Juillet 2020

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BASKETBALL LE MAGAZINE DE LA

FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL

LE 3X3 RELANCE LE BASKET GÉNÉRATION 2003 LABEL CITOYEN CONTENUS TECHNIQUES

N°870 - JUILLET 2020


FOCUS

ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT

PROGRAMME

JACQUES COMMÈRES Propos recueillis par Julien Guérineau

“UN TRONC COMMUN À TOUTES NOS ÉQUIPES” Construire un style de basket français. Vaste programme. Tout au moins apporter de la cohérence dans le jeu proposé par les Équipes de France jeunes à partir des tendances relevées chez les A. C’est un des objectifs de la Direction Technique Nationale et de son Directeur de la Performance, Jacques Commères. À quand remonte la volonté de la DTN de se pencher sur la problématique de définir des contenus communs aux différentes Équipes de France ? Je suis arrivé à la FFBB en 2004. Jean-Pierre de Vincenzi m’avait sollicité du fait de mon double parcours entre le basket pro féminin et masculin. 2004 c’est l’année où le Pôle France se dote de quatre équipes plutôt que deux. Son idée était de coordonner les programmes techniques au Pôle. J’avais donc ce titre de Directeur des Programmes d’Entraînement. Étant par la suite assistant de Vincent Collet avec l’Équipe de France A,

„Aujourd’hui la variabilité se retrouve au cours d’un même match. Il faut donc des capacités de lecture très forte.„

Bacot / FFBB

Bellenger / IS / FFBB

“AVOIR UNE LIGNE DIRECTRICE”

Assistant coach de l’Équipe de France féminine et entraîneur de la Ligue Féminine 2 au Pôle France, Grégory Halin est également en charge de la cohérence des contenus pour les Équipes de France jeunes du secteur féminin. "Quand j’ai été nommé assistant sur l’Équipe de France féminine en 2014, il y avait également cette idée de développer un pont au niveau des contenus entre les A et les Équipes de France jeunes. C’était en filigrane. Les années passant, nous sommes un peu plus rentrés dans cette démarche. Nous sommes une grosse Fédération avec beaucoup d’équipes et beaucoup de compétitions et la difficulté était de s’accorder sur les points sur lesquels nous allions travailler. L’idée est d’être plus efficace avec des préparations plus courtes. Cela passe par des contenus communs, des trames communes, qui permettent de gagner du temps. Si je devais schématiser il y a trois cercles. Le premier correspond au profil de l’équipe, sa spécificité. Le deuxième cercle c’est le coach, qui doit pouvoir apporter une touche personnelle, avoir une marge de manœuvre. Et le troisième cercle ce sont ces contenus communs sur lesquels nous pouvons nous entendre. On ne parle pas de systèmes ou de choses précises mais plutôt de tendances qu’on souhaite développer à moyen et long terme. Au baccalauréat il y a le tronc commun et les spécialités. Je trouve que c’est un bon compromis. Chacun ne fait pas ce qu’il veut et tout le monde ne fait pas la même chose. Nous avons des thèmes de prédilection. La défense et le jeu rapide. L’agressivité offensive individuelle et collective. Le basket évolue vers plus de rapidité et plus de tirs en première intention. Ce sont des choses qu’on essaye d’amener progressivement. Après l’été nous avons traditionnellement un debriefing au mois d’octobre, par secteur, féminin et masculin. Pendant 2-3 jours on revient sur ce que l’on a constaté pendant les compétitions, on évalue ce qu’on a mis en place. C’est un moment important. En décembre nous faisons un séminaire pour nous projeter vers la suite. C’est là que l’on met en place les choses. Mon travail est de faire la synthèse de ces travaux. Le document référence produit est remis à jour chaque année. Il concerne les Équipes de France mais également le Pôle France. Ce qui ressort c’est qu’on va vers plus de simplicité dans tous les contenus, afin de garder de grandes lignes. Comment les entraîneurs ont réagi ? Au départ il y a forcément des résistances. C’est un mode de fonctionnement qui nécessite de lâcher prise. Quand on est entraîneur on veut tout maîtriser. Avec les années on voit l’efficacité du système. Et je ne parle pas de résultats, de médailles. Je parle de construction d’un style. Cela a eu le mérite de poser des choses par écrit, de les fixer. De ne plus s’éparpiller. D’avoir une ligne directrice."

