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Desmedt Motoren : La révision des
Les nombreuses années de service des moteurs ont, peu à peu fait des ravages, qui nécessitent une mise à jour approfondie.
Pour les ascenseurs, de gros moteurs à courant continu sont utilisés. Ceux-ci sont d'une ancienne génération et fonctionnent en 110 V.
UNE ŒUVRE D’ART AU SENS PROPRE COMME AU FIGURÉ : LA RÉVISION DES ASCENSEURS DU TUNNEL PIÉTON SOUS L'ESCAUT
Ce tunnel est une référence à Anvers et bien au-delà. Chaque jour, des milliers de cyclistes et de piétons l’empruntent pour effectuer la traversée entre la rive gauche et la rive droite de l'Escaut. Dernièrement, les ascenseurs de ce site patrimonial protégé ont fait l’objet d’une révision en profondeur. Desmedt Motoren de Kontich a relevé le défi haut la main.
La popularité des ascenseurs du tunnel Sint-Anna – l’appellation officielle – long de 572 mètres ressort de ces quelques chiffres : lors de périodes estivales, le nombre de mouvements des ascenseurs culmine à 25.000 par mois. Lors d’une journée de week-end, les ascenseurs font en moyenne 1.200 fois l’aller-retour. Les deux ascenseurs ont une capacité maximale de 40 personnes par mouvement. Les années d’utilisation intensive ont cependant laissé quelques traces.
Kevin Van Linden (Desmedt Motoren) raconte : « Les derniers grands travaux aux ascenseurs remontent à environ 20 ans et peu de choses ont changé depuis. La charge permanente et élevée a eu un impact négatif sur les mécanismes de fonctionnement des ascenseurs et des escalators. À un moment, les ascenseurs étaient hors service tant sur la rive gauche que sur la rive droite. Ce fut ennuyeux pour les milliers d’utilisateurs et cela a eu un impact sur notre entreprise. Nous avions été nommés pour réaliser la maintenance des ascenseurs et des escalators adjacents. Lors des travaux, les utilisateurs ne pouvaient plus emprunter le tunnel, ce qui a entraîné une certaine grogne. » « Les pouvoirs publics souhaitaient une révision en profondeur mais des obstacles importants ont compliqué un peu plus la réalisation du projet. Le tunnel et les installations associées sont repris dans le registre du Patrimoine protégé. On ne peut donc pas faire ce qu’on veut, mais j’y reviens plus loin. Un second aspect est le concept spécifique de l’ascenseur. Aujourd’hui, pratiquement tous les ascenseurs sont construits avec des composants standard. Si un moteur rend l’âme, on peut facilement le remplacer par un modèle équivalent. Ici, l’ascenseur date des années trente et il n’existe pratiquement plus d’information datant de cette période. Au fil des ans, d’autres entrepreneurs ont travaillé dessus et ont fait leurs propres adaptations. Il y avait par exemple des sécurités intégrées peu familières pour certains. Bref, les autres entreprises étaient peu intéressées par un tel projet complexe. Comme nous connaissions les installations du tunnel suite à la maintenance des escalators, nous avons décidé de relever le défi. C’est une réalisation unique pour nous car nous n’avions jamais réalisé un projet d’une telle envergure pour les pouvoirs publics. »
Des moteurs DC de l’ancienne génération rebobinés
« Nous savions donc dans quoi nous nous embarquions mais pas où cela finirait. Plusieurs éléments ont été ajoutés au cours du projet, en concertation avec les pouvoirs publics. Par exemple, il était initialement prévu de ne démonter que la commande et de la remplacer complètement, les moteurs ne faisaient pas partie de la demande d'offre initiale.
Sur les moteurs de la rive droite, nous avons mesuré toutes les grandeurs électriques possibles juste qu'à une mesure delta afin de cartographier les décharges partielles. Motoren Desmedt a géré tout le projet, jusqu'à la modernisation de la salle de contrôle.
Dans les ascenseurs, il y a des gros moteurs à courant continu de l’ancienne génération d'une tension de 110V. Ce sont des moteurs fantastiques malheureusement, le fabricant ACEC n’existe plus depuis quelques années. Pendant les travaux, nous avons constaté via des mesures qu’il serait préférable d'également les réviser. Le moteur de la rive gauche a d’abord subi une maintenance approfondie. Sur le moteur de la rive droite, nous avons à peu près mesuré toutes les grandeurs électriques possibles, y compris une mesure delta pour cartographier les décharges partielles. En principe, cette mesure n’est effectuée que sur les moteurs à haute tension mais dans ce cas-ci, les pouvoirs publics tenaient à ce que nous la réalisions aussi ces moteurs. A l’étape suivante, nous avons d'abord nettoyé le moteur car les balais en graphite génèrent beaucoup de poussières Nous pouvions alors réaliser les mesures de manière optimale. »
« Les pouvoirs publics ont un département distinct pour le Patrimoine protégé et ils étaient étroitement impliqués dans le projet. Chaque fois qu’il fallait changer quelque chose, il fallait leur feu vert. Même le remplacement d’un boulon ou d’un écrou avait lieu en étroite concertation. Lorsqu’un conflit survenait entre la situation existante et les nouvelles normes, il fallait en discuter. »
« Il est clair qu’il ne s’agissait pas d’un projet standard. Suite au statut de patrimoine protégé, nous ne pouvions pas remplacer les moteurs par des modèles modernes, comme une version AC avec un variateur de fréquence. Nous avons donc décidé de les rebobiner. Mais le fil de cuivre n’est pas standard et il a fallu le fabriquer sur mesure, ce qui a aussi eu une influence sur le délai de livraison. Ce fut un gros problème car il fallait respecter les délais stricts afin de ne pas trop gêner la population. Les problèmes logistiques mondiaux nous ont donné pas mal de soucis. Nous sommes allés chercher des composants électroniques jusqu’en Chine. Nous ne pouvions pas les obtenir ailleurs, ou les délais de livraison étaient alors trop longs. »
Hors de la zone de confort : 7 jours d'intenses activités
« Le projet nous a tous sorti de notre zone de confort. D’après l’appel d’offres, il fallait aussi aborder la salle de contrôle d’où les agents de sécurité surveillent le tunnel. Il fallait notamment revoir l’éclairage selon les études d’éclairage associées, placer une nouvelle cuisine, un conditionnement d’air, … Comme nous ne pouvions pas faire cela nous-mêmes, nous avons fait appel à des sous-traitants. Bien entendu, nous endossions toujours la responsabilité finale. »
« Ce rôle de gestion de projet est assez complexe et nous n’avions pas d’expérience dans ce domaine. Tout le monde était donc souvent sur le pont. Je me souviens notamment de l’enlèvement de la couche de peinture dans les ascenseurs. Le sablage n’était pas une option car les résidus pouvaient influencer négativement l’installation. Nous avons donc choisi la projection de glace. Cela s’est avéré beaucoup plus fastidieux que prévu, car nous n’avions pas une idée exacte de la structure. Au départ, le travail avait été estimé à 3 jours en 2 équipes. Nous avons, en réalité, travaillé 7 jours en continu ! Pratiquement chaque personne de l’entreprise est venu nous aider. Après coup, nous pouvons en rire mais sur le moment, nous avons eu quelques nuits blanches. »