LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRA FRANÇAISE DE BASKETBALL
LONDRES 2012 LE Rêve d'ana
Ali Traore, la campagne de Russie Le basket en prison Isabelle Fijalkowski
N°777 - FEVRIER2012 - WWW.FFBB.COM
INTERVIEW >
ANA MARIA CATA CHITIGA
“Auparavant j’avais peur
Bellenger/IS/FFBB
de mon ombre” A 22 ans, Ana Maria Cata Chitiga (1,95 m) est depuis longtemps considérée comme l’un des plus grands espoirs du basket féminin français. Il y a quelques mois, elle a connu son premier stage en Équipe de France. Et depuis le début de saison, malgré les difficultés sportives du Tarbes Gespe Bigorre, elle confirme tout le potentiel qu’on lui prête. Propos recueillis par Julien Guérineau
10 BASKETBALLMAGAZINE
FéVRIER2012
11
INTERVIEW >
ANA MARIA CATA CHITIGA
“Auparavant j’avais peur
Bellenger/IS/FFBB
de mon ombre” A 22 ans, Ana Maria Cata Chitiga (1,95 m) est depuis longtemps considérée comme l’un des plus grands espoirs du basket féminin français. Il y a quelques mois, elle a connu son premier stage en Équipe de France. Et depuis le début de saison, malgré les difficultés sportives du Tarbes Gespe Bigorre, elle confirme tout le potentiel qu’on lui prête. Propos recueillis par Julien Guérineau
10 BASKETBALLMAGAZINE
FéVRIER2012
11
INTERVIEW ANA MARIA CATA CHITIGA >
Individuellement voyez-vous ces rencon tres comme un moyen de mesurer vos progrès ? C’est important. C’est la meilleure des compétitions européennes. Quand on joue face à Nevriye Yilmaz ou Erika De Souza on essaye d’exister. Tu sais que si tu n’es pas prête pour ce genre de matches, elles vont te faire la misère. Cela permet de mesurer ta progression même si le championnat LFB permet de le faire également. Simplement l’approche mentale en Euroligue est différente.
Tarbes a débuté sa saison Euro ligue par dix défaites consécutives. Dans ces conditions, se rend-on aux matches la tête basse ? C’est sûr on y pense, surtout lorsqu’on va jouer à Fenerbahçe qui est à dix victoires sur dix matches, alors que nous c’est l’inverse. On sait bien qu’il est très difficile de gagner à l’extérieur en Euroligue, donc il faut surtout y aller pour travailler vu que l’on n’avait plus rien à jouer sportivement depuis longtemps. D’autant que les déplacements sont visiblement parfois compliqués… Pour jouer Fenerbahçe nous avons quitté Tarbes à 4h00 du matin pour prendre un mini-bus jusqu’à Toulouse. Puis ToulouseFrancfort et Francfort-Istanbul.
Comment l’équipe de Tarbes vit-elle une période délicate en termes de résultats ? C’est vrai qu’il y a eu de nombreux change ments mais les objectifs restaient de se maintenir dans le top 4 du championnat. On voit que ça s’annonce difficile. Le club a fait trois finales consécutives donc l’ambition reste élevée. Mais il a traversé des moments compliqués qu’il n’était plus habitué à connaître. Quels étaient vos objectifs lors de votre signature à l’été 2010 ? J’ai signé du fait de la présence d’Alain Jardel au coaching, dans l’optique de travailler individuellement et de continuer à progresser. Après je voulais continuer à évoluer en Euroligue.
Bellenger/IS/FFBB
Jamais vous n’avez envisagé rejoindre un club aux ambitions plus modestes afin de vous assurer un temps de jeu important ? Je suis quand même partie de Bourges pour Villeneuve d’Ascq en 2009, même si le club jouait tout de même l’Euroligue. L’idée était donc de jouer.
