Avril 2020

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BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL

LE COACHING AU FÉMININ

ISAÏA CORDINIER RETOUR AU SOMMET YOHANN ROSSO ALEXANDRE GAVRILOVIC

N°867 - AVRIL 2020


ISAÏA CORDINIER

INTERVIEW

“JE SUIS ENFIN MOI-MÊME” Christian Becker / pfbecker.de

5x5

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

Propos recueillis par Julien Guérineau

Isaïa Cordinier (1,96 m, 23 ans) a fêté sa première sélection en Équipe de France en février. Un signe fort du retour au plus haut niveau d’un joueur qui a vécu une saison blanche en 2017/18. Que représente pour vous votre présence sous le maillot de l’Équipe de France à l’occasion des fenêtres de qualification pour l’EuroBasket 2021 ? C’était un objectif clair que je m’étais fixé en début de saison. Représenter mon pays au niveau international. Je voulais faire partie de ces fenêtres. Je suis très fier et très content d’avoir été appelé.

Bellenger / IS / FFBB

Vous n’auriez plus parlé à votre entraîneur Pascal Donnadieu si vous n’aviez pas fait partie de la sélection… Pas du tout, pas du tout. S’il y a avait eu un choix de fait sans moi la solution c’était de retourner à la salle et de travailler deux fois plus.

8

BASKETBALL MAGAZINE

On s’interroge parfois sur l’attachement au maillot bleu des joueurs qui ont eu peu d’occasions de le porter en jeunes. En quoi votre cas est-il différent sur ce point ?

J’ai explosé un peu plus tard que les autres, en U18, et les blessures m’ont empêché de faire les campagnes U20. Je les aurais sûrement faites si la santé me l’avait permis. Ensuite j’ai la culture du maillot par mon père qui a été international de handball. Il a toujours été un exemple et j’ai toujours voulu être son égal, ou faire plus. Je suis sur le bon chemin. À quel point l’Euro U18 en 2014 a-t-il changé votre carrière ? Il m’a fait prendre une autre dimension. Je suis passé de bon joueur français à prospect NBA. J’avais un statut différent après ça. J’ai d’ailleurs toujours des regrets sur ce tournoi. Nous avons fini 9e et je pense qu’on pouvait faire beaucoup mieux. Tout a été très vite ensuite. En plus de mes performances j’ai fait quelques highlights (9,7 pts, 5,6 rbds, 2,6 pds). Ceux qui ne me connaissaient pas m’ont découvert en se disant il sort d’où celui-là. Les scouts ont commencé à venir à mes

PORTRAIT Isaïa

Cordinier

Né le 28 novembre 1996 à Créteil 1,91 m Poste 2 Nanterre 92.

AVRIL 2020

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ISAÏA CORDINIER

INTERVIEW

“JE SUIS ENFIN MOI-MÊME” Christian Becker / pfbecker.de

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

Propos recueillis par Julien Guérineau

Isaïa Cordinier (1,96 m, 23 ans) a fêté sa première sélection en Équipe de France en février. Un signe fort du retour au plus haut niveau d’un joueur qui a vécu une saison blanche en 2017/18. Que représente pour vous votre présence sous le maillot de l’Équipe de France à l’occasion des fenêtres de qualification pour l’EuroBasket 2021 ? C’était un objectif clair que je m’étais fixé en début de saison. Représenter mon pays au niveau international. Je voulais faire partie de ces fenêtres. Je suis très fier et très content d’avoir été appelé.

Bellenger / IS / FFBB

Vous n’auriez plus parlé à votre entraîneur Pascal Donnadieu si vous n’aviez pas fait partie de la sélection… Pas du tout, pas du tout. S’il y a avait eu un choix de fait sans moi la solution c’était de retourner à la salle et de travailler deux fois plus.

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BASKETBALL MAGAZINE

On s’interroge parfois sur l’attachement au maillot bleu des joueurs qui ont eu peu d’occasions de le porter en jeunes. En quoi votre cas est-il différent sur ce point ?

J’ai explosé un peu plus tard que les autres, en U18, et les blessures m’ont empêché de faire les campagnes U20. Je les aurais sûrement faites si la santé me l’avait permis. Ensuite j’ai la culture du maillot par mon père qui a été international de handball. Il a toujours été un exemple et j’ai toujours voulu être son égal, ou faire plus. Je suis sur le bon chemin. À quel point l’Euro U18 en 2014 a-t-il changé votre carrière ? Il m’a fait prendre une autre dimension. Je suis passé de bon joueur français à prospect NBA. J’avais un statut différent après ça. J’ai d’ailleurs toujours des regrets sur ce tournoi. Nous avons fini 9e et je pense qu’on pouvait faire beaucoup mieux. Tout a été très vite ensuite. En plus de mes performances j’ai fait quelques highlights (9,7 pts, 5,6 rbds, 2,6 pds). Ceux qui ne me connaissaient pas m’ont découvert en se disant il sort d’où celui-là. Les scouts ont commencé à venir à mes

PORTRAIT Isaïa

Cordinier

Né le 28 novembre 1996 à Créteil 1,91 m Poste 2 Nanterre 92.

