J.H. Alexander
Moïse, prince, berger et prophète
Les textes bibliques sont tirés de la Bible Segond revue, Nouvelle Edition de Genève, 1979
© et édition La Maison de la Bible, 1999, 2011 Ch. de Praz-Roussy 4bis CH-1032 Romanel-sur-Lausanne E-mail: info@bible.ch Internet: www.maisonbible.net Photo de couverture: CIRIC ISBN édition imprimée 978-2-8260-3343-1 ISBN format epub 978-2-8260-0093-8 ISBN format pdf 978-2-8260-9823-2
Table des matières
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1.
Une corbeille de jonc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.
Un geste irréfléchi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.
Un buisson en feu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.
A bout d’arguments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
5.
Les premiers “pourquoi” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
6.
Face au roi contestataire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
7.
Le piège des compromis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
8.
De la mort à la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
9.
L’impasse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
10. Le miracle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 11. Lendemain de victoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 12. Le pain du ciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 13. L’eau du rocher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 14. Jusqu’au crépuscule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 15. Allège ta charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 16. Au sommet du Sinaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 17. Le modèle montré sur la montagne . . . . . . . . . . . . . 159 18. Triste lendemain de bénédiction . . . . . . . . . . . . . . . 175
6 19. Dans la fente du rocher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 20. Enfin le départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195 21. Melons et concombres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 22. Moïse, modèle de patience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213 23. Quarante années pour quarante jours . . . . . . . . . . . 221 24. Seuls contre tous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 25. Le douzième bâton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237 26. Parler au rocher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245 27. Un regard pour la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 28. Succession réussie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263 29. Prophète à 120 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273 30. Les quatre sommets d’un panorama vers l’éternité . . 281 Epilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293
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1 Une corbeille de jonc
Moïse est l'un des hommes qui a laissé des traces indélébiles dans l'histoire du monde. C'était un homme exceptionnel que Dieu a chargé d'une mission exceptionnelle. Cependant la Bible n'idéalise pas ses héros. Tout au contraire, elle les rapproche de nous, ne faisant pas seulement ressortir leurs qualités, mais aussi leurs limitations humaines, leurs traits de caractère, leurs ambitions et même leurs défaillances. Aussi l'étude de cette vie qui est racontée par l'Ecriture sainte ne peut que nous apporter instructions et encouragements pour notre marche chrétienne quotidienne.
Une démonstration d'aversion Moïse est né dans un monde qui lui était profondément hostile. Les années où les fils de Jacob avaient été accueillis à bras ouverts en Egypte n'étaient plus qu'un lointain souvenir. Selon le premier chapitre de l'Exode, un climat de méfiance s'était installé à l'égard du peuple hébreu: Il s'éleva sur l'Egypte un nouveau roi qui n'avait pas connu
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Moïse, prince, berger et prophète
Ex 1:8-10
Joseph. Il dit à son peuple: Voilà les enfants d'Israël qui forment un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. Allons! Montrons-nous habiles à son égard; empêchons qu'il ne s'accroisse et que, s'il survient une guerre, il ne se joigne à nos ennemis pour nous combattre, et ensuite sortir du pays.
Ex 1:12
Ce traitement habile de la part du pharaon se traduisit pour le peuple d'Israël par une dure servitude. Les Egyptiens l'astreignaient aux travaux forcés; mais plus on l'accablait, plus il multipliait et s'accroissait; et l'on prit en aversion les enfants d'Israël.
Ex 1:15-16
Ex 1:17-21
Un couple israélite, Amram et Jokébed, avait une fille, Marie, et un fils, Aaron. Mais dans les trois ans qui ont suivi la naissance d'Aaron, la pression des autorités s'est considérablement accrue, au point que l'arrivée d'un nouveau garçon, qui aurait dû être une joie, leur a causé de graves appréhensions. Le pharaon avait tout d'abord ordonné aux sages-femmes des Hébreux de ne laisser vivre que les filles. Mais les sages-femmes s'étaient arrangées pour passer outre la consigne reçue, et Dieu les avait spécialement bénies en raison de leur résistance à cette ordonnance criminelle. Peut-être était-ce déjà grâce à leur sagesse qu'Aaron avait eu la vie sauve. De toute évidence, Dieu approuva le courage de ces femmes qui n'hésitèrent pas à répondre au pharaon que les femmes israélites étaient si vigoureuses qu'elles accouchaient sans leur concours; une attitude qui honora le Seigneur puisqu'il a béni ces sages-femmes et leur descendance.
Une corbeille de jonc
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Un décret inflexible Mécontent d'avoir été joué par les sages-femmes, le pharaon ordonna alors à tout son peuple et en priorité à ses commissaires de police: Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra, et vous laisserez vivre toutes les filles.
Ex 1:22
C'est précisément à ce moment-là que naquit Moïse. D'abord, sa mère le cacha pendant trois mois. Mais comment Jokébed et Amram son mari osaient-ils ainsi braver les émissaires du roi? Parce qu'ils craignaient Dieu plus que le pharaon. Ah! les parents de Moïse méritent bien de prendre place dans la galerie des portraits des géants de la foi, que le chapitrre 11 de l'Epître aux Hébreux nous fait parcourir et admirer: C'est par la foi que Moïse, lors de sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents, parce qu'ils virent que l'enfant était beau, et qu'ils ne craignirent pas l'ordre du roi.
Hé 11:23
Cependant le bébé se développait, gazouillait, pleurait, criait quand il avait faim. Il était évident que sa mère ne pourrait le cacher bien longtemps. Ne risquait-elle pas d'être dénoncée aux autorités par ses voisins? Il fallait donc faire quelque chose.
