Mars 2019

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BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL

ALEXIA CHARTEREAU MATHIAS LESSORT

LA LFB RÉFÉRENCE EN EUROPE LES BLEUS À LA COUPE DU MONDE

N°855 - MARS 2019

Marine Johannès et Alexia Chartereau


FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT

RIEN N’EST FIGÉ, C’EST ASSEZ EXCITANT ET JUSQU’AU BOUT, JE PENSE QUE LE CHAMPIONNAT SERA TRÈS ACCROCHÉ.

RÉFÉRENCE EUROPÉENNE ET MONDIALE

CHAMPIONNAT FRANÇAIS Par Jérémy Barbier, Photos Bellenger / IS / FFBB

LA LFB, TOUJOURS PLUS FORTE ? Le championnat français n’est plus la chasse gardée d’une poignée de clubs en avance sur leur temps. Jusque dans la deuxième partie du classement, les forces sportives et financières des représentants de l’élite n’ont jamais été si équilibrées. Championnat de référence pour nos Bleues, ligue d’adoption de basketteuses talentueuses, la LFB est aujourd’hui une référence européenne et même mondiale. Après quinze années d’une domination sans partage exercée par le duo Bourges-Valenciennes, les années 2010 ont ouvert une brèche qui n’est certainement pas prête de se refermer. Si Bourges reste le club le plus régulier (5 de ses 14 titres depuis 2010), Tarbes (2010), Lattes-Montpellier (2014, 2016) et Villeneuve-d’Ascq (2017) ont tous profité de la décennie écoulée pour inscrire pour la première fois leur nom au palmarès de la LFB. Bien plus qu’une tendance, cette homogénéité tend à se confirmer. A quelques semaines du début des playoffs, le championnat français n’a jamais semblé si compétitif. "C’est vraiment une saison très relevée", confirme Olivier Lafargue, champion en titre sur le banc berruyer. "C’est quand même pas mal", sourit Endy Miyem, de retour en LFB cette année

10 BASKETBALL MAGAZINE

après trois saisons partagées entre la Russie et l’Italie. "Rien n’est figé, c’est assez excitant et jusqu’au bout, je pense que le championnat sera très accroché."

Un championnat plus disputé En tête du classement, les habitués du podium que sont Bourges, Montpellier ou Charleville constatent cette année l’émergence d’un nouveau cador : Lyon Asvel Féminin. Le club présidé par Tony Parker, qui ne s’était jamais classé mieux que 3e depuis sa première saison dans l’élite en 2011- 2012, s’impose un peu plus chaque semaine comme un leader solide et, de fait, un nouveau candidat crédible au titre. "On sait que l’équipe a été faite pour obtenir ce genre de résultats", juge Ingrid Tanqueray. Dans les

rangs de Lattes-Montpellier lorsque le club héraultais décrocha son premier championnat en 2014, la meneuse lyonnaise sait que la route est encore longue. "Le plus dur pour un club est de remporter son premier titre. Nous sommes encore en lice dans plusieurs compétitions, à nous de faire le nécessaire." En attendant, la densité des oppositions en LFB devrait encore faire bouger les lignes du classement d’ici les prochaines semaines. "Il y a des résultats surprenants chaque week-end et pour le coup, j’ai vraiment l’impression que tout le monde peut battre tout le monde", pense Héléna Ciak. "Si on arrive un jour un peu en dedans, nous ne sommes pas à l’abri d’en prendre 20 ou 30 contre une équipe jugée moins forte", ajoute Endy Miyem. Une équation que les intérieures de Montpellier connaissaient peu du temps de leur parcours à Bourges. "Il y avait une telle différence entre les effectifs qu’à une ou deux exceptions près, on savait la tournure que ça allait prendre dès le début du match."

Les playoffs, un autre championnat Le règlement revisité du championnat a engendré un nivellement par le haut. Adoptée en 2017, la nouvelle formule des phases finales rebat les cartes lors des dernières semaines de compétition. "Les playoffs à huit équipes peuvent accoucher de surprises", analyse Olivier Lafargue. "On sait que certaines équipes vont avoir des blessées, ça laisse peu de marge par rapport aux autres formations." Rien ne sert de courir, il faut partir à point ? Sixième au classement l’an passé, Tarbes avait déjoué les pronostics en se hissant jusqu’en finale. Si les clubs cherchent logiquement le meilleur classement et l’avantage du terrain, l’essentiel pour les coaches est dorénavant de disposer de toutes leurs forces vives à l’heure des matches couperets. Montpellier, qui a rempli les lits de son infirmerie tout au long de la saison, veut croire à une dynamique inversée. "J’espère vraiment que nous serons au complet", avoue Héléna Ciak. "On veut le titre mais aussi une qualification pour l’Euroleague. Il est hors de question de faire une saison blanche." Basket Landes, Villeneuved’Ascq ou Tarbes, très légèrement en retrait au classement, pourraient également présenter des visages plus conquérants dans quelques semaines. Au final, bien malin celui capable de donner le nom du futur champion. "Quand j’ai débuté ici, on ne se posait pas la question, c’était Bourges ou Valenciennes", rappelle Kristen Mann, l’une des joueuses étrangères les plus fidèles à la LFB. "Cette année, je n’ai vraiment aucune idée de qui finira par remporter le championnat."

„Je pense pouvoir dire que nous sommes sur le podium des championnats européens et peut-être même mondiaux. Il n’y a pas photo par rapport à la Russie. L’Italie se rapproche mais la LFB reste meilleure." Endy Miyem

“ÇA A TOUJOURS ÉTÉ MON RÊVE DE JOUER EN FRANCE” Recrutée par Bourges l’été dernier, la MVP du championnat 2018, Nayo Raincock-Ekunwe, ne s’imaginait pas évoluer ailleurs qu’en LFB. Quand Charleville fait appel à vous en 2017, qu’est-ce qui vous motive à découvrir la France et la LFB ? C’est simple, ça a toujours été mon rêve de jouer en France. Je savais que c’était une bonne ligue car les meilleures joueuses de l’équipe nationale canadienne jouent ici. Je voulais faire comme mes coéquipières de sélection. Ce n’est pas une ligue facile d’accès donc il fallait que je prouve dans des championnats moins relevés que je pouvais y avoir ma place. Comme je ne viens pas d’une grosse université, il était important d’avoir de bonnes statistiques lors de mes premières saisons en Suisse et en Allemagne. Pourquoi cette envie si prononcée d’évoluer en LFB ? En sélection, Liz Murphy a été la première à me parler de la qualité de la LFB et de la France en général. Dans certains championnats étrangers, tu n’es pas certaine de la qualité des infrastructures que tu vas découvrir et, parfois, tu n’es même pas certaine d’avoir ton salaire ! On m’a dit que ça n’arriverait jamais en France. Les sœurs Plouffe, Kim Gaucher, Shona Thorburn… toutes ces joueuses n’avaient que du bien à dire sur la France. Aujourd’hui, je peux confirmer que c’est très fidèle à ce que j’imaginais. Chaque équipe est compétitive, il y a de très bonnes joueuses partout. Qu’est-ce qui différencie la LFB des autres championnats dans lesquels vous avez pu évoluer ? Ce qui rend ce championnat si fort à mon sens, c’est le niveau des joueuses françaises. Il est vraiment très fort. Dans beaucoup d’autres ligues, ils ont des étrangères talentueuses mais le niveau des joueuses formées localement est souvent nettement moins relevé. MVP en 2018 et recrutée par Bourges dans la foulée, c’était pour vous le scénario parfait ? Ça signifie beaucoup pour moi d’avoir obtenu cette reconnaissance. Rêver de jouer en France puis devenir MVP de la ligue, c’est clairement le meilleur moment de ma carrière. Quand Bourges a contacté mon agent, je n’ai pas hésité. Je lui ai dit qu’il fallait donner une réponse positive immédiatement. Je n’imaginais pas refuser un seul instant cette proposition.

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT

RIEN N’EST FIGÉ, C’EST ASSEZ EXCITANT ET JUSQU’AU BOUT, JE PENSE QUE LE CHAMPIONNAT SERA TRÈS ACCROCHÉ.

RÉFÉRENCE EUROPÉENNE ET MONDIALE

CHAMPIONNAT FRANÇAIS Par Jérémy Barbier, Photos Bellenger / IS / FFBB

LA LFB, TOUJOURS PLUS FORTE ? Le championnat français n’est plus la chasse gardée d’une poignée de clubs en avance sur leur temps. Jusque dans la deuxième partie du classement, les forces sportives et financières des représentants de l’élite n’ont jamais été si équilibrées. Championnat de référence pour nos Bleues, ligue d’adoption de basketteuses talentueuses, la LFB est aujourd’hui une référence européenne et même mondiale. Après quinze années d’une domination sans partage exercée par le duo Bourges-Valenciennes, les années 2010 ont ouvert une brèche qui n’est certainement pas prête de se refermer. Si Bourges reste le club le plus régulier (5 de ses 14 titres depuis 2010), Tarbes (2010), Lattes-Montpellier (2014, 2016) et Villeneuve-d’Ascq (2017) ont tous profité de la décennie écoulée pour inscrire pour la première fois leur nom au palmarès de la LFB. Bien plus qu’une tendance, cette homogénéité tend à se confirmer. A quelques semaines du début des playoffs, le championnat français n’a jamais semblé si compétitif. "C’est vraiment une saison très relevée", confirme Olivier Lafargue, champion en titre sur le banc berruyer. "C’est quand même pas mal", sourit Endy Miyem, de retour en LFB cette année

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après trois saisons partagées entre la Russie et l’Italie. "Rien n’est figé, c’est assez excitant et jusqu’au bout, je pense que le championnat sera très accroché."

Un championnat plus disputé En tête du classement, les habitués du podium que sont Bourges, Montpellier ou Charleville constatent cette année l’émergence d’un nouveau cador : Lyon Asvel Féminin. Le club présidé par Tony Parker, qui ne s’était jamais classé mieux que 3e depuis sa première saison dans l’élite en 2011- 2012, s’impose un peu plus chaque semaine comme un leader solide et, de fait, un nouveau candidat crédible au titre. "On sait que l’équipe a été faite pour obtenir ce genre de résultats", juge Ingrid Tanqueray. Dans les

rangs de Lattes-Montpellier lorsque le club héraultais décrocha son premier championnat en 2014, la meneuse lyonnaise sait que la route est encore longue. "Le plus dur pour un club est de remporter son premier titre. Nous sommes encore en lice dans plusieurs compétitions, à nous de faire le nécessaire." En attendant, la densité des oppositions en LFB devrait encore faire bouger les lignes du classement d’ici les prochaines semaines. "Il y a des résultats surprenants chaque week-end et pour le coup, j’ai vraiment l’impression que tout le monde peut battre tout le monde", pense Héléna Ciak. "Si on arrive un jour un peu en dedans, nous ne sommes pas à l’abri d’en prendre 20 ou 30 contre une équipe jugée moins forte", ajoute Endy Miyem. Une équation que les intérieures de Montpellier connaissaient peu du temps de leur parcours à Bourges. "Il y avait une telle différence entre les effectifs qu’à une ou deux exceptions près, on savait la tournure que ça allait prendre dès le début du match."

Les playoffs, un autre championnat Le règlement revisité du championnat a engendré un nivellement par le haut. Adoptée en 2017, la nouvelle formule des phases finales rebat les cartes lors des dernières semaines de compétition. "Les playoffs à huit équipes peuvent accoucher de surprises", analyse Olivier Lafargue. "On sait que certaines équipes vont avoir des blessées, ça laisse peu de marge par rapport aux autres formations." Rien ne sert de courir, il faut partir à point ? Sixième au classement l’an passé, Tarbes avait déjoué les pronostics en se hissant jusqu’en finale. Si les clubs cherchent logiquement le meilleur classement et l’avantage du terrain, l’essentiel pour les coaches est dorénavant de disposer de toutes leurs forces vives à l’heure des matches couperets. Montpellier, qui a rempli les lits de son infirmerie tout au long de la saison, veut croire à une dynamique inversée. "J’espère vraiment que nous serons au complet", avoue Héléna Ciak. "On veut le titre mais aussi une qualification pour l’Euroleague. Il est hors de question de faire une saison blanche." Basket Landes, Villeneuved’Ascq ou Tarbes, très légèrement en retrait au classement, pourraient également présenter des visages plus conquérants dans quelques semaines. Au final, bien malin celui capable de donner le nom du futur champion. "Quand j’ai débuté ici, on ne se posait pas la question, c’était Bourges ou Valenciennes", rappelle Kristen Mann, l’une des joueuses étrangères les plus fidèles à la LFB. "Cette année, je n’ai vraiment aucune idée de qui finira par remporter le championnat."

„Je pense pouvoir dire que nous sommes sur le podium des championnats européens et peut-être même mondiaux. Il n’y a pas photo par rapport à la Russie. L’Italie se rapproche mais la LFB reste meilleure." Endy Miyem

“ÇA A TOUJOURS ÉTÉ MON RÊVE DE JOUER EN FRANCE” Recrutée par Bourges l’été dernier, la MVP du championnat 2018, Nayo Raincock-Ekunwe, ne s’imaginait pas évoluer ailleurs qu’en LFB. Quand Charleville fait appel à vous en 2017, qu’est-ce qui vous motive à découvrir la France et la LFB ? C’est simple, ça a toujours été mon rêve de jouer en France. Je savais que c’était une bonne ligue car les meilleures joueuses de l’équipe nationale canadienne jouent ici. Je voulais faire comme mes coéquipières de sélection. Ce n’est pas une ligue facile d’accès donc il fallait que je prouve dans des championnats moins relevés que je pouvais y avoir ma place. Comme je ne viens pas d’une grosse université, il était important d’avoir de bonnes statistiques lors de mes premières saisons en Suisse et en Allemagne. Pourquoi cette envie si prononcée d’évoluer en LFB ? En sélection, Liz Murphy a été la première à me parler de la qualité de la LFB et de la France en général. Dans certains championnats étrangers, tu n’es pas certaine de la qualité des infrastructures que tu vas découvrir et, parfois, tu n’es même pas certaine d’avoir ton salaire ! On m’a dit que ça n’arriverait jamais en France. Les sœurs Plouffe, Kim Gaucher, Shona Thorburn… toutes ces joueuses n’avaient que du bien à dire sur la France. Aujourd’hui, je peux confirmer que c’est très fidèle à ce que j’imaginais. Chaque équipe est compétitive, il y a de très bonnes joueuses partout. Qu’est-ce qui différencie la LFB des autres championnats dans lesquels vous avez pu évoluer ? Ce qui rend ce championnat si fort à mon sens, c’est le niveau des joueuses françaises. Il est vraiment très fort. Dans beaucoup d’autres ligues, ils ont des étrangères talentueuses mais le niveau des joueuses formées localement est souvent nettement moins relevé. MVP en 2018 et recrutée par Bourges dans la foulée, c’était pour vous le scénario parfait ? Ça signifie beaucoup pour moi d’avoir obtenu cette reconnaissance. Rêver de jouer en France puis devenir MVP de la ligue, c’est clairement le meilleur moment de ma carrière. Quand Bourges a contacté mon agent, je n’ai pas hésité. Je lui ai dit qu’il fallait donner une réponse positive immédiatement. Je n’imaginais pas refuser un seul instant cette proposition.

MARS 2019

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Bourges

2019, L’ANNÉE DES LIONNES ?

Montpellier

Structurellement, le passage à douze clubs et une seule relégation par saison a offert beaucoup plus de visibilité aux équipes du championnat. "Il y a eu une vraie stabilité sur les joueuses et les encadrements", souligne Olivier Lafargue. "Beaucoup de clubs se sont structurés dans le temps et proposent des choses vraiment intéressantes avec des budgets, de l’expérience." L’obligation pour les pensionnaires de l’élite de mettre de côté un fonds de réserve équivalent à 10% de leur budget permet d’éviter les mauvaises surprises. "Je pense que ça amène des possibilités financières accrues et que ça aide au développement des clubs", poursuit le coach de Bourges. Une déduction confirmée par les chiffres. "Les clubs ont une excellente santé financière, avec une augmentation des budgets moyens (+17% en 4 ans) et des recettes liées aux partenariats (+42% sur 4 ans)", confirmait le président de la LFB, Philippe Legname, au coup d’envoi de la saison.

