BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL
LE CAMP NATIONAL 2019
AXEL TOUPANE TOUS LES CHEMINS MÈNENT AUX BLEUS YANNICK SOUVRÉ MAGALI MENDY
N°864 - JANVIER 2020
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT
AXEL TOUPANE
PORTRAIT
TRIPLE AXEL Par Julien Guérineau
Défenseur redouté, shooteur menaçant et véritable étudiant du jeu, Axel Toupane (2,01 m, 27 ans) a discrètement mené sa carrière pour toucher du doigt ses rêves de NBA puis fréquenter l’Euroleague. À Malaga aujourd’hui, l’arrière de l’Équipe de France espère prendre une nouvelle dimension. Chi va piano, va sano e lontano. La version italienne de qui va loin ménage sa monture correspond bien à la trajectoire d’Axel Toupane. À 27 ans, le natif de Mulhouse a son rond de serviette en Équipe de France après avoir disputé l’EuroBasket en 2017 puis la Coupe du Monde l’été dernier. Il a derrière lui une expérience NBA (25 matches), Euroleague (70 matches) et a rejoint en août le championnat d’Espagne et l’ambitieuse équipe de Malaga. Un choix dicté par la volonté de s’éloigner un instant des grosses cylindrées qu’il a fréquentées ces deux dernières saisons et de s’exposer en bénéficiant d’un temps de jeu plus conséquent. Jusqu’à présent, Toupane a parfaitement mené sa barque, effectuant des choix audacieux et décidant de parier sur lui-même à une période où il s’était établi comme un solide joueur du championnat de France. "Depuis tout petit je suis assez déterminé. Et j’ai aussi un côté joueur. Donc je n’ai pas peur de prendre des risques", sourit-il à l’évocation de ses orientations de carrière.
François Berthier
10 BASKETBALL MAGAZINE
Car en 2015, si Axel Toupane est un membre incontournable de la rotation d’une des meilleures équipes françaises, il ne pèse que 7,8 points par match avec Strasbourg. Pas de quoi faire tourner les têtes a priori. Mais après un été passé à Los Angeles à s’entraîner avec quantité de joueurs NBA, le vainqueur de la Coupe de France et de la Leaders Cup n’a plus qu’une idée en tête : décrocher un contrat en NBA. Passée la phase de fascination de fréquenter le grand monde, il parvient à écorner le mythe. "J’avais eu la chance d’aller aux EtatsUnis pendant l’été. Mais jamais je n’avais joué avec autant de joueurs NBA. Ça s’était très bien passé et je ne voulais plus revenir en Europe." Le tapis rouge n’est pourtant pas déroulé à ses pieds malgré des contacts avec les Toronto Raptors. Direction la G-League, antichambre peu sexy de la grande ligue. Les salaires y sont modestes, la concurrence exacerbée. Sa réputation laisse à désirer en Europe. "Même moi je n’étais pas emballé", concède Toupane. De l’autre côté de l’Atlantique, son père, Jean-Aimé Toupane, entraîneur de l’Équipe de France U20 et du Pôle France, a les oreilles qui sifflent. "Ça ne s’était jamais vu. J’en ai beaucoup entendu : c’est de la merde, il va s’enterrer là-bas. Mais il est allé au bout de son truc. Le manque de confiance par rapport à nos jeunes joueurs fait que parfois on finit par limiter. Tout est possible, je ne dis jamais à un gamin : tu ne pourras pas. Mais il ne faut pas rester au fond du lit."
Bacot / FFBB
Le tremplin GLeague
"J’ai souvent confirmé avec un léger décalage. Mais décalage par rapport à quoi ? A qui ?"" Axel Toupane
JANVIER 2020
11
FOCUS
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT
AXEL TOUPANE
PORTRAIT
TRIPLE AXEL Par Julien Guérineau
Défenseur redouté, shooteur menaçant et véritable étudiant du jeu, Axel Toupane (2,01 m, 27 ans) a discrètement mené sa carrière pour toucher du doigt ses rêves de NBA puis fréquenter l’Euroleague. À Malaga aujourd’hui, l’arrière de l’Équipe de France espère prendre une nouvelle dimension. Chi va piano, va sano e lontano. La version italienne de qui va loin ménage sa monture correspond bien à la trajectoire d’Axel Toupane. À 27 ans, le natif de Mulhouse a son rond de serviette en Équipe de France après avoir disputé l’EuroBasket en 2017 puis la Coupe du Monde l’été dernier. Il a derrière lui une expérience NBA (25 matches), Euroleague (70 matches) et a rejoint en août le championnat d’Espagne et l’ambitieuse équipe de Malaga. Un choix dicté par la volonté de s’éloigner un instant des grosses cylindrées qu’il a fréquentées ces deux dernières saisons et de s’exposer en bénéficiant d’un temps de jeu plus conséquent. Jusqu’à présent, Toupane a parfaitement mené sa barque, effectuant des choix audacieux et décidant de parier sur lui-même à une période où il s’était établi comme un solide joueur du championnat de France. "Depuis tout petit je suis assez déterminé. Et j’ai aussi un côté joueur. Donc je n’ai pas peur de prendre des risques", sourit-il à l’évocation de ses orientations de carrière.
François Berthier
10 BASKETBALL MAGAZINE
Car en 2015, si Axel Toupane est un membre incontournable de la rotation d’une des meilleures équipes françaises, il ne pèse que 7,8 points par match avec Strasbourg. Pas de quoi faire tourner les têtes a priori. Mais après un été passé à Los Angeles à s’entraîner avec quantité de joueurs NBA, le vainqueur de la Coupe de France et de la Leaders Cup n’a plus qu’une idée en tête : décrocher un contrat en NBA. Passée la phase de fascination de fréquenter le grand monde, il parvient à écorner le mythe. "J’avais eu la chance d’aller aux EtatsUnis pendant l’été. Mais jamais je n’avais joué avec autant de joueurs NBA. Ça s’était très bien passé et je ne voulais plus revenir en Europe." Le tapis rouge n’est pourtant pas déroulé à ses pieds malgré des contacts avec les Toronto Raptors. Direction la G-League, antichambre peu sexy de la grande ligue. Les salaires y sont modestes, la concurrence exacerbée. Sa réputation laisse à désirer en Europe. "Même moi je n’étais pas emballé", concède Toupane. De l’autre côté de l’Atlantique, son père, Jean-Aimé Toupane, entraîneur de l’Équipe de France U20 et du Pôle France, a les oreilles qui sifflent. "Ça ne s’était jamais vu. J’en ai beaucoup entendu : c’est de la merde, il va s’enterrer là-bas. Mais il est allé au bout de son truc. Le manque de confiance par rapport à nos jeunes joueurs fait que parfois on finit par limiter. Tout est possible, je ne dis jamais à un gamin : tu ne pourras pas. Mais il ne faut pas rester au fond du lit."
Bacot / FFBB
Le tremplin GLeague
"J’ai souvent confirmé avec un léger décalage. Mais décalage par rapport à quoi ? A qui ?"" Axel Toupane
JANVIER 2020
11
Joffrey est né le 30 septembre 1991 à Mulhouse. Son père Stéphane, international tricolore, évolue alors en première
”Tu es sérieux ? Tu es rentré et tu perds deux ballons en deux minutes. Jamais je n’allais dans son sens. C’est ça l’excellence.” Jean-Aimé Toupane
Après sa période auvergnate, Axel Toupane fait quelques apparitions avec les espoirs de Pau où son père entraîne. Mais en 2009, il coupe le cordon, refuse une offre de UCLA et s’engage avec la SIG. Il restera six ans en Alsace, montant une à une les marches vers le professionnalisme. Alors qu’il n’avait pas connu de compétition avec les Équipes de France de jeunes en U16 et U18, il dispute deux Euros en U20… sous la direction de son père. Deux campagnes ponctuées d’une médaille de bronze et d’une médaille d’argent mais que le joueur aurait pu ne jamais connaître. "Il a fallu le convaincre de venir", sourit Aimé. "Moi je voyais ses qualités. Axel ne voulait pas. Je lui disais de ne pas se pénaliser sous prétexte que je suis son père. Je pense que j’ai été dur avec lui. J’aurais pu le mettre encore plus sur le terrain. Mais c’était le deal : à égalité je préférais faire jouer un autre." Le rêve NBA Cette absence de traitement de faveur, cette habitude de voler sous les radars de détection depuis l’adolescence ont sans doute forgé un caractère et permis à Axel Toupane de mettre tout en œuvre pour toucher du doigt son rêve NBA. Après son
12 BASKETBALL MAGAZINE
premier contrat de 10 jours avec les Nuggets, il est renouvelé pour un second puis signé de manière définitive. Avec un vrai rôle à la clé puisqu’il passe 14 minutes en moyenne sur les terrains pendant 21 rencontres. Mais la NBA est une Ligue sans pitié et à l’orée de la saison 2016/17, il est coupé par Denver. Retour à la case G-League. Puis une pige de 10 jours aux Pelicans, une autre tout aussi éphémère aux Bucks. 4 petits matches seulement et la conviction qu’il est temps de passer à autre chose. "La NBA est une grosse usine. Il y a beaucoup de turnovers. Il y a tellement de bons joueurs qu’à la fin, les goûts et les couleurs… De bons extérieurs tu vas en trouver 100 alors qu’il n’y a que 2-3 places. C’est ce qui fait que c’est la meilleur Ligue du Monde et que tout le monde veut y aller. La deuxième année je me suis trouvé bien meilleur. J’ai eu rapidement un call up avec l’espoir d’y rester. Ça ne s’est pas fait. À la fin de la saison je savais que je ne voulais pas refaire une troisième année dans l’ascenseur." Loin des yeux loin du cœur pour certains, Toupane est pourtant sur les tablettes d’équipes d’Euroleague. Son retour en Europe, il l’effectue ainsi au mythique Zalgiris Kaunas, dirigé par la légende lituanienne Sarunas Jasikevicius. Sur place, il découvre l’extraordinaire passion d’un peuple pour le basket. Une ferveur qui pousse le Zalgiris à renverser des montagnes et à s’inviter à la surprise générale au Final Four 2018. L’arrière français alterne le bon et le moins bon, subissant parfois les colères spectaculaires de son entraîneur. Mais le fils de coach encaisse et repart systématiquement de l’avant. "Sur le coup ça reste difficile. Mais au final c’est quelqu’un que j’apprécie énormément. Je sais à quel point c’est dur d’être coach. J’ai un vrai respect pour ce métier que je n’aimerais pas faire. Parfois c’était conflictuel. Dans le sport de haut niveau ça fait avancer les choses entre personnes intelligentes. Jasikevicius aime bien quand tu lui montres que tu as du caractère. Certaines prises de tête m’ont été bénéfiques."
Bellenger / IS / FFBB
Enfant de la balle
division avec le club alsacien. Il y a fait équipe avec JeanAimé Toupane, qui a fait ses valises pour Gravelines. L’ancien international sénégalais accueille neuf mois plus tard un petit Axel. Les deux hommes se retrouveront une dizaine d’années plus tard pour lancer l’aventure qui mènera le Stade Clermontois jusqu’en Pro A. Les fils fréquentent les mêmes équipes de jeunes en Auvergne et rêvent sans doute d’un avenir américain. Mais si Joffrey débarque au Pôle France à 15 ans, devient champion de France à 21, champion d’Europe avec les Bleus à 22 et enchaîne Euroleague et NBA, la réussite d’Axel est plus longue à se dessiner. Son père n’a rien fait pour l’accélérer à tout prix. "Je l’ai toujours poussé à faire ce qu’il avait envie, mais surtout les études. Le jour où il m’a annoncé qu’il voulait devenir joueur professionnel, j’étais très surpris. On me l’a beaucoup reproché. De ne pas le prendre pour travailler individuellement. Mais je ne voulais pas l’écœurer." Quand le pôle espoirs pousse pour intégrer le rejeton, la famille Toupane passe son tour. Celui-ci hésite d’ailleurs un temps entre basket et golf, où son aisance club en main aurait pu lui permettre d’envisager une carrière sur les greens. "Je suis fier du parcours que j’ai eu", note le principal intéressé. "Ce n’était pas un parcours académique. C’est inutile de se comparer aux autres, même si c’est humain. Avec du recul on s’aperçoit que chacun a sa route. J’ai souvent confirmé avec un léger décalage. Mais décalage par rapport à quoi ? A qui ?"