Une décision courageuse Ne pouvant plus le cacher, elle prit une caisse de jonc, qu'elle enduisit de bitume et de poix; elle y mit l'enfant, et le déposa parmi les roseaux, au bord du fleuve.
Ex 2:3
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Moïse, prince, berger et prophète Dans cette caissette de jonc dûment imperméabilisée, le bébé serait en parfaite sécurité: les roseaux retiendraient cette embarcation de fortune pour empêcher le courant du Nil de l'entraîner. De plus, il était peu probable que les gendarmes égyptiens étendent leurs perquisitions jusqu'aux rives du fleuve. Et enfin, la petite Marie, qui devait avoir cinq ou six ans, surveillerait son petit frère à distance.
cf. Ge 15:13-14
Jn 12:31
Jokébed donne ainsi une nouvelle preuve de sa foi; elle ne confie pas seulement son fils... à la caisse de jonc, au fleuve, aux roseaux ou à la surveillance de sa fille... mais elle le remet à Dieu luimême. Dieu, plus grand et plus puissant que le pharaon. Dieu qui avait promis à ses ancêtres Abraham, Isaac, Jacob et Lévi qu'Israël ne demeurerait pas toujours sous la servitude. Et Dieu ne leur montrait-il pas, en leur donnant ce fils, qu'il avait un plan pour lui comme pour son peuple? L'exemple d'Amram et de Jokébed devrait parler à de nombreux parents aujourd'hui: Vos enfants sont nés et sont appelés à grandir dans un monde organisé pour les perdre. Peut-être pas sur le plan physique, car pour l'instant aucun gouvernement n'a décrété leur suppression. Mais Satan, le prince de ce monde, a décidé, certes avec plus de détermination encore que le roi d'Egypte d'antan, leur assassinat sur le plan moral et spirituel, et il met tout en œuvre pour y parvenir. Comme la mère de Moïse, vous avez pu, pendant un temps, cacher votre bébé en veillant sur lui
Une corbeille de jonc jour et nuit. Mais un jour votre petit est parti seul dans la rue, seul à l'école, et il ne vous était désormais plus possible de le soustraire aux influences néfastes venant de l'extérieur. Vous n'avez plus pu choisir son environnement, ses camarades ou ses distractions. Vous ne pouvez même plus le surveiller comme Marie, la sœur de Moïse, l'a fait pour son frère cadet. Votre petit est devenu grand; il a franchi le seuil ingrat de l'âge de l'adolescence, et peut-être même que ses réactions, son langage, son attitude à votre endroit, ses sautes d'humeur ou le choix de ses compagnies vous exaspèrent et vous blessent profondément... Mais alors que faire? Prier, et prier encore! Apprenez à moins parler de Dieu à vos enfants et à parler davantage à Dieu de vos enfants! Ainsi vous tresserez en leur faveur une corbeille de jonc, vous la rendrez imperméable au monde et au péché, et même si vous devez l'abandonner aux roseaux du fleuve, Dieu en prendra soin et vos prières ne seront pas vaines. Peut-être n'en constatez-vous pas présentement les effets tangibles. Sachez cependant qu'elles s'accumulent devant le Seigneur comme un capital qui fructifiera après coup, rapportant des intérêts élevés au royaume de Dieu. Vous pouvez être certains que, dans l'éternité, Jokébed et son mari seront récompensés pour leurs actes de foi à l'égard de Moïse. Et il en sera de même pour des milliers de parents qui découvriront, lorsqu'ils seront auprès du Seigneur, à quel point la corbeille de jonc qu'ils auront tressée par leurs prières persévérantes aura été efficace pour la protection et le salut de leurs enfants... ou de leurs
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Moïse, prince, berger et prophète petits-enfants. Car nous les grands-parents devrions aussi redoubler de prières pour nos petitsenfants, puisque le monde qui les accueille est encore plus hostile et plus pervers que celui qui avait voulu en son temps la perte de leurs parents!
Un défi relevé Dieu se plaira donc à honorer la foi de tant de parents ou de grands-parents qui ne désarment pas devant le prince de ce monde, comme il s'est plu à honorer la foi d'Amram et de Jokébed au sujet de Moïse. Car dans la suite de ce chapitre 2 de l'Exode, tout est extraordinaire:
Ex 2:6
Ex 2:7
Le Nil est un fleuve de plus de 6000 km de longueur. Mais Dieu permet que la fille du pharaon se promène le long du fleuve et se baigne à l'endroit même où se trouve la caissette de jonc. Intriguée, elle s'en approche, prie sa servante d'aller la chercher; elle l'ouvre, et elle a le cœur tout remué devant ce bébé israélite; son instinct maternel se réveille soudain à la vue de ce frêle petit être, en train de pleurer. Puis c'est au tour de Marie, la sœur de Moïse, d'intervenir; avec une candeur toute enfantine, elle fait à la princesse une proposition que peut-être aucun adulte n'aurait osé faire: Veuxtu que j'aille te chercher une nourrice parmi les femmes des Hébreux pour allaiter cet enfant? Et Marie va chercher sa maman qui – tenez-vous bien! – recevra dès lors et pendant des années un salaire pour allaiter et élever son propre fils, un salaire payé par la fille même du bourreau de son peuple, responsable de l'extermination des bébés israélites!
