Tony Parker et les problèmes d’assurance de Nicolas Batum. Les Bleus n’évoluent jamais au complet avant de rallier Londres mais négocient

Catherine Steenkeste

Une victoire pour débuter à 19 ans. Une victoire pour finir à 36. Un bon résumé de la carrière de Boris Diaw en Équipe de France. Au total, le troisième joueur le plus capé de l’histoire a remporté 70,0% des matches auxquels il a participé. Un chiffre rond et spectaculaire qui se traduit également par la conquête de cinq médailles internationales : le bronze à l’EuroBasket en 2005 et 2015, le bronze toujours à la Coupe du Monde 2014, l’argent à l’EuroBasket 2011 et l’or à l’EuroBasket 2013. Pendant 16 ans, Boris Diaw aura été d’une indéfectible fidélité à la sélection, ne ratant qu’une campagne, en 2008, bloqué par son dos. Au final, il aura pris part à 8 EuroBasket, 3 Coupes du Monde et 2 Jeux Olympiques. "Même quand il voulait donner cette impression il n’était pas léger dans tous les domaines", sourit Vincent Collet. "Le respect du maillot en est un."

Presse Sports / fablet

UNE VIE EN BLEU >

OCTOBRE2018

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Presse Sports / Martin

2011

"IL A TOUJOURS EU DE L’INFLUENCE POUR FAIRE CHANGER LES COMPORTEMENTS DÉVIANTS ET PARTICULIÈREMENT EN 2013." 12 BASKETBALLMAGAZINE

que la France maîtrise pendant 35 minutes, contenant l’effrayant secteur intérieur de la Roja. Boris Diaw se charge du cas Marc Gasol et se démultiplie en attaque : 15 points, 8 rebonds, 5 passes. En vain. Les Bleus craquent dans les derniers instants et voient s’envoler leurs rêves de podium. Diaw, passé maître dans l’art de masquer ses déceptions, est cette fois profondément affecté. "Il n’arrêtait pas de me parler sur le chemin de la conférence de presse", se souvient Vincent Collet. "C’est un de mes moments les plus touchants en Équipe de France. C’était le match d’une vie et il avait tout donné."

Bellenger / IS / FFBB

FIBA Europe / Castoria / De Massis

2013

2014

2015

"IL EST PRÉSIDENT DE SA PROPRE VIE" A son arrivée à 19 ans en Équipe de France, le jeune palois s’était fondu avec aisance dans un groupe composé de fortes personnalités. "Il est pareil avec tout le monde", remarque Laurent Foirest. "Le sens de la hiérarchie qu’il prônait ces dernières années il la respectait quand il est arrivé. Il était présent sans faire de bruit, avec son petit air malicieux." Par la suite, le menhir de la sélection a accueilli les nouveaux entrants avec une égale bienveillance, quel que soit leur statut. "Peu importe que tu sois champion NBA ou joueur de Jeep Elite il te considère de la même façon", note Charles Kahudi. "Tout le monde rêve d’avoir un coéquipier comme ça", renchérit Nicolas Batum. "Il

Bellenger / IS / FFBB

Presse Sports / Luttiau

2009

Un an après cette terrible désillusion, les Bleus décrochent enfin le Graal, à Ljubljana, en Slovénie. Un sacre européen qui vient couronner une longue quête. Et si le grand public aura avant tout retenu l’impact sportif et moral de Tony Parker, entre son titre de MVP et son discours dans les vestiaires de la demi-finale contre l’Espagne, l’ombre de Diaw plane sur ce triomphe : "Il a toujours eu de l’influence pour faire changer les comportements déviants et particulièrement en 2013", insiste Vincent Collet. "On a vu les paroles de Tony dans les vestiaires mais le rôle de Boris a été déterminant." Cette capacité à fédérer un groupe, Diaw en a fait un sacerdoce. "Malgré les titres, les sollicitations, les échecs, il n’a jamais changé. C’est rare dans ce milieu où l’argent interfère beaucoup", estime Charles Kahudi. "Il a essayé d’insuffler un esprit bleu." Empathie, curiosité, humour, un cocktail qui a fait ses preuves, associé à des performances sur le parquet qui faisait l’unanimité. "Il aime les gens", pointe du doigt Vincent Collet. "Il a cette capacité à être exigeant sans pourrir ses coéquipiers. C’est une grande force de savoir faire passer des messages sans être dans l’agressivité, dans l’humiliation. La communication dans une équipe de basket c’est essentiel. Sur le fond et sur la forme c’était un expert."