Jacques Commères 8

BASKETBALL MAGAZINE

JUILLET 2020

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT

PROGRAMME

JACQUES COMMÈRES Propos recueillis par Julien Guérineau

“UN TRONC COMMUN À TOUTES NOS ÉQUIPES” Construire un style de basket français. Vaste programme. Tout au moins apporter de la cohérence dans le jeu proposé par les Équipes de France jeunes à partir des tendances relevées chez les A. C’est un des objectifs de la Direction Technique Nationale et de son Directeur de la Performance, Jacques Commères. À quand remonte la volonté de la DTN de se pencher sur la problématique de définir des contenus communs aux différentes Équipes de France ? Je suis arrivé à la FFBB en 2004. Jean-Pierre de Vincenzi m’avait sollicité du fait de mon double parcours entre le basket pro féminin et masculin. 2004 c’est l’année où le Pôle France se dote de quatre équipes plutôt que deux. Son idée était de coordonner les programmes techniques au Pôle. J’avais donc ce titre de Directeur des Programmes d’Entraînement. Étant par la suite assistant de Vincent Collet avec l’Équipe de France A,

„Aujourd’hui la variabilité se retrouve au cours d’un même match. Il faut donc des capacités de lecture très forte.„

Bacot / FFBB

Bellenger / IS / FFBB

“AVOIR UNE LIGNE DIRECTRICE”

Assistant coach de l’Équipe de France féminine et entraîneur de la Ligue Féminine 2 au Pôle France, Grégory Halin est également en charge de la cohérence des contenus pour les Équipes de France jeunes du secteur féminin. "Quand j’ai été nommé assistant sur l’Équipe de France féminine en 2014, il y avait également cette idée de développer un pont au niveau des contenus entre les A et les Équipes de France jeunes. C’était en filigrane. Les années passant, nous sommes un peu plus rentrés dans cette démarche. Nous sommes une grosse Fédération avec beaucoup d’équipes et beaucoup de compétitions et la difficulté était de s’accorder sur les points sur lesquels nous allions travailler. L’idée est d’être plus efficace avec des préparations plus courtes. Cela passe par des contenus communs, des trames communes, qui permettent de gagner du temps. Si je devais schématiser il y a trois cercles. Le premier correspond au profil de l’équipe, sa spécificité. Le deuxième cercle c’est le coach, qui doit pouvoir apporter une touche personnelle, avoir une marge de manœuvre. Et le troisième cercle ce sont ces contenus communs sur lesquels nous pouvons nous entendre. On ne parle pas de systèmes ou de choses précises mais plutôt de tendances qu’on souhaite développer à moyen et long terme. Au baccalauréat il y a le tronc commun et les spécialités. Je trouve que c’est un bon compromis. Chacun ne fait pas ce qu’il veut et tout le monde ne fait pas la même chose. Nous avons des thèmes de prédilection. La défense et le jeu rapide. L’agressivité offensive individuelle et collective. Le basket évolue vers plus de rapidité et plus de tirs en première intention. Ce sont des choses qu’on essaye d’amener progressivement. Après l’été nous avons traditionnellement un debriefing au mois d’octobre, par secteur, féminin et masculin. Pendant 2-3 jours on revient sur ce que l’on a constaté pendant les compétitions, on évalue ce qu’on a mis en place. C’est un moment important. En décembre nous faisons un séminaire pour nous projeter vers la suite. C’est là que l’on met en place les choses. Mon travail est de faire la synthèse de ces travaux. Le document référence produit est remis à jour chaque année. Il concerne les Équipes de France mais également le Pôle France. Ce qui ressort c’est qu’on va vers plus de simplicité dans tous les contenus, afin de garder de grandes lignes. Comment les entraîneurs ont réagi ? Au départ il y a forcément des résistances. C’est un mode de fonctionnement qui nécessite de lâcher prise. Quand on est entraîneur on veut tout maîtriser. Avec les années on voit l’efficacité du système. Et je ne parle pas de résultats, de médailles. Je parle de construction d’un style. Cela a eu le mérite de poser des choses par écrit, de les fixer. De ne plus s’éparpiller. D’avoir une ligne directrice."

