Novembre 2018

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BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL

FABIEN CAUSEUR JOUEUR FRANÇAIS DE L'ANNÉE VIVRE ENSEMBLE À AVIGNON

SAINT-QUENTIN

N°851 - NOVEMBRE 2018


FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

FABIEN CAUSEUR

INTERVIEW

"C’ÉTAIT IMPENSABLE DE GAGNER" Propos recueillis par Julien Guérineau, à Madrid

10 BASKETBALL MAGAZINE

NOVEMBRE 2018

Bellenger / IS / FFBB

Champion d’Allemagne avec Bamberg et MVP de la finale en 2017, Fabien Causeur a franchi un cap la saison passée en rejoignant le Real Madrid. Champion d’Espagne et vainqueur de l’Euroleague en 2018, décisif lors du Final Four (17 pts en finale), le Breton a conclu une année de rêve en remportant le trophée Alain Gilles, qui récompense le meilleur joueur français.

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FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

FABIEN CAUSEUR

INTERVIEW

"C’ÉTAIT IMPENSABLE DE GAGNER" Propos recueillis par Julien Guérineau, à Madrid

10 BASKETBALL MAGAZINE

NOVEMBRE 2018

Bellenger / IS / FFBB

Champion d’Allemagne avec Bamberg et MVP de la finale en 2017, Fabien Causeur a franchi un cap la saison passée en rejoignant le Real Madrid. Champion d’Espagne et vainqueur de l’Euroleague en 2018, décisif lors du Final Four (17 pts en finale), le Breton a conclu une année de rêve en remportant le trophée Alain Gilles, qui récompense le meilleur joueur français.

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FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT que cette sensation d’être un gagnant a débuté. En plus je me suis marié cet été. Ça je le place tout en haut.

Comment réagissez-vous à votre victoire ? C’est une énorme fierté de remporter un Trophée comme celuici. De par le nom d’Alain Gilles déjà. Ensuite du fait des noms des précédents vainqueurs et de la concurrence. Evidemment, quand on gagne beaucoup de trophées, cela en appelle d’autres. Je suis très fier de montrer que les trophées collectifs amènent à des trophées individuels. Ce n’est pas ma meilleure saison statistique mais j’ai brillé sur des matches importants. Mais si Rudy Gobert ou Marine Johannes l’avaient emporté, cela ne m’aurait pas choqué. C’était impensable de gagner ce trophée. Quand Nando l’a gagné, jamais je ne me suis dit : "il faut que ce soit moi l’année prochaine." Après, honnêtement, avec tous les résultats, je me suis quand même dit, "j’aimerais bien que ce soit moi." On prend goût aux trophées. Est-ce toute la difficulté de départager performances individuelles et collectives, joueurs et joueuses, NBA et Euroleague ? Quand Rudy était blessé, les résultats du Jazz n’avaient rien à voir, leur défense n’avait rien à voir. Son impact était immense. Son titre de meilleure défenseur était largement mérité. C’est difficile de choisir entre un joueur qui a réalisé une énorme saison individuelle et un autre qui a tout gagné. NBA ou Euroleague, ça dépend des votants. Et je suis très content d’avoir remporté le vote du public. Vous avez visiblement suivi… Évidemment ! Surtout sur les derniers jours ! J’ai envoyé les liens à ma famille, je pense que toute la Bretagne a voté. Et une fois que Sergio Llull, Felipe Reyes et Rudy Fernandez ont partagé le lien, cela a donné un bon coup de boost à mes voix. Ce Trophée Alain Gilles est-il la conclusion inévitable d’une année exceptionnelle ? Tout le monde me dit : quelle année 2018 ! En fait cela a commencé en 2017 avec Bamberg. Je n’avais rien gagné depuis Cholet en 2012. Rien pendant quatre ans à Vitoria. En gagnant la Coupe puis le championnat avec Bamberg, c’est là

12 BASKETBALL MAGAZINE

”Tout est fait pour qu’on se concentre exclusivement sur le basket.” Vous faites équipe avec Rudy Fernandez, Sergio Llull ou Felipe Reyes, des internationaux espagnols avec qui la France a connu des matches houleux. Y avez-vous pensé en signant à Madrid ? Je parle espagnol depuis un moment. Ma femme est madrilène. J’ai été très bien accepté, dès le début. Bien sûr, à chaque France-Espagne, quel que soit le sport, on se chamaille. Mais le jour de ma signature, j’avais un message de Sergio Llull pour me souhaiter la bienvenue. D’ailleurs j’ai eu un fou rire quand j’ai pensé au fait que Rudy Fernandez a voté pour moi pour le Trophée Alain Gilles. Je l’imaginais gagner le maillot dédicacé de l’Equipe de France. Ça me ferait plaisir de lui donner en personne. Que représentait pour vous cette signature au Real l’été dernier ? C’était un rêve de gamin que je voulais réaliser. Cela fait des années que je regarde le Real Madrid avec de grands yeux. Je m’en suis approché avec Vitoria et j’ai commencé à les détester parce qu’ils nous battaient. Mais en même temps j’avais envie de venir ici. Pour moi c’est le meilleur club au Monde. Quand l’offre est arrivée, je n’ai pas hésité une seconde. Même s’il y avait un risque au niveau du temps de jeu. Mais je n’ai jamais eu de problème dans ma carrière pour me fixer des objectifs et me battre.

Angel Martinez / ACB

Le Real Madrid dégage une étonnante impression de fraternité alors que son effectif est pléthorique et les temps de jeu très répartis. Est-ce une réalité ? C’était une vraie question quand je suis arrivé. Il y a énormément d’ego dans ce groupe. Enormément de grands joueurs. En fait, chacun accepte de rentrer dans le groupe avec un rôle spécifique. Pablo Laso réalise un travail exceptionnel à ce niveau. Il y a énormément de compétitivité lors des entraînements, tout le monde sait parfaitement qu’on doit se partager les minutes et bien jouer parce que tout le monde veut rester dans un club comme le Real. Pablo gère parfaitement les rotations et sait faire en sorte que chaque joueur puisse briller.

La réalité correspond-elle au fantasme ? C’est encore plus grand que ce que je pensais. De l’intérieur on se rend compte de toute l’organisation autour du Real. Des personnes font en sorte qu’on se sente bien de notre arrivée à la salle à notre départ. Au moindre souci à notre domicile on peut appeler quelqu’un. Les installations sont exceptionnelles. Les conditions de voyage. Tout est fait pour qu’on se concentre exclusivement sur le basket. Avez-vous la sensation d’avoir franchi un nouveau cap en matière de professionnalisation ? Vitoria c’était déjà un énorme changement après Cholet. Mais le Real… Le Président Fiorentino Perez vient nous serrer la main après chaque match dans le vestiaire. C’est incroyable qu’une personnalité si importante pour le club, pour la ville est constamment derrière nous. Au niveau de l’organisation et des installations, d’après les discussions que je peux avoir avec les joueurs français de NBA ou ceux, ici, qui y ont joué, nous n’avons pas grand-chose à envier aux franchises NBA.

Comment la hiérarchie est-elle construite dans un club comme le Real ? La hiérarchie est très établie en dehors du terrain. Des joueurs comme Felipe Reyes ou Sergio Llull, s’ils ont envie d’aller en soin avant un autre, ils iront. Mais c’est la même chose dans toutes les équipes. Sur le terrain c’est le coach qui construit cette hiérarchie. Nous sommes 16 dans l’effectif. Tout peut arriver à tout moment. Tout peut être remis en question. La force de cette équipe c’est qu’elle a livré beaucoup de batailles. L’année dernière le Panathinaikos nous met 30 points au match 1 de

ACB

Bacot / FFBB

Avez-vous pensé prendre votre retraite faute de pouvoir faire mieux ? Ça ne va pas ou quoi ! J’en parlais à Jaycee Caroll. Il a signé pour deux nouvelles saisons au Real. Quand tu n’as jamais gagné de titres, tu te dis, une fois dans ma carrière, ce serait génial. Mais quand tu l’as vécu une fois, cela devient une obsession. Gagner à nouveau. C’est ce qui m’arrive depuis deux ans. Je veux que personne ne nous les prenne.

„C’était un rêve de gamin que je voulais réaliser. Cela fait des années que je regarde le Real Madrid avec de grands yeux.„

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT que cette sensation d’être un gagnant a débuté. En plus je me suis marié cet été. Ça je le place tout en haut.