OCTOBRE2018 13


Presse Sports / Martin

2011

"IL A TOUJOURS EU DE L’INFLUENCE POUR FAIRE CHANGER LES COMPORTEMENTS DÉVIANTS ET PARTICULIÈREMENT EN 2013." 12 BASKETBALLMAGAZINE

que la France maîtrise pendant 35 minutes, contenant l’effrayant secteur intérieur de la Roja. Boris Diaw se charge du cas Marc Gasol et se démultiplie en attaque : 15 points, 8 rebonds, 5 passes. En vain. Les Bleus craquent dans les derniers instants et voient s’envoler leurs rêves de podium. Diaw, passé maître dans l’art de masquer ses déceptions, est cette fois profondément affecté. "Il n’arrêtait pas de me parler sur le chemin de la conférence de presse", se souvient Vincent Collet. "C’est un de mes moments les plus touchants en Équipe de France. C’était le match d’une vie et il avait tout donné."

Bellenger / IS / FFBB

FIBA Europe / Castoria / De Massis

2013

2014

2015

"IL EST PRÉSIDENT DE SA PROPRE VIE" A son arrivée à 19 ans en Équipe de France, le jeune palois s’était fondu avec aisance dans un groupe composé de fortes personnalités. "Il est pareil avec tout le monde", remarque Laurent Foirest. "Le sens de la hiérarchie qu’il prônait ces dernières années il la respectait quand il est arrivé. Il était présent sans faire de bruit, avec son petit air malicieux." Par la suite, le menhir de la sélection a accueilli les nouveaux entrants avec une égale bienveillance, quel que soit leur statut. "Peu importe que tu sois champion NBA ou joueur de Jeep Elite il te considère de la même façon", note Charles Kahudi. "Tout le monde rêve d’avoir un coéquipier comme ça", renchérit Nicolas Batum. "Il

Bellenger / IS / FFBB

Presse Sports / Luttiau

2009

Un an après cette terrible désillusion, les Bleus décrochent enfin le Graal, à Ljubljana, en Slovénie. Un sacre européen qui vient couronner une longue quête. Et si le grand public aura avant tout retenu l’impact sportif et moral de Tony Parker, entre son titre de MVP et son discours dans les vestiaires de la demi-finale contre l’Espagne, l’ombre de Diaw plane sur ce triomphe : "Il a toujours eu de l’influence pour faire changer les comportements déviants et particulièrement en 2013", insiste Vincent Collet. "On a vu les paroles de Tony dans les vestiaires mais le rôle de Boris a été déterminant." Cette capacité à fédérer un groupe, Diaw en a fait un sacerdoce. "Malgré les titres, les sollicitations, les échecs, il n’a jamais changé. C’est rare dans ce milieu où l’argent interfère beaucoup", estime Charles Kahudi. "Il a essayé d’insuffler un esprit bleu." Empathie, curiosité, humour, un cocktail qui a fait ses preuves, associé à des performances sur le parquet qui faisait l’unanimité. "Il aime les gens", pointe du doigt Vincent Collet. "Il a cette capacité à être exigeant sans pourrir ses coéquipiers. C’est une grande force de savoir faire passer des messages sans être dans l’agressivité, dans l’humiliation. La communication dans une équipe de basket c’est essentiel. Sur le fond et sur la forme c’était un expert."

OCTOBRE2018 13


UNE VIE EN BLEU >

2016

Bellenger / IS / FFBB

n’est pas All Star. Pas au Hall of Fame. Mais il a laissé son empreinte. C’est une phrase bateau : on n’en reverra pas un autre joueur comme ça. Mais Boris c’est le cas !" Défenseur permanent du maillot bleu, Diaw n’a en revanche jamais critiqué les absences qui ont émaillé les différentes campagnes. "Il respectait le choix des autres alors que ce n’était pas du tout le sien", souligne Claude Bergeaud. "Chacun sa vie. Il distribuait les cartes, montrait le chemin. Mais derrière il ne pouvait pas prendre les gens par la main", explique Charles Kahudi. Aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 et plus encore lors de l’EuroBasket 2017, le capitaine a cependant perçu que sa voix portait un peu moins. "Il a senti que l’écoute n’était pas la même, même s’ils le respectaient", consent Nicolas Batum. Un choc générationnel inévitable qui n’a cependant pas joué un rôle déterminant dans la décision du capitaine de passer la main. Mais après avoir lancé idéalement les Bleus dans la course à la Coupe du Monde et avoir égalé le nombre de

sélections de sa mère, Boris Diaw a estimé, à 36 ans, qu’il était temps. "Il est Président de sa propre vie", glisse Nicolas Batum. "Il a pris le large et on ne sait pas quand on le reverra." Pour sa première sortie en compétition de l’ère post-Diaw, l’Équipe de France a été surprise en

