Magazine Saumon 109

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M AG AZ INE

SAUMON LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

Convention poste PUBLICATION - 40063917

7.00$ CAN / 5.00€

Volume 40 / No 3 Automne 2017

109

LE SAUMON DE LA RIVIÈRE MALBAIE

16

LE RÔLE DU MICROBIOTE DANS LA SURVIE DES SAUMONS

46


Crédit photo: Hooké - Rivière Bonaventure

ANOT S FABRIQUÉS C ACN OT S FA B R I Q U É À L A M AIN AU QUÉBEC À L A M A I N AU Q U É B E C

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S OMMA I RE

SOMMAIRE

Automne 2017 Saumon Numéro 109 Crédit photo couverture : Wildcats

Table des matières Message du président

6

Mot de l’éditrice

8

Gestion

12

Études

16

Nos rivières

20

Autochtones

26

Pêcheurs

30

Équipements

34

Pêcheurs

36

Pêcheurs

40

Galerie des membres

46

Études

50

Hommage

51

Événements

8

3

Gestion Plan de gestion du saumon atlantique 2016-2026

NUMÉRO 109

4

12 Études

Les ponceaux: quand une traverse de cours d’eau devient un obstacle

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Nos rivières Le Saumon de la Rivière Malbaie

20

Autochtones L’importance des connaissances traditionnelles

Nous reconnaissons l’appui [financier] du gouvernement du Canada.

Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6

Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@fqsa.ca | www.fqsa.ca Éditrice et rédactrice en chef : Josée Arsenault Comité de rédaction et collaborateurs : André A. Bellemare, Jean Boudreault, Pierre Gagné, Sylvie Tremblay, Pierre Manseau, Richard Sirois, Marie-Eve Gonthier et Stéphane Lafleur Publicité : Josée Arsenault Design : Fokus Outdoor Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : À partir de 40$/an (hors Canada ajouter 15 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes.

Le conseil d’administration de la FQSA

Index des publicités

Président : Jean Boudreault Secrétaire : Michel Jean Trésorier : Vadim Siegel VP gestion de rivières : Christian Cyr VP dév. pêche : Ghyslain Provençal Présidents régionaux: Gaspésie : David Bourdages Saguenay-Lac-St-Jean : Michel Ouellet Région de Montréal : Selma Aïssiou Basse Côte-Nord et Nord-du-Québec : Marc Plourde Côte-Nord : Normand Bissonnette Centre-du-Québec : Maryse St-Amant Région de Québec : Pierre Manseau FSA : Alan Graham

Abitibi & Co Cocktail Dînatoire : POD75 : WestJet : Salmon Lodge : Camp Bonaventure : Fondation Saumon : Lendemain de Trôle : Camp Melançon : Magasins Latulippe : Tourisme autochtone Québec : LAX- Angling Club : Gaspé Fly : Complexe hotelier Riôtel : Avalon : Wildcats : Sentier Chasse-Pêche : Fondation de la Faune du Québec : Devenez membre : Chalets au bout du monde : Boutique Salmo Nature : Produits UNI : Hydro-Québec : Festival PALM : Pure Fishing Canada :

Directeur général: Frédéric Raymond

C2 5 7 10 11 11 15 19 25 25 29 32 33 35 39 44 45 49 52 53 53 53 54 C3 C4

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M E SSAGE DU PRÉSIDE N T

MOT DU PRÉSIDENT Bonjour, chers membres,

4 LE MAGAZINE SAUMON

Au moment d’écrire ces lignes, la saison de pêche bat son plein et, bien que la période de canicule soit sévère cette année, les montaisons ont tout de même été bonnes dans toutes les régions du Québec. La pêche a également été bonne en début de saison avec la présence de gros rédibermarins dans plusieurs rivières. Les deux ans de mer ont suivi en bon nombre ainsi que les grilses. Ce n’est pas une saison exceptionnelle, mais elle est bien au-delà des attentes. Le saumon au Québec se porte bien, le plan de gestion a été appliqué et la gestion rivière par rivière porte fruit.

Jean Boudreault, Président de la FQSA Photo : Stéphane Audet

Situation du bar rayé au Québec Comme vous, je suis pêcheur et grand protecteur du saumon et de ses habitats. La situation du bar rayé au Québec me préoccupe grandement. On croyait bien candidement que cette espèce resterait en eaux salées, habitat naturel pour elle. Quelle surprise de constater cette année la présence de ce poisson dans nos rivières d’eau douce, partageant les fosses avec notre saumon! Des pêcheurs ont capturé des bars rayés à plusieurs kilomètres de l’embouchure des rivières, et ce, en Gaspésie, sur la Côte-Nord et dans le Saguenay! Bien que la FQSA soit impliquée dans le dossier depuis plus de quatre ans, cette année marque un point important dans le suivi des populations de cette espèce. Vu l’urgence de la situation, nous avons contacté tous nos gestionnaires afin de documenter la présence de cette nouvelle espèce dans nos rivières. La FQSA compilera toutes les données recueillies en fin de saison et fera le bilan avec le MFFP. Notez qu’il y a deux populations de bars rayés au Québec : celle de la Gaspésie et celle du SaintLaurent. Cette notation est importante, car les lois qui régissent leur gestion sont différentes. Ainsi, la population de la Gaspésie provient de l’aire d’extension nordique de la population de la rivière Miramichi. Cette population a un statut d’espèce sportive, elle peut donc être capturée. Après discussion avec le MFFP, la pêche au bar rayé a été ouverte dans quelques rivières de la Gaspésie afin de contrôler la population.

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Pour sa part, la population du Saint-Laurent a un statut très particulier. En effet, comme le bar était disparu du Saint-Laurent à la fin des années 1960, cette espèce a été classée espèce en péril par le gouvernement fédéral. À ce jour, elle fait toujours l’objet d’une protection, on ne peut donc pas conserver un bar rayé du Saint-Laurent. Une démarche de modification de statut a été entreprise auprès du ministre de Pêches et Océans Canada, M. Dominic Leblanc, afin de sensibiliser le gouvernement fédéral à cette nouvelle problématique. Des rencontres doivent avoir lieu à cet effet. L’objectif pour la FQSA est de mettre en place des mesures de gestion pour le bar rayé qui permettront de mieux gérer cette espèce, surtout dans le cas des rivières à saumon.

Nouvelle FQSA Une première réunion du conseil d’administration a eu lieu à la fin avril et une autre en septembre. Je suis très motivé à la suite des discussions que nous avons eues. La grande famille du saumon est enfin réunie, les dossiers pourront avancer très rapidement. Notez que des élections auront lieu en novembre. Toutes les informations vous seront acheminées en temps et lieu.

Plan de développement du saumon atlantique 2017-2022 Bonne nouvelle : l’annonce officielle du plan d’investissement de 10 millions sur cinq ans a eu lieu à la fin aout. La FQSA gèrera près de huit millions de dollars, la Fondation de la Faune, un million et le MFFP, un million également. Voici le sommaire des sommes allouées aux différents volets du plan :


Infrastructures d’accueil, d’accès et d’hébergement : 4 000 000$ Gestion, suivi et protection de la ressource saumon : 1 945 000$

Le volet le plus important est celui des infrastructures. Comme vous l’avez certainement constaté sur plusieurs rivières, l’accessibilité aux fosses est inégale et, à certains endroits, absente, voire périlleuse. L’objectif de la FQSA est de normaliser l’accessibilité pour l’ensemble des rivières du Québec avec des infrastructures sécuritaires et adaptées à

Le plan comporte plusieurs autres volets qui seront élaborés au cours des prochaines années.

Souper-bénéfice de la Fondation Saumon Le souper-bénéfice de la Fondation Saumon aura lieu le 13 octobre prochain dans une nouvelle formule en cocktail dinatoire. Pour l’occasion, le chef Stéphane Modat du Château Frontenac ainsi que d’autres grands chefs de la ville de Québec et de l’est du Québec vous permettront de savourer une gastronomie riche en découvertes et en saveurs. Les produits des régions salmonicoles seront mis à l’honneur. Je vous y attends en grand nombre. Salutations à toutes et à tous,

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5 NUMÉRO 109

Promotion et sensibilisation : 955 000$

toutes les clientèles. Un programme sera mis sur pied en lien avec le plan de développement afin que tous les gestionnaires puissent bénéficier du programme pour mettre à niveau leurs infrastructures. Les pêcheurs de tous âges pourront ainsi avoir accès plus facilement et plus sécuritairement aux sites de pêche.


MO T DE L’ ÉDIT RIC E

6

APERÇU DES RECHERCHES RÉCENTES SUR LE SAUMON ATLANTIQUE AU QUÉBEC

LE MAGAZINE SAUMON

À travers les différents projets de conservation et d’aide aux rivières auxquels prend part la Fondation Saumon, celle-ci prête une attention tout autant particulière à l’éducation et au transfert de l’information portant sur le saumon. Dans le but de favoriser l’acquisition de nouvelles connaissances scientifiques, la Fondation Saumon remet, depuis quelques années, la Bourse Pierre-Michel Fontaine. Nous l’avons nommée ainsi en l’honneur du travail exceptionnel de cet homme et de son apport considérable pour le saumon atlantique. Cette bourse s’adresse aux étudiants universitaires qui œuvrent dans le domaine de la science appliquée et dont le projet de recherche a un lien direct avec le saumon atlantique. L’étude peut porter, par exemple, sur l’habitat du saumon, sa biologie ou son importance socioéconomique pour les régions. La Fondation accorde une importance notable à la vulgarisation des concepts sous-jacents au projet, compte tenu du fait qu’elle désire diffuser un maximum d’information aux intervenants du monde du saumon ainsi qu’aux lecteurs du Magazine Saumon. Dans ce numéro, vous aurez donc la chance de lire les articles de deux récipiendaires de cette bourse. D’abord, vous pourrez prendre connaissance d’un projet de recherche sur lequel a travaillé Rose-

Josée Arsenault, Éditrice du Magazine Saumon et responsable des communications, FQSA Photo : Christian Auger

marie Gagnon-Poiré s’intéressant à la fragmentation de l’habitat du saumon atlantique par les ponceaux routiers et forestiers. L’équipe de recherche a procédé à la caractérisation physique de 126 ponceaux sur 4 grandes rivières à saumon du Québec, soit la Cascapédia, la Matapédia et la Patapédia, en Gaspésie, ainsi que la Ste-Marguerite, au Saguenay. Ensuite, vous pourrez en apprendre davantage sur l’étude du microbiote intestinal de tacons du saumon atlantique, qui est menée sur la rivière Romaine. Dans son projet de recherche, Camille Lavoie compare le microbiote des individus nés en rivière à celui des individus nés en écloserie, destinés à l’ensemencement, afin d’optimiser les pratiques d’élevage en pisciculture et mieux comprendre le rôle des bactéries dans la défense du système immunitaire des saumons ensemencés. Ces travaux sur le saumon atlantique, menés par le Laboratoire Derome, sont un autre pas pour la conservation de cette ressource, au grand bonheur de tous les saumoniers ! J’espère que bien d’autres étudiants seront inspirés par cette ressource pour leur projet de recherche et qu’ils sauront nous documenter davantage au cours des prochaines années. Merci tout spécialement aux chercheurs pour leur rigueur et leur contribution à la conservation du saumon atlantique ! Bonne lecture!