Des recrues étrangères de qualité La stabilité financière des clubs et la compétitivité de la ligue rendent la France toujours plus attrayante pour les meilleures basketteuses du monde. Sans compter les Bleues de l’Equipe de France, la LFB abrite plus de 30 internationales dans ses rangs. "J’ai l’impression que de plus en plus de bonnes joueuses étrangères viennent s’essayer à notre championnat", constate Héléna Ciak, l’une des trois seules tricolores à se glisser dans le Top 10 à l’évaluation. "Les joueuses étrangères de très haut niveau ont renforcé beaucoup d’équipes, pas uniquement celles du Top 4", complète Endy Miyem. Qu’elles évoluent ou non dans leurs sélections nationales, beaucoup de ces étrangères ont en commun une fidélité marquée pour le championnat LFB. Miranda Ayim, Katherine et Michelle Plouffe, Kim Gaucher, Shona Thorburn, Courtney Hurt, Clarissa Dos Santos, Kamila Stepanova, Romana Hejdova, Pauline Akonga, Laura Garcia, Angie Bjorklund… la liste est longue. "En France, on aime bien recycler les meilleures étrangères", sourit Kristen

12 BASKETBALL MAGAZINE

Mann, 8 saisons de LFB au compteur. "Si tu es performante, il est fort probable que tu restes pour un bon moment. Les équipes sont parfois fébriles à l’idée de signer de nouvelles basketteuses qu’elles ne connaissent pas alors elles recrutent des filles qui ont déjà fait leurs preuves. Pour les joueuses, l’avantage est que les clubs français renouvellent les contrats très tôt pendant la saison." Cette sécurité contractuelle s’ajoute au fait que le championnat français n’est pas connu pour être mauvais payeur. "La France a très bonne réputation", confirme Endy Miyem. "Les joueuses ont des garanties, il n’y a pas de retard de paiement comme on peut le voir dans d’autres ligues." Ainsi, même si le nouveau prélèvement à la source semble effrayer quelques candidates à l’exil, la plupart comprennent qu’elles y trouveront leur compte. "Il y a des joueuses qui signent des contrats faramineux dans certaines ligues mais vont-elle vraiment en voir la couleur à la fin ?", interroge Kristen Mann. "On peut se poser la question."

Les Bleues restent en LFB Des 17 internationales qui ont porté le maillot tricolore au cours de l’année 2018, seulement 4 n’évoluent pas en LFB (Sandrine Gruda, Olivia Epoupa, Valériane Ayayi, Bria Hartley). Preuve de son attractivité, le championnat a même rapatrié Endy Miyem et Héléna Ciak l’été dernier. "J’avais le mal du pays", explique Miyem qui, après une saison en Russie puis deux en Italie, voulait retrouver un certain niveau d’exigence. "Je pense pouvoir dire que nous sommes sur le podium des championnats européens et peut-être même mondiaux. Il n’y a pas photo par rapport à la Russie. L’Italie se rapproche mais la LFB reste meilleure." A Koursk, Héléna Ciak a vécu le choc des extrêmes, partagée entre les sommets européens de l’Euroleague et des matchs sans saveur en championnat. "En Russie, il y a trois équipes et derrière, c’est beaucoup plus faible. Les formations sont très jeunes et parfois, elles n’ont même pas d’étrangères. Souvent, c’était comme jouer contre

un centre de formation. Quand tu gagnes de 40 ou 50 points, ce n’est pas très intéressant." En France, chaque formation engagée en coupe d’Europe dispute deux matches de très haut niveau par semaine. "Ça n’existe quasiment nulle part ailleurs en Europe", juge Olivier Lafargue. "Dans beaucoup de ligues, le match de championnat sert à faire tourner l’effectif et préparer le match de coupe d’Europe. Ce n’est pas le cas ici et même si ce n’est pas reposant, ça permet aux entraîneurs, aux joueuses et aux clubs de progresser." Parce que les clubs français ne mettent pas tous les titres dans le même panier, le sacre en championnat s’en retrouve valorisé. "Quel club français peut commencer une saison d’Euroleague en affirmant qu’il n’y jouera que le titre ?", questionne Ingrid Tanqueray. "Aucun pour le moment. Pour tous, l’ambition est évidemment d’aller le plus loin possible en coupe d’Europe mais l’objectif principal de tous les clubs français reste quand même un titre en championnat." Celui-ci étant plus disputé que jamais, la victoire n’en sera que plus belle. "C’est la guerre à chaque match", savoure Héléna Ciak. "On ne s’ennuie pas et je crois que tout le monde apprécie vraiment ça."

”C’est la guerre à chaque match". On ne s’ennuie pas et je crois que tout le monde apprécie vraiment ça." Héléna Ciak

Impressionnante de maîtrise depuis le 1 janvier, la formation lyonnaise a déjà les moyens de ses ambitions. er

Qu’il semble loin le printemps 2017 quand, à quelques paniers de la relégation, Lyon sauvait sa place en LFB lors de la toute dernière journée de la saison régulière. Demifinaliste du championnat en 2018, leader costaud à l’heure d’écrire ces lignes, Lyon Asvel Féminin est l’exemple le plus frappant de la montée en puissance généralisée de la LFB. Sous la direction de Tony Parker, le club est devenu le pendant féminin de l’Asvel au cœur d’un projet commun qui ambitionne, à moyen terme, de placer ses deux équipes parmi l’élite européenne. "Ça fait partie du plan de route que nous nous sommes fixés", confirme Marie-Sophie Obama, la présidente déléguée du club féminin. "Dès notre première saison, nous avons souhaité nous projeter le plus loin possible avec des contrats pluriannuels et des jeunes prometteuses." En capitalisant sur une ossature expérimentée (Ingrid Tanqueray, Paoline Salagnac, Marième Badiane, Julie Allemand), le club lyonnais a procédé à un recrutement première classe l’été dernier en intégrant deux fines lames de la LFB (Michelle Plouffe et Clarissa Dos Santos), une guerrière émérite (Fatimatou Sacko), un gros CV européen (Alysha Clark) et les meilleures prospectes d’un centre de formation aujourd’hui réputé comme l’un des meilleurs du pays. "Nous sommes attachés aux valeurs et aux gens qui vont pouvoir, sans prétention, assumer le projet Parker. Nous sommes agréablement surpris par l’état d’esprit qui se dégage. Les filles ont réussi à créer une famille." Le tout sans exploser le budget, passé de 2 à 2,4 millions cette année. "Si le club veut être compétitif au plus haut niveau, ça ne peut pas passer par la planche à billets car on ne rivalisera pas avec les plus gros budgets européens. Il faut travailler sur la complémentarité et l’état d’esprit." Pour sa première apparition en EuroCup, Lyon Asvel Féminin a déjà rempli sa mission en validant son ticket pour les quarts de finale. Encore sur tous les tableaux avant une demi-finale de Coupe de France périlleuse au Prado de Bourges (NDLR : le 3 mars, hors nos délais de bouclage), les protégées de Valery Demory restaient sur une impressionnante série de 13 victoires consécutives, toutes compétitions confondues. De quoi bousculer les ambitions initiales ? "Nous sommes humbles et suffisamment expérimentés pour savoir que ce n’est qu’une partie de la saison", rappelle Marie-Sophie Obama. "Nous nous en tenons à notre feuille de route mais si ça s’avérait plus rapide qu’envisagé, nous MARSprendrons !" 2019 13


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Bourges

2019, L’ANNÉE DES LIONNES ?

Montpellier

Structurellement, le passage à douze clubs et une seule relégation par saison a offert beaucoup plus de visibilité aux équipes du championnat. "Il y a eu une vraie stabilité sur les joueuses et les encadrements", souligne Olivier Lafargue. "Beaucoup de clubs se sont structurés dans le temps et proposent des choses vraiment intéressantes avec des budgets, de l’expérience." L’obligation pour les pensionnaires de l’élite de mettre de côté un fonds de réserve équivalent à 10% de leur budget permet d’éviter les mauvaises surprises. "Je pense que ça amène des possibilités financières accrues et que ça aide au développement des clubs", poursuit le coach de Bourges. Une déduction confirmée par les chiffres. "Les clubs ont une excellente santé financière, avec une augmentation des budgets moyens (+17% en 4 ans) et des recettes liées aux partenariats (+42% sur 4 ans)", confirmait le président de la LFB, Philippe Legname, au coup d’envoi de la saison.