Jacques Commères 8

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT seul style de défense pendant tout un championnat. Aujourd’hui la variabilité se retrouve au cours d’un même match. Il faut donc des capacités de lecture très forte.

FIBA

On pourrait cependant opposer la notion de lecture de jeu à celle de contenus techniques très précis… Il faut au contraire arrêter d’opposer les deux. Certains principes d’occupation de l’espace sont intangibles, des actions où l’éloignement annule l’aide défensive. Très souvent, quand on travaille avec les petits, celui qui n’a pas le ballon à tendance à se rapprocher du porteur. S’éloigner n’est pas forcément naturel alors que c’est souvent la meilleure solution. On retrouve ces principes sur le pick n’roll. Ce qui est important c’est que les joueurs sachent lire les situations. Sur les 7-8 défenses possibles face à un pick n’roll, il existe des solutions offensives. Ce ne sont pas des systèmes avec des schémas rigides. C’est le développement du jeu de lecture. C’est un domaine sur lequel nous avons beaucoup travaillé puisque, alors que nous avons des joueurs avec de fortes capacités de percussion, ces qualités étaient limitées par un jeu sans ballon qui n’était pas approprié.

Quelle était la base de la réflexion débutée en 2014 ? L’idée de base est de se préoccuper des tendances actuelles du jeu, se poser la question de la projection vers l’avenir et de conserver le parti pris de s’inspirer du plus haut niveau avec nos équipes A. Au-delà de la coordination technique il y a eu également un travail sur la coordination managériale. On se rendait compte que les modes de fonctionnement pouvaient beaucoup varier d’une équipe à l’autre selon la personnalité des entraîneurs. La prochaine étape sera le développement de la préparation mentale. Tout d’abord l’accompagnement humain avec une forme de proximité entre entraîneur et joueur. Mieux conjuguer les objectifs collectifs et individuels. Ensuite la résistance au stress. Et lié à la préparation mentale il y a la notion de pédagogie. Quand on voit les Espagnols et leur capacité à renverser des situations mal engagées, cela vient de leur enseignement du basket avec la valorisation de la prise d’initiative. C’est encouragé pédagogiquement. Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent dans le basket moderne ? En 2012, au lendemain des Jeux Olympiques, j’avais réalisé une synthèse d’observation qui reste encore valable aujourd’hui tant chez les femmes que chez les hommes. Une synthèse qui constitue un socle autour duquel les entraîneurs des Équipes de France jeunes se retrouvent et bâtissent ensemble : la prise en compte, tant en attaque qu’en défense, de la valeur athlétique et technique grandissante des joueurs qui modifie la notion d’espace de jeu. La transition défensive vulnérabilisée par l’intention de relance rapide et de contre-attaque. La défense qui impacte les adversaires lorsqu’elle intervient sur les lignes de passes à hauteur des écrans et que l’ensemble des joueurs rectifient leur positionnement lorsque le ballon bouge. Les coordinations fondamentales à cinq joueurs dans le jeu du

10 BASKETBALL MAGAZINE

”L’idée de base est de se préoccuper des tendances actuelles du jeu, se poser la question de la projection vers l’avenir et de conserver le parti pris de s’inspirer du plus haut niveau avec nos équipes A.”