AVRIL 2020

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

JE ME SUIS RENDU COMPTE QUE JE POUVAIS ÊTRE

Les Nets qui ont récupéré votre droit après votre draft en 2016 par les Hawks se disent-ils qu’ils ont peut-être réalisé une bonne affaire ? C’est à eux de voir. Je reste prêt. Et je travaille tous les jours pour ça.

DOMINANT ET ALLER CHERCHER MES RÊVES.

entraînements, à mes matches. Cela a marqué les esprits au niveau international.

10-15 minutes à Evreux. Et j’ai été élu meilleure progression avec Denain l’année suivante et j’ai été drafté.

Avez-vous pleinement compris que vous aviez réellement un potentiel à l’issue de cette compétition ? J’ai toujours travaillé pour pouvoir évoluer au plus haut niveau possible. J’ai eu la chance d’avoir un entraîneur en jeunes, Christian Corderas, qui a toujours cru en moi et qui m’a toujours poussé à aller chercher ce que je ne pensais même pas pouvoir aller chercher. La première fois que l’on m’a appelé en sélection U16, je sortais du pôle espoirs et je jouais une petite quinzaine de minutes en championnat de France à Antibes. Je ne m’y attendais absolument pas. Après avoir goûté à ça pendant quelques jours je me suis ouvert à l’ambition. Je me suis rendu compte que je pouvais être dominant et aller chercher mes rêves.

Est-ce une fierté particulière ? C’est cool d’être le premier français drafté directement de Pro B. C’était un choix intelligent. Je n’ai pas cherché à brûler les étapes. Parfois ce n’est pas nécessaire mais il y a beaucoup d’exemples en faveur de la Pro B. Ça prouve que chacun a sa chance et qu’il faut être prêt à la saisir. En summer league j’ai côtoyé Rodions Kurucs. Il jouait très peu avec l’équipe B de Barcelone. Il a été drafté au deuxième tour et il s’est retrouvé titulaire en playoffs. Adam Mokoka a mis 15 points en 5 minutes avec les Bulls. Il faut être prêt ! Je me suis entraîné avec William Howard cet été. Les gens disaient mais que va-t-il faire en G-League. Et bien il est allé chercher un two-way contract et il a signé aux Rockets. Il faut aller la chercher sa chance.

Avec Timothé Luwawu-Cabarrot, votre ancien coéquipier à Antibes, vous partagez la particularité d’avoir des parcours atypiques… (il coupe)… différents… Tous les deux on s’est tiré la bourre à l’entraînement pendant des années. C’était une chance. On a grandi ensemble. Ensuite c’est une question de plan de carrière que tu développes avec tes agents. Nous avions envie de nous frotter au haut-niveau et on voulait jouer contre des hommes. On se sentait prêts. Que ce soit en Pro B ou en Serbie.

À l’issue de la saison 2016/17 vous avez connu une année blanche. Avez-vous été inquiet que cette longue période d’inactivité ne mette en danger votre carrière ? Je savais que mes qualités athlétiques n’avaient pas disparu. Mais je savais aussi qu’après trois saisons en pro je n’avais pas montré tout ce dont j’étais capable en jeunes. Je me suis posé et j’ai pensé que si je voulais atteindre les objectifs élevés que je m’étais fixé, la NBA et l’Équipe de France, je devais retrouver mes qualités athlétiques. Et donc arrêter d’avoir mal aux genoux. C’était réfléchi.

Les jeunes français hésitent parfois à passer par la case Pro B. Quel est votre avis sur cette option ? Je conseille aux jeunes d’y aller. Certains veulent à tout prix jouer en Jeep® Élite. Mais si c’est pour te retrouver à jouer le garbage time ça ne sert pas à grand-chose. Il ne faut pas avoir peur de descendre d’un étage pour ensuite remonter. Surtout pour lancer sa carrière. C’est un championnat très formateur. Ça joue dur et on ne te lâche rien. Il faut oser ! Evan Fournier, Edwin Jackson, Adrien Moerman y ont commencé. Timothé Luwawu-Cabarrot est en NBA ! Les jeunes veulent tout, tout de suite. Il ne faut pas regarder la Pro B comme un échec. C’est super pour se lancer. Après il faut tomber dans le bon environnement avec le bon coach. Et ensuite jouer. J’ai joué

10 BASKETBALL MAGAZINE

Avez-vous rapidement senti que vous aviez fait le bon choix à votre retour ? Je me suis senti libéré. Il a fallu un peu de temps, 2-3 mois pour retrouver mes sensations. Je n’utilisais plus mes fibres explosives et il a fallu qu’elles se réveillent. Mais depuis je ne réfléchis plus. Je sais que je vais tout écraser et cela fait un bien fou ! Je ne suis pas surpris. Je savais que le résultat serait celui-là. Mais pour les autres… Quand j’ai fait le concours de dunks, mes anciens coéquipiers de Denain étaient surpris. Je suis enfin moi-même et je peux exploiter toutes ma panoplie de basketteur.