Une corbeille de jonc Et quand viendra le moment où Jokébed amènera son fils à la princesse, la fille du roi le traitera comme son propre fils, permettant qu'il accède aux plus hautes études et aux classes les plus privilégiées de la société... et tout cela «aux frais de la princesse...»: Quinze siècles plus tard, le diacre Etienne tiendra ce propos devant les chefs d'Israël assemblés pour le lapider: Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, et il était puissant en paroles et en œuvres.
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Ac 7:22
Oui, Dieu savait que Moïse, futur conducteur de peuple, législateur et écrivain sacré, aurait besoin de cette sagesse. N'oublions pas qu'au 2e millénaire avant l'ère chrétienne, la civilisation égyptienne avait atteint le sommet du savoir. Cependant cette science n'a pas été déterminante pour Moïse en rapport avec sa vocation de serviteur de Dieu. Elle pâlit au contraire, disparaît même devant la valeur spirituelle de l'acte de foi des parents de Moïse qui, à l'époque, avaient placé pour leur fils ce qu'on peut appeler un capital d'éternité. Que le Seigneur nous accorde de savoir par nos prières agir de même pour nos enfants, sachant que toute l'éternité en dépend. Par nos prières, tressons aujourd'hui pour eux une corbeille de jonc qui les fera échapper au monde et au mauvais vouloir de Satan. La Bible dit: Tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde, et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi.
1 Jn 5:4
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2 Un geste irréfléchi
Dès sa prime enfance, et même dès les premiers jours de sa vie, Moïse avait donc été l'objet d'interventions souveraines et miraculeuses de la part de Dieu. Ses parents avaient défié le tout puissant pharaon d'Egypte en soustrayant leur fils à l'extermination organisée contre les enfants hébreux. Et l'Eternel avait eu son moyen pour faire pénétrer l'enfant proscrit à la cour royale, et lui permettre d'y poursuivre des études de haut niveau aux frais de l'Etat, jusqu'à ce qu'il devienne puissant en paroles et en œuvres, pour reprendre les paroles du diacre Etienne, le martyr du premier siècle de l'ère chrétienne. Si «puissant en œuvres et en paroles» que Moïse, un jour où il était sorti du palais pour visiter ses frères israélites et qu'il fut témoin de leurs pénibles travaux, crut devoir intervenir avec autorité: Il vit un Egyptien qui frappait un Hébreu d'entre ses frères. Il regarda de côté et d'autre, et voyant qu'il n'y avait personne, il tua l'Egyptien et le cacha dans le sable.
Ex 1:8-14
Ac 7:22
Ex 2:11-12
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Moïse, prince, berger et prophète Un acte regrettable... et incompris
Ja 1:20
Ac 7:23-25
Jn 18:10-11
Jusqu'alors, Moïse n'avait connu que l'insouciance de la cour royale; il ne s'était guère préoccupé de la dure servitude sous laquelle gémissaient ses frères israélites. Mais soudain réveillé à la tragique réalité, il s'improvisa libérateur des opprimés. Or, comme le dit l'Ecriture, la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu. Le diacre Etienne – encore lui – dans son magistral discours qui précéda son martyre, commente cet événement en ces termes: Moïse avait quarante ans, lorsqu'il eut à cœur de se rendre auprès de ses frères les fils d'Israël. Il en vit un qu'on outrageait et, prenant sa défense, il vengea celui qui était maltraité, et frappa l'Egyptien. Il pensait que ses frères comprendraient que Dieu leur accordait la délivrance par sa main; mais ils ne comprirent pas. Non, ses frères israélites n'avaient pas compris... parce que Moïse lui-même n'avait pas compris les conditions élémentaires requises en vue de l'accomplissement d'une telle mission. Son geste irréfléchi, qui d'ailleurs n'a rien réglé, peut se comparer à celui du disciple Pierre qui, lors de l'arrestation du Seigneur, a frappé de l'épée Malchus, le serviteur du souverain sacrificateur, et lui a emporté l'oreille. Certes, tous deux étaient favorablement disposés et désireux de bien faire: Moïse s'érigeait en protestateur devant la flagrante injustice que subissaient quotidiennement ses frères exploités, et Pierre voulait démontrer par son coup d'épée son attachement au Seigneur qu'il voulait défendre. Mais lorsque l'homme manifeste l'ardeur de son courroux dans l'énergie de ses forces propres, il ne
Un geste irréfléchi
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peut que commettre des dégâts inutiles et entraver – voire retarder – l'œuvre que Dieu s'était proposé d'accomplir. Avant de nous pencher à nouveau sur l'expérience de Moïse, n'y a-t-il pas lieu de nous humilier pour tant de «coups d’épée», de dégâts inutiles causés dans l'Eglise de Jésus-Christ par des interventions irréfléchies ou intéressées, qui ont laissé derrière elles beaucoup de souffrances inutiles. Sans parler du triste témoignage donné ainsi par des enfants de Dieu à un public extérieur trop souvent heurté et scandalisé... un public qui ne se prive pas de constater: Si c'est ça le christianisme, on n'en veut rien! Moïse était sans doute animé de fort bonnes dispositions lorsqu'il a voulu prendre la défense de ses frères israélites maltraités par les Egyptiens... Comme nous sommes aussi souvent poussés par des sentiments tout à fait louables quand nous prétendons régler des situations en recourant à nos forces vives, à nos prétendues capacités de juger des choses et des gens, et d'agir selon la justice. Mais quelle justice... car comment l'élan de notre cœur désespérément mauvais pourrait-il accomplir la justice de Dieu? Moïse n'a pas pris le temps de réfléchir avant d'assassiner l'Egyptien. Et n'arrive-t-il pas au chrétien à l'âge de l'internet de réagir en une fraction de seconde... et de frapper par l'épée de sa langue un frère, une sœur dans la foi... alors que cette situation aurait trouvé son issue dans l'attente de circonstances favorables ou dans la patience à l'heure de l'adversité?
