Janvier 2019

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BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL

AMATH M’BAYE

LAHAOU KONATE NO LIMIT TOURNOI DES DEMOISELLES TRANS FORME

N°853 - JANVIER 2019


FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

LAHAOU KONATE

PORTRAIT

L’ART DE PRENDRE SON TEMPS Par Julien Guérineau

FIBA / Vaclav Mudra

Arrivé en Pro A à 24 ans, passé par l’excellence région, la Nationale 3, la Nationale 1 et la Pro B, Lahaou Konate (1,96 m, 27 ans) a fait de son parcours atypique une force. Au point de devenir l’un des meilleurs joueurs de Jeep Élite et un membre indispensable du Team France pendant les qualifications à la Coupe du Monde.

10 BASKETBALL MAGAZINE

JANVIER 2019 11


FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

LAHAOU KONATE

PORTRAIT

L’ART DE PRENDRE SON TEMPS Par Julien Guérineau

FIBA / Vaclav Mudra

Arrivé en Pro A à 24 ans, passé par l’excellence région, la Nationale 3, la Nationale 1 et la Pro B, Lahaou Konate (1,96 m, 27 ans) a fait de son parcours atypique une force. Au point de devenir l’un des meilleurs joueurs de Jeep Élite et un membre indispensable du Team France pendant les qualifications à la Coupe du Monde.

10 BASKETBALL MAGAZINE

JANVIER 2019 11


FOCUS

Bellenger / IS / FFBB

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

”Mais tu regardes l’Euroleague ? Bah non. Passe-moi une clé USB, tu devrais peut-être t’y mettre.”

JE ME SUIS DIT QUE JE N’ÉTAIS PAS SI LOIN QUE ÇA. A PARTIR DE LÀ JE ME SUIS MIS EN MODE TRAVAIL.

12 BASKETBALL MAGAZINE

le monde me pose : qu’est-ce qui t’arrive ? Les gens ne sont pas habitués. Je leur réponds que je continue à bosser et que je prends ce qu’il y a à prendre." Avec la volonté de celui pour qui personne n’a déroulé le tapis rouge. Avec l’envie de celui qui concède qu’il a mis bien longtemps avant d’envisager pouvoir faire du basket son métier. "Jouer en N2 à côté de ma famille, j’aurais été content." Mais Konate est allé bien plus haut. Grâce à son talent mais également grâce à des rencontres et des opportunités. Celle qui s’est notamment présentée à lui lorsque son entraîneur à Orly, Patrice Zonzon, le met en contact avec l’agent de

Avec Tony Parker

Bellenger / IS / FFBB

"J’avais perdu mes potes. Tous mes gars étaient partis en centre de formation ou au Centre Fédéral. Je me suis dit que ce n’était pas fait pour moi. J’étais passé sous tous les radars. Autant m’amuser." Eté 2007. Lahaou Konate n’a pas encore 16 ans. Un an plus tôt, il a été sacré champion de France avec les minimes de la Saint-Charles Charenton. A ses côtés, Ivan Emmanuely, retenu pour intégrer le CFBB, Jérémy Nzeulie, qui rejoint la JSF Nanterre ou encore Evan Fournier, sur les tablettes de tous les recruteurs hexagonaux. Konate, lui, a poursuivi l’aventure dans le Val-de-Marne, avec les U17 région. Mais sans sa clique, le jeune homme ne trouve plus son compte. Il décide donc de retourner chez lui, à Orly, faire des carnages en U17 départemental et jouer en seniors avec son grand frère Toummany, en excellence région. 10 ans plus tard, Lahaou Konate enfile le maillot de l’Équipe de France. L’aboutissement d’un parcours tortueux et inattendu vers le plus haut niveau. Aujourd’hui, l’arrière international a acquis un statut. Mieux même, depuis le début de la saison 2018/19, il semble avoir franchi un nouveau palier, flirtant avec les 20 d’évaluation en championnat et affichant un volume de jeu qu’on ne lui connaissait pas : 14,9 points, 6,1 rebonds, 2,9 passes décisives et 1,3 interceptions après 14 journées de Jeep Élite. "Si je l’ai recruté c’est que j’espérais qu’il explose", sourit son entraîneur à Nanterre 92, Pascal Donnadieu. "Mais il me surprend chaque jour. C’est un garçon dont on savait qu’il avait des qualités athlétiques qui lui permettraient de bien défendre et d’être cohérent en attaque. Mais de là à tourner à 15 points de moyenne…" Le principal intéressé en a parfaitement conscience : "C’est la question que tout