Chris Elise
FOCUS ACB
Avec les Raptors 905, basés à Mississauga en banlieue de Toronto, Toupane se met en valeur sous les ordres de l’ancienne star NBA Jerry Stackhouse. "Au niveau basket c’était l’opportunité d’être sur le terrain, de jouer. Et on voit que la G-League est un très bon endroit pour se montrer et faire grimper sa cote. En France c’est un championnat méconnu qui n’a pas bonne presse, c’est pour cela que ça a pu surprendre. Financièrement je voyais ça comme un investissement. Sur le coup tu ne gagnes pas d’argent. Mais derrière tu peux signer pour 4-5-6 fois plus. Contrairement à un rookie qui sort d’université j’avais eu la chance de faire quatre années pro donc c’était plus facile pour moi. Et sportivement il faut s’imposer contre des gars qui sont des vétérans NBA. La première saison j’ai joué trois fois contre Dantae Jones, qui a joué 10 ans dans la Ligue, qui a été champion. Se coltiner des gars comme ça, durs, physiques, ce n’est jamais évident." Ses 14,6 points, 5,6 rebonds et 3,6 passes décisives vont finir par taper dans l’œil des Denver Nuggets. Le 3 mars il se voit offrir un contrat de 10 jours par l’équipe du Colorado. L’histoire est d’autant plus belle que sur place, Toupane retrouve Joffrey Lauvergne, un autre enfant de la balle avec qui il partage une histoire commune.
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT
JANVIER 2020
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Joffrey est né le 30 septembre 1991 à Mulhouse. Son père Stéphane, international tricolore, évolue alors en première
”Tu es sérieux ? Tu es rentré et tu perds deux ballons en deux minutes. Jamais je n’allais dans son sens. C’est ça l’excellence.” Jean-Aimé Toupane
Après sa période auvergnate, Axel Toupane fait quelques apparitions avec les espoirs de Pau où son père entraîne. Mais en 2009, il coupe le cordon, refuse une offre de UCLA et s’engage avec la SIG. Il restera six ans en Alsace, montant une à une les marches vers le professionnalisme. Alors qu’il n’avait pas connu de compétition avec les Équipes de France de jeunes en U16 et U18, il dispute deux Euros en U20… sous la direction de son père. Deux campagnes ponctuées d’une médaille de bronze et d’une médaille d’argent mais que le joueur aurait pu ne jamais connaître. "Il a fallu le convaincre de venir", sourit Aimé. "Moi je voyais ses qualités. Axel ne voulait pas. Je lui disais de ne pas se pénaliser sous prétexte que je suis son père. Je pense que j’ai été dur avec lui. J’aurais pu le mettre encore plus sur le terrain. Mais c’était le deal : à égalité je préférais faire jouer un autre." Le rêve NBA Cette absence de traitement de faveur, cette habitude de voler sous les radars de détection depuis l’adolescence ont sans doute forgé un caractère et permis à Axel Toupane de mettre tout en œuvre pour toucher du doigt son rêve NBA. Après son
12 BASKETBALL MAGAZINE
premier contrat de 10 jours avec les Nuggets, il est renouvelé pour un second puis signé de manière définitive. Avec un vrai rôle à la clé puisqu’il passe 14 minutes en moyenne sur les terrains pendant 21 rencontres. Mais la NBA est une Ligue sans pitié et à l’orée de la saison 2016/17, il est coupé par Denver. Retour à la case G-League. Puis une pige de 10 jours aux Pelicans, une autre tout aussi éphémère aux Bucks. 4 petits matches seulement et la conviction qu’il est temps de passer à autre chose. "La NBA est une grosse usine. Il y a beaucoup de turnovers. Il y a tellement de bons joueurs qu’à la fin, les goûts et les couleurs… De bons extérieurs tu vas en trouver 100 alors qu’il n’y a que 2-3 places. C’est ce qui fait que c’est la meilleur Ligue du Monde et que tout le monde veut y aller. La deuxième année je me suis trouvé bien meilleur. J’ai eu rapidement un call up avec l’espoir d’y rester. Ça ne s’est pas fait. À la fin de la saison je savais que je ne voulais pas refaire une troisième année dans l’ascenseur." Loin des yeux loin du cœur pour certains, Toupane est pourtant sur les tablettes d’équipes d’Euroleague. Son retour en Europe, il l’effectue ainsi au mythique Zalgiris Kaunas, dirigé par la légende lituanienne Sarunas Jasikevicius. Sur place, il découvre l’extraordinaire passion d’un peuple pour le basket. Une ferveur qui pousse le Zalgiris à renverser des montagnes et à s’inviter à la surprise générale au Final Four 2018. L’arrière français alterne le bon et le moins bon, subissant parfois les colères spectaculaires de son entraîneur. Mais le fils de coach encaisse et repart systématiquement de l’avant. "Sur le coup ça reste difficile. Mais au final c’est quelqu’un que j’apprécie énormément. Je sais à quel point c’est dur d’être coach. J’ai un vrai respect pour ce métier que je n’aimerais pas faire. Parfois c’était conflictuel. Dans le sport de haut niveau ça fait avancer les choses entre personnes intelligentes. Jasikevicius aime bien quand tu lui montres que tu as du caractère. Certaines prises de tête m’ont été bénéfiques."