Bulgarie, avant de corriger le tir face à la Finlande. Pendant 16 ans elle a vécu une fabuleuse histoire d’amour avec Boris Diaw. "On ne s’est jamais posé la question de sa présence", admet Vincent Collet. Désormais doit se poser la question de son absence.

Presse Sports / Boue

2018

14 BASKETBALLMAGAZINE


COUPE DU MONDE TENERIFE >

LES BLEUES CINQUIÈMES À LA COUPE DU MONDE Propos recueillis par Kevin Bosi

Bacot / FFBB

Sorties en quart de finale pour la Belgique, les Bleues ont fait preuve d’orgueil et de fierté en s’imposant lors des matches de classement de la Coupe du Monde 2018 à Tenerife (Espagne) pour atteindre la cinquième place de la compétition. La deuxième meilleure performance de l’Histoire après le bronze en 1953.

46 BASKETBALLMAGAZINE

Les mines sont déconfites, les regards tristes. Les sanglots de Marine Johannes à la télévision émeuvent les fans français, tandis que Diandra Tchatchouang peine à trouver les mots face aux journalistes. La France vient de se faire balayer en quarts de finale de la Coupe du Monde par la Belgique (84-65), qui participait pourtant pour la première fois de son histoire à une compétition planétaire. Depuis le début de la préparation entamée le 30 juillet à SaintGirons dans l’Ariège, les coéquipières d’Endy Miyem, nouvelle capitaine depuis novembre dernier et le départ de Céline Dumerc, avaient affiché haut et fort leurs ambitions de podium. Il n’en sera rien, et la France doit rentrer de Tenerife sans médaille.

Meilleure marqueuse des Bleues en Espagne (12,6 points), Sandrine Gruda a continué d’écrire un peu plus sa légende. Scoreuse redoutable, la nouvelle intérieure de Schio (Italie) a profité de la campagne estivale 2018 pour faire grimper son nombre de points inscrits en bleu : 118 points en préparation puis 88 en compétition, pour porter son total à 2350 points. Elle devient ainsi la 4e meilleure scoreuse de l’Histoire, en dépassant Irène Guidotti (2288), PaolineEkambi (2321) et Jacky Chazalon (2334). À ce rythme, le Top 3 composé de Cathy Melain (2439), Elisabeth Riffiod (2478) et Isabelle Fijalkowski (2567) pourrait bien être bousculé dans les prochaines années par la Martiniquaise.

Bacot / FFBB

GRUDA, UN PEU PLUS DANS L’HISTOIRE

L’APPRENTISSAGE SE POURSUIT L’emblématique meneuse tricolore a tiré sa révérence, laissant une Equipe de France orpheline de sa recordwoman du nombre de sélection (262) sur le poste 1. Après avoir assuré l’intérim aux J.O. de 2016 en l’absence de Dumerc blessée de dernière minute, Olivia Epoupa détient maintenant les clés. Son énergie des deux côtés du terrain et son agressivité permanente ont permis d’imprimer un rythme d’enfer, bien épaulée dans les rotations par le duo Romane BerniesAlix Duchet, qui disputaient toutes les deux leur première grande compétition. L’après Dumerc, c’est aussi un leadership à réorganiser, et cela commence également sur le terrain. Sandrine Gruda a montré qu’elle était toujours une scoreuse hors pair (meilleure marqueuse avec 12,6 points) et que la force intérieure tricolore était toujours intacte. Endy Miyem, qui a repris le rôle de capitaine avec brio, et Diandra Tchatchouang, dont la polyvalence et la progression aux tirs est remarquable, ont assuré et ont été des guides pour leurs coéquipières. "Elles ne seront plus pareilles après avoir disputé cette nouvelle compétition internationale." Tels sont les mots de Valérie Garnier en zone mixte à l’issue de la compétition concernant ses jeunes joueuses. En tête de gondole, Marine Johannes assurément. Responsabilisée, l’arrière normande est devenue une pièce majeure du dispositif