Des recrues étrangères de qualité La stabilité financière des clubs et la compétitivité de la ligue rendent la France toujours plus attrayante pour les meilleures basketteuses du monde. Sans compter les Bleues de l’Equipe de France, la LFB abrite plus de 30 internationales dans ses rangs. "J’ai l’impression que de plus en plus de bonnes joueuses étrangères viennent s’essayer à notre championnat", constate Héléna Ciak, l’une des trois seules tricolores à se glisser dans le Top 10 à l’évaluation. "Les joueuses étrangères de très haut niveau ont renforcé beaucoup d’équipes, pas uniquement celles du Top 4", complète Endy Miyem. Qu’elles évoluent ou non dans leurs sélections nationales, beaucoup de ces étrangères ont en commun une fidélité marquée pour le championnat LFB. Miranda Ayim, Katherine et Michelle Plouffe, Kim Gaucher, Shona Thorburn, Courtney Hurt, Clarissa Dos Santos, Kamila Stepanova, Romana Hejdova, Pauline Akonga, Laura Garcia, Angie Bjorklund… la liste est longue. "En France, on aime bien recycler les meilleures étrangères", sourit Kristen

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Mann, 8 saisons de LFB au compteur. "Si tu es performante, il est fort probable que tu restes pour un bon moment. Les équipes sont parfois fébriles à l’idée de signer de nouvelles basketteuses qu’elles ne connaissent pas alors elles recrutent des filles qui ont déjà fait leurs preuves. Pour les joueuses, l’avantage est que les clubs français renouvellent les contrats très tôt pendant la saison." Cette sécurité contractuelle s’ajoute au fait que le championnat français n’est pas connu pour être mauvais payeur. "La France a très bonne réputation", confirme Endy Miyem. "Les joueuses ont des garanties, il n’y a pas de retard de paiement comme on peut le voir dans d’autres ligues." Ainsi, même si le nouveau prélèvement à la source semble effrayer quelques candidates à l’exil, la plupart comprennent qu’elles y trouveront leur compte. "Il y a des joueuses qui signent des contrats faramineux dans certaines ligues mais vont-elle vraiment en voir la couleur à la fin ?", interroge Kristen Mann. "On peut se poser la question."

Les Bleues restent en LFB Des 17 internationales qui ont porté le maillot tricolore au cours de l’année 2018, seulement 4 n’évoluent pas en LFB (Sandrine Gruda, Olivia Epoupa, Valériane Ayayi, Bria Hartley). Preuve de son attractivité, le championnat a même rapatrié Endy Miyem et Héléna Ciak l’été dernier. "J’avais le mal du pays", explique Miyem qui, après une saison en Russie puis deux en Italie, voulait retrouver un certain niveau d’exigence. "Je pense pouvoir dire que nous sommes sur le podium des championnats européens et peut-être même mondiaux. Il n’y a pas photo par rapport à la Russie. L’Italie se rapproche mais la LFB reste meilleure." A Koursk, Héléna Ciak a vécu le choc des extrêmes, partagée entre les sommets européens de l’Euroleague et des matchs sans saveur en championnat. "En Russie, il y a trois équipes et derrière, c’est beaucoup plus faible. Les formations sont très jeunes et parfois, elles n’ont même pas d’étrangères. Souvent, c’était comme jouer contre

un centre de formation. Quand tu gagnes de 40 ou 50 points, ce n’est pas très intéressant." En France, chaque formation engagée en coupe d’Europe dispute deux matches de très haut niveau par semaine. "Ça n’existe quasiment nulle part ailleurs en Europe", juge Olivier Lafargue. "Dans beaucoup de ligues, le match de championnat sert à faire tourner l’effectif et préparer le match de coupe d’Europe. Ce n’est pas le cas ici et même si ce n’est pas reposant, ça permet aux entraîneurs, aux joueuses et aux clubs de progresser." Parce que les clubs français ne mettent pas tous les titres dans le même panier, le sacre en championnat s’en retrouve valorisé. "Quel club français peut commencer une saison d’Euroleague en affirmant qu’il n’y jouera que le titre ?", questionne Ingrid Tanqueray. "Aucun pour le moment. Pour tous, l’ambition est évidemment d’aller le plus loin possible en coupe d’Europe mais l’objectif principal de tous les clubs français reste quand même un titre en championnat." Celui-ci étant plus disputé que jamais, la victoire n’en sera que plus belle. "C’est la guerre à chaque match", savoure Héléna Ciak. "On ne s’ennuie pas et je crois que tout le monde apprécie vraiment ça."

”C’est la guerre à chaque match". On ne s’ennuie pas et je crois que tout le monde apprécie vraiment ça." Héléna Ciak

Impressionnante de maîtrise depuis le 1 janvier, la formation lyonnaise a déjà les moyens de ses ambitions. er

Qu’il semble loin le printemps 2017 quand, à quelques paniers de la relégation, Lyon sauvait sa place en LFB lors de la toute dernière journée de la saison régulière. Demifinaliste du championnat en 2018, leader costaud à l’heure d’écrire ces lignes, Lyon Asvel Féminin est l’exemple le plus frappant de la montée en puissance généralisée de la LFB. Sous la direction de Tony Parker, le club est devenu le pendant féminin de l’Asvel au cœur d’un projet commun qui ambitionne, à moyen terme, de placer ses deux équipes parmi l’élite européenne. "Ça fait partie du plan de route que nous nous sommes fixés", confirme Marie-Sophie Obama, la présidente déléguée du club féminin. "Dès notre première saison, nous avons souhaité nous projeter le plus loin possible avec des contrats pluriannuels et des jeunes prometteuses." En capitalisant sur une ossature expérimentée (Ingrid Tanqueray, Paoline Salagnac, Marième Badiane, Julie Allemand), le club lyonnais a procédé à un recrutement première classe l’été dernier en intégrant deux fines lames de la LFB (Michelle Plouffe et Clarissa Dos Santos), une guerrière émérite (Fatimatou Sacko), un gros CV européen (Alysha Clark) et les meilleures prospectes d’un centre de formation aujourd’hui réputé comme l’un des meilleurs du pays. "Nous sommes attachés aux valeurs et aux gens qui vont pouvoir, sans prétention, assumer le projet Parker. Nous sommes agréablement surpris par l’état d’esprit qui se dégage. Les filles ont réussi à créer une famille." Le tout sans exploser le budget, passé de 2 à 2,4 millions cette année. "Si le club veut être compétitif au plus haut niveau, ça ne peut pas passer par la planche à billets car on ne rivalisera pas avec les plus gros budgets européens. Il faut travailler sur la complémentarité et l’état d’esprit." Pour sa première apparition en EuroCup, Lyon Asvel Féminin a déjà rempli sa mission en validant son ticket pour les quarts de finale. Encore sur tous les tableaux avant une demi-finale de Coupe de France périlleuse au Prado de Bourges (NDLR : le 3 mars, hors nos délais de bouclage), les protégées de Valery Demory restaient sur une impressionnante série de 13 victoires consécutives, toutes compétitions confondues. De quoi bousculer les ambitions initiales ? "Nous sommes humbles et suffisamment expérimentés pour savoir que ce n’est qu’une partie de la saison", rappelle Marie-Sophie Obama. "Nous nous en tenons à notre feuille de route mais si ça s’avérait plus rapide qu’envisagé, nous MARSprendrons !" 2019 13