12 BASKETBALLMAGAZINE
Alain Jardel a toujours été très élogieux à votre égard. Le ressentiez-vous dans son rapport à vous ? (elle rigole) A l’entraînement tu es là pour travailler et il ne va pas se priver de te crier dessus parce que tu fais une erreur. Je n’ai pas ressenti une affection
particulière. Mais ce n’est pas quelqu’un de très démonstratif. Il était là pour me faire travailler, me faire progresser. Le nom de l’entraîneur semble être une donnée importante dans vos choix de club (Pierre Vincent, Abdou N’Diaye, Alain Jardel, Pascal Pisan), est-ce le cas ? C’est la personne avec qui tu vas travailler tout une année donc c’est important de connaître sa personnalité, sa manière de travailler. J’ai connu Abdou N’Diaye et Alain Jardel en Equipe de France jeunes et c’était rassurant. 7,5 points à 45,1% et 2,7 rebonds en 2010/2011 en Euroligue, 10,4 pts à 52,6% et 6,2 rebonds cette saison. Etes-vous consciente que vous avez franchi un cap depuis quelques mois ? Je ne fais pas vraiment attention à mes chiffres. Je sens bien que je joue un rôle plus important dans l’équipe mais je ne me pose pas trop de questions. Avez-vous confiance en vous ? C’est un point sur lequel il faut travailler. Je pense qu’à haut niveau c’est une dimension très importante : rentrer sur le terrain en pensant "je suis la plus forte, je vais t’écraser." Pour être parmi les meilleurs, je pense que c’est comme ça qu’il faut aborder les choses. Moi j’en suis loin même si j’ai pas mal progressé. Auparavant j’avais peur, peur de moi, de mon ombre. J’ai évolué et ça prouve que j’ai mûri. L’adage veut que les grands gabarits ont besoin de temps pour éclore. Est-ce votre sentiment ? Je pense. Moi en tout cas je suis un peu plus longue à la détente (elle explose de rire). Mais des grandes ont réussi à s’imposer un peu plus tôt. Personnellement je confirme la règle. Forcément on passe par des phases de frustration. Physiquement je n’étais sans doute pas prête et je me demandais si j’allais y arriver. J’avais l’impression d’avoir toujours un temps de retard. Aujourd’hui ça va mieux.
Bellenger/Allée/FFBB
Vous avez disputé sept championnats
tu restes une enfant. On n’a pas vraiment
dire le contraire. Si je fais ce sport c’est
d’Europe avec les Équipes de France de
goûté au plus haut niveau. Il reste vraiment
pour disputer ce type de compétition. Mais
jeunes. L’été dernier vous avez connu
beaucoup de travail à fournir.
je me dis que c’est très lointain pour moi.
débuts en A sont-ils pour bientôt ?
Estimez-vous qu’avec la perspective
Sandrine
Quand on est au Centre Fédéral, c’était
des Jeux Olympiques, c’est le meilleur
Emmeline
logique de disputer une compétition l’été.
moment pour réussir une belle saison ?
le secteur intérieur des Bleues est
Moi j’ai commencé à 14 ans et c’est devenu
Je suis surtout concentrée sur le cham
impressionnant…
une habitude. Avec les A, la différence est
pionnat. Les Jeux Olympiques sont bien
énorme. Même avec les 20 ans et moins,
sûr dans un coin de ma tête, je ne vais pas
votre premier stage avec les A. Vos Gruda,
Isabelle
Ndongue,
Yacoubou,
Endéné
Miyem,
C’est au coach de choisir. Pas à moi. Il ne faut pas calculer. Ces filles-là sont des internationales
reconnues,
dans
leurs
clubs d’Euroligue, elles font des ravages. Je sais parfaitement que ce sont des
Avec les A, la différence est énorme. Même avec les 20 ans et moins, tu restes une enfant.
joueuses qui doivent porter le maillot de l’équipe nationale aux Jeux. La question c’est : que puis-je éventuellement apporter aux côtés de ces filles-là ? Pensez-vous plutôt être à Rio en 2016… J’aimerais pouvoir me dire ça. Avoir cette certitude. Mais les certitudes, ça n’existe pas. Mais au plus profond de moi je l’espère.
FéVRIER2012 13
INTERVIEW ANA MARIA CATA CHITIGA >
Individuellement voyez-vous ces rencon tres comme un moyen de mesurer vos progrès ? C’est important. C’est la meilleure des compétitions européennes. Quand on joue face à Nevriye Yilmaz ou Erika De Souza on essaye d’exister. Tu sais que si tu n’es pas prête pour ce genre de matches, elles vont te faire la misère. Cela permet de mesurer ta progression même si le championnat LFB permet de le faire également. Simplement l’approche mentale en Euroligue est différente.