CORDINIER DIGEST Presse Sports / Hervio

Presse Sports / Mounic

Il faut de la patience. J’ai eu la chance d’avoir ma famille, ma copine, mes amis, mes agents autour de moi. Ça aide énormément quand le basket te manque. Ça te donne de la force.

Aviez-vous une idée alors de la durée de votre indisponibilité ? Les chirurgiens m’avaient bien précisé que c’était très aléatoire avec les tendons. Certains ont repris après quatre mois sans douleurs, d’autres à neuf mois avec douleurs. Je savais où j’allais et pourquoi je le faisais. Peu importe le temps que ça prendrait, j’avais ma ligne directrice : en retrouvant ce qui faisait mes forces je reviendrais plus fort. Est-ce un exercice très solitaire ? C’est un long combat contre toi-même. Tu te réveilles tous les matins pour répéter les mêmes choses. C’est très monotone.

Quelle était la logique de votre signature à Nanterre l’été dernier ? C’était important pour moi je jouer une Coupe d’Europe. Nanterre regroupait tout ce que je recherchais : des responsabilités dans le collectif, un coach qui me fait confiance, l’EuroCup, des matches de haut niveau, viser les playoffs en Jeep® Élite. C’était logique. Comment s’est déroulée votre découverte de l’Équipe de France et la pression d’avoir à produire immédiatement malgré votre statut de nouveau venu ? C’est spécial bien entendu. Mais au moins tu te jettes dans le bain. Il faut apprendre à vitesse Grand V. J’ai beaucoup aimé l’ambiance et j’ai appris beaucoup de choses à l’entraînement. Quel regard portez-vous sur un joueur comme Amath M’Baye qui a débuté en Équipe de France en novembre 2018 et était titulaire à la Coupe du Monde en 2019 ? C’est inspirant. Lui comme Andrew Albicy. Ça prouve que si tu fais le job collectivement, tu marques des points individuellement. Le but reste d’être la meilleure Équipe de France possible. Cela donne vraiment envie. Kim Tillie expliquait en plaisantant que pour exister dans sa famille il fallait au minimum disputer une Coupe du Monde ou des Jeux Olympiques. Les enfants d’anciens internationaux sont-ils condamnés à l’excellence ? Condamnés, le mot est un peu fort. Nos parents respectifs ont toujours voulu nous enlever cette pression, même si pour ma part il était très dur envers moi. Ils ne veulent pas de la comparaison mais que tu traces ton propre chemin. Mon père Stéphane a une médaille à un Championnat du Monde (bronze en 1997) et a participé aux Jeux Olympiques (4e à Atlanta en 1996). Ça m’oblige. J’ai fait un premier pas mais il y a encore du chemin pour le dépasser. Avec en tête Paris 2024 ? Ça c’est vraiment l’objectif ultime !

Il était connu de quelques spécialistes du championnat de France de jeunes. Mais en l’espace de quelques matches et de quelques hallucinantes arabesques aériennes, Isaïa Cordinier s’est fait un nom dans le basket européen et mondial. À l’Euro U18 2014, plus encore qu’Ywen Smock et Alpha Kaba, les deux meilleurs marqueurs de l’Équipe de France, c’est lui qui crève l’écran. Le jeune homme mène ensuite intelligemment sa barque en faisant rapidement le choix de la Pro B. Il y confirme son talent sous les ordres de Jean-Christophe Prat, au point d’être drafté en 44e position par les Hawks. Ces derniers enverront ses droits aux Nets quelques mois plus tard. Afin de se débarrasser de douleurs aux genoux qui limitent son explosivité, Cordinier fait le choix d’une procédure chirurgicale qui le laissera éloigné un an des terrains. Depuis le néo-international a repris son vol. Et de manière spectaculaire.

EN CHIFFRES Saison

Club

Niveau

MJ

Min

Rb

PD

2012-13

Antibes

Pro B

2

5

1,0

-

2,0

2013-14

Antibes

Jeep® Élite

4

5

0,5

0,3

1,3

2014-15

Evreux

Pro B

23

15

2,1

0,9

4,9

2015-16

Denain

2016-17

Antibes

2017-18

- n’a pas joué, blessé -

Pro B

Pts

32

23

3,6

2,0

10,8

Jeep® Élite

30

23

2,8

1,9

6,5

2018-19

Antibes

Pro B

29

25

3,9

2,2

10,6

2019-20

Nanterre

Jeep® Élite

24

30

4,7

2,5

14,4

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

JE ME SUIS RENDU COMPTE QUE JE POUVAIS ÊTRE

Les Nets qui ont récupéré votre droit après votre draft en 2016 par les Hawks se disent-ils qu’ils ont peut-être réalisé une bonne affaire ? C’est à eux de voir. Je reste prêt. Et je travaille tous les jours pour ça.