joueur Bruno Ruiz, qui lui trouve un essai de quatre jours avec le Hyères-Toulon Var Basket. "Au bout de deux jours ils m’ont annoncé qu’ils me prenaient pour jouer en cadets France et en espoirs. Alain Weisz était l’entraîneur des pros. J’ai côtoyé Mous Sonko, Vincent Masingue, Axel Julien. Je me suis dit que je n’étais pas si loin que ça. A partir de là je me suis mis en mode travail." Pendant deux ans, il progresse sans coups d’éclat particuliers (5,1 pts en 2008/09, 8,2 pts, 4,4 rbds en 2009/10) puis prend tout le monde à contrepied en optant, alors qu’il n’a pas 20 ans, pour Denek Bat Urcuit et la Nationale 1. A Bayonne, le banlieusard n’affole pas les compteurs mais tape dans l’œil de Rémy Valin, entraîneur de l’ALM Evreux en Pro B. Le club de l’Eure lui offre la possibilité de découvrir l’antichambre tout en s’exprimant avec la réserve en Nationale 3. "On a un tel vivier qu’il y a des joueurs qui n’ont pas été au bon endroit au bon moment. Il y en a qui auraient pu faire carrière mais qui n’ont pas réussi", estime Pascal Donnadieu. "Lahaou a par exemple eu la chance de croiser Rémy Valin qui lui a permis de franchir des paliers." Pendant 4 ans, Konate grandit comme basketteur et s’ouvre à une nouvelle réalité. "En N1 je ne regardais pas la Pro B. En Pro B je ne regardais pas la Pro A. Ça ne me concernait pas. Rémy Valin m’a interpellé. "Mais tu regardes l’Euroleague ? Bah non. Passe-moi une clé USB, tu devrais peut-être t’y mettre." J’ai rattrapé mes lacunes, petit à petit. J’ai toujours eu cette éthique de travail. Si je m’étais contenté de me reposer sur mon talent, qui est la défense à la base, je ne serais sans doute pas où j’en suis. J’ai toujours voulu apprendre." L’été 2015 marque un tournant dans la carrière de Lahaou Konate. Le Mans lui offre la possibilité de découvrir la Pro A et la Direction Technique Nationale le convoque avec l’Équipe de France A’. Une convocation reconduite en 2016 et qui prend tout son sens aujourd’hui. Yakuba Ouattara, Axel Julien, Moustapha Fall, William Howard, Vincent Poirier, Ousmane Camara, Jonathan Rousselle ont fait partie de l’aventure et disputé par la suite les qualifications à la Coupe du Monde 2019. "Quand Patrick Beesley m’a parlé des A’, je savais que ce n’était pas une mission à court terme", explique Pascal Donnadieu. "L’objectif c’était de préparer des joueurs pour les fenêtres FIBA. J’ai tout de suite vu que Lahaou était un garçon très impliqué et sérieux. Avec une marge de progression intéressante. Il a été particulièrement impactant lors de la deuxième tournée, notamment à la Stankovic Cup." Des performances qui ont sans doute joué dans la décision de Pascal Donnadieu de signer le joueur, d’autant plus que son profil et son parcours ne sont pas sans rappeler ceux de Marc Judith, Jo Passave-Ducteil ou Jérémy Nzeulie, révélés sous le maillot vert et blanc. "Ils n’ont pas été sur les radars mais ils ont cette faim de

Presse Sports / Argueyrolles

Rémy Valin

”L’objectif c’était de préparer des joueurs pour les fenêtres FIBA. J’ai tout de suite vu que Lahaou était un garçon très impliqué et sérieux. Avec une marge de progression intéressante.” Pascal Donnadieu

JANVIER 2019 13


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Bellenger / IS / FFBB

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”Mais tu regardes l’Euroleague ? Bah non. Passe-moi une clé USB, tu devrais peut-être t’y mettre.”

JE ME SUIS DIT QUE JE N’ÉTAIS PAS SI LOIN QUE ÇA. A PARTIR DE LÀ JE ME SUIS MIS EN MODE TRAVAIL.

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le monde me pose : qu’est-ce qui t’arrive ? Les gens ne sont pas habitués. Je leur réponds que je continue à bosser et que je prends ce qu’il y a à prendre." Avec la volonté de celui pour qui personne n’a déroulé le tapis rouge. Avec l’envie de celui qui concède qu’il a mis bien longtemps avant d’envisager pouvoir faire du basket son métier. "Jouer en N2 à côté de ma famille, j’aurais été content." Mais Konate est allé bien plus haut. Grâce à son talent mais également grâce à des rencontres et des opportunités. Celle qui s’est notamment présentée à lui lorsque son entraîneur à Orly, Patrice Zonzon, le met en contact avec l’agent de

Avec Tony Parker

Bellenger / IS / FFBB

"J’avais perdu mes potes. Tous mes gars étaient partis en centre de formation ou au Centre Fédéral. Je me suis dit que ce n’était pas fait pour moi. J’étais passé sous tous les radars. Autant m’amuser." Eté 2007. Lahaou Konate n’a pas encore 16 ans. Un an plus tôt, il a été sacré champion de France avec les minimes de la Saint-Charles Charenton. A ses côtés, Ivan Emmanuely, retenu pour intégrer le CFBB, Jérémy Nzeulie, qui rejoint la JSF Nanterre ou encore Evan Fournier, sur les tablettes de tous les recruteurs hexagonaux. Konate, lui, a poursuivi l’aventure dans le Val-de-Marne, avec les U17 région. Mais sans sa clique, le jeune homme ne trouve plus son compte. Il décide donc de retourner chez lui, à Orly, faire des carnages en U17 départemental et jouer en seniors avec son grand frère Toummany, en excellence région. 10 ans plus tard, Lahaou Konate enfile le maillot de l’Équipe de France. L’aboutissement d’un parcours tortueux et inattendu vers le plus haut niveau. Aujourd’hui, l’arrière international a acquis un statut. Mieux même, depuis le début de la saison 2018/19, il semble avoir franchi un nouveau palier, flirtant avec les 20 d’évaluation en championnat et affichant un volume de jeu qu’on ne lui connaissait pas : 14,9 points, 6,1 rebonds, 2,9 passes décisives et 1,3 interceptions après 14 journées de Jeep Élite. "Si je l’ai recruté c’est que j’espérais qu’il explose", sourit son entraîneur à Nanterre 92, Pascal Donnadieu. "Mais il me surprend chaque jour. C’est un garçon dont on savait qu’il avait des qualités athlétiques qui lui permettraient de bien défendre et d’être cohérent en attaque. Mais de là à tourner à 15 points de moyenne…" Le principal intéressé en a parfaitement conscience : "C’est la question que tout