cf. Jé 17:9
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Mc 11:9-17
Ro 8:7
Moïse, prince, berger et prophète Le parfait exemple, celui de notre Seigneur, devrait nous servir d'enseignement: Lors de sa mémorable arrivée à Jérusalem, quand la foule s'écriait: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, Jésus vit le désordre installé au Temple par les marchands et les agents de change. Mais quand il eut tout considéré, comme il était déjà tard, il s'en alla à Béthanie. Et ce n'est qu'à son retour à Jérusalem le lendemain qu'il chassa du Temple les indésirables qui avaient transformé la maison de son Père en une caverne de voleurs. Or si, pour une violation si flagrante des lois de sa maison, le Seigneur a laissé passer une nuit avant de remettre de l'ordre au temple, ne devrions-nous pas – avant de donner libre cours à notre colère – au moins laisser passer une nuit, pour prendre le temps de tout considérer, et surtout de prier? Moïse a agi impulsivement, poussé par son énergie propre qui, ne l'oublions pas, est totalement incapable d'accomplir quoi que ce soit de positif pour Dieu: La chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas. Mais reprenons le fil de notre récit dans l'Exode: Moïse sortit le jour suivant; et voici, deux Hébreux se querellaient. Il dit à celui qui avait tort: Pourquoi frappes-tu ton prochain? Et cet homme répondit: Qui t'a établi chef et juge sur nous? Penses-tu me tuer, comme tu as tué l'Egyptien? Moïse eut peur, et dit: Certainement la chose est connue. Pharaon apprit ce qui s'était passé, et il cherchait à faire mourir Moïse. Mais
Un geste irréfléchi Moïse s'enfuit de devant Pharaon, et il se retira dans le pays de Madian.
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Ex 2:13-15
Une fuite obligée... et salutaire Ah! Moïse aura beaucoup à apprendre avant de devenir le vrai libérateur d'Israël! Peut-être pensaitil que les nombreuses années passées dans les hautes facultés de l'Egypte l'avaient pleinement qualifié pour organiser la délivrance de son peuple. Mais il lui faudra un stage tout aussi long – quarante années – à l'Institut de la patience divine, c'est-àdire à l'Université du désert, pour que ses forces propres capitulent et qu'il apprenne à enfin compter uniquement sur Dieu. Et cette Ecole-là a délivré à Moïse un diplôme de capacité d'une bien plus haute valeur que toutes les distinctions honorables qu'avaient pu lui décerner les universités érigées sur les rives du Nil. Un diplôme – qui tient en quelques mots – et que la Parole divine évoque en ces termes plus de cent pages plus loin dans le texte sacré: Moïse était un homme fort patient, plus qu'aucun homme sur la face de la terre. Qui aurait pensé que cet homme fougueux et impulsif, meurtrier d'un bourreau égyptien, allait obtenir un jour le premier prix à l'école de la patience de Dieu! Le Seigneur l'avait transformé, et ce genre de formation était bien nécessaire à Moïse avant que Dieu lui confie la responsabilité de tout un peuple envers lequel il a dû lui-même patienter pendant 40 ans. Dieu voit toujours plus loin que nous, et s'il permet que nous foulions tel chemin, c'est qu'il a pour nous un objectif qui nous échappe
No 12:3
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Moïse, prince, berger et prophète encore, mais qu'il a préparé de toute éternité pour notre bien et le bien de ceux qui constitueront notre environnement de demain! Lorsque Moïse était sorti la première fois pour visiter ses frères, il se croyait grand, fort, capable, donc autorisé à faire justice et à tuer l'Egyptien. Mais quand, le lendemain, il voulut imposer son arbitrage à deux Hébreux qui se querellaient, il s'est rendu compte que son crime n'était pas passé inaperçu. Il n'eut alors d'autre choix que fuir la colère du pharaon et ainsi renoncer définitivement à son existence dorée à la cour et même – qui sait – un jour à hériter du trône! Il lui fallut chercher une nouvelle orientation pour sa carrière. Alors, et peut-être sans s'en rendre pleinement compte, Moïse prit la première décision qui l'aiguillait sur le chemin de la foi, car en quittant l'Egypte, il se mettait à disposition du Dieu saint. Le Dieu saint n'aurait rien pu faire pour Moïse tant qu'il était attaché à la vie factice du palais royal et aux fabuleux trésors de l'Egypte, ces trésors que des milliers de touristes admirent aujourd'hui. Et surtout, Dieu ne pouvait se servir de lui si son cœur demeurait esclave de la jouissance du péché ou envoûté par une société livrée à la luxure et totalement étrangère aux réalités éternelles. Revenant sur ce départ forcé, l'auteur de l'Epître aux Hébreux montre que de toute évidence Moïse ne devint grand aux yeux de Dieu que lorsqu'il renonça à son ancienne vie pour s'avancer résolument sur le chemin de la foi: C'est par la foi
Un geste irréfléchi que Moïse, devenu grand, refusa d'être appelé fils de la fille de Pharaon; il préféra être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que d'avoir pour un temps la jouissance des trésors de l'Egypte, car il avait les yeux fixés sur la rémunération. C'est par la foi qu'il quitta l'Egypte, sans être effrayé par la colère du roi; car il se montra ferme, comme voyant Celui qui est invisible. Ce texte résume si bien la carrière de Moïse que nous aurons l'occasion d'y revenir pour en savourer les phases successives, correspondant à des étapes précises de son cheminement. Moïse a quitté l'Egypte. Il a regardé... choisi... préféré. Il a refusé les honneurs, la jouissance du péché, les avantages matériels. Il a préféré la rémunération éternelle aux récompenses passagères et illusoires que le monde offre, ces promesses et ces cadeaux mirobolants que la société propose aujourd'hui encore à ceux qui tergiversent à un carrefour de l'existence. Moïse a renoncé pour recevoir. Il a dédaigné les trésors de l'Egypte, mais il en a trouvé d'autres, infiniment plus précieux. En quittant la vie facile pour – beaucoup plus tard – s'identifier au peuple de Dieu, il a tourné le dos au palais du roi pour pénétrer dans l'antichambre des palais du ciel!