Hommage à Tex Lecor C’est aux abords d’une rivière à saumon que j’ai connu Tex, en compagnie de ses camarades de la Norditude. J’ai été ébahie par sa joie de vivre et son aisance à partager sa passion pour l’art. Ses anecdotes de vie (et Dieu sait qu’il en avait beaucoup), ses histoires de chasse et de pêche, ses tableaux ainsi que ses chansons, qu’il a eu la générosité de jouer en notre compagnie durant ce séjour de pêche, resteront gravés dans ma mémoire à jamais. Paul Tex Lecor compte parmi les plus grands

donateurs de la Fondation Saumon. Pendant plus d’une décennie, il a contribué à la prospérité et à la conservation du roi des rivières au Québec. Il a donné de ses tableaux, qu’il peignait tout spécialement pour l’encan du souper-bénéfice. Ses compositions reflétaient sans contredit son sens de l’humour et sa vision d’une bonne journée de pêche. Merci, Tex ! Repose en paix !



G E ST ION

8 LE MAGAZINE SAUMON

LA MISE EN APPLICATION DU

PLAN DE GESTION DU SAUMON ATLANTIQUE 2016-2026

Photo : Fokus Outdoor

Texte de

Julien April, biologiste, Ph. D. Direction de l’expertise sur la faune aquatique Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

Développé dans un contexte où l’état des populations de saumons atlantiques et la situation de l’industrie liée à sa pêche en préoccupent plusieurs, le Plan de gestion du saumon atlantique 2016-2026 a maintenant connu sa première année d’application. Il est ainsi possible de faire le bilan provisoire des effets que celui-ci a pu avoir au Québec et à l’étranger. Il est également opportun, à ce stade, de présenter quelques-unes des démarches en cours pour assurer l’amélioration continue de la gestion de l’espèce.

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Rappelons d’abord brièvement que la nouvelle règlementation inclut notamment la fermeture complète de la pêche sur les rivières dont la population est en situation critique et la possibilité de récolter uniquement les petits saumons dans les rivières en situation préoccupante. Dans les rivières où la population de saumons est dans un état optimal, il est même possible de prélever les grands saumons à partir de la mi-saison si les données de l’année en cours indiquent que les cibles de gestion pourront être atteintes. De plus, ce plan réduit la limite de prises et de possession quotidienne à un ou deux saumons, selon la rivière, et prévoit un maximum quotidien de trois remises à l’eau. Les démarches se poursuivent avec le Gouvernement du Canada pour fixer le contingent annuel à quatre saumons dont, au plus, un grand. Quelques exceptions peuvent s’appliquer afin de répondre à des enjeux de conservation et de mise en valeur singulière. Les gens intéressés à en savoir davantage sur le Plan de gestion du saumon atlantique 2016 2026 sont invités à consulter le site Web du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).


G E ST ION

Bilan positif de la première année

Se démarquant notamment par son approche dite rivière par rivière, et par la précision du calcul de ses seuils de conservation qui intègre des données d’indice de qualité d’habitat, le Plan de gestion du saumon atlantique 2016-2026 a également reçu des échos extrêmement positifs à l’étranger. Celui-ci a été cité en exemple lors des deux dernières réunions annuelles de l’Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord, laquelle a pour mission de contribuer à la conservation, au rétablissement, à la mise en valeur et à la gestion judicieuse des stocks de saumon à l’échelle de l’Atlantique Nord. Parallèlement à cela, la Fédération du saumon atlantique (FSA) a salué

le nouveau plan de gestion, puisqu’il est bénéfique à la fois aux pêcheurs, à l’économie locale et au saumon.

Investissements et projets d’acquisition de connaissances Bien que le plan de gestion réponde adéquatement à la majorité des enjeux biologiques liés au saumon atlantique, des travaux d’acquisition de connaissances sont toujours en cours afin de parfaire la gestion de l’espèce. Par exemple, le réseau de suivi des montaisons bénéficie actuellement de la mise en place de compteurs automatiques sur deux rivières grâce à un partenariat entre la FQSA et le MFFP. Une aide financière de 124 400 $ a également été partagée par 15 organismes délégataires des activités de pêche au saumon atlantique pour le dénombrement des saumons dans différentes rivières du Québec en 2016. Un contrat a été octroyé à l’Institut national de la recherche scientifique pour optimiser et mettre à jour le calcul des unités de production des rivières à saumon. Le MFFP coopère avec plusieurs intervenants engagés dans la recherche sur le saumon atlantique, notamment Pêches et Océans Canada, dans le cadre du Plan conjoint de recherche sur le saumon de l’Atlantique. Ce dernier a pour mission de favoriser la collaboration des scientifiques d’Amérique du Nord afin de faire progresser les connaissances au sujet d’enjeux prioritaires communs, tels que la détermination des causes de la hausse du taux de mortalité en mer. Des projets sont également en cours afin d’évaluer si le bar rayé a une influence significative sur le saumon. En plus de poursuivre l’étude des enjeux biologiques liés à la gestion du saumon, le Gouvernement du Québec a annoncé, lors de la présentation de son budget 2017-2018, l’octroi de 10 millions de dollars répartis sur cinq ans pour la réalisation d’un plan de développement de la pêche au saumon. Ce dernier, notamment réalisé en partenariat avec la FQSA, inclut en outre des investissements pour la restauration d’infrastructures, la promotion et la mise en marché de la pêche au saumon ainsi que la protection de la ressource contre le braconnage. Rappelons également que, lors de la présentation de ce budget, des investissements majeurs ont été annoncés pour la modernisation de la station piscicole gouvernementale de Tadoussac, laquelle a pour principale mission de mettre en œuvre les programmes d’ensemencement de saumon du MFFP. Dans l’ensemble, le bilan de la première année de mise en application du plan de gestion de même que les nombreuses démarches en cours pour optimiser la conservation et la mise en valeur du saumon sont très encourageants. Souhaitons maintenant que les facteurs indépendants de notre volonté, tels que les changements que subit l’écosystème marin, soient également favorables à la situation du roi de nos rivières.

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L’analyse des données obtenues lors de la saison de pêche 2016 confirme que les modalités appliquées ont eu des effets positifs quant aux deux principaux objectifs du plan de gestion, c’est-àdire favoriser la conservation des populations de saumons atlantiques et optimiser sa mise en valeur de façon durable. En effet, le succès de pêche, la fréquentation des rivières et la vente de permis sont parmi les plus élevés depuis les 20 dernières années. De plus, alors que l’année 2016 se caractérise par une montaison totale se situant tout près de la moyenne quinquennale, la nouvelle règlementation a contribué à réduire la rétention des grands reproducteurs de 35 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, ce qui favorisera la conservation de l’espèce et la qualité de la pêche. Ainsi, alors que la mise en valeur de la faune et la conservation sont parfois considérées comme des enjeux opposés, ces résultats confirment que ce n’est pas toujours le cas. L’application de restrictions de prélèvement bien dosées et appuyées par une approche scientifique rigoureuse, accompagnée de modalités favorisant une meilleure répartition des captures entre rivières, entre pêcheurs et durant la saison de pêche, permet de conjuguer adéquatement la conservation du saumon et le développement de la pêche. Malgré le bilan général positif, il importe de souligner que quelques gestionnaires de rivières à saumon ont connu une baisse d’achalandage qui n’est probablement pas étrangère à l’application de restrictions de prélèvement. Or, il semble que, déjà en 2017, la situation se redresse pour certains de ces organismes.


10 LE MAGAZINE SAUMON SAUMON | WWW.FQSA.CA


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É T U DES

12 LE MAGAZINE SAUMON

LES PONCEAUX : Photo : Rosemarie Gagnon-Poiré

QUAND UNE TRAVERSE DE COURS D’EAU DEVIENT UN OBSTACLE Texte de

Rosemarie Gagnon-Poiré Étudiante à la maitrise, INRS-ETE Chargée de projets, FQSA

Le développement routier du dernier siècle et l’exploitation forestière ont favorisé l’expansion des routes et des chemins à travers le réseau hydrographique de nombreuses rivières à saumon du Québec. Bien que ce vaste réseau routier facilite l’accès aux secteurs d’exploitation forestière, de villégiature, de pêche et de chasse, il peut avoir un impact sur la qualité et la connectivité entre les différents habitats du saumon atlantique. Par exemple, lors de précipitations intenses, les sédiments fins des chemins forestiers peuvent être lessivés jusqu’aux cours d’eau à proximité, ce qui augmente ponctuellement la turbidité de l’eau(1).

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En plus de l’impact de la route elle-même, qui dit voirie dit traverses de cours d’eau. Que ce soit des ponts pour les grands cours d’eau ou des ponceaux pour les ruisseaux, ces infrastructures sont omniprésentes dans les bassins versants des rivières sillonnées par un réseau routier. Dans leur cas, les ponceaux sont fréquemment installés sous les routes et chemins forestiers qui traversent les petits cours d’eau pour permettre l’écoulement de l’eau, car ils sont peu couteux et rapides à implanter. Bien qu’ils soient conformes aux critères d’ingénierie pour résister aux débits de crue, les ponceaux ne sont pas toujours des structures aisément franchissables pour le saumon atlantique, spécialement au stade de vie juvénile. Au cours de ma maitrise que j’ai débutée en 2014, dans le laboratoire de recherche du Professeur Normand Bergeron, à l’Institut national de la recherche scientifique, Centre Eau Terre Environnement de Québec, je me suis intéressée à la passabilité des ponceaux pour le saumon atlantique juvénile.