joueur Bruno Ruiz, qui lui trouve un essai de quatre jours avec le Hyères-Toulon Var Basket. "Au bout de deux jours ils m’ont annoncé qu’ils me prenaient pour jouer en cadets France et en espoirs. Alain Weisz était l’entraîneur des pros. J’ai côtoyé Mous Sonko, Vincent Masingue, Axel Julien. Je me suis dit que je n’étais pas si loin que ça. A partir de là je me suis mis en mode travail." Pendant deux ans, il progresse sans coups d’éclat particuliers (5,1 pts en 2008/09, 8,2 pts, 4,4 rbds en 2009/10) puis prend tout le monde à contrepied en optant, alors qu’il n’a pas 20 ans, pour Denek Bat Urcuit et la Nationale 1. A Bayonne, le banlieusard n’affole pas les compteurs mais tape dans l’œil de Rémy Valin, entraîneur de l’ALM Evreux en Pro B. Le club de l’Eure lui offre la possibilité de découvrir l’antichambre tout en s’exprimant avec la réserve en Nationale 3. "On a un tel vivier qu’il y a des joueurs qui n’ont pas été au bon endroit au bon moment. Il y en a qui auraient pu faire carrière mais qui n’ont pas réussi", estime Pascal Donnadieu. "Lahaou a par exemple eu la chance de croiser Rémy Valin qui lui a permis de franchir des paliers." Pendant 4 ans, Konate grandit comme basketteur et s’ouvre à une nouvelle réalité. "En N1 je ne regardais pas la Pro B. En Pro B je ne regardais pas la Pro A. Ça ne me concernait pas. Rémy Valin m’a interpellé. "Mais tu regardes l’Euroleague ? Bah non. Passe-moi une clé USB, tu devrais peut-être t’y mettre." J’ai rattrapé mes lacunes, petit à petit. J’ai toujours eu cette éthique de travail. Si je m’étais contenté de me reposer sur mon talent, qui est la défense à la base, je ne serais sans doute pas où j’en suis. J’ai toujours voulu apprendre." L’été 2015 marque un tournant dans la carrière de Lahaou Konate. Le Mans lui offre la possibilité de découvrir la Pro A et la Direction Technique Nationale le convoque avec l’Équipe de France A’. Une convocation reconduite en 2016 et qui prend tout son sens aujourd’hui. Yakuba Ouattara, Axel Julien, Moustapha Fall, William Howard, Vincent Poirier, Ousmane Camara, Jonathan Rousselle ont fait partie de l’aventure et disputé par la suite les qualifications à la Coupe du Monde 2019. "Quand Patrick Beesley m’a parlé des A’, je savais que ce n’était pas une mission à court terme", explique Pascal Donnadieu. "L’objectif c’était de préparer des joueurs pour les fenêtres FIBA. J’ai tout de suite vu que Lahaou était un garçon très impliqué et sérieux. Avec une marge de progression intéressante. Il a été particulièrement impactant lors de la deuxième tournée, notamment à la Stankovic Cup." Des performances qui ont sans doute joué dans la décision de Pascal Donnadieu de signer le joueur, d’autant plus que son profil et son parcours ne sont pas sans rappeler ceux de Marc Judith, Jo Passave-Ducteil ou Jérémy Nzeulie, révélés sous le maillot vert et blanc. "Ils n’ont pas été sur les radars mais ils ont cette faim de

Presse Sports / Argueyrolles

Rémy Valin

”L’objectif c’était de préparer des joueurs pour les fenêtres FIBA. J’ai tout de suite vu que Lahaou était un garçon très impliqué et sérieux. Avec une marge de progression intéressante.” Pascal Donnadieu

JANVIER 2019 13


Le professeur Fournier C’est une amitié forte et sincère qui remonte aux années charentonnaises des deux internationaux. A l’époque ils se fréquentent en sélection U13 du Val de Marne. Puis en championnat de France U15 avec à la clé un titre de champion en 2006. Evan Fournier et Lahaou Konate ne se quittent plus. Le natif d’Orly passe ses week-ends chez son nouveau compère et 10 ans plus tard leur relation reste forte et teintée d’un immense respect entre deux monstres de travail. "J’étais benjamin deuxième année, lui benjamin première année. Et il avait déjà cette culture de travail", remarque Konate à propos de Fournier. "Il me disait viens, on va sur le playground bosser le un contre un. L’entraînement venait de se terminer et il y allait. Il n’a jamais rien lâché. Dès qu’il avait un bagage, il cherchait à en ajouter un autre." La star du Magic est la première à suivre les performances de son ancien coéquipier et les séances estivales se poursuivent, loin des playgrounds mais avec la même soif de s’améliorer. "Je regarde beaucoup ce que font les joueurs, notamment Evan. Je vais voir ses highlights et je lui parle d’un move que j’ai aimé. Il me dit toujours, "t’inquiète, cet été on va le bosser." Une fois il m’a fait une séance à l’INSEP. J’avais l’impression d’avoir un coach : fais ci, fais ça, regarde quand tu poses ton pied ici. Je l’écoutais comme un gamin… alors que j’ai un an de plus que lui." Ils partagent désormais le statut d’international mais n’ont pas encore foulé le parquet ensemble. Konate n’a pas été retenu pour la fenêtre FIBA de juin tandis que Fournier était absent à celle de septembre. Leur chance viendra peut-être à l’occasion de la Coupe du Monde. Si Lahaou Konate concède sans détour qu’à son poste Vincent Collet a pléthore d’options, il sait également que la fraîcheur et la détermination affichées lors des qualifications ont marqué l’esprit du sélectionneur. "L’Equipe de France c’était une mission et un bonus. Après on y prend goût, on s’y attache…"

