5 minute read

EDITO Vers une Europe ‘verte’

Next Article
CONCLUSION

CONCLUSION

PAR HUGUES MAES / PRÉSIDENT INDUMOTION

VERS UNE EUROPE ‘VERTE’

Advertisement

À partir de 2035, aucun plaque d’immatriculation de véhicules à moteur de combustion interne ne sera enregistrée dans l’UE. L’Union européenne montre la voie et veut atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Un quart des émissions totales de CO2 en Europe vient du trafic. Les politiciens européens veulent une Europe ‘verte’ et imposent la transition électrique.

Juste avant le Mondial de l’Automobile à Paris en octobre, une rencontre a eu lieu entre Luca de Meo, le grand patron du groupe Renault, et Carlos Tavares qui est à la tête de Stellantis, une fusion entre FCA (Fiat-Chrysler) et PSA (PeugeotCitroën). Tous deux ont déclaré au Parisien que le calendrier des politiciens européens était particulièrement ambitieux et qu’il pourrait sérieusement perturber la relation entre les trois puissants blocs de la construction automobile – la Chine, l’Europe et les Etats-Unis. L’Europe a un calendrier strict mais la Chine et les Etats-Unis laissent la balle dans le camp des constructeurs automobiles.

Les constructeurs automobiles n’ont pas besoin de politiciens pour comprendre que le moteur à combustion interne est en fin de vie. Même s’ils deviennent plus économes et émettent moins d’émissions, l’image est ruinée et nous sommes devenus trop dépendants de la manipulation des prix des carburants fossiles.

Au salon de l’auto à Paris, la nouvelle marque française Hopium a présenté sa Machina futuriste, une berline sportive qui parcourt 1.000 km avec un plein d’hydrogène. La voiture, longue de cinq mètres et pesant deux tonnes, a été construite en Normandie et utilise la technologie de la pile à combustible pour convertir l’hydrogène en électricité, laquelle est stockée dans une batterie tampon qui alimente le moteur électrique. Le seul produit résiduel est de l’eau pure et le ravitaillement ne prend que quelques minutes. La voiture devrait être lancée en 2026 sur le marché au prix de 120.000 euros. Ce n’est pas toujours la meilleure technologie qui conquiert le marché. Des scientifiques de la Lund University en Suède affirment qu’un réseau électrique défaillant dans les premières années de la production automobile aux Etats-Unis a conduit au choix du moteur à combustion. « L’accès incertain à l’infrastructure électrique locale s’est avéré être le principal facteur derrière ce choix de propulsion par les constructeurs automobiles », fait savoir le professeur Josef Taalbi. Plus frappant encore : « La voiture électrique, alors meilleure marché, était considérée comme un produit de luxe et un moyen de transport pour les femmes, la voiture à essence, en revanche, était étiquetée comme un moyen de transport aventureux qui attirait surtout les consommateurs masculins. »

Cent ans plus tard : notre réseau est-il prêt pour les VE ? Un point sensible est la répartition déséquilibrée du nombre de véhicules électriques et de l’infrastructure de recharge associée. Des études montrent que nous aurons besoin de 7 millions de points de recharge sur le sol européen d’ici 2030 pour permettre un large déploiement des VE. Aujourd’hui, nous avons 350.000 unités de recharge et 70% de cette infrastructure se situe dans trois pays (la France, l’Allemagne et les Pays-Bas).

‘Ce n’est pas toujours la meilleure technologie qui conquiert le marché.’

Mais si l’électricité est produite avec du gaz ou du charbon, le bénéfice environnemental des VE est alors inexistant ! D’ici 2030, une multitude de cobalt, de nickel et de lithium sera nécessaire à la production des batteries et des moteurs électriques. Comme ce sont des matières premières rares, cela implique des activités minières nocives pour l’environnement dans le monde entier.

Peu confiants dans l’avenir, les fabricants automobiles ont commodément remplacé le moteur à combustion interne par des batteries et des moteurs électriques. Une mauvais décision : ils auraient mieux fait de concevoir une nouvelle voiture autour de la propulsion électrique. En conséquence, nous sommes aujourd’hui affligés d’une e-voiture que nous n’osons conduire qu’autour du clocher de l’église. Pas de problème ont déclaré les fabricants automobiles, nous allons fournir une double propulsion, et le terme ‘hybride’ est entré dans le dictionnaire. Des milliers d’utilisateurs de voitures d’entreprise circulent désormais avec une double transmission lourde, trouvent l’usage du câble encombrant, utilisent à peine l’électricité mais bénéficient d’une indulgence fiscale…

Pour le trafic lourd, et certainement le transport maritime, la propulsion à hydrogène a de beaux jours devant elle. Si l’hydrogène s’écoule à court terme dans nos anciennes conduites de gaz naturel, on pourrait alors faire le plein de la voiture à la maison. Mais attendre les voitures à hydrogène, c’est comme attendre Godot : une voiture de particulier est trop petite pour être équipée d’une énorme récipient sous pression de 700 bars et le système de propulsion est trop coûteux.

Il n’y a donc pas d’autre option que d’acheter une voiture électrique hors de prix. Rassurez-vous : la batterie est rechargée au travail et elle est utilisée le soir à la maison pour se laver, uriner, se chauffer et regarder la télé. Merci à l’employeur. Mais votre place de stationnement sous l’immeuble à appartements n’a pas de prise de contact. Vous trouvez une borne de recharge dans les environs mais elle est occupée… Et en vacances, vous n’êtes plus dans les embouteillages mais vous attendez votre tour à la super borne. Faut-il en conclure que la voiture électrique est une mauvaise voiture ? La voiture électrique d’aujourd’hui a tout faux. Les fabricants n’ont pas oser réfléchir.

La solution est pourtant évidente : concevoir des voitures avec des batteries interchangeables. L’ancienne station-service possèdera toujours de batteries pleines en stock, rechargées avec de l’électricité verte bon marché. Vous pourrez partir en Espagne sans soucis car des batteries vous attendront partout. L’échange automatisé de batteries standardisées adaptées à tous les véhicules ne prend que quelques minutes. Voyez ce que fait la marque automobile chinoise Nio, où la Chine est bien plus avancée. Qu’attendent nos fabricants ?

Peut-on en tirer une conclusion ? Il semble que le moteur à combustion interne ne va pas disparaître mais que l’on va poursuivre son développement avec des carburants non fossiles. Il n’y a donc pas une solution mais plusieurs qui se complètent. Nous vous souhaitons beaucoup d’inspiration à la lecture de ce nouveau numéro d’Automation Magazine!

‘Faut-il en conclure que la voiture électrique est une mauvaise voiture ?’

Hugues Maes, Président InduMotion

This article is from: