Magazine 123

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SAUMON QUÉBEC Nº 123 PRIX — 7,00 $ CAN / 5,00 € volume 45 / Nº 2 Été 2022 CONVENTION POSTE | PUBLICATIONS - 40063917

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OFFICIELLE DE LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE ET DE LA FONDATION SAUMON, DONT LE SIÈGE SOCIAL EST SITUÉ AU 3137, RUE LABERGE, QUÉBEC (QC) G1X 4B5

POUR NOUS JOINDRE Téléphone : 418 847-9191 secretariat@fqsa.ca saumonquebec.com

ÉDITEUR ET RÉDACTEUR EN CHEF

Jérémie Coderre

PUBLICITÉS Saumon Québec COUVERTURE Émile David

DESIGN

Mauvais Garçons

CONVENTION POSTE-PUBLICATIONS

RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : 3137, rue Laberge, Québec (Qc) G1X 4B5

DÉPÔT LÉGAL

Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada

ADHÉSION FQSA : 50 $ (HORS CANADA : AJOUTER 15 $)

TABLE DES MATIÈRES 08 MOT DU PRÉSIDENT 44 GUIDELINE : VIRAGE VERT 09 MOT DE LA DIRECTRICE GÉNÉRALE 48 LA GRANDE DANSE FLUVIALE 10 SAUMON QUÉBEC SUR LA ROUTE 54 LES TROIS RIVIÈRES PABOS 14 PORTRAIT DE PÊCHEUR JULIEN CÔTÉ 58 SI LA CASCAPÉDIA POUVAIT PARLER 18 RECETTE DE TRUITE RÔTIE SUR PAIN FOCACCIA 62 3 BONNES RAISONS DE PÊCHER LE SAUMON EN POURVOIRIE 22 QUESTIONNAIRE AUX SAUMONIERS EXPÉRIMENTÉS 66 PORTRAIT DE GESTIONNAIRE MICHELLE LÉVESQUE 28 L’IMPACT DU PASSAGE DES VÉHICULES EN RIVIÈRE 70 TRAVERSES DE COURS D'EAU ET RIVIÈRE À SAUMON 32 PARTIR EN ROADTRIP POUR TRAQUER LE SAUMON 74 UNE INITIATION À LA PÊCHE AU SAUMON, ÇA RESSEMBLE À QUOI? 36 LE THERMOMÈTRE, ÇA ME SERT À QUOI? 77 LA MOUCHE DU MAGAZINE 38 SUIVI DE LA TEMPÉRATURE DE L'EAU DES RIVIÈRES À SAUMON 78 GALERIE DES MEMBRES 40 LES PROJETS DE RECHERCHE DE L'INRS REVUE
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Les

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MOT DU PRÉSIDENT

Chers membres,

L’hiver tire déjà à sa fin et nous sommes tous fébriles à l’idée de retourner les deux pieds dans les rivières. Nos cannes sont sorties, nos moulinets nettoyés et nos mouches montées… prêts pour le rêve de ces saumons qui nous attendent!

L’équipe de la FQSA n’a pas chômé dans les derniers mois, bien au contraire. Nous sommes fiers de l’annonce du minis tère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), qui nous octroie la gestion d’une nou velle enveloppe budgétaire de 4,325 M$ visant le développe ment de la pêche sportive au saumon atlantique pour les trois prochaines années. Ces sommes serviront notamment à poursuivre la consolidation des infrastructures d’accueil et d’accès pour les pêcheurs. Elles permettront aussi de soutenir efficacement les opérations des gestionnaires de rivières pour la saine gestion du saumon atlantique, c’est-à-dire toutes les activités de protection du territoire, de décompte et de transport de saumon. De plus,

la FQSA poursuivra différentes actions de sensibilisation, d’édu cation et de promotion de la pêche sportive éthique.

J’entends déjà plusieurs d’entre vous qui pourraient sourciller en entendant le développement de la pêche sportive.

Nous savons que les commen taires ont été nombreux en ce qui concerne l’augmentation de l’achalandage relié aux activités récréatives et qui pourraient poser problème à plusieurs égards. Je crois qu’on a tous un exemple largement médiatisé en tête, sans avoir besoin de le nommer. Nous entendons aussi les préoccupations concernant l’accroissement du nombre de pêcheurs. Tout d’abord, je veux dire que nous suivons les chiffres d’achalandage de près. Ensuite, je dois aussi préciser qu’à l’instar de l’achalandage récréatif, le « surachalandage » de pêcheurs n’est pas une situation générali sée. À cet effet, nous observons que 50 % des jours-pêche sont réalisés sur seulement 5 rivières.

Nous ne nous cachons pas la tête dans le sable non plus, mais nous préférons voir cette situation comme un nouveau défi pour notre secteur. Nous travaillons autant avec le MFFP qu’avec tout notre réseau de gestionnaires sur de nombreux enjeux, notamment l’élabo ration d’un cadre de gestion des activités récréatives sur les rivières à saumon, les questions de pêche en eau chaude et les études sur l’impact potentiel du surachalandage sur les ri vières à saumon ainsi que leur capacité de support en termes de développement durable.

Parallèlement à ces travaux, la FQSA fera également une grande étude qui s’échelonne ra sur la prochaine année afin d’avoir un portrait réel, rivière par rivière, de la situation pour connaître précisément l’état du secteur en termes d’achalan dage, de qualité de pêche, de croissance durable du secteur, de pérennité de l’espèce et des défis que tout cela pose.

À l’issue de tous ces travaux, pour lesquels des étapes se termineront dans quelques se maines, d’autres dans quelques mois, nous serons à même de proposer un plan solide pour le développement durable de la pêche sportive. C’est notre rêve à tous de pouvoir continuer à pêcher pour les nombreuses générations qui nous suivront! Votre Fédé est là pour ça! Bonne saison à tous, Normand

NORMAND FISET
« C’EST NOTRE RÊVE À TOUS DE POUVOIR CONTINUER À PÊCHER POUR LES NOMBREUSES GÉNÉRATIONS QUI NOUS SUIVRONT! »
Crédit photo Marilou Thériault
photographe8

MOT DE LA DIRECTRICE GÉNÉRALE

Bonjour à tous!

Comme le mentionnait notre président, nous avons poursuivi notre travail acharné dans les derniers mois et nous sommes très fiers. Nous poursuivons nos efforts pour mieux vous commu niquer notre travail et l’avancée des dossiers d’importance, mais parfois, nous devons travailler un peu dans l’ombre avant de vous informer. Comme on dit, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué!

En effet, dans le cadre de nos diverses collaborations avec les partenaires gouvernementaux et les autres organismes du mi lieu, nous avons à faire cheminer les dossiers avant d’avoir des assises solides pour dévoiler les projets qui se dessinent. Je veux seulement vous rappeler que nous sommes à l’écoute de vos préoccupations, que ce soit par l’entremise des messages que vous nous envoyez directement ou par notre veille médiatique, incluant les réseaux sociaux. Nous mettons beaucoup d’ef forts pour monter des projets qui répondent aux demandes de nos membres et qui soient cohérents avec les priorités pour le secteur de la pêche au sau mon et la conservation de cette espèce emblématique.

D’ailleurs, nous sommes très heureux de l’annonce de plu sieurs nouveaux projets, rendus possibles grâce à la contribu tion de précieux partenaires, principalement le ministère des

Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), la Fondation de la faune du Québec, la Fondation pour la conservation du saumon at lantique (FCSA), le Programme Affluents Maritimes du Regrou pement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) et de la Stratégie SaintLaurent ainsi que le Fonds de la nature du Canada pour les espèces aquatiques en péril (FNCEAP) et du ministère des Pêches et Océans Canada.

Je ne vous en nommerai que quelques-uns, mais comme à notre habitude, nos chargés de projets continueront à faire des articles dans chaque magazine sur la réalisation de ceux-ci. J’espère donc que leurs articles vous plairont tout autant que nous avons de plaisir à réaliser les projets!

cette rivière cet hiver. En effet, les gens du milieu, le MFFP et la FQSA avons des préoccupa tions depuis plusieurs années pour cette rivière et les résultats des dernières années pour les décomptes de saumon les ont confirmées. La population de saumons de la rivière est fra gile, principalement à cause de problématiques d’habitats et de température de la rivière. C’est pourquoi, avec un comité multi disciplinaire, nous avons monté un vaste projet afin de faire une étude de pré-faisabilité du démantèlement d’un barrage situé sur la rivière, pour éven tuellement redonner au saumon l’accès à son habitat naturel. De plus, ce projet permettra de revégétaliser et de restaurer une bonne partie des berges, enrochées après le déluge de 1996. En effet, ces enrochements

température élevée, nous avons espoir que ces aménagements amélioreront les conditions pour sa survie et sa reproduction, en plus de créer de nouveaux re fuges thermiques. C’est un projet de près de 800 000 $, financé par le FNCEAP (gouvernement fédéral), le programme Affluents Maritimes, la Fondation de la Faune du Québec et la Fonda tion Saumon, sans compter la contribution en nature de l’en semble des partenaires. J’ai déjà hâte de lire un article là-dessus dans un prochain magazine!

Merci de votre appui, par votre membership et en participant aux activités de collecte de fonds de la Fondation, vous rendez possible la réalisation de notre mission!

Un des projets majeurs qui a été monté dans les dernières années et qui arrive désormais à une étape de réalisation concerne la restauration de la rivière Saint-Jean Saguenay. Ceux qui sont membres de l’At lantic Salmon Federation, vous aurez peut-être lu un article sur

agissent comme un four à pain pour la rivière, emmagasinant toute la chaleur des canicules pendant la journée, puis relâ chant la chaleur accumulée dans la rivière pendant la nuit. Dans un contexte de réchauffe ment climatique et considérant la sensibilité du saumon pour la

ce, j’espère vous croiser sur le bord des rivières cet été!

Crédit photo François Lambert MYRIAM BERGERON
Sur
Myriam « MERCI DE VOTRE APPUI (...) VOUS RENDEZ POSSIBLE LA RÉALISATION DE NOTRE MISSION! »

SAUMON QUÉBEC SUR LA ROUTE

ÉVÉNEMENTS
COORDONNATRICE AUX ÉVÉNEMENTS
QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE 10

Cet hiver, Saumon Québec sur la route a pris une pause de sa tournée habituelle du Québec pour vous rejoindre directement dans vos salons, et ce, pour une deuxième an née consécutive. Ce n’est pas l’envie de vous voir qui nous manque. Nous sommes très heureux de l’arrivée du prin temps qui nous a afin permis d’amorcer nos retrouvailles avec vous, saumoniers et sau monières. Voici un résumé de ces événements qui nous ont fait vibrer.

ACTION! SAUMON

Les initiateurs des soirées Action! Saumon ont repris du service en avril. Le comité organisateur de Thetford Mines composé d’Alain Paré, David St-Laurent, Marc Doyon et Michel Grenier a une fois de plus réalisé une soirée festive et mémorable. Près de 80 personnes étaient rassem blées au restaurant St-Hubert pour visionner différents films de pêcheur. Le comité a ac compli un travail remarquable en récoltant 2 300$ pour la Fondation Saumon. De plus, on pouvait compter un peu plus de 75 prix de présence offerts par différents partenaires de ces soirées. Félicitations messieurs et encore un énorme MERCI pour votre implication dans la Fondation Saumon!

FESTIVAL PALM

Cette 5e édition du Festival PALM nous a permis de mettre de l’avant des vidéastes talentueux. Les entrevues intégrales avec les réalisateurs des cinq films, offertes en formule primeur, nous ont permis d’en connaître davantage sur eux et sur leurs expériences de tournage. L’ani mation effectuée par Louis Champagne a apporté une touche de professionnalisme à ces diffusions. L’échange entre les vidéastes et l’animateur se faisait de manière naturelle comme entre pêcheurs lors qu’on se retrouve au bord du feu après une journée de pêche. À lire les commentaires reçus, je crois bien que cette formule fut grandement appréciée et nous envisageons de l’intégrer à nouveau dans la prochaine édition.

Le niveau de compétition a été le plus élevé depuis la première édition du Festival, il y a cinq ans. Les vidéastes ont réussi à nous toucher chacun à leur manière : les gars de Cap Size nous ont partagé le sentiment de liberté que la pêche au saumon nous apporte, les gars d’Eau trouble nous ont partagé le travaille d’un pêcheur dans des condi tions difficiles, les gars de Pabok nous ont partagé leur intensité, les gars de North Shore nous ont partagé l’impact que PALM a eu dans leur vie et Jérôme et Andréanne nous ont partagé leur belle complicité.

Crédit photo Saumon Québec Crédit photo Saumon Québec
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C’est d’ailleurs cette belle compli cité entre nos deux amoureux de la pêche qui leur a valu le grand prix de cette année. Andréanne avait lancé un grand pari à Jé rôme, lui promettant d’acheter un chalet en Gaspésie si elle prenait son premier saumon. Vous l’aurez deviné : Andréanne a pêché son premier saumon lors de leur première sortie de pêche. En un été, elle aura eu sa première prise, acheté un chalet et remporté PALM. Toute une saison de pêche!

L’annonce des gagnants a eu lieu lors de la Grande Finale qui s’est déroulée dans le Grand Hall du Musée de la Civilisation de Québec le 5 mai. Plus de 300 amateurs se sont rassemblés pour cette diffusion animée en core une fois par l’excellent Louis Champagne qui a rassemblé tout le monde. La soirée s’est vu être très festive avec la présence de tous les vidéastes.

FORUM DES SAVOIRS SUR LE SAUMON ATLANTIQUE

La FQSA en collaboration avec le CIRSA a tenu, les 4 et 5 mai derniers, la première édition du Forum des savoirs sur le saumon atlantique. Auparavant, les deux organisations tenaient deux événements distincts sur le sujet du saumon. Nous avons pris la décision de combiner ces deux derniers afin de jumeler nos forces. Comme vous pouvez le constater, la communau té du saumon atlantique tra vaille ensemble dans l’objectif de maximiser le partage de connaissance!

Pour cette première édition, la thématique abordée était la Restauration de la communauté Une vingtaine de présentations incluant des présentations de projets d’étudiants ont été of fertes devant une salle comble de 135 participants.

Ce fut deux journées de choix pour échanger sur les enjeux du saumon atlantique et sur de nouveaux résultats de recherche qui nous permettront de préser ver la ressource.

SUIVRE SAUMON QUÉBEC SUR LA ROUTE, ENFIN!

Cet été, Saumon Québec offre trois mentorats sur trois rivières différentes dans la province. Les inscriptions pour ces mentorats sont à présent terminées, mais vous pourrez suivre sur les réseaux sociaux les initiations de cette relève.

Notre équipe partira également sur la route pour des tournages de capsules de sensibilisation qui seront présentés au prin temps 2023.

La Fondation Saumon lancera sa compagne de sollicitation, cet été, dans l’objectif de préparer ces événements-bénéfice de l’automne 2022.

Crédit photo Saumon Québec Crédit photo Hooké
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FAITES-NOUS PARVENIR VOS VIDÉOS D’ICI LE 31 OCTOBRE 2022 SAUMONQUEBEC.COM/PALMFESTIVAL POUR PLUS D’INFORMATIONS, CONSULTEZ LE 13

JULIEN CÔTÉ

PORTRAIT DE PÊCHEUR
TEXTE PAR JÉRÉMIE CODERRE COORDONNATEUR AUX COMMUNICATIONS FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE 14

Depuis l’inauguration de la chronique « Portrait pê cheur », on vous a fait décou vrir des pêcheurs de longue date, des guides, des mères et des pères de famille. Il était donc temps de laisser la pa role à un ado, de laisser la parole à notre belle relève. Portrait d’un jeune pêcheur à l’expérience et aux succès de pêche qui feront certainement des jaloux!Allô Laurence! C’est vraiment un plaisir pour nous de présenter ton portrait dans l’édition hivernale du maga zine Saumon Québec. Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu nous parler un peu de toi?

Bonjour Julien, merci d’avoir accepté mon invitation! Je suis certain que nos lecteurs seront très intéressés d’en apprendre plus sur un jeune saumonier. Pour te présenter, parle-nous un peu de toi.

Ça me fait plaisir, merci de cette opportunité! J’ai 14 ans et je suis en secondaire 2 à Gaspé. À long terme, je ne sais pas encore ce que j’ai envie de faire, mais pour cet été, je suis en train de regarder la possibilité d’avoir un emploi à la zec pour vendre des passes aux pêcheurs. Je suis un gars sportif : je fais de la natation compétitive (j’aime beaucoup le dos), je fais aussi du badminton, du soccer et du hockey sur les patinoires en hiver.

Quand as-tu commencé à pêcher? Parle-nous de ta pre mière prise.

J’ai commencé à l’âge de 6 ans. Ma première prise, c’était avec toute la famille, soit mes trois sœurs et mes parents sur la rivière Saint-Jean. C’était la 2e ou 3e fois que je pêchais : je ne lançais pas très loin et je n’avais même pas encore de waders. C’était une journée de gros soleil et j’étais le premier à passer. Ça faisait un bout de temps que personne n’avait rien pris dans cette fosse. Dès le début de ma passe, j’ai piqué un grill! Je l’ai combattu tout seul. J’ai même passé la canne à ma sœur parce qu’elle était jalouse. Le matin, j’ai donc fait une passe et tout le reste de la journée, ce sont mes sœurs qui ont pêché. Malheureusement, elles n’ont rien pris. À la fin de la journée, quand elles étaient tannées, j’ai demandé à mon père si je pouvais refaire une dernière passe et j’ai repris un saumon! C’est sûr que ça m’a donné envie de pêcher de nouveau. J’ai vite réalisé que ce n’était pas toujours aussi facile : ça m’a pris trois ans avant de reprendre un saumon.

Quelles sont tes rivières pré férées?

À Gaspé, on a la Darmouth, la York et la Saint-Jean. Je les aime toutes et surtout la Darmouth, mais le niveau d’eau vient sou vent bas en été. Quand le niveau d’eau est bon, c’est celle que je préfère. J’aime le fait qu’elle soit plus petite. En plus, je ne la connais pas beaucoup. Ça nous permet de l’explorer avec mon père et de trouver des spots. Quelles rivières rêves-tu d’aller visiter?

Une que je voulais vraiment faire et que j’ai faite, c’est la Grande-Cascapédia. J’y suis allé en 2019. Mon père s’est fait inviter par un de ses amis dans un secteur sur le haut de la rivière. C’était une des plus belles journées de pêche de ma vie, on a eu beaucoup d’action! Six saumons sur nos lignes à quatre personnes en une seule journée.

Mon rêve, ça serait d’aller pêcher la rivière Georges dans le nord du Québec. Avec mon père, c’est un de nos rêves d’aller pêcher là. Je pense que ça lui tente vraiment d’y aller, alors je me dis qu’un jour peut-être qu’on y sera!

Combat avec son plus gros saumon à vie sur la rivière Cascapédia, 2019 Le saumon suite au combat en 2019 sur la Grand Cascapédia La famille sur la rivière St-Jean en 2014 15

Qu’est-ce que tu aimes le plus de la pêche au saumon?

Comme je disais, mon père m’a apporté très jeune, ce qui a fait que j’ai toujours été dans la nature. J’aime beaucoup être tranquille sur le bord de la rivière, dans la nature justement. Je trouve que ce sont de beaux moments père-fils.

Qui aimerais-tu initier à la pêche?

J’ai un ami qui aime beaucoup la pêche, mais il habite à Qué bec. Quand il vient en voyage ici, on pêche ensemble. Dans mon groupe d’amis plus près de chez nous, j’ai initié un de mes amis l’an passé et depuis, il aime beaucoup ça. Il s’est même acheté une canne à pêche et on est allé pêcher ensemble une coupe de fois. Là, je me dis qu’il faut que j’initie d’autres amis cet été!

Y a-t-il des techniques de pêche que tu aimerais amé liorer?