”Si je m’étais contenté de me reposer sur mon talent, qui est la défense à la base, je ne serais sans doute pas où j’en suis.” Lahaou Konate

réussir", explique-t-il. "Mon objectif c’est toujours de les débloquer. Parce que je suis convaincu qu’ils ont un petit complexe d’infériorité, notamment offensif. Des joueurs qui très tôt sont référencés pensent qu’être sur le terrain est un dû. Et on souffre de ça. Un joueur comme Lahaou donne pour recevoir." Nommé capitaine de Nanterre 92 en cours de saison passée, il surfe depuis sur une dynamique spectaculaire et confirme que le travail et des choix de carrière judicieux peuvent, avec un peu de patience, permettre d’accéder

au très haut niveau : "Il y en a plein qui pourraient avoir ce parcours-là. J’espère que cela va motiver plus d’un joueur à ne pas lâcher. Je savais que j'étais un bosseur et qu’un jour j’aurais eu la possibilité d’être performant. C’est un tout : j’ai plus de responsabilités, je suis capitaine, Pascal Donnadieu me donne sa confiance, je suis bien dans mes pompes et dans ma tête." Et la nouvelle dimension de Konate pourrait rapidement l’emmener vers d’autres cieux. "Je ne suis pas égoïste. J’aimerais le garder… mais c’est devenu un joueur référencé", sourit Pascal Donnadieu à ce sujet. "Ces joueurs-là, on ne sait pas où ils vont s’arrêter. Sa réussite il est allé la chercher et je pense qu’il a encore une marge de progression. En tout cas c’est une fierté de participer à son explosion." L’Equipe, Basket, Buzzer, tout ce que le microcosme compte de médias basket s’est penché sur le cas Konate et s’interroge déjà sur son futur. Une attention qui ne perturbe pas un joueur qui, s’il ne renie pas ses ambitions, reste fidèle à son principe de ne pas se projeter : "On regarde plus ceux qui sont mis dans la lumière assez jeunes. Moi ça ne m’a pas dérangé. Et aujourd’hui encore je préfère rester dans l’ombre. Je suis content de me réveiller chaque matin pour faire cette profession qui est magnifique. Je ne serai jamais déçu. Je vis de ma passion, je subviens aux besoins de ma famille et je ne veux pas être trop gourmand. Il y a cinq ans jamais je n’aurais pensé être un joueur d’Euroleague. Je ne me le dis toujours pas… même si je ne me fixe pas de limites."

Presse Sports / Mantey

FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

”Il y en a plein qui pourraient avoir ce parcours-là. J’espère que cela va motiver plus d’un joueur à ne pas lâcher.” Lahaou Konate

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JANVIER 2019 15


Le professeur Fournier C’est une amitié forte et sincère qui remonte aux années charentonnaises des deux internationaux. A l’époque ils se fréquentent en sélection U13 du Val de Marne. Puis en championnat de France U15 avec à la clé un titre de champion en 2006. Evan Fournier et Lahaou Konate ne se quittent plus. Le natif d’Orly passe ses week-ends chez son nouveau compère et 10 ans plus tard leur relation reste forte et teintée d’un immense respect entre deux monstres de travail. "J’étais benjamin deuxième année, lui benjamin première année. Et il avait déjà cette culture de travail", remarque Konate à propos de Fournier. "Il me disait viens, on va sur le playground bosser le un contre un. L’entraînement venait de se terminer et il y allait. Il n’a jamais rien lâché. Dès qu’il avait un bagage, il cherchait à en ajouter un autre." La star du Magic est la première à suivre les performances de son ancien coéquipier et les séances estivales se poursuivent, loin des playgrounds mais avec la même soif de s’améliorer. "Je regarde beaucoup ce que font les joueurs, notamment Evan. Je vais voir ses highlights et je lui parle d’un move que j’ai aimé. Il me dit toujours, "t’inquiète, cet été on va le bosser." Une fois il m’a fait une séance à l’INSEP. J’avais l’impression d’avoir un coach : fais ci, fais ça, regarde quand tu poses ton pied ici. Je l’écoutais comme un gamin… alors que j’ai un an de plus que lui." Ils partagent désormais le statut d’international mais n’ont pas encore foulé le parquet ensemble. Konate n’a pas été retenu pour la fenêtre FIBA de juin tandis que Fournier était absent à celle de septembre. Leur chance viendra peut-être à l’occasion de la Coupe du Monde. Si Lahaou Konate concède sans détour qu’à son poste Vincent Collet a pléthore d’options, il sait également que la fraîcheur et la détermination affichées lors des qualifications ont marqué l’esprit du sélectionneur. "L’Equipe de France c’était une mission et un bonus. Après on y prend goût, on s’y attache…"