L’importance des tributaires d’une rivière à saumon

Facteurs qui font d’un ponceau un obstacle :

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Les petits cours d’eau qui se jettent dans les rivières offrent des habitats de grande qualité vers lesquels les salmonidés juvéniles migrent pour s’alimenter et se réfugier, particulièrement durant leurs trois premières années de vie passées en eau douce. En saison estivale, ces ruisseaux sont favorables à la croissance des tacons en raison de l’abondance de proies disponibles, des insectes se posant en surface ou dérivant dans la colonne d’eau(2). L’accès aux habitats favorables à une croissance rapide des saumons juvéniles contribue à augmenter leurs chances de survie en saison hivernale, lors de la dévalaison et de leur séjour en mer. En période de stress thermique où la température de l’eau de la rivière augmente dramatiquement comme lors de canicules estivales, les tributaires peuvent également servir de refuges d’eau fraiche(3). En hiver, les poissons s’accommodent des interstices entre les roches du lit des tributaires pour s’enfouir et se protéger des structures de glace(4). Donc, une rivière offrant une bonne connectivité entre les habitats de fraie, où les alevins émergent des œufs, et des habitats de qualité pour la croissance des tacons, comme les tributaires, favorisera la pérennité de la population de saumons qui l’occupe.

Figure 1 : Séance de pêche à l’électricité Photo : Rosemarie Gagnon-Poiré

génétique des populations et le raffinement des méthodes de suivi des poissons, comme la télémétrie, ont contribué à faire avancer les connaissances globales sur cet enjeu. Lorsqu’un ponceau est évalué comme étant infranchissable par une espèce, il participe au phénomène de fragmentation de l’habitat en rendant inaccessible la section du cours d’eau en amont, au même titre que les chutes naturellement infranchissables.

Protocole de terrain • Vitesse d’écoulement excédant la capacité de nage du poisson • Pente abrupte du fond du ponceau • Longueur excessive du ponceau • Absence de substrat rocheux au fond du ponceau • Profondeur d’eau insuffisante pour la nage libre du poisson à faible débit • Chute située à l’extrémité aval du ponceau excédant la capacité de saut du poisson

En somme, tous ces facteurs combinés portent atteinte à l’intégrité du cours d’eau et c’est cette modification de l’habitat naturel qui nuit au libre déplacement des poissons(5). Depuis les trente dernières années, les chercheurs s’intéressent plus particulièrement à l’impact des ponceaux sur les déplacements et la répartition des poissons dans leur habitat. Les avancées dans le domaine de la

L’objectif de mon projet était d’évaluer la fragmentation de l’habitat du saumon atlantique juvénile par les ponceaux dans le bassin versant d’une rivière québécoise. Pour ce faire, j’ai suivi les déplacements de 189 tacons (tailles variant entre 65 mm et 140 mm) à travers un échantillon de sept ponceaux aux morphométries variées de la rivière Sainte-Marguerite (Sacré-Cœur, Saguenay) à l’été 2016. Les poissons ont été collectés au cours de séances de pêche à l’électricité (voir figure 1). Cette méthode de pêche scientifique répandue est sécuritaire pour les poissons et permet de collecter un groupe d’individus en induisant un champ électrique restreint dans le cours d’eau. Les poissons se trouvant dans le champ électrique de l’appareil sont momentanément immobilisés. Comme ils sont incapables de se mouvoir en raison de la décharge électrique, il est alors aisé de recueillir les poissons dans une puise. Ensuite, les saumons juvéniles pêchés ont été marqués avec des transpondeurs passifs par chirurgie mineure. Pour marquer un poisson, il faut pratiquer une petite incision sous ses nageoires pectorales, dans la zone ventrale, pour insérer un transpondeur. Ces petites puces, de la grosseur d’un gros grain de riz, ont chacune un numéro de série individuel et leur durée de vie est théoriquement infinie puisqu’elles ne nécessitent aucun dispositif de batterie. Pour émettre leur signal, ces transpondeurs doivent être alimentés par une antenne télémétrique. Le suivi des déplacements des poissons marqués a pris la forme de sept essais de passage d’une durée de deux jours où les tentatives d’ascension à travers les ponceaux d’un petit groupe de poissons marqués étaient enregistrées.

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É T U DES

Cage

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Figure 2 : Schéma d’un système d’antennes télémétriques stationnaires (A1-A4) déployées dans un ponceau, vu d’en haut, adapté de Goerig et al. (2016). La flèche bleue indique le sens de l’écoulement du cours d’eau.

À l’intérieur de chaque ponceau, quatre antennes télémétriques étaient disposées au-dessus du niveau d’eau, à égale distance (entrée, 33%, 66% et sortie du ponceau) (voir figure 2). Reliées à un enregistreur de données alimenté par une batterie rechargée à l’énergie solaire, ces antennes ont permis d’acquérir en continu les données relatives aux mouvements des poissons marqués lors de l’essai. Par exemple, un poisson qui a réussi à franchir le ponceau auquel il était confronté a été détecté à l’antenne 1, 2, 3 puis 4. Pour éviter la fuite des poissons vers l’aval durant les essais de passage, les groupes de participants étaient placés dans une cage de rétention fixée directement à l’aval du ponceau (voir figure 3). Après les essais, les tacons ont été relâchés dans leur milieu naturel et ont pu poursuivre leur vie normale, considérant que les transpondeurs ne sont pas néfastes à long terme pour leur survie. Puisque chaque poisson a été marqué avec un transpondeur dont le numéro de série est unique, la taille des individus pourra être mise en relation avec leurs performances d’ascension. Hypothétiquement, les tacons de plus petite taille devraient avoir plus de difficulté à réussir leur passage. Finalement, c’est en comparant les données de déplacements avec les caractéristiques des ponceaux

comme la pente, la longueur puis la vitesse du courant et la température de l’eau qu’il sera possible de tirer des conclusions quant à l’impact des facteurs qui rendent les ponceaux infranchissables pour le saumon juvénile.

Recommandations pour des ponceaux «fish friendly» Plusieurs alternatives d’aménagement sont suggérées dans la littérature scientifique pour favoriser le libre déplacement des poissons, comme les ponceaux en arche qui laissent intacts le lit du cours d’eau et sa trajectoire, en plus de ne pas concentrer l’écoulement(6). Pour les chemins moins fréquentés ou dont l’utilisation ne se fera qu’à court terme, des aménagements alternatifs comme les pontages temporaires ou les traverses à gué aménagées sont suggérés(7). À long terme, la désactivation des chemins abandonnés et le retrait des conduites vétustes et désuètes afin de revenir au milieu d’origine sont d’excellentes solutions pour éviter l’obstruction des tributaires. Dans un contexte de changements climatiques, les conduites au dimensionnement insuffisant sont vulnérables aux débits de pointe qui s’annoncent plus récurrents et sévères. On peut penser aux évènements de pluie intense de ce printemps qui ont mis à rude épreuve les infrastructures. Une augmentation du diamètre nominal des ponceaux pourrait diminuer les risques associés aux évènements de crues intenses susceptibles d’endommager les structures. Pour un cours d’eau à plus forte pente, un ponceau avec déversoirs, qui reproduit une succession de seuils, est tout indiqué. Les paliers augmentent le niveau d’eau et ralentissent la vitesse de l’écoulement, ce qui facilite le passage des poissons(8). Références: 1. Wheeler, A.P., Angermeier P.L. & Rosenberger A.E. (2005) Impacts of new highways and subsequent landscape urbanization on stream habitat and biota. Reviews in fisheries science 13(3):141-164. 2. Erkinaro J. & Gibson R.J. (1997) Interhabitat migration of juvenile Atlantic salmon in a Newfoundland river system, Canada. Journal of Fish Biology 51(2):373-388. 3. Dugdale S.J., Franssen J., Corey E., Bergeron N.E., Lapointe M. & Cunjak R.A. (2016) Main stem movement of Atlantic salmon parr in response to high river temperature. Ecology of Freshwater Fish 25(3):429-445. 4. Young M.K. (1998) Absence of autumnal changes in habitat use and location of adult Colorado River cutthroat trout in a small stream. Transactions of the American Fisheries Society 127(1):147-151. 5. Warren M.L. & Pardew M.G. (1998) Road crossings as barriers to small-stream fish movement. Transactions of the American Fisheries Society 127(4):637-644. 6. Makrakis S., Castro-Santos T., Makrakis M.C., Wagner R.L. & Adames M.S. (2012) Culverts in paved roads as suitable passages for Neotropical fish species. Neotropical Ichthyology 10(4):763-770.

Figure 3 : Cage de rétention pour éviter la fuite des poissons pendant les essais de passage Photo : Rosemarie Gagnon-Poiré SAUMON | WWW.FQSA.CA

7. Lacombe P.P. & Jutras S. (2016) État et durabilité des traverses de cours d’eau sur les chemins forestiers. (Université Laval, Québec), p 41. 8. MFFP (2017) Guide d’application du Règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État (RADF). (Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs), http://publications.mffp.gouv.qc.ca/radf/.


Notre Mission 1

2

3

Promouvoir la protection et la conservation de la ressource saumon et de ses habitats

Sensibiliser les jeunes et le public au cycle de vie du saumon atlantique

Favoriser l’acquisition de connaissances scientifiques et la diffusion de travaux de recherche

Pour faire un don : fondationsaumon.ca


NO S RIV IÈRES

16 LE MAGAZINE SAUMON

LE SAUMON DE LA RIVIÈRE MALBAIE Texte et photos de

Marc-André Lussier Président, Le Saumon de la Rivière Malbaie inc.

Depuis 365 millions d’années, le soleil se lève sur la rivière Malbaie. N’eût été de l’impact d’une météorite, Charlevoix serait toujours un lieu inhospitalier sur fond rocheux. Heureusement, la météorite a créé un cratère de 60 km de diamètre au fond duquel deux rivières ont vu le jour: la du Gouffre et la Malbaie. Ces deux rivières ont permis le développement de l’agriculture et la colonisation de Charlevoix.

Tributaire d’un bassin versant de 2059 km2, la rivière Malbaie prend sa source sur les hauts plateaux au nord, sur la couronne du cratère d’une hauteur de 820 m qu’elle dévalera en parcourant 160 km pour se jeter dans le fleuve St-Laurent, à la hauteur de La Malbaie ou de la Malle Baye, comme l’a nommée Champlain, puisqu’à marée basse, les bateaux s’y échouaient, ne pouvant repartir qu’à marée haute. La rivière s’est tracé un chemin entre les montagnes fissurées et rabotées par une multitude de glaciations. Il en reste toujours aujourd’hui des sommets hardis et solides comme nos ancêtres qui défrichèrent ses forêts pour alimenter les voraces machines à papier du Québec.