Bellenger / IS / FFBB
Enfant de la balle
division avec le club alsacien. Il y a fait équipe avec JeanAimé Toupane, qui a fait ses valises pour Gravelines. L’ancien international sénégalais accueille neuf mois plus tard un petit Axel. Les deux hommes se retrouveront une dizaine d’années plus tard pour lancer l’aventure qui mènera le Stade Clermontois jusqu’en Pro A. Les fils fréquentent les mêmes équipes de jeunes en Auvergne et rêvent sans doute d’un avenir américain. Mais si Joffrey débarque au Pôle France à 15 ans, devient champion de France à 21, champion d’Europe avec les Bleus à 22 et enchaîne Euroleague et NBA, la réussite d’Axel est plus longue à se dessiner. Son père n’a rien fait pour l’accélérer à tout prix. "Je l’ai toujours poussé à faire ce qu’il avait envie, mais surtout les études. Le jour où il m’a annoncé qu’il voulait devenir joueur professionnel, j’étais très surpris. On me l’a beaucoup reproché. De ne pas le prendre pour travailler individuellement. Mais je ne voulais pas l’écœurer." Quand le pôle espoirs pousse pour intégrer le rejeton, la famille Toupane passe son tour. Celui-ci hésite d’ailleurs un temps entre basket et golf, où son aisance club en main aurait pu lui permettre d’envisager une carrière sur les greens. "Je suis fier du parcours que j’ai eu", note le principal intéressé. "Ce n’était pas un parcours académique. C’est inutile de se comparer aux autres, même si c’est humain. Avec du recul on s’aperçoit que chacun a sa route. J’ai souvent confirmé avec un léger décalage. Mais décalage par rapport à quoi ? A qui ?"
Chris Elise
FOCUS ACB
Avec les Raptors 905, basés à Mississauga en banlieue de Toronto, Toupane se met en valeur sous les ordres de l’ancienne star NBA Jerry Stackhouse. "Au niveau basket c’était l’opportunité d’être sur le terrain, de jouer. Et on voit que la G-League est un très bon endroit pour se montrer et faire grimper sa cote. En France c’est un championnat méconnu qui n’a pas bonne presse, c’est pour cela que ça a pu surprendre. Financièrement je voyais ça comme un investissement. Sur le coup tu ne gagnes pas d’argent. Mais derrière tu peux signer pour 4-5-6 fois plus. Contrairement à un rookie qui sort d’université j’avais eu la chance de faire quatre années pro donc c’était plus facile pour moi. Et sportivement il faut s’imposer contre des gars qui sont des vétérans NBA. La première saison j’ai joué trois fois contre Dantae Jones, qui a joué 10 ans dans la Ligue, qui a été champion. Se coltiner des gars comme ça, durs, physiques, ce n’est jamais évident." Ses 14,6 points, 5,6 rebonds et 3,6 passes décisives vont finir par taper dans l’œil des Denver Nuggets. Le 3 mars il se voit offrir un contrat de 10 jours par l’équipe du Colorado. L’histoire est d’autant plus belle que sur place, Toupane retrouve Joffrey Lauvergne, un autre enfant de la balle avec qui il partage une histoire commune.
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JANVIER 2020
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3x3
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT
AVEC LA FIBA, SI TU ES BON ET QUE TU PERFORMES, TU VAS RECEVOIR DES
FIBA
INVITATIONS.