”Si je m’étais contenté de me reposer sur mon talent, qui est la défense à la base, je ne serais sans doute pas où j’en suis.” Lahaou Konate

réussir", explique-t-il. "Mon objectif c’est toujours de les débloquer. Parce que je suis convaincu qu’ils ont un petit complexe d’infériorité, notamment offensif. Des joueurs qui très tôt sont référencés pensent qu’être sur le terrain est un dû. Et on souffre de ça. Un joueur comme Lahaou donne pour recevoir." Nommé capitaine de Nanterre 92 en cours de saison passée, il surfe depuis sur une dynamique spectaculaire et confirme que le travail et des choix de carrière judicieux peuvent, avec un peu de patience, permettre d’accéder

au très haut niveau : "Il y en a plein qui pourraient avoir ce parcours-là. J’espère que cela va motiver plus d’un joueur à ne pas lâcher. Je savais que j'étais un bosseur et qu’un jour j’aurais eu la possibilité d’être performant. C’est un tout : j’ai plus de responsabilités, je suis capitaine, Pascal Donnadieu me donne sa confiance, je suis bien dans mes pompes et dans ma tête." Et la nouvelle dimension de Konate pourrait rapidement l’emmener vers d’autres cieux. "Je ne suis pas égoïste. J’aimerais le garder… mais c’est devenu un joueur référencé", sourit Pascal Donnadieu à ce sujet. "Ces joueurs-là, on ne sait pas où ils vont s’arrêter. Sa réussite il est allé la chercher et je pense qu’il a encore une marge de progression. En tout cas c’est une fierté de participer à son explosion." L’Equipe, Basket, Buzzer, tout ce que le microcosme compte de médias basket s’est penché sur le cas Konate et s’interroge déjà sur son futur. Une attention qui ne perturbe pas un joueur qui, s’il ne renie pas ses ambitions, reste fidèle à son principe de ne pas se projeter : "On regarde plus ceux qui sont mis dans la lumière assez jeunes. Moi ça ne m’a pas dérangé. Et aujourd’hui encore je préfère rester dans l’ombre. Je suis content de me réveiller chaque matin pour faire cette profession qui est magnifique. Je ne serai jamais déçu. Je vis de ma passion, je subviens aux besoins de ma famille et je ne veux pas être trop gourmand. Il y a cinq ans jamais je n’aurais pensé être un joueur d’Euroleague. Je ne me le dis toujours pas… même si je ne me fixe pas de limites."

Presse Sports / Mantey

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”Il y en a plein qui pourraient avoir ce parcours-là. J’espère que cela va motiver plus d’un joueur à ne pas lâcher.” Lahaou Konate

14 BASKETBALL MAGAZINE

JANVIER 2019 15


AMATH M’BAYE

INTERVIEW

FIBA / Massimo Ceretti

“JE SAVOURE D’ÊTRE LÀ” Propos receuillis Julien Guérineau

Il était la curiosité de la fenêtre FIBA de février. Amath M’Baye (2,06 m, 29 ans) a lancé sa carrière professionnelle au Japon puis s’est imposé dans le championnat italien. Après une très longue attente, il a été appelé en Équipe de France. Et le Bordelais n’a pas manqué ses grands débuts en Bleu. Le 14 novembre dernier, la Virtus B o l o g n e re c e v a i t S t r a s b o u r g en Champion’s League FIBA. L’occasion d’échanger avec Vincent Collet. Quelle a été la nature de votre conversation ? C’était assez court. Vincent est venu me voir pendant l’échauffement. C’était la première fois que je le rencontrais. Il m’a expliqué qu’il y avait peut-être un moyen de faire quelque chose pour cette fenêtre et qu’il m’en parlerait un peu plus après le match. C’était le cas. Franchement après notre conversation je n’étais toujours pas sûr d’être dans le groupe. J’ai demandé confirmation par mail ! Honnêtement je ne sais pas comment la sélection se fait. J’étais prêt évidemment. Mais on peut dire que ce n’était plus quelque chose à laquelle je m’attendais. Aviez-vous coché cette date sur le calendrier ?

Je n’y pensais pas du tout. Le seul truc c’est que c’est la première fois que je jouais une équipe française depuis le début de ma carrière. Je voulais faire un bon match et gagner.

PORTRAIT Amath

M’Baye

Né le 14 décembre 1989 à Bordeaux 2,06 m Ailier à la Virtus Bologne.

Malgré votre âge et votre expérience, y avait-il une appréhension particulière à découvrir un nouveau contexte avec la sélection ? Bien sûr. Tu as toujours envie de bien faire. C’est comme lorsque tu arrives dans un nouveau club. Mais bien évidemment les enjeux sont différents avec une qualification pour la Coupe du Monde et le fait de jouer pour l’Équipe de France, qui reste un honneur. Je suis fan de beau basket. D’un basket collectif. Dans le système de Vincent Collet c’est facile. Je suis arrivé avec la volonté de faire mes preuves mais sans en faire trop. Etre dans une idée de collaboration, aider l’équipe.