Résultats Phase de poule

Quarts de finale

France bat Corée du Sud 89-58

Belgique bat France 86-65

France bat Grèce 75-71 Canada bat France 71-60

Matches de classement France bat Nigeria 84-62

Barrage France bat Turquie 78-61

France bat Chine 81-67

Statistiques cumulées Joueuse Sandrine Gruda Endy Miyem Marine Johannès Alexia Chartereau Helena Ciak Diandra Tchatchouang Valériane Ayayi Olivia Epoupa Sarah Michel Romane Bernies Alix Duchet Marième Badiane

MJ 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 6 4

Min 25 24 24 15 13 22 16 24 17 13 6 4

Pct 57,6 47,6 40,0 50,0 55,9 51,6 41,7 41,2 27,5 41,2 33,3 33,3

Rb 7,0 3,9 2,3 3,1 3,6 3,7 2,6 5,1 1,4 1,4 1,0 0,5

PD 1,9 1,6 3,3 1,0 0,3 2,6 2,1 4,4 2,6 2,3 1,3 0,3

Pts 12,6 11,4 10,6 7,9 7,4 5,6 5,1 5,0 5,0 3,4 1,5 1,3

OCTOBRE2018 47


COUPE DU MONDE TENERIFE >

LES BLEUES CINQUIÈMES À LA COUPE DU MONDE Propos recueillis par Kevin Bosi

Bacot / FFBB

Sorties en quart de finale pour la Belgique, les Bleues ont fait preuve d’orgueil et de fierté en s’imposant lors des matches de classement de la Coupe du Monde 2018 à Tenerife (Espagne) pour atteindre la cinquième place de la compétition. La deuxième meilleure performance de l’Histoire après le bronze en 1953.

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Les mines sont déconfites, les regards tristes. Les sanglots de Marine Johannes à la télévision émeuvent les fans français, tandis que Diandra Tchatchouang peine à trouver les mots face aux journalistes. La France vient de se faire balayer en quarts de finale de la Coupe du Monde par la Belgique (84-65), qui participait pourtant pour la première fois de son histoire à une compétition planétaire. Depuis le début de la préparation entamée le 30 juillet à SaintGirons dans l’Ariège, les coéquipières d’Endy Miyem, nouvelle capitaine depuis novembre dernier et le départ de Céline Dumerc, avaient affiché haut et fort leurs ambitions de podium. Il n’en sera rien, et la France doit rentrer de Tenerife sans médaille.

Meilleure marqueuse des Bleues en Espagne (12,6 points), Sandrine Gruda a continué d’écrire un peu plus sa légende. Scoreuse redoutable, la nouvelle intérieure de Schio (Italie) a profité de la campagne estivale 2018 pour faire grimper son nombre de points inscrits en bleu : 118 points en préparation puis 88 en compétition, pour porter son total à 2350 points. Elle devient ainsi la 4e meilleure scoreuse de l’Histoire, en dépassant Irène Guidotti (2288), PaolineEkambi (2321) et Jacky Chazalon (2334). À ce rythme, le Top 3 composé de Cathy Melain (2439), Elisabeth Riffiod (2478) et Isabelle Fijalkowski (2567) pourrait bien être bousculé dans les prochaines années par la Martiniquaise.

Bacot / FFBB

GRUDA, UN PEU PLUS DANS L’HISTOIRE

L’APPRENTISSAGE SE POURSUIT L’emblématique meneuse tricolore a tiré sa révérence, laissant une Equipe de France orpheline de sa recordwoman du nombre de sélection (262) sur le poste 1. Après avoir assuré l’intérim aux J.O. de 2016 en l’absence de Dumerc blessée de dernière minute, Olivia Epoupa détient maintenant les clés. Son énergie des deux côtés du terrain et son agressivité permanente ont permis d’imprimer un rythme d’enfer, bien épaulée dans les rotations par le duo Romane BerniesAlix Duchet, qui disputaient toutes les deux leur première grande compétition. L’après Dumerc, c’est aussi un leadership à réorganiser, et cela commence également sur le terrain. Sandrine Gruda a montré qu’elle était toujours une scoreuse hors pair (meilleure marqueuse avec 12,6 points) et que la force intérieure tricolore était toujours intacte. Endy Miyem, qui a repris le rôle de capitaine avec brio, et Diandra Tchatchouang, dont la polyvalence et la progression aux tirs est remarquable, ont assuré et ont été des guides pour leurs coéquipières. "Elles ne seront plus pareilles après avoir disputé cette nouvelle compétition internationale." Tels sont les mots de Valérie Garnier en zone mixte à l’issue de la compétition concernant ses jeunes joueuses. En tête de gondole, Marine Johannes assurément. Responsabilisée, l’arrière normande est devenue une pièce majeure du dispositif