SUITE DE CARRIÈRE
Sammy Girma
PIQUÉ PAR LE 3X3 Après dix ans de bons et loyaux services passés entre la Nationale 1 et la Nationale 2, Sammy Girma (30 ans, 2,03 m) a décidé de mettre un terme à sa carrière professionnelle pour se lancer dans le 3x3. préféré dans le 3x3. L’application FIBA 3x3 m’a définitivement conquis. La possibilité de voir ses propres points, j’ai eu l’impression de jouer à un jeux vidéo avec moi-même." L’heure des choix Vont suivre deux étés bien remplis par des participations à différents tournois et deux Open de France terminés à la 3e et 2e place. Avant une année 2019 décisive tant sportivement que professionnellement pour le joueur de 30 ans. En parallèle étudiant à l’EM Lyon dans le programme « Grande école », Sammy Girma savait qu’une décision cruciale allait s’imposer à lui. "Mon cursus se terminait en décembre. En clair, c’était incompatible avec le fait de signer un contrat professionnel. J’avais également envie de commencer ma seconde carrière et de capitaliser sur mon diplôme à la fin de mes études. Si j’avais terminé en juin ou en juillet, j’aurais pu faire une saison de plus mais je n’en avais pas forcément l’envie. Le rythme
Sammy Girma envisage avec sérénité la suite de sa carrière dans le 3x3. Avec la team Blacklist, il a pu goûter au World Tour et rencontrer le gratin mondial. Deux étapes bien négociées à Lausanne et Jeddah, entrecoupées d’une participation au Challenger de Manille aux Philippines. Lui-même, Raphaël Wilson, Hervé Touré et Raphaël Giaimo semblent avoir trouvé la recette qui marche et ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Mieux, ils espèrent se professionnaliser à l’aube de l’édition 2020. "On a très vite compris comment le World Tour fonctionnait. Ça se rapproche du tennis ou du golf, il est nécessaire d’être invité. C’est donc obligatoire d’avoir une structure pour pouvoir se déplacer, se soigner. Il faut également être capable de jouer d’avril à novembre puis de se préparer à partir de janvier et arriver en forme pour la reprise des tournois. Aujourd’hui, l’enjeu c’est d’être invité sur ces tournois qui se jouent avril et c’est ce qui est le plus difficile." Cependant, le début d’une nouvelle carrière professionnelle après la remise de son diplôme pourrait être un frein avec ces envies naissantes. Là encore Sammy Girma, avec son flegme légendaire, a déjà réfléchi à la question. "Ça ne va pas être difficile de jongler entre mon job et le 3x3. C’est l’avantage du 3x3, on peut s’entrainer quand on veut. Si jamais je suis à Paris, je peux m’entrainer avec Rémi Dibo. Si ce n’est pas le cas, c’est simple d’aller toucher le ballon avec une équipe." Le nouveau trentenaire est prêt à mettre toutes les chances de son côté. Fin connaisseur du système, il est conscient que la team Blacklist va devoir se montrer sous ses plus beaux jours. "L’objectif c’est de faire au moins six ou sept Challengers. En en faisant autant on se donne la chance de faire plus de Masters, c’est mathématique. Il y a des équipes comme Lausanne ou NY Harlem qui en ont fait dix. La clé c’est d’être prêt, de se réunir plus souvent pour bosser en équipe et surtout de faire entendre à la FIBA et à tous les décideurs sur le World Tour que l’on est prêt à jouer dès le mois d’avril. Avec la FIBA, si tu es bon et que tu performes, tu vas recevoir des invitations. Après, quand tu contactes les organisateurs de tournois en Asie et qu’ils t’ont déjà vu jouer, c’est plus facile d’obtenir un spot." L’enjeu est de taille pour la bande à Sammy et devrait permettre d’aborder sereinement une année 2020 pleine de promesses.
FIBA
Par Clément Daniou
48 BASKETBALL MAGAZINE
”L’ambiance, la camaraderie, il y a tellement de points que j’ai tout de suite préféré dans le 3x3. L’application FIBA 3x3 m’a définitivement conquis. La possibilité de voir ses propres points, j’ai eu l’impression de jouer à un jeux vidéo avec moi-même."