DOMINANT ET ALLER CHERCHER MES RÊVES.

entraînements, à mes matches. Cela a marqué les esprits au niveau international.

10-15 minutes à Evreux. Et j’ai été élu meilleure progression avec Denain l’année suivante et j’ai été drafté.

Avez-vous pleinement compris que vous aviez réellement un potentiel à l’issue de cette compétition ? J’ai toujours travaillé pour pouvoir évoluer au plus haut niveau possible. J’ai eu la chance d’avoir un entraîneur en jeunes, Christian Corderas, qui a toujours cru en moi et qui m’a toujours poussé à aller chercher ce que je ne pensais même pas pouvoir aller chercher. La première fois que l’on m’a appelé en sélection U16, je sortais du pôle espoirs et je jouais une petite quinzaine de minutes en championnat de France à Antibes. Je ne m’y attendais absolument pas. Après avoir goûté à ça pendant quelques jours je me suis ouvert à l’ambition. Je me suis rendu compte que je pouvais être dominant et aller chercher mes rêves.

Est-ce une fierté particulière ? C’est cool d’être le premier français drafté directement de Pro B. C’était un choix intelligent. Je n’ai pas cherché à brûler les étapes. Parfois ce n’est pas nécessaire mais il y a beaucoup d’exemples en faveur de la Pro B. Ça prouve que chacun a sa chance et qu’il faut être prêt à la saisir. En summer league j’ai côtoyé Rodions Kurucs. Il jouait très peu avec l’équipe B de Barcelone. Il a été drafté au deuxième tour et il s’est retrouvé titulaire en playoffs. Adam Mokoka a mis 15 points en 5 minutes avec les Bulls. Il faut être prêt ! Je me suis entraîné avec William Howard cet été. Les gens disaient mais que va-t-il faire en G-League. Et bien il est allé chercher un two-way contract et il a signé aux Rockets. Il faut aller la chercher sa chance.

Avec Timothé Luwawu-Cabarrot, votre ancien coéquipier à Antibes, vous partagez la particularité d’avoir des parcours atypiques… (il coupe)… différents… Tous les deux on s’est tiré la bourre à l’entraînement pendant des années. C’était une chance. On a grandi ensemble. Ensuite c’est une question de plan de carrière que tu développes avec tes agents. Nous avions envie de nous frotter au haut-niveau et on voulait jouer contre des hommes. On se sentait prêts. Que ce soit en Pro B ou en Serbie.

À l’issue de la saison 2016/17 vous avez connu une année blanche. Avez-vous été inquiet que cette longue période d’inactivité ne mette en danger votre carrière ? Je savais que mes qualités athlétiques n’avaient pas disparu. Mais je savais aussi qu’après trois saisons en pro je n’avais pas montré tout ce dont j’étais capable en jeunes. Je me suis posé et j’ai pensé que si je voulais atteindre les objectifs élevés que je m’étais fixé, la NBA et l’Équipe de France, je devais retrouver mes qualités athlétiques. Et donc arrêter d’avoir mal aux genoux. C’était réfléchi.

Les jeunes français hésitent parfois à passer par la case Pro B. Quel est votre avis sur cette option ? Je conseille aux jeunes d’y aller. Certains veulent à tout prix jouer en Jeep® Élite. Mais si c’est pour te retrouver à jouer le garbage time ça ne sert pas à grand-chose. Il ne faut pas avoir peur de descendre d’un étage pour ensuite remonter. Surtout pour lancer sa carrière. C’est un championnat très formateur. Ça joue dur et on ne te lâche rien. Il faut oser ! Evan Fournier, Edwin Jackson, Adrien Moerman y ont commencé. Timothé Luwawu-Cabarrot est en NBA ! Les jeunes veulent tout, tout de suite. Il ne faut pas regarder la Pro B comme un échec. C’est super pour se lancer. Après il faut tomber dans le bon environnement avec le bon coach. Et ensuite jouer. J’ai joué

10 BASKETBALL MAGAZINE

Avez-vous rapidement senti que vous aviez fait le bon choix à votre retour ? Je me suis senti libéré. Il a fallu un peu de temps, 2-3 mois pour retrouver mes sensations. Je n’utilisais plus mes fibres explosives et il a fallu qu’elles se réveillent. Mais depuis je ne réfléchis plus. Je sais que je vais tout écraser et cela fait un bien fou ! Je ne suis pas surpris. Je savais que le résultat serait celui-là. Mais pour les autres… Quand j’ai fait le concours de dunks, mes anciens coéquipiers de Denain étaient surpris. Je suis enfin moi-même et je peux exploiter toutes ma panoplie de basketteur.

CORDINIER DIGEST Presse Sports / Hervio

Presse Sports / Mounic

Il faut de la patience. J’ai eu la chance d’avoir ma famille, ma copine, mes amis, mes agents autour de moi. Ça aide énormément quand le basket te manque. Ça te donne de la force.