Après de nombreuses années d’exploitation industrielle et d’efforts concertés de la part de bénévoles et de partenaires du milieu, la rivière est devenue accessible à la pêche sportive en 1998.

Le territoire de pêche comprend 73 fosses réparties en 2 secteurs non contingentés et 2 secteurs contingentés.

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Le premier secteur non contingenté débute à La Malbaie pour prendre fin à Clermont. Il comprend 15 fosses toutes facilement accessibles par la route 138 au sud de la rivière ou au nord par le chemin de la Vallée. Ce secteur est productif principalement en début d’été, à compter du 15 juin, date d’ouverture de la pêche sportive.

Tout comme pour le secteur de la zec des Martres, son environnement est magnifique et, à lui seul, vaut le déplacement. Dans ce secteur aux parois escarpées se projetant vers le ciel, là où les géants se sentiraient à l’aise, nous nous sentons, de notre côté, reconnaissants et contemplatifs face à une telle beauté.

Le premier secteur contingenté se situe sur le terrain de l’usine de Produits forestiers Résolu à Clermont, un terrain industriel privé. Pour assurer la sécurité des visiteurs, son accès est limité aux pêcheurs avec un accompagnateur accrédité par S.R.M. et Résolu. Ce secteur peut recevoir 10 pêcheurs, dont 4 dans la fosse A et 6 dans la B. L’accès se fait à compter de 6 h le matin pour une durée de 4,5 heures, et de 16 h à 21 h. Durant le temps de pause, de 10 h 30 à 16 h, les pêcheurs de ce secteur peuvent profiter des 15 fosses du secteur non contingenté de Clermont-Malbaie.

Vous êtes novice et vous voudriez vous initier à ce merveilleux sport vous connectant avec la nature? S.R.M. vous offre tout l’équipement pour une première expérience et même une deuxième si, comme pour la plupart des pêcheurs, le gout vous prend. Bottes de pêche à gué, canne, mouches, vous trouverez tout ce qu’il vous faut pour gouter au plaisir de taquiner le saumon.

Le deuxième secteur contingenté, dans le Parc national des Hautes-Gorges (PNHG), comprend 24 fosses pour 6 perches. Ce secteur est surtout productif à la fin de l’été, en aout et en septembre. On accède à toutes ses fosses par le chemin du parc.

Nouvelle expérience de pêche Récemment, en collaboration avec Descente Malbaie de St-Aimédes-Lacs, nous avons tenté une nouvelle expérience qui, à la suite d’un essai avec deux pêcheuses reconnues pour leur gout de l’aventure en rivière, spécialement pour la pêche au saumon, s’est avérée très intéressante. Nous offrons maintenant une descente-pêche dans le secteur non contingenté à bord de canots ou de radeaux, tous deux pneumatiques. La descente, d’une durée de huit heures, permet d’accéder à plusieurs fosses (une vingtaine dans le cas de notre expérience) dont certaines moins accessibles par la route. Nous arrêtons selon les besoins pour pêcher à gué dans les fosses les plus prometteuses, et pour diner. Cette expérience associant pagaie et canne à pêche permet de garder les muscles bien réchauffés et d’admirer le paysage tout au long de la descente.

Qu’est-ce qui différencie S.R.M. ? Mis à part ses caractéristiques toutes plus intéressantes les unes que les autres, qu’est-ce qui différencie la Malbaie? C’est Charlevoix. De

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Le deuxième secteur non contingenté se situe dans la zec des Martres et comprend 32 fosses dans un environnement sylvestre de toute beauté. Ce secteur sera plus productif une fois que la montaison aura atteint un certain niveau, après environ un mois de montaison, soit à la mi-juillet.

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Possibilité d’apprentissage pour les novices


NO S RIV IÈRES

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toutes les rivières de 1000 saumons, la Malbaie, par son appartenance à Charlevoix, est probablement celle qui offre le plus d’à-côtés intéressants, comme le casino, le golf, la nature et le plein air, les arts, la culture et le patrimoine, l’agrotourisme, une foule de sentiers de randonnée pédestre, le parc national des Hautes-Gorges avec ses attraits majestueux et le parc des Grands-Jardins. Un choix étendu de services d’hébergement est aussi offert, du Manoir Richelieu aux nombreux terrains de camping de la région, dont « Le Saumonier », propriété de S.R.M., en passant par les auberges comme le Relais des Hautes-Gorges, les gites, les couettes et café de St-Aimé-des-Lacs et les yourtes du PNHG. Venez pêcher le saumon et profiter de tous les à-côtés de Charlevoix. Si vous n’êtes pas chanceux au saumon, peut-être le serez-vous au casino, mais certainement le serez-vous à profiter de tous les attraits de Charlevoix. Pour plus de détails sur l’offre régionale en tourisme, consultez le site Web de Tourisme Charlevoix à https://www. tourisme-charlevoix.com/ Vous y découvrirez une foule d’activités et de services qu’il serait trop long de décrire ici, mais par lesquels vous serez certainement charmés. Outre son charme, la Malbaie offre une proximité de Québec et de Montréal. Avez-vous déjà remarqué qu’un pêcheur a toujours tendance à se rendre très loin de chez lui pour pêcher? Quand il arrive sur un lac, il va habituellement à l’autre bout! Qu’en est-il de celui qui arrive par l’autre bout du lac? Il va pêcher justement là d’où les premiers sont partis! C’est la même chose pour les saumoSAUMON | WWW.FQSA.CA

niers. Ils ont tendance à aller très loin de chez eux et ils oublient de belles rivières à portée de main, comme la Malbaie. Un autre avantage de la rivière Malbaie est qu’elle est dotée d’une passe migratoire. Celle-ci permet de filtrer les poissons et de ne permettre que la montaison des saumons. Ainsi, on prévient la contamination de la rivière par d’autres espèces moins désirables comme le bar rayé, la lamproie, la truite arc-en-ciel et bien d’autres. Découvrez la Malbaie. Goutez au plaisir de la pêche au saumon dans la belle région de Charlevoix, le plus important dans cette expérience étant moins la capture elle-même que le fait de la vivre dans un environnement où vous pourrez prendre contact avec la nature généreuse de ses atours, et vous imprégner du sentiment de sérénité et de plénitude qu’elle procure. Dans ce pays de géants, seuls les plus forts, les plus vaillants et les plus endurants ont survécu et prospèrent encore. C’est ainsi que le roi des rivières, Salmo salar, notre saumon de l’Atlantique, a su reprendre possession de sa rivière millénaire. En partant, vous sentirez une folle envie d’y revenir. Alors, « Allez en paix et pêchez plus ». 1 Saumon Rivière Malbaie tient à remercier ses partenaires qui lui ont permis de naitre, de s’épanouir et d’accomplir sa mission d’assurer la pérennité du saumon dans la rivière Malbaie. Ces partenaires comprennent la MRC de Charlevoix-Est, la Ville de Clermont, la ville de La Malbaie, la municipalité de St-Aimé-des-Lacs et la société Produits forestiers Résolu. De plus, S.R.M. apprécie sa relation harmonieuse avec la zec des Martres et le parc national des Hautes-Gorges. 1. Variante de ce qu’on nous disait autrefois: « Allez en paix et ne péchez plus. »



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L’IMPORTANCE DES CONNAISSANCES TRADITIONNELLES POUR SEPT COMMUNAUTÉS INNUES DE LA CÔTE-NORD, ET LA PERCEPTION DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX RELATIFS AU SAUMON ATLANTIQUE

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Texte de

Mathieu Marsa Chargé de projet en environnement, AMIK Photos de

Tourisme Autochtone Québec

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Le but de ce projet était de promouvoir la conservation du saumon atlantique dans 11 rivières à saumon utilisées par sept communautés innues de la Côte-Nord, et ce, par la valorisation des connaissances traditionnelles autochtones (CTA). La collecte de CTA s’est déroulée dans chaque communauté avec la tenue d’entretiens individuels auprès d’ainés, de pêcheurs, de gestionnaires de la ressource et de biologistes issus des communautés. Au total, 57 intervenants ont été rencontrés. Les entrevues ont été filmées afin de souligner l’importance du saumon atlantique par rapport à la subsistance des Innus, à la place de cette ressource dans la culture et à sa valeur politique comme affirmation de l’identité innue. Le tournage des séquences des entrevues a permis la réalisation d’un documentaire sur les CTA innues sur le saumon atlantique en langues innue et française. À partir de ces rencontres, sept rapports individuels à chaque communauté et un rapport global ont été rédigés.

1. Les liens historiques entre les Innus et le saumon atlantique Présents depuis plusieurs milliers d’années sur le Nitassinan (Lacasse, 2004), le territoire traditionnel s’étendant du Québec au Labrador, les Innus ont une connaissance fine, empirique et ancestrale de cette région, car leur mode de vie nomade basé sur la chasse et la cueillette évoluait au cycle des saisons. Le saumon atlantique est une des espèces emblématiques de la subsistance des Innus au même titre que le caribou (Lacasse, 2004). Ce poisson constituait historiquement «une denrée de base à l’automne, alors qu’il assurait la subsistance des chasseurs pendant leur migration vers l’arrière-pays, avant la chasse au caribou. Au printemps, le retour du saumon dans les rivières constituait une nourriture prisée après les périodes de rationnement de l’hiver» (Béland, Pédrot, 2014, p.3). Au 19e siècle, l’exploitation forestière et la pêche commerciale pratiquées par les Européens sur les rivières ont grandement dégradé et impacté l’environnement des Innus. De nombreuses rivières ont été cédées à des propriétaires étrangers et les Innus se sont vu interdire la pratique de leurs activités de pêche de subsistance. WWW.FQSA.CA | SAUMON

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L’Agence Mamu Innu Kaikusseht (AMIK) est un organisme autochtone de partage de connaissances et d’expertises qui représente les intérêts de sept communautés innues de la Côte-Nord dans l’industrie des pêches, la conservation des ressources marines et le développement des produits de la mer. De 2012 à 2014, l’AMIK a mis en œuvre un projet de collecte de connaissances traditionnelles autochtones (CTA) sur le saumon atlantique dans l’ensemble de ses communautés membres.