Je pêche toujours avec une canne à une main, donc j’ai merais en essayer une à deux mains prochainement. Je crois que ça serait pratique quand l’eau est plus haute, que c’est plus difficile à lancer et qu’il faut faire des lancers roulés. Je ne suis pas encore super expérimenté, mais je me pratique dans les lancers roulés. C’est quelque chose que je pratique et que j’aimerais pouvoir faire avec une canne à deux mains.

As-tu une anecdote cocasse à nous raconter?

Oui! Sur la quinzaine de sau mons que j’ai pris, deux avaient déjà mordu à l’hameçon, parce qu’ils avaient déjà une mouche dans la gueule. Ma première prise en avait justement une! Et sur la Grande-Cascapédia aussi, alors qu’on était encore juin, le saumon avait déjà une mouche.

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Remise à l'eau avec son père sur la rivière Grand Cascapédia Julien et son ami Adrien sur la Bonaventure en 2019
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TRUITE RÔTIE SUR PAIN FOCACCIA

ARCHIBALD

Une recette dans le magazine Saumon Québec? Oui! Et pas n’importe quelle recette. Dans les prochains magazines, nous vous proposerons à vous, saumoniers, des recettes simples, originales et goûteuses à cuisiner au chalet après une grosse journée de pêche ou encore, en mode shore lunch, directement sur votre rivière préférée.

La saviez-vous? Nous devons le thème de nos restaurants à François, fondateur d’Archibald et grand chasseur à ses heures. La majorité des panaches et animaux empaillés dans nos restaurants sont ses prises personnelles! Effectivement, on le perd souvent pour quelques jours alors qu’il découvre les rivières à saumon du Québec, à la re cherche de la prise parfaite. D’ailleurs, il a gagné l’an dernier un concours lui donnant accès à un crédit-voyage pour la destination de son choix. Vous l’aurez deviné, il en a profité pour réaliser un voyage de pêche au saumon mémorable!

Dans ces recettes, nous vous proposerons des aliments qué bécois et des produits du terroir. Chez Archibald, nous croyons aux produits de qualité : les produits qui nous permettent de nous gâter afin de célébrer la prise de la journée. Nous croyons en des produits qui vous aideront à créer une recette tout aussi mémorable que la journée de pêche en elle-même. Naturellement, si vous n’avez tous ces produits sous la main, il est possible de les substituer avec ce que vous avez dans le frigo. N’oubliez pas : une recette, c’est un canevas créé pour être modifié et remodifié par celui qui la concocte!

MAXIME LEBRUN, UN CHEF PASSIONNÉ DE PÊCHE

Maxime est un vrai passionné de pêche, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il a choisi Archibald.

Comme vous avez pu le consta ter lors de votre dernière visite à l’un de nos restaurants, tant notre cuisine que le design de nos restaurants tirent leur ins piration de la nature. Notre cuisine, celle de Max, est gran dement inspirée de nos forêts et de nos rivières et se veut ras sembleuse et chaleureuse. Rien de trop compliqué. Juste du bon, du frais et du vrai. Cette inspiration, notre chef exécutif la retrouve dans ses nombreuses aventures en nature.

TEXTE PAR MAXIME LEBRUN, CHEF EXÉCUTIF, RESTAURANTS
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LA RECETTE

Pour cette recette, vous au rez besoin d’un barbecue au charbon (ou d’un barbecue au propane et d’une boîte de fumage) et de copeaux de bois de l’essence de votre choix (les tremper 30 minutes avant le début de la cuisson).

Nombre de personnes : 2

Temps de préparation : 30 minutes

Temps de cuisson : 20 minutes

CRÈME SÛRE FUMÉE

Ingrédients :

½ tasse crème sûre 14 % ¼ tasse aneth frais (haché)

TRUITE RÔTIE ET PAIN FOCACCIA

Ingrédients :

2 un filet de truite d’environ 6-7 oz 20 ml huile végétale

1 un épices Archibald

1 un pain focaccia aux herbes

1 c. s. beurre

Méthode :

1. Chauffez votre barbe cue au charbon à 250 °F (120 °C).

2. Une fois la température atteinte, placer le charbon d’un côté, puis fermer tous les clapets du barbecue.

3. Dans un contenant d’alu minium, verser la crème sûre et la déposer dans le barbecue, côté sans charbon, pour éviter de la chauffer. Déposer les copeaux de bois humides sur le charbon et fermer le couvercle du barbecue et laisser fumer pendant 15 minutes.

4. Retirer du BBQ.

5. Ouvrir de nouveau les cla pets pour atteindre une température de 350 °F (175 °C) en vue de la cuisson des autres aliments.

6. Pendant ce temps, transfé rer la crème dans un plat pour éviter de chauffer da vantage la crème. Ajouter l’aneth frais et mélanger doucement pour bien dissimuler l’aneth dans la crème.

7. Réserver jusqu’à l’utilisation.

Méthode :

1. Dans une poêle, verser l’huile et chauffer jusqu’à l’apparition de premières fumées, puis réduire le feu au minimum.

2. Huiler la peau des filets de truite et les assaisonner des épices Archibald.

3. Déposer les filets sur la grille chaude côté peau et cuire pendant 6 à 8 minutes pour griller et bien laisser péné trer la chaleur dans la chair.

4. Pendant la cuisson de la truite, couper le pain en deux, beurrer et ajouter sur la grille pour les colorer et les réchauffer.

ACCOMPAGNEMENT (OPTIONNEL)

Ingrédients :

1 un citron (zeste)

2 c. s. caviar de mulet

Dressage :

1. Étendre la crème sure sur les deux demi-pains focaccias.

2. Retirer la peau de la truite (optionnel) et déposer sur les pains.

3. Ajouter la crème sûre fumée sur la truite.

4. Ajouter le caviar de mulet, quelques zestes de citron et de l’aneth frais.

5. Bon appétit!

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NATURE

En 2005, les fondateurs d’Archi bald sont interpelés par le Lac-Beauport de la même façon qu’il a charmé les premiers arri vants. La nature, les grands pins, le lac et la montagne sont source d’inspiration et ils se lancent à la conquête d’un concept alors inexistant dans la région, celui de microbrasserie jointe à un restaurant, permettant d’offrir à ses clients une expérience tout à fait unique.

Avec en tête les valeurs de l’époque des conquérants, ils choisissent de bâtir leur entre prise autour de l’importance de la famille et de la cuisine authentique.

Ils créent donc une famille de bières qui, selon la légende, est à l’image des femmes et des hommes qui ont marqué la vie d’Archibald Simons.

C’est pourquoi les bières de la microbrasserie Archibald portent toutes l’empreinte de femmes et d’hommes, afin de rendre hommage à tous ceux qui participaient au succès fa milial, alimentaient les ventres creux… et les innombrables histoires racontées auprès des foyers.

NOS MÉTHODES DE CUISSON

Pour Max et nos équipes, la clé du succès réside très souvent dans… La bonne cuisson! Par ticulièrement quand on parle de ce qui provient directement de nos rivières! Que ce soit au fumoir ou au BBQ (propane ou charbon), c’est en utilisant un assemblage judicieux de ces dif férents éléments qu’on obtient une cuisson juste et distinctive. Pour l’équipe, le fumage vient relever parfaitement les plats de truite. Ensuite, la grille chaude du BBQ au charbon vient saisir la chair et lui donner une texture croustillante et un bon goût de braise.

Pour la vidéo de la recette qui vous donnera envie de sauter sur votre terrasse pour la cuisiner, scannez le code QR ci-contre.

LA BONNE BIÈRE POUR LE BON PLAT!

Parce que chez Archibald, la qualité de la cuisine est aussi importante que la qualité de la bière, on croit fermement que les bons repas nécessitent… une bonne bière! Que ce soit avec la Belle Mer pour les repas épicés et relevés ou avec la Chipie pour les grillades, notre grand portefeuille de bières permet de faire des accords pour tous les goûts! Retrouvez tout le détail sur archibaldmicrobrasserie.ca!

L’HISTOIRE
LA
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QUESTIONNAIRE AUX SAUMONIERS EXPÉRIMENTÉS

TEXTE PAR PHILIPPE CHARRON, FONDATEUR, CAUDALE PÊCHE À LA MOUCHE

À l’aube de la prochaine saison, je partage quelque chose d’unique qui témoigne à la fois de la grande collaboration que l’on retrouve actuellement dans la communauté de la pêche à la mouche, et d’autre part, qui révèle les tendances de saumoniers expérimentés.

J’ai élaboré un questionnaire avec l’intention ambitieuse de le soumettre à des saumoniers expérimentés provenant de divers milieux : instructeurs, mentors, guides, gestionnaires, etc. Les questions se devaient d’être simples et de susciter la réflexion chez les répondants. Autrement dit, je voulais conce voir un questionnaire où les par ticipants avaient eux-mêmes hâte de savoir ce que les autres ont répondu. Évidemment, cet exercice n’a pas la prétention de donner la recette miracle de la pêche au saumon. Jean-Philippe Tessier a bien résumé la pensée

de chacun : « Mon honnête réponse à toutes ses questions c’est que j’en ai aucune idée ». Malgré cette humilité que nous partageons tous, il demeure pertinent de se prêter au jeu et d’observer les orientations de nos experts. C’est donc avec plaisir que je vous partage le bilan des résultats obtenus. Rarement avons-nous dévoilé au grand jour les préférences d’un si prestigieux groupe.*

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* Jacques Héroux / JP Tessier / Benoit Deslandes / Élie-Merlin Mercier O. / Émilie Thériault / Philippe Charron / Jacques Bouchard / Hugues Laroche / Éric Poirier / Louis Lortie / Marc Leblanc / Benoit Farcy / Charles Proulx / Karl Béliveau / Denis Thériault / Sébastien Hodgson
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Luc-Hervé Blouin / Jean-Michel Potvin / Éric Bolduc
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Serge Beaulieu / Francis Goyette-Giguère Crédit photo Philippe Charron
Une remise à l’eau réussie avec la tête du saumon dans l’eau.
Crédit photo Philippe Charron

* Les participants devaient s’en tenir à une seule réponse par question. Le tout a été ramené sous forme de pourcentage pour faciliter la représentativité.

1. Si vous aviez à choisir une seule condition météorolo gique idéale pour une journée de pêche au saumon?

× 0 % Journée fraîche (8 à 15 degrés)

× 55 % Journée avec une pluie tombée la veille

30 % Plafond de nuages sans averse

× 10 % Faible pluie

5 % Journée ensoleillée, avec température d’eau froide

Observations : Si vous rencon trez une personne affichant un sourire au visage lors d’une journée monotone de pluie, c’est sûrement un saumonier qui ira à la pêche le lendemain. Ce dernier sait que la pluie amène l’eau froide, augmente le débit de l’eau et a généralement pour effet d’activer le saumon dans ses déplacements en rivière.

À noter : Le sondage nous ap prend que Jacques Héroux et Louis Lortie, n’attendront pas au lendemain et ils seront déjà sur la rivière s’il pleut.

2. Si vous aviez à choisir une condition de niveau d’eau?

× 5 % Eau basse, mais froide

× 25 % Eau haute et praticable

× 45 % Niveau d’eau dans son descendant

× 25 % Niveau d’eau qui monte tranquillement

Observations : Ici aucune unani mité, mais une tendance pour la réponse « Niveau d’eau dans son descendant ». Cette expression signifie grossièrement qu’après l’averse l’eau se brouille et lors qu’elle descend elle va s’éclaircir peu à peu tout en gardant un débit plus élevé.

À noter : Une seule hypothèse, un niveau d’eau basse n’est pas attrayant aux yeux de nos saumoniers. Seul Karl Béliveau dans un monde idéal prendrait une eau basse et froide, ce qui est une combinaison assez ra rissime.

3. Quel combo de cannes préférez-vous parmi ceux-ci?

× 0 % Canne #8 et une #9

× 15 % Canne #8 et une Switch

× 0 % Canne #9 et une Spey × 65 % Canne #8 et une Spey Observation : On constate que les moucheurs expérimentés ont dans leur coffre à outils une canne Spey (deux mains), en plus de posséder une canne de calibre #8. Si les conditions vous demandent d’exécuter de longs lancers, les saumoniers expérimentés préfèrent sortir l’équipement lourd.

À noter : Ayant une Spey, il semble moins inutile de possé der une canne calibre 9.

4. Lorsque l’eau est à un ni veau bas, laquelle de ces mouches utiliseriez - vous?

× 15 % Petite mouche no 12 (et moins) de couleur sombre

10 % Petite mouche no 12 (et moins) de couleur voyante

× 35 % Mouche avec très peu de poils

0 % Mouche très colorée

40 % Peu importe

Observations : Êtes-vous sur pris? La réponse « Peu importe » indique que ce n’est pas un facteur déterminant pour les saumoniers expérimentés. Pour eux, il n’y a pas une réponse systématique et cela dépend d’un ensemble de facteurs. JP Tessier : « Le choix de mouche, leader, angle de lancer, position d’approche, etc., dépend sur tout de la vitesse du courant vs la profondeur du poisson qu’on veut aborder. »

À noter : toutefois, en eau basse, plusieurs optent pour des mouches plus subtiles, avec très peu de poil, qui calent rapi dement. On nomme ce type de mouche dans le jargon « Low water ».

5. Lorsque l’eau est à un ni veau très haut, laquelle de ces mouches utiliseriez - vous?

× 15 % Grosse mouche cou leur sombre

× 10 % Mouche type Spey

× 25 % Mouche avec beau coup de mouvements

× 20 % Mouche très colorée gros format

× 30 % Peu importe

Observations : Une fois de plus, on constate que la plupart des saumoniers y accordent que très peu d’importance ou refusent de se limiter à faire un choix. Il semble que la manière de passer la mouche est plus importante que le choix de la mouche.

À noter : Hugues Laroche, JP Tessier et Luc-Hervé Blouin (trio que j’aurais tendance à écouter) font le choix d’une grosse mouche de couleur sombre…

LE QUESTIONNAIRE
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6. Si vous aviez à choisir un seul de ces accessoires, lequel choisiriez-vous?

× 0 % Puise

× 90 % Lunette polarisée

× 0 % Sac de transport pour mouche

× 10 % Coupe-fil

× 0 % Bâton de marche

Observations : Voici la question qui suscite le moins de débats. Il semblerait que c’est une bonne idée d’investir dans une bonne paire de lunettes polarisées qui élimine les reflets sur l’eau, protège vos yeux d’un impact et facilite la prospection à vue du saumon.

Amusant : Je me permets une petite pointe d’humour à l’en droit de mes amis Louis Lortie, Éric Poirier et Denis Thériault qui semble-t-il ne se passeraient pas de leur coupe-fil…

7. Si vous aviez un seul choix à faire, quel endroit de pêche choisiriez - vous?

× 0 % Fosse avec plusieurs saumons, mais plusieurs pê cheurs

× 25 % Fosse de réputation, mais sans savoir la présence de poissons

× 15 % Fosse de rétention × 60 % Fosse qui n’a pas été encore pêchée

Observations : Benoit Farcy résume dans son commen taire : « Je préfère passer une mouche dans 25 fosses avec un seul saumon, plutôt que 25 mouches dans une fosse pleine de saumons. » À noter : Vous ne verrez pas nos saumoniers expérimentés où il y a attroupement de monde en rotation.

8. Quel type de fosse préfé rez-vous?

× 30 % Fosse avec un courant continu (run)

× 25 % Fosse avec quelques grosses roches (coulée)

× 0 % Un coude ou tournant marquant

× 10 % Le début d’un rapide

× 30 % Le pied de fosse

× 5 % Une fourche avec double entrée d’eau

Observations : Impossible d’établir une préférence. Tou tefois, en se basant sur les ré ponses précédentes, les répon dants sont moins attirés par les scénarios correspondants à des eaux peu agitées et sans mouvement. On observe que le choix « coude de rivière » est le moins populaire. On recherche de l’eau présentant un débit plus rapide et oxygéné.

À noter : Amélie Thériault et Éric Poirier opteront pour le début d’un rapide. Fidèle à sa citation précédente, Benoit Farcy sera seul au monde à la fourche pour y pêcher.

9. Vous préférez pêcher sur une fosse avec qui?

× 20 % Un groupe d’ami

20 % Seul

× 60 % À deux avec un seul partenaire × 0 % Avec plusieurs per sonnes

Observations : L’équipe de deux est le choix numéro 1. Il y a plusieurs avantages à être deux : c’est plus sécuritaire, on prospecte mieux le secteur et on partage le plaisir. La structure de gestion des rivières par le biais des tirages au sort préco nise le regroupement de deux moucheurs, notamment par la possibilité aux gagnants de réserver deux perches.

À noter : Rien de nouveau, les grandes foules sont boudées et certains comme Marc Leblanc et Élie-Merlin Mercier O. ne se défilent pas en admettant qu’il est très agréable d’avoir une fosse juste pour eux.

10. Vous préférez partager un séjour complet au saumon avec qui?

× 55 % Un groupe d’ami

5 % Seul

40 % À deux avec un seul partenaire

Observations : En revanche, on aime bien se retrouver au chalet en groupe. Donc idéalement, on pêche à deux, mais on appré cie de partager le séjour avec plusieurs personnes.

À noter : le 5 % est représenté par Benoit Farcy, qui, encore une fois, a opté pour la solitude.

Lui qui est pourtant si sociable…

11. Vous préférez utiliser quel type de montage de bas de ligne?

× 55 % Un montage fuseau de plusieurs sections avec nœuds

× 20 % Un seul diamètre de fil en une seule section

× 30 % Un diamètre fuseau progressif sans nœud

Observations : Nos passionnés préfèrent fabriquer leur propre bas de ligne.

Benoit Deslandes précise ceci : « Je préfère un bas de ligne progressif avec un (ou deux) nœuds, donc deux ou trois sections seulement, mais pas plusieurs. »

12. Vous préférez utiliser quel type de matériel de bas de ligne?

× 70 % Monofilament

× 20 % Fluorocarbone

× 10 % Mélange des deux sur un seul montage

Observations : Le monofila ment est l’option privilégiée. On semble apprécier le fait que le monofilament est davantage extensible et absorbe mieux les chocs d’un coup soudain au détriment de la résistance à l’abrasion et l’invisibilité du fluorocarbone.

À noter : Jacques Héroux émet ce judicieux conseil : « J’utilise des bas de ligne un peu plus gros afin de ramener le saumon le plus rapidement possible pour une remise à l’eau rapide et efficace. »

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13. Votre proportion du type de lancer se rapproche le plus de?

× 10 % Lancer par-dessus la tête (overhead) 90 % - Lancer Roulé (roll cast) 10 %

× 20 % Lancer par-dessus la tête (overhead) 70 % - Lancer Roulé (roll cast) 30 %

× 15 % Lancer par-dessus la tête (overhead) 90 % - Spey 1 main 10 %

× 30 % Lancer par-dessus la tête (overhead) 50 % - Spey 2 mains 50 %

× 15 % Autre : Spey plus que 50 %

Observations : Nos moucheurs consultés possèdent les habile tés techniques pour effectuer divers types de lancers et n’hé sitent pas à varier ceux-ci.

À noter : Amélie Thériault, Sébastien Hodgson et Charles Proulx pêchent autant à la Spey qu’à la canne à une main.

14. Votre proportion du type de mouche se rapproche-telle le plus de?

× 20 % Mouche noyée 90 %Mouche sèche 10 %

× 45 % Mouche noyée 70 %Mouche sèche 30 %

× 30 % Mouche noyée 50 %Mouche sèche 50 %

× 10 % Mouche noyée 30 %Mouche sèche 70 %

Observations : Mon dernier article dans la revue Saumon Québec Hiver 2022 portait le titre suivant « Osez la sèche ». Il faut croire que nos saumoniers préconisent la même approche puisque dans une grande pro portion, on n’hésite pas à em ployer la mouche sèche.

À noter : Les deux Jacques (Bouchard et Héroux) ont in diqué qu’ils pêchaient plus à la sèche qu’à la noyée.