Tarbes a débuté sa saison Euro ligue par dix défaites consécutives. Dans ces conditions, se rend-on aux matches la tête basse ? C’est sûr on y pense, surtout lorsqu’on va jouer à Fenerbahçe qui est à dix victoires sur dix matches, alors que nous c’est l’inverse. On sait bien qu’il est très difficile de gagner à l’extérieur en Euroligue, donc il faut surtout y aller pour travailler vu que l’on n’avait plus rien à jouer sportivement depuis longtemps. D’autant que les déplacements sont visiblement parfois compliqués… Pour jouer Fenerbahçe nous avons quitté Tarbes à 4h00 du matin pour prendre un mini-bus jusqu’à Toulouse. Puis ToulouseFrancfort et Francfort-Istanbul.
Comment l’équipe de Tarbes vit-elle une période délicate en termes de résultats ? C’est vrai qu’il y a eu de nombreux change ments mais les objectifs restaient de se maintenir dans le top 4 du championnat. On voit que ça s’annonce difficile. Le club a fait trois finales consécutives donc l’ambition reste élevée. Mais il a traversé des moments compliqués qu’il n’était plus habitué à connaître. Quels étaient vos objectifs lors de votre signature à l’été 2010 ? J’ai signé du fait de la présence d’Alain Jardel au coaching, dans l’optique de travailler individuellement et de continuer à progresser. Après je voulais continuer à évoluer en Euroligue.
Bellenger/IS/FFBB
Jamais vous n’avez envisagé rejoindre un club aux ambitions plus modestes afin de vous assurer un temps de jeu important ? Je suis quand même partie de Bourges pour Villeneuve d’Ascq en 2009, même si le club jouait tout de même l’Euroligue. L’idée était donc de jouer.
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Alain Jardel a toujours été très élogieux à votre égard. Le ressentiez-vous dans son rapport à vous ? (elle rigole) A l’entraînement tu es là pour travailler et il ne va pas se priver de te crier dessus parce que tu fais une erreur. Je n’ai pas ressenti une affection
particulière. Mais ce n’est pas quelqu’un de très démonstratif. Il était là pour me faire travailler, me faire progresser. Le nom de l’entraîneur semble être une donnée importante dans vos choix de club (Pierre Vincent, Abdou N’Diaye, Alain Jardel, Pascal Pisan), est-ce le cas ? C’est la personne avec qui tu vas travailler tout une année donc c’est important de connaître sa personnalité, sa manière de travailler. J’ai connu Abdou N’Diaye et Alain Jardel en Equipe de France jeunes et c’était rassurant. 7,5 points à 45,1% et 2,7 rebonds en 2010/2011 en Euroligue, 10,4 pts à 52,6% et 6,2 rebonds cette saison. Etes-vous consciente que vous avez franchi un cap depuis quelques mois ? Je ne fais pas vraiment attention à mes chiffres. Je sens bien que je joue un rôle plus important dans l’équipe mais je ne me pose pas trop de questions. Avez-vous confiance en vous ? C’est un point sur lequel il faut travailler. Je pense qu’à haut niveau c’est une dimension très importante : rentrer sur le terrain en pensant "je suis la plus forte, je vais t’écraser." Pour être parmi les meilleurs, je pense que c’est comme ça qu’il faut aborder les choses. Moi j’en suis loin même si j’ai pas mal progressé. Auparavant j’avais peur, peur de moi, de mon ombre. J’ai évolué et ça prouve que j’ai mûri. L’adage veut que les grands gabarits ont besoin de temps pour éclore. Est-ce votre sentiment ? Je pense. Moi en tout cas je suis un peu plus longue à la détente (elle explose de rire). Mais des grandes ont réussi à s’imposer un peu plus tôt. Personnellement je confirme la règle. Forcément on passe par des phases de frustration. Physiquement je n’étais sans doute pas prête et je me demandais si j’allais y arriver. J’avais l’impression d’avoir toujours un temps de retard. Aujourd’hui ça va mieux.
Bellenger/Allée/FFBB
Vous avez disputé sept championnats
tu restes une enfant. On n’a pas vraiment
dire le contraire. Si je fais ce sport c’est
d’Europe avec les Équipes de France de
goûté au plus haut niveau. Il reste vraiment
pour disputer ce type de compétition. Mais
jeunes. L’été dernier vous avez connu
beaucoup de travail à fournir.
je me dis que c’est très lointain pour moi.
débuts en A sont-ils pour bientôt ?