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La perte de ces usages sur les rivières s’est étendue jusqu’aux années 1970-1980, époque à partir de laquelle les Innus ont commencé à réclamer leurs droits ancestraux, enclenchant la «guerre du saumon», une période de conflits sur les rivières à saumon de la Côte-Nord (McKenzie, Thierry, 2010). Ces évènements se sont matérialisés par de multiples mobilisations communautaires dans les villages autochtones, notamment par la pose de filets de pêche communautaires en signe de revendication politique. C’est au terme d’un long processus d’affirmation de leurs droits au nom de leur identité culturelle que plusieurs communautés autochtones à travers le Québec ont réussi à récupérer des droits de pêche sur les rivières.

a stoppé temporairement la pêche communautaire depuis 2014 en raison d’un moratoire décidé par la communauté afin de laisser la ressource se revitaliser. Les CTA innues sur le saumon atlantique ont été développées au fil de leur occupation ancestrale du territoire. Historiquement, les CTA favorisaient la conservation du saumon.

• Pour sa grande valeur spirituelle, les Innus respectaient le saumon. Pêché pour la subsistance, il n’était pas concevable d’en prendre trop et d’en gaspiller; • Cette pêche était restreinte à des périodes bien précises afin de ne pas impacter les montaisons de la ressource;

2. La place des connaissances traditionnelles et des connaissances scientifiques chez les Innus

• La notion de partage communautaire ou familial de ce poisson était capitale;

Le basculement du nomadisme à la sédentarisation des Innus a modifié les pratiques de pêche. Il a provoqué un affaiblissement graduel des pratiques traditionnelles, mais le lien avec la pêche au saumon est encore significatif dans les sept villages membres de notre organisme. Toutes les communautés poursuivent des activités de pêche au saumon. Seul le village d’Essipit en Haute-Côte-Nord

• À l’origine, la pêche se faisait au harpon. Tout le processus de création du harpon représentait en soi un symbole de transmission du savoir ancestral des ainés aux plus jeunes;

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• Les conditions dans lesquelles se tenait la pêche traditionnelle suivaient une logique bien précise. C’est à la tombée de la nuit que les Innus pêchaient, à bord de deux canots reliés par des perches et à la lueur d’un flambeau (Laberge, 1999).


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Les connaissances ancestrales relatives au saumon sont des pratiques connues par les membres des communautés innues, mais moins utilisées de nos jours. • La pêche individuelle est davantage développée aujourd’hui; • Les pêches communautaires pour célébrer la tradition et la consommation de ce poisson se font au moyen d’engins de pêche modernes; • Le partage et les démonstrations de respect envers l’animal ne sont plus autant pratiqués qu’auparavant, car les jeunes générations n’ont pas grandi dans le bois; • La pêche au filet se pratique de manière plus conventionnelle; • La vente de saumon s’est davantage développée. Les sciences occidentales sont arrivées bien plus récemment dans l’histoire des Innus. Les participants à la collecte de connaissances ont observé, année après année, la réduction des montaisons de saumons dans les rivières de la Côte-Nord qu’ils fréquentent. Devant ce constat, plusieurs participants sont favorables à l’introduction des connaissances scientifiques pour améliorer la gestion de la ressource. Ils ont regretté l’absence de comptages des remontées de saumons et des sites de fraie. Ils ont

aussi indiqué qu’il n’y avait pas d’études pour estimer le succès reproducteur des saumons (Béland, Pédrot, 2014). Plusieurs participants souhaiteraient voir se développer des formations, du transfert d’expertise ainsi que des activités de sensibilisation afin de résoudre localement les problèmes liés au saumon.

3. La perception des communautés autochtones à l’égard des problèmes qui touchent le saumon Le saumon atlantique a été déclaré en situation préoccupante en 2010 par le Comité sur les Espèces en Péril du Canada (COSEPAC, 2010). Plusieurs problèmes relatifs au saumon ont été identifiés par les intervenants interrogés. Ces enjeux sont concentrés en cinq thèmes: problèmes extérieurs, pratiques de pêche, pratiques de gestion, vision de la pêche et communication (Béland, Pédrot, 2014). Les problèmes extérieurs tels que les barrages hydroélectriques figurent comme l’un des problèmes majeurs perçus par les Innus. Ces infrastructures entrainent des impacts environnementaux comme l’érosion des berges des rivières, des coupes forestières dans les bassins versants et une potentielle pollution (Béland, Pédrot, 2014). Des problématiques plus générales ont aussi été mentionnées par les répondants, tels les changements climatiques ou la pollution liée à des activités industrielles. En plus de ces impacts, la réalisation d’activités sans consultation satisfaisante des communautés, ou parfois sans leur consentement, a aussi été identifiée comme problématique (Béland, Pédrot, 2014). La pêche en haute mer a été fréquemment identifiée par les répondants comme responsable d’impacts négatifs sur le saumon (Béland, Pédrot, 2014). Plusieurs pratiques de pêche sont remises en cause, que ce soit la pêche sportive ou la remise à l’eau, qui est vue par plusieurs comme étant du gaspillage (Béland, Pédrot, 2014).

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Pour la gestion de la ressource, la difficulté de développer une gestion satisfaisante du saumon et de surveiller la rivière est souvent évoquée, car les fonds manquent pour financer ces activités. De même, le manque de connaissances scientifiques sur les rivières gérées par les Innus constitue une problématique supplémentaire (Béland, Pédrot, 2014).

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La vision de la pêche au saumon a évolué ces dernières années. Les ainés perçoivent un fossé générationnel avec les jeunes des communautés entre une pêche communautaire et une pêche individuelle. La perte de savoir traditionnel est constatée également, car les connaissances sont moins transmises entre les générations. Enfin, plusieurs intervenants regrettent que des lacunes existent au niveau de la transmission d’informations à l’intérieur des communautés. Par ailleurs, entre les communautés, l’absence de partage de connaissances et le manque de concertation sur la gestion du saumon sont perçus négativement. À la lumière des observations recueillies à l’issue de la collecte de connaissances, l’AMIK a développé, avec ses partenaires innus, plusieurs projets pour tenter de réagir aux différents enjeux. En mars 2015, l’Agence a organisé un colloque sur la gestion innue du saumon avec des représentants de chaque communauté. En juin 2015, une table

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de concertation innue a été créée pour favoriser l’échange et le développement de mesures de gestion adaptées aux communautés. Depuis 2016, un projet de suivi de la température estivale de l’eau des rivières à saumon a été développé afin de surveiller les températures élevées pouvant impacter la santé de ce poisson. Si des problèmes de température sont constatés, cette étude pluriannuelle doit permettre d’orienter les communautés dans leur gestion du saumon.

Références: BÉLAND, C. et PÉDROT, C. (2014). Analyse Globale : Diagnostic de la pêche et de la gestion du saumon atlantique dans sept communautés innues. AMIK, 54p. COSEPAC. 2010. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le saumon atlantique (Salmo salar) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. i + 162 p. www.registrelep.gc.ca/Status/Status_f.cfm. LACASSE, J.P. (2004). Les Innus et le territoire innu tipenitanum. Collection territoires Septentrion, 272p. McKenzie, Gérald et Thierry Vincent. « La « guerre du saumon » des années 1970-1980 : Entrevue avec Pierre Lepage. » Recherches amérindiennes au Québec 40.1-2 (2010): 103–111. DOI : 10.7202/1007501ar.


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35 PLUS OU MOINS BONNES RAISONS POURQUOI ON COMMENCE ET CONTINUE À PÊCHER Texte de

Jean-Sébastien Rousseau Lendemain de Trôle Photos de

Lendemain de Trôle

#3 #1

#2

J’AIME ME FAIRE DIRE : « Y’A PAS DE POISSONS ICITTE ! » QUAND JE PRATIQUE MES LANCERS DANS UN PARC

LES WADERS METTENT MES FESSES À LEUR AVANTAGE

J’AIME ÉCHANGER EN TERMES MILITAIRES AVEC MES AMIS ET FAIRE DES SIGNES POUR IDENTIFIER LE NOMBRE DE POISSONS DANS LES FOSSES

#4

#5

#6

ÇA ENTRETIENT MA RÉPUTATION DE B.A.1

ÇA JUSTIFIE LE DÉSORDRE ET L’ODEUR DE MON JEEP

ÇA ASSOUVIT MES PASSIONS POUR LES CHAPEAUX ET LES LUNETTES POLARISÉES

B.A. : Acronyme du terme Badass. Un ou une Badass est une personne exhibant de rares qualités dans notre monde actuel, dont l’authenticité, le contrôle de la peur, l’assurance, la persévérance et l’éthique. Dans une ligue à part, le Badass ne se retourne pas et ne sursaute pas lors d’une explosion. Diamétralement opposées au Badass, vous retrouvez les personnes aux attitudes contraires, dont le D.A., Dumbass, ou le D.B., Douchebag.

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#7 J’AIMAIS MIEUX LE PATIN DE VITESSE, MAIS JE N’ARRIVAIS PLUS À GÉRER LE RIDICULE DE LA COMBINAISON SERRÉE

#8

#9

JE N’AI PAS À PRENDRE UNE DOUCHE QUOTIDIENNE

POUR GAGNER LE RESPECT DE MON PÈRE

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#11

J’AI AUTANT DE SURPRISES QUE SUR TINDER

POUR LES LIKES ET LES SHARES SUR FACEBOOK

#12 POUR AVOIR L’ÉPAULE DROITE PLUS MUSCLÉE

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#10

#13 J’AI UNE VESTE DE PÊCHE, JE DOIS LA RENTABILISER

#14 LA RANDONNÉE PÉDESTRE POUR SE RENDRE AUX FOSSES EST MA VRAIE PASSION

#15 J’AI UNE GOPRO

#17

#16 J’AIME LES INSECTES QUI PIQUENT, MORDENT OU ENTRENT DANS LA PEAU

#19

#20

PAS LE CHOIX, J’HABITE PRÈS D’UNE RIVIÈRE À SAUMON

JE PENSAIS IMPRESSIONNER LE SEXE OPPOSÉ AVEC ÇA

J’ADORE LES VÊTEMENTS LENDEMAIN DE TRÔLE

#18 POUR POUVOIR ME LEVER TÔT ET AIMER ÇA

#21 MON ÉPOUSE OU MON MARI PEUT SE REPOSER QUAND JE SUIS PARTI(E)

#22 ÇA PERMET D’AUGMENTER MON IMC (INCROYABLE MASCULINITÉ CORPORELLE)

#23 SI LA PÊCHE VA AUX OLYMPIQUES, J’AURAI PEUT-ÊTRE UNE CHANCE DE MÉDAILLE

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#24

#25

JE N’AI MALHEUREUSEMENT PAS ÉTÉ PRIS DANS L’ÉQUIPE DE CURLING DE MA PAROISSE

POUR LA DÉCHARGE D’ADRÉNALINE LÉGALE

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#26 JE PENSAIS QUE LA PÊCHE, C’ÉTAIT TOUJOURS COMME DANS MORDU DE LA PÊCHE

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#27 POUR QUE MA PROGÉNITURE SACHE D’OÙ VENAIENT LES POISSONS AVANT LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE

#28

#29

#30

J’AIME SURTOUT JOUER AUX CARTES LE SOIR DANS UN CHALET

LES DÉBATS SUR LA PÊCHE SUR LE WEB ME FONT MOURIR DE RIRE

JE PENSE QUE J’AI L’AIR DE BRAD PITT DANS A RIVER RUNS THROUGH IT (LA RIVIÈRE DU SIXIÈME JOUR)

#33 #31

#32

C’EST PLUS SÉCURITAIRE QUE LE HOCKEY

MON JEU DE PÊCHE SUR LA WII A BOGUÉ

#34 LE HOUBLON FERMENTÉ

#35 JE RÊVE D’AVOIR UNE PHOTO DANS LA REVUE SAUMON DE LA F.Q.S.A.

