Charles C. Ryrie
La perfection de la Bible
L’essentiel sur l’inerrance des Ecritures
Edition originale: What You Should Know About Inerrancy © The Moody Bible Institute of Chicago, 1981
Les textes bibliques sont tirés de la Bible Segond revue, Nouvelle édition de Genève, 1979
© et édition La Maison de la Bible, 1982, 1994, 2011, 2013 Ch. de Praz-Roussy 4bis CH-1032 Romanel-sur-Lausanne Tous droits réservés. E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net
ISBN édition imprimée 978-2-8260-3220-5 ISBN format epub 978-2-8260-0110-2 ISBN format pdf 978-2-8260-9839-3
Table des matières 1. 2. 3. 5. 6.
La théorie des dominos..................................................................6 Le poids des mots ..........................................................................8 Quelques prétextes ......................................................................12 8Q SUREOqPH GH Gp¿QLWLRQ ............................................................18 La nature de Dieu – l’enjeu de l’inerrance ....................................22 L’inerrance – la marque du divin...................................................28 7. L’inerrance attestée par l’incarnation ............................................31 8. L’inerrance face à la pensée du Christ (a) ....................................34 9. L’inerrance face à la pensée du Christ (b) ....................................40 10. Notre Seigneur et «sa» Bible .......................................................46 11. Quelques problèmes de l’Ancien Testament ................................50 12. Quelques problèmes du Nouveau Testament ..............................59 13. La chute des dominos ..................................................................68 Annexe ................................................................................................ 74
1. La thÊorie des dominos J’ai jouÊ avec des dominos bien avant de connaÎtre les règles de ce jeu. Je les plaçais debout, en ligne droite ou sinueuse, puis je faisais vacilOHU OH SUHPLHU GH OD ¿OH LOV WRPEDLHQW OœXQ DSUqV OœDXWUH HW MH YR\DLV DLQVL disparaÎtre tout le fruit de mon labeur. Il arrivait parfois, à ma grande dÊception, que certains de ces dominos refusent de tomber. S’il m’Êtait permis d’employer une mÊtaphore, je dirais que les doctrines fondamentales de notre foi sont comme autant de dominos. Quand je considère la situation actuelle du monde ÊvangÊlique et l’Êvolution de la doctrine biblique dans son ensemble, ce jeu me revient en mÊmoire, avec cette diffÊrence que je ne souhaite nullement voir tomber tous les dominos. Chacune de ces doctrines, en effet, a son importance. Accepter que l’une d’elles disparaisse, par le biais de l’ignorance volontaire ou de OD IDOVL¿FDWLRQ FœHVW DFFHSWHU TXH VRLW PXWLOpH ŠOD IRL TXL D pWp WUDQVPLVH aux saints une fois pour toutes (Jude 3). La suppression d’une seule de ces doctrines porterait atteinte aux autres, au point de mettre en danger tout le système. Certaines de ces doctrines sont d’une importance primordiale. Par exemple, il ne saurait y avoir de foi chrÊtienne proprement dite sans une claire apprÊhension de la doctrine de Christ. Mais à quels critères se rÊfÊrer si la Bible n’est pas digne de foi? Ainsi en est-il d’ailleurs de la GRFWULQH GX 6DLQW (VSULW TXL LQÀXH QRQ VHXOHPHQW VXU QRWUH FRQFHSWLRQ de la TrinitÊ, mais Êgalement sur les grandes doctrines du salut et de la VDQFWL¿FDWLRQ 2U FRPPHQW SRXYRQV QRXV DFTXpULU XQH FRQQDLVVDQFH authentique en la matière si la Bible ne constitue pas une source absolument sÝre? Si la Bible manque d’exactitude en matière de science, pourquoi n’en serait-il pas de même en ce qui concerne la doctrine du Saint-Esprit? 6L ¿GqOHV j OD PpWDSKRUH QRXV FRPSDURQV OHV GRFWULQHV ELEOLTXHV j GHV dominos, le premier d’entre eux reprÊsente Êvidemment la crÊdibilitÊ. 6