Aviez-vous une idée alors de la durée de votre indisponibilité ? Les chirurgiens m’avaient bien précisé que c’était très aléatoire avec les tendons. Certains ont repris après quatre mois sans douleurs, d’autres à neuf mois avec douleurs. Je savais où j’allais et pourquoi je le faisais. Peu importe le temps que ça prendrait, j’avais ma ligne directrice : en retrouvant ce qui faisait mes forces je reviendrais plus fort. Est-ce un exercice très solitaire ? C’est un long combat contre toi-même. Tu te réveilles tous les matins pour répéter les mêmes choses. C’est très monotone.

Quelle était la logique de votre signature à Nanterre l’été dernier ? C’était important pour moi je jouer une Coupe d’Europe. Nanterre regroupait tout ce que je recherchais : des responsabilités dans le collectif, un coach qui me fait confiance, l’EuroCup, des matches de haut niveau, viser les playoffs en Jeep® Élite. C’était logique. Comment s’est déroulée votre découverte de l’Équipe de France et la pression d’avoir à produire immédiatement malgré votre statut de nouveau venu ? C’est spécial bien entendu. Mais au moins tu te jettes dans le bain. Il faut apprendre à vitesse Grand V. J’ai beaucoup aimé l’ambiance et j’ai appris beaucoup de choses à l’entraînement. Quel regard portez-vous sur un joueur comme Amath M’Baye qui a débuté en Équipe de France en novembre 2018 et était titulaire à la Coupe du Monde en 2019 ? C’est inspirant. Lui comme Andrew Albicy. Ça prouve que si tu fais le job collectivement, tu marques des points individuellement. Le but reste d’être la meilleure Équipe de France possible. Cela donne vraiment envie. Kim Tillie expliquait en plaisantant que pour exister dans sa famille il fallait au minimum disputer une Coupe du Monde ou des Jeux Olympiques. Les enfants d’anciens internationaux sont-ils condamnés à l’excellence ? Condamnés, le mot est un peu fort. Nos parents respectifs ont toujours voulu nous enlever cette pression, même si pour ma part il était très dur envers moi. Ils ne veulent pas de la comparaison mais que tu traces ton propre chemin. Mon père Stéphane a une médaille à un Championnat du Monde (bronze en 1997) et a participé aux Jeux Olympiques (4e à Atlanta en 1996). Ça m’oblige. J’ai fait un premier pas mais il y a encore du chemin pour le dépasser. Avec en tête Paris 2024 ? Ça c’est vraiment l’objectif ultime !

Il était connu de quelques spécialistes du championnat de France de jeunes. Mais en l’espace de quelques matches et de quelques hallucinantes arabesques aériennes, Isaïa Cordinier s’est fait un nom dans le basket européen et mondial. À l’Euro U18 2014, plus encore qu’Ywen Smock et Alpha Kaba, les deux meilleurs marqueurs de l’Équipe de France, c’est lui qui crève l’écran. Le jeune homme mène ensuite intelligemment sa barque en faisant rapidement le choix de la Pro B. Il y confirme son talent sous les ordres de Jean-Christophe Prat, au point d’être drafté en 44e position par les Hawks. Ces derniers enverront ses droits aux Nets quelques mois plus tard. Afin de se débarrasser de douleurs aux genoux qui limitent son explosivité, Cordinier fait le choix d’une procédure chirurgicale qui le laissera éloigné un an des terrains. Depuis le néo-international a repris son vol. Et de manière spectaculaire.

EN CHIFFRES Saison

Club

Niveau

MJ

Min

Rb

PD

2012-13

Antibes

Pro B

2

5

1,0

-

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2013-14

Antibes

Jeep® Élite

4

5

0,5

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2014-15

Evreux

Pro B

23

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2015-16

Denain

2016-17

Antibes

2017-18

- n’a pas joué, blessé -

Pro B

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Jeep® Élite

30

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2018-19

Antibes

Pro B

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2019-20

Nanterre

Jeep® Élite

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2,5

14,4

AVRIL 2020

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

LE NIVEAU TECHNIQUE EST EXCEPTIONNEL ET ÇA COMPENSE PARFOIS LE MANQUE DE QUALITÉS ATHLÉTIQUES

Tsomi-Minsk

DE CERTAINS.

TSOMI-MINSK

ALEXANDRE GAVRILOVIC Propos recueillis par Clément Daniou

“NE PLUS JAMAIS REVIVRE UN ÉCHEC” Parti à la découverte de l’Europe de l’Est en 2018, Alexandre Gavrilovic (2,06 m, 28 ans) a brillé cette saison avec le club biélorusse de Tsomi-Minsk. Après trois saisons compliquées en France, l’heure est à la renaissance pour l’ancien international U20, champion d’Europe 2010. La NCAA, la Pro B, la Bulgarie et maintenant la Biélorussie à Minsk. Avez-vous conscience que votre parcours est atypique ? Complètement. C’est le côté de ma carrière que j’aime bien. C’est comme ça depuis que j’ai commencé le basket à 14 ans. C’était en cadet départemental mais après un an j’ai intégré le centre de formation de la SIG Strasbourg. J’y ai passé deux ans mais entre le passage des cadets aux espoirs, j’ai eu la possibilité de partir aux États-Unis dans une prep school réputée, IMG Academy. Une fois qu’ils m’ont offert une bourse pour y aller je n’ai pas hésité. Rester en France aurait aussi été une bonne chose mais la possibilité de vivre le rêve américain quand on est basketteur, c’est unique. Une fois aux États-Unis, tout s’est enchaîné naturellement avec la NCAA.