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JE PENSAIS QUE LES FOSSES ÉTAIENT UNE BONNE PLACE POUR CRUISER



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ÉQUIPEMENTS

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Caméra thermique Compact XR Cette caméra détecte la température de -40°F à 626°F. En la branchant sur un téléphone intelligent avec le système Android, elle utilise les fonctions de l’appareil pour les photos, la vidéo et la mémoire. Ce peut être un outil intéressant pour détecter les refuges thermiques sur les rivières à saumon. Elle nécessite l’application Seek Thermal, gratuite sur Google Play. Elle a une portée de 1800 pieds et fonctionne autant le jour que la nuit. Il existe aussi différents modèles, dont pour les appareils Iphone. Pour plus de détails sur ce produit, consultez le www.thermal.com.

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J’HABITE QUÉBEC CITY

Photo : Rémy Simard

Texte de

Marie-Ève Cournoyer

La splendeur du bonheur prend tout son sens lorsqu’il s’agit d’observer sa soie caresser un cours d’eau. La pureté de cet instant ravive, pour la majorité d’entre nous, un état d’absence où le temps semble tout simplement s’ancrer et se purifier. Les pieds dans l’eau, chaque seconde s’intensifie et le sentiment d’être en synergie avec la nature s’agrandit. Le poisson finira bien par mordre, mais... Quand ? Comment ? Et avec quelle mouche ? N’étant pas l’experte du métier, mais bel et bien une grande passionnée, c’est probablement l’attraction vers ce moment de surprise qui me pousse, comme la majorité d’entre nous, à revenir de semaine en semaine sur le bord d’une rivière. Lorsqu’on habite loin de la Gaspésie et que nous avons besoin de cette dose rapidement et quotidiennement, il est essentiel d’aller découvrir ses environs. Habitant la ville de Québec depuis quelques années, j’ai exploré plusieurs endroits me permettant de retrouver ce petit bonheur tout en conservant une certaine proximité avec la Capitale-Nationale. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Chute Montmorency Avec son paysage à couper le souffle, la chute Montmorency est un lieu de pêche unique et authentique à Québec. Le sentiment d’être en pleine nature après le boulot avec en extra une projection de lumières colorées en soirée ne vous laissera guère indifférents. Sa proximité avec le fleuve Saint-Laurent lui permet d’accueillir tout au long de l’été plusieurs espèces de poissons très intéressantes. Vous pourrez donc pêcher à la mouche de la truite arc-en-ciel et steelhead (tête d’acier), de la truite de mer, de la truite brune, de l’achigan, du doré et plus encore! Très tôt en début de saison, vous y retrouverez des pêcheurs qui pourront certainement vous dire à quel point ils avaient hâte de revenir pratiquer leur lancer dans l’énorme bassin de 17 mètres de profondeur, rempli de surprises. Ceci dit, si vous débutez dans le domaine ou que vous cherchez un bel espace d’essai pour votre nouvelle canne, c’est l’endroit de prédilection.

Rivière Sainte-Anne de Beaupré Si vous désirez pêcher dans un endroit étonnant par la grosseur de ses truites de début de saison, la rivière Sainte-Anne de Beaupré sau ra vous charmer. On y retrouve une bonne quantité de poissons à l’embouchure de la rivière et, de plus, les endroits pour pêcher à gué y sont facilement accessibles. Ma mouche de succès pour cette rivière : un Muddler foncé ! La simplicité de s’y rendre pour un bon souper sur le bord du fleuve vaut le détour !


Enfin, c’est une chance que nous avons d’être entourés d’eau poissonneuse et de pouvoir y accéder rapidement pour y faire briller nos yeux. Je crois bien que nous devons laisser ce genre de moments prendre de la place dans nos vies de passionnés puisque ce n’est que du positif qui en découle! La pêche à la mouche est un ingrédient à la recette du bonheur de bien des gens et c’est incroyable de voir à quel point ce passe-temps est la plus belle dépendance qui soit. « La passion est toujours logique parce qu’elle empêche l’homme de raisonner, il devient un élément. »
Citation de Louis Joseph Mabire

Mes choix de mouches Photo : Marie-Eve Cournoyer

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À une courte distance de Québec, lorsque vient le temps de profiter de la fin de semaine, deux autres endroits m’interpellent : la rivière du Gouffre et la Malbaie. Plongées en plein cœur de Charlevoix, celles-ci nous offrent des trouvailles de paysages pour pêcher le grand saumon et de belles truites arc-en-ciel. Étant une grande épicurienne, je suis toujours comblée par les découvertes gastronomiques de cette région. Quelle joie de pouvoir encourager les artisans locaux en même temps que de s’offrir des moments hauts en couleurs avec le fameux roi de la rivière.


P Ê CH EU RS

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MOI, MES AMIS… Texte de

Jean-Sébastien Rousseau Lendemain de Trôle Photos de

Lendemain de Trôle

S’il est bien connu que la pêche nous offre l’occasion d’explorer des lieux d’exception, cette activité offre également d’autres bienfaits en tout point remarquables. Parmi ceux-ci, l’occasion de créer et de consolider des liens humains, presque fraternels, est la raison qui incite plusieurs à se lancer dans des voyages de pêche.

8 h 15

5 h 30

« FISH ! Non non non, pas la roche […] ok ok, c’est beau, non non NON, pas la branche […] WOOOUUUH, as-tu vu ça sauter ?! Ok les gars, êtes-vous prêts avec le filet ?! »

Une étrange mais agréable impression de déjà vu s’empare de vous alors que vous observez vos amis négocier pour la première descente de fosse, à grands coups de roche-papier-ciseau et de shotgun. Eh oui, vous réalisez que vous pêchez avec eux chaque année depuis plus de 10 ans. Il fait encore nuit, déjà votre premier café est presque terminé. La préparation du matériel de pêche s’effectue sur le pilote automatique. Un sentiment de bien-être accompagne ce processus alors que la forêt s’éveille et dévoile une brume automnale qui semble caresser la rivière. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Le premier poisson est capturé et le moral des troupes grimpe vers son apogée. Tous ressentent l’adrénaline contagieuse de celui qui a combattu et relâché la première vraie prise de la journée. La pêche demeure pour vous un travail d’équipe. Bien que ce travail d’équipe génère une pêche plus efficace et agréable, il existe tout de même une rivalité amicale. Chacun souhaite être le premier à prononcer des paroles sacrées comme celles-ci :

D’après la courbure de la canne, tous arrivent déjà à imaginer la taille du poisson. Pour un beau saumon, entre l’attaque initiale et les high five qui suivent la remise à l’eau, tout se déroule au ralenti et l’euphorie collective provoque une expérience quasi extrasensorielle. L’élu qui a pris le poisson savoure chaque instant de son combat.

10 h 45 PISHHH. Si la décharge d’adrénaline précédemment décrite est contagieuse, il en va de même pour le bruit de la première cannette


12 h 20 Le poisson ne bouge plus. Les périodes plus calmes sont fertiles pour déblatérer au maximum. La nature est toujours un lieu propice pour ventiler les blagues que l’on censurerait dans dans des contextes où le fait de filtrer son discours est d’usage plus courant. Les rires aux larmes ont quelque chose de thérapeutique. Sans que vous ne vous en rendiez compte, l’histoire s’écrit d’ellemême. Depuis que vous avez déposé vos valises dans le chalet, chaque péripétie est susceptible de devenir un souvenir qui sera raconté encore et encore autour de feux de camp. Vous savez, ces souvenirs qui ont tellement été racontés que même vos amis qui n’y étaient pas ont maintenant l’impression d’y avoir été… Ces récits ont généralement tendance à être romancés par l’orateur au fil des ans. Ils passent d’une recension des faits à de véritables récits d’aventures basés sur des faits vécus, mais dont les faits vécus se perdent dans de nouveaux éléments qui relèvent presque de la fabulation. Je pense que c’est ce que l’on appelle

des « histoires de pêche » ! Des histoires où le conteur vous expose à un crescendo d’émotions. C’est précisément l’amplification de certaines informations qui mène à une chute théâtrale qui vous fait presque regretter de ne pas y avoir été.

17 h La journée avance. D’autres poissons ont été relâchés et d’autres cannettes décapsulées. Vous avez maintenant l’impression de flotter. L’ivresse qui s’empare de vous est multifactorielle. Est-ce le houblon fermenté ? L’adrénaline des dernières captures ? À moins que ce soit la suroxygénation sanguine secondaire au grand air et aux hilarités qui ont dilaté votre rate, relâchant du même coup une quantité inattendue de globules rouges dans vos veines. Ou encore, le savant mélange de dopamine, de sérotonine et de noradrénaline libéré par votre cerveau à la fin d’une journée de pêche avec vos chums ! Ok, vos pensées dérapent. Il est peut-être temps d’accrocher votre hamac et de faire une petite sieste au bord d’une fosse.

21 h L’heure du souper est généralement une autre occasion d’argumentaires animés et divertissants sur ce qui aurait dû être acheté ou non à l’épicerie avant le départ. L’épicerie la plus proche est à des dizaines de kilomètres. Plus tard, les jeux de cartes, de dés ou autres vous permettent de faire le point sur les bons coups de la journée.