Comment réagissez-vous à votre victoire ? C’est une énorme fierté de remporter un Trophée comme celuici. De par le nom d’Alain Gilles déjà. Ensuite du fait des noms des précédents vainqueurs et de la concurrence. Evidemment, quand on gagne beaucoup de trophées, cela en appelle d’autres. Je suis très fier de montrer que les trophées collectifs amènent à des trophées individuels. Ce n’est pas ma meilleure saison statistique mais j’ai brillé sur des matches importants. Mais si Rudy Gobert ou Marine Johannes l’avaient emporté, cela ne m’aurait pas choqué. C’était impensable de gagner ce trophée. Quand Nando l’a gagné, jamais je ne me suis dit : "il faut que ce soit moi l’année prochaine." Après, honnêtement, avec tous les résultats, je me suis quand même dit, "j’aimerais bien que ce soit moi." On prend goût aux trophées. Est-ce toute la difficulté de départager performances individuelles et collectives, joueurs et joueuses, NBA et Euroleague ? Quand Rudy était blessé, les résultats du Jazz n’avaient rien à voir, leur défense n’avait rien à voir. Son impact était immense. Son titre de meilleure défenseur était largement mérité. C’est difficile de choisir entre un joueur qui a réalisé une énorme saison individuelle et un autre qui a tout gagné. NBA ou Euroleague, ça dépend des votants. Et je suis très content d’avoir remporté le vote du public. Vous avez visiblement suivi… Évidemment ! Surtout sur les derniers jours ! J’ai envoyé les liens à ma famille, je pense que toute la Bretagne a voté. Et une fois que Sergio Llull, Felipe Reyes et Rudy Fernandez ont partagé le lien, cela a donné un bon coup de boost à mes voix. Ce Trophée Alain Gilles est-il la conclusion inévitable d’une année exceptionnelle ? Tout le monde me dit : quelle année 2018 ! En fait cela a commencé en 2017 avec Bamberg. Je n’avais rien gagné depuis Cholet en 2012. Rien pendant quatre ans à Vitoria. En gagnant la Coupe puis le championnat avec Bamberg, c’est là

12 BASKETBALL MAGAZINE

”Tout est fait pour qu’on se concentre exclusivement sur le basket.” Vous faites équipe avec Rudy Fernandez, Sergio Llull ou Felipe Reyes, des internationaux espagnols avec qui la France a connu des matches houleux. Y avez-vous pensé en signant à Madrid ? Je parle espagnol depuis un moment. Ma femme est madrilène. J’ai été très bien accepté, dès le début. Bien sûr, à chaque France-Espagne, quel que soit le sport, on se chamaille. Mais le jour de ma signature, j’avais un message de Sergio Llull pour me souhaiter la bienvenue. D’ailleurs j’ai eu un fou rire quand j’ai pensé au fait que Rudy Fernandez a voté pour moi pour le Trophée Alain Gilles. Je l’imaginais gagner le maillot dédicacé de l’Equipe de France. Ça me ferait plaisir de lui donner en personne. Que représentait pour vous cette signature au Real l’été dernier ? C’était un rêve de gamin que je voulais réaliser. Cela fait des années que je regarde le Real Madrid avec de grands yeux. Je m’en suis approché avec Vitoria et j’ai commencé à les détester parce qu’ils nous battaient. Mais en même temps j’avais envie de venir ici. Pour moi c’est le meilleur club au Monde. Quand l’offre est arrivée, je n’ai pas hésité une seconde. Même s’il y avait un risque au niveau du temps de jeu. Mais je n’ai jamais eu de problème dans ma carrière pour me fixer des objectifs et me battre.

Angel Martinez / ACB

Le Real Madrid dégage une étonnante impression de fraternité alors que son effectif est pléthorique et les temps de jeu très répartis. Est-ce une réalité ? C’était une vraie question quand je suis arrivé. Il y a énormément d’ego dans ce groupe. Enormément de grands joueurs. En fait, chacun accepte de rentrer dans le groupe avec un rôle spécifique. Pablo Laso réalise un travail exceptionnel à ce niveau. Il y a énormément de compétitivité lors des entraînements, tout le monde sait parfaitement qu’on doit se partager les minutes et bien jouer parce que tout le monde veut rester dans un club comme le Real. Pablo gère parfaitement les rotations et sait faire en sorte que chaque joueur puisse briller.

La réalité correspond-elle au fantasme ? C’est encore plus grand que ce que je pensais. De l’intérieur on se rend compte de toute l’organisation autour du Real. Des personnes font en sorte qu’on se sente bien de notre arrivée à la salle à notre départ. Au moindre souci à notre domicile on peut appeler quelqu’un. Les installations sont exceptionnelles. Les conditions de voyage. Tout est fait pour qu’on se concentre exclusivement sur le basket. Avez-vous la sensation d’avoir franchi un nouveau cap en matière de professionnalisation ? Vitoria c’était déjà un énorme changement après Cholet. Mais le Real… Le Président Fiorentino Perez vient nous serrer la main après chaque match dans le vestiaire. C’est incroyable qu’une personnalité si importante pour le club, pour la ville est constamment derrière nous. Au niveau de l’organisation et des installations, d’après les discussions que je peux avoir avec les joueurs français de NBA ou ceux, ici, qui y ont joué, nous n’avons pas grand-chose à envier aux franchises NBA.

Comment la hiérarchie est-elle construite dans un club comme le Real ? La hiérarchie est très établie en dehors du terrain. Des joueurs comme Felipe Reyes ou Sergio Llull, s’ils ont envie d’aller en soin avant un autre, ils iront. Mais c’est la même chose dans toutes les équipes. Sur le terrain c’est le coach qui construit cette hiérarchie. Nous sommes 16 dans l’effectif. Tout peut arriver à tout moment. Tout peut être remis en question. La force de cette équipe c’est qu’elle a livré beaucoup de batailles. L’année dernière le Panathinaikos nous met 30 points au match 1 de

ACB

Bacot / FFBB

Avez-vous pensé prendre votre retraite faute de pouvoir faire mieux ? Ça ne va pas ou quoi ! J’en parlais à Jaycee Caroll. Il a signé pour deux nouvelles saisons au Real. Quand tu n’as jamais gagné de titres, tu te dis, une fois dans ma carrière, ce serait génial. Mais quand tu l’as vécu une fois, cela devient une obsession. Gagner à nouveau. C’est ce qui m’arrive depuis deux ans. Je veux que personne ne nous les prenne.

„C’était un rêve de gamin que je voulais réaliser. Cela fait des années que je regarde le Real Madrid avec de grands yeux.„

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FOCUS

”C’est la seule frustration de ma carrière. Ne pas avoir gagné avec les Bleus.”

Angel Martinez / ACB

Être efficace sur de très courtes périodes, est-ce la force indispensable qu’un joueur doit posséder pour évoluer chez un très grand d’Europe ? C’est le cap que j’ai franchi la saison dernière. Arriver à un match dans le flou. Sans savoir si on va être starter ou ne pas jouer une minute. Et ne pas savoir pourquoi tu ne joues pas ou peu. Les premiers matches où ça t’arrive, tu te poses des questions : qu’est-ce que j’ai mal fait, est-ce que je bosse mal ? En discutant avec des coéquipiers déjà passés par là, tu comprends que Pablo Laso attend de ses joueurs qu’ils soient toujours prêts. A part Sergio Llull ou Luka Doncic l’an passé, personne ne va jouer plus de 20 minutes. Il faut s’y habituer. Et je ne savais pas le faire avant. Je peux passer de 25 à 5 minutes d’un match à l’autre. Mais ça ne doit pas m’empêcher de dormir, le maestro sait ce qu’il fait.

François Berthier / FFBB

playoffs et derrière on se relève pour aller chercher le Final Four. Ici c’est une famille. Ce groupe ce n’est pas que du talent. Il y en a beaucoup en Europe des équipes avec du talent. Mais il faut une alchimie pour aller au bout.

14 BASKETBALL MAGAZINE


FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT pays dans des compétitions exceptionnelles ! J’étais devant ma télé pour regarder l’Équipe de France jouer et à chaque fois je suis heureux pour les gars quand ils décrochent une médaille. Mais il y a aussi une part de jalousie. J’aurais voulu en être.

TROPHÉE ALAIN GILLES 2018

Kemal Softic / FIBA

Bellenger / IS / FFBB

Pensez-vous que paradoxalement le staff technique ne vous connaît pas ? C’est le cas. Tu connais les gars à force de les entraîner deux fois par jour pendant toute une campagne. Moi ce n’est presque jamais arrivé. D’autant plus que chaque année je revenais différent. Ils ne m’ont jamais vu à mon vrai niveau.