Définir un style de jeu à la française, basé notamment sur la défense et la course, ne risque-t-il pas de fermer la porte des structures de haut niveau à des profils physiques qui ne rentrent pas dans certaines cases ? C’est un sujet primordial. Quand on définit des styles de jeu, en particulier basés sur une défense agressive et un jeu de relance, tu peux traduire ça par une recherche de profils spécifiques. Cela peut-être dangereux. Et quand j’échange avec des homologues d’autres sports, la problématique est identique. Il ne faut pas qu’il y ait de critères d’exclusion. Et j’en reviens à déterminer où se trouve la force d’un gamin. Avant de se dire il ne peut pas faire ci, il ne peut pas faire ça. Il est capital d’identifier et de savoir renforcer le positif. Où est-il bon ? Pensez-vous aujourd’hui qu’un joueur ou une joueuse qui passe d’une catégorie à l’autre chez les jeunes ressent la cohérence des contenus ? Je vais prendre l’exemple de Yoan Choupas l’an passé. Il a disputé la Coupe du Monde U19 et quelques jours plus tard l’Euro U20 pour remplacer un blessé. Il a mis très peu de temps à se recaler. Il y a un tronc commun à toutes nos équipes. Autour d’Aimé Toupane et de Grégory Halin, c’est ce que nous mettons en place. Valérie Garnier et Vincent Collet vont y participer. On va profiter de leur présence toute l’année pour avancer sur la réactualisation de nos contenus ainsi que des programmes dans les pôles espoirs. Au-delà du haut niveau, les orientations ont également été accompagnées de changements de règles chez les jeunes. Et en lien avec le pôle formation, nous avons ciblé les entraîneurs des catégories U15 et U18. Les directives se retrouvent clairement dans nos outils de formation. On voit clairement sur les camps interzones ou au camp national ces aptitudes à courir, à relancer. Il y a véritablement eu une impulsion.

Jacques Commères

pick n’roll. Les démarquages et les sorties d’écran dans les changements de rythme et de directions. Enfin les solutions multiples qui doivent être offertes au porteur de balle à chaque temps de l’attaque tant le scouting vidéo rend les entrées de systèmes prévisibles.

Bellenger / IS / FFBB

il y avait forcément un lien entre ces programmes et les A. En 2014, Patrick Beesley m’a donné le titre de Coordonnateur Technique des Équipes de France jeunes. C’était une forme d’officialisation, une forme d’extension de ce qui se faisait au Pôle France.

Sur quels domaines la Direction Technique a-t-elle insisté ces dernières saisons et où avez-vous pu obtenir des résultats ? Défensivement, la capacité à presser la balle, à se mettre sur les lignes de passes, à être très agressif, ce travail a porté ses fruits. Le travail effectué dans le secteur du tir nous a permis d’être meilleurs sur l’adresse aux tirs. Quand on récupère la balle, une grande capacité à amener le danger très vite sur un adversaire pas encore organisé défensivement doit nous amener à concrétiser. Dans le discours des entraîneurs étrangers qui nous affrontent la difficulté à attaquer contre les Équipes de France revient systématiquement. Et la vitesse que nous parvenons à développer. En revanche, ils soulignent parfois qu’on ne joue pas forcément très bien ensemble. Chez les garçons l’accent a donc été mis avant tout sur des notions de spacing, de collaboration collective. Chez les filles l’accent est mis sur le développement de qualités individuelles, de prises de risque.

Les calendriers internationaux vous contraignent-ils à des choix drastiques dans vos orientations techniques ? Deux tendances sont lourdes chez les équipes nationales. Les temps de préparation seront toujours plus courts. Et notre sport, collectif, s’individualise de plus en plus. Mon boulot ce n’est pas de dire c’est une connerie ou c’est super. L’écosystème est ainsi.

À quel point les orientations d’hier peuvent rapidement être remises en cause ? Quand je relis les cahiers techniques de 2009, certaines choses te ramènent à énormément d’humilité tellement les concepts ont changé. Que valent par exemple les feuilles sur les postes de jeu aujourd’hui quand on voit trois arrières sur le terrain, un ailier qui mène le jeu, un pivot qui shoote de loin ? J’ai connu un basket des équipes nationales avec des équipes qui défendaient sur un

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT seul style de défense pendant tout un championnat. Aujourd’hui la variabilité se retrouve au cours d’un même match. Il faut donc des capacités de lecture très forte.