Estimez-vous qu’avec la perspective
Sandrine
Quand on est au Centre Fédéral, c’était
des Jeux Olympiques, c’est le meilleur
Emmeline
logique de disputer une compétition l’été.
moment pour réussir une belle saison ?
le secteur intérieur des Bleues est
Moi j’ai commencé à 14 ans et c’est devenu
Je suis surtout concentrée sur le cham
impressionnant…
une habitude. Avec les A, la différence est
pionnat. Les Jeux Olympiques sont bien
énorme. Même avec les 20 ans et moins,
sûr dans un coin de ma tête, je ne vais pas
votre premier stage avec les A. Vos Gruda,
Isabelle
Ndongue,
Yacoubou,
Endéné
Miyem,
C’est au coach de choisir. Pas à moi. Il ne faut pas calculer. Ces filles-là sont des internationales
reconnues,
dans
leurs
clubs d’Euroligue, elles font des ravages. Je sais parfaitement que ce sont des
Avec les A, la différence est énorme. Même avec les 20 ans et moins, tu restes une enfant.
joueuses qui doivent porter le maillot de l’équipe nationale aux Jeux. La question c’est : que puis-je éventuellement apporter aux côtés de ces filles-là ? Pensez-vous plutôt être à Rio en 2016… J’aimerais pouvoir me dire ça. Avoir cette certitude. Mais les certitudes, ça n’existe pas. Mais au plus profond de moi je l’espère.
FéVRIER2012 13
Univers carcéral >
Derrière les murs L’esprit corpo
Le basket en prison, c’est également s’adapter à un environnement et à des règles de fonctionnement particuliers. Impossible par exemple d’utiliser les sifflets, réservés aux gardiens, pour arbitrer les rencontres.
DR
Avec l’apparition du Challenge National de Basket Pénitentiaire en 2010 dans le cadre des 10 Jours du Basket à Paris, la pratique du basket en prison a été portée à la connaissance du grand public, l’événement ayant même eu les honneurs de Claire Chazal et du 20 heures de TF1. L’implication de la FFBB ne se limite cependant pas à ces quelques heures sur le parquet de la plus prestigieuse salle de France. Dès 1995, la Fédération
40 BASKETBALLMAGAZINE
avait ainsi formalisé les rapports avec l’administration pénitentiaire. "Il s’agissait de la toute première convention signée par l’administration pénitentiaire avec une fédération sportive", rappelle Jackie Blanc-Gonnet, chargée du développement des nouvelles pratiques à la Fédération. "Nous étions allés à Fleury-Mérogis pendant une semaine pour faire une formation de moniteurs de basket de plein air pour les gardiens."
17 ans plus tard, Jackie BlancGonnet travaille avec une soixantaine d’établissements. "Mais des associations et des Comités interviennent directement auprès de certains établissements et ne passent pas forcément par nous." Des clubs professionnels comme Chalon, Nanterre ou Cholet visitent régulièrement les prisons tandis que d’autres s’étaient mobilisés à l’occasion du Challenge National. Le préparateur physique du
Mans Sarthe Basket avait ainsi préparé les détenus manceaux pour le rendez-vous parisien tandis qu’à Nancy, c’est l’ancien international Cyril Julian en personne qui servait de coach de luxe pour l’équipe féminine locale. En prison, les activités sportives les plus populaires demeurent le football et la musculation. Le sport est une obligation pour les détenus mais son accessibilité varie en fonction des établissements. L’espace et le matériel sont parfois très limités même si les nouveaux établissements disposent en général de terrains extérieurs voire d’un gymnase. "Le basket est un sport de maîtrise", précise Jackie Blanc-Gonnet. "Les détenus, eux, vont plutôt faire du sport pour se défouler. L’administration est donc très intéressée par le basket qui permet un réapprentissage des règles. Nous travaillons également beaucoup sur l’auto arbitrage. De plus nous obligeons les équipes à être formées de détenus et de membres de l’administration." Au-delà de la dimension "occupationnelle" des détenus, le développement de la pratique passe impérativement par une formation des personnels. Des gardiens qui bénéficient d’une certaine expérience peuvent ainsi faire la demande pour devenir éducateurs sportif. La FFBB intervient dans le cadre de la formation des moniteurs de sport pour leur transmettre les connaissances nécessaires à la mise en place d’une pratique basket. Les détenus eux-mêmes peuvent bénéficier de certaines formations afin de préparer leur sortie. "Le sport fonctionne sous
forme de réseaux qui peuvent ensuite vous aider à trouver un travail, un logement... Cela limite le risque d’isolement quand on amène des compétences dans une association, cette association peut ensuite
Bellenger/IS/FFBB
Dix équipes sont course cette pour décrocher la Coupe de France Depuis plus de 15en ans, la FFBB et saison l’administration pénitentiaire collaborent Basket Entreprises. L’objectif ? S’imposer le 27 mai prochain et pour amener le basket en prison. Soupape au deHavre sécurité, respect de la règle, succéder à laà Communauté Urbaine de Strasbourg, tenante du les titre. préparation la sortie, les points positifs sont nombreux pour détenus.