Résultats Phase de poule

Quarts de finale

France bat Corée du Sud 89-58

Belgique bat France 86-65

France bat Grèce 75-71 Canada bat France 71-60

Matches de classement France bat Nigeria 84-62

Barrage France bat Turquie 78-61

France bat Chine 81-67

Statistiques cumulées Joueuse Sandrine Gruda Endy Miyem Marine Johannès Alexia Chartereau Helena Ciak Diandra Tchatchouang Valériane Ayayi Olivia Epoupa Sarah Michel Romane Bernies Alix Duchet Marième Badiane

MJ 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 6 4

Min 25 24 24 15 13 22 16 24 17 13 6 4

Pct 57,6 47,6 40,0 50,0 55,9 51,6 41,7 41,2 27,5 41,2 33,3 33,3

Rb 7,0 3,9 2,3 3,1 3,6 3,7 2,6 5,1 1,4 1,4 1,0 0,5

PD 1,9 1,6 3,3 1,0 0,3 2,6 2,1 4,4 2,6 2,3 1,3 0,3

Pts 12,6 11,4 10,6 7,9 7,4 5,6 5,1 5,0 5,0 3,4 1,5 1,3

OCTOBRE2018 47


Bacot / FFBB

Mais si les Bleues n’ont pas réussi à passer un cap pour aller accrocher une médaille mondiale, elles peuvent s’en prendre à leur manque de régularité, notamment défensive. À l’image du Canada en poule où elles encaissent 26 points en première mi-temps, puis 45 en deuxième. Ou bien alors de la première moitié de match face à la Belgique, avec 53 points encaissés. Par ailleurs, sa place de troisième meilleure attaque de la Coupe du Monde (76 points) est un fort signe de la volonté de jouer vers l’avant des troupes de Valérie Garnier, qui doivent encore progresser sur les pertes de balle (15,4) et la réussite aux lancers-francs (65,1%) pour devenir une attaque encore plus redoutable. Des points à améliorer très rapidement pour des Bleues qui se retrouveront très vite, en novembre prochain pour les derniers matches de qualification à l’Euro 2019. Après un déplacement en Roumanie (17 novembre), les Tricolores se rendront à CharlevilleMézières. Elles accueilleront la Slovénie à la Caisse d’Epargne Arena (21 novembre) et devront s’imposer après leur déconvenue à l’aller pour reprendre la première place du groupe et assurer la qualification à l’Euro en Lettonie et Serbie l’été prochain. Et au vu de cette cinquième place à Tenerife, elles en ont largement les moyens.

Les Etats-Unis et les autres

48 BASKETBALLMAGAZINE

Classement final 1 2 3 Bacot / FFBB

Il n’y aura pas eu une once de suspense en finale de la compétition. À l’image du parcours tranquille des Américaines à Tenerife, qui auront terrassé toutes les équipes qui se seront présentées sur leur chemin (écart moyen de 20,6 points). Ni l’Australie du phénomène Elisabeth Cambage (23,8 points), ni la surprenante Belgique dans le dernier carré pour sa première participation, ne seront parvenus à faire trembler les coéquipières de prodige Breanna Stewart, MVP de la compétition, quelques semaines après son sacre WNBA avec Seattle et son autre titre de MVP. Les Etats-Unis remportent la compétition pour la 10e fois de leur histoire, et valident ainsi leur ticket pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

français. Deuxième joueuse la plus utilisé de la compétition derrière Gruda (24 minutes en moyenne), elle prend près de 9 tirs par match et doit désormais assumer un statut de leader offensif, au même titre que l’intérieure martiniquaise. Ses coups de génie ont à nouveau fait des étincelles à Tenerife, et ses 17 points en quarts de finale contre la Belgique prouvent qu’elle peut déjà répondre présente dans les grands rendez-vous. Sa coéquipière à Bourges, Alexia Chartereau, a également impressionné à seulement 20

ans. Pour sa deuxième compétition après l’Euro 2017, la poste 4 a montré une très belle rentabilité en sortie de banc (7,9 points en 15 minutes). Adroite de loin et capable de sortir les Bleues de possessions délicates, son profil de shooteuse pure fait d’elle une arme redoutable qui devrait encore monter en régime dans les prochaines années. Après une saison remarquable, Valériane Ayayi a été tout aussi efficace, alors que Marième Badiane a découvert le niveau mondial pour la première fois.