18 BASKETBALL MAGAZINE

Il y a deux ans, après trois saisons en Pro B, vous quittiez la France pour Botevgrod, une destination inattendue. Avec du recul, ce départ a peut-être été la meilleure décision de votre carrière… Ma dernière année en France s’est très mal passée. J’avais signé à Nantes et Neno Asceric était la raison pour laquelle j’avais accepté leur proposition. J’avais vraiment envie de jouer pour lui puis il est écarté en décembre et ça a commencé à être très compliqué pour moi. J’ai perdu du temps de jeu, la confiance. J’ai terminé l’année à Évreux et même si ça s’est plutôt bien passé, je me suis dit que la France c’était fini pour moi. J’étais déçu mais le style de jeu ne me convenait pas du tout en Pro B.

Comment situez-vous le niveau de la VTB League ? En VTB League tu joues le CSKA Moscou, le Lokomotiv Kuban, l’UNICS Kazan plusieurs fois dans la saison. On y retrouve des anciens joueurs NBA, avec des palmarès énormes donc c’est très différent. J’avais déjà observé un grand écart de niveau lorsque je suis arrivé à Botevgrad en Bulgarie l’an dernier. En FIBA Europe Cup, on a joué des équipes italiennes, turques et israéliennes. La différence de niveau se faisait déjà sentir entre la Pro B et ces équipes étrangères. N’est-ce pas dommageable d’être contraint de partir de France pour réellement exploser ? Évreux voulait que je resigne. J’ai été contacté par d’autres clubs mais même si c’était de la Jeep® Élite, j’aurais refusé. En fin de saison j’ai changé d’agent et on s’est focalisé sur l’étranger. J’étais d’abord déçu par moi-même, des choix que j’avais pu faire. En rentrant de NCAA, j’avais des sollicitations de clubs de Jeep® Élite comme Orléans ou Le Havre. J’ai décidé de partir à Roanne en Pro B en me disant que c’était mieux pour commencer ma carrière. Ça a été ma première grosse erreur car on m’a étiqueté comme un joueur de Pro B. Il a fallu que je reparte de zéro à l’étranger. Je me suis tout de suite mis en tête de réussir dès le début, que je n’avais pas le droit à l’erreur. La saison s’est très bien passée en Bulgarie l’année dernière. En FIBA Europe Cup, je finis dans le deuxième meilleur cinq de la saison et ça m’a ouvert des portes. J’avais plusieurs offres sur la table et j’ai choisi Minsk qui jouait la VTB League parce que c’était mon objectif. Justement, on voit de plus en plus de joueurs peu référencés partir jouer à l’étranger, qui plus est avec une certaine réussite. Pensez-vous que c’est représentatif de certains maux du basketball français ?

„Quand tu vis un échec tu apprends et ma motivation c’est de ne plus jamais revivre ça.„ Alexandre Gavrilovic

Tsomi-Minsk

En effet, votre profil d’intérieur grand et costaud semble parfaitement correspondre avec les exigences de la VTB League. En comparaison avec la Pro B où les intérieurs toniques et dynamiques sont légion… Pour un intérieur de mon style c’est compliqué. Les intérieurs sont la plupart du temps petits et athlétiques. Les joueurs sont imprévisibles et le rythme des matches est très élevé. Ce n’est pas forcément un jeu organisé et je ne peux pas dire que j’affectionne ça. La Pro B c’est un championnat très physique, avec de vrais athlètes mais avec un niveau technique largement inférieur à ce qu’on peut voir en VTB League. Ici les intérieurs mesurent 2,10 m ou 2,15 m et j’ai plus de facilité à défendre sur eux. C’est la même chose au niveau du collectif avec des systèmes très précis et comme il y a des joueurs de très haut niveau, on peut deviner à l’avance qui va prendre le tir. La plus grosse différence se fait au niveau du QI basket. Étant donné que l’on retrouve des équipes qui jouent l’EuroLeague et l’EuroCup, le niveau technique est exceptionnel et ça compense parfois le manque de qualités athlétiques de certains.