vous accompagner." Le basket en prison, c’est également s’adapter à un environnement et à des règles de fonctionnement particuliers. Impossible par exemple d’utiliser les sifflets, réservés aux gardiens, pour arbitrer les rencontres. Et si une équipe issue de la prison venait à se créer, sa participation à un championnat départemental dépendra des aménagements que le CD local sera prêt à accepter. "Cela s’est déjà fait. Mais il y a des conditions : que tous les matches se disputent à l’intérieur de la prison, que l’équipe ne puisse pas monter et que toute personne condamnée par le passé ne peut pénétrer
dans
l’établissement."
Plutôt
qu’une inscription à un championnat, c’est donc aujourd’hui l’idée d’un développement de la pratique du 3x3 qui prévaut. Mais quel que soit le moyen, l’objectif reste le même : sortir les détenus de leurs cellules. "C’est primordial pour l’image du détenu et c’est une soupape de sécurité importante", conclut Jackie Blanc Gonnet. "Il n’y a pas que des criminels, des dealers en prison. Grands excès de vitesse, détournements de fonds, défauts de paiement… Les fautes sont multiples et le profil des détenus également. Les activités permettent à ces gens de conserver un contact avec l’extérieur et de garder pied avec la société."
Bellenger/IS/FFBB
Par Julien Guérineau
JANVIER2012 41
Univers carcéral >
Derrière les murs L’esprit corpo
Le basket en prison, c’est également s’adapter à un environnement et à des règles de fonctionnement particuliers. Impossible par exemple d’utiliser les sifflets, réservés aux gardiens, pour arbitrer les rencontres.
DR
Avec l’apparition du Challenge National de Basket Pénitentiaire en 2010 dans le cadre des 10 Jours du Basket à Paris, la pratique du basket en prison a été portée à la connaissance du grand public, l’événement ayant même eu les honneurs de Claire Chazal et du 20 heures de TF1. L’implication de la FFBB ne se limite cependant pas à ces quelques heures sur le parquet de la plus prestigieuse salle de France. Dès 1995, la Fédération
40 BASKETBALLMAGAZINE
avait ainsi formalisé les rapports avec l’administration pénitentiaire. "Il s’agissait de la toute première convention signée par l’administration pénitentiaire avec une fédération sportive", rappelle Jackie Blanc-Gonnet, chargée du développement des nouvelles pratiques à la Fédération. "Nous étions allés à Fleury-Mérogis pendant une semaine pour faire une formation de moniteurs de basket de plein air pour les gardiens."
17 ans plus tard, Jackie BlancGonnet travaille avec une soixantaine d’établissements. "Mais des associations et des Comités interviennent directement auprès de certains établissements et ne passent pas forcément par nous." Des clubs professionnels comme Chalon, Nanterre ou Cholet visitent régulièrement les prisons tandis que d’autres s’étaient mobilisés à l’occasion du Challenge National. Le préparateur physique du
Mans Sarthe Basket avait ainsi préparé les détenus manceaux pour le rendez-vous parisien tandis qu’à Nancy, c’est l’ancien international Cyril Julian en personne qui servait de coach de luxe pour l’équipe féminine locale. En prison, les activités sportives les plus populaires demeurent le football et la musculation. Le sport est une obligation pour les détenus mais son accessibilité varie en fonction des établissements. L’espace et le matériel sont parfois très limités même si les nouveaux établissements disposent en général de terrains extérieurs voire d’un gymnase. "Le basket est un sport de maîtrise", précise Jackie Blanc-Gonnet. "Les détenus, eux, vont plutôt faire du sport pour se défouler. L’administration est donc très intéressée par le basket qui permet un réapprentissage des règles. Nous travaillons également beaucoup sur l’auto arbitrage. De plus nous obligeons les équipes à être formées de détenus et de membres de l’administration." Au-delà de la dimension "occupationnelle" des détenus, le développement de la pratique passe impérativement par une formation des personnels. Des gardiens qui bénéficient d’une certaine expérience peuvent ainsi faire la demande pour devenir éducateurs sportif. La FFBB intervient dans le cadre de la formation des moniteurs de sport pour leur transmettre les connaissances nécessaires à la mise en place d’une pratique basket. Les détenus eux-mêmes peuvent bénéficier de certaines formations afin de préparer leur sortie. "Le sport fonctionne sous
forme de réseaux qui peuvent ensuite vous aider à trouver un travail, un logement... Cela limite le risque d’isolement quand on amène des compétences dans une association, cette association peut ensuite
Bellenger/IS/FFBB
Dix équipes sont course cette pour décrocher la Coupe de France Depuis plus de 15en ans, la FFBB et saison l’administration pénitentiaire collaborent Basket Entreprises. L’objectif ? S’imposer le 27 mai prochain et pour amener le basket en prison. Soupape au deHavre sécurité, respect de la règle, succéder à laà Communauté Urbaine de Strasbourg, tenante du les titre. préparation la sortie, les points positifs sont nombreux pour détenus.