ÉQUIPE DE FRANCE

MATHIAS LESSORT Par Julien Guérineau

LESSORT SUR RESSORT Alors qu’il n’avait joué qu’une minute en Bleu, Mathias Lessort (2,05 m, 23 ans) s’est mué en joueur majeur de l’Équipe de France depuis novembre dernier, concluant les qualifications pour la Coupe du Monde sur deux double-double et une spectaculaire démonstration de puissance. La France a désormais pléthore de géants. Entre Rudy Gobert, Vincent Poirier et Moustapha Fall, elle peut aligner un trio qui tutoie les cimes. Mais les centimètres ne font pas tout et disposer d’un autre profil de pivot est un atout dans le basket moderne : plus petit, plus dense, plus puissant, plus rapide. Kevin Séraphin avait tenu ce rôle lors de l’EuroBasket 2017. Vincent Collet dispose désormais d’une deuxième option avec Mathias Lessort. "Il a un cocktail vitesse

34 BASKETBALL MAGAZINE

puissance exceptionnel", remarque l’entraîneur de l’équipe nationale. L’intérieur de Malaga a profité des absences pour s’installer dans le cinq majeur des Bleus depuis septembre dernier. Et majeur il l’a été, concluant les fenêtres à 10,7 points et 7,2 rebonds de moyenne avec un pourcentage de réussite surréaliste de 67,6%. A Nantes, il a marché sur la République Tchèque avec 18 points et 10 rebonds à 7/7 en 19 minutes. A 23 ans, le Martiniquais est désormais un

candidat très plausible pour la Coupe du Monde en Chine. Le fruit d’une progression ininterrompue depuis une saison 2015/16 en forme de révélation avec Chalon, son club formateur. Un cocon bourguignon que le joueur choisira pourtant de quitter pour rejoindre Nanterre, s’affirmant comme un pivot qui compte en Jeep®Elite, puis l’Etoile Rouge Belgrade en 2017. Une expérience en Euroleague concluante, à 22 ans seulement (8,5 pts, 5,7 rbds). La saison s’est pourtant terminée sur un échec en Ligue Adriatique face aux Monténégrins de Buducnost. Un raté qui a coûté sa place en Euroleague au club serbe. Lessort a refait ses valises et opté pour le championnat espagnol avec un autre recalé de la compétition reine, l’Unicaja Malaga. "J’ai refusé certaines offres", précise-t-il. "Si j’avais voulu à tout prix rester en Euroleague, j’y serais encore. Mais pour avoir moins de temps de jeu ? Un rôle moindre ? Dans une ville qui ne me plaît pas ? Là je suis dans un très bon club qui joue la gagne en EuroCup, je suis en ACB, je n’ai pas la sensation d’avoir régressé. Je joue dans une grande équipe, au sein d’une grande organisation. Cela m’aide à progresser chaque jour." Sur la Costa del Sol, il a découvert la ferveur des 11.300 spectateurs de la Martin Carpena. Une passion plus raisonnée qu’à Belgrade mais bien réelle. Après 20 journées de championnat, l’Unicaja occupait la quatrième place du championnat, loin du Barça mais à portée de fusil de Vitoria ou du Real Madrid, battu lors de sa venue en Andalousie. Le club est également toujours en course en EuroCup et affronte l’Alba Berlin en quarts de finale. Lessort foule les parquets 20 minutes par match dans une répartition des tâches inévitable dans les grosses cylindrées. "Contre l’Etoile Rouge j’aurais pu jouer 40 minutes avec l’adrénaline", remarque-t-il. "Mais en général au bout de 7 minutes tu demandes changement parce que ça va trop vite et tu fais trop d’efforts. A Chalon, je savais que j’allais sortir parce que j’étais derrière Devin Booker. A Nanterre c’était le contraire, je savais que j’allais avoir mon temps de jeu. Parfois, sur l’aide défensive tu ne fais pas le petit pas en plus pour ne pas risquer de prendre une faute. A Malaga il n’y a pas de rôle établi. A chaque match le cinq majeur change ou presque. Et tu peux débuter et ne jouer que dix minutes parce que tu n’es pas rentable. Chaque seconde sur le terrain il faut être concentré. Faire attention au moindre détail. A ce niveau ce n’est pas le talent qui fait la différence mais la concentration et l’intensité." Une exigence qui porte ses fruits. "Je trouve qu’il a progressé d’une fenêtre à l’autre. Dans la culture tactique notamment", se félicite Vincent Collet. Une impression qui se retrouve également dans les chiffres, Lessort passant de 9,5 points et 4,4 rebonds de moyenne lors de la phase régulière d’EuroCup à 11,2 points et 6,7 rebonds au Top 16. L’Équipe de France profite de cette rentabilité et d’une mentalité désormais totalement adaptée au très haut niveau. "Dans une petite équipe on a envie de briller, se montrer pour aller plus haut. Quand le coach te sort tu lui en veux. Dans les grandes équipes le seul but c’est de gagner le titre. Quand le coach te sort, tu sais que c’est à toi que tu dois en vouloir." Une approche qui pourrait lui ouvrir les portes de l’Équipe de France version Coupe du Monde. Gobert, Poirier, Fall, Séraphin, Lauvergne, Moerman sont autant de joueurs d’Euroleague et de NBA qui ont à peine ou pas du tout participé aux fenêtres de qualification. Lessort n’évolue plus dans la première et n’a pas connu la deuxième, même si son statut de deuxième tour de draft (50e position par les

Bellenger / IS / FFBB

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5x5

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT

”Je trouve qu’il a progressé d’une fenêtre à l’autre. Dans la culture tactique notamment.” Vincent Collet

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ÉQUIPE DE FRANCE

MATHIAS LESSORT Par Julien Guérineau

LESSORT SUR RESSORT Alors qu’il n’avait joué qu’une minute en Bleu, Mathias Lessort (2,05 m, 23 ans) s’est mué en joueur majeur de l’Équipe de France depuis novembre dernier, concluant les qualifications pour la Coupe du Monde sur deux double-double et une spectaculaire démonstration de puissance. La France a désormais pléthore de géants. Entre Rudy Gobert, Vincent Poirier et Moustapha Fall, elle peut aligner un trio qui tutoie les cimes. Mais les centimètres ne font pas tout et disposer d’un autre profil de pivot est un atout dans le basket moderne : plus petit, plus dense, plus puissant, plus rapide. Kevin Séraphin avait tenu ce rôle lors de l’EuroBasket 2017. Vincent Collet dispose désormais d’une deuxième option avec Mathias Lessort. "Il a un cocktail vitesse

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puissance exceptionnel", remarque l’entraîneur de l’équipe nationale. L’intérieur de Malaga a profité des absences pour s’installer dans le cinq majeur des Bleus depuis septembre dernier. Et majeur il l’a été, concluant les fenêtres à 10,7 points et 7,2 rebonds de moyenne avec un pourcentage de réussite surréaliste de 67,6%. A Nantes, il a marché sur la République Tchèque avec 18 points et 10 rebonds à 7/7 en 19 minutes. A 23 ans, le Martiniquais est désormais un