Les yeux rivés vers le World Tour
SAMMY GIRMA
"Raphaël Wilson avait l’habitude de jouer tous les étés et je me moquais de lui par rapport à ça. Il jouait des tournois de 5x5 et ça ne m’intéressait pas du tout, je préférais m’entrainer de mon côté et profiter de mes vacances. Il est revenu à la charge en m’affirmant que c’était un tournoi 3x3, que ça pouvait être marrant…" Deux ans après cet échange sur un ton sarcastique entre deux amis de longue date originaires de Lyon, les choses ont bien changé dans la tête de Sammy Girma. Las de la pratique du 5x5 et de ses inconvénients, une après-carrière en route dans le management, cet habitué des championnats nationaux passé entre autre par Boulazac, Challans, le Puy-enVelay, Pont-de-Chéruy et Feurs a désormais le regard tourné vers le 3x3. Son premier tournoi, disputé en compagnie de Raphaël Wilson donc, Malela Mutuale et Raphaël Giaimo avait déjà commencé à faire germer cette idée dans son cerveau. Vainqueur de l’Ain Star en 2017, c’était le début d’une belle histoire d’amour qui dure encore aujourd’hui. "L’ambiance, la camaraderie, il y a tellement de points que j’ai tout de suite
du 5x5 est tellement différent que la pratique m’a paru fade et contraignante après avoir découvert le 3x3." Pour lui, l’heure de la transition est donc parfaite. Côté basket, 2019 restera sans doute comme la vraie belle année de Sammy Girma depuis sa rencontre avec le 3x3. Invité à disputer les Qualifiers de la Coupe du Monde en mai dernier avec l’Équipe de France aux côtés de Rémi Dibo, Raphael Wilson et Anthony Christophe, le Français et ses coéquipiers réussissent parfaitement leur tour de force en terminant à la 2e place derrière Porto Rico, permettant à la France de se qualifier. Néanmoins, cette bonne performance ne suffira pas pour Sammy Girma qui ne sera pas sélectionné pour la compétition reine, l’entraîneur Richard Billant préférant des joueurs actifs en championnat de France. Une non-convocation qu’il a vécue avec le sourire et qu’il serait prêt à vivre de nouveau dans le futur. "Je pense que c’est difficile de dire non à l’Équipe de France. On est un groupe de 8-9 joueurs et ensuite les coaches font leur choix selon l’équipe qu’ils veulent mettre en place mais aussi selon les disponibilités de chacun. Après il faut garder en tête que plus le temps avance, plus les joueurs devront faire un choix entre le 5x5 et le 3x3. La passerelle entre les deux disciplines n’existe plus dans les autres pays. Par exemple les joueurs de Riga Ghetto (3e au classement général du World Tour, ndlr) avec qui j’ai beaucoup échangé n’ont plus le droit de faire de 5x5 C’est une réflexion qui va devoir être menée dans le futur."
JANVIER 2020
49
3x3
ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • PORTRAIT • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT
AVEC LA FIBA, SI TU ES BON ET QUE TU PERFORMES, TU VAS RECEVOIR DES
FIBA
INVITATIONS.
SUITE DE CARRIÈRE
Sammy Girma
PIQUÉ PAR LE 3X3 Après dix ans de bons et loyaux services passés entre la Nationale 1 et la Nationale 2, Sammy Girma (30 ans, 2,03 m) a décidé de mettre un terme à sa carrière professionnelle pour se lancer dans le 3x3. préféré dans le 3x3. L’application FIBA 3x3 m’a définitivement conquis. La possibilité de voir ses propres points, j’ai eu l’impression de jouer à un jeux vidéo avec moi-même." L’heure des choix Vont suivre deux étés bien remplis par des participations à différents tournois et deux Open de France terminés à la 3e et 2e place. Avant une année 2019 décisive tant sportivement que professionnellement pour le joueur de 30 ans. En parallèle étudiant à l’EM Lyon dans le programme « Grande école », Sammy Girma savait qu’une décision cruciale allait s’imposer à lui. "Mon cursus se terminait en décembre. En clair, c’était incompatible avec le fait de signer un contrat professionnel. J’avais également envie de commencer ma seconde carrière et de capitaliser sur mon diplôme à la fin de mes études. Si j’avais terminé en juin ou en juillet, j’aurais pu faire une saison de plus mais je n’en avais pas forcément l’envie. Le rythme
Sammy Girma envisage avec sérénité la suite de sa carrière dans le 3x3. Avec la team Blacklist, il a pu goûter au World Tour et rencontrer le gratin mondial. Deux étapes bien négociées à Lausanne et Jeddah, entrecoupées d’une participation au Challenger de Manille aux Philippines. Lui-même, Raphaël Wilson, Hervé Touré et Raphaël Giaimo semblent avoir trouvé la recette qui marche et ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Mieux, ils espèrent se professionnaliser à l’aube de l’édition 2020. "On a très vite compris comment le World Tour fonctionnait. Ça se rapproche du tennis ou du golf, il est nécessaire d’être invité. C’est donc obligatoire d’avoir une structure pour pouvoir se déplacer, se soigner. Il faut également être capable de jouer d’avril à novembre puis de se préparer à partir de janvier et arriver en forme pour la reprise des tournois. Aujourd’hui, l’enjeu c’est d’être invité sur ces tournois qui se jouent avril et c’est ce qui est le plus difficile." Cependant, le début d’une nouvelle carrière professionnelle après la remise de son diplôme pourrait être un frein avec ces envies naissantes. Là encore Sammy Girma, avec son flegme légendaire, a déjà réfléchi à la question. "Ça ne va pas être difficile de jongler entre mon job et le 3x3. C’est l’avantage du 3x3, on peut s’entrainer quand on veut. Si jamais je suis à Paris, je peux m’entrainer avec Rémi Dibo. Si ce n’est pas le cas, c’est simple d’aller toucher le ballon avec une équipe." Le nouveau trentenaire est prêt à mettre toutes les chances de son côté. Fin connaisseur du système, il est conscient que la team Blacklist va devoir se montrer sous ses plus beaux jours. "L’objectif c’est de faire au moins six ou sept Challengers. En en faisant autant on se donne la chance de faire plus de Masters, c’est mathématique. Il y a des équipes comme Lausanne ou NY Harlem qui en ont fait dix. La clé c’est d’être prêt, de se réunir plus souvent pour bosser en équipe et surtout de faire entendre à la FIBA et à tous les décideurs sur le World Tour que l’on est prêt à jouer dès le mois d’avril. Avec la FIBA, si tu es bon et que tu performes, tu vas recevoir des invitations. Après, quand tu contactes les organisateurs de tournois en Asie et qu’ils t’ont déjà vu jouer, c’est plus facile d’obtenir un spot." L’enjeu est de taille pour la bande à Sammy et devrait permettre d’aborder sereinement une année 2020 pleine de promesses.