FIBA

On pourrait cependant opposer la notion de lecture de jeu à celle de contenus techniques très précis… Il faut au contraire arrêter d’opposer les deux. Certains principes d’occupation de l’espace sont intangibles, des actions où l’éloignement annule l’aide défensive. Très souvent, quand on travaille avec les petits, celui qui n’a pas le ballon à tendance à se rapprocher du porteur. S’éloigner n’est pas forcément naturel alors que c’est souvent la meilleure solution. On retrouve ces principes sur le pick n’roll. Ce qui est important c’est que les joueurs sachent lire les situations. Sur les 7-8 défenses possibles face à un pick n’roll, il existe des solutions offensives. Ce ne sont pas des systèmes avec des schémas rigides. C’est le développement du jeu de lecture. C’est un domaine sur lequel nous avons beaucoup travaillé puisque, alors que nous avons des joueurs avec de fortes capacités de percussion, ces qualités étaient limitées par un jeu sans ballon qui n’était pas approprié.

Quelle était la base de la réflexion débutée en 2014 ? L’idée de base est de se préoccuper des tendances actuelles du jeu, se poser la question de la projection vers l’avenir et de conserver le parti pris de s’inspirer du plus haut niveau avec nos équipes A. Au-delà de la coordination technique il y a eu également un travail sur la coordination managériale. On se rendait compte que les modes de fonctionnement pouvaient beaucoup varier d’une équipe à l’autre selon la personnalité des entraîneurs. La prochaine étape sera le développement de la préparation mentale. Tout d’abord l’accompagnement humain avec une forme de proximité entre entraîneur et joueur. Mieux conjuguer les objectifs collectifs et individuels. Ensuite la résistance au stress. Et lié à la préparation mentale il y a la notion de pédagogie. Quand on voit les Espagnols et leur capacité à renverser des situations mal engagées, cela vient de leur enseignement du basket avec la valorisation de la prise d’initiative. C’est encouragé pédagogiquement. Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent dans le basket moderne ? En 2012, au lendemain des Jeux Olympiques, j’avais réalisé une synthèse d’observation qui reste encore valable aujourd’hui tant chez les femmes que chez les hommes. Une synthèse qui constitue un socle autour duquel les entraîneurs des Équipes de France jeunes se retrouvent et bâtissent ensemble : la prise en compte, tant en attaque qu’en défense, de la valeur athlétique et technique grandissante des joueurs qui modifie la notion d’espace de jeu. La transition défensive vulnérabilisée par l’intention de relance rapide et de contre-attaque. La défense qui impacte les adversaires lorsqu’elle intervient sur les lignes de passes à hauteur des écrans et que l’ensemble des joueurs rectifient leur positionnement lorsque le ballon bouge. Les coordinations fondamentales à cinq joueurs dans le jeu du

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”L’idée de base est de se préoccuper des tendances actuelles du jeu, se poser la question de la projection vers l’avenir et de conserver le parti pris de s’inspirer du plus haut niveau avec nos équipes A.”

Définir un style de jeu à la française, basé notamment sur la défense et la course, ne risque-t-il pas de fermer la porte des structures de haut niveau à des profils physiques qui ne rentrent pas dans certaines cases ? C’est un sujet primordial. Quand on définit des styles de jeu, en particulier basés sur une défense agressive et un jeu de relance, tu peux traduire ça par une recherche de profils spécifiques. Cela peut-être dangereux. Et quand j’échange avec des homologues d’autres sports, la problématique est identique. Il ne faut pas qu’il y ait de critères d’exclusion. Et j’en reviens à déterminer où se trouve la force d’un gamin. Avant de se dire il ne peut pas faire ci, il ne peut pas faire ça. Il est capital d’identifier et de savoir renforcer le positif. Où est-il bon ? Pensez-vous aujourd’hui qu’un joueur ou une joueuse qui passe d’une catégorie à l’autre chez les jeunes ressent la cohérence des contenus ? Je vais prendre l’exemple de Yoan Choupas l’an passé. Il a disputé la Coupe du Monde U19 et quelques jours plus tard l’Euro U20 pour remplacer un blessé. Il a mis très peu de temps à se recaler. Il y a un tronc commun à toutes nos équipes. Autour d’Aimé Toupane et de Grégory Halin, c’est ce que nous mettons en place. Valérie Garnier et Vincent Collet vont y participer. On va profiter de leur présence toute l’année pour avancer sur la réactualisation de nos contenus ainsi que des programmes dans les pôles espoirs. Au-delà du haut niveau, les orientations ont également été accompagnées de changements de règles chez les jeunes. Et en lien avec le pôle formation, nous avons ciblé les entraîneurs des catégories U15 et U18. Les directives se retrouvent clairement dans nos outils de formation. On voit clairement sur les camps interzones ou au camp national ces aptitudes à courir, à relancer. Il y a véritablement eu une impulsion.