FIBA / Vaclav Mudra

Bellenger / IS / FFBB

Bellenger / IS / FFBB

5x5

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

JANVIER 2019 21


AMATH M’BAYE

INTERVIEW

FIBA / Massimo Ceretti

“JE SAVOURE D’ÊTRE LÀ” Propos receuillis Julien Guérineau

Il était la curiosité de la fenêtre FIBA de février. Amath M’Baye (2,06 m, 29 ans) a lancé sa carrière professionnelle au Japon puis s’est imposé dans le championnat italien. Après une très longue attente, il a été appelé en Équipe de France. Et le Bordelais n’a pas manqué ses grands débuts en Bleu. Le 14 novembre dernier, la Virtus B o l o g n e re c e v a i t S t r a s b o u r g en Champion’s League FIBA. L’occasion d’échanger avec Vincent Collet. Quelle a été la nature de votre conversation ? C’était assez court. Vincent est venu me voir pendant l’échauffement. C’était la première fois que je le rencontrais. Il m’a expliqué qu’il y avait peut-être un moyen de faire quelque chose pour cette fenêtre et qu’il m’en parlerait un peu plus après le match. C’était le cas. Franchement après notre conversation je n’étais toujours pas sûr d’être dans le groupe. J’ai demandé confirmation par mail ! Honnêtement je ne sais pas comment la sélection se fait. J’étais prêt évidemment. Mais on peut dire que ce n’était plus quelque chose à laquelle je m’attendais. Aviez-vous coché cette date sur le calendrier ?

Je n’y pensais pas du tout. Le seul truc c’est que c’est la première fois que je jouais une équipe française depuis le début de ma carrière. Je voulais faire un bon match et gagner.

PORTRAIT Amath

M’Baye

Né le 14 décembre 1989 à Bordeaux 2,06 m Ailier à la Virtus Bologne.

Malgré votre âge et votre expérience, y avait-il une appréhension particulière à découvrir un nouveau contexte avec la sélection ? Bien sûr. Tu as toujours envie de bien faire. C’est comme lorsque tu arrives dans un nouveau club. Mais bien évidemment les enjeux sont différents avec une qualification pour la Coupe du Monde et le fait de jouer pour l’Équipe de France, qui reste un honneur. Je suis fan de beau basket. D’un basket collectif. Dans le système de Vincent Collet c’est facile. Je suis arrivé avec la volonté de faire mes preuves mais sans en faire trop. Etre dans une idée de collaboration, aider l’équipe.

FIBA / Vaclav Mudra

Bellenger / IS / FFBB

Bellenger / IS / FFBB

5x5

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JANVIER 2019 21


FIBA / Vaclav Mudra

5x5

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

LA SEULE CHOSE QUI

ne sais pas trop ce qu’on pouvait attendre d’un 4 fuyant pour sa première expérience à ce niveau. Apparemment ce n’était pas assez. Je suis passé sur le banc. Ils ont coupé l’autre 4. J’ai recommencé à jouer. Ils ont signé un nouveau 4. Je suis retourné sur le banc. C’était bizarre. C’était ma première saison difficile depuis longtemps. Cela m’a rappelé que ça peut arriver. Qu’attendiez-vous de votre arrivée à la Virtus Bologne ? Je voulais revenir sur le terrain, retrouver de la liberté. A Bologne j’ai l’occasion de le faire, on m’utilise sur mes forces. Milan c’était traumatisant. Je sortais de ma meilleure saison et je suis arrivé dans un système qui ne me permet pas d’exprimer mes qualités. Il m’a fallu un peu de temps pour me remettre dans le bain.

DÉPEND DE MOI, CE SONT MES EFFORTS SUR LE TERRAIN.

Avez-vous des idées bien définies sur ce que vous ambitionnez dans le futur ? Plus je vieillis et plus je comprends que les plans de carrière ne servent à rien. A chaque fois que j’en fais un, je suis obligé de le jeter à la poubelle. En sortant de la fac j’avais un plan. Il a changé. En partant du Japon je pensais accéder à l’Euroleague au bout de 2-3 ans… poubelle. En signant à Milan rester en Euroleague pour 10 ans… poubelle. Alors je prends les choses saison par saison.

Avez-vous longtemps perçu les doutes qui entouraient votre potentiel ? Je les perçois toujours. Mais je m’en fiche un peu. J’entends les voix de ceux qui doutent : "on ne sait pas si Amath pourrait jouer en Jeep Elite." Chacun son opinion. Mais je sais ce que je vaux et ça m’est égal. Mon objectif ce n’est pas de devenir connu, pas de devenir une star. C’est de bien faire mon job. Que les coaches et mes clubs le reconnaissent. Jusqu’à présent, c’est ce que je fais. Ce qui est chiant c’est qu’on met des étiquettes aux Ligues. Tu entends tellement dire que l’Europe sera tellement plus dure que le Japon que tu finis par te poser des questions. Mais finalement c’est du basket. Un panier à trois-points c’est un panier à trois-points. J’ai des qualités physiques qui se transposent assez bien dans tous les championnats. Si tu fais 1,50 m et que tu joues au Japon ce serait différent. Un départ en pre-school, un transfert en NCAA de Wyoming à Oklahoma et donc un an sans jouer, trois saisons au Japon. A aucun moment vous n’avez suivi les standards…