candidat très plausible pour la Coupe du Monde en Chine. Le fruit d’une progression ininterrompue depuis une saison 2015/16 en forme de révélation avec Chalon, son club formateur. Un cocon bourguignon que le joueur choisira pourtant de quitter pour rejoindre Nanterre, s’affirmant comme un pivot qui compte en Jeep®Elite, puis l’Etoile Rouge Belgrade en 2017. Une expérience en Euroleague concluante, à 22 ans seulement (8,5 pts, 5,7 rbds). La saison s’est pourtant terminée sur un échec en Ligue Adriatique face aux Monténégrins de Buducnost. Un raté qui a coûté sa place en Euroleague au club serbe. Lessort a refait ses valises et opté pour le championnat espagnol avec un autre recalé de la compétition reine, l’Unicaja Malaga. "J’ai refusé certaines offres", précise-t-il. "Si j’avais voulu à tout prix rester en Euroleague, j’y serais encore. Mais pour avoir moins de temps de jeu ? Un rôle moindre ? Dans une ville qui ne me plaît pas ? Là je suis dans un très bon club qui joue la gagne en EuroCup, je suis en ACB, je n’ai pas la sensation d’avoir régressé. Je joue dans une grande équipe, au sein d’une grande organisation. Cela m’aide à progresser chaque jour." Sur la Costa del Sol, il a découvert la ferveur des 11.300 spectateurs de la Martin Carpena. Une passion plus raisonnée qu’à Belgrade mais bien réelle. Après 20 journées de championnat, l’Unicaja occupait la quatrième place du championnat, loin du Barça mais à portée de fusil de Vitoria ou du Real Madrid, battu lors de sa venue en Andalousie. Le club est également toujours en course en EuroCup et affronte l’Alba Berlin en quarts de finale. Lessort foule les parquets 20 minutes par match dans une répartition des tâches inévitable dans les grosses cylindrées. "Contre l’Etoile Rouge j’aurais pu jouer 40 minutes avec l’adrénaline", remarque-t-il. "Mais en général au bout de 7 minutes tu demandes changement parce que ça va trop vite et tu fais trop d’efforts. A Chalon, je savais que j’allais sortir parce que j’étais derrière Devin Booker. A Nanterre c’était le contraire, je savais que j’allais avoir mon temps de jeu. Parfois, sur l’aide défensive tu ne fais pas le petit pas en plus pour ne pas risquer de prendre une faute. A Malaga il n’y a pas de rôle établi. A chaque match le cinq majeur change ou presque. Et tu peux débuter et ne jouer que dix minutes parce que tu n’es pas rentable. Chaque seconde sur le terrain il faut être concentré. Faire attention au moindre détail. A ce niveau ce n’est pas le talent qui fait la différence mais la concentration et l’intensité." Une exigence qui porte ses fruits. "Je trouve qu’il a progressé d’une fenêtre à l’autre. Dans la culture tactique notamment", se félicite Vincent Collet. Une impression qui se retrouve également dans les chiffres, Lessort passant de 9,5 points et 4,4 rebonds de moyenne lors de la phase régulière d’EuroCup à 11,2 points et 6,7 rebonds au Top 16. L’Équipe de France profite de cette rentabilité et d’une mentalité désormais totalement adaptée au très haut niveau. "Dans une petite équipe on a envie de briller, se montrer pour aller plus haut. Quand le coach te sort tu lui en veux. Dans les grandes équipes le seul but c’est de gagner le titre. Quand le coach te sort, tu sais que c’est à toi que tu dois en vouloir." Une approche qui pourrait lui ouvrir les portes de l’Équipe de France version Coupe du Monde. Gobert, Poirier, Fall, Séraphin, Lauvergne, Moerman sont autant de joueurs d’Euroleague et de NBA qui ont à peine ou pas du tout participé aux fenêtres de qualification. Lessort n’évolue plus dans la première et n’a pas connu la deuxième, même si son statut de deuxième tour de draft (50e position par les

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”Je trouve qu’il a progressé d’une fenêtre à l’autre. Dans la culture tactique notamment.” Vincent Collet

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Sixers) et ses exceptionnelles qualités physiques peuvent lui offrir un avenir outre-Atlantique. Ses 2,05 m et 122 kilos ne passent pas inaperçus dans la raquette et son combo explosivité-verticalité a clairement donné des idées à Vincent Collet. "On travaille tous pour avoir un rôle dans cette équipe et la rendre meilleure", remarque modestement Lessort. "On sait bien qu’en équipe nationale la vérité d’un match n’est pas celle d’un autre. Face à des équipes avec un style de jeu particulier on aura besoin d’un grand qui va vite, un autre il faudra un grand qui domine à l’intérieur." Le 15 août 2017, Mathias Lessort avait été appelé en catastrophe pour un déplacement à Kaunas afin de pallier aux blessures de Joffrey Lauvergne et Vincent Poirier. Un an plus tard, il ne jouait pas pour sa deuxième sélection, en Russie. En août 2019 il s’imagine sans doute découvrir Pékin, Shangaï ou Guangzhou.

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„On travaille tous pour avoir un rôle dans cette équipe et la rendre meilleure.„ Mathias Lessort

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ALEXIA CHARTEREAU

INTERVIEW

“"JE NE SUIS PLUS LA PETITE JEUNE” Bellenger / IS / FFBB

Propos recueillis par Kevin Bosi

Bellenger / IS / FFBB

Malgré ses 20 ans, et avec une troisième saison de Ligue Féminine et deux campagnes en Équipe de France (33 sélections, 228 points) dans les jambes, Alexia Chartereau veut se détacher de l’image de la petite jeune de l’équipe. À Bourges comme en Bleu.

46 BASKETBALL MAGAZINE

Vous disputez votre troisième saison professionnelle à Bourges depuis votre sortie du Pôle France, et réalisez votre meilleure saison statistique (10,4 points, 4,2 rebonds). Comment jugez-vous pour le moment votre saison ? Collectivement on a plutôt bien débuté la saison. Jusqu’en décembre, on était plutôt satisfaites de ce qu’on faisait en championnat et en Euroligue. Au retour de la trêve, on a eu un mois de janvier avec des matches importants, et on a perdu des rencontres à domicile qu’on n’aurait pas dû perdre. On a grillé quelques jokers, mais on est toujours dans nos objectifs, notamment en parvenant à se qualifier encore une fois pour les quarts de finale de l’Euroligue. Personnellement, je fais ma meilleure

saison. Je suis bien dans le groupe, c’est ma troisième année donc j’ai forcément des repères dans le club et en LFB. J’ai pris des habitudes de jeu depuis deux saisons avec certaines de mes coéquipières, que je retrouve aussi l’été en Bleu.

PORTRAIT Alexia

Chartereau

Née le 05 novembre 1998 au Mans 1,91 m Intérieure au Tango Bourges.

Depuis votre arrivée à Bourges il y a trois ans, à tout juste 18 ans, qu’estce qui a changé en vous ? Je pense que dans ma tête, j’ai grandi. Je suis tout de suite arrivée au plus hautniveau européen en jouant des matches d’Euroligue chaque semaine, dès l’âge de 18 ans. Ça m’a fait vraiment évolué très vite, tout comme le fait d’arriver en Équipe de France très tôt, après ma première saison à Bourges. J’ai vécu des choses rapidement qui m’ont

FIBA

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INTERVIEW

“"JE NE SUIS PLUS LA PETITE JEUNE” Bellenger / IS / FFBB

Propos recueillis par Kevin Bosi

Bellenger / IS / FFBB

Malgré ses 20 ans, et avec une troisième saison de Ligue Féminine et deux campagnes en Équipe de France (33 sélections, 228 points) dans les jambes, Alexia Chartereau veut se détacher de l’image de la petite jeune de l’équipe. À Bourges comme en Bleu.

46 BASKETBALL MAGAZINE

Vous disputez votre troisième saison professionnelle à Bourges depuis votre sortie du Pôle France, et réalisez votre meilleure saison statistique (10,4 points, 4,2 rebonds). Comment jugez-vous pour le moment votre saison ? Collectivement on a plutôt bien débuté la saison. Jusqu’en décembre, on était plutôt satisfaites de ce qu’on faisait en championnat et en Euroligue. Au retour de la trêve, on a eu un mois de janvier avec des matches importants, et on a perdu des rencontres à domicile qu’on n’aurait pas dû perdre. On a grillé quelques jokers, mais on est toujours dans nos objectifs, notamment en parvenant à se qualifier encore une fois pour les quarts de finale de l’Euroligue. Personnellement, je fais ma meilleure

saison. Je suis bien dans le groupe, c’est ma troisième année donc j’ai forcément des repères dans le club et en LFB. J’ai pris des habitudes de jeu depuis deux saisons avec certaines de mes coéquipières, que je retrouve aussi l’été en Bleu.

PORTRAIT Alexia

Chartereau

Née le 05 novembre 1998 au Mans 1,91 m Intérieure au Tango Bourges.