Une école supérieure... et déterminante Pour Moïse, réfugié au désert, quarante nouvelles années de fréquentation des classes dans l'Ecole de Dieu n'étaient pas de trop pour le préparer aux hautes fonctions que le Seigneur lui réser-
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Hé 11:24-27
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Moïse, prince, berger et prophète vait. Au contraire, chaque journée d'éducation céleste lui fut indispensable avant qu'il soit à même de porter les responsabilités que Dieu entendait lui confier. Il nous arrive de croire que l'épreuve de patience par laquelle Dieu nous fait passer est superflue, voire inutile, que ce temps précieux pourrait être plus judicieusement employé, ou que nous aurions mieux à faire plutôt que de piétiner dans le paysage tourmenté d'un Sinaï torride; un Sinaï où les pistes ne mènent nulle part et où l'horizon ne cesse de se refermer, comme si chaque vallée était un cul-de-sac. Mais réflexion faite, toutes les disciplines d'éducation du Seigneur ne nous sont-elles pas indispensables? C'est pourquoi, ne nous impatientons pas, tandis que notre Père céleste nous garde sous sa houlette ou nous ramène sous sa férule. Il est des leçons capitales que l'on n'apprend qu'en plein désert. L'enfant de Dieu, souvent prisonnier d'une activité fébrile, doit aussi découvrir le repos de la foi dans ces oasis spirituelles où il se recycle dans la connaissance du Seigneur. N'ayons donc pas honte d'être en «formation continue» au travers du «séminaire» des contrariétés quotidiennes. Si dans le monde on s'est rendu compte que la formation continue est indispensable aux cadres et à ceux qui ont des ambitions professionnelles, à combien plus forte raison le chrétien doit-il accepter l'éducation salutaire que le Père céleste lui prodigue; même si pour ce faire il utilise des instruments étonnants ou des circonstances essentiellement humaines!
Un geste irréfléchi
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Que de chrétiens – et ce peut être nousmêmes – ont-ils raisonné ainsi: Si le traitement infligé venait directement de Dieu, je l'accepterais de tout cœur; mais parce qu'il m'est infligé par l'intermédiaire d'instruments humains, je ne puis l'admettre! Or le Seigneur ne demande pas notre avis lorsqu'il choisit les moyens d'éducation qu'il juge nécessaires à notre bien! Et que dit le Nouveau Testament: Supportez le châtiment: c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas?... Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté.
Hé 12:7,10
Au siècle de la vitesse, de l'électronique et de l'internet, comment prendrions-nous le temps de nous pencher sur les manuels d'instruction du Seigneur, si nous ne consentions pas à passer des jours, des semaines ou des mois dans les vallées d'un Sinaï tourmenté, mais propice à la méditation? Et quels sont-ils, ces fameux manuels d'instruction du Père céleste, sinon les 66 livres inspirés de notre Bible, desquels il est dit: Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre.
2 Ti 3:16-17
Propre à toute bonne œuvre.... Moïse était destiné à une très grande œuvre: conduire deux millions d'Israélites pendant 40 ans au travers de la péninsule du Sinaï. Comment aurait-il pu guider ces foules remuantes et indisciplinées au travers du
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Moïse, prince, berger et prophète dédale tourmenté des monts et vallées de cette péninsule, s'il n'y avait passé lui-même quarante années en paissant les troupeaux de son beaupère? Et comment aurait-il dirigé ce peuple sous la houlette de la discipline de l'Eternel s'il s'y était soustrait tandis que c'était son tour de la découvrir et de la vivre?
De 30:19
Mt 6:33
Il est dans la vie des moments stratégiques où il nous faut choisir. Pour Moïse, il lui fallut d'un jour à l'autre quitter l'Egypte pour s'avancer sans hésitation sur la voie de la foi. L'Egypte, c'était la mort. Le Sinaï c'était la vie. J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives! Encore une parole que Moïse n'aurait pu consigner dans le livre de Dieu s'il ne l'avait pas vécue auparavant. Moïse a dû choisir. Il a bien choisi. Et Dieu l'employa, puissamment, comme peu l'ont été dans l'histoire! Et si, en ce jour, vous êtes en face d'un choix analogue, choisissez bien, et vous aurez le meilleur, comme Moïse, qui hérita de la vie et de la bénédiction. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu, et toutes ces choses (le bonheur auquel vous aspirez) vous seront données par-dessus!
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3 Un buisson en feu
Après quarante ans passés à la cour du pharaon, Moïse s'est donc réfugié au pays de Madian, dans le nord de l'Arabie. Frais émoulu des universités égyptiennes, il ne se fait cependant pas d'illusions: ce bagage intellectuel ne lui servira guère puisque les circonstances le poussent tout naturellement à devenir berger. Une activité totalement différente de celle à laquelle il s'était habitué, puisque son programme est désormais réglé par le soleil et les soins du troupeau, et qu'il est devenu un vrai citoyen du désert, absolument indifférent au sort du monde et aux problèmes des civilisations de l'époque.