Il y a plusieurs raisons à ça. Quand on part à l’étranger on a un rôle différent. En France quand tu es le joueur local, tu passes après les Américains. Ce sont les étrangers qui jouent en priorité et sauf si tu es un joueur de l’Équipe de France ou très référencé, tu passes après. Tu ne peux pas vraiment montrer de quoi tu es capable sur le terrain en jouant 5 ou 10 minutes par match. J’ai un rôle beaucoup plus important à Minsk, avec du temps de jeu et la confiance de l’entraîneur. On m’a signé en tant qu’étranger donc les attentes sont forcément différentes mais je n’ai pas de pression par rapport à ça. Je préfère avoir cette pression-là et prendre le risque d’être coupé plutôt que d’être le joueur local qui attend que son heure vienne. Vos récentes performances de choix en VTB League face au Khimki Moscou (20 points, 4 rebonds) et au CSKA Moscou (19 points et 7 rebonds), des équipes estampillées EuroLeague, vous ont permis d’être davantage mis en lumière ? C’est vrai que quand tu fais un gros match contre ce genre d’équipes, c’est toujours agréable. On a commencé à davantage parler de moi. Mon agent m’a appelé pour me dire que plusieurs équipes avaient appelé pour se renseigner à mon sujet. C’est aussi le résultat d’une progression linéaire… Après Évreux, je me suis retrouvé sans clubs de juin à octobre 2018. Mentalement c’était compliqué. J’ai profité de ce tempslà pour m’entraîner afin de passer un cap dans la préparation physique et mentale. Quand je suis arrivé en Bulgarie j’avais une tout autre mentalité. J’avais faim de prouver que je méritais un bon club, que l’épisode Pro B était du passé. Je suis vraiment devenu un joueur beaucoup plus professionnel. Quand tu vis un échec tu apprends et ma motivation c’est de ne plus jamais revivre ça. En deux saisons, vous êtes devenu un intérieur qui compte en FIBA Europe Cup. Jouer la FIBA Basketball Champions League l’an prochain peut-il être envisageable ? J’espère. L’objectif l’année prochaine c’est de jouer au minimum la Champions League et au mieux l’EuroCup. Il y a déjà quelques contacts mais c’est encore tôt. Mon agent fait son travail mais il ne veut pas me bourrer le crâne avec des informations qui peuvent me parasiter.

AVRIL 2020

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5x5

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • 5x5 • VxE • 3x3 • SUPPLÉMENT

LE NIVEAU TECHNIQUE EST EXCEPTIONNEL ET ÇA COMPENSE PARFOIS LE MANQUE DE QUALITÉS ATHLÉTIQUES

Tsomi-Minsk

DE CERTAINS.

TSOMI-MINSK

ALEXANDRE GAVRILOVIC Propos recueillis par Clément Daniou

“NE PLUS JAMAIS REVIVRE UN ÉCHEC” Parti à la découverte de l’Europe de l’Est en 2018, Alexandre Gavrilovic (2,06 m, 28 ans) a brillé cette saison avec le club biélorusse de Tsomi-Minsk. Après trois saisons compliquées en France, l’heure est à la renaissance pour l’ancien international U20, champion d’Europe 2010. La NCAA, la Pro B, la Bulgarie et maintenant la Biélorussie à Minsk. Avez-vous conscience que votre parcours est atypique ? Complètement. C’est le côté de ma carrière que j’aime bien. C’est comme ça depuis que j’ai commencé le basket à 14 ans. C’était en cadet départemental mais après un an j’ai intégré le centre de formation de la SIG Strasbourg. J’y ai passé deux ans mais entre le passage des cadets aux espoirs, j’ai eu la possibilité de partir aux États-Unis dans une prep school réputée, IMG Academy. Une fois qu’ils m’ont offert une bourse pour y aller je n’ai pas hésité. Rester en France aurait aussi été une bonne chose mais la possibilité de vivre le rêve américain quand on est basketteur, c’est unique. Une fois aux États-Unis, tout s’est enchaîné naturellement avec la NCAA.

18 BASKETBALL MAGAZINE

Il y a deux ans, après trois saisons en Pro B, vous quittiez la France pour Botevgrod, une destination inattendue. Avec du recul, ce départ a peut-être été la meilleure décision de votre carrière… Ma dernière année en France s’est très mal passée. J’avais signé à Nantes et Neno Asceric était la raison pour laquelle j’avais accepté leur proposition. J’avais vraiment envie de jouer pour lui puis il est écarté en décembre et ça a commencé à être très compliqué pour moi. J’ai perdu du temps de jeu, la confiance. J’ai terminé l’année à Évreux et même si ça s’est plutôt bien passé, je me suis dit que la France c’était fini pour moi. J’étais déçu mais le style de jeu ne me convenait pas du tout en Pro B.