15. Votre angle d’approche de lancer par rapport à la ri vière lors de l’utilisation d’une mouche noyée?

× 35 % Dépôt de la mouche 45 degrés vers l’aval × 55 % Dépôt de la mouche 75 degrés vers l’aval × 10 % Dépôt de la mouche 90 degrés vers l’aval

Observations : Généralement, on nous enseigne à déposer notre lancer 45° par rapport à la rivière. Cependant, il sem blerait que la majorité des nos moucheurs trichent un peu en déposant la mouche plus haut en amont. Petit secret : on cherche à altérer la résistance de la soie dans le courant (drag) et ainsi augmenter la vitesse de passage de la mouche.

À noter : Luc Hervé Blouin opte pour une approche encore plus agressive à 90° pour faire réa gir le saumon. Naturellement, un bon moucheur va adapter son approche en fonction de la présentation de fosse de vant lui. Benoit Farcy : « Mon angle d’approche dépendra des conditions et de mon angle par rapport au poisson. »

16. Vous préférez exécuter quelles approches pour pro voquer l’attaque?

× 20 % Courts lancers carrés (90 degrés) et mouche rapide

× 25 % Longues dérives natu relles de la mouche

× 30 % Mouche au départ rapide et régulier en finition

× 25 % Mouche au départ régulier et accélération en finition

Observations : Nous avons la réponse à la question en n’ayant aucune tendance : vous devez varier vos approches, car la recette gagnante n’existe pas. En fait elle existe, soyez versatile.

Crédit photo Philippe Charron Choix de la mouche avec Karl Béliveau.
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17. Lorsqu’un saumon s’em pare de votre mouche noyée, laquelle de ces méthodes vous préconisez pour le ferrage?

× 25 % Faire un lever de la canne brusque et soutenu

× 15 % Lever doucement la canne sans trop de pression

× 20 % Lever progressivement et longtemps

× 40 % Laisser le poisson partir légèrement et mettre la canne sous tension

Observations : Cette question était particulièrement nébu leuse, car on s’entend tous pour affirmer que cela dépend de la situation : vitesse de l’eau, l’angle de l’attaque et type d’approche utilisée. Cependant, on retient qu’une majorité possède la sagesse et le désir de laisser le poisson légèrement partir avec la mouche avant de le ferrer. Dans les faits, c’est très difficile à exécuter dans le feu de l’action et on distingue ici toute l’expérience des gens consultés.

À noter : Élie-Merlin Mercier O, JP-Tessier et Louis Lortie ont non seulement pris plu sieurs saumons, mais surtout eu la chance d’observer de l’extérieur plusieurs moucheurs effectuer des ferrages. Les trois ont répondu qu’ils préconisent un ferrage avec un lever de canne progressif (en douceur) et longtemps (sur une longue période).

18. Quelle tactique préfé rez-vous utiliser quand un saumon monte sur votre mouche sans la prendre?

× 20 % Attendre 5 minutes avant de relancer au même endroit

× 40 % Reculer d’une dizaine de pieds et passer progressi vement au même endroit

× 40 % Le temps minimum que le saumon se replace

× 0 % Aucune attente

Observations : On préconise un temps mort qui permettra au saumon de reprendre sa place. Est-ce que l’on veut recréer chez la bête une situation de « déjà vu » qui déclencherait une se conde attaque? Sommes-nous rendus au point de tenter d’en trer dans la tête du saumon?

À noter : Tout le monde évite de relancer immédiatement sur un saumon qui vient d’attaquer une mouche.

19. Quelle philosophie vous représente le plus?

× 15 % Quand le saumon est actif, tu dois être présent et actif

× 10 % Il faut trouver les sau mons preneurs

× 75 % Il faut pêcher selon les conditions et s’adapter

× 0 % Il faut être au bon en droit au bon moment

Observations : Un seul mot « adaptation ». Denis Thé riault : « Il faut savoir que j’ajuste mes techniques de pêche avec l’avancement de la saison, le niveau de l’eau et la largeur des rivières pêchées. Je ne pêche pas un ciré comme je pêche un rapide ou un run, j’ajuste la grosseur de mes mouches avec la température de l’eau, la couleur avec la lumière du moment. »

20. Vous pêchez le saumon pour principalement quelle raison?

× 15 % Le défi que représente la capture du saumon × 5 % L’environnement et la beauté des lieux × 60 % L’expérience générale de la pratique de cette activité × 20 % Une fascination pour l’espèce qu’est le saumon atlantique

Observations : La pêche au saumon ne se résume pas à une seule chose, mais représente pour plusieurs un ensemble d’éléments qui favorisent la pra tique de cette superbe activité.

À noter : Marc Leblanc se dis tingue en avouant que c’est pour l’environnement et la beau té des lieux.

UNE VISION BIEN PER SONNELLE

En espérant que ce question naire fut divertissant et, d’une certaine manière, instructif. Ayant en ma possession tous les résultats, j’étais étonné de constater la diversité des ré ponses. On dit souvent que notre façon de voir les choses est influencée par l’environnement dans lequel on a grandi. Amélie Thériault pêche avec son père Denis Thériault sur la rivière Bonaventure depuis ses tout débuts. On serait porté à croire qu’ils obtiendraient des résultats similaires au questionnaire. Pourtant, ils n’ont que 8 réponses sur 20 qui correspondent. Même résultat de 8/20 pour le duo Karl Béliveau et Philippe Charron. La meilleure corres pondance de réponses est de 14/20 entre Jean-Michel Potvin - Éric Bolduc et c’est purement une coïncidence. Comme quoi chacun à ses croyances, ses principes et ses espoirs.

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L’IMPACT DU PASSAGE DES VÉHICULES DANS UN COURS D’EAU

Le transport de sédiments dans une rivière est un processus naturel et nécessaire pour le bon fonctionnement des écosys tèmes aquatiques. Cependant, certaines utilisations anthro piques du territoire peuvent créer des apports sédimentaires importants qui viennent débalancer l’équilibre sédimentaire naturel de ces écosystèmes.

Les impacts de l’augmentation importante de sédiments dans une rivière vont se faire sentir à tous les niveaux trophiques 1 , puisque l’augmentation de la quantité de sédiments dans l’eau (la turbidité) diminue l’ap port de lumière disponible pour la croissance des algues par photosynthèse, la base de la chaîne alimentaire. Pour notre roi des rivières, l’accumulation sédimentaire dans une frayère par exemple peut conduire à l’asphyxie des œufs durant la période d’incubation.

L’industrie forestière a grande ment modifié les paysages au cours des dernières décennies. Pour exploiter cette ressource, il a été nécessaire d’y aménager des routes et des infrastructures pour la rendre accessible. Au Québec, c’est plus de 475 000 km de chemins forestiers qui sillonnent les forêts et créent une fragmentation d’habitats pour les espèces qui y vivent.

Les chemins secondaires et les sentiers hors routes sont des sources actives de sédiments, et ce, peu importe où ils se trouvent. En effet, en raison de leur niveau de compaction, elles deviennent semi-perméables et l’eau tend à ruisseler en sur face au lieu de s’infiltrer dans le sol (voir figure). Ainsi, l’eau prend de la vitesse, crée de l’érosion et transporte les sédi ments jusqu’au cours d’eau le plus proche. Cette compaction des sols, faite par le passage constant des véhicules ou des camions, limite la croissance des racines et donc la croissance des végétaux autour des che mins qui agissent comme une zone tampon captatrice de sédiments. Lorsque les routes se multiplient sur un même territoire et que leur utilisation devient excessive, cela contribue à accélérer l’érosion, la com paction des sols, la diminution de l’infiltration et donc à dégra der les habitats fauniques aux alentours. À grande échelle, cela peut avoir un impact important sur la qualité de l’eau et des habitats aquatiques au sein des bassins versants.

Crédit photo Matagami.com
Chemin forestier
Un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d'un écosystème et par lesquelles l'énergie et la biomasse circulent. 28

On retrouve un autre enjeu d’im portance lorsque l’on considère l’ampleur de ce réseau routier sillonnant nos forêts. En raison de la quantité importante de cours d’eau et de ruisseaux au Québec, couplée à tous ces kilomètres de chemins forestiers, la nécessité de devoir traver ser ces obstacles naturels est parfois inévitable. À certains endroits, on retrouve des ponts ou des ponceaux permettant de traverser les cours d’eau, mais pour d’autres il n’existe pas d’infrastructure et la seule possibilité est de les traverser à gué. Qu’en est-il alors de l’impact de ces passages sur la faune aquatique?

On appelle une traverse à gué (TAG) une portion d’un cours d’eau où l’eau peu profonde permet le passage directement dans le cours d’eau des véhi cules légers, récréatifs ou non (voir figure). En général informel, il est également possible de retrouver à certains endroits des TAGs aménagées, où le lit du cours d’eau a été stabilisé à l’aide de roches ou de billes de bois. Les TAGs aménagées per mettent de poursuivre l’entretien

occasionnel d’infrastructures en milieux éloignés, par exemple des éoliennes, ou de manière plus ponctuelle dans une sai son pour la tenue d’activités récréotouristiques comme la chasse et la pêche. L’objectif de ces TAGs aménagées reste toutefois de limiter l’apport de sédiments dans le cours d’eau en stabilisant la traverse tout en permettant le libre passage du poisson.

LES VÉHICULES HORS ROUTES (VHR) ET LES USAGES RÉCRÉATIFS

Pour plusieurs, les véhicules hors routes (VHR) servent principale ment d’outils pour travailler sur les fermes ou dans la forêt ou pour aider aux travaux manuels de toutes sortes. Pour d’autres, les VHR sont essentiellement des jouets récréatifs.

Ainsi, la réelle problématique ne découle pas des passages occasionnels de véhicules mo torisés dans les cours d’eau, mais plutôt du passage excessif des VHR récréatifs sans égards aux endroits choisis pour circu ler. La Fédération québécoise des clubs de Quads (FQCQ) regroupe depuis 1985 plus de

100 clubs fédérés de véhicules hors route (VHR) et administre près de 30 000 km de sentiers pour ses membres. Cette activité touristique d’importance ap porte tout de même des enjeux au niveau de la protection des écosystèmes et des espèces qui y vivent, puisque certains usa gers vont avoir tendance à sortir des sentiers balisés autorisés et à développer des routes un peu n’importe où en fonction de leur besoin de passage ou pour accéder à des zones prisées de villégiature. C’est le cas notam ment sur certaines rivières où la FQSA a mené des activités de sensibilisation à l’été 2021 pour réduire les impacts négatifs des passages de VHR près ou dans ces rivières.

Crédit photo Sustainable ATV Trails Impact du passage répété de véhicules sur un chemin Ornières Couches compactées Crédit photo Rinella et Bogan, 2004 Traverse à gué (TAG) obligatoire en forêt Crédit photo Guide des saines pratiques d’intervention en forêt privée Comment bien réaliser une traverse à gué
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IMPACT SUR LE COMPORTEMENT DES POISSONS

En termes de dérangements des espèces aquatiques, il n’existe pas, à ce jour, d’étude spécifique sur l’effet du passage de véhi cules motorisés dans les cours d’eau sur le comportement du poisson et sur l’impact des habitats de reproduction. Tou tefois, en comparant des études sur les impacts des bateaux à moteur dans les lacs sur les espèces aquatiques, on peut se douter que certains impacts sont présents. Entre autres, les vibrations et le bruit causés par ces véhicules peuvent possible ment induire des changements dans les habitats utilisés et dans les patrons de migration sur les rivières.

Au niveau des saumons adultes reproducteurs, lorsque ces der niers arrivent en rivière, ils vont continuer de se déplacer sur la rivière et ne resteront pas dans le même tronçon jusqu’à la repro duction. Il est possible que des secteurs trop près des sentiers de VHR soient délaissés au profit de secteurs plus tranquilles, mais moins propices à leur bon développement. Pour les juvé niles, leur présence en rivière varie de un à trois ans. Durant cette période, ils vont défendre

farouchement leur territoire de prédilection. Ce territoire se caractérise par des ruisseaux frais ou par les secteurs moins profonds sur la rivière principale. S’il advient que ce territoire soit dérangé constamment par la présence de VHR, et que les saumons doivent constamment se déplacer, il est possible que la demande énergétique aug mente considérablement et nuise à ses chances de survie.

De plus, les saumons vont choi sir des endroits où l’eau est de grande qualité sur la rivière, c’est-à-dire avec des charges sé dimentaires faibles. Il est connu que la présence de VHR sur des sentiers en bordure de rivière et lors de leur traverse à gué crée un apport sédimentaire supplé mentaire au processus naturel déjà présent sur les rivières à saumon.

LES BONS COMPORTEMENTS À ADOPTER

En raison de la popularité croissante de l’utilisation de ces chemins, il apparaît néces saire d’implanter une certaine planification et une gestion stratégique pour bien l’encadrer. Pour ce faire, il est essentiel de bien comprendre les relations qui existent entre l’utilisation récréative des chemins forestiers et la capacité de l’environne ment naturel à en absorber les impacts. De plus, les utilisateurs doivent être conscients de leur privilège de profiter ainsi de la nature et doivent prendre en considération les limites de l’environnement lors de leur pro menade. Il est donc important de bien prévoir son itinéraire avant de partir en escapade pour limiter le passage dans les cours d’eau.

Voici donc quelques lignes direc trices à garder en tête en tant que plaisancier :

× Rester dans les sentiers ou à au moins 3 mètres du bord de la rivière ou ruisseau;

× Traverser le cours d’eau à angle droit dans les cas où une traverse est absolument nécessaire;

× Ralentir le plus possible lors d’une traverse à gué;

× Si un chemin de traversée est visible, prioriser cet endroit;

× Restaurer les lieux après le passage, advenant une per turbation des lieux telle que des ornières.

De plus, dans le cas où les pas sages en milieu éloigné néces sitent la traverse à gué dans des sentiers non officiels, de bonnes pratiques existent pour limiter les impacts sur l’environnement et la faune. Il faut privilégier les zones :

× Où le cours d’eau est le moins large (si de moindre impact) et le moins profond;

× Où la pente des berges est moins accentuée et recou verte d’une végétation abon dante;

× Où le substrat est le plus so lide;

× Le plus loin possible des em bouchures et des confluences des cours d’eau.

Bonne promenade!

Crédit
photo Saumon Québec
Crédit photo Saumon Québec Mauvaise
pratique de traverse à gué dans une rivière à saumon
Saumons dans une rivière
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mffp.gouv.qc.ca/remise-eau-poisson DÉCLARATION DES REMISES À L’EAU Déclarer TOUTES vos captures de saumon atlantique au gestionnaire du territoire fréquenté est essentiel pour assurer une saine gestion de la ressource et valoriser une pêche de qualité exceptionnelle. Pensez-y! On compte sur vous!

PARTIR EN ROAD TRIP POUR TRAQUER LE SAUMON

TEXTE PAR SYLVAIN DESMEULES, COLLABORATEUR, TOURISME CÔTE-NORD

Depuis des années, je dépose mes mouches dans les rivières et lacs du Québec avec un faible pour le roi des eaux douces, le saumon. Mais la pêche sans la découverte des gens et des grands habitats naturels en périphérie ne se rait pas parfaite. Pour un vrai road trip de pêche, direction Côte-Nord.

Quand je visite les rivières de la Côte-Nord, vaste territoire de plus de 350 000 kilomètres carrés, j’ajoute des journées à mon séjour pour pouvoir bien jouir des beautés de la grande région. Capturer un saumon vaut son pesant d’or, encore plus quand l’expérience est époustouflante.

Qui dit rivières, dit invariable ment fleuve en aval. Avec une trentaine de rivières, réparties sur un littoral de plus de 800 kilomètres, le road trip prend tout son sens, une manière de voyager qui fait partie de l’ADN de la Côte-Nord. Ratisser une fosse le matin, se reposer sur une plage en après-midi, pla nifier une visite aux baleines le lendemain, tout ça fait en sorte que vivre la Côte-Nord est une expérience. Le pêcheur, si rêveur d’un gigantesque saumon, ne doit pas se priver de cette ex périence.

D’OUEST EN EST

Elles sont parfois tumultueuses, capricieuses et même téné breuses, mais elles sont toujours accueillantes, poissonneuses et surtout enchanteresses. Voici quelques coups de cœur visités au cours des dernières années, avec en prime des activités à proximité. Choisissez votre itinéraire.

CÔTE-NORD Crédit photo yvonalaventure

La rivière Sainte-Marguerite, qui prend sa source dans les Monts Valin, coule tout doucement vers la Côte-Nord, pour rejoindre le fjord du Saguenay à la hauteur de Sacré-Cœur.

Paradis de la truite de mer, et pas des petites puisque leur taille peut atteindre jusqu’à 2,2 kilos, la Sainte-Marguerite recense près de 80 fosses sur une soixantaine de kilomètres où, évidemment, le saumon cô toie la truite. Les célèbres fosses 59 (Big pool), 67 (St-Onésime) et 38 (Bardsville) ont leur lot d’adeptes. Dans ce dernier cas, le site a été construit il y plus de 150 ans.

Vous serez alors au cœur du parc Marin du Saguenay-SaintLaurent, territoire marin proté gé. Je dois avouer que se faire surprendre par une baleine en se laissant glisser à bord d’un kayak de mer est pour le moins inouï. Des excursions d’observa tion sont aussi possibles. Amis pêcheurs, laissez votre canne au chalet, vous ne ferez pas le poids!

Repère géographique : Sacré-Cœur, arrivée de la Sainte-Marguerite, est à 16 kilomètres de Tadoussac, située juste à la sortie du traversier, qui per met de franchir le Fjord du Saguenay.

L’ESCOUMINS

Cours d’eau au décor enchan teur, la rivière Escoumins com porte 66 fosses. Mais la partie 1a, contingentée il va de soi, est la plus agréable et promet teuse. Assez particulier de s’offrir en spectacle aux nombreux gérants d’estrade puisque la rivière se jette dans le fleuve au cœur du village. En revanche, les secteurs en amont regorgent de sites paisibles et inspirants pour tout pêcheur.

Repère géographique : Cette rivière est située à moins de 40 kilomètres de Tadoussac.

Après avoir taquiné le poisson, vous devrez prévoir quelques jours à Baie-Comeau, en Mani couagan, pour visiter le Phare de Pointe-des-Monts et, pourquoi pas, dormir sur place comme si vous étiez gardien des mers de l’époque.

Repère géographique : Entre la rivière Escoumins et Baie-Comeau, il y a 161 kilomètres.

Autre détour à ne pas négli ger, vers Caniapiscau, ce qu’on appelle L’Expédition 51 (route 389), synonyme du 51e parallèle que vous traverserez en cours d’expédition. C’est la seule fois que vous vous éloignerez du fleuve, omniprésent partout ailleurs. Mais vous aurez l’im pression d’en côtoyer un autre avec l’immense réservoir Mani couagan et si le cœur vous en dit, tentez votre chance sur une gigantesque ouananiche ou un redoutable brochet qui pullulent dans ces eaux.

Plus encore, vous serez tentés par une expédition aux Monts Groulx, ne serait-ce que pour admirer le spectacle des au rores boréales en soirée, après des randonnées pédestres dé paysantes à souhait. Les plus

hardis se rendront à Fermont, traverseront le Labrador pour rejoindre Blanc-Sablon, 1 700 kilomètres d’aventures brutes sous forme d’arc.

Repère géographique : Le célèbre et imposant barrage Daniel-Johnson est à 216 kilomètres de Baie-Comeau. De là, il faut rouler encore 125 kilomètres vers le nord pour arriver aux pieds des invitants Monts Groulx. Entre Baie-Comeau et Blanc-Sablon, il faut compter 26 heures de conduite sur 1700 kilomètres.

LA GODBOUT

Déplaçons-nous vers le nord-est où un chapelet de rivières s’étend vers le bout de la route. La répu tation de la rivière Godbout est connue, de très gros salmonidés y nagent. Merveilleuse rivière, nourrie par de multiples af fluents coulant des montagnes, ce cours d’eau offre près d’une quarantaine de fosses, avec des aménagements invitants pour les pêcheurs.