22 BASKETBALL MAGAZINE

Les standards c’est parce que beaucoup de personne fonctionnent ainsi, pas que c’est la bonne méthode. J’ai fait ce qui était le mieux pour moi et pour ma famille. Aujourd’hui je suis heureux dans ma vie de famille, dans mon basket. Je ne regrette rien. En 2016 vous avez fait le choix de revenir en Europe. Etait-il temps de ré-apparaître sur les radars du basket européen ? Je commençais à m’ennuyer au Japon. Là-bas il y avait plusieurs logiques. Financière déjà, surtout que je suis passé pro à 24 ans. La deuxième c’était de progresser, d’avoir la balle dans les mains, faire des erreurs et me développer en tant que joueur. J’ai eu l’occasion de le faire. J’avais besoin d’un nouveau challenge et j’ai eu la chance de tomber sur Brindisi qui m’a fait confiance. La transition s’est bien passée. Avez-vous été surpris de pouvoir signer, au bout d’un an seulement, dans une grosse cylindrée d’Euroleague ? Cela s’est passé beaucoup plus vite que prévu. Je pensais vraiment qu’il me faudrait plus de temps. Cela m’a fait plaisir d’arriver au stade où je voulais être, en Euroleague. Aujourd’hui je n’y suis plus. Il faut que j’y retourne et que j’y reste. Comment avez-vous vécu votre saison à l’Olimpia Milano ? Le club est très professionnel. Mon erreur c’est d’avoir signé avant le coach. Derrière je ne pouvais pas tout contrôler. J’ai travaillé dur mais peut-être que je ne correspondais pas à ce qu’il voulait. Cela s’est mal passé techniquement mais ce n’est pas grave. Pourtant j’ai commencé dans le cinq majeur, je tournais à 10 points 5 rebonds et 45% à trois-points en Euroleague. Je

Pensez-vous avoir débuté un nouveau chapitre de votre histoire avec votre arrivée en Équipe de France ? J’espère ! Dans la même logique je prends sélection par sélection. Il y a trop de variables pour par exemple penser à la Coupe du Monde. La seule chose qui dépend de moi, ce sont mes efforts sur le terrain. Vous avez inscrit vos premiers points sur un dunk après deux secondes de jeu. Idéal pour faire tomber la pression…

„Chacun son opinion. Mais je sais ce que je vaux et ça m’est égal. Mon objectif ce n’est pas de devenir connu, pas de devenir une star. C’est de bien faire mon job.„ Amath M’Baye

FIBA / Massimo Ceretti

Ressentez-vous la curiosité du staff et des joueurs à votre égard ? La curiosité va dans les deux sens. J’étais également intrigué à l’idée de les retrouver et de voir comment leur jeu s’est développé. C’est surréaliste par exemple de retrouver Ousmane Camara (ndlr : ancien coéquipier en espoirs au Havre) dans ce contexte. J’avais l’impression de l’avoir vu hier alors que cela fait dix ans que nous nous étions quittés.

ZUMA / Panoramic

Etiez-vous familier de la riche histoire de la Virtus ? Je ne connaissais pas cette histoire. Je l’ai découverte depuis. Les fans sont très présents. C’est impressionnant et rafraîchissant. Tu sens la rivalité en ville avec la Fortitudo, l’autre équipe de Bologne. On les a joués en pré-saison et la salle était pleine. C’est fou. Dans la rue les gens t’arrêtent et te demande si tu joues pour la Virtus ou la Fortitudo. Si tu donnes la mauvaise réponse ils te font un doigt d’honneur et se barrent. C’est le panier le plus rapide de ma carrière. Et le plus facile. Mathias Lessort m’avait prévenu qu’il allait taper la balle fort vers moi sur l’entre-deux. C’est facile d’entrer dans un match quand tu commences comme ça. Inscrire 18 points comme titulaire pour ses débuts doit constituer une grande satisfaction personnelle… Evidemment ! C’est surtout que mes parents et mes amis étaient très fiers. Je sais qu’ils entendent depuis longtemps "OK, Amath réussis là-bas mais on ne sait pas ce que ça vaut." Ils ont pu fermer quelques bouches. Moi, je savoure d’être là. Votre objectif est-il désormais de fréquenter l’Équipe de France au milieu des joueurs Euroleague et NBA ? C’est sûr. Ce serait une étape supplémentaire et quelque chose de très gratifiant. Déjà il me faudra être là en février. Je n’ai été appelé en novembre que parce qu’il y avait des blessés. Donc je dois continuer à être performant.


FIBA / Vaclav Mudra

5x5

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

LA SEULE CHOSE QUI

ne sais pas trop ce qu’on pouvait attendre d’un 4 fuyant pour sa première expérience à ce niveau. Apparemment ce n’était pas assez. Je suis passé sur le banc. Ils ont coupé l’autre 4. J’ai recommencé à jouer. Ils ont signé un nouveau 4. Je suis retourné sur le banc. C’était bizarre. C’était ma première saison difficile depuis longtemps. Cela m’a rappelé que ça peut arriver. Qu’attendiez-vous de votre arrivée à la Virtus Bologne ? Je voulais revenir sur le terrain, retrouver de la liberté. A Bologne j’ai l’occasion de le faire, on m’utilise sur mes forces. Milan c’était traumatisant. Je sortais de ma meilleure saison et je suis arrivé dans un système qui ne me permet pas d’exprimer mes qualités. Il m’a fallu un peu de temps pour me remettre dans le bain.

DÉPEND DE MOI, CE SONT MES EFFORTS SUR LE TERRAIN.

Avez-vous des idées bien définies sur ce que vous ambitionnez dans le futur ? Plus je vieillis et plus je comprends que les plans de carrière ne servent à rien. A chaque fois que j’en fais un, je suis obligé de le jeter à la poubelle. En sortant de la fac j’avais un plan. Il a changé. En partant du Japon je pensais accéder à l’Euroleague au bout de 2-3 ans… poubelle. En signant à Milan rester en Euroleague pour 10 ans… poubelle. Alors je prends les choses saison par saison.