22 h Il est bon dans la vie de tout prendre avec modération, parfois même la modération…! Je vais simplement rappeler que, selon Éduc’alcool, les femmes qui veulent consommer de l’alcool de façon modérée devraient se limiter à 2 verres par jour et à un maximum de 10 verres par semaine. Les hommes qui veulent boire de façon modérée, eux, doivent se limiter à 3 verres par jour et à un maximum de 15 verres par semaine.

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de houblon fermenté que l’on entend décapsuler. Rapidement, les vieilles anecdotes refont surface, les éclats de rire font écho dans la vallée et vos amis et vous réalisez que vous avez complètement réinventé la chanson Bobépine de Plume Latraverse. La mélodie est demeurée intacte, mais vous avez de nouveaux couplets liés aléatoirement à l’absence de poisson dans un secteur, à la fiabilité douteuse de la voiture d’un ami ou au nouveau chapeau un peu louche d’un autre.


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Au sein d’un groupe de pêcheurs, on distingue généralement quelques stéréotypes. Voici ceux que j’observe plus régulièrement. Peut-être vous reconnaitrez-vous ou identifierez-vous certains de vos amis :

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Le survivant: Avec lui, vous pourriez survivre 7 jours, bien que vous pêchiez à 2 minutes de la voiture et à 20 minutes de marche d’un commerce. Toujours prêt au pire, il possède dans sa veste de pêche : sifflet, corde, boussole, comprimé de purification de l’eau, bear spray, 6 couteaux différents, radio émetteur. Il connait le code morse, peut faire du feu avec ses coudes et a probablement été élevé par une meute de loups dans la jungle.

Le leurre à 20$: Alors que le guide vous a conseillé de pêcher avec une toute petite mouche, il considère qu’un hameçon à requin avec un rôti de bœuf est le minimum requis pour s’attaquer au plus gros spécimen. Vous pêchez du poisson alors qu’il semble traquer l’ours.

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L’équipé : Veste, chapeau, leurres à la mode. Il a toujours le meilleur équipement de pêche qui soit, peu importe les couts. Pour lui, la réussite d’un pêcheur, c’est 5% d’habiletés, 5% de chance et 90% dans le look.

L’inattentif : Il oublie son coffre, échappe une canne à l’eau, marche sur sa canne, n’a pas d’imperméable ou de bottes, arrive pour pêcher sur le fleuve en camisole, ne peut pêcher en même temps que conduire, etc.

Le conseiller: C’est bien de recevoir quelques bons conseils sur un lac ou une rivière. Par contre, lui va plus loin. Il vous informe exactement de quelle résistance de fil utiliser, avec tel nœud et telle mouche, d’où lancer, de quel type de lancer utiliser, d’où manger au restaurant et par quel chemin retourner à la maison !

Le bredouille: Le soleil est trop chaud, c’est la pleine lune, il n’a pas ses lunettes polarisées, vous avez amené une banane sur le bateau, etc. Il vous sortira n’importe quoi pour justifier l’absence de poissons, sauf la possibilité qu’il ne prenne rien durant une journée.

L’entremêlé : Quoi qu’il en dise, la fréquence à laquelle il est emmêlé dans votre ligne, soit en lançant ou en trôlant, est simplement trop élevée pour que ce ne soit qu’une coïncidence. Il est aussi souvent pris très haut dans un arbre avec sa ligne. On préfère ne pas pêcher trop près de lui, mais l’avoir à vue, car c’est toujours drôle.

Le like and share: Alors que vous voulez seulement décrocher et prendre du poisson, il tente de choisir quel filtre photo mettre sur une publication Instagram. Ses notifications n’arrêtent pas de sonner alors qu’il vous explique à quel point sa dernière photo fait « péter des likes ».

Le Jean Perron: Il peut vous entretenir sur son nouveau lancer en tourbichau, la force du chenore du fleuve St-Laurent ou l’amerture de la bière de microbrasserie. Discuter avec lui est toujours riche en moments cocasses, surtout s’il a bu quelques consommations.

Le monstre d’eau douce : Chaque touche sur sa ligne est qualifiée de monstre, de palette ou de géniteur de taille spectaculaire, mais tout le monde doute de ses estimations quant à la taille de ses poissons.



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GALERIE DES MEMBRES Envoyez-nous une photo de votre dernière aventure en identifiant le pêcheur, la rivière et le photographe. Vous pourriez paraitre dans le prochain numéro du Magazine Saumon !

À GAGNER

Carte de membre de la FQSA

Boite de mouches à saumon

IMPORTANT

1

Envoyez-nous votre photo par courriel à communication@fqsa.ca

2

Envoyez la photo en format JPEG avec la plus grande résolution possible.

3

Le participant permet à la FQSA d’exploiter et d’utiliser à toutes fins chacune des photographies soumises.

Consultez notre site Web et notre page Facebook pour connaitre le gagnant.


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Pêcheur : Jacques Bouchard

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Rivière : Dartmouth

Pêcheur: Francis Gauthier | Rivière: Bonaventure WWW.FQSA.CA | SAUMON


42 LE MAGAZINE SAUMON Pêcheur : Neil Houlding

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Pêcheur : Richard Laforest

Rivière : Petite Cascapédia

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Rivière : La Corneille


Pêcheuse : Geneviève Fournier

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Rivière : Cascapédia




É T U DE

Pêcheurs scientifiques à l’action sur la rivière Romaine. Camille Lavoie

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LE RÔLE DU MICROBIOTE DANS LA SURVIE DES SAUMONS Texte de

Camille Lavoie Étudiante à la maitrise en biologie Laboratoire Derome Université Laval

Au Québec, des ensemencements de juvéniles sont réalisés afin de restaurer les populations de poissons dont les effectifs ont été réduits pour diverses raisons. Les saumons ensemensés dans ces rivières, entre autres la Malbaie et la Rimouski, sont nés dans la pisciculture de Tadoussac. Il a toutefois été constaté que les méthodes de stockage actuelles ne répondent pas aux résultats escomptés; les poissons nés d’écloserie et ensemensés présentent des taux de survie nettement inférieurs (de 0,1 à 0,5%) que leurs proches nés sauvages (4%) (11,12). Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer cet écart. Certaines études ont par exemple identifié des différences notables sur la morphoSAUMON | WWW.FQSA.CA

logie des individus ensemensés, sur leur comportement alimentaire une fois introduits en nature ainsi que sur le succès de reproduction significativement plus élevé chez les individus sauvages.

Qu’est-ce que le microbiote ? Chez les humains comme chez le saumon, des millions de bactéries colonisent toutes les surfaces corporelles en contact avec l’environnement, c’est-à-dire la peau et la totalité du tube digestif. Nous attribuons le terme « microbiote cutané » ou « microbiote intestinal » à la communauté de bactéries vivant en association étroite avec un être vivant, l’hôte de ces bactéries. Ce type d’association, appelé symbiose, se décrit donc par les effets mutuels bénéfiques que nous trouvons entre les deux acteurs : l’hôte offre un environnement propice à la croissance des bactéries alors que ces dernières effectuent plusieurs fonctions essentielles qui assurent le bon fonctionnement du métabolisme de celui-ci.


Photo : Camille Lavoie

Dans le tube digestif, le microbiote participe à la régulation de la digestion, à l’absorption des nutriments ainsi qu’au développement des cellules intestinales(1). De plus, le microbiote cutané et intestinal fait office de première ligne de défense en empêchant la colonisation et la prolifération des bactéries pathogènes sur les différentes surfaces corporelles(2,3).

Pourquoi s’intéresser de plus près au microbiote du saumon ? Ainsi, comme il a été démontré que les saumons ensemencés montrent un taux de survie beaucoup plus faible que les saumons sauvages(9), il est raisonnable de croire que la divergence dans la composition de leur microbiote amplifie la difficulté des individus ensemencés à s’adapter au milieu naturel. Afin d’investiguer davantage sur ce phénomène, une étude en cours récolte des échantillons de microbiotes de saumon en pisciculture ainsi que dans la rivière Romaine.

À la lumière de tels résultats, il est possible de faire la proposition suivante : la survie des individus ensemencés serait influencée par la composition de leur microbiote. Depuis 2014, des smolts provenant de la rivière Romaine sont élevés au Laboratoire de Sciences Aquatiques (LARSA) de l’Université Laval. Parvenus à l’âge adulte, ils produisent des œufs qui sont incubés afin d’être ensemencés au stade alevin. Ces saumons sont traités dans un environnement contrôlé où des traitements de désinfection sont appliqués pour empêcher l’apparition de certaines infections. La station d’incubation de la rivière Romaine, en opération depuis 2016, utilise directement l’eau de la rivière, sans traitement, pour incuber les œufs. Il s’agit donc d’un milieu qui se rapproche davantage du milieu naturel. Le projet vise ainsi à comparer ces deux méthodes d’élevage. Notre hypothèse est que les alevins ayant été produits de façon différente auront des différences marquées au niveau de leur microbiote lors de l’élevage ainsi qu’à la suite de leur introduction en milieu naturel. Pour le démontrer, notre étude doit vérifier si la flore cutanée et intestinale des trois groupes, soit les saumons sauvages, les saumons ensemensés du LARSA et ceux de la station piscicole de la Société saumon de la rivière Romaine (SSRR), est différente à plusieurs

Cette étude a comme objectif d’analyser de manière détaillée la flore du saumon avant et après l’ensemencement, en la comparant à celle des saumons sauvages. Si les résultats s’avèrent concluants, cette étude pourrait contribuer à l’optimisation des méthodes de conservation présentement utilisées. Puisque ce sont plusieurs types de bactéries qui composent le microbiote, certains facteurs auront une incidence variable sur celles présentes dans ce dernier : la diète, la prise d’antibiotiques, le stress, en plus de la génétique de l’hôte, sont connus pour modifier la composition bactérienne du microbiote(4, 5, 6, 7). Conséquemment, l’étude du microbiote s’avère pertinente puisqu’il a été tout récemment démontré que la flore bactérienne du saumon varie selon son origine, c’est-à-dire pisciculture versus milieu naturel.

Récolte du microbiote cutané d’un saumoneau. Photo : WSP WWW.FQSA.CA | SAUMON

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Prise de la nageoire adipeuse d’un saumon atlantique adulte.