Entre les populaires fosses Es capuce (31) et 14 Ouest (34), où se situe d’ailleurs un pont, on comprend mieux quand on dit que son cours a été sculpté à tra vers des escarpements rocheux. Selon les marées, plusieurs pê cheurs préféreront le secteur Guilmour, prolongement de l’estuaire et facile d’accès.

Entre les deux secteurs, il faut mentionner le Cap-Nord, club privé et site d’une passe mi gratoire pour franchir une gi gantesque chute. Une entente avec la Zec Godbout-Mistassini, gestionnaire de la rivière, permet d’accéder à ce site.

Repère géographique : De Baie-Co meau, vous roulerez 56 kilomètres pour atteindre le village de Godbout.

LA TRINITÉ

Taquiner le saumon dans la rivière de la Trinité peut se voir comme un spectacle pour tous. Les huit fosses contingentées, entre le barrage (passe migra toire) et le pont de la rivière 138, sont toutes visibles, à l’intérieur du village. Et encore, c’est sans compter ceux qui tenteront une ligne directement dans l’es tuaire, réputé avec une marée favorable.

Mais s’arrêter là dans la des cription de ce cours nordique serait minimaliste puisque les 75 kilomètres de rivière sont parsemés de 67 fosses où sau mons et truites de mer aiment à cohabiter. Ces fosses ont un trait commun, généralement peu profondes et parsemées de roches énormes, autant d’obs tacles favorables au repos du poisson.

LA SAINTE-MARGUERITE
Crédit photo Marc Loiselle Crédit photo Mathieu Dupuis
33

Repère géographique : Le village de Baie-Trinité est voisin de Godbout, prétexte à un périple de pêche en combo. À peine 35 kilomètres les séparent.

Après avoir visité cette rivière, cherchez refuge à Port-Cartier. On y retrouve d’ailleurs les ri vières Pentecôte et Aux Roches - le nom est sans équivoque, on pêche sur un dédale d’im menses rochers, à proximité de la zone urbaine -. Et si j’étais vous, je risquerais une expédition au Lac Walker, au cœur de la ré serve faunique de Port-Cartier, sous gestion de la Sépaq. Oui, on peut y pêcher, mais on peut surtout en profiter, notamment avec plusieurs randonnées pé destres cartographiées et même camper sur place.

Repère géographique : Port-Cartier est à 80 kilomètres de Baie-Trinité. De Port-Cartier, vous parcourrez 27 kilo mètres avant d’arriver au Lac Walker.

LA MOISIE/NIPISSIS

La rivière Moisie, appelée Mish ta-shipu (la grande rivière), est l’un des plus importants cours d’eau de la Côte-Nord. Ce large bassin débouche à l’est de SeptÎles. À 20 kilomètres de son em bouchure se trouve la pourvoirie Moisie-Nipissis, au confluent des deux rivières.

Club privé autrefois, les Innus ont repris le flambeau en 2019 et entendent bien l’exploiter au profit des pêcheurs sportifs et des membres de la communau té. Accessible uniquement par hélicoptère, le site est accueillant et inspirant à la fois.

Maintenant, parlons pêche. Les 16 fosses à saumon, sur 40 kilomètres de rivière, dont 4 sur la Nipissis, sont toutes incroyables et giboyeuses. Sous les précieux conseils d’un guide innu, votre action a de fortes chances d’aguicher l’un des nombreux saumons, destinés à être remis à l’eau.

Repère géographique : De Port-Car tier à Sept-Îles, la distance est de 60 kilomètres.

À partir de Sept-Îles, vous res sentirez la culture innue bien présente, tout en découvrant des villages destinés à un ma riage de magnificence avec le fleuve. Ne perdez pas cette occasion de photographier la Chute Manitou, sur le territoire de Rivière-au-Tonnerre, d’une hauteur de 35 mètres, probable ment l’un des secrets les mieux gardés sur la Côte-Nord.

Repère géographique : La Chute Manitou est accessible via un sentier pédestre, à 85 kilomètres de Sept-Îles.

LA LOUTRE

Visiter l’île d’Anticosti est une expérience en soi. Mettre les pieds dans la rivière La Loutre pour y taquiner le saumon l’est tout autant. L’eau est si claire qu’elle permet en tout temps d’observer le saumon, en pause dans une des fosses, réparties sur une vingtaine de kilomètres. Même scénario pour les autres joyaux de l’île, telle la mythique Jupiter ou encore les plus timides Chaloupe et Ferré.

Et si le saumon boude votre plaisir, il y a toujours les truites de mer pour garnir la table du soir, dans un chalet situé près de la mer, ce qui augmente le charme de l’endroit.

Prévoyez au moins une journée pour découvrir l’un des trésors de l’île. La Chute Vauréal est probablement le point de vue le plus photographié de ce coin de pays, et sa popularité n’est pas surfaite, croyez-moi sur parole. Doublez cela avec une randonnée pédestre et un arrêt sur l’une des plages de l’île et votre journée sera bien remplie. Soyez averti. Avec une superficie de 8 000 kilomètres carrés, on ne visite pas l’île entre deux repas.

Repère géographique : Deux choix pour rejoindre l’île d’Anticosti, par avion; ou encore via le NM Desga gnés, une croisière maritime vers Port-Menier. Vérifiez les horaires.

DES RIVIÈRES PARTOUT

La rivière Saint-Jean au village du même nom, les trop im pressionnantes Corneil, Piashti et Watshishou à Baie-JohanBeetz, la rugissante Aguanish, la poissonneuse Nibisipi, la di vine Natashquan, les sinueuses Musquaro et Mousquanousse, toutes accessibles par route terrestre ou par avion, vous amèneront à la fin de la route 138 et son panneau de signali sation emblématique au cœur de Kegaska.

Et quant à aller au « bout du beau monde », de grâce, laisser vous bercer par la symphonie des monolithes, des géants de calcaires, fierté de l’Archi pel-de-Mingan, à proximité de Havre-Saint-Pierre. Et lorsque la vedette volatile de ce parc national, le Macareux moine, émergera à coup de clapotis sur la rive, les problèmes n’exis teront plus.

Bon voyage!

Repère géographique : De Sept-Îles à Natashquan, il faut compter 366 ki lomètres, avec presque à mi-chemin, le très accueillant Havre-Saint-Pierre.

Crédit photo Sébastien St-Jean Crédit photo Sépaq Anticosti
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LE THERMOMÈTRE, ÇA ME SERT À QUOI?

Très souvent, on peut obser ver des pêcheurs de saumon utilisant un thermomètre. Vérifient-ils la température de l’eau afin de déterminer si une couche supplémentaire de vêtements est nécessaire ou non? Connaissant les pro priétés techniques des vête ments utilisés aujourd’hui qui s’adaptent pour le confort des pêcheurs tant en eau froide qu’en eau chaude, je vous confirme que ce n’est pas pour cette raison!

Si des pêcheurs utilisent un ther momètre, c’est parce que le saumon réagit différemment aux types de mouche selon la température de l’eau.

Ce texte se veut un résumé d’ob servations faites par des guides, des pêcheurs chevronnés, les miennes et des publications sur le sujet. Il n’est nullement scien tifique, mais je crois cependant que l’ajout de données ne peut qu’augmenter notre compré hension sur le comportement du saumon et favoriser nos chances de réussite lors de nos journées de pêche.

EAU CHAUDE : LE MOMENT IDÉAL POUR NETTOYER SON ÉQUIPEMENT

De toutes les publications et observations, la température de 72 °F/22 °C fait l’unanimité. Tous sont d’accord pour dire que lorsque la température de l’eau atteint ces valeurs, le saumon se met en mode survie et entre dans une léthargie peu commune. Seule une baisse de température de l’eau apportera

un remède efficace pour lui. De toute façon, à ces températures, Salmo Salar réagit très peu voire pas à nos plus belles offrandes, autant sèches que noyées. De plus, c’est aussi à cette tempéra ture que plusieurs gestionnaires de rivière procèdent à une fer meture temporaire de la pêche sportive au saumon.

TEMPÉRATURES DE PÊCHE ET MOUCHES

Une deuxième donnée que j’utilise personnellement est 48 °F/8 °C. De toutes les publi cations que j’ai consultées (At lantic Salmon Magic de Topher Browne, Fishing Atlantic Salmon de Joseph Bates jr., Saumon At lantic de Gilles Aubert, André.A Bellemare et Gérard Bilodeau, ainsi que des articles et pu blications de Pierre Manseau, Raynald Dufour et de la FQSA), toutes s’accordent à dire que c’est à cette température d’eau que nous commençons à ob server de plus en plus de ma nifestations de saumon. C’est aussi à cette température d’eau, écrit Topher Browne, que pour lui, c’est un point de départ à l’utilisation d’une mouche sèche. Personnellement, j’ai toujours en tête la température de 52 °F/11 °C, température utilisée par mon bon ami et guide Jacques Tur cotte. Je peux vous affirmer que ces températures ne sont que des repères, car il m’est arrivé de capturer des saumons à la mouche sèche à des tempéra tures aussi basses que 47

F/8

C.

°
°
36

De son côté, Pierre Manseau, pêcheur de saumon émérite et très connu des saumoniers, a collaboré dans la chronique de George Maul intitulée Com ment capturer un saumon. Il est noté qu’à une température d’eau de 48 °F/8 °C, la pêche au saumon se veut une pêche lente en eau profonde où la ligne calante performe bien. Je me dois de vous rappeler qu’aujourd’hui, l’utilisation d’une telle soie est interdite dans cer taines de nos rivières. Contactez les organismes gestionnaires de rivières pour connaître la liste des équipements autori sés. Renald Dufour, quant à lui, mentionne trois plages de température d’eau pour adap ter sa technique de pêche et aussi choisir la couleur de ses mouches pour pêcher. Ces trois plages sont moins de 47 °F/8 °C, de 47  °F/8  °C à 55  °F/13  °C, et supérieur à 55 °F/13 °C.

La FQSA pour sa part, dans son guide pratique de la pêche au saumon plus précisément sous la rubrique aide-mémoire, conseille, lorsque la tempéra ture de l’eau est de 48  °F/9  °C ou moins, de pêcher avec de grosses mouches noyées, en pêche lente, en profondeur et lorsque possible en utilisant un bout calant. Pour une tempé rature d’eau de 48  °F/9  °C ou plus, elle conseille l’utilisation d’une soie flottante. On ajoute même, lorsque l’eau est plus chaude que l’air, d’utiliser une mouche noyée et de pêcher en profondeur et quand l’air est plus chaud que l’eau, de pêcher juste sous la surface ou avec une mouche sèche.

Finalement, Joseph D. Bates jr, mentionne que lors d’une variation de température de l’eau de plus de 8  °F dans une journée et si l’air est plus chaud que l’eau, le choix d’une mouche sèche peut s’avérer approprié.

L’UTILISATION

D’UN THERMOMÈTRE

Comme vous pouvez le consta ter, beaucoup de données sont offertes et elles possèdent toutes un point commun évident : l’utilisation d’un thermomètre. Je vous présente la façon dont je l’utilise personnellement.

Lorsque j’arrive sur le bord d’une rivière à saumon, c’est la pre mière chose que je fais. Je prends la température en y trempant un thermomètre de piscine pendant près de 30 secondes. Nous savons pertinemment que la température variera si je plonge mon thermomètre plus profondément. C’est pourquoi j’essaie de ne plonger que la longueur du thermomètre afin d’éviter de me soucier des varia tions causées par la profondeur. Je répète cette manœuvre au moins deux à trois fois pendant la journée. Ainsi, si au début de la journée, la température de l’eau est d’environ 65 °F/18 °C et que la journée est ensoleillée, il n’est pas rare qu’en fin d’après-midi, la température de l’eau soit tout près ou au-dessus du 22  ° C. Dans ces cas il y a fort à parier que j’éviterai la période du soir pour favoriser celle très tôt le matin.

Température de

Si vous désirez vous mettre à l’utilisation du thermomètre, je vous encourager à conser ver vos données : température d’eau et vos prises. Avec un tel registre, vous constaterez après quelques années, qu’à des dates semblables et qu’à des températures d’eau semblables, vous aurez le même succès avec les mêmes mouches.

Vous comprendrez que beau coup de facteurs influencent le comportement du saumon et que personne n’est né avec la science infuse. J’espère seule ment que ce bref résumé vous aidera dans la poursuite de votre passion.

Voici l’aide-mémoire que j’uti lise personnellement:

Courant Note

Il faut laisser le saumon tranquille

équivalente à

marche rapide d'un

Période productive pour la pêche au saumon soie flottante

Soie à bout calant (si permis)

l'eau Mouche Grosseur/couleur
72 °F / 22 °C N/A N/A
69 °F / 19 °C Petite mouche foncée ou très brillante Vitesse
la
homme
55 °F / 13 °C Selon la hauteur de l'eau #6 constitue un bon point de départ 48 °F / 8 °C Grosse mouche voyante Lent
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SUIVI DE LA TEMPÉRATURE DE L’EAU DES RIVIÈRES À SAUMON ATLANTIQUE DE L’EST DU CANADA

La température de l’eau in fluence la santé du saumon à différents stades de la vie. Elle agit aussi sur les autres variables de qualité de l’eau (ex. : oxygène), la croissance, la reproduction et la survie du saumon. Les saumons sont mieux adaptés aux eaux fraîches. L’augmentation des températures ajoute une pression supplémentaire qui contribue à fragiliser leur pré sence dans certaines rivières.

Les conséquences de l’augmen tation anticipée des tempéra tures de l’air sur les tempéra tures des rivières à saumon en inquiètent plusieurs, que ce soit les gestionnaires de rivières et les amateurs de pêche sportive. Ces préoccupations s’ajoutent à celles liées aux effets de la coupe forestière dans les bassins ver sants et le long des rives des cours d’eau sur cette variable et ultimement sur les populations de saumon atlantique.

Documenter une seule rivière à un moment spécifique dans le temps ne suffit pas. Pour pré server et protéger la ressource, assurer une pêche durable et anticiper les conséquences de l’augmentation des tempéra tures des rivières, il importe de mieux connaitre cette variable.

Les températures de l’eau va rient le long d’un cours d’eau et d’un cours d’eau à l’autre. Elles varient aussi dans le temps. De plus, certaines rivières réa gissent rapidement aux varia tions des températures de l’air alors que d’autres sont moins sensibles à ces fluctuations. Les caractéristiques physiques des bassins versants et le rôle des eaux souterraines contribuent à expliquer la variabilité dans la sensibilité des rivières face aux modifications du climat et des débits. Le transfert d’informa tion d’une rivière à l’autre doit donc s’appuyer minimalement sur ces informations en absence de mesure.

RIVTEMP
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Le réseau RivTemp cherche à combler des lacunes au niveau de la mesure des températures en rivières et des connaissances liées à celles-ci, à coordonner les efforts de surveillance et à cen traliser les données recueillies pour mieux répondre à diffé rentes problématiques. RivTemp vise à rassembler les différents groupes qui souhaitent do cumenter les températures des rivières à saumon. Qua rante-cinq partenaires se sont joints et ont fourni des données à RivTemp depuis sa création. Mise en place en 2014, la base de données RivTemp regroupe actuellement les températures mesurées à 541 stations répar ties dans 196 rivières du Québec (835 stations et 379 rivières en ajoutant les provinces de l’Atlan tique). Si la majorité des mesures couvrent la période récente, soit après 2014, quelques stations ont été installées avant.

Le maintien des stations de mesure sur des périodes de plus de dix ans est fondamental pour documenter différentes conditions climatiques. Il permet d’établir des tendances dans l’évolution de cette variable au fil du temps et est essentiel pour projeter les impacts à plus long terme de l’augmentation des températures de l’eau sur l’ave nir des populations de saumon dans différentes rivières. Pour ces raisons, RivTemp encourage la mesure en continu des tem pératures de l’eau.

La base de données RivTemp fournit des indicateurs généraux comme les moyennes estivales de la température moyenne, minimum et maximum de l’eau. Elle fournit aussi des indicateurs spécifiques au saumon, par exemple, le nombre de jours où les températures de l’eau dépassent les seuils de 20 °C et 25 °C (appelés : nombre de jours de stress thermique to lérable et critique) à une sta tion donnée. Les journées où les températures de l’eau sont supérieures à 25 °C sont très

stressantes pour les saumons et peuvent être mortelles pour les individus qui n’ont pas pu se réfugier dans des zones où l’eau est plus fraîche. Des travaux de recherche sont d’ailleurs en cours sur la distribution spatiale et le rôle des refuges thermiques dans les rivières à saumons du Saguenay et du Bas-SaintLaurent. La protection de ces re fuges représente une approche d’adaptation possible face à l’augmentation des tempéra tures des rivières.

L’expansion du réseau RivTemp se poursuit. La participation de nouveaux groupes permet notamment d’ajouter au réseau des rivières sans suivi de tempé rature. La collecte des données est une activité relativement simple. Elle implique bien sûr de se procurer une sonde, d’ensuite identifier le bon endroit dans la rivière, d’installer une tige ou un autre type d’ancrage solide dans le lit de la rivière et de fixer solidement la sonde. Sont néces saires quelques visites au site de mesure au cours de l’été pour s’assurer que l’instrument est

toujours submergé et une visite à la fin de l’été pour téléchar ger les données et récupérer la sonde. RivTemp s’occupe de guider les partenaires pour l’ins tallation des sondes, de traiter et valider les données et de les ajouter à la base de données.

La collaboration entre les groupes locaux et les chercheurs qui récoltent et analysent les données au cœur des objectifs de RivTemp. Le développement de projets collaboratifs est aussi encouragé par la mise en com mun de données.

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LES PROJETS DE RECHERCHE L’INRS

Dans cet article, nous vous présentons les projets de recherche de deux des équipes de l’Institut nationale de la recherche scientifique (INRS) sur les impacts de la température de l’eau sur le saumon.

CARACTÉRISATION DE REFUGE THERMIQUE

Les refuges thermiques pour juvéniles sont essentiels à leur survie. Ce projet aura pour but de déterminer les attributs géomorphologiques, hydrau liques et de bassin versant qui font que les refuges sont de plus ou moins bonne qualité, soit le contraste thermique avec le cours d'eau principal et la superficie de celui-ci.

PROBLÉMATIQUE DE L'HABITAT FAUNIQUE DU SAUMON ATLANTIQUE

Les saumons juvéniles tendent à chercher des refuges ther miques lorsque la température de la rivière dépasse 21 °C à 23 °C afin d'éviter l'exposition à ces conditions stressantes 1. La pro tection des refuges va devenir une préoccupation de plus en plus importante pour les ges tionnaires de cette ressource. Différents types de refuges ont été répertoriés et catégorisés par des travaux antérieurs. Parmi ceux-ci, les tributaires froids sont fort probablement les refuges les plus faciles à iden tifier et offrent possiblement les plus grandes superficies d'eau

plus froide lorsque les seuils de températures stressantes sont atteints dans le cours d'eau principal.

Dans un contexte de climat en évolution, ces refuges vont devenir primordiaux pour le recrutement et le maintien des populations. Par exemple, les travaux de modélisation com plétés par notre équipe dans les rivières Ouelle et Sainte-Mar guerite ont généré des scénarios thermiques associés aux chan gements climatiques prévus. Le contraste thermique entre le cours d'eau principal et les affluents froids risque d'aug menter, rendant la nécessité du recours aux refuges plus fréquent. De plus, les refuges de type tributaires froids sont potentiellement ceux qui sont les plus susceptibles de pouvoir être maintenus grâce à la réglemen tation et à des aménagements. Ainsi, le maintien ou l'augmen tation de la fermeture de futaie au-dessus du tributaire, ou un maintien de la recharge et de la contribution d'eau souterraine peuvent contribuer à la péren nité de ces refuges.

OBJECTIFS DU PROJET

1. Une caractérisation sur le terrain des refuges dans le plus grand nombre de rivières à saumon possible avec une emphase sur les régions de Charlevoix, du Saguenay et du Bas-Saint-Laurent. Ces régions étant plus au sud, elles sont plus à risque de voir le régime thermique des rivières évoluer vers un contexte plus stressant pour les saumons juvéniles.