Avez-vous longtemps perçu les doutes qui entouraient votre potentiel ? Je les perçois toujours. Mais je m’en fiche un peu. J’entends les voix de ceux qui doutent : "on ne sait pas si Amath pourrait jouer en Jeep Elite." Chacun son opinion. Mais je sais ce que je vaux et ça m’est égal. Mon objectif ce n’est pas de devenir connu, pas de devenir une star. C’est de bien faire mon job. Que les coaches et mes clubs le reconnaissent. Jusqu’à présent, c’est ce que je fais. Ce qui est chiant c’est qu’on met des étiquettes aux Ligues. Tu entends tellement dire que l’Europe sera tellement plus dure que le Japon que tu finis par te poser des questions. Mais finalement c’est du basket. Un panier à trois-points c’est un panier à trois-points. J’ai des qualités physiques qui se transposent assez bien dans tous les championnats. Si tu fais 1,50 m et que tu joues au Japon ce serait différent. Un départ en pre-school, un transfert en NCAA de Wyoming à Oklahoma et donc un an sans jouer, trois saisons au Japon. A aucun moment vous n’avez suivi les standards…

22 BASKETBALL MAGAZINE

Les standards c’est parce que beaucoup de personne fonctionnent ainsi, pas que c’est la bonne méthode. J’ai fait ce qui était le mieux pour moi et pour ma famille. Aujourd’hui je suis heureux dans ma vie de famille, dans mon basket. Je ne regrette rien. En 2016 vous avez fait le choix de revenir en Europe. Etait-il temps de ré-apparaître sur les radars du basket européen ? Je commençais à m’ennuyer au Japon. Là-bas il y avait plusieurs logiques. Financière déjà, surtout que je suis passé pro à 24 ans. La deuxième c’était de progresser, d’avoir la balle dans les mains, faire des erreurs et me développer en tant que joueur. J’ai eu l’occasion de le faire. J’avais besoin d’un nouveau challenge et j’ai eu la chance de tomber sur Brindisi qui m’a fait confiance. La transition s’est bien passée. Avez-vous été surpris de pouvoir signer, au bout d’un an seulement, dans une grosse cylindrée d’Euroleague ? Cela s’est passé beaucoup plus vite que prévu. Je pensais vraiment qu’il me faudrait plus de temps. Cela m’a fait plaisir d’arriver au stade où je voulais être, en Euroleague. Aujourd’hui je n’y suis plus. Il faut que j’y retourne et que j’y reste. Comment avez-vous vécu votre saison à l’Olimpia Milano ? Le club est très professionnel. Mon erreur c’est d’avoir signé avant le coach. Derrière je ne pouvais pas tout contrôler. J’ai travaillé dur mais peut-être que je ne correspondais pas à ce qu’il voulait. Cela s’est mal passé techniquement mais ce n’est pas grave. Pourtant j’ai commencé dans le cinq majeur, je tournais à 10 points 5 rebonds et 45% à trois-points en Euroleague. Je

Pensez-vous avoir débuté un nouveau chapitre de votre histoire avec votre arrivée en Équipe de France ? J’espère ! Dans la même logique je prends sélection par sélection. Il y a trop de variables pour par exemple penser à la Coupe du Monde. La seule chose qui dépend de moi, ce sont mes efforts sur le terrain. Vous avez inscrit vos premiers points sur un dunk après deux secondes de jeu. Idéal pour faire tomber la pression…

„Chacun son opinion. Mais je sais ce que je vaux et ça m’est égal. Mon objectif ce n’est pas de devenir connu, pas de devenir une star. C’est de bien faire mon job.„ Amath M’Baye

FIBA / Massimo Ceretti

Ressentez-vous la curiosité du staff et des joueurs à votre égard ? La curiosité va dans les deux sens. J’étais également intrigué à l’idée de les retrouver et de voir comment leur jeu s’est développé. C’est surréaliste par exemple de retrouver Ousmane Camara (ndlr : ancien coéquipier en espoirs au Havre) dans ce contexte. J’avais l’impression de l’avoir vu hier alors que cela fait dix ans que nous nous étions quittés.

ZUMA / Panoramic

Etiez-vous familier de la riche histoire de la Virtus ? Je ne connaissais pas cette histoire. Je l’ai découverte depuis. Les fans sont très présents. C’est impressionnant et rafraîchissant. Tu sens la rivalité en ville avec la Fortitudo, l’autre équipe de Bologne. On les a joués en pré-saison et la salle était pleine. C’est fou. Dans la rue les gens t’arrêtent et te demande si tu joues pour la Virtus ou la Fortitudo. Si tu donnes la mauvaise réponse ils te font un doigt d’honneur et se barrent. C’est le panier le plus rapide de ma carrière. Et le plus facile. Mathias Lessort m’avait prévenu qu’il allait taper la balle fort vers moi sur l’entre-deux. C’est facile d’entrer dans un match quand tu commences comme ça. Inscrire 18 points comme titulaire pour ses débuts doit constituer une grande satisfaction personnelle… Evidemment ! C’est surtout que mes parents et mes amis étaient très fiers. Je sais qu’ils entendent depuis longtemps "OK, Amath réussis là-bas mais on ne sait pas ce que ça vaut." Ils ont pu fermer quelques bouches. Moi, je savoure d’être là. Votre objectif est-il désormais de fréquenter l’Équipe de France au milieu des joueurs Euroleague et NBA ? C’est sûr. Ce serait une étape supplémentaire et quelque chose de très gratifiant. Déjà il me faudra être là en février. Je n’ai été appelé en novembre que parce qu’il y avait des blessés. Donc je dois continuer à être performant.


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48 LANCEMENT DU CHAMPIONNAT PARISIEN / Les débuts du 3x3De la Superleague à l'Équipe de France 50 LISA BERKANI / Double jeu

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