à la con. Une infection à l’œil, un doigt de pied fracturé en me cognant contre un meuble. Des trucs terriblement frustrants. Je ne me suis pas fait un genou ! Est-ce un manque ? C’est la seule frustration de ma carrière. Ne pas avoir gagné avec les Bleus. Ne pas avoir vraiment joué. La Coupe du Monde 2010 et les Jeux Olympiques 2012, j’étais juste sur la photo. Quand je vois mon niveau de jeu aujourd’hui et mes coéquipiers je regrette de ne pas pouvoir aider mon

arrizabalaga.photoshelter.com / ACB

A quel point la concurrence est-elle palpable dans un effectif de 16 joueurs ? Quand Laso montre un nouveau système à l’entraînement, il ne l’explique qu’une fois. Pas la peine de se répéter. Si tu n’es pas bon, un autre va jouer. Au Real il ne faut pas juste gagner, il faut performer et apporter au groupe. La concurrence est permanente. La saison dernière j’ai été rapidement à l’aise parce que Pablo Laso m’a vite fait jouer. Et beaucoup. Il aime bien donner des minutes aux nouveaux. Pour le rassurer mais aussi le tester. Quel souvenir gardez-vous des célébrations ayant suivi les titres européens au football et au basket ? Il y aura toujours les Jeux Olympiques en 2012 et l’entrée dans le stade olympique. Mais quand le stade Bernabeu crie ton nom ! Les joueurs de foot sont habitués. Mais nous, basketteurs… Il y avait des écrans géants dans tous les sens, un podium à 10 mètres de haut. C’était la fin d’une semaine passée sur un nuage.

16 BASKETBALL MAGAZINE

Le jury 2018

Emilio Cobos / ACB

A 31 ans vous ne comptez que 30 sélections en Équipe de France dont une seule depuis 2012, à l’occasion des fenêtres FIBA de juin dernier. Réalisez-vous que vos expériences en Bleu sont aussi lointaines ? C’est dingue. Quand je vois les photos on dirait un enfant qui sort des jupes de sa mère. C’est une fierté de voir tout le chemin parcouru. Les choses ne sont pas arrivées tout d’un coup. Ce n’est pas comme Rudy qui est passé de Cholet à la NBA. J’ai fait les choses petit à petit. Maintenant j’espère que l’été prochain je vais pouvoir enfin intégrer le groupe France jusqu’au bout et jouer une belle Coupe du Monde. Toutes les blessures qui m’ont empêché de jouer, c’était des blessures

Jean-Pierre Siutat (représentant FFBB), Patrick Beesley (DTN), Philippe Legname (LFB), Isabelle Fijalkowski (Club des Internationaux), George Eddy (personnalité), Arnaud Lecomte (L’Equipe), François Bontoux (AFP), Stéphane Bois (Ouest France), Yann Casseville (Basket), David Cozette (SFR Sport), Pascal Legendre (www.basketeurope.com), Gabriel Pantel Jouve (www.bebasket.com), le public.

L’élection du joueur français de l’année a vite tourné au duel entre deux anciens choletais. Fabien Causeur et Rudy Gobert ont trusté toutes les premières auprès des 13 votants. Chaque membre du jury était invité à présenter son tiercé de tête afin de distribuer les 10 points (1ère place), 7 points (2e place) et 5 points (3e place). Les performances des joueurs et des joueuses lors de la saison de club 2017/18 et lors des compétitions internationales 2018 ont été prises en compte pour déterminer l’identité du lauréat. Plus encore que les chiffres bruts, c’est la collection de trophées remportés par Fabien Causeur qui a penché dans la balance, avec en prime une partition déterminante lors de la finale du Final Four face à Fenerbahçe : 17 points en 24 minutes. Individuellement et malgré les blessures, Rudy Gobert a raflé le titre de défenseur de l’année en NBA. Son impact sur le Jazz est immense et le Français a désormais accédé au statut de franchise player. Paul Lacombe, impressionnant avec l’Équipe de France lors des fenêtres FIBA, complète le podium.

Joueur Fabien Causeur Rudy Gobert Paul Lacombe Sandrine Gruda Marine Johannes Evan Fournier Nando De Colo Olivia Epoupa Valériane Ayayi Killian Hayes Nicolas Batum

Points 102 80 20 19 19 12 10 7 7 5 5

Première place 9 4 -

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT pays dans des compétitions exceptionnelles ! J’étais devant ma télé pour regarder l’Équipe de France jouer et à chaque fois je suis heureux pour les gars quand ils décrochent une médaille. Mais il y a aussi une part de jalousie. J’aurais voulu en être.