4XH FH GRPLQR VH PDLQWLHQQH HW OHV DXWUHV VH PDLQWLHQGURQW DXVVL TXœLO vienne à tomber, et comme par une sorte de rÊaction en chaÎne, la chute des autres deviendra inÊvitable. La chute de ce premier domino n’est-elle encore qu’une conjecture? La vÊracitÊ des rÊcits bibliques fait actuellement l’objet de diverses attaques qui ne proviennent pas de mouvements libÊraux, mais de chrÊtiens nÊs de nouveau (convertis à JÊsus-Christ), qui se disent ÊvangÊliques tout en rejetant la doctrine de l’inerrance. Force nous est donc de constater que le domino de l’inerrance oscille sur sa base et que sa chute apparaÎt même à certains comme un fait accompli. Qu’en est-il des autres dominos? D’autres doctrines sont-elles en cause? L’attitude de foi à l’Êgard de la Bible est une composante majeure de notre système doctrinal. Dans la mesure oÚ l’inerrance de la Bible est constitutive de sa doctrine, le fait de rejeter son enseignement en la matière Êquivaut à la rejeter tout entière. Car si la Bible n’est pas digne de foi lorsqu’elle traite d’un fait historique sans lien apparent avec une grande doctrine, pouvons-nous vraiment lui faire crÊdit à propos d’un fait historique qui – tel, par exemple, le tombeau vide – sert de fondement à une doctrine d’une importance primordiale?
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2. Le poids des mots La formulation de la foi en l’inspiration de la Bible exige de nos jours un JUDQG QRPEUH GH PRWV $XWUHIRLV LO VXI¿VDLW GH GpFODUHU Š-H FURLV HQ l’inspiration de la Bible, et tout Êtait dit. En effet, l’autoritÊ de la Bible faisait alors l’objet d’un vÊritable consensus parce qu’elle Êtait reconnue comme un livre inspirÊ de Dieu, exempt de toute erreur et parfaitement digne de foi.
Inspiration verbale 3OXV WDUG OD IRUPXOH SUpFLWpH VœDYpUD LQVXI¿VDQWH HW LO IDOOXW GLUH Š-H FURLV à l’inspiration verbale de la Bible. Le mot verbale soulignait le fait que l’inspiration des mots allait de pair avec l’inspiration des pensÊes. Certains prÊtendaient, en effet, que si Dieu avait inspirÊ les thèmes de l’Ecriture, leur formulation ne devait rien à cette intervention. Ils en infÊraient une très grande libertÊ dans le choix des mots et concluaient à l’impossibilitÊ de parler d’inspiration au niveau de la terminologie des textes scripturaires. Mais les partisans de la doctrine de l’inspiration au double niveau de la forme et de la pensÊe soutenaient que si Dieu n’avait pas inspirÊ les Êcrivains sacrÊs dans le choix des mots, la Bible n’Êtait rien moins qu’inspirÊe. D’oÚ la nÊcessitÊ de parler d’inspiration verbale.
Inspiration verbale et plÊnière La doctrine de l’inspiration verbale fut cependant remise en cause par ses adversaires qui, sans aller jusqu’à la nier, prÊtendirent qu’elle avait un caUDFWqUH UHVWULFWLI TXœLO pWDLW LPSRVVLEOH GœLQ¿UPHU /D Gp¿QLWLRQ SUpFpGHQWH 8
fut donc renforcÊe et se prÊsenta ainsi: Je crois à l’inspiration verbale et plÊnière (complète) de la Bible. Cette formule avait l’avantage de ne laisser aucune partie de l’Ecriture dans l’ombre.