FIBA
Par Clément Daniou
48 BASKETBALL MAGAZINE
”L’ambiance, la camaraderie, il y a tellement de points que j’ai tout de suite préféré dans le 3x3. L’application FIBA 3x3 m’a définitivement conquis. La possibilité de voir ses propres points, j’ai eu l’impression de jouer à un jeux vidéo avec moi-même."
Les yeux rivés vers le World Tour
SAMMY GIRMA
"Raphaël Wilson avait l’habitude de jouer tous les étés et je me moquais de lui par rapport à ça. Il jouait des tournois de 5x5 et ça ne m’intéressait pas du tout, je préférais m’entrainer de mon côté et profiter de mes vacances. Il est revenu à la charge en m’affirmant que c’était un tournoi 3x3, que ça pouvait être marrant…" Deux ans après cet échange sur un ton sarcastique entre deux amis de longue date originaires de Lyon, les choses ont bien changé dans la tête de Sammy Girma. Las de la pratique du 5x5 et de ses inconvénients, une après-carrière en route dans le management, cet habitué des championnats nationaux passé entre autre par Boulazac, Challans, le Puy-enVelay, Pont-de-Chéruy et Feurs a désormais le regard tourné vers le 3x3. Son premier tournoi, disputé en compagnie de Raphaël Wilson donc, Malela Mutuale et Raphaël Giaimo avait déjà commencé à faire germer cette idée dans son cerveau. Vainqueur de l’Ain Star en 2017, c’était le début d’une belle histoire d’amour qui dure encore aujourd’hui. "L’ambiance, la camaraderie, il y a tellement de points que j’ai tout de suite
du 5x5 est tellement différent que la pratique m’a paru fade et contraignante après avoir découvert le 3x3." Pour lui, l’heure de la transition est donc parfaite. Côté basket, 2019 restera sans doute comme la vraie belle année de Sammy Girma depuis sa rencontre avec le 3x3. Invité à disputer les Qualifiers de la Coupe du Monde en mai dernier avec l’Équipe de France aux côtés de Rémi Dibo, Raphael Wilson et Anthony Christophe, le Français et ses coéquipiers réussissent parfaitement leur tour de force en terminant à la 2e place derrière Porto Rico, permettant à la France de se qualifier. Néanmoins, cette bonne performance ne suffira pas pour Sammy Girma qui ne sera pas sélectionné pour la compétition reine, l’entraîneur Richard Billant préférant des joueurs actifs en championnat de France. Une non-convocation qu’il a vécue avec le sourire et qu’il serait prêt à vivre de nouveau dans le futur. "Je pense que c’est difficile de dire non à l’Équipe de France. On est un groupe de 8-9 joueurs et ensuite les coaches font leur choix selon l’équipe qu’ils veulent mettre en place mais aussi selon les disponibilités de chacun. Après il faut garder en tête que plus le temps avance, plus les joueurs devront faire un choix entre le 5x5 et le 3x3. La passerelle entre les deux disciplines n’existe plus dans les autres pays. Par exemple les joueurs de Riga Ghetto (3e au classement général du World Tour, ndlr) avec qui j’ai beaucoup échangé n’ont plus le droit de faire de 5x5 C’est une réflexion qui va devoir être menée dans le futur."
JANVIER 2020
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