4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

Etats-Unis Australie Espagne Belgique France Chine Canada Nigeria Japon Turquie Grèce Sénégal Lettonie Corée Argentine Porto Rico

Bacot / FFBB

GAGNER EN CONSTANCE

VALÉRIE GARNIER "Quand on voit les demi-finales, on est à notre juste place" L’entraîneur des Bleues revient sur la cinquième place de l’Équipe de France à Tenerife et sur ce qu’il a manqué à ses troupes pour franchir un cap et atteindre le dernier carré une compétition relevée. Comment analysez-vous la cinquième place de l’Équipe de France à la Coupe du Monde ? Ce qui ressort de cette compétition, c’est le manque de constance que l’on a eu avec des hauts qui ont été très forts, et des moments faibles qui nous ont été fatals, notamment ce deuxième quart-temps en quart de finale contre la Belgique. Ce manque de constance défensive fait que défensivement, on a pu encaisser 33 points dans ce deuxième quart contre la Belgique. Après, j’ai trouvé que c’était un Mondial très relevé avec un niveau de jeu impressionnant, et des continents qui se rapprochent du top niveau. On a vu les Africaines comme le Sénégal et le Nigeria répondre présents, les Asiatiques avec la Chine et le Japon qui ont élevé leur niveau de jeu. Peut-être qu’avec cette 5eplace, par rapport à ce qu’il s’est passé et quand on voit les demi-finales, on est à notre juste place. Même si on souhaitait atteindre le dernier carré…

Le groupe jouait sa première compétition sans Céline Dumerc. Avec un peu plus de 25 ans de moyenne d’âge, cette jeune équipe renouvelée a beaucoup appris de cette Coupe du Monde… En effet, elles ont grandi au fil de la préparation et de la compétition. On ne peut pas me dire que c’est compliqué de gérerles arrêts de Céline Dumerc et Gaëlle Skrela, et un an plus tôt d’Isabelle Yacoubou, et à la fois trouver que ce n’est pas normal que cette jeune équipe ne soit pas dans le dernier carré… C’est quelque chose que j’ai du mal à comprendre d’autant plus que cette cinquième place est la deuxième meilleure performance de l’Histoire (3e en 1953 et également 5e en 2006). La performance elle est tout de même louable.

L’Équipe de France a montré à Tenerife tout son potentiel offensif (3e meilleure attaque avec 76 points de moyenne). Elle a en revanche montré des lacunes défensives. Serait-ce l’un de ces plus grands défis : réussir à faire défendre des attaquantes hors pair ? On a encaissé 68 points de moyenne par match. Pour une équipe qui veut avoir des ambitions, c’est beaucoup trop. Surtout que ce sont des choses qui sont facilement identifiables comme le repli, le rebond défensif, la tenue des un-contre-un, avant même de parler de technique et de tactique. Ce sont des actions individuelles et collectives qu’on constate ensuite à la vidéo, et on a été permissives dans tous ces domaines.

Le calendrier FIBA fait que les Bleues se retrouveront très rapidement au mois de novembre pour les qualifications à l’Euro 2019. Comment allez-vous faire pour corriger cela et remporter vos deux prochains matches en Roumanie et contre la Slovénie pour reprendre la première place du groupe ? On va se revoir et on aura une semaine de travail très importante avant de disputer ces deux rencontres. Elle sera effectivement axée sur l’aspect défensif de ce qu’on aura à proposer face à ces deux équipes. Alors que par le passé l’Équipe de France avait souvent du mal à scorer et à marquer, aujourd’hui, il semblerait qu’on ait une équipe qui soit forte offensivement. Il faut qu’on s’améliore dans le domaine qui nous a fait défaut, et qui à la base était l’identité de l’Équipe de France.