Comment situez-vous le niveau de la VTB League ? En VTB League tu joues le CSKA Moscou, le Lokomotiv Kuban, l’UNICS Kazan plusieurs fois dans la saison. On y retrouve des anciens joueurs NBA, avec des palmarès énormes donc c’est très différent. J’avais déjà observé un grand écart de niveau lorsque je suis arrivé à Botevgrad en Bulgarie l’an dernier. En FIBA Europe Cup, on a joué des équipes italiennes, turques et israéliennes. La différence de niveau se faisait déjà sentir entre la Pro B et ces équipes étrangères. N’est-ce pas dommageable d’être contraint de partir de France pour réellement exploser ? Évreux voulait que je resigne. J’ai été contacté par d’autres clubs mais même si c’était de la Jeep® Élite, j’aurais refusé. En fin de saison j’ai changé d’agent et on s’est focalisé sur l’étranger. J’étais d’abord déçu par moi-même, des choix que j’avais pu faire. En rentrant de NCAA, j’avais des sollicitations de clubs de Jeep® Élite comme Orléans ou Le Havre. J’ai décidé de partir à Roanne en Pro B en me disant que c’était mieux pour commencer ma carrière. Ça a été ma première grosse erreur car on m’a étiqueté comme un joueur de Pro B. Il a fallu que je reparte de zéro à l’étranger. Je me suis tout de suite mis en tête de réussir dès le début, que je n’avais pas le droit à l’erreur. La saison s’est très bien passée en Bulgarie l’année dernière. En FIBA Europe Cup, je finis dans le deuxième meilleur cinq de la saison et ça m’a ouvert des portes. J’avais plusieurs offres sur la table et j’ai choisi Minsk qui jouait la VTB League parce que c’était mon objectif. Justement, on voit de plus en plus de joueurs peu référencés partir jouer à l’étranger, qui plus est avec une certaine réussite. Pensez-vous que c’est représentatif de certains maux du basketball français ?

„Quand tu vis un échec tu apprends et ma motivation c’est de ne plus jamais revivre ça.„ Alexandre Gavrilovic

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En effet, votre profil d’intérieur grand et costaud semble parfaitement correspondre avec les exigences de la VTB League. En comparaison avec la Pro B où les intérieurs toniques et dynamiques sont légion… Pour un intérieur de mon style c’est compliqué. Les intérieurs sont la plupart du temps petits et athlétiques. Les joueurs sont imprévisibles et le rythme des matches est très élevé. Ce n’est pas forcément un jeu organisé et je ne peux pas dire que j’affectionne ça. La Pro B c’est un championnat très physique, avec de vrais athlètes mais avec un niveau technique largement inférieur à ce qu’on peut voir en VTB League. Ici les intérieurs mesurent 2,10 m ou 2,15 m et j’ai plus de facilité à défendre sur eux. C’est la même chose au niveau du collectif avec des systèmes très précis et comme il y a des joueurs de très haut niveau, on peut deviner à l’avance qui va prendre le tir. La plus grosse différence se fait au niveau du QI basket. Étant donné que l’on retrouve des équipes qui jouent l’EuroLeague et l’EuroCup, le niveau technique est exceptionnel et ça compense parfois le manque de qualités athlétiques de certains.

Il y a plusieurs raisons à ça. Quand on part à l’étranger on a un rôle différent. En France quand tu es le joueur local, tu passes après les Américains. Ce sont les étrangers qui jouent en priorité et sauf si tu es un joueur de l’Équipe de France ou très référencé, tu passes après. Tu ne peux pas vraiment montrer de quoi tu es capable sur le terrain en jouant 5 ou 10 minutes par match. J’ai un rôle beaucoup plus important à Minsk, avec du temps de jeu et la confiance de l’entraîneur. On m’a signé en tant qu’étranger donc les attentes sont forcément différentes mais je n’ai pas de pression par rapport à ça. Je préfère avoir cette pression-là et prendre le risque d’être coupé plutôt que d’être le joueur local qui attend que son heure vienne. Vos récentes performances de choix en VTB League face au Khimki Moscou (20 points, 4 rebonds) et au CSKA Moscou (19 points et 7 rebonds), des équipes estampillées EuroLeague, vous ont permis d’être davantage mis en lumière ? C’est vrai que quand tu fais un gros match contre ce genre d’équipes, c’est toujours agréable. On a commencé à davantage parler de moi. Mon agent m’a appelé pour me dire que plusieurs équipes avaient appelé pour se renseigner à mon sujet. C’est aussi le résultat d’une progression linéaire… Après Évreux, je me suis retrouvé sans clubs de juin à octobre 2018. Mentalement c’était compliqué. J’ai profité de ce tempslà pour m’entraîner afin de passer un cap dans la préparation physique et mentale. Quand je suis arrivé en Bulgarie j’avais une tout autre mentalité. J’avais faim de prouver que je méritais un bon club, que l’épisode Pro B était du passé. Je suis vraiment devenu un joueur beaucoup plus professionnel. Quand tu vis un échec tu apprends et ma motivation c’est de ne plus jamais revivre ça. En deux saisons, vous êtes devenu un intérieur qui compte en FIBA Europe Cup. Jouer la FIBA Basketball Champions League l’an prochain peut-il être envisageable ? J’espère. L’objectif l’année prochaine c’est de jouer au minimum la Champions League et au mieux l’EuroCup. Il y a déjà quelques contacts mais c’est encore tôt. Mon agent fait son travail mais il ne veut pas me bourrer le crâne avec des informations qui peuvent me parasiter.

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