Yahvé = Je suis: Rien ne sera plus comme avant Cependant la main du Seigneur est sur Moïse. Avoir défendu les filles de Jéthro face aux attaques de bergers hostiles lui vaudra d'être introduit dans la famille du sacrificateur. Comme Jacob chez Laban quelques siècles auparavant, Moïse se met au service de celui qui deviendra son beau-père et
Ex 2:16-20
Ge 29:15-20
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Moïse, prince, berger et prophète qui lui donnera sa fille Séphora pour femme. Or en entrant dans cette famille, Moïse a sans doute bénéficié de la science de ce sacrificateur. Car à l'époque, qui disait sacrificateur disait spécialiste des textes, d'autant plus que la péninsule du Sinaï était devenue le berceau d'une discipline inédite: l'écriture alphabétique. Cette découverte fit faire un bond prodigieux aux civilisations d'antan: Pour lire et écrire, plus besoin d'apprendre les 3000 signes cunéiformes de Babylonie ou les non moins nombreux hiéroglyphes égyptiens, puisque désormais une vingtaine de signes conventionnels rendent la lecture ou l'écriture accessibles à tous. Une circonstance qui rappelle cet autre bond prodigieux de la science au début du Moyen-Age: Dès que les chiffres arabes eurent destitué les chiffres romains, il fut possible d'additionner, soustraire, multiplier ou diviser... et les mathématiques transformèrent la civilisation. Dieu avait dirigé Moïse, le premier des écrivains de sa révélation, au lieu-même où l'écriture alphabétique avait pris naissance, lui permettant d'entreprendre sans retard la grande œuvre de sa vie, la rédaction des premiers livres de la Bible. Il avait ainsi permis l'invention capitale de l'alphabet pour démontrer que sa sainte Parole n'est pas réservée à quelques érudits, mais qu'elle est destinée à tout homme, quelles que soient ses conditions de vie, sa culture ou sa langue.
Un buisson en feu
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Yahvé = Je suis: Le passé, le présent, l'avenir, l'éternité! Mais revenons à Moïse lui-même. Il était en train de paître le troupeau de son beau-père derrière le désert, lorsqu'il vint à la montagne de Dieu à Horeb. Peut-être le lieu le plus inattendu pour que l'Eternel lui apparaisse et bouleverse son existence. Celui qui un jour s'est révélé à Gédéon dans un pressoir rempli de poussière, à l'enfant Samuel dormant dans un temple, au futur roi David dans une caverne, ou à l'apôtre Paul sur le chemin de Damas a choisi la solitude la plus redoutable pour arrêter Moïse: L'ange de l'Eternel lui apparut dans une flamme de feu au milieu d'un buisson. Moïse regarda, et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait pas. Moïse dit: Je veux me détourner pour voir quelle est cette grande vision, et pourquoi le buisson ne se consume pas. Jamais Moïse n'a vu un buisson en feu qui ne se consume pas. Intrigué, il s'en approche, et soudain une voix sort du buisson. La voix d'un ange? songe peut-être Moïse! Non, c'est la voix de Dieu lui-même. Une voix que Moïse n'a sans doute jamais entendue... mais qui désormais va lui parler souvent. Le premier message que Moïse reçoit du ciel a le caractère d'un rappel à l'ordre: L'Eternel vit qu'il se détournait pour voir, et Dieu l'appela du milieu du buisson, et dit: Moïse! Moïse! Et il répondit: Me voici! Dieu dit: N'approche pas d'ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur
Ex 3:1
Jg 6:11-12 1 Sa 3:3-4 cf. Ps 57 et 142 Ac 9:3-7
Ex 3:2-3
30 Ex 3:4-5
Moïse, prince, berger et prophète lequel tu te tiens est une terre sainte. Lorsque Dieu rencontre l'homme, son premier soin est de lui dévoiler sa sainteté, avec ses conditions et ses exigences. C'est pourquoi la conviction de péché est le prélude incontournable à toute œuvre de Dieu dans une vie. Il faut que l'homme réalise son injustice innée face à la justice souveraine du Créateur, sa culpabilité et sa souillure en contraste avec la sainteté de l'Eternel, ses limitations et son impuissance vis-à-vis de la toute puissance divine. Une dure leçon que, plus tard, le peuple d'Israël tout entier devra aussi apprendre! Moïse! Moïse! Si Dieu répète le nom de son interlocuteur, c'est pour lui souligner l'importance de la décision qu'il l'engage à prendre.
Ge 22:11
Abraham! Abraham! Et le patriarche est arrêté net, au moment où il brandit le couteau pour égorger son fils Isaac.
1 Sa 3:10
Samuel! Samuel! Et le jeune garçon découvre son Créateur et se livre à sa volonté: Parle, car ton serviteur écoute. Quant au Nouveau Testament, il enseigne la même leçon:
Lu 10:41
Lu 22:31
Marthe! Marthe! tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses... Mais tu n'as pas saisi l'essentiel, cette Parole qui pour ta sœur Marie est plus précieuse que tout! Simon! Simon! Satan veut te cribler... mais je prie pour toi!
Un buisson en feu Saul! Saul! Pourquoi me persécutes-tu? Et en une fraction de seconde, le plus grand ennemi de l'Evangile deviendra son plus fervent avocat!