Jacques Commères

pick n’roll. Les démarquages et les sorties d’écran dans les changements de rythme et de directions. Enfin les solutions multiples qui doivent être offertes au porteur de balle à chaque temps de l’attaque tant le scouting vidéo rend les entrées de systèmes prévisibles.

Bellenger / IS / FFBB

il y avait forcément un lien entre ces programmes et les A. En 2014, Patrick Beesley m’a donné le titre de Coordonnateur Technique des Équipes de France jeunes. C’était une forme d’officialisation, une forme d’extension de ce qui se faisait au Pôle France.

Sur quels domaines la Direction Technique a-t-elle insisté ces dernières saisons et où avez-vous pu obtenir des résultats ? Défensivement, la capacité à presser la balle, à se mettre sur les lignes de passes, à être très agressif, ce travail a porté ses fruits. Le travail effectué dans le secteur du tir nous a permis d’être meilleurs sur l’adresse aux tirs. Quand on récupère la balle, une grande capacité à amener le danger très vite sur un adversaire pas encore organisé défensivement doit nous amener à concrétiser. Dans le discours des entraîneurs étrangers qui nous affrontent la difficulté à attaquer contre les Équipes de France revient systématiquement. Et la vitesse que nous parvenons à développer. En revanche, ils soulignent parfois qu’on ne joue pas forcément très bien ensemble. Chez les garçons l’accent a donc été mis avant tout sur des notions de spacing, de collaboration collective. Chez les filles l’accent est mis sur le développement de qualités individuelles, de prises de risque.

Les calendriers internationaux vous contraignent-ils à des choix drastiques dans vos orientations techniques ? Deux tendances sont lourdes chez les équipes nationales. Les temps de préparation seront toujours plus courts. Et notre sport, collectif, s’individualise de plus en plus. Mon boulot ce n’est pas de dire c’est une connerie ou c’est super. L’écosystème est ainsi.

À quel point les orientations d’hier peuvent rapidement être remises en cause ? Quand je relis les cahiers techniques de 2009, certaines choses te ramènent à énormément d’humilité tellement les concepts ont changé. Que valent par exemple les feuilles sur les postes de jeu aujourd’hui quand on voit trois arrières sur le terrain, un ailier qui mène le jeu, un pivot qui shoote de loin ? J’ai connu un basket des équipes nationales avec des équipes qui défendaient sur un

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ÉDITO • SOMMAIRE • ACTUALITÉS • BRÈVES • INTERVIEW • VxE • 3x3 • 5x5 • SUPPLÉMENT

OPEN PLUS CAP D'AIL & ST-PAUL

Isaia Cordinier

Cap d'Ail

LE 3X3 RELANCE LE JEU

La team Blacklist, premier vainqueur 2020 !

Au Cap d'Ail dans les Alpes-Maritimes puis à Saint-Paul dans l'Oise, le basket de haut niveau a repris ses droits à l'occasion de deux Opens 3x3. Un retour au jeu qui a attiré un plateau de qualité à quelques semaines de

La Team Paris remporte l'Open plus de Saint-Paul

l'Open de France GRDF.

Benjamin Monclar

22 BASKETBALL MAGAZINE

2018 JUILLET 2020

23


3x3

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OPEN PLUS CAP D'AIL & ST-PAUL

Isaia Cordinier

Cap d'Ail

LE 3X3 RELANCE LE JEU

La team Blacklist, premier vainqueur 2020 !

Au Cap d'Ail dans les Alpes-Maritimes puis à Saint-Paul dans l'Oise, le basket de haut niveau a repris ses droits à l'occasion de deux Opens 3x3. Un retour au jeu qui a attiré un plateau de qualité à quelques semaines de

La Team Paris remporte l'Open plus de Saint-Paul

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