Inspiration verbale, plÊnière et infaillible $LQVL Gp¿QLH OD GRFWULQH GH OœLQVSLUDWLRQ IXW ELHQW{W OD FLEOH GœXQH QRXYHOOH attaque. La Bible, bien qu’inspirÊe de Dieu, ne pouvait, disait-on, être infaillible. Pour parer à cette critique, il fut convenu de dire: Je crois à l’inspiration verbale, plÊnière et infaillible de l’Ecriture. Cette formule stipulait sans ambiguïtÊ que les termes employÊs Êtaient agrÊÊs par Dieu et par consÊquent scellÊs de son autoritÊ.
Inspiration verbale, plÊnière, infaillible et inerrante L’idÊe que la terminologie de l’Ecriture rÊpondait au choix de Dieu ne rencontra pas non plus l’unanimitÊ, mais le souci de sauvegarder son autoritÊ rend compte en partie de la tendance nouvelle qui se dÊveloppa alors. Elle consistait à faire la part de l’erreur au niveau du texte, tout en admettant l’infaillibilitÊ du message, crÊant ainsi un clivage entre le message de la Bible et sa formulation. Un nouveau vocable vint dès ORUV VœDMRXWHU j OD Gp¿QLWLRQ GH OœLQVSLUDWLRQ Š-H FURLV j OœLQVSLUDWLRQ YHUbale, plÊnière, infaillible et inerrante (exempte d’erreurs) de la Bible. L’adjonction du mot inerrant faisait valoir la relation d’interdÊpendance qui doit exister entre la structure formelle et l’autoritÊ du message biblique.
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Inspiration verbale, plÊnière, infaillible, inerrante et illimitÊe La doctrine de l’inspiration plÊnière est actuellement confrontÊe à une nouvelle thÊorie qui apparaÎt comme une manœuvre destinÊe à en saper les fondements. Ses partisans dÊclarent vouloir respecter le concept d’inerrance, mais en lui imposant certaines limites. C’est ainsi que, selon eux, la Bible n’est pas exempte d’erreurs en matière d’histoire, de science, de gÊnÊalogie, etc.. En d’autres termes, si l’inerrance est considÊrÊe comme un attribut de l’Ecriture, elle est dÊsormais conçue comme une inerrance limitÊe. Mais pourquoi parler d’inerrance limitÊe SOXW{W TXH ŠGœHUUDQFH OLPL WpHª" &DU GLUH TXH OœLQHUUDQFH GH OD %LEOH D ses limites, c’est dire que la Bible contient des erreurs, du moins dans FHUWDLQV GRPDLQHV OHV GHX[ Gp¿QLWLRQV RQW GRQF H[DFWHPHQW OH PrPH sens. Pourquoi, s’il en est ainsi, refuser la formule inverse? Sans vouloir WURS SUpVXPHU GH OD UpSRQVH LO IDXW DGPHWWUH TXœXQH IRUPXOH R ¿JXUHUDLW OH PRW ŠHUUHXUª RX ŠHUUDQFHª VHUDLW SOXW{W GH PDXYDLV JR€W 4XHO HVW en effet, le chrÊtien ÊvangÊlique qui accepterait une formule susceptible de mettre en cause l’orthodoxie de sa foi en la Bible? L’inerrance limitÊe est une formule qui, tout en imposant le respect, ne manque pas d’être ambiguÍ. Cette manière de jouer sur les mots dissimule en rÊalitÊ un dangereux stratagème qu’il ne faut pas craindre de dÊnoncer. Si nous disons explicitement que la thÊorie de l’inerrance ne s’applique pas à toute OD %LEOH QRXV DI¿UPRQV LPSOLFLWHPHQW TXH FHUWDLQHV SDUWLHV FRQWLHQQHQW des erreurs. C’est là une conclusion inÊvitable. Sous sa forme actuelle, la doctrine de l’inspiration plÊnière rÊpond aux multiples attaques dont elle a ÊtÊ l’objet et qui ont, en quelque sorte, IRUJp OD Gp¿QLWLRQ VXLYDQWH Š-H FURLV j OœLQVSLUDWLRQ YHUEDOH SOpQLqUH LQfaillible, inerrante et illimitÊe de la Bible. $SUqV DYRLU WHQWp GH Gp¿QLU OD SUREOpPDWLTXH GH OœLQHUUDQFH LO IDXW PDLQtenant en dÊterminer l’importance dans la doctrine chrÊtienne. DÊnuÊe 10
de toute valeur pour les uns, elle revêt pour d’autres une importance capitale. Les partisans d’un accommodement cherchent à en désagréger les divers éléments, tandis que d’autres la conçoivent comme un monolithe qui doit tout entier demeurer ou tout entier disparaître. Sommesnous confrontés là à une question d’importance majeure? Le refus d’une doctrine dont l’inerrance serait partie constituante se fonde sur certains prétextes. Leur analyse déterminera en partie la réponse à donner à cette question.