TROPHÉE ALAIN GILLES 2018

Kemal Softic / FIBA

Bellenger / IS / FFBB

Pensez-vous que paradoxalement le staff technique ne vous connaît pas ? C’est le cas. Tu connais les gars à force de les entraîner deux fois par jour pendant toute une campagne. Moi ce n’est presque jamais arrivé. D’autant plus que chaque année je revenais différent. Ils ne m’ont jamais vu à mon vrai niveau.

à la con. Une infection à l’œil, un doigt de pied fracturé en me cognant contre un meuble. Des trucs terriblement frustrants. Je ne me suis pas fait un genou ! Est-ce un manque ? C’est la seule frustration de ma carrière. Ne pas avoir gagné avec les Bleus. Ne pas avoir vraiment joué. La Coupe du Monde 2010 et les Jeux Olympiques 2012, j’étais juste sur la photo. Quand je vois mon niveau de jeu aujourd’hui et mes coéquipiers je regrette de ne pas pouvoir aider mon

arrizabalaga.photoshelter.com / ACB

A quel point la concurrence est-elle palpable dans un effectif de 16 joueurs ? Quand Laso montre un nouveau système à l’entraînement, il ne l’explique qu’une fois. Pas la peine de se répéter. Si tu n’es pas bon, un autre va jouer. Au Real il ne faut pas juste gagner, il faut performer et apporter au groupe. La concurrence est permanente. La saison dernière j’ai été rapidement à l’aise parce que Pablo Laso m’a vite fait jouer. Et beaucoup. Il aime bien donner des minutes aux nouveaux. Pour le rassurer mais aussi le tester. Quel souvenir gardez-vous des célébrations ayant suivi les titres européens au football et au basket ? Il y aura toujours les Jeux Olympiques en 2012 et l’entrée dans le stade olympique. Mais quand le stade Bernabeu crie ton nom ! Les joueurs de foot sont habitués. Mais nous, basketteurs… Il y avait des écrans géants dans tous les sens, un podium à 10 mètres de haut. C’était la fin d’une semaine passée sur un nuage.

16 BASKETBALL MAGAZINE

Le jury 2018

Emilio Cobos / ACB

A 31 ans vous ne comptez que 30 sélections en Équipe de France dont une seule depuis 2012, à l’occasion des fenêtres FIBA de juin dernier. Réalisez-vous que vos expériences en Bleu sont aussi lointaines ? C’est dingue. Quand je vois les photos on dirait un enfant qui sort des jupes de sa mère. C’est une fierté de voir tout le chemin parcouru. Les choses ne sont pas arrivées tout d’un coup. Ce n’est pas comme Rudy qui est passé de Cholet à la NBA. J’ai fait les choses petit à petit. Maintenant j’espère que l’été prochain je vais pouvoir enfin intégrer le groupe France jusqu’au bout et jouer une belle Coupe du Monde. Toutes les blessures qui m’ont empêché de jouer, c’était des blessures

Jean-Pierre Siutat (représentant FFBB), Patrick Beesley (DTN), Philippe Legname (LFB), Isabelle Fijalkowski (Club des Internationaux), George Eddy (personnalité), Arnaud Lecomte (L’Equipe), François Bontoux (AFP), Stéphane Bois (Ouest France), Yann Casseville (Basket), David Cozette (SFR Sport), Pascal Legendre (www.basketeurope.com), Gabriel Pantel Jouve (www.bebasket.com), le public.

L’élection du joueur français de l’année a vite tourné au duel entre deux anciens choletais. Fabien Causeur et Rudy Gobert ont trusté toutes les premières auprès des 13 votants. Chaque membre du jury était invité à présenter son tiercé de tête afin de distribuer les 10 points (1ère place), 7 points (2e place) et 5 points (3e place). Les performances des joueurs et des joueuses lors de la saison de club 2017/18 et lors des compétitions internationales 2018 ont été prises en compte pour déterminer l’identité du lauréat. Plus encore que les chiffres bruts, c’est la collection de trophées remportés par Fabien Causeur qui a penché dans la balance, avec en prime une partition déterminante lors de la finale du Final Four face à Fenerbahçe : 17 points en 24 minutes. Individuellement et malgré les blessures, Rudy Gobert a raflé le titre de défenseur de l’année en NBA. Son impact sur le Jazz est immense et le Français a désormais accédé au statut de franchise player. Paul Lacombe, impressionnant avec l’Équipe de France lors des fenêtres FIBA, complète le podium.