2. Procéder à une analyse des variables explicatives qui sont associées à des refuges de plus ou moins bonne qualité. Cette qualité sera définie en grande partie par la différence de tem pérature entre le tributaire et la rivière principale et la superficie relative de ce refuge.

3. Développer un modèle per mettant d'identifier ces refuges à partir des variables perti nentes.

RÉSULTATS PRÉVUS

Pour le saumon atlantique

L'identification et l'évaluation de la qualité des refuges de type tributaires froids vont permettre de mettre en place des mesures de protection de ces refuges. Ceci permettra de minimiser les risques de stress et de mortalité chez les saumons juvéniles qui y auront accès.

Pour les utilisateurs

À terme, le projet va permettre de mieux identifier les refuges thermiques importants sur les rivières échantillonnées et va offrir un outil permettant une première évaluation à des sites non échantillonnés. Cette ap proche va contribuer à atté nuer les risques de baisse du recrutement.

PROJET
PAR ANDRÉ ST-HILAIRE ET ISABEL LANTHIER (CO-ÉDITEURS TAHA OUARDA ET NORMAND BERGERON) CENTRE EAU TERRE ENVIRONNEMENT DE L'INRS 1 (Baird & Krueger, 2003; Daigle et al., 2015; Dugdale et al., 2013; Welsh Jr et al., 2001).
Crédit photo Saumon Québec
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CARACTÉRISATION DE FONDS DE FOSSES

Les refuges thermiques de fond de fosses sont essen tiels à la survie des saumons adultes en période de cani cule. Le projet vise à produire un inventaire de ces refuges au moyen d’entrevues avec les gestionnaires de rivières à saumon du Québec et à docu menter les processus hydrau liques et biogéochimiques d’une quinzaine de ces fosses afin de comprendre les mé canismes de formation des refuges, et l’effet du brunisse ment de l’eau sur leur qualité.

PROBLÉMATIQUE DE L’HABITAT FAUNIQUE DU SAUMON ATLANTIQUE

Le saumon atlantique est une espèce d’eau froide qui s’ac commode difficilement aux températures estivales trop chaudes. Étant un organisme ectotherme, il ne peut réguler lui-même sa température cor porelle et doit donc, lors d’évé nements chauds, se déplacer vers des zones d’eau fraîche qu’il utilise comme refuge thermique afin de survivre à la canicule 1

En raison de leur faible taille, les saumons juvéniles sont en mesure d’exploiter une grande variété de types de refuges de tailles et origines diverses 2. Ce pendant, la taille des saumons adultes les contraint à utiliser les refuges de plus grandes dimensions que l’on retrouve à l’embouchure des plus grands tributaires ainsi que près du fond de certaines fosses profondes des rivières. Ces refuges, ap pelés refuges de fond de fosse,

sont habituellement créés par une résurgence d’eau souter raine dans le secteur profond de la fosse 3. Un processus de stratification thermique, lié à la différence de densité entre l’eau froide (plus dense) du fond et celle plus chaude (moins dense) de la surface, peut aussi être à l’origine de ces refuges, ou encore aider à maintenir l’eau froide d’origine souterraine au fond de la fosse. Frechette et al (2018) ont montré que durant un épisode chaud sur la rivière Sainte-Marguerite, la quasi-totalité des saumons présents était regroupée au fond de seulement deux fosses caractérisées par la présence de refuges froids. Ils ont aussi utilisé des émetteurs acoustiques qui transmettent la température du poisson pour déterminer que les poissons marqués exploi taient la zone fraîche de façon à maintenir leur température corporelle proche d’un opti mum autour de 19oC. Dans un article subséquent, Frechette et al (2021) a démontré le rôle important que jouent ces re fuges de fond de fosses sur les patrons de déplacement des saumons adultes au cours de la période estivale. Néanmoins, ces refuges peuvent devenir pro blématiques lorsque les condi tions thermiques persistent, diminuant ainsi le mélange des eaux. L’eau profonde ne peut se recharger d’oxygène avec l’eau supérieure, qui est en contact direct avec l’air. Les concen trations en oxygène dissous peuvent donc devenir critiques, et parfois même létales.

Le brunissement observé des eaux nordiques contribue à la stabilisation de la stratification, en absorbant l’énergie lumi neuse du soleil en surface, ce qui l’empêche de pénétrer en pro fondeur, et donc de réchauffer les eaux profondes. Bartosiewicz et al (2019) ont bien démontré le phénomène en milieu lacustre. Il reste cependant peu étudié en milieu fluvial, et son impact sur la qualité des refuges en fond de fosses est à ce jour toujours méconnu.

Pour la meilleure gestion des rivières à saumon, il est donc capital d’identifier et préserver ces refuges de fond de fosses sur le plus grand nombre possible de rivières à saumon du Québec. Dans un deuxième temps, il est aussi crucial de mieux com prendre leurs mécanismes de mise en place, ainsi que ceux pouvant impacter leur qualité afin d’identifier les meilleures mesures de protection de ces refuges.

OBJECTIFS DU PROJET

Le projet vise trois objectifs principaux :

1. Effectuer un inventaire des refuges de fond de fosses utilisés par le saumon adulte dans les rivières à saumon du Québec.

2. Instrumenter ces refuges à l’aide d’un thermographe per mettant leur monitorage à long terme

3. Mieux comprendre les proces sus hydrauliques, thermiques et d’eau souterraine responsables de la création et de la mainte nance de ces refuges de fond de fosses.

PROJET PAR NORMAND BERGERON, ISABELLE LAURION, SIMON JOLY-NAUD CENTRE EAU TERRE ENVIRONNEMENT DE L'INRS 1 (Breau et al. 2007, 2013; Dugdale et al. 2016; Corey et al. 2019). 2 (Dugdale et al. 2013). 3 (Frechette et al. 2018) Crédit photo Saumon Québec 41
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POUR EN SAVOIR UN PEU PLUS SUR L’ENTREPRISE ET SON VIRAGE VERT

TEXTE PAR SARA KIM BOURDAGES, RESPONSABLE DES COMMUNICATIONS CHEZ RHÉAL PITRE SPORTS, DISTRIBUTEUR CANADIEN POUR GUIDELINE

Guideline est une entreprise d’origine norvégienne qui se spécialise dans la pêche à la mouche. De la conception à la production, l’entreprise développe des équipements de pêche à la mouche depuis 1993. Depuis les premières cannes à mouche Guideline et les têtes de lancer révolutionnaires introduites sous le nom de Power Taper™, sa gamme de produits s’est développée pour contenir presque tout ce dont vous avez besoin pour la pêche à la mouche moderne. En 2001, Guideline a officialisé son bureau suédois et élargi ses activités à l’échelle internationale. Aujourd’hui, l’entreprise vend et distribue dans plus de 25 pays.

C’est en 2010 que Guideline décide de s’établir au Canada.

Un partenariat est né entre Guideline et Rhéal Pitre Sports, un magasin de plein air déjà bien établi dans la pêche à la mouche à New Richmond, en Gaspésie. Rhéal Pitre Sports devenait donc distributeur ca nadien de la marque, qui est actuellement distribuée partout au Canada.

TOUT EST DANS L’EXPÉRIENCE!

Si vous connaissez un peu Gui deline, vous avez probablement déjà entendu son expression « It’s all about the experience ». Mais qu’est-ce qu’elle repré sente vraiment pour l’entreprise?

Cette expérience est au cœur de la conception et du dévelop pement de ses produits. C’est grâce à son expérience sur le terrain, des heures passées sur la rivière à tester ses articles de pêche, que Guideline arrive à offrir des produits de qualité aux pêcheurs. L’entreprise accorde une importance à l’expérience de pêche qu’auront ses clients avec ses produits et c’est de là qu’est tiré son slogan.

UN VIRAGE VERT POUR L’ENTREPRISE

La pêche à la mouche et la nature étant étroitement liées, Guideline voulait en faire plus! C’est pourquoi l’entreprise a revu ses valeurs et ses priorités depuis quatre ans. Depuis, un grand virage vert s’effectue à tous les niveaux pour l’entreprise.

En 2019

× Ses emballages en plastique sont remplacés par du carton, ce qui représente environ 10 000 sacs de plastique par année.

En 2020

× L’entreprise a réduit la taille de ses étuis à canne à pêche et retiré le PVC de ces étuis pour le remplacer par du polypropylène, un plastique plus souple et moins nocif pour la nature.

× Elle a créé la canne à pêche Elevation, la canne la plus res pectueuse de l’environnement jamais créée par Guideline.

En 2021

× Guideline utilise du Yulex, un caoutchouc naturel pour le bas en néoprène des waders HD Sonic Zip et Laerdal.

× Le fabricant a éliminé com plètement des fluorocarbures dans l’imperméabilisation de ses vêtements techniques et cuissardes.

× Il utilise du DWR (produit sans fluorocarbures) pour plusieurs de ses modèles de cuissardes.

× Il a augmenté l’utilisation de matériaux et tissus recyclés et certifiés écologiques dès la conception de ses produits.

Finalement, dans les prochaines années, l’entreprise a pour ob jectif de réduire l’utilisation de cargaisons aériennes lorsque vient le temps d’expédier ses produits à l’international, afin de réduire ses émissions totales de CO2

DES PRODUITS PLUS ÉCORESPONSABLES

À la suite de l’établissement de ces objectifs, son étape de conception a donné lieu à plu sieurs produits très intéressants en termes d’écoresponsabilité.

Une canne à pêche fabriquée avec des composantes plus écologiques

La canne Elevation (figure 1) a été spécialement conçue pour réduire l’empreinte écologique. Cela signifie qu’elle contient peu de produits chimiques toxiques et que ses composantes sont plus écologiques tout en conser vant le graphite pour de meil leures performances. Dans la famille Elevation, vous retrou verez des cannes à une main, switch et à deux mains dans plusieurs formats. Les cannes en quatre sections sont disponibles dans la majorité des grandeurs et on y retrouve également plu sieurs modèles de cannes en six sections, modèle idéal pour les voyageurs.

Les changements majeurs qui rendent cette canne plus éco logique sont :

× Le sablage et le procédé de polissage des pièces brutes de la canne qui sont limités afin de réduire au minimum les déchets excédentaires;

× Le graphite à faible teneur en résine;

× L’absence de chrome, donc l’absence de plomb;

× L’absence de colle époxy dans les poignées en liège;

× L’absence de bouchon en caoutchouc;

× La faible présence de toxines dans le revêtement, la faible présence de COV et l’absence de peinture;

× L’utilisation d’aluminium ano disé transparent;

× L’utilisation d’un époxy écolo gique dans les pièces;

× L’absence de manchons en plastique sur les poignées des cannes à pêche;

× L’utilisation de tubes et de sacs de cannes plus écologiques.

De gauche à droite : Étienne Bélanger (Directeur des ventes de Rhéal Pitre Sports), Alexis Sarrazin (Représentant) et Alain Pitre (Directeur général de Rhéal Pitre Sports). Figure 1 : Vous pouvez apercevoir sur la canne Elevation un fini qui illustre bien le brin naturel du graphite par les nervures, provenant du sablage et du procédé de polissage limité.
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Des soies plus écologiques

Les soies Guideline les plus écoresponsables sont les lignes Fario Tactical, Bullet 2.0 et Lps Euro. Ces lignes offrent un revê tement en polyuréthane au lieu du PVC, qui est reconnu pour libérer des phtalates dans l’eau. De plus, comme mentionné plus haut, les boîtes de ces produits sont fabriquées à partir de pa pier recyclé.

Figure 2 : Vous pouvez apercevoir deux technologies offertes sur les cuissardes Laerdal de Guideline : les bretelles Elevator, cellesci, verticalement ajustables et le rangement Tool Bar pour les accessoires

Des cuissardes de pêche conçues avec des matériaux plus écologiques

Guideline offre maintenant des cuissardes de pêche qui sont ap prouvées du signe « Bluesign », c’est-à-dire, fabriquées selon les normes environnementales les plus strictes au niveau du textile. Cet organisme indépendant valide, avant tout processus de fabrication, l’absence de pro duits chimiques nocifs dans la conception d’un produit. Ainsi, tous les waders de Guideline ne contiennent aucun fluoro carbone.

Guideline a même poussé plus loin sa conception en créant une sélection de waders qui, tout en étant approuvé du « Bluesign », ne contiennent pas de PVC, qui sont faites de matériaux recyclés et finalement, qui utilisent du Yulex, un caoutchouc naturel cultivé de façon durable et re nouvelable.

En plus de sa valeur écores ponsable, chaque modèle de cuissardes offre différentes tech nologies spécifiques au besoin du pêcheur ou de la pêcheuse.

Les Laerdal (figure 2), spé cialement conçues pour les femmes offrent :

× Des bretelles ajustables Ele vator qui lui permettent de se convertir en cuissardes de taille en quelques secondes.

× Une poche chauffe-mains de style kangourou doublée en polaire, une poche pendante à rabat et un outil de type Tool Bar™ pour accessoires de pêche.

Les Alta Sonic Tizip offrent :

× Une technologie UltraSonic « sans couture » pour ses coutures principales.

× Deux types de tissus Taslan Nylon; le plus solide et résis tant à l’avant, à l’intérieur des jambes et au niveau du siège, en gardant le tissu plus léger aux zones moins critiques d’usure.

Les HD Sonic offrent :

× Des cuissardes robustes, res pirantes qui offrent une facilité de mouvement et des poches efficaces.

× Des bretelles ajustables Ele vator qui lui permettent de se convertir en cuissardes de taille en quelques secondes.

Les Kaitum XT (figure 3) offrent :

× Des poches chauffe-mains de style kangourou et une grande poche sur la poitrine avec fermeture éclair YKK®.

× Du nylon Taslan à trois couches certifié Bluesign®.

× Une absence de couture à l’intérieur des jambes pour plus de résistance à travers les années.

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Les Laxa 2.0 offrent :

× Une respirabilité et une résis tance à l’eau tout en offrant un poids plus léger.

× Une technologie UltraSonic sans couture pour les cou tures principales.

× Des bretelles ajustables Eleva tor et deux grandes poches à fermeture éclair verticales.

× Des poches chauffe-mains doublées.

Les Laxa Waist offrent :

× Une technologie Sidewinder offrant un ajustement avec moins de coutures et des jambes préformées, ce qui élimine totalement les cou tures intérieures.

× Deux poches horizontales avec fermeture éclair résis tantes à l’eau

Pour la plupart des cuissardes, Guideline offre des grandeurs ré gulières (Regular), plus courtes (Short), plus longues (Long) ou plus amples (Queen/King) afin que vous puissiez trouver la grandeur parfaite pour vous.

Si comme Guideline, vous ap préciez un produit de quali té, mais accordez aussi une importance à votre impact sur la nature lorsque vous pê chez, sachez qu’il est possible de retrouver sa gamme de produits plus écoresponsable chez votre détaillant local : guidelineflyfish.ca/find-dealer/ !

Pour repérer en magasin ou en ligne la gamme de produits plus écoresponsables, surveillez le logo vert de Guideline!

Figure
3
: Les Kaitum XT, repensées et encore plus robustes pour la saison 2022!
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LA GRANDE DANSE

FLUVIALE

TEXTE PAR ANTOINE GAGNON-POIRÉ

CHARGÉ DE PROJET, FORESTERIE ET GÉOMATIQUE, M. SC. GÉOGR. FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

AVEC LA COLLABORATION DE MAXIME MALTAIS

AGENT DE RECHERCHE, LABORATOIRE DE GÉOMORPHOLOGIE ET DYNAMIQUE FLUVIALE UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À RIMOUSKI

Crédit photo Antoine Gagnon-Poiré
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En octobre dernier, j’ai eu la chance de parcourir en canot les secteurs de pêche des trois rivières Pabos, en Gaspésie. Cette rencontre avec la Grand Pabos Ouest, la Petit Pabos et la Grand Pabos Nord fut mémorable. Elle m’a non seu lement permis de découvrir des endroits sauvages, des habitats exceptionnels pour le saumon atlantique, des secteurs de pêche uniques et diversifiés, mais surtout d’être le témoin privilégié de la « grande danse fluviale ».

Le terme « Pabok » à l’origine du terme « Pabos », signifierait « eaux tranquilles » en micmac. On peut en effet constater la tranquillité des eaux à l’intérieur des barachois, dans la baie du Grand et du Petit Pabos, situés à l’embouchure des rivières, dans la baie des Chaleurs (Figure 1).

Ces lagunes, influencées par les courants fluviaux et les marées, offrent un habitat riche et un milieu paisible pour plusieurs espèces fauniques. « Pabok » symboliserait aussi des « eaux dansantes ». J’aime particulière ment cette image poétique, que l’on peut facilement associer à une dynamique fluviale bien active. En effet, dans le secteur aval de la Grand Pabos Nord, la rivière s’est bien déhanchée au cours des derniers millénaires… et même plus récemment. Eh oui, vous aurez bien compris, je fais référence ici à la modi fication du tracé, de la forme et de la position de la rivière à travers le temps. Certains racontent que des pêcheurs seraient devenus un peu fous à essayer de retrouver une fosse visitée par le passé, devenue mythique… hélas, un heureux souvenir de pêche, érodé en son lit. Parait-il qu’aujourd’hui encore, au moment où vous lisez ces lignes, certains d’entre eux cherchent toujours…

SEMBLABLES, MAIS BIEN DIFFÉRENTES

Même si les trois Pabos se re trouvent côte à côte dans la même région et qu’elles par tagent des caractéristiques géographiques communes (Figure 1), on pourrait aussi dire qu’elles possèdent chacune leur propre personnalité. Comme quoi dans une même famille, les enfants peuvent se ressembler, mais être si différents à la fois!

Les rivières Pabos possèdent toutes les trois une eau cristal line, c’est cependant dans la Grand Pabos Ouest que l’eau est la plus foncée. Elle s’écoule en grande partie dans les basses terres de la Baie des Chaleurs, une zone plus riche en sédiments fins propices à être transpor tés par la rivière. On retrouve également plus de lacs et de milieux humides dans son bas sin versant, occasionnant une concentration plus grande de matières organiques dans ce cours d’eau.

Page de gauche : La plaine alluviale dans le secteur aval de la Grand Pabos Nord. Figure 1. Modèle numérique de terrain des bassins versants des trois rivières Pabos. Fait intéressant : la ligne rouge pointillée représente l’emplacement de la faille géologique du Grand Pabos (une fissure dans le socle rocheux créé par les forces tectoniques lors de la formation de la chaîne de montagnes des Appalaches, il y a plus de 300 millions d’années). La rivière Grand Pabos Nord semble utiliser cette faille pour s’écouler sur une longue section linéaire d’orientation ouest - est. 49

La Petit Pabos quant à elle, offre des panoramas spectaculaires en raison de son relief escarpé. Elle possède un parcours très sinueux, profondément encais sé et confiné dans une vallée rocheuse étroite aux versants abrupts. Elle coule à plusieurs endroits directement sur la roche mère, ce qui explique son profil accidenté, ponctué de nombreux seuils, de grosses roches et de splendides petites cascades (Photo 2).

Bien que les paysages acci dentés de la Petit Pabos ne laissent personne indifférent, ma passion pour la géomor phologie m’a porté à avoir un faible pour la Grand Pabos Nord, particulièrement le secteur aval. À cet endroit, les conditions hydrogéomorphologiques sont réunies pour que le tracé de la rivière soit naturellement mobile et évolue de façon dynamique au fil du temps. Laissez-moi vous présenter ce qui est à l’origine de cette « grande danse fluviale ».