Depuis votre arrivée à Bourges il y a trois ans, à tout juste 18 ans, qu’estce qui a changé en vous ? Je pense que dans ma tête, j’ai grandi. Je suis tout de suite arrivée au plus hautniveau européen en jouant des matches d’Euroligue chaque semaine, dès l’âge de 18 ans. Ça m’a fait vraiment évolué très vite, tout comme le fait d’arriver en Équipe de France très tôt, après ma première saison à Bourges. J’ai vécu des choses rapidement qui m’ont

FIBA

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DANS LA FAMILLE CHARTEREAU, JE VOUDRAIS… Alexia Chartereau, entourée de ses parents Sylvie et Roland, au retour de l’Euro 2017

J’AI DES CHOSES À Bacot / FFBB

PROUVER SUR LE TERRAIN, J’ESSAIE DE LE FAIRE.

fait avancer, et prendre conscience que je ne pouvais pas me reposer sur mes lauriers. Je pouvais jouer à ce niveau à 18 ans, je l’ai prouvé. Maintenant, il faut que je démontre que je ne suis plus la petite jeune. J’ai des choses à travailler. Dans mon jeu, j’essaie d’être un peu plus polyvalente, d’être présente dans tous les aspects offensifs et défensifs. Vous disiez un peu plus tôt ne plus vous considérer comme une jeune. Vous avez malgré tout 20 ans seulement… Je sais que je suis jeune, le club aussi. Mais au final avec Marine Johannes, on est les joueuses présentes depuis le plus longtemps à Bourges. J’ai des choses à prouver sur le terrain, j’essaie de le faire. Au niveau du club, ils se rendent compte que j’ai avancé, que je ne suis plus la petite jeune qui vient de débarquer. Je le ressens, et j’essaie d’avancer à mon rythme.

Bourges est un club mythique du basket français. Que cela représente-t-il pour vous d’évoluer au sein de cette institution ? C’est un honneur. Je sais que j’ai commencé dans le plus gros club de France. Ils m’ont fait confiance dès le début, ils ont été là pour mois dès ma sortie du Pôle France. C’est vraiment un club, qui en plus d’être très professionnel, est très familial. Et puis, quand on s’entraîne et qu’on voit tous les maillots qui ont été retirés et les joueuses qui ont foulé ce parquet, ça te fait dire que si tu ne prouves pas au club que tu as le mérite d’être ici, le club vivra sans toi. Comme le coach (ndlr, Olivier Lafargue) aime à nous le répéter : on doit batailler pour représenter au mieux ce qu’il y a sur notre maillot et ce que cela représente.

C’est-à-dire ? Quels sont vos prochains objectifs ? Continuer à Bourges à avancer personnellement et gagner des titres avec l’équipe. Le championnat est devenu vraiment de plus en plus compliqué. C’est comme si on jouait deux matches d’un niveau Euroligue par semaine, ça nous permet de progresser, d’avancer et prouver. Et puis aussi continuer en Équipe de France à batailler, gagner l’Euro 2019 cet été puis participer aux J.O. en 2020. Il y a toujours des objectifs qui s’avancent à moi, je peux toujours me mettre des challenges assez élevés, et c’est ce que j’essaie de faire au quotidien.

Après deux campagnes en Bleu, comment voyez-vous votre rôle en Équipe de France à l’approche de l’Euro 2019 ? Je le considère comme celui que j’ai en club. Je vais essayer d’évoluer, d’avoir un rôle de plus en plus important. Après en Équipe de France, on sait qu’il y a des joueuses qui sont là depuis très longtemps et qui ont un rôle primordial. Il y a beaucoup de filles à mon poste, comme Sandrine Gruda, Endy Miyem... Mais c’est sain, on sait toutes pourquoi on est là-bas, on a un objectif commun on ne pense pas à l’individu. Cet été ? On a envie de gagner, de prendre notre revanche. Ça fait quelques années qu’on est à la recherche de l’or et on va tout faire pour que cela arrive en 2019.

Le basket chez les Chartereau, c’est une histoire de famille. Si Alexia brille à Bourges et en bleu, c’est aussi car ses deux parents et ses deux sœurs ont pratiqué – et pratiquent encore – le basket-ball. La mère, Sylvie, a eu un passé de joueuse professionnelle et a évolué jusqu’en NF1 (actuelle Ligue Féminine) avec Nantes, ClermontFerrand et Bordeaux. Le père, Roland, a joué en NM3 plusieurs saisons avec Saint-Pavin notamment, et à 58 ans, foule toujours les parquets chaque weekend en départementale avec ce même club. La sœur ainée, Marion, était au centre de formation de l’USO Mondeville, tandis que la sœur cadette Nina a joué jusqu’en NF2 à Coulaines et évolue désormais en pré-nationale à Montech. "J’allais tous les weekend à la salle, pour voir jouer mes parents et mes sœurs. Je pense qu’il n’y avait pas un week-end où je n’y étais pas. Le gymnase de Coulaines c’est ma deuxième maison", se souvient Alexia. "Mes parents et mes sœurs essaient de me suivre et de venir à chaque compétition internationale, ainsi qu’à Bourges. Ils sont très présents, j’en suis fier et je pense qu’eux aussi."

Vous évoluez avec des joueuses en Équipe de France, comme Endy Miyem, que vous adoriez en étant plus jeune et avec lesquelles vous preniez des photos quand vous étiez enfant. C’est une sensation particulière… Bacot / FFBB

48 BASKETBALL MAGAZINE

Votre début de carrière est allé à grande vitesse : une première saison à Bourges dans un club mythique, et à l’issue de celle-ci, votre participation à l’Euro 2017 avec les Bleues… Ça s’est enchaîné tellement vite que je n’ai pas trop eu le temps de calculer. Je pense que j’ai la chance aussi d’être bien entourée par ma famille qui est présente. Je suis arrivée en Équipe de France mais pas en terre inconnue. J’ai retrouvé Valérie Garnier à la tête des Bleues, qui m’a coaché une saison à Bourges ; Marine Johannes et Diandra Tchatchouang également avec qui j’avais joué dans la saison. Je suis restée focalisée sur le projet collectif et sur ce que la coach attendait de moi, donc je n’ai pas eu le temps de me mettre de pression.

DR

Vous avez fait vos premiers pas en Équipe de France, à 18 ans seulement, lors de l’Euro 2017. Quels souvenirs en gardez-vous ? En février 2016, quand j’étais encore à l’INSEP, j’avais participé au stage avec les Bleues mais en tant que partenaire d’entraînement. Mais quand je suis arrivée à la préparation à l’Euro en 2017, c’était vraiment un grand pas en plus. C’était la dernière de Céline Dumerc donc c’était encore plus marquant pour moi de participer à ce moment-là.

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DANS LA FAMILLE CHARTEREAU, JE VOUDRAIS… Alexia Chartereau, entourée de ses parents Sylvie et Roland, au retour de l’Euro 2017

J’AI DES CHOSES À Bacot / FFBB

PROUVER SUR LE TERRAIN, J’ESSAIE DE LE FAIRE.

fait avancer, et prendre conscience que je ne pouvais pas me reposer sur mes lauriers. Je pouvais jouer à ce niveau à 18 ans, je l’ai prouvé. Maintenant, il faut que je démontre que je ne suis plus la petite jeune. J’ai des choses à travailler. Dans mon jeu, j’essaie d’être un peu plus polyvalente, d’être présente dans tous les aspects offensifs et défensifs. Vous disiez un peu plus tôt ne plus vous considérer comme une jeune. Vous avez malgré tout 20 ans seulement… Je sais que je suis jeune, le club aussi. Mais au final avec Marine Johannes, on est les joueuses présentes depuis le plus longtemps à Bourges. J’ai des choses à prouver sur le terrain, j’essaie de le faire. Au niveau du club, ils se rendent compte que j’ai avancé, que je ne suis plus la petite jeune qui vient de débarquer. Je le ressens, et j’essaie d’avancer à mon rythme.

Bourges est un club mythique du basket français. Que cela représente-t-il pour vous d’évoluer au sein de cette institution ? C’est un honneur. Je sais que j’ai commencé dans le plus gros club de France. Ils m’ont fait confiance dès le début, ils ont été là pour mois dès ma sortie du Pôle France. C’est vraiment un club, qui en plus d’être très professionnel, est très familial. Et puis, quand on s’entraîne et qu’on voit tous les maillots qui ont été retirés et les joueuses qui ont foulé ce parquet, ça te fait dire que si tu ne prouves pas au club que tu as le mérite d’être ici, le club vivra sans toi. Comme le coach (ndlr, Olivier Lafargue) aime à nous le répéter : on doit batailler pour représenter au mieux ce qu’il y a sur notre maillot et ce que cela représente.

C’est-à-dire ? Quels sont vos prochains objectifs ? Continuer à Bourges à avancer personnellement et gagner des titres avec l’équipe. Le championnat est devenu vraiment de plus en plus compliqué. C’est comme si on jouait deux matches d’un niveau Euroligue par semaine, ça nous permet de progresser, d’avancer et prouver. Et puis aussi continuer en Équipe de France à batailler, gagner l’Euro 2019 cet été puis participer aux J.O. en 2020. Il y a toujours des objectifs qui s’avancent à moi, je peux toujours me mettre des challenges assez élevés, et c’est ce que j’essaie de faire au quotidien.

Après deux campagnes en Bleu, comment voyez-vous votre rôle en Équipe de France à l’approche de l’Euro 2019 ? Je le considère comme celui que j’ai en club. Je vais essayer d’évoluer, d’avoir un rôle de plus en plus important. Après en Équipe de France, on sait qu’il y a des joueuses qui sont là depuis très longtemps et qui ont un rôle primordial. Il y a beaucoup de filles à mon poste, comme Sandrine Gruda, Endy Miyem... Mais c’est sain, on sait toutes pourquoi on est là-bas, on a un objectif commun on ne pense pas à l’individu. Cet été ? On a envie de gagner, de prendre notre revanche. Ça fait quelques années qu’on est à la recherche de l’or et on va tout faire pour que cela arrive en 2019.

Le basket chez les Chartereau, c’est une histoire de famille. Si Alexia brille à Bourges et en bleu, c’est aussi car ses deux parents et ses deux sœurs ont pratiqué – et pratiquent encore – le basket-ball. La mère, Sylvie, a eu un passé de joueuse professionnelle et a évolué jusqu’en NF1 (actuelle Ligue Féminine) avec Nantes, ClermontFerrand et Bordeaux. Le père, Roland, a joué en NM3 plusieurs saisons avec Saint-Pavin notamment, et à 58 ans, foule toujours les parquets chaque weekend en départementale avec ce même club. La sœur ainée, Marion, était au centre de formation de l’USO Mondeville, tandis que la sœur cadette Nina a joué jusqu’en NF2 à Coulaines et évolue désormais en pré-nationale à Montech. "J’allais tous les weekend à la salle, pour voir jouer mes parents et mes sœurs. Je pense qu’il n’y avait pas un week-end où je n’y étais pas. Le gymnase de Coulaines c’est ma deuxième maison", se souvient Alexia. "Mes parents et mes sœurs essaient de me suivre et de venir à chaque compétition internationale, ainsi qu’à Bourges. Ils sont très présents, j’en suis fier et je pense qu’eux aussi."

Vous évoluez avec des joueuses en Équipe de France, comme Endy Miyem, que vous adoriez en étant plus jeune et avec lesquelles vous preniez des photos quand vous étiez enfant. C’est une sensation particulière… Bacot / FFBB

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Votre début de carrière est allé à grande vitesse : une première saison à Bourges dans un club mythique, et à l’issue de celle-ci, votre participation à l’Euro 2017 avec les Bleues… Ça s’est enchaîné tellement vite que je n’ai pas trop eu le temps de calculer. Je pense que j’ai la chance aussi d’être bien entourée par ma famille qui est présente. Je suis arrivée en Équipe de France mais pas en terre inconnue. J’ai retrouvé Valérie Garnier à la tête des Bleues, qui m’a coaché une saison à Bourges ; Marine Johannes et Diandra Tchatchouang également avec qui j’avais joué dans la saison. Je suis restée focalisée sur le projet collectif et sur ce que la coach attendait de moi, donc je n’ai pas eu le temps de me mettre de pression.

DR

Vous avez fait vos premiers pas en Équipe de France, à 18 ans seulement, lors de l’Euro 2017. Quels souvenirs en gardez-vous ? En février 2016, quand j’étais encore à l’INSEP, j’avais participé au stage avec les Bleues mais en tant que partenaire d’entraînement. Mais quand je suis arrivée à la préparation à l’Euro en 2017, c’était vraiment un grand pas en plus. C’était la dernière de Céline Dumerc donc c’était encore plus marquant pour moi de participer à ce moment-là.

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Ça fait un peu bizarre au début… Endy, j’ai toujours dit que c’était ma joueuse préférée quand j’étais petite, j’ai pris plein de photos avec elle. Maintenant que je suis là, j’oublie un petit peu tout ça. Des fois, je prends conscience que je suis autour de Sandrine Gruda, Céline Dumerc... C’est incroyable, je les regardais à la télévision aux J.O. de Londres en 2012. Je n’aurais jamais pensé me retrouver en Équipe de France avec elles, c’est un honneur. Je suis vraiment fier de me dire que j’ai l’occasion de jouer avec elles. En plus, ce sont des filles qui aiment bien transmettre, généreuses de leur savoir. Elles sont vraiment dans le partage. J’apprends beaucoup à Bourges, et encore plus en Bleu avec des joueuses de cette valeur.

OFFRE SPÉCIALE

À PARTIR DE 10 PLACES ACHETÉES valable jusqu’au 15/03/19 dans la limite des places disponibles

SAMEDI 11 MAI 2019* 11h30 14h00 16h30 19h00

Finale Finale Finale Finale

U17 Féminines U17 Masculins Pro Féminines Pro Masculins

Bacot / FFBB

*Sous réserve de modifications liées à la diffusion TV

„J’ai vécu des choses rapidement qui m’ont fait avancer, et prendre conscience que je ne pouvais pas me reposer sur mes lauriers.„

CATEGORIES

du 26/01/19 au 15/03/19

GRAND PUBLIC

PACK PRIVILEGE

175 €

PACK VIP

155 €

CATEGORIE OR

70 €

CATEGORIE 1

30 €

35 €

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CATEGORIE 2

25 €

30 €

35 €

CATEGORIE 3

15 €

20 €

25 €

CATEGORIE 4

10 €

12 €

15 €

Pour bénéficier de cette

OFFRE EXCLUSIVE FFBB,

Alexia Chartereau

réservez au minimum 10 places pour les finales du 11 mai et renvoyez ce bon de commande à : FFBB Comité d’Organisation 117 rue du Château des Rentiers 75013 Paris

CHARTEREAU-RUPERT, DESTINS LIÉS Si trois ans les séparent, leurs destins sont néanmoins intimement liés. Alexia Chartereau et Iliana Rupert se connaissent depuis toutes petites, pour avoir évolué et joué ensemble à Coulaines, club sarthois de 240 licenciés pouvant se targuer aujourd’hui d’avoir sorti deux pépites du basket féminin français. "C’est ma petite sœur, nos liens sont si forts… On n’a pas besoin de se parler, on se comprend vite sur le terrain. Je suis contente qu’elle soit à Bourges, elle m’en a parlé avant de venir, j’ai pu la conseiller. Je sais que ce n’est pas facile quand on sort du Pôle France, de passer à la vie professionnelle. Et encore plus à son âge, car elle est arrivée un an plus tôt que moi, quand elle avait 17 ans." Coulaines jusqu’en championnat de France U15 Élite, puis le Pôle France à l’INSEP ensemble, et désormais le même maillot berruyer. Avant celui de l’Équipe de France un jour, sans doute…

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10 & 11 MAI 2019 PARIS

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5x5 Bellenger / IS / FFBB

Sixers) et ses exceptionnelles qualités physiques peuvent lui offrir un avenir outre-Atlantique. Ses 2,05 m et 122 kilos ne passent pas inaperçus dans la raquette et son combo explosivité-verticalité a clairement donné des idées à Vincent Collet. "On travaille tous pour avoir un rôle dans cette équipe et la rendre meilleure", remarque modestement Lessort. "On sait bien qu’en équipe nationale la vérité d’un match n’est pas celle d’un autre. Face à des équipes avec un style de jeu particulier on aura besoin d’un grand qui va vite, un autre il faudra un grand qui domine à l’intérieur." Le 15 août 2017, Mathias Lessort avait été appelé en catastrophe pour un déplacement à Kaunas afin de pallier aux blessures de Joffrey Lauvergne et Vincent Poirier. Un an plus tard, il ne jouait pas pour sa deuxième sélection, en Russie. En août 2019 il s’imagine sans doute découvrir Pékin, Shangaï ou Guangzhou.

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„On travaille tous pour avoir un rôle dans cette équipe et la rendre meilleure.„ Mathias Lessort

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