vous accompagner." Le basket en prison, c’est également s’adapter à un environnement et à des règles de fonctionnement particuliers. Impossible par exemple d’utiliser les sifflets, réservés aux gardiens, pour arbitrer les rencontres. Et si une équipe issue de la prison venait à se créer, sa participation à un championnat départemental dépendra des aménagements que le CD local sera prêt à accepter. "Cela s’est déjà fait. Mais il y a des conditions : que tous les matches se disputent à l’intérieur de la prison, que l’équipe ne puisse pas monter et que toute personne condamnée par le passé ne peut pénétrer
dans
l’établissement."
Plutôt
qu’une inscription à un championnat, c’est donc aujourd’hui l’idée d’un développement de la pratique du 3x3 qui prévaut. Mais quel que soit le moyen, l’objectif reste le même : sortir les détenus de leurs cellules. "C’est primordial pour l’image du détenu et c’est une soupape de sécurité importante", conclut Jackie Blanc Gonnet. "Il n’y a pas que des criminels, des dealers en prison. Grands excès de vitesse, détournements de fonds, défauts de paiement… Les fautes sont multiples et le profil des détenus également. Les activités permettent à ces gens de conserver un contact avec l’extérieur et de garder pied avec la société."
Bellenger/IS/FFBB
Par Julien Guérineau
JANVIER2012 41
CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR LA CONTRE-ATTAQUE
JF Mollière / FFBB
AXE FORT DU JEU DE NOS SéLECTIONS
1. Devant le porteur, il va demander le ballon sous le cercle ! (Fig. 9)
5. Derrière le porteur, il ralentit pour offrir une solution de passe dans l’axe ! Pour rendre ces situations efficientes, il est intéressant de travailler le 4 contre 3, puis le 5 contre 4. (Fig. 11)
3 4
2
4 3
5
2
1
Fig. 9
5
3. Au niveau du porteur, il donne une solution au porteur sans gêner son agressivité ! Il descend en même temps que le porteur mais éloigné, l’ailier remonte. (Fig. 10)
3 2
4
5
1
Fig. 10 28 BASKETBALLMAGAZINE
1 Fig. 11 Quand le premier intérieur ne peut recevoir le ballon, il s’écarte ouvrant l’espace au profit du second intérieur qui flashe dans la raquette.
Conclusion Le jeu de contre attaque est plus facile à réaliser dans la mesure où l’on respecte quelques fondements du jeu (sortie de balle, seconde passe, gestion des surnombres) qui facilitent l’appréhension des situations et qu’on développe des intentions fortes de course et d’agressivité. Le rebond offensif permettra aussi, dans un contexte facilitant, de rendre le jeu rapide plus efficace ! Avant de développer le jeu demi terrain il importe de rendre experts nos jeunes joueurs dans le jeu rapide. La contre attaque doit permettre aux joueurs d’apprendre à prendre des décisions dans un contexte ou l’espace et le nombre réduit de protagonistes facilitent la reconnaissance et l’exploitation des situations. L’entraîneur devra donner des repères pertinents et des scénarios possibles d’évolution pour reconnaître les situations et des intentions fortes pour les exploiter. Ainsi le jeu rapide qui correspond bien au jeu des très jeunes peut être considéré comme une étape dans la formation du joueur pour l’appréhension de la compréhension du jeu.
Pour suivre l’actualité des clubs et des équipes de France, revivre les moments historiques du basket ou encore retrouver des conseil techniques et pratiques.