31 Ac 9:4
Moïse! Moïse! Jusqu'à maintenant, tu décidais toi-même; dès ce jour, c'est ton Maître omniprésent qui décidera pour toi! Il aurait pu tenir le même langage que celui que son Fils bien-aimé tint à Simon Pierre: Quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas.
Jn 21:18
Subjugué par la présence divine, Moïse se déchausse. Et le Dieu de l'éternité se révèle, le Dieu omnipotent, omniprésent et omniscient: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
Ex 3:6
De toute évidence, ces patriarches, Abraham, Isaac et Jacob étaient morts depuis longtemps. Et cependant, le Seigneur Jésus l'a spécifié, en se référant précisément à l'événement du buisson ardent, Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Nous avons là l'irréfutable attestation divine certifiant que ceux qui sont décédés ne sont morts que sur le plan physique, et que leur âme est bien vivante, puisqu'elle est immortelle. Les sadducéens – ces rationalistes de l'époque auxquels le Seigneur adressait ce message – niaient la réalité de la résurrection, une doctrine fondamentale de l'Ecriture sainte. Et Jésus s'est servi de ce passage de l'Exode pour confondre les arguments de ceux qui avaient osé le narguer au nom de leur théologie!
Mt 22:32
Mt 22:23-32
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Moïse, prince, berger et prophète Et dire qu'au seuil du troisième millénaire de l'ère prétendue chrétienne, il est tant d'hommes et de femmes qui, à l'instar des sadducéens évoqués par les Evangiles, pensent qu'après la mort tout est fini et négligent de prendre au sérieux le sort de leur âme immortelle! Si Dieu se présente à Moïse, c'est qu'il a un plan pour son avenir. Pour lui, rien ne sera plus comme avant, car désormais sa vie aura un sens. Ses jours ne lui appartiendront plus. Ses préoccupations, sa vie professionnelle et familiale passeront au second plan. Seul le Dieu d'éternité décidera de son programme de vie, pour lui permettre d'accomplir la mission qu'il entend lui confier.
cf. Ex 3:6
Ex 3:7
Ex 3:10, 12
Dans son message à Moïse, l'Eternel – et ici cette dénomination du Très-Haut souligne un fait capital – l'Eternel met devant Moïse le passé, le présent, l'avenir et l'éternité: – Le passé: un rappel de la foi des patriarches et de la fidélité divine en leur faveur; – le présent: la dramatique situation des Israélites en Egypte: J'ai vu la souffrance de mon peuple... et j'ai entendu les cris que leur font pousser leurs oppresseurs; – L'avenir, ou les événements que Moïse vivra dans les semaines et les mois qui viennent: Je t'enverrai auprès de Pharaon, et tu feras sortir d'Egypte mon peuple, les enfants d'Israël... Je serai avec toi; – Quant à l'éternité, elle est tout entière comprise dans le titre que Dieu se donne: JE SUIS CELUI QUI SUIS. C'est ainsi que tu répondras aux
Un buisson en feu enfants d'Israël... Celui qui s'appelle JE SUIS m'a envoyé vers vous... Le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob m'envoie vers vous. Voilà mon nom pour l'éternité, voilà mon nom de génération en génération. Ce titre implique l'éternité de Dieu: Il était. Il est. Il sera. Il peut toujours parler au présent. Il préside au temps. Il préside à l'éternité. Et cette révélation de la divinité ne pouvait que se retrouver en la Personne de son bien-aimé Fils Jésus-Christ. En effet, lorsqu'il s'adressait aux Juifs sensibilisés au fameux JE SUIS qui avait marqué le point de départ de leur histoire nationale, le Seigneur prit soin de se l'attribuer personnellement pour qu'ils sachent qu'ils étaient bel et bien en présence du Messie promis: – JE SUIS le pain de vie – JE SUIS la lumière du monde – JE SUIS la résurrection et la vie – JE SUIS le chemin, la vérité et la vie S'adressant aux pharisiens qui contestaient son message, Jésus a même accentué cette transcendante révélation: – Si vous ne croyez pas que JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. Est-ce étonnant alors que les 500 hommes de la cohorte et la foule assemblée pour arrêter Jésus à l'entrée du jardin de Gethsémané furent contraints à reculer puis tomber à terre comme frappés d'apoplexie, lorsque le Fils de Dieu s'avança vers ses adversaires avec ces seuls mots: JE SUIS? Jésus s'était approché d'eux en leur demandant:
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Ex 3:14-15
Jn 6:35 Jn 8:12 Jn 11:25 Jn 14:6
Jn 8:42, litt.
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Jn 8:5-6, litt.
Moïse, prince, berger et prophète – Qui cherchez-vous? – Jésus de Nazareth! – JE SUIS! Et lorsque Jésus leur eut dit: JE SUIS, ils reculèrent et tombèrent par terre!
Yahvé = Je suis: Le feu de Dieu en Moïse... et en nous JE SUIS... cette proclamation souveraine, cet éclat de la divinité, capable de foudroyer et terrasser ses ennemis... avait également 14 siècles auparavant terrassé Moïse. Le brillant universitaire d'Egypte était devenu tout petit... il était par terre devant le buisson en feu... Désormais, il pouvait devenir l'instrument dont Dieu avait besoin pour changer l'histoire! Oh, ce n'est pas à dire que Moïse soit soudainement devenu parfait! Au contraire, il va user d'arguments pour contrecarrer l'appel de Dieu et s'y opposer. Cependant cette première rencontre avec le Tout-Puissant l'appelant du buisson ardent décidera de toute sa carrière de serviteur de Dieu.