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3. Quelques prÊtextes Il est des chrÊtiens pour qui l’inerrance est une question sans importance, dÊpourvue de pertinence, voire de toute utilitÊ pour la foi. Les discussions passionnÊes qu’elle suscite ne sont pour eux qu’une tempête dans un verre d’eau, et ceux qui la dÊfendent, des fauteurs de troubles. 2U OD TXHVWLRQ GH OœLQHUUDQFH MRXH XQ U{OH SULPRUGLDO GDQV QRWUH OHFWXUH GH OD %LEOH VL FHOOH FL QœHVW SDV SDUIDLWHPHQW H[HPSWH GœHUUHXUV FœHVW donc qu’elle en contient au moins une. Nous pourrions à la rigueur tolÊrer la prÊsence d’une erreur qui serait connue de tous et reconnue par tous. Mais à en juger par les exemples que nous offre la littÊrature, il y DXUDLW DXVVLW{W XQH YLQJWDLQH GH SHUVRQQHV SRXU SUpWHQGUH DYRLU GpFRXvert cette erreur, et nous serions alors en prÊsence d’une vingtaine GœHUUHXUV DX PRLQV 2U VœLO VœDYqUH TXH OD %LEOH SHXW FRQWHQLU XQH YLQJtaine d’erreurs, est-elle encore crÊdible? Les implications de l’inerrance interdisent, par consÊquent, de considÊrer cette question comme une tempête dans un verre d’eau. Voici quelques-unes des raisons invoquÊes en vue de rÊduire l’importance de cette doctrine, ou même de s’y opposer: Nous ne pouvons enseigner la doctrine de l’inerrance que dans la mesure oÚ la Bible ellemême l’enseigne. Dans le meilleur des cas, cette dÊclaration accuse OHV SDUWLVDQV GH OœLQHUUDQFH GœDOOHU SOXV ORLQ TXH OD %LEOH DX SLUH HOOH implique ou stipule que l’inerrance n’est pas une doctrine biblique. Pour que la vÊritÊ d’une telle allÊgation soit reconnue, il faut dÊmontrer a) que la doctrine de l’inerrance n’est pas clairement Êtablie dans la Bible, et si tel est le cas, c’est-à -dire au cas oÚ les preuves littÊrales feraient dÊfaut, il faut aussi dÊmontrer b) que l’analyse inductive des tÊmoignages existants ne permet pas non plus de conclure à l’inerrance des Ecritures.
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La perfection de la Bible Dès ses origines, l’Eglise fidèle se réclame du fondement immuable de la Bible, la Parole de Dieu infaillible et sans erreur. L’abandon de la doctrine de l’inerrance des Ecritures serait immanquablement suivi de l’écroulement d’autres valeurs essentielles, un peu comme la chute d’un domino entraîne une réaction en chaîne. C’est ce que démontre l’auteur dans cet ouvrage. Il expose dans un langage précis et dynamique l’une des vérités primordiales de la foi chrétienne. Titulaire d’un doctorat en théologie et d’un doctorat en philosophie, Charles Ryrie est aussi un professeur et un exégète mondialement reconnu. Il a signé de très nombreux ouvrages, dont la Bible d’étude Ryrie et l’exposé d’éthique biblique Société en crise.
ISBN 978-2-8260-3220-5
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