Joueur Fabien Causeur Rudy Gobert Paul Lacombe Sandrine Gruda Marine Johannes Evan Fournier Nando De Colo Olivia Epoupa Valériane Ayayi Killian Hayes Nicolas Batum

Points 102 80 20 19 19 12 10 7 7 5 5

Première place 9 4 -

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3x3

ARBITRAGE

NAJIB CHAJIDDINE

Par Julien Guérineau

FINALISTE DE LA COUPE DU MONDE

ABONNEMENT

A l’image d’Anthony Christophe, récent vainqueur de l’Open de France 2018 et développeur Club 3.0 à la FFBB, Najib Chajiddine porte la double casquette. Arbitre international 3x3 et salarié FFBB depuis un peu plus d’un an.

FIBA

Une boule au ventre mais le sentiment d’avoir vécu une expérience exceptionnelle. A 28 ans, Najib Chajiddine a dirigé une finale de Coupe du Monde. Celle des 3x3 U23, début octobre, à Xi’an, une des sept anciennes capitales nationales de la Chine. Une chance unique offerte par la montée en puissance de la discipline. Quimper est très éloigné de l’empire du milieu mais c’est bien à l’Université de Bretagne Ouest que l’aventure a débuté en 2015. Joueur sur des tournois de 3x3

universitaires, Najib Chajiddine en avait également profité pour siffler quelques rencontres. L’arbitrage spécifique de la discipline en est encore à un stade embryonnaire avec des formations FFBB dispensées par Carole Delaune et Abdel Hamzaoui. La FIBA propose également sa filière, que le Breton intègre avec des tournois en forme de cas pratiques aux Pays-Bas. Najib Chajiddine est déjà un arbitre 5x5 de haut niveau mais l’exercice est radicalement différent sur un demi-terrain. "Il faut changer de carte SIM", sourit-il. "C’est le plus dur. La mécanique n’a rien

à voir. On ne parle par exemple pas de zones. L’arbitre le plus proche siffle et les deux sont en compétence." L’agressivité est dans l’ADN du 3x3 et la tolérance bien plus grande au niveau des contacts. "On le remarque souvent : en début de tournois les arbitres sifflent beaucoup. Plus on avance plus on laisse jouer. C’était mon cas au premier match de Coupe du Monde. On était vite arrivé à 10 fautes." De désignations sur des qualifiers d’équipes nationales en tournois de la Superleague, il acquiert à vitesse grand V le statut d’arbitre international, le deuxième français dans son cas après Régis Bardera. Une évolution parallèle à un nouveau destin professionnel au sein du nouveau pôle 3x3 de la FFBB, en tant que responsable du championnat et de l’arbitrage. Et lors de ses congés, Najib Chajiddine ne change pas d’horizon. Ou plutôt si. 3x3 toujours mais à Andorre, Bucarest, Edmonton ou encore Xi’an. "L’avantage avec la discipline c’est qu’on voyage dans le monde entier", analyse-t-il. "Un arbitre 5x5 n’ira qu’en Europe, à moins d’être désigné sur des grandes compétitions internationales. Aujourd’hui, des zones, notamment l’Amérique, sont dépeuplées en arbitres 3x3." Une formidable opportunité qu’ont saisi de nombreux anciens arbitres de 5x5 en attendant l’éclosion d’une nouvelle génération qui ira de pair avec l’évolution d’une pratique bientôt olympique et qui ne veut surtout pas rater l’exposition que constituera Tokyo 2020 : "Nous sommes en plein phase de test pour les JO. La FIBA donne des consignes très précises sur la protection des joueurs doués techniquement ou la sanction immédiate sur les contestations." Un parti pris qui n’empêche pas une grande proximité entre tous les acteurs du jeu, arbitres comme joueurs étant logés dans les mêmes hôtels lors des tournois : "Les rapports sont complètement différents du 5x5. Même sur les tournois challengers, avec du prize money à la clé, cela se passe très bien. On boit des coups ensemble le soir." Sur le terrain comme en dehors, le 3x3 cultive sa différence.

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