Bacot / FFBB

Mais si les Bleues n’ont pas réussi à passer un cap pour aller accrocher une médaille mondiale, elles peuvent s’en prendre à leur manque de régularité, notamment défensive. À l’image du Canada en poule où elles encaissent 26 points en première mi-temps, puis 45 en deuxième. Ou bien alors de la première moitié de match face à la Belgique, avec 53 points encaissés. Par ailleurs, sa place de troisième meilleure attaque de la Coupe du Monde (76 points) est un fort signe de la volonté de jouer vers l’avant des troupes de Valérie Garnier, qui doivent encore progresser sur les pertes de balle (15,4) et la réussite aux lancers-francs (65,1%) pour devenir une attaque encore plus redoutable. Des points à améliorer très rapidement pour des Bleues qui se retrouveront très vite, en novembre prochain pour les derniers matches de qualification à l’Euro 2019. Après un déplacement en Roumanie (17 novembre), les Tricolores se rendront à CharlevilleMézières. Elles accueilleront la Slovénie à la Caisse d’Epargne Arena (21 novembre) et devront s’imposer après leur déconvenue à l’aller pour reprendre la première place du groupe et assurer la qualification à l’Euro en Lettonie et Serbie l’été prochain. Et au vu de cette cinquième place à Tenerife, elles en ont largement les moyens.

Les Etats-Unis et les autres

48 BASKETBALLMAGAZINE

Classement final 1 2 3 Bacot / FFBB

Il n’y aura pas eu une once de suspense en finale de la compétition. À l’image du parcours tranquille des Américaines à Tenerife, qui auront terrassé toutes les équipes qui se seront présentées sur leur chemin (écart moyen de 20,6 points). Ni l’Australie du phénomène Elisabeth Cambage (23,8 points), ni la surprenante Belgique dans le dernier carré pour sa première participation, ne seront parvenus à faire trembler les coéquipières de prodige Breanna Stewart, MVP de la compétition, quelques semaines après son sacre WNBA avec Seattle et son autre titre de MVP. Les Etats-Unis remportent la compétition pour la 10e fois de leur histoire, et valident ainsi leur ticket pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

français. Deuxième joueuse la plus utilisé de la compétition derrière Gruda (24 minutes en moyenne), elle prend près de 9 tirs par match et doit désormais assumer un statut de leader offensif, au même titre que l’intérieure martiniquaise. Ses coups de génie ont à nouveau fait des étincelles à Tenerife, et ses 17 points en quarts de finale contre la Belgique prouvent qu’elle peut déjà répondre présente dans les grands rendez-vous. Sa coéquipière à Bourges, Alexia Chartereau, a également impressionné à seulement 20

ans. Pour sa deuxième compétition après l’Euro 2017, la poste 4 a montré une très belle rentabilité en sortie de banc (7,9 points en 15 minutes). Adroite de loin et capable de sortir les Bleues de possessions délicates, son profil de shooteuse pure fait d’elle une arme redoutable qui devrait encore monter en régime dans les prochaines années. Après une saison remarquable, Valériane Ayayi a été tout aussi efficace, alors que Marième Badiane a découvert le niveau mondial pour la première fois.

4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

Etats-Unis Australie Espagne Belgique France Chine Canada Nigeria Japon Turquie Grèce Sénégal Lettonie Corée Argentine Porto Rico

Bacot / FFBB

GAGNER EN CONSTANCE

VALÉRIE GARNIER "Quand on voit les demi-finales, on est à notre juste place" L’entraîneur des Bleues revient sur la cinquième place de l’Équipe de France à Tenerife et sur ce qu’il a manqué à ses troupes pour franchir un cap et atteindre le dernier carré une compétition relevée. Comment analysez-vous la cinquième place de l’Équipe de France à la Coupe du Monde ? Ce qui ressort de cette compétition, c’est le manque de constance que l’on a eu avec des hauts qui ont été très forts, et des moments faibles qui nous ont été fatals, notamment ce deuxième quart-temps en quart de finale contre la Belgique. Ce manque de constance défensive fait que défensivement, on a pu encaisser 33 points dans ce deuxième quart contre la Belgique. Après, j’ai trouvé que c’était un Mondial très relevé avec un niveau de jeu impressionnant, et des continents qui se rapprochent du top niveau. On a vu les Africaines comme le Sénégal et le Nigeria répondre présents, les Asiatiques avec la Chine et le Japon qui ont élevé leur niveau de jeu. Peut-être qu’avec cette 5eplace, par rapport à ce qu’il s’est passé et quand on voit les demi-finales, on est à notre juste place. Même si on souhaitait atteindre le dernier carré…