LA GRAND PABOS NORD

Le bassin versant de la Grand Pabos Nord est situé à l’extré mité nord-est de la province géologique des Appalaches. On y retrouve des formations géologiques complexes et fail lées, composées de roches sé dimentaires variées (p. ex. grès, mudstone, calcaire, conglo mérat). L’architecture et les caractéristiques géologiques régionales ont grandement influencé la configuration du réseau hydrographique ainsi que la qualité de l’eau. En effet, comme ces roches sont relati vement sensibles à l’érosion et propices à l’infiltration d’eau, le territoire est parsemé d’une grande quantité de ruisseaux, de rivières et de très peu de lacs. D’ailleurs, c’est la perméabilité des roches sédimentaires et leur capacité de filtration et de neutralisation qui génèrent des eaux froides et limpides aux propriétés physicochimiques fa vorables au saumon atlantique.

Le secteur amont du bassin versant de la Grand Pabos Nord (Figure 2) draine un haut pla teau subhorizontal atteignant une élévation de 300 à 700 mètres. Dans le secteur aval, la rivière s’écoule à plus faible altitude et rejoint les basses terres de la Baie des Chaleurs.

UN SECTEUR AMONT ENTAILLÉ ET CONFINÉ

DANS LA ROCHE

Dans le secteur amont, on observe un impressionnant réseau de drainage composé d’une multitude de ravins tail lés à même la roche, abritant des ruisseaux et des petites rivières pentues (Figure 1). Le chenal principal de la rivière, qui possède un tracé sinueux, est également encaissé et ma joritairement confiné au fond d’une profonde vallée étroite et escarpée (Figure 2; Photo 3, 4, 5). D’ailleurs, la faille géologique du grand Pabos semble avoir conditionné l’orientation de la vallée principale de la rivière sur une longue section linéaire d’ouest en est (Figure 1). Dans ce secteur, les pentes sont fortes et l’écoulement de l’eau y est rapide. Les processus érosifs sont dominants et la rivière y

Photo 2. Une des multiples petites cascades de la Petit Pabos. Figure 2. Schéma conceptuel du secteur amont et aval du bassin versant de la rivière Grand Pabos Nord. 50

UN SECTEUR AVAL PLUS OUVERT ET DYNAMIQUE

Comme vous pouvez le consta ter sur la figure 2 et la photo de couverture de l’article, le secteur aval de la rivière est caractérisé par l’élargissement de la vallée, par la diminution de la pente et donc de la puissance d’écoule ment de la rivière, ce qui donne naissance à une toute nouvelle dynamique fluviale. Il faut sa voir qu’à cet endroit, depuis la déglaciation de la vallée et l’invasion marine postglaciaire (survenues il y a environ 10 000 ans), d’importantes quantités de sédiments ont été déposées et remobilisées par la rivière. Effectivement, en examinant le modèle numérique de ter rain de cette zone (Figure 3), on constate que la rivière s’est déplacée significativement à travers le temps. Au cours de la dernière glaciation, l’immense masse de glace qui recouvrait le continent a eu pour effet d’enfoncer la croute terrestre. Une fois les glaces retirées, le continent libre de tout ce poids a pu se relever. La rivière s’est alors incisée (creusée) dans les sédiments présents dans la vallée. Les terrasses fluviales que l’on observe sur la figure 3 constituent donc des vestiges d’anciens niveaux de la rivière.

Il est également possible d’iden tifier une zone appelée la plaine alluviale de la Grand Pabos Nord. Cette zone correspond à l’espace où l’on retrouve les traces de processus fluviaux anciens et plus récents tel que la migration latérale du chenal de la rivière. Lorsque les débits sont élevés, les berges qui sont com posées de sable et de gravier se font facilement éroder. La force du courant arrache principale ment des sédiments aux berges concaves et les transporte plus loin en aval, jusqu’à une berge convexe, où se forment des bancs d’accumulations de gra vier (Figure 3). Ces bancs seront éventuellement colonisés par la végétation et intégrés à la plaine alluviale. Dans certains cas, lorsque le débit augmente, des méandres peuvent être abandonnés au profit d’un tracé plus linéaire, c’est-à-dire plus efficace pour évacuer l’eau et les sédiments. Lors d’inondations, les méandres abandonnés peuvent se combler de sédi ments, et devenir des milieux humides, ou encore être utilisés comme chenal de débordement lorsque le chenal principal ne suffit pas à acheminer à lui seul l’eau vers l’aval.

Photo 3. Une magnifique fosse à saumon encastrée dans les roches sédimentaires. Photo 4. Le chenal de la rivière confiné par des parois rocheuses. Une gorge (un canyon) en partie comblée de gravier. Photo 5. La rivière confinée au fond de l’étroite vallée escarpée.
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Figure 3. Modèle numérique de terrain de la plaine alluviale dans le secteur aval de la Grand Pabos et interprétation de la morphologie fluviale récente et ancienne. Voir la figure 1 pour la localisation de cette zone. - Gracieuseté de Maxime Maltais

AU RYTHME DES FLOTS

La Gaspésie possède un régime hydrologique de type pluvio nival, dépendant des précipi tations de neige et de pluie. Les plus forts débits quotidiens sont enregistrés durant la crue printanière (avril à juin), en fonc tion des quantités de neige au sol et des températures durant la saison de fonte. Les débits diminuent par la suite durant l’étiage estival qui se produit généralement vers la fin de l’été (août – septembre) et reviennent à la hausse durant l’automne (octobre – novembre), en raison des fortes pluies qu’apportent les tempêtes automnales.

Les données de débits histo riques de la station hydromé trique de la Grande Rivière (Fi gure 4), située à environ 20 km à l’est des trois Pabos, indiquent clairement que durant de courtes périodes, le débit peut augmenter très vite et diminuer tout aussi rapidement. Cela démontre bien que les débits

des rivières de la région offrent une réponse hydrologique très réactive à la fonte des neiges et aux événements de pluies abon dantes dans le bassin versant.

Cela s’explique par les carac téristiques relatives au secteur amont énoncées précédem ment (c’est-à-dire l’importante capacité de drainage du ré seau hydrographique, les fortes pentes, un ruissellement accru et l’absence d’obstacles pouvant ralentir l’écoulement des eaux, tels que des lacs et des milieux humides), qui représentent des conditions idéales pour que l’eau s’écoule très rapidement, et même parfois de façon tor rentielle vers le secteur aval. C’est donc principalement lors des débits de pointes (crues printanières et événements de précipitations extrêmes) que la rivière érode et transporte les plus grandes quantités de sédiments arrachés aux berges, et que s’opèrent les mécanismes de migration de son chenal.

UN LIT DANSANT POUR ENCORE LONGTEMPS

Pour bien comprendre le style de danse d’une rivière et son évolution dans le temps, il faut aller à sa rencontre réguliè rement et même oser danser avec elle! Le cas de la rivière Grand Pabos Nord illustre bien pourquoi certains secteurs des rivières de la Gaspésie ont ten dance à être très dynamiques.

Au rythme des variations de débits d’eau et de sédiments, on peut décidément dire qu’elle sera appelée à danser pour encore bien longtemps. J’espère vous avoir transmis quelques concepts qui vous permettront d’être plus attentifs aux phéno mènes géomorphologiques qui vous entourent lors de votre prochaine sortie de pêche… bien entendu entre deux mirages de remous de saumon!

Figure
4. Graphique des débits moyens enregistrés à la station hydrométrique de La Grande Rivière Ouest (01BH007) pendant la période 1972-1997 (26 ans) (ligne noire). La zone grise représente les débits minimums et maximums observés.

La faune , notre mission, notre passion !

Grâce à la générosité de nos donateurs et aux contributions des chasseurs, pêcheurs et piégeurs, 239 projets de conservation de la faune ont été soutenus en 2020-2021 !

• Des initiatives réalisées par des organismes du milieu ;

• Sélectionnées avec rigueur par des experts ;

• Pour des impacts réels sur les milieux de vie de la faune.

› Faites partie du mouvement faunique ! Faites un don : www.fondationdelafaune.qc.ca
Diane Bouchard / Québec couleur nature

TROIS RIVIÈRES PABOS

Des gens accueillants, une eau cristalline, des rivières étroites et sinueuses, des val lées spectaculaires, et beau coup plus encore. Bienvenue dans le monde unique de la zec Pabok.

Comme vous l’avez appris dans l’article de mon collègue la grande danse fluviale, Pabog signifie eaux tranquilles . C’est effectivement un choix tout à fait conséquent lorsqu’on s’at tarde aux caractéristiques des baies situées à la confluence des trois rivières, mais on ne peut toutefois pas en dire autant de l’histoire des Pabos.

La vie de ces rivières n’a effec tivement pas toujours été un long fleuve tranquille. Au cours du 20e siècle, on a régulière ment observé des montaisons annuelles pouvant aller jusqu’à 1500 saumons, puis l’espèce a presque disparu de ces cours d’eau au début des années 80. Les pêches commerciales à l’embouchure des rivières, le flot tage du bois et le braconnage intensif ont été les responsables de cette diminution de la popu lation. Grâce à la fermeture de la pêche au saumon en 1984, à de nombreux investissements financiers ainsi qu’à des efforts de restauration du Plan de dé veloppement économique du saumon, de la communauté et du Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos, les trois rivières réac cueillent aujourd’hui les sau mons qui leur ont donné leur renommée. La zec décerne de 700 à 800 perches par saison et offre un très bon succès de pêche, atteignant 10%. Il est donc de nouveau possible de terminer son séjour de pêche avec une photo d’un 35 livres dans les mains.

PORTRAIT RIVIÈRESLES
Pabos Nord Crédit photo
Saumon Québec
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Situées entre les rivières Port-Da niel et Grande-Rivière, les Pabos se jettent dans la Baie des Cha leurs. Situées de part et d’autre de la ville de Chandler, elles cumulent 140km de rapides et de fosses, dont 50 sont ouverts à la pêche. Comme leurs deux voisines et la Bonaventure, les trois Pabos tirent leur carburant des hauts plateaux gaspésiens. Le résultat est tout aussi specta culaire que sur la rivière à sau mon la plus connue au Québec : une eau fraiche et cristalline qui permet de lancer sa Blue Charm au-dessus du saumon de son choix.

La zec Pabok offre plusieurs types de séjours aux saumo niers désireux de découvrir ses rivières. Bien que la pêche à la journée ou à la demi-journée soit possible à travers les quatrevingt-onze fosses de la zec, le for fait le plus populaire des visiteurs est le quatre nuitées, trois jours Il vous permettra de découvrir les trois rivières et leurs onze secteurs de pêche. Peu importe les dates de vos vacances, vous aurez l’occasion d’y pêcher du saumon frais et preneur du mois de juin à septembre. Le mois de septembre est d’ailleurs un mois très achalandé à la zec.

Ces rivières qui se pêchent à gué sont destinées autant aux débutants qu’aux pêcheurs qui désirent partir à l’aventure et pousser l’expérience à fond.

Pour les néophytes, ou ceux qui en sont à leur première fois sur ces rivières, un arrêt à l’accueil s’impose. René Giroux, guide d’expérience, vous indiquera les meilleures fosses à l’aide d’une carte maison. La zec Pabok se fait un point d’honneur de toujours diriger les gens où il y a du saumon. En plus des bons conseils fournis, un autre avantage pour les débutants est indéniablement le fait que ces rivières sont étroites. Elles permettent de moucher près des fosses, sans avoir à faire de longs lancers.

Évidemment, les plus habitués et expérimentés peuvent partir en expédition sans guide pour explorer dans le magnifique ha bitat sauvage du roi des rivières.

LA GRAND PABOS OUEST

La rivière accueille une eau lé gèrement plus foncée que celle de ses voisines. On y trouve deux secteurs de pêche, dont l’un est contingenté, le #2. Dans ce der nier, on trouve un total de huit fosses, dont les deux principales: la Farm Pool et la Thibault. La montaison y est plus tardive que sur les deux autres. C’est cette rivière qui accueille de manière générale le plus grand nombre de saumons et qui tient les plus gros spécimens.

Crédit photo Saumon Québec Crédit photo Saumon Québec Pabos Nord Pabos Ouest
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PABOS NORD

Possédant également deux secteurs pour vingt fosses, dont l’un est contingenté, la Nord se différentie de la Ouest par son débit plus élevé et sa limpidi té exceptionnelle. La zec met à votre disposition le Chalet de la Nord qui vous offre trois chambres, deux salles de bain, de l’eau potable et de l’électricité (éclairage, prises électriques, réfrigérateur).

LA PETIT PABOS

Bien qu’on l’appelle la Petit Pa bos, c’est elle qui dénombre le plus de fosses avec un compte de soixante-trois, réparties dans sept secteurs. Les quatre pre miers sont ouverts à tous, alors que les secteurs 5, 6 et 7 sont à accès contingenté. Bien qu’il ne soit pas impossible d’y prendre un saumon, les secteurs 1 à 5 sont majoritairement choisis pour la beauté de leurs paysages et de leurs multiples méandres. Encastrée dans les vallées, la rivière offre un sentiment d’iso lement incomparable. Au fond de celle-ci, on peut observer des rapides et des chutes. D’ailleurs, une imposante chute délimite les secteurs 6 et 7 et bloque temporairement les saumons

À VOTRE TOUR!

Vous aimeriez découvrir ces trois rivières? Il n’est pas trop tard! Contactez dès mainte nant la zec par téléphone au 418-689-4912 ou par courriel au zecpabok@globetrotter.net

dans leur montée. En mi-juillet, lorsque le niveau de l’eau dimi nue, il permet l’observation d’un spectacle unique : il suffit qu’un saumon trouve le bon endroit où sauter pour qu’il soit suivi avec empressement par des centaines d’autres saumons réunis dans la fosse, attendant ce moment avec impatience.

Lors de votre visite sur la rivière, vous aurez la possibilité de sé journer au Chalet Tamarak situé dans le secteur 6. Ce chalet isolé peut héberger jusqu’à quatre personnes et offre eau potable et électricité pour les visiteurs. Si vous êtes en tête à tête, vous pourrez opter pour le plus isolé John Jim dans le secteur 7.

LA GRAND
Crédit photo Saumon Québec Crédit photo Zec Pabok Crédit photo Zec Pabok Pabos Nord Petit Pabos
Chalet Camp de la Nord

DE LA FIBRE NATURELLE… À LA FIBRE ENTREPRENEURIALE

La Gaspésie, là où la nature est maîtresse, où le fleuve s’épanouit, où les rivières cascadent, où on s’enivre de l’air vif et frais des matins et où les rochers sont percés d’histoire…

Originaires de cette magnifique région, Nathalie et Tony sont tous deux passionnés de pêche au saumon, de chasse et de plein air. Pour Tony, l’histoire a commencé dès l’âge de six ans où il fut initié par son père à la pratique de la chasse et de la pêche au saumon.

Pour Nathalie, les souvenirs loin tains des sorties en famille à pra tiquer le ski de fond, les piqueniques au Mont-Albert ou les

heures passées à accompagner son père à la chasse à la perdrix sont impérissables. La pêche au saumon est devenue une activité incontournable pour le couple de Gaspésiens qui ont, à leur tour, transmis cet héritage à leurs deux filles, Mélina et Raphaëlle. Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’ils se retrouvent aux abords d’une rivière avec celles-ci et leur conjoint respectif à la recherche de Salmo salar!

UNE PASSION ET UN PROJET COMMUNS

C’est en pratiquant leurs pas sions que Nathalie et Tony ont relevé un besoin pour un survê tement chaud, confortable et passe-partout après la pratique de leurs activités.

L’idée de confectionner des vêtements au Québec, en fibres naturelles de qualité supérieure, est apparue évidente. Le choix de la laine d’alpaga, de mérinos et de pure laine vierge a été rete nu pour leurs propriétés thermo régulatrices, antibactériennes, hypoallergéniques et durables. Des pièces de cuir et des bou tons de bois, confectionnés par des artisans locaux, viennent y ajouter un style distinctif.

Pour Orizon, chaque matériau a été choisi avec soin et chacune des pièces est tricotée dans la plus pure des traditions. Le style intemporel rappelle celui que nos grand-mères créaient avec patience et doigté. Ces merveil leux vêtements au confort ab

solu, qui peuvent se transmettre de génération en génération.

Nul doute que les fiers saumo niers qui porteront les vêtements Orizon sauront apprécier le réconfort qu’ils procurent à l’aube d’un matin frisquet où la brume est au rendez-vous sur la rivière ou après une journée bien remplie passée au grand air.

Avec Orizon, le temps s’arrête et se transforme en un moment magique et privilégié… en par fait accord avec la nature.

Portez le moment présent.

Nos vêtements de fibres naturelles sauront vous apporter un réconfort après une longue journée de pêche.

Produits disponibles chez Salmo Nature, Boutique Le Saumoneau et sur notre site web

orizoncanada.com

SI LA CASCAPÉDIA POUVAIT PARLER

Après avoir ramené à la sur face quelques-unes des his toires à l’origine du nom des fosses à saumon des rivières de Gaspé dans l’article du nu méro précédent Si les rivières pouvaient parler, on poursuit notre voyage de pêche dans le passé. On se rend dans le sud de la Gaspésie cette fois, sur la rivière Cascapédia, à l’époque des gouverneurs généraux. Et vous allez voir que celle qu’on appelle « la grande » est grandiose jusque dans les histoires qui se cachent derrière le nom de ses fosses.

LE CONTE DE PRINCESSE DE LA GRANDE RIVIÈRE LARGE

Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire de la Cascapé dia, elle a toujours été perçue comme étant plus grande que nature. Elle doit son nom au peuple micmac, qui l’a d’abord nommée Kichkabeguiak , qui signifie « rivière large ». Au jourd’hui, on l’appelle parfois la « grande » Cascapédia. On dit que c’est pour la distinguer de sa voisine, la rivière Petite Cascapédia, qui coule un peu plus à l’est, mais en réalité, la Cascapédia est grande à tous les égards et porte naturelle ment son adjectif sans qu’on la compare. Même les saumons qui l’habitent sont plus grands que ceux des autres rivières. Et si on multiplie ses 180 fosses par ses 150 ans d’histoire de pêche, et qu’on ajoute dans l’équation ses fameux « géants », on peut présumer que si la Cascapédia pouvait parler, on n’aurait pas assez d’une vie pour l’écou ter. Mais s’il n’y a qu’une seule histoire à retenir de toutes les histoires qui se cachent derrière le nom des fosses de la Casca pédia, c’est certainement celle du marquis de Lorne et de la princesse Louise.

Carte de la rivière Cascapédia Crédit photo Musée de la rivière Cascapédia
Le marquis de Lorne et la princesse Louise Caroline Alberta 58

LORNE COTTAGE

Lorne Cottage est beaucoup plus qu’une fosse, c’est le nom du tout premier camp qui fut construit sur la rivière Cascapé dia, en 1880, par le marquis de Lorne, 4e gouverneur général du Canada. Ces représentants de la reine au pays avaient toute la considération du peuple à cette époque, et le marquis de Lorne avait même un petit quelque chose en plus : il était l’époux de la princesse britannique Louise Caroline Alberta, fille de la reine Victoria. Grâce à lui, le Canada allait recevoir pour la toute pre mière fois la visite d’un membre de la famille royale et il importait de les accueillir avec un cadeau qu’ils n’oublieraient jamais, soit l’exclusivité des droits de pêche sur la rivière Cascapédia, rien de moins. Tous deux artistes et amants de la nature, la beauté des paysages que leur offre la rivière les inspire, et la passion qu’ils se découvrent pour la pêche au saumon les fait litté ralement tomber amoureux de la rivière. Ils reviendront y passer les étés suivants.

Au deuxième été, le marquis fit construire une maison sur le bord de la rivière pour que la princesse, qui avait été blessée dans un accident de calèche, puisse récupérer paisiblement à l’endroit où elle disait se sentir le mieux. La maison, alors nom mée « Cascapedia house », fut d’abord construite à Ottawa avant d’être transportée par barge, ce qui en fait la première maison préfabriquée au pays. Ceux qui en firent l’acquisition plus tard la renommèrent le Lorne Cottage, en l’honneur du marquis. La maison est tou jours utilisée aujourd’hui comme camp de pêche privé.

LA FOSSE PRINCESS

Le marquis de Lorne était un amoureux de la pêche, mais on dit que sa femme en était encore plus passionnée que lui. Louise Caroline Alberta a tout de la vraie princesse digne d’un conte de fées de pêche. Reconnue comme étant une femme de tête, très belle et d’une grande intelligence, elle est la première princesse britannique à refuser un mariage imposé et à marier un homme sans couronne et sans l’accord de la reine. Elle est certainement aussi la première princesse à affirmer qu’elle pré fère la forêt et les maringouins de la Cascapédia à la vie en ville et aux palais.

Louise a laissé son titre à la fosse Princess , où elle a capturé un saumon de plus de 40 livres, non loin de Lorne Cottage. Une légende dit qu’elle aurait battu son record personnel sur cette même fosse avec une prise de 50 livres, mais les preuves et les témoins de cette dernière se font discrets.

Le prénom de la princesse a aus si laissé sa marque ailleurs au pays. Sur la rivière Ristigouche, une autre fosse porte un nom associé aux prouesses de la célèbre pêcheuse royale, soit la fosse Princess Louise, où elle en laissa plus d’un stupéfait lors qu’elle captura 4 saumons de plus de 20 livres dans la même journée. On ne peut non plus passer à côté du non moins célèbre Lac Louise en Colom bie-Britannique, nommé en son honneur, et de la province de l’Alberta, baptisée du troisième prénom de Son Altesse Royale.

La princesse Louise sur la galerie du
Lorne
Cottage
Crédit photo Musée de la rivière Cascapédia La princesse en train de pêcher sur la Cascapédia Crédit photo Musée de la rivière Cascapédia
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DUTHIES (OU DUTHIE)

Au cours de leurs belles saisons à profiter des splendeurs de la Cascapédia, le marquis de Lorne et la princesse Louise prennent autant de plaisir à pê cher qu’à se promener en canot, tantôt pour une simple balade, tantôt pour peindre les beautés des paysages. Pour s’assurer de pratiquer leur activité préférée de façon sécuritaire, Lorne en gage un des meilleurs guides de pêche et de canot qui soit, Richard Duthie, originaire du Nouveau-Brunswick. Mais ce qui devait d’abord être dans le but d’assurer la sécurité de la prin cesse devint plutôt dangereux pour le marquis, puisqu’il s’avé ra que la princesse appréciait beaucoup la compagnie de

Duthie. Elle passait de longues et nombreuses heures sur la rivière avec lui, à pêcher et peindre des tableaux. Elle lui aurait même offert un autoportrait afin qu’il puisse toujours voir son visage, même quand elle serait loin de lui. Le secret demeure bien gardé encore aujourd’hui, mais plusieurs croient qu’ils étaient devenus amants. C’est ce qui pourrait expliquer que Duthie, après de nombreuses années à guider sur la rivière, se retrouva du jour au lendemain en Alber ta, à la tête d’un ranch et marié. Seule la rivière sait ce qui s’est vraiment passé. La fosse Duthie, (ou Duthies) qui se trouve près de New Derreen, fut nommée par la princesse.

Il reste un trop grand nombre d’histoires de pêche à découvrir derrière le nom des fosses de la Cascapédia. Comme à la pêche, c’est impossible de faire toutes les fosses en une seule expédition. Il faudra assurément poursuivre ce voyage de pêche dans le temps en remontant la rivière dans une prochaine aventure. Si vous ne pouvez pas attendre, allez visiter le site du Musée de la Rivière Cascapédia. Vous verrez que vous n’êtes pas les premiers à être tombés sous les charmes de « la grande ». Je tiens d’ailleurs à remercier le musée pour les droits d’utilisa tion des photos.

La princesse et son guide Richard Duthie
Crédit photo Musée de la rivière Cascapédia
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Pêche au saumon et à la truite Initiation à la pêche au saumon Haltes aménagées avec tables Vélo sur la piste cyclable La Rivière Saint-Jean Une expérience inoubliable ! 418-272-2974 ● 418-272-2199 17, Saint-Jean-Baptiste, L'Anse-Saint-Jean riviere@royaume.com rivierestjean.com

3 BONNES RAISONS DE PÊCHER LE SAUMON ATLANTIQUE EN POURVOIRIE

Crédit photo Hooké
TEXTE PAR JOSIANE LAVALLÉE, RESPONSABLE COMMUNICATIONS ET MARKETING FÉDÉRATION DES POURVOIRIES DU QUÉBEC 62

Saviez-vous qu’il est possible de pêcher le saumon dans une trentaine de pourvoiries au Québec? Que ce soit dans le Nord-du-Québec, en Gaspé sie, au Bas-Saint-Laurent ou sur la Côte-Nord, nos pour voyeurs mettent tout en œuvre pour vous offrir un séjour de pêche mémorable. Certains pourraient se demander quels sont les avantages d’aller pêcher en pourvoirie alors que le Québec offre plusieurs rivières à saumon facilement accessibles. Bien qu’il y ait de nombreuses bonnes raisons, nous avons répertorié ici les trois meilleures pour vivre l’EXPÉRIENCE de la pêche au saumon atlantique en pourvoirie.

1. UN ACCOMPAGNEMENT COMME NULLE PART AILLEURS

Pour les néophytes en quête d’une sortie de pêche qui se distingue, le pourvoyeur vous offrira un accompagnement hors pair dans la capture de votre premier saumon. Il pourra vous aiguiller sur le matériel à utiliser (et même vous en prê ter au besoin), les mouches à favoriser et les tactiques pour un bon lancer. Un apprentis sage tout-en-un vers une toute nouvelle passion!

Vous êtes plutôt un pêcheur expérimenté ayant plusieurs prises à votre actif? Le guide peut vous aider à trouver les meilleures fosses à saumons et vous accompagner dans le perfectionnement de votre technique. Ses connaissances accrues et son savoir-faire vous permettront de comprendre le comportement du roi des ri vières et découvrir de nouveaux horizons, en plus de passer un bon moment où vous pourrez échanger sur cette passion commune.

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2. DES POURVOIRIES HAUT DE GAMME EN MODE TOUT-INCLUS

En pourvoirie, vous êtes ac cueillis en mode « tout-inclus ». Connaisseurs de leur territoire comme personne, les pour voyeurs vous accueillent chez eux à bras ouverts. Certains offrent même des repas gastro nomiques mettant en vedette les produits locaux. Vous serez chouchoutés, et ce, jusqu’à la préparation du shore lunch que le guide vous cuisinera avec amour sur les berges de la rivière.

Et quand on dit qu’on peut s’oc cuper de tout, c’est vraiment de tout : le guide, l’hébergement en chalet ou en auberge, les permis et droits d’accès, l’embarcation et/ou le transport et même les repas! Vous pouvez ainsi partir pêcher l’esprit tranquille en vous souciant uniquement de ce qui compte vraiment : accrocher le saumon de vos rêves!

3. L’INCOMPARABLE ES PRIT DE FAMILLE

Après une journée de pêche, rien de mieux que de se retrou ver ensemble, au chalet ou à l’auberge, pour se raconter ses aventures. En pourvoirie, ce plaisir est décuplé : l’esprit de groupe est incomparable. Vous partagez votre journée et racon tez volontiers vos histoires de pêche en toute convivialité! C’est ce qui arrive quand un groupe de passionnés, venus de tous les horizons, se retrouvent à la même table après une journée haute en émotions. On se serre la main, on cogne nos verres à un séjour exceptionnel et sur tout, on se dit à l’an prochain.

LES POURVOYEURS, GÉNÉREUX DE NATURE

Pourquoi aller pêcher le saumon en pourvoirie? Parce qu’ici, on vous sert la totale. Vous vivrez une expérience hors du com mun dans un contexte de pêche qui se démarque. Guide, confort et services de qualité : tout est mis en œuvre pour faire de votre séjour une partie de pêche inoubliable. En plus d’avoir fait le plein de souvenirs, gageons que vous repartirez également avec de nouveaux amis, des connaissances aguerries… et une réservation pour répéter l’expérience l’année suivante!

Pour plus d’informations sur les pourvoiries offrant la pêche au saumon, consultez notre site Web au pourvoiries.com

NOS POURVOIRIES OFFRANT LA PÊCHE AU SAUMON :

Bas-Saint-Laurent :

Pourvoirie de la Seigneurie du Lac Métis

Pourvoirie Fournier Plein Air

Pourvoirie Le Chasseur

Côte-Nord :

Conseil des Montagnais de Natashquan (Hipou)

La Corneille

La Pourvoirie de La Rivière Washicoutai

La Pourvoirie Étamamiou

Pourvoirie Baie-Johan-Beetz

Pourvoirie J.M.L

Pourvoirie Mécatina

Pourvoirie Moisie Nipissis inc.

Pourvoirie Moisie-Ouapetec

Pourvoirie Musquanousse

Pourvoirie Nabisipi Uena peuhipu inc.

Pourvoirie Napetipi Rivière

Safari Anticosti

Gaspésie :

× Auberge-Pourvoirie de la Rivière Matapédia

× Club Gourmet

× Camp Bonaventure

× Camp Brûlé

× Camp de la Haute Madeleine

× Le Club de Saumon Saint-Jean-de-Gaspé

Monde Sauvage

Salmon Lodge

Nord-du-Québec :

Auberge de la Rivière George

Les Aventures Ungava –Helen Falls

Pourvoirie Rivière aux Feuilles

Pourvoyeurs de la Rivière Delay

× Wedge Hills Lodge –Golden Peninsula Tours

Œuvrant dans plusieurs ré gions du Québec :

× La Cache Outfitters

× Pourvoirie Destination

Le Mirage

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Partageons généreusement notre nature

POURVOIRIES.COM

MICHELLE LÉVESQUE

PORTRAIT GESTIONNAIRE

Pour beaucoup de gestion naires de rivière, leur rôle est plus qu’un simple emploi : c’est une passion. Certains sont passionnés de pêche, d’autres, du territoire qu’ils gèrent. Ils ont en commun le désir de promouvoir leur pa telin, d’en faire bénéficier aux pêcheurs et de le protéger. Portrait d'une des gestion naires qui cumule le plus d'ex périence au Québec: Michelle Lévesque.

Merci, Michelle, d’avoir ac cepté cette entrevue et de me faire un petit trou dans tes journées chargées! Étant une des gestionnaires ayant le plus d’expérience, je suis certain que beaucoup seront très intéressés de voir ce que tu as à dire! Pour ceux qui te connaissent moins, parlenous un peu de ton parcours professionnel et de tes études.

Effectivement, je suis dans ce domaine-là depuis longtemps! Trente-six ans pour être précise. J’ai fait des études en adminis tration en finance au Cégep de Rimouski. J’ai vite réalisé que ce qui me passionnait le plus c’était les ressources humaines.

Qu’est-ce qui t’a amené dans le monde du saumon?

J’ai d’abord commencé au mi nistère (MLCP) qui, dans ces années-là, faisait la gestion par des bureaux de secteur. Quelques années après, en 1987, le ministère a procédé à l’éclatement de la gestion et a créé la SÉPAQ. Dans cette décen tralisation, j’ai donc eu un choix à faire parmi les territoires gérés par exemple les jardins des Mé tis, le parc du Bic, etc. J’ai décidé d’aller vers la Réserve faunique des rivières Matapédia-et-Pa tapédia à Causapscal parce qu’il y avait du beau monde et que je me sentais bien dans cet endroit-là. En 1992, la CGRMP, organisme sans but lucratif, a obtenu la gestion de la réserve faunique. C’est à partir de là qu’on a commencé à parler de gestion par le milieu.

Quel a été ton parcours depuis cet éclatement?

Je suis donc rentrée aux res sources humaines, puis devenue directrice des ressources hu maines et financières, directrice générale adjointe et finalement directrice générale en 2012.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton emploi aujourd’hui?

On a vraiment une belle com munauté : du beau monde qui est passionné. Je trouve qu’on a de beaux défis dans un orga nisme régional sans but lucratif.

Il faut savoir faire beaucoup de choses et on a un impact.

Ici, on n’a pas un service de ci et de ça. Il faut être biologiste, hydrogéomorphologue, po liticien, comptable, juridique, savoir parler de foresterie, etc.

Ici, il faut tout savoir faire parce qu’on n’a pas accès à tous ces services. On récolte ce qu’on sème, vraiment.

Aujourd’hui, pour moi, ce qui me motive, c’est autant les défis du poste en soi, que ce que j’y ai investi depuis si longtemps. C’est passionnant comment on l’a dans les veines après tant d’années. J’ai beaucoup trop in vesti de moi-même pour laisser aller le navire. Je l’ai trop à cœur. Tu y mets tellement de toi pour que ça fonctionne.

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Tu me sembles tellement pas sionnée, est-ce que tu te vois prendre ta retraite un jour?

Écoute, dans un contexte où j’ai des joueurs qui préparent la retraite. Je ne suis pas prête pour la retraite. En quelque part, c’est la vie qui va décider. J’ai encore plein de choses à faire, je m’amuse encore autant au travail et j’y prends beaucoup de plaisir et de fierté.

Quels sont tes projets priori taires et à moyen terme?

Dans les deux cas, c’est de pré parer la relève. Mon directeur des opérations et ma respon sable du service à la clientèle sont près de la retraite. Ils ont fait de longues carrières. C’est un tas de connaissances accu mulées. On essaie de se prendre d’avance pour sortir tout ce qu’il y a dans nos têtes, mais aussi d’enseigner à ceux qui vont nous succéder. Comment on fait les choses et pourquoi, quelles sont nos valeurs, etc.

Pour rajouter au défi, notre terri toire est grand. Pour se déplacer d’un bout à l’autre des deux réserves, ça peut prendre 4 h.

Les gens sont répartis partout. Ce n’est pas comme avoir une entreprise où 15 personnes tra vaillent au bureau. Les quarts de travail ne sont pas néces sairement les mêmes.

Quels sont tes projets à long terme?

On a eu beaucoup de de mandes pour offrir ici une seule destination pour le produit de pêche Glen Emma pour que les gens n’aient pas besoin de se déplacer le jour et le soir entre pêche et hébergement.

On a avancé beaucoup avant la pandémie : les plans et plusieurs démarches avaient été faits. Le coût des matériaux pendant la pandémie, la gestion des ressources humaines et la com plexité en générale du projet ont fait que le projet a été mis sur pause. On essaie de décanter et reprendre de l’énergie des deux dernières années. On surveille les programmes de financement. Ce matin j’étais justement dans une présentation pour le projet.

De quel projet es-tu la plus fière?

Je suis fière du travail qu’on a fait au cours des années. On a pris la gestion de ces territoires structurés et on les a amenés où ils sont aujourd’hui. On a de belles infrastructures, on a fait de belles mises à niveau, on fait les choses de façon durable, on a une belle santé financière, des emplois de qualité et les gens sont très heureux de travailler chez nous. Aujourd’hui, je suis très fière d’avoir une structure solide et qui permettra à la personne qui me remplacera le moment venu de partir avec une base solide.

J’ai de la misère à te donner un seul point, mais si je devais le faire, ça serait l’embauche de notre responsable tourisme et développement. C’est quelque chose dont je suis vraiment fière, parce que même si ça coûtait des sous, c’est ce qui nous a ap porté ailleurs, où on a toujours voulu être. Ça nous a amenés à être beaucoup plus dyna miques, à aller plus loin, à être plus réceptifs à ce que nos gens veulent. Ça nous a vraiment mis en relation avec nos gens. C’est un beau cadeau qu’on s’est fait et ça nous a permis de livrer des choses qu’on n’aurait peut-être jamais réussi à faire.

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Quels sont les défis pour ton organisation?

Les changements climatiques. Dans la gestion d’une entreprise comme la nôtre, le défi ultime, c’est que tu ne contrôles pas ce que tu gères. La nature va décider de la température et de la ressource. On ne peut pas la commander et la mettre sur une tablette comme dans un magasin. C’est un défi pour tous les gestionnaires. L’autre défi, c’est de protéger notre territoire. Comment on peut et comment on doit le faire, proté ger nos territoires, travailler de concert avec les autres usagers et partenaires, faire de la protec tion, adresser les impacts de la foresterie et tout ça.

Perçois-tu des défis en lien avec l’augmentation de la popularité de la pêche au saumon?

Assurément. Il faut contingenter lorsque requis. Le plus impor tant, c’est d’offrir quelque chose de qualité, une belle expérience ressourçante et des échanges humains. Il faut respecter la capacité de support du milieu et prendre soin de la ressource.

Il ne faut pas avoir tout à coup 150 personnes par jour dans une même fosse. La communauté des pêcheurs, c’est une belle communauté : des tripeux de nature. C’est une communauté respectueuse et ça, c’est tel lement important. Parce que même si on ne faisait pas nos devoirs, eux vont s’assurer pour qu’on les fasse. Ils l’ont tellement à cœur, ils s’impliquent et res pectent la nature.

Je crois qu’on a atteint l’objectif d’aller joindre les gens et de pro mouvoir la pêche au saumon. Maintenant, l’objectif c’est d’être capable de prendre soin de la ressource et de nos magnifiques territoires.

On sait qu’en tant que ges tionnaires, vous recevez beaucoup de questions des pêcheurs. Qu’est-ce que les gens ignorent de la gestion d’une rivière à saumon que tu aimerais leur partager?

Une bonne gestion saumon, c’est un travail d’équipe, de concertation et le résultat d’im plications. Ce qui est important pour moi, c’est que les gens viennent nous voir à nos bu reaux, deviennent membres de nos organisations et prennent leur abonnement à la FQSA.

Je crois que c’est une bonne façon de rester informé sous un organisme qui en unifie d’autres, c’est une occasion où tout le monde peut échanger et écou ter le point de vue des autres. C’est important que les gens se sentent à l’aise de partager leurs préoccupations. Je trouve ça beau que depuis quelques an nées, la FQSA arrive sur quelque chose de plus actuel, de plus uni où tout le monde est là, plus efficace et en ressort plus fort.

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Le piégeage une activité de gestion faunique au service de la société ftgq.qc.ca 418 872.7644 pourquoipieger.com pub_piegeage_fqsa.indd 1 2022-03-31 2:42 PM frame_pub_fqsa.indd 1 12/8/21 2:20:43 PM

TRAVERSES DE COURS D’EAU ET RIVIÈRE À SAUMON, UN ENJEU D’ACTUALITÉ

TEXTE PAR ÉLIE-MERLIN MERCIER-OUELLET, BIOLOGISTE DIRECTEUR GÉNÉRAL, CORPORATION DE GESTION DE LA PÊCHE SPORTIVE DE LA RIVIÈRE MITIS

Bien que les traverses de cours d’eau semblent de simples infrastructures, avec leur nombre inimaginable dans le pay sage forestier québécois, celles-ci peuvent avoir des impacts directs sur les écosystèmes aquatiques. Dans un contexte où les effets des changements climatiques sont visibles et où l’ex ploitation forestière est en constante croissance, les rivières à saumon ne s’en sortent pas indemnes. Un enjeu d’actualité qui représente une problématique qui est à la fois urgente et difficile à atténuer par son envergure à l’échelle des forêts du Québec. Un rôle est à jouer, mais par où commencer?

Les chemins forestiers sont indis pensables quand il est question d’accessibilité. Que ce soit pour l’industrie ou pour le loisir, un ac cès est toujours nécessaire pour les déplacements humains. Ce besoin d’accessibilité en territoires forestiers nécessite de traverser plusieurs types d’habitats, notamment les cours d’eau. Ainsi, diverses formes de traverses de cours d’eau (ponts, arches et ponceaux) ont pour fonction de soutenir la route, de permettre l’écoulement de l’eau et de maintenir la libre circulation à la faune aqua tique. En raison de leur faible coût, leur facilité d’installation et leur durabilité, les ponceaux sont des structures davantage utilisées dans le réseau routier forestier du Québec.

Les ponceaux peuvent être constitués de divers matériaux, soit flexibles ou rigides, pou vant influencer ultimement la durée de vie de la structure et son efficacité à maintenir la libre circulation du poisson à long terme. Dans le cas de mauvaises installations, d’un manque d’entretien ou d’un abandon, ces infrastructures peuvent rapidement entraîner des impacts négatifs sur les écosystèmes aquatiques. La perte d’habitat et l’apport en sédiments sont d’ailleurs parmi les principaux risques associés à une détérioration de ces struc tures pour les rivières à saumon et leur bassin versant.