Le microbiote des tacons nés en pisciculture est notamment influencé par leur diète, composée de moulée commerciale enrichie de protéines d’origine végétale. Par contre, en milieu naturel, les tacons se nourrissent de larves d’insectes, des protéines d’origine animale. Il est donc possible que le microbiote des tacons ensemencés ne leur confère pas toutes les fonctions digestives dont ils ont besoin afin de survivre dans leur nouveau milieu, ces derniers étant adaptés à une alimentation d’origine végétale et non pas aux protéines animales qu’ils retrouvent dans l’environnement naturel. De plus, lors du processus d’ensemencement, les tacons sont exposés à de nouveaux microorganismes avec lesquels ils n’ont pas été en contact auparavant. Conséquemment, il est probable que la première ligne de défense contre les agents pathogènes ne soit pas complètement adaptée à bien protéger les tacons ensemencés contre ces nouveaux organismes inconnus.


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stades de vie. Par le fait même, on pourrait s’attendre à identifier des différences importantes au niveau des bactéries selon les stades de vie ainsi que l’origine des saumons, et atteindre nos objectifs, qui sont les suivants: 1) identifier les principales bactéries bénéfiques qui composent la flore des saumons sauvages, 2) déterminer si l’élevage dans des conditions se rapprochant du milieu naturel est profitable pour la formation de la flore microbienne des individus ensemencés et 3) caractériser la formation du microbiote selon les stades de vie. De cette manière, nous pourrons déterminer à quel stade les individus ensemencés pourraient bénéficier d’un environnement leur permettant d’acquérir les bactéries qui seraient favorables à leur survie à la suite de leur introduction. Les méthodes d’ensemencement actuelles, dont le succès est au-dessous des résultats escomptés, pourraient bénéficier d’un enrichissement de l’environnement afin qu’il se rapproche des conditions naturelles. Par le fait même, l’acclimatation des saumons aux conditions de pisciculture ainsi que les modifications dans la composition du microbiote des individus ensemencés pourraient y être atténuées, permettant d’optimiser leur survie à la suite de leur ensemencement. L’intégration des interactions hôtes-microbiote en pisciculture s’avère donc fort prometteuse pour la conservation des populations de saumons atlantiques, mais également pour toutes les espèces de poissons dont les populations connaissent un déclin démographique important.

FEMELLE DE 10LB OEUFS

ALEVINS

TACONS

SAUMONEAUX

« L’objectif, ce n’est pas d’ensemencer toujours, indéfiniment, mais de permettre à la population de remonter et qu’éventuellement elle s’autosuffise. » - François Caron, biologiste et directeur général de la Société Saumon de la Rivière Romaine

Levée d’un chalut destiné à la capture de saumoneaux. Photo : WSP

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Références: 1. Tremaroli, V. et F. Bäckhed. 2012. Functional interactions between the gut microbiota and host metabolism. Nature 489:242-249. 2. Balcazar, J. L., D. Vendrell, I. de Blas, I. Ruiz-Zarzuela, O. Girones, and J. L. Muzquiz. 2007. In vitro competitive adhesion and production of antagonistic compounds by lactic acid bacteria against fish pathogens. Veterinary Microbiology 122:373-380.

4. Gajardo, K., A. Rodiles, T. M. Kortner, A. Krogdahl, A. M. Bakke, D. L. Merrifield, and H. Sorum. 2016. A high-resolution map of the gut microbiota in Atlantic salmon (Salmo salar): A basis for comparative gut microbial research. Scientific Reports 6. 5. Vrieze, A., C. Out, S. Fuentes, L. Jonker, I. Reuling, R. S. Kootte, E. van Nood, F. Holleman, M. Knaapen, J. A. Romijn et al. 2014. Impact of oral vancomycin on gut microbiota, bile acid metabolism, and insulin sensitivity. Journal of Hepatology 60:824-831.

8. Lavoie, C., M. Llewellyn, P. L. Mercier, M. Courcelle, N. Derome. En rédaction. Le microbiote intestinal du Saumon atlantique (Salmo salar) au stade tacon : Impact de l’élevage sur la communauté microbienne intestinale des individus destinés à l’ensemencement. 9. Milot, E., C. Perrier, L. Papillon, J. J. Dodson, and L. Bernatchez. 2013. Reduced fitness of Atlantic salmon released in the wild after one generation of captive breeding. Evolutionary Applications 6:472485. 10. Stringwell, R., A. Lock, C. J. Stutchbury, E. Baggett, J. Taylor, P. J. Gough, and C. G. de Leaniz. 2014. Maladaptation and phenotypic mismatch in hatchery-reared Atlantic salmon Salmo salar released in the wild. Journal of Fish Biology 85:1927-1945. 11. Araki, H., B. A. Berejikian, M. J. Ford, and M. S. Blouin. 2008. Fitnessof hatchery-reared salmonids in the wild. Evolutionary Applications 1:342-355. 12.Corporation du Bassin de la Jacques-Cartier (CBJC). 2016. Communications personnelles, Antoine Rivierre.

6. Boutin, S., L. Bernatchez, C. Audet, and N. Derome. 2013. Network Analysis Highlights Complex Interactions between Pathogen, Host and Commensal Microbiota. Plos One 8(12): e84772. doi:10.1371/journal.pone.0084772.

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3. Chabrillon, M., R. M. Rico, S. Arijo, P. Diaz-Rosales, M. C. Balebona, and M. A. Morinigo. 2005. Interactions of microorganisms isolated from gilthead sea bream, Sparus aurata L., on Vibrio harveyi, a pathogen of farmed Senegalese sole, Solea senegalensis (Kaup). Journal of Fish Diseases 28:531-537.

7. Boutin, S., C. Sauvage, L. Bernatchez, C. Audet, and N. Derome. 2014. Inter Individual Variations of the Fish Skin Microbiota: Host Genetics Basis of Mutualism? Plos One 9(7): e102649. doi:10.1371/ journal.pone.0102649.


HOMMAGE

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LE BERGER ISLANDAIS N’EST PLUS ... Texte de

Yvon Côté Biologiste Photos de

Bernard Laroche

Le 1er juillet 2017, le monde des saumoniers apprenait avec tristesse le décès de Orri Vigfusson, Islandais de naissance, d’abord prospère homme d’affaires devenu, avec le temps, un ardent conservationniste dédié à la sauvegarde du saumon atlantique, une occupation qui en est venue à l’accaparer pleinement. Dans leur documentaire-reportage sur le saumon, Bernard Laroche et Gilbert Bégin, respectivement réalisateur et journaliste à l’émission La Semaine Verte diffusée par Radio-Canada, l’ont surnommé le Berger islandais. En effet, la dernière partie du documentaire est consacrée à la vie du saumon en mer et à la pêche au filet. Dans ce contexte, par analogie aux bergers qui protègent leurs moutons, Orri Vigfusson y est présenté comme le grand berger du saumon, celui qui plus que beaucoup d’autres a contribué à protéger le saumon par l’élimination des pêches de saumons au filet, d’abord dans son Islande natale, puis en partie dans les pays de l’Atlantique nord, particulièrement en Europe. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Homme d’affaires aguerri, il a su organiser son combat contre les pêches au filet en mer se pratiquant indistinctement sur des populations mixtes de saumons, que celles-ci soient en bonne ou en mauvaise santé biologique. Comme tout projet imaginé par un bon entrepreneur, il lui fallait une idée, de l’argent et de la détermination. Son idée : il fallait dédommager les pêcheurs qui, par l’arrêt de leurs pratiques de pêche, allaient perdre un revenu. Il a développé et négocié avec les pêcheurs des formules de compensation et, mieux encore, des programmes de réorientation vers d’autres types de pêche ou vers d’autres sources de revenus. Son moyen : créer le Fonds du saumon de l’Atlantique nord (North Atlantic Salmon Fund) pour financer la réalisation de son projet. Déterminé, il a su convaincre les gouvernements de plusieurs pays européens de contribuer à son projet de diminution, voire de cessation, des pêches de saumons en milieu marin. Ce fut une réussite totale dans son Islande natale. Il a joué un rôle important dans l’arrêt total des pêches de saumons autour des Iles Féroé. Il a également été, avec d’autres, un joueur important travaillant en coulisse pour faire en sorte que les pêcheurs groenlandais diminuent très significativement leurs activités de pêche du saumon. La clé de son succès : lui-même descendant d’une famille de pêcheurs au filet, il a su comprendre les pêcheurs, prendre un contact direct et persuasif avec eux et avec leurs associations. Pour la conservation du saumon, Orri a laissé la marque de son passage sur terre et sur mer. On doit lui rendre hommage.


É V É N E ME N TS

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SALON DE PÊCHE À LA MOUCHE 2017 Texte et photo de

Roger Médard Société mauricienne des pêcheurs à la mouche

La Société mauricienne des pêcheurs à la mouche vous invite à participer au plus grand salon de pêche à la mouche du Québec. Ce salon sert à faire la promotion de la pêche à la mouche ainsi qu’ à rencontrer les meilleurs monteurs de mouches. Il se déroulera les 25 et 26 novembre 2017 à la Bâtisse Industrielle de Trois-Rivières.

cieusement des cours aux visiteurs. Il y aura aussi des démonstrations de lancers sur place. Des ateliers sur la pêche à la mouche seront tenus par des professionnels du milieu. Également, il y aura un concours de montage pour toutes catégories de monteurs, dirigé par Gaspé Fly . Les visiteurs du salon pourront discuter avec plus de 30 monteurs parmi les meilleurs du Québec et du Nouveau-Brunswick. Ils seront sur place pour vendre leurs confections et pour répondre aux questions de ceux qui souhaitent perfectionner leur méthode de montage.

Une douzaine d’associations et d’organismes sans but lucratif (OSBL) seront présents afin de rencontrer les pêcheurs qui voudront de l’information sur leurs activités. Plusieurs compagnies d’équipement de pêche à la mouche seront aussi sur place pour vous informer des dernières nouveautés.

Il y aura sur place trois magasins, Salmo Nature, L’Ami du moucheur et L&G Fly rod, qui vous offriront des spéciaux à couper le souffle sur le matériel de montage.

De plus, il y aura un bassin de lancer intérieur de 60’ X 16’ pour faire l’essai de cannes et de soies ainsi que pour perfectionner des techniques de lancer. Des instructeurs de lancer donneront gra-

Pour suivre l’évolution du salon, vous n’avez qu’à consulter notre site Web: www.smpm.org, sous l’onglet salon.

Le prix d’entrée quotidien sera de 7$ pour les adultes et gratuit pour les 18 ans et moins.

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