Le groupe jouait sa première compétition sans Céline Dumerc. Avec un peu plus de 25 ans de moyenne d’âge, cette jeune équipe renouvelée a beaucoup appris de cette Coupe du Monde… En effet, elles ont grandi au fil de la préparation et de la compétition. On ne peut pas me dire que c’est compliqué de gérerles arrêts de Céline Dumerc et Gaëlle Skrela, et un an plus tôt d’Isabelle Yacoubou, et à la fois trouver que ce n’est pas normal que cette jeune équipe ne soit pas dans le dernier carré… C’est quelque chose que j’ai du mal à comprendre d’autant plus que cette cinquième place est la deuxième meilleure performance de l’Histoire (3e en 1953 et également 5e en 2006). La performance elle est tout de même louable.

L’Équipe de France a montré à Tenerife tout son potentiel offensif (3e meilleure attaque avec 76 points de moyenne). Elle a en revanche montré des lacunes défensives. Serait-ce l’un de ces plus grands défis : réussir à faire défendre des attaquantes hors pair ? On a encaissé 68 points de moyenne par match. Pour une équipe qui veut avoir des ambitions, c’est beaucoup trop. Surtout que ce sont des choses qui sont facilement identifiables comme le repli, le rebond défensif, la tenue des un-contre-un, avant même de parler de technique et de tactique. Ce sont des actions individuelles et collectives qu’on constate ensuite à la vidéo, et on a été permissives dans tous ces domaines.

Le calendrier FIBA fait que les Bleues se retrouveront très rapidement au mois de novembre pour les qualifications à l’Euro 2019. Comment allez-vous faire pour corriger cela et remporter vos deux prochains matches en Roumanie et contre la Slovénie pour reprendre la première place du groupe ? On va se revoir et on aura une semaine de travail très importante avant de disputer ces deux rencontres. Elle sera effectivement axée sur l’aspect défensif de ce qu’on aura à proposer face à ces deux équipes. Alors que par le passé l’Équipe de France avait souvent du mal à scorer et à marquer, aujourd’hui, il semblerait qu’on ait une équipe qui soit forte offensivement. Il faut qu’on s’améliore dans le domaine qui nous a fait défaut, et qui à la base était l’identité de l’Équipe de France.


CARRIÈRE NBA >

je vais juste mettre des points pour être MVP, All Star… Non. Non. Nous étions en pleine reconstruction à Charlotte. On avait gagné 9 matches sur 28. Et moi je veux être All Star ?" La situation atteint le point de rupture en mars 2012. La date de limite des transferts est dépassée et les deux parties parviennent à trouver un terrain d’accord financier. Diaw laisse quelques centaines de milliers de dollars sur la table pour recouvrer sa liberté. Les Celtics l’approchent mais le 23 mars il s’engage avec les San Antonio Spurs. Parker-Diaw, le duo inséparable de l’INSEP et des Bleus devient également une réalité en NBA. Le deuxième degré de Popovich, la culture de la victoire de la franchise, le multiculturalisme de l’effectif, tous les ingrédients sont réunis pour que Diaw s’épanouisse dans le Texas. En dehors du terrain ils tissent des liens uniques avec la légion étrangère composée de Patty Mills (Australie), Manu Ginobili (Argentine) et Tiago Splitter (Brésil). Sur les parquets il participe à deux finales NBA en 2013 et 2014. Lors de la seconde, Diaw est l’homme qui change le cours de l’histoire. Aligné dans le cinq majeur à partir du match 3 il pose des problèmes de matchups insolubles au

Presse Sports / Hahn

Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseils techniques et pratiques.

Valériane Ayayi et Sarah Michel

2014

28 BASKETBALLMAGAZINE

Presse Sports / Hahn

2017

Heat et limite l’impact de LeBron James. A 32 ans, un an après avoir atteint le Graal avec l’Équipe de France, Boris Diaw est sur le toit du Monde. Il en profitera pour signer un nouveau contrat de quatre ans avec les Spurs, la dernière année n’étant pas garantie. Échangé à l’été 2016, Diaw a

56

Action Images / Panoramic

2014

joué les grands frères à Utah pendant une saison avant que le Jazz le laisse libre. Au final, Boris Diaw, qui déteste les chiffres, aura gagné 80 millions de dollars en NBA, dépassé la barre mythique des 1000 matches joués et laissé, comme partout, le souvenir d’un joueur et d’un homme à part.

75,60 84,70

OCTOBRE2018 29


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