Jg 6:21 1 Ch 21:26 2 Ch 7:1 2 Ro 1:10 Es 6:4-6 Da 10:6 Ac 26:13 Ap 1:14-17 etc
Un buisson tout en feu qui ne se consumait pas. Le feu, dans l'Ecriture, symbolise souvent la présence de Dieu. Gédéon, David, Salomon, Elie, Esaïe, Daniel, Paul et Jean, comme d'autres avec eux, ont découvert le Dieu saint au travers du feu. Et ce feu n'était pas un feu ordinaire. Si sa flamme avait été assez vive pour que Moïse se détourne, le buisson ne crépitait pas, le bois n'alimentait pas la flamme, car il était descendu d'en haut, non pour
Un buisson en feu
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brûler des branchages, mais pour consumer les forces propres de Moïse et le purifier. C'était bien là l'exigence du service pour le Dieu saint! Et ce sont là aussi les exigences du Dieu saint pour nous rendre aptes à servir le Maître qui transforma Moïse. Pourquoi notre Bible ne deviendraitelle pas pour chacun de nous ce buisson ardent brûlant d'un éclat et d'une chaleur célestes, afin que l'inextinguible flamme du Saint-Esprit nous transforme en torches vivantes de l'amour divin pour le monde? Et, consécutivement à cette expérience. pourquoi ne nous écrierions-nous pas comme les deux disciples au soir de la résurrection: Notre cœur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait et nous expliquait les Ecritures?
Lu 24:32
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4 A bout d’arguments
Moïse s'est approché du buisson en feu d'où l'Eternel lui a parlé. Moment crucial qui va projeter sur toute sa carrière le faisceau lumineux des promesses de Dieu. L'Eternel s'est révélé à lui. Désormais Moïse est chargé d'une mission, à la fois périlleuse et glorieuse: arracher Israël à la servitude du pharaon d'Egypte, pour le conduire au pays promis autrefois par Dieu à ses ancêtres les patriarches.
L'argumentation de Moïse et la provision de Dieu L'Eternel avait assuré Moïse de son constant secours: Je serai avec toi... J'étendrai ma main, et je frapperai l'Egypte par toutes sortes de prodiges que je ferai au milieu d'elle. Après quoi, Pharaon vous laissera aller. Je ferai même trouver grâce à ce peuple aux yeux des Egyptiens, et quand vous partirez, vous ne partirez point à vide. C'est dire que, du côté de Dieu, toutes les garanties étaient accordées d'avance à Moïse pour assurer le succès de sa mission.
Ex 3:12
Ex 3:20-21
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Moïse, prince, berger et prophète Pourquoi n'en serait.il pas de même pour nous aujourd'hui, quand Dieu nous appelle? S'il nous confie une mission, il pourvoira certainement au secours dont nous aurons besoin pour sa réalisation. Ne nous laissons donc pas écraser par un sentiment de faiblesse et d'incapacité, de timidité ou de pessimisme face au plan divin. Le Seigneur connaît mieux que nous nos limitations, et il n'appelle pas ses serviteurs sans assumer lui-même les conséquences pratiques de cet appel.
Ex 4:1
Ex 4:10
Ex 4:13
Cependant, Moïse n'a pas vu les choses sous cet angle. Au lieu de regarder aux ressources illimitées de Dieu, il est demeuré obnubilé par ses propres limitations. Aussi a-t-il présenté à l'Eternel deux arguments de poids, à ses yeux déterminants pour se soustraire à sa mission: – Première objection: Voici, les enfants d'Israël ne me croiront pas, et ils n'écouteront pas ma voix. Mais ils diront: l'Eternel ne t'est pas apparu. – Deuxième objection: Ah! Seigneur! je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n'est ni d'hier ni d'avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car j'ai la bouche et la langue embarrassées. Et comme ces arguments ne paraissaient guère impressionner son divin interlocuteur, Moise a ajouté, en désespoir de cause et peut-être avec un brin d'énervement : Ah! Seigneur! envoie qui tu voudras envoyer! Certes, Moïse avait affaire – comme nous du reste – à un Dieu d'amour extraordinairement patient, qui ne nous écarte pas de son service au vu de nos faiblesses, de nos sentiments dépressifs ou
• Une humble mère israélite allaite et élève l’un de ses fils pendant plusieurs années aux frais de la fille de Pharaon, le bourreau des enfants de son peuple... • Un prince instruit dans toute la science des Egyptiens devient un meurtrier et doit s’enfuir au désert... • Un quadragénaire fougueux et impulsif finit par obtenir le premier prix à l’école de la patience de Dieu... • Un berger vivant dans les solitudes désertiques du nord de l’Arabie est promu conducteur de deux millions d’Israélites pendant 40 ans au travers de la péninsule du Sinaï... • Un homme à la langue embarrassée devient prophète de l’Eternel et rédacteur inspiré des cinq premiers livres de la Bible, utilisant l’écriture alphabétique, la grande découverte de son temps... • Un vieillard plein de vigueur et “sans lunettes” malgré ses 120 ans contemple la terre promise dont Dieu lui a strictement interdit l’entrée. Ce personnage hors du commun, qui a laissé des traces indélébiles dans l’histoire du monde, s’appelle Moïse! Vous passerez d’excellentes heures avec lui en vous plongeant dans la lecture de cet ouvrage fort édifiant que je vous recommande chaleureusement. Maurice Decker ISBN 978-2-8260-3343-1
John H. Alexander
Prince, berger et prophète
Prince, berger et prophète
Prince, berger et prophète
MOÏSE
MOÏSE
MOÏSE
John H. Alexander
John H. Alexander