Crédit
photo Louis-Philippe
Caron 70

PERTE D’HABITAT

La croissance des activités in dustrielles et de l’utilisation du territoire forestier au Québec favorise le développement du réseau routier, l’une des prin cipales causes anthropiques de fragmentation et de pertes d’habitat. Dans un cours d’eau, les embâcles, les chutes ou les barrages de castor peuvent agir en tant qu’obstacle naturel et limiter, voir empêcher la libre circulation du poisson. À ceux-ci s’ajoutent les obstacles d’ori gine anthropique tels que les barrages, les digues et les pon ceaux. Ces derniers contribuent également à limiter le passage des poissons en créant, lorsque mal entretenus, des barrières physiques infranchissables. Si tel est le cas, ils empêchent la colonisation et l’utilisation des habitats situés en amont, notamment ceux utilisés par le saumon atlantique au stade juvénile, nommé tacon. Ceuxci effectuent fréquemment des migrations sur des distances variables à l’intérieur du tronçon principal de la rivière et de ses tributaires afin de s’alimenter et croître. En raison de plusieurs facteurs, notamment l’accès à la nourriture, ils peuvent fréquenter les cours d’eau de leur bassin versant natal jusqu’à six ans suivant l’éclosion des œufs. La capacité de migration et de dis persion des juvéniles peut donc être affectée non seulement par la présence de structures défectueuses, mais aussi par les conditions hydrauliques et physiques de ces structures. Soit la pente, la longueur, la vitesse d’écoulement, la profon deur d’eau et la présence d’une chute en aval. Ainsi, plusieurs dizaines de kilomètres d’habi tats potentiels peuvent devenir indisponibles à l’intérieur d’un même bassin versant.

SÉDIMENTATION

Par ailleurs, la construction, l’entretien et la localisation des traverses de cours d’eau sont des vecteurs principaux de l’augmentation des sédiments fins dans un cours d’eau. Provenant généralement de différents processus d’érosion des berges ou des chemins forestiers, une augmentation significative de ces sédiments peut avoir plusieurs impacts sur la faune aquatique. L’augmen tation des sédiments fins peut augmenter la turbidité de l’eau, réduire la quantité d’oxygène dissous et même affecter le fonc tionnement des branchies des poissons. La sédimentation peut aussi limiter l’accès aux proies pour les tacons et ultimement limiter leur croissance. Toutefois, la baisse du taux d’éclosion des œufs et la diminution de la survie des alevins au stade embryonnaire, nommés ale vins vésiculés, demeurent les impacts les plus importants de la sédimentation sur le cycle de vie du saumon. Ultimement, ces impacts peuvent influencer de manière critique l’abondance des cohortes de juvéniles dans une rivière et son bassin versant.

Les sédiments fins, lorsqu’ils se déposent au fond d’une rivière, colmatent les interstices du gravier et y limitent la circula tion de l’eau. Cette circulation d’eau est cependant essentielle afin de permettre un apport suffisant d’oxygène aux œufs, tout en permettant d’expul ser les déchets métaboliques nocifs produits par les alevins vésiculés au cours de leur dé veloppement. Les dommages sur la productivité de juvéniles sont ainsi associés au taux de sédimentation retrouvé sur les frayères, suite à la déposition des œufs et à l’enfouissement de ceux-ci dans le gravier.

Considérant la grande connecti vité des cours d’eau d’un même bassin versant, les sédiments peuvent être transportés sur une grande distance. La charge sédimentaire de l’eau peut donc devenir une problématique d’envergure considérant que la distance entre une source d’éro sion et la rivière importe peu. C’est ainsi dire qu’une source d’érosion située dans un tribu taire est susceptible d’avoir un impact sur le tronçon principal de la rivière, qu’elle soit à une distance de 100 mètres ou de 5 kilomètres en amont de celle-ci.

Une installation adéquate et un entretien régulier des traverses de cours d’eau selon les normes établies sont donc nécessaires afin de limiter les dommages de ces structures anthropiques sur la faune aquatique et leurs habitats.

PORTRAIT GLOBAL

En estimant la présence de 1 à 5 ponceaux par kilomètre de chemin forestier, qu’il en existe plus de 475 000 kilomètres au Québec et que ce réseau se développe à l’échelle de 4 000 à 5 000 kilomètres annuellement, l’enjeu est présent et urgent pour la pérennité des écosystèmes aquatiques. Les préoccupations sont également grandissantes considérant que près de 80 % des ponceaux sont peu ou pas entretenus ni inspectés une fois les travaux forestiers terminés.

C’est ainsi dire qu’une fois qu’un chemin forestier est créé et que son utilisation pour l’exploitation est terminée, son entretien est laissé de côté. Cet abandon représente non seulement un enjeu pour les écosystèmes, mais aussi pour la sécurité des différents utilisateurs.

Crédit photo Louis-Philippe Caron

À l’échelle provinciale, un por trait global est difficile à dresser puisque l’état des ponceaux omniprésent sur le territoire manque de suivi. C’est par pré caution et souci de conservation que certains organismes ont débuté à localiser des ponceaux et à caractériser leur état à l’échelle de différents bassins versants. C’est d’ailleurs le cas de certaines rivières à saumon de la péninsule gaspésienne.

De nombreux inventaires ont récemment été réalisés dans la Baie-des-Chaleurs (bassin versant des rivières Nouvelle, Cascapédia, Petite Cascapédia et Bonaventure), sur la pointe de Gaspé (bassin versant des rivières Saint-Jean, York et Dart mouth) et en Haute Gaspésie (bassin versant des rivières CapChat, Sainte-Anne et Made leine). Ces études permettent d’observer qu’un peu plus de 70 % des ponceaux caractérisés présentaient de l’érosion et que de ce pourcentage, près de 55 % présentaient une érosion forte.

En addition, jusqu’à 90 % des ponceaux pouvaient être infran chissables pour les salmonidés juvéniles dans un même bassin versant.

Dans le cadre de ces études, environ 12 % des structures exis tantes ont été échantillonnées dans chacun de ces bassins ver sants. Considérant que cellesci représentent des structures accessibles en véhicule la ma jorité du temps, il est probable que la gravité de la situation soit davantage alarmante. La réalité des infrastructures rou tières en forêt où plusieurs de celles-ci sont abandonnées, mal entretenues ou non restaurées menace l’intégrité des écosys tèmes aquatiques.

CHANGEMENTS CLIMA TIQUES

En 2022, dans un contexte où les effets des changements clima tiques se font sentir davantage, des modifications significa tives sont anticipées quant à la dynamique des cours d’eau. Ces modifications pourraient prendre la forme de variations dans l’intensité, la durée et les volumes de précipitations qui auraient pour cause d’engen drer des débits d’étiage plus faible, des risques accrus d’inon dations, une augmentation de la température de l’eau et une hausse de l’érosion des berges. Évidemment, les changements anticipés pourraient avoir des impacts majeurs sur les rivières dans les décennies à venir, no tamment une augmentation du transport de sédiments.

En combinant ces préoccupa tions avec l’état inquiétant des infrastructures routières en forêt et un manque flagrant de la ges tion, du suivi et de la restauration de celles-ci, la situation pourrait se détériorer dans le futur. À ceci s’ajoute l’augmentation de la possibilité forestière pour la période 2023-2028, hausse des activités industrielles qui inquiète plusieurs intervenants du milieu.

AVENIR DE LA RESSOURCE

Il faut savoir que le saumon atlantique est une espèce qui a la capacité de se reproduire plusieurs fois au cours de sa vie. Toutefois, en raison de multiples facteurs, notamment la pré dation, les maladies ou l’épui sement des réserves énergé tiques, ils ne se reproduisent généralement qu’une seule fois. Considérant que cette espèce fréquente généralement nos rivières québécoises qu’une seule fois dans sa vie, il est pri mordial dans une perspective de conservation et de pérennité de la ressource, que les rivières à saumon du Québec demeurent des habitats de qualité pour la reproduction des adultes et la croissance des juvéniles.

Les rivières à saumon sont des milieux fragiles et les espèces qui y habitent comme le saumon atlantique font face à plusieurs menaces telles que mention nées précédemment. C’est pourquoi des actions concrètes doivent être prises à court terme afin d’assurer la conservation et la mise en valeur de ces ha bitats. Il est impératif que des changements de stratégie et de mentalité quant à la gestion forestière québécoise soient adoptés afin de promouvoir la gestion intégrée et la pérennité des ressources à long terme.

Indice classifiant le succès des salmonidés juvéniles à franchir un ponceau vers l’amont Tiré de Caron et Mercier-Ouellet, 2019 Nouvelle (n=107) 90% 8% 2% 91%9 1% 66% 29% Cascapédia (n=178) Petite Cascapédia (n=86) Bonaventure (n=176) Infranchissable Indéterminé Franchissable 8% 1% 8% 2% 3% 72

Cette problématique préoccupe de multiples acteurs fauniques en milieu forestier, notamment la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA), qui considèrent l’importance d’agir et d’être proactive dans ce dossier. Grâce au soutien financier de la Fondation de la Faune du Québec (FFQ) et de la Fondation pour la Conservation du Saumon Atlantique (FCSA), la FQSA compte entreprendre cet été un projet ayant comme objectif d’évaluer les impacts des traverses de cours d’eau sur l’habitat du saumon. Plus spécifiquement, ce dernier vise à acquérir des données dans les régions salmonicoles qué bécoises où il y a actuellement

un manque d’informations à ce sujet. Ayant comme but ultime de dresser un portrait global de l’état de ces infrastructures à l’échelle des bassins versants, la fédération tient à souligner que cette problématique est non seulement connue, mais demeure l’une de ses priorités à travers plusieurs investissements dans les années à venir.

Aujourd’hui, en considérant toutes les problématiques in fluençant, de près ou de loin, les bassins versants des rivières à saumon, est-ce que le statut de protection de ces rivières de vrait uniquement se limiter à 100 mètres de l’affluent principal?

Est-ce que la négligence des chemins forestiers et de leurs infrastructures suite à leur utilisa tion industrielle est une avenue toujours envisageable en 2022?

Élie-Merlin Mercier-Ouellet, auteur de l’article, lors d’une caractérisation des traverses de cours d’eau dans le bassin versant de la rivière Cascapédia.

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Crédit photo Louis-Philippe Caron
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UNE INITIATION À LA PÊCHE AU SAUMON, ÇA RESSEMBLE À QUOI?

La pêche au saumon prend de plus en plus d’ampleur au Québec : nul besoin d’aller bien loin pour le constater. Le Québec regorge de rivières différentes les unes des autres et qui permettent de combler les besoins de tous pêcheurs. Il y a de plus en plus d’adeptes sur les rivières, mais surtout, on constate qu’une nouvelle génération est en train de s’installer, celle des 12-20 ans. Grâce à des années d’efforts de la FQSA pour faciliter l’accès à la pêche, ce sport est devenu accessible pour tous. Dans les zecs, plusieurs programmes d’initiation ont pris forme pour permettre de faire découvrir la pêche au saumon. Plusieurs habitués se demandent aujourd’hui com ment transmettre leur passion à une connaissance. Comment motiver quelqu’un à revenir sur une rivière jour après jour sans même attraper un saumon?

J’ai eu la chance d’initier ma conjointe l’été dernier en par tant de la base : apprendre à moucher, attacher une mouche, lire une rivière, ferrer un saumon, faire un nœud, etc. Elle n’avait alors aucune idée du dérou lement d’une journée au sau mon. C’était donc une occasion unique et rêvée de lui montrer que la pêche, c’est plus que de se lever à 3 heures du matin et d’attraper un poisson.

LE COMMENCEMENT

Sans surprise, j’ai commencé mon initiation en emmenant ma conjointe dans un flyshop pour faire l’achat d’une paire de wader et de bottines, mais aussi pour lui montrer à quoi ressemble le monde de la pêche à la mouche et ses magasins locaux. Il est primordial d’indi quer à un novice quels sont les endroits où il peut se référer pour trouver des conseils et effec tuer ses achats. Elle s’est rendu compte qu’il y avait de très beaux vêtements pour les pê cheurs, dont la collection Hooké, créée et conçue au Québec. Tout pour aider! Ce qui l’a marquée lors de sa première visite dans au flyshop, c’est l’émerveillement de l’employé lorsqu’elle lui a dit « Je suis venue pour m’acheter des bottes et wader, mais je n’y connais strictement rien : ce sera ma première année ». On a pu voir l’excitation de l’em ployé qui était prêt à tout pour partager ses connaissances. Sa passion était contagieuse. Il po sait des questions simples pour déterminer le meilleur produit selon l’utilisation. Il maîtrisait à la perfection l’art de mettre des débutants à l’aise, malgré leur inexpérience. Pour ceux qui se demandent qui était ce pas sionné, eh oui, c’était Todd de chez Sexton & Sexton. C’est de cette façon que notre aventure a débuté.

Crédit photo Raphael
Chouinard
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Aucun nouveau dans le monde de la pêche au saumon ne peut passer à côté de cette étape. Il est obligatoire d’apprendre les règles de base sur une rivière, le code éthique du pêcheur et quelques techniques concer nant les types de lancers. Étant une personne visuelle, je me suis assis avec ma conjointe, ayant comme projet de lui faire écou ter des vidéos, des émissions et des capsules, de façon à pouvoir mettre l’écran sur pause. Ceci m’a permis de bien lui expliquer l’utilité de certains gestes, la fa çon de tenir une canne, la façon de ferrer un saumon, les règles d’arts d’une remise à l’eau, etc. Je savais très bien que beaucoup de détails seraient oubliés lors de la première journée et c’est normal. Après la théorie, nous avons manipulé l’équipement pour bien comprendre le fonc tionnement d’un moulinet, la façon d’assembler une canne et les différents types de lignes. Par la suite, nous avons discuté de mouches : savoir l’adapter selon la température, le débit de l’eau et la grosseur de l’hameçon. J’ai dû aborder le sujet d’une certaine maladie du pêcheur qui est d’avoir en sa possession 150 mouches, mais malgré tout, de toujours utiliser les mêmes…

LA PRATIQUE

J’ai décidé d’épargner le levé à 3 heures du matin lors de la première journée, question de ne pas l’effrayer. Nous sommes arrivés vers 15 heures, après une journée de travail. C’est au moment où nous avons mis les pieds sur le bord de la fosse que le stress est totale ment disparu. Pourquoi? Le seul son qui était présent dans nos oreilles était celui d’une rivière qui coulait avec comme paysage une légère brume sur le dessus de l’eau. Un moment de pure zénitude! Nous nous sommes rendus au début de la fosse et un nouveau son est apparu : celui de salar lorsqu’il saute hors de l’eau. J’ai redonné des conseils avant le premier lancer concernant l’endroit où lancer, l’angle optimal et quoi faire si salar décide de prendre la mouche. J’ai beaucoup misé sur l’importance de prendre un pas de recul pour regarder où nous nous trouvions et d’ap précier l’endroit : nous étions sur la rivière York, dans une eau cristalline et dans un contexte serein. Tous ces éléments sont des choses que nous devons valoriser lors d’une initiation. Le simple fait d’être sur le bord d’une rivière peut nous amener dans un autre état d’âme.

Puis, est venu le temps de lancer nos lignes à l’eau. Je n’ai pas d’autre choix de dire que je crois à la chance du débutant, car après seulement trois lancers, un saumon s’est accroché à sa ligne pendant environ deux minutes, avant de se décrocher. Tellement d’émotions dans un court intervalle de temps. Je crois qu’il n’y a que la pêche au saumon qui puisse nous faire vivre de telles émotions : passer de l’excitation au décou ragement en si peu de temps. J’ai motivé ma conjointe en lui expliquant qu’un saumon est rarement seul et de continuer sa descente de la fosse. On doit apprendre le positivisme dans ce domaine, car il arrive souvent que c’est seulement dans les 15 dernières minutes d’une journée que nous avons de l’action. Résultat? Deux lan cers plus loin, un madeleineau tout frais s’est accroché et nous a donné un beau combat, pour ensuite terminer le tout avec une remise à l’eau. Pour conclure cette belle fin de journée, il était important (pour ma part) de prendre une pause, le temps de manger un repas, laisser salar se reposer. Ce moment permet également au débutant de verbaliser sur sa journée, ses émotions, demander conseil et de formuler ses attentes pour une prochaine fois.

LA SUITE DE LA SAISON

Si j’avais à refaire une initia tion, je ferais assurément la même chose. L’importance de mettre en valeur tout ce qui nous entoure, de profiter du moment présent et d’être en contact direct avec la nature. La suite de l’été a été mémorable : ma conjointe est devenue une mordue. Nous avons exploré des fosses l’une après l’autre, essayé différentes rivières et fait connaissance avec des passionnés qui partagent les mêmes valeurs, comme la pré servation du saumon. Avec du recul, je crois que c’est lorsque nous sommes allés pour la pre mière fois pêcher à 3 heures du matin que j’ai pu dire mission accomplie. Même le chien aura eu droit à son initiation!

L’APPRENTISSAGE
Crédit photo Raphael Chouinard Crédit
photo Raphael Chouinard 75

LA MOUCHE DU MAGAZINE

Cette mouche ne passe pas ina perçue dans une rivière grâce à ses matériaux qui lui procurent une brillance quand le soleil se pointe le bout du nez. Ceci permet de la rendre très visible et ce sont dans ces conditions particulières que son efficacité entre en compte. Ce type de mouche stimule le saumon et permet de mettre de l’action dans une fosse où rien ne bouge. Seulement laisser la mouche défiler dans le courant. Bon montage!

LA MAKI × Hameçon : Daiichi 2052 Alec Jackson argent × Ferret : Tinsel Oval or × Cul : Laine verte fluorescente × Queue : Crête de faisan doré teinte en rouge × Corps : Tinsel argent plat × Côtes : Tinsel Oval or × Ailes : Renard arctique blanc avec mirror flash x 2 de chaque côté × Collerette : Plume Spey grise avec faisan argenté teinte de couleur chartreuse × Joue : Jungle Coq × Fil : Danville 6/0 rouge
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GALERIE DES MEMBRES

Normand Gagnon  Un beau petit grill sur la Riviere Petit Saguenay  Liane Lamontagne Mon premier saumon, il m'a fait vivre du pur bonheur
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 Yves Henri

Le 27 juin dernier, il a plu toute la journée sur la rivière Matane. Entre les averses, il se formait un brouil lard au-dessus de l’eau. Lorsque ma soie traversait la fine couche de brume, on aurait dit qu’elle la coupait comme une fine lame de couteau. C’était magique. Fosse # 21 Les Roches.

Lise Leclerc

Lise Leclerc sur le secteur non contingenté de la rivière Trinité en juin

Lise Leclerc

Daniel Pageau dans le secteur non contingenté de la Rivière Trinité en juin

Lise Leclerc

Changement de mouche sur la rivière Nouvelle au moins d'août

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Ce sont nos eaux.

En tant que pêcheurs à la ligne, nous sommes convaincus qu’il est de notre devoir de lutter pour les eaux et pour l’avenir de la pêche. Ce combat a besoin d’inspiration, de dévouement et d’amour des poissons sauvages et des eaux libres. Il a besoin de vraies personnes qui se retroussent leurs manches. Il a besoin de vous.

PHOTO: ANTTI RASTIVO © 2021 Patagonia, Inc. eu.patagonia.com/actionworks/water PAT_S21_Fish_Canadian-PrintAd-HP.indd 1 2/24/21 8:12 PM  David St-Laurent David
St-Laurent
avec un 10
livres
sur la York, le 16 juin 
David St-Laurent
Sur
la rivière Darmouth
David St-Laurent
Décompte
de la Rivière Ste-Anne
le 22 juillet Crédit
photo
Roch St-Laurent
www.salmonature